Construire un feu - Jack London - E-Book

Construire un feu E-Book

Jack London

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Beschreibung

Des aventures, un suspense haletant, une leçon de vie au cœur d'une nature hostile

Dans le Grand Nord canadien, un homme, accompagné de son chien, tente de rejoindre ses compagnons. Mais il ne connaît pas tous les dangers du froid, et il n'a pas écouté les précieux conseils du vieux trappeur…

Katherine Neville, l'auteur du Huit et du Cercle magique, écrit, à propos de ce récit : "Est-ce que la lecture de ce petit chef-d'œuvre ne devrait pas être imposée à tout habitant de la montagne ?"

Un court roman d'aventure haletant, aussi glaçant que l'hiver en Alaska.

EXTRAIT

L’aube, ce jour-là, était froide et grise — très grise et très froide. L’homme quitta le large sillon que dessinait le Yukon gelé et escalada l’immense talus qui s’élevait au départ du fleuve. Une piste étroite s’y enfouissait sous les sapins, filant vers l’est. Le coteau était escarpé. Arrivé au sommet, l’homme fit une pause, pour reprendre son souffle. Il regarda sa montre : neuf heures. Il n’y avait pas de soleil. Pas un soupçon de soleil, bien qu’il n’y ait dans le ciel aucun nuage. Le ciel était pur. Mais un voile diffus semblait couvrir la terre. D’indéfinissables ténèbres dues à l’absence de soleil assombrissaient le jour. L’homme ne s’en inquiétait pas : cela faisait des semaines qu’il n’avait pas vu le soleil. Il savait que plusieurs semaines s’écouleraient encore avant que l’astre du jour franchisse la ligne de l’horizon, au sud, et interrompe enfin, très brièvement pour sa première réapparition, la longue nuit polaire.

A PROPOS DE L'AUTEUR

Jack London (1876 – 1916), de son vrai nom John Griffith Chaney, était un écrivain américain. Il fut un des premiers américains à faire fortune dans la littérature.

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CHAPITRE 1

GRAND NORD.

L’aube, ce jour-là, était froide et grise — très grise et très froide. L’homme quitta le large sillon que dessinait le Yukon gelé et escalada l’immense talus qui s’élevait au départ du fleuve. Une piste étroite s’y enfouissait sous les sapins, filant vers l’est.

Le coteau était escarpé. Arrivé au sommet, l’homme fit une pause, pour reprendre son souffle. Il regarda sa montre : neuf heures.

Il n’y avait pas de soleil. Pas un soupçon de soleil, bien qu’il n’y ait dans le ciel aucun nuage. Le ciel était pur. Mais un voile diffus semblait couvrir la terre. D’indéfinissables ténèbres dues à l’absence de soleil assombrissaient le jour.

L’homme ne s’en inquiétait pas : cela faisait des semaines qu’il n’avait pas vu le soleil. Il savait que plusieurs semaines s’écouleraient encore avant que l’astre du jour franchisse la ligne de l’horizon, au sud, et interrompe enfin, très brièvement pour sa première réapparition, la longue nuit polaire.

Se retournant, l’homme jeta un regard en arrière, vers la piste qu’il venait de parcourir. En dessous de lui s’étendait le fleuve Yukon, large d’un bon kilomètre et prisonnier sous un mètre de glace. La glace elle-même était ensevelie sous un mètre de neige.

La neige, immaculée, ondulait en vagues trahissant la présence de blocs de glace formés par le gel. Du nord au sud, à perte de vue, s’étendait cette blancheur infinie, sur laquelle un trait gris, ténu comme un cheveu, serpentait en contournant les îlots plantés de sapins noirs, qui ponctuaient le cours du fleuve.

Ce filet à peine visible était la piste que venait d’emprunter l’homme. Vers le sud, sur huit cents kilomètres, la piste filait vers les cols du Chilcoot, vers Dyea et le Pacifique. Au nord, elle menait à Dawson, à plus de cent kilomètres, puis vers Nulato, Saint-Michel et la mer de Behring1.

Ni la ligne imprécise de l’horizon lointain, ni l’absence de soleil, ni le froid glacial, ni cette ambiance de désolation fantastique, ne semblait troubler l’homme.

Ce n’était pas qu’il fût habitué à ce spectacle. Il était un chechaquo, un nouveau venu dans la région : c’était son premier hiver dans le Grand Nord. Mais son caractère pratique ne lui inspirait aucune émotion. Aucune idée superflue n’insinuait la crainte dans son esprit.

Face à la nature hostile qui le cernait, il ne songeait pas à la fragilité de la condition humaine, ni à la place insignifiante de l’homme dans l’univers, ni non plus à la résistance des mammifères aux températures extrêmes — températures qui les autorisent à vivre, ou les tuent. Il se demandait encore moins, quand meurt un homme, s’il en reste quelque chose… Quarante-cinq degrés sous zéro ne l’impressionnaient pas plus que soixante degrés. D’un tel froid, tout ce qu’il savait, c’est qu’il faisait mal. La morsure du gel est douloureuse ; il faut s’en préserver en fourrant ses mains dans des moufles doublées, en rabattant les oreillettes de sa toque, en protégeant ses jambes et ses pieds dans des chaussettes et des mocassins épais.

Quarante-cinq degrés sous zéro, c’est une température, sans plus.

1. Ces noms, comme ceux qui suivent, font allusion à la ruée vers l’or du Klondike, aux confins du Yukon et de l’Alaska, à partir de 1896. Fort Yukon se trouve exactement sur le cercle polaire arctique (note du traducteur).

CHAPITRE 2

CRAQUEMENT INSOLITE.

Tournant à nouveau le dos au Yukon, l’homme s’apprêta à poursuivre sa route.

Pour se faire une idée du froid, il cracha par terre. Un crépitement sec, comme une petite explosion, le fit sursauter. Il cracha de nouveau et, pour la seconde fois, la salive éclata dans l’air avant d’atteindre la neige.

L’homme n’ignorait pas qu’à quarante-cinq degrés sous zéro la salive, saisie au vol en glaçon, éclate sur un sol gelé. Mais puisqu’elle avait explosé dans l’air, le froid devait dépasser cinquante degrés. De combien ? Il s’en fichait.

Tout ce qu’il voulait, c’était rejoindre au plus vite ceux qui l’attendaient sur le bras gauche de la rivière Henderson, le petit affluent du Yukon, où se situait la vieille concession minière.