Comment je n'ai pas craqué ? - Maxance Dupont - E-Book

Comment je n'ai pas craqué ? E-Book

Maxance Dupont

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Beschreibung

Comment je n'ai pas craqué ? "Dédicaces à mes proches, à mes amis, à tous ceux qui ont été là pour moi, un grand merci, Mickaël." Rentrez dans mon univers plein de rebondissements et découvrez comment j'ai survécu à tout cela, et comment je n'ai pas craqué. Roman inspiré de faits réels et axé sur tous les types de discriminations auxquelles un adolescent peut faire face dans notre société actuelle. Au travers de mon récit, vous ne découvrirez pas uniquement mon histoire et mes rencontres, mais le témoignage d'une infinité de jeunes qui vivent constamment dans le mal-être et la souffrance, et qui cherchent désespérément de l'aide.

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Seitenzahl: 116

Veröffentlichungsjahr: 2024

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À ma famille d'accueil, à ma marraine, à mes amis et amies, à ma copine, à mes professeurs, à ma CPE, à toutes les personnes qui m’ont aidé et accompagné.

Merci à vous et bonne lecture à tous !

TABLE DES MATIÈRES

Chapitre 1 : L’Adieu

Chapitre 2 : Le Doute

Chapitre 3 : Le Retour à la Réalité

Chapitre 4 : La Nostalgie

Chapitre 5 : L’Admiration

Chapitre 6 : La Rechute

Chapitre 7 : La Prise de Conscience

Chapitre 8 : La Rencontre

Chapitre 9 : La Remise en Question

Chapitre 10 : Le Choix

CHAPITRE 1

L’ADIEU

« Cher journal,

Il y a longtemps, quand j’étais un peu plus jeune, on m’avait proposé de me libérer de mes tristesses et de mes colères en écrivant dans un journal comme celui-ci, dont j’aurais été le seul à connaître l’existence.

J’avoue que je trouve le concept un peu bête, car je pense que même si écrire ce que l’on n’arrive pas à dire peut aider sur le court terme, si l’on se renferme et qu’on se cache derrière l’écriture sans jamais parler de ses problèmes, ça ne mènera à rien sur le long terme.

Mais bon, aujourd’hui je n’ai pas d’autre moyen pour évacuer mes ressentiments : c’est pourquoi je me suis muni du premier cahier venu pour m’en servir de journal et y écrire tout ce que j’ai à dire avant de…

Bref, commençons par le commencement.

Je ne sais pas encore quand, mais sous peu, je mettrai fin à mes jours. Je souffre énormément en ce moment – encore plus qu’auparavant – mais je ne veux pas faire souffrir les autres en leur partageant mes problèmes et je ne veux pas passer pour celui qui a toujours des problèmes et qui se plaint tout le temps pour un rien.

Certes, d’entrée de jeu, ça peut surprendre. Mais crois-moi cher journal, je ne sais pas si tu aurais supporté une once de tout ce que j’ai vécu avant d’en arriver là, avant d’en arriver à ce stade où je n’ai même plus l’espoir de pouvoir aller mieux à un moment ou un autre.

Je me suis déjà dit maintes et maintes fois que cela ne servirait à rien d’en arriver à une telle fin et je me suis souvent dit qu'il y aurait toujours une solution, mais je n'ai plus envie de la chercher.

Depuis ma plus tendre enfance, je n'ai jamais eu de chance : j’ai été placé en famille d'accueil dès ma naissance – chez une femme très gentille, que je considérais plus comme une famille tout court qu’une famille d’accueil puisque c’est elle qui m’a élevée. Mais mon lien entre ma mère d'accueil et mon père biologique a toujours été compliqué dû au système très discutable de l'Aide Sociale à l'Enfance. Ensuite, j'ai tout gâché avec ma famille d'accueil, il y a de ça 2 ans, ce qui m’a fait finir en foyer ; ma vie n'a jamais manqué de rebondissements, ça c'est sûr...

Depuis que j‘ai été retiré à ma mère d‘accueil, je suis seul. Je n'ai plus de vraie famille et plus personne à rendre fier. Certes, j’ai au foyer des personnes qui sont là pour m’écouter et me comprendre, que ce soient les jeunes ou les éducateurs ; mais je ne sais pas comment expliquer, ce n’est pas pareil qu’une famille qui peut être derrière toi et t’encourager à chaque grande étape de ta vie.

Toutes ces choses m'ont longtemps fait souffrir. Entre la période primaire/collège où j’ai entendu je ne sais combien de fois « Pourquoi tu ne vis pas avec tes parents ? », puis la période où je me suis moi-même posé cette question, j'ai longtemps cru qu’après avoir fait du mal à celle qui comptait plus que tout à mes yeux à la fin du collège je ne remonterais jamais la pente. Et même si pendant un temps il y a eu du mieux, ça fait déjà quelques semaines maintenant que j’ai rechuté.

