Contrôle - Tome 1 - Audrey Jousserand - E-Book

Contrôle - Tome 1 E-Book

Audrey Jousserand

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Beschreibung

Mia Young, âgée de seize ans, est une adolescente passionnée de danse contemporaine. Ses parents séparés, elle part vivre avec son père à Chicago, une ville totalement inconnue à ses yeux puisqu’elle a toujours vécu en Corée du Sud. Le jour de la rentrée, elle fera la rencontre du jeune Tyler Scott. Ces deux adolescents ne se supportent pas et ne seront pas au bout de leur surprise. Lorsque la maison de Mia prendra feu, son père et elle n’auront pas d’autres solution que de partir quelques temps chez le meilleur ami de M.Young. Mia découvrira alors leur fils, qui se trouve être le garçon qu’elle déteste : Tyler Scott. Comment vont-ils réagir lorsqu’ils apprendront qu’ils devront habiter quelques temps ensemble ? Comment Mia arrivera-t-elle à contrôler ses sentiments pour Tyler mais aussi son ami de Corée ?

À PROPOS DE L'AUTEURE

Audrey Jousserand, née à Castres dans le Tarn en 2004, est passionnée d’écriture depuis l’âge de treize ans. Son plus grand rêve est de devenir Sage-Femme mais elle souhaite continuer d’écrire par pur plaisir. Contrôle est sa première Saga…

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Seitenzahl: 230

Veröffentlichungsjahr: 2021

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Audrey Jousserand

Deux mondes différents

Résumé

Je suis Mia Young, mon vrai nom est Jeon Haneul. J’ai 16 ans et je suis Coréenne. J’ai obligé mon père à changer mon prénom lorsqu’on a emménagé à Chicago. Ma mère et lui ont divorcé lors de mes 13 ans. C’était trop dur de garder le prénom que ma mère m’a choisi lors de ma naissance. Mon père n’a jamais accepté ce changement. J’ai décidé de changer et de ne plus penser à ce souvenir qui me hante et me remplit de haine. Même en ayant emménagé dans un nouveau pays, je me suis intégrée assez rapidement dans un nouveau lycée. Malgré tout j’avais de très bons résultats. J’ai rencontré Elena, une superbe fille qui est très vite devenue ma meilleure amie. Puis l’entrée au lycée est arrivée. C’est un moment assez compliqué, surtout pour moi. J’ai dû quitter mes amis et intégrer une nouvelle ville, totalement inconnue.

Dès le premier jour où j’ai intégré le lycée de Chicago, ma vie s’est avérée difficile. Pas à cause des cours, non ! Mais de la bande d’amis que je me suis faite. Ils étaient si différents de mes amis de Corée. Ma vie a pris un grand tournant quand j’ai perdu ceux qui m’étaient les plus chers. Heureusement, Elena était là pour moi. C’est à ce moment qu’il est entré dans ma vie.

Dès notre première rencontre, il a changé ma vie. Il a brisé ma carapace, il a découvert la fille que j’étais. Avant de le rencontrer, je ne m’intéressais absolument pas à ce genre de garçon. Je n’aimais pas les "Bad Boys" comme lui. Et puis… ma vie sentimentale était déjà assez compliquée avant qu’il ne s’immisce dans mon cœur. Ce garçon n’arrête pas de me faire tourner en rond et de se moquer de moi, mais bien sûr, trop aveugle pour m’en apercevoir, je suis tombée dans ses bras.

Je me dis qu’à tout moment je peux retourner dans mon ancien pays et tourner la page, l’oublier. Mais ça m’est impossible. Il a pris une trop grande place dans mon cœur pour que je puisse l’oublier aussi facilement…

1

Mon réveil va sonner d’une minute à l’autre. Je suis couchée dans mon lit, les yeux fixés au plafond attendant que la sonnerie retentisse. Dans quelques heures, une nouvelle année commence pour moi. Mon réveil sonne et je saute du lit. Je pars dans mon dressing puis enfile ma tenue de sport. Je vais ensuite à la salle de bain et m’attache les cheveux.

Une fois prête, je descends l’escalier central de ma maison et enfile mes chaussures avant de sortir.

Vous vous demandez sûrement ce que je fais à 5 h 35 du matin dehors en tenue de sport, alors que je suis censée me préparer pour la rentrer en Terminale ? (Et oui j’ai sauté une classe. Je suis censée être en Première, mais j’étais en avance sur tout le monde l’année dernière alors les professeurs ont voulu me faire sauter la Seconde).

Et tous les matins, je me lève une heure et demie plus tôt pour aller courir. Ça me permet