Contribution à l'histoire du christianisme primitif - Friedrich Engels - E-Book

Contribution à l'histoire du christianisme primitif E-Book

Engels Friedrich

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Beschreibung

Ce texte d'Engels trace un parallèle entre la situation des premiers chrétiens et celle des premiers communistes de la première internationale, au siècle dernier. Mais il retourne aussi aux textes sources pour rediscuter l'interprétation des premiers temps de cette religion qui allait devenir la religion officielle de l'État romain. Ce texte a paru dans le journal LE DEVENIR SOCIAL, organe théorique de la IIe internationale en langue française.

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Seitenzahl: 50

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Sommaire

Chapitre I

Chapitre II

Chapitre III

I

L'histoire du Christianisme primitif offre des points de contact remarquables avec le mouvement ouvrier moderne. Comme celui-ci le christianisme était à l'origine le mouvement des opprimés, il apparaissait tout d'abord comme religion des esclaves et des affranchis, des pauvres et des hommes privés de droits, des peuples subjugués ou dispersés par Rome. Tous les deux, le christianisme de même que le socialisme ouvrier, prêchent une délivrance prochaine de la servitude et de la misère ; le christianisme transporte cette délivrance dans l'au-delà, dans une vie après la mort, dans le ciel ; le socialisme la place dans ce monde, dans une transformation de la société. Tous les deux sont poursuivis, et traqués, leurs adhérents sont proscrits et soumis à des lois d'exception, les uns comme ennemis du genre humain, les autres comme ennemis du gouvernement, de la religion, de la famille, de l'ordre social. Et malgré toutes les persécutions, et même directement servies par elles, l'un et l'autre se frayent victorieusement, irrésistiblement leur chemin.

Trois siècles après sa naissance, le christianisme est reconnu comme la religion d'État de l'empire mondial de Rome : en moins de 60 ans, le socialisme a conquis une position telle que son triomphe définitif est absolument assuré.

Par conséquent, si M. le professeur A. Menger, dans son Droit au produit intégral du travail, s'étonne de ce que sous les empereurs romains, vu la colossale centralisation des biens-fonds et les souffrances infinies de la classe travailleuse, composée pour la plupart d'esclaves, « le socialisme ne se soit pas implanté après la chute de l'empire romain occidental » , — c'est qu'il ne voit pas que précisément ce « socialisme », dans la mesure où cela était possible à l'époque, existait effectivement et arrivait au pouvoir — avec le christianisme. Seulement ce christianisme, comme cela devait fatalement être étant données les conditions historiques, ne voulait pas réaliser la transformation sociale dans ce monde, mais dans l'au-de-là, dans le ciel, dans la vie éternelle après la mort dans le « millenium » imminent.

Déjà au Moyen-Âge le parallélisme des deux phénomènes s'impose lors des premiers soulèvements de paysans opprimés, et notamment, des plébéiens des villes. Ces soulèvements, ainsi, que tous les mouvements des masses au Moyen-Âge portèrent nécessairement un masque religieux, apparaissaient comme des restaurations du christianisme primitif à la suite d'une corruption envahissante

[Note : À ceci les soulèvements du monde mahométan, notamment en Afrique, forment un singulier contraste. L'Islam est une religion appropriée aux Orientaux, plus spécialement aux Arabes, c'est-à-dire, d'une part à des citadins pratiquant le commerce et l'industrie, d'autre part à des Bédouins nomades. Là réside le germe d'une collision périodique. Les citadins, devenus opulents et luxueux, se relâchent dans l'observance de la « loi ». Les Bédouins pauvres et, à cause de leur pauvreté, de mœurs sévères, regardent avec envie et convoitise ces richesses et ces jouissances. Ils s'unissent sous un prophète, un Mahdi, pour châtier les infidèles, pour rétablir la loi cérémoniale et la vraie croyance, et pour s'approprier, comme récompense, les trésors des infidèles. Au bout de cent ans, naturellement, ils se trouvent exactement au même point que ceux-ci ; une nouvelle purification est nécessaire ; un nouveau Mahdi surgit ; le jeu recommence. Cela s'est passé de la sorte depuis les guerres de conquête des Almoravides et des Almohades africains en Espagne jusqu'au dernier Mahdi de Khartoum qui bravait les Anglais si victorieusement. Il en fut ainsi, ou à peu près, des bouleversements en Perse et en d'autres contrées mahométanes. Ce sont tous des mouvements, nés de causes économiques, bien que portant un déguisement religieux. Mais, alors même qu'ils réussissent, ils laissent intacts les conditions économiques. Rien, n'est changé, la collision devient périodique. Par contre, dans les insurrections populaires de l'occident chrétien, le déguisement religieux ne sert que de drapeau et de masque à des attaques contre un ordre économique devenu caduc ; finalement cet ordre est renversé ; un nouveau s'élève, il y a progrès, le monde marche.].

Mais derrière l'exaltation religieuse se cachaient régulièrement de très positifs intérêts mondains. Cela ressortait d'une manière grandiose dans l'organisation des Taborites de Bohème sous Jean Zizka, de glorieuse mémoire ; mais ce trait persiste à travers tout le Moyen-Âge, jusqu'à ce qu'il disparaisse petit à petit, après la guerre des paysans en Allemagne, pour reparaître chez les ouvriers communistes après 1830. Les communistes révolutionnaires français, de même que Weitling et ses adhérents, se réclamèrent du christianisme primitif, bien longtemps avant que Renan ait dit : « Si vous voulez vous faire une idée des premières communautés chrétiennes, regardez une section locale de l'Association internationale des travailleurs. »

L'homme de lettres français qui, à l'aide d'une exploitation de la critique biblique allemande sans exemple, même dans le journalisme moderne, a confectionné le roman ecclésiastique, les Origines du christianisme, ne savait pas tout ce qu'il y avait de vrai dans son dire. Je voudrais voir l'ancien internationaliste capable de lire, par exemple, la seconde épître aux Corinthiens, attribuée à Paul, sans que, sur un point tout au moins, d'anciennes blessures ne se rouvrissent chez lui. L'épître tout entière, à partir du Ville chapitre, retentit de l'éternelle complainte, trop connue hélas : « les cotisations ne rentrent pas. » Combien des plus zélés propagandistes, vers 1865, eussent serré la main de l'auteur de cette lettre, quel qu'il soit, avec une sympathique intelligence, en lui murmurant à l'oreille : « Cela t'est donc arrivé, frère, à toi aussi ! » Nous autres aussi nous pourrions en conter long là-dessus, — dans notre association aussi les Corinthiens pullulaient — ces cotisations qui ne rentraient pas qui, insaisissables, tournoyèrent devant nos yeux de Tantale, mais c'étaient là précisément les fameux millions de l'Internationale.