Je me suis longtemps questionné sur ma vie, sur les raisons de mon placement, sur l'enfant que j'étais et l'enfant que je voulais être.

J'aurais tout un tas de choses à raconter concernant mon passé, mais pour les quelques fois où je l'ai fait, cela ne m'a rien apporté, mis à part des avis péjoratifs qui ne servaient qu'à me rendre encore plus mal. Je ne perdrai donc pas plus de temps avec cela car ce n’est plus ma priorité à présent.

Je ne sais pas encore ce que je vais faire de ce journal, mais je sais qu'il servira. J'aimerais le laisser à mes proches avant de partir, parce qu'ils méritent des explications. Ils méritent de savoir ô combien je les remercie d’avoir donné leur maximum pour moi.

Dans tous les cas, quelles que soient les conditions, mon choix est déjà pris : je vais mourir. Je le sais... et cette fois, je ne reculerai pas.

La vie n'est pas faite pour moi. J'en ai marre d'être malheureux depuis autant de temps et ce malheur me rend pessimiste. Je ne profite plus de la vie : je la subis... et ça m'insupporte de gâcher ce dont je pourrais profiter avec les personnes qui tiennent toujours à moi malgré tout.

Ce que je ne voudrais pas en revanche, c'est que ces personnes se disent que c'est de leur faute si je suis passé à l'acte. Je les remercie tous énormément d’avoir été là pour moi quand j'en avais besoin et d’avoir essayé tour à tour de me ramener à la raison. Malheureusement pour eux, c'était peine perdue...

Je sais déjà que quand mes proches retrouveront ce journal, ils se diront que ce n'est pas possible. En revanche, de mon côté... plus j'avance dans l'écriture, plus je me rends compte que cet acte était prévisible et inévitable.

Après avoir rassuré au maximum les personnes auxquelles je tiens, j'écrirai des lettres. À mes amis, à ma famille, à ceux que j'aime. Je sais que je veux partir mais je veux prendre le temps de faire mes adieux correctement. Je ne veux pas les quitter sans leur avoir dit au revoir une dernière fois.

A part eux, personne ne se préoccupera de mon absence. On est plus de 7 milliards, donc ma mort passera inaperçue à l'échelle humaine. Et vu les conditions actuelles de la vie sur Terre – avec les conséquences du réchauffement climatique, les inégalités persistantes, et tous les autres malheurs que je pourrais lister – je préfère laisser ma place à quelqu’un qui sera suffisamment fort pour se battre et affronter toutes ces problématiques.

L'une des seules choses qui me fait peur, c'est de ne pas savoir ce qu'il va se passer après ma mort, ne pas pouvoir connaître la réaction de mes proches ou être au courant de l'avancée possible du monde.

J'aurais aimé avoir suffisamment de courage pour leur dire tout ça en face, mais c'est trop tard et je ne retarderai pas l'échéance.

Je ne sais pas combien de temps ni combien de pages je vais consacrer à ce journal, mais pour l'instant : j'écris. J’écris car cela me fait du bien et cela me libère de toutes ces mauvaises choses auxquelles je ne veux plus avoir à penser.

Je pense qu'à défaut d’arriver à faire confiance aux personnes qui m’accordaient leur temps et une oreille attentive, je préfère ne me confier qu'à moi-même.

Cela m'attriste car je sais d'avance que certaines personnes, à l’inverse, n'accorderont aucune importance à ma mort. Elles se diront simplement que je n'avais plus ma place parmi les leurs et qu'elles n'auraient rien pu y changer. Mais la réalité, c'est qu'elles ne chercheront même pas à comprendre le réel mal-être qui se cachait derrière tout ça.

Ces pages ne sont pas datées, et c'est volontaire de ma part. Je n'ai pas envie que mes amis et mes proches avec lesquels j'ai passé mes dernières heures se disent que c'est de leur faute et qu'ils n'ont pas été assez présents à ce moment-là quand j'en avais besoin. Je n'ai pas envie de les faire culpabiliser car je tiens à elles et je considère qu'elles n'ont pas à s'en vouloir. C'est et ça restera ma propre décision.

J'ai trop de fois entendu que ce n'était qu'une mauvaise passe, que je finirais par aller mieux et que ça finirait par passer.

Je sais que cette fois, je ne remonterai pas la pente, d'une part car je ne supporte plus la vie et d'autre part car je ne me supporte plus. Plus ça va, plus je me renferme sur moi-même ; donc je n'ai plus envie de continuer à aller mal et je n'ai plus envie d'inquiéter mes proches alors que l'espoir est éteint. Et pour cela, je ne vois qu'une solution, aussi simple qu'irréversible.

Depuis petit, on m'a accompagné : on m'a conseillé d'aller voir des psychologues, des psychiatres, etc. À mon avis, prescrire un traitement à un adolescent en lui disant que ça calmera – au moins temporairement – les choses, c'est un argument de plus qui prouve que l'on minimise le vrai mal-être que peut ressentir un jeune.

J'espère que mes proches comprendront les raisons de ce choix. Je ne donnerai pas beaucoup plus d'explications car il y aurait vraiment trop de choses à dire et je n'ai plus de temps à perdre à présent car celui-ci m'est compté.

Je crois que les gens ne se rendent pas compte que vivre est un réel combat au quotidien. Aujourd'hui, il faut vraiment être fort pour accepter la vie telle qu'elle vient, pour supporter les critiques au quotidien et pour assumer ses différences face aux autres.

Je sais que je vais rendre beaucoup de personnes tristes, mais j'ai connu trop d'embûches et je ne veux pas continuer à souffrir.

Je pense à ma famille d'accueil. Je pense à mes proches, à mes amis, je pense à toutes ces personnes qui ont toujours été là pour moi, qui m'ont soutenu du mieux qu'elles le pouvaient et qui ont supporté mes nombreux sautes d'humeur. Je pense à toutes ces personnes qui ont été à mes côtés dans mes derniers moments, qui ont été à mon écoute, et qui, malheureusement, ne pouvaient se douter de rien.

J'ai l'impression que certaines personnes n'arrivent pas à s’imaginer ne serait-ce qu'un instant ce que cela fait de ne pas se sentir aimé, de ne pas avoir de « vraie » famille. De n’avoir aucun lieu de vie où l'on se sent bien et à sa place, et de n'avoir personne à rendre fier au quotidien pour nous motiver dans nos projets ainsi que pour nous féliciter et nous encourager.

A présent, il ne me reste que quelques étapes à franchir afin de mettre un terme à ma vie en beauté. Je ne voulais juste pas quitter ce monde comme si de rien n‘était. Et ce pour une simple et bonne raison : j'ai aimé la vie. Mais la vie, en revanche, ne m'aura pas laissé suffisamment l'aimer ou aura mis trop de temps avant de me laisser l'apprécier à sa juste valeur.

À chaque fois que je traversais des périodes difficiles, je réussissais toujours plus ou moins à garder la tête froide et à trouver des personnes pour arriver à en parler. J'en suis souvent arrivé à ce stade de vouloir tout laisser tomber, mais je parvenais toujours à me dire que j'exagérais et que ce n'était pas si grave que ça.

Mais du moment où l'on met « pas si » et « que ça » dans un même propos, c'est que l’on minimise nos propres ressentis histoire de se donner la force de continuer.

Et avec le temps et l'âge, les épreuves deviennent de plus en plus compliquées à affronter et on finit par laisser tomber. J'en suis à ce stade où je me dis qu'il n'y a plus rien à faire ; et que même si je parvenais à me relever et à aller mieux, cela ne serait que temporaire jusqu'à ce que je me retrouve face à un nouvel échec.

Et à chaque nouvel échec, on perd un peu plus confiance en soi et à un moment, on finit par laisser tomber : voilà comment j'ai craqué...

Cher journal, je te remercie d’avoir été là à un moment où je n’avais pas d’autre moyen pour me confier. Je te remercie d’avoir recueilli toutes mes peines et tous mes tracas. À présent, il ne me reste qu’une chose à faire. »

Je posai le carnet un instant pour aller fermer à clefs ma porte de chambre, avant d’ajouter :

« Dédicaces à mes proches, à mes amis, à tous ceux qui ont été là pour moi. Un grand merci, Mickaël ». Et c’est maintenant que tout va se jouer...

CHAPITRE 2

LE DOUTE

C’est en effet maintenant que tout va se jouer : c’est maintenant que je vais vous dire adieu… c’est maintenant que je vais…

Non ! Ce n'est pas possible ! Je ne peux pas faire ça ! Je ne peux pas partir comme ça, en laissant un simple bout de papier derrière moi et en désespérant aussi facilement.

J'avais laissé mon carnet en plan sur la table de chevet près de mon lit et je n'arrivais plus à écrire. J'étais perdu… je n'avais plus la force de continuer mon combat. J'étais à bout de nerfs. Je n’avais plus le mental nécessaire pour dissimuler indéfiniment tous mes problèmes.

Je pensais : je pensais à tout ce qu’il s’était passé et à tout ce qu'il pourrait se passer plus tard. J'espérais que je ne tomberais pas dans l'oubli. Je me demandais d’ailleurs après combien de temps l'on tombait dans l'oubli, et pendant combien de temps nos proches se souvenaient de nous.

Je pensais : je pensais et beaucoup d’interrogations me traversaient l’esprit. Je me demandais par exemple si je devais plutôt laisser mon journal accessible à mes proches, ou au contraire m'en débarrasser avant de quitter ce monde en me disant qu'il aura été un outil, qu'il m'aura permis de me confier et d'aller un peu mieux afin de partir plus sereinement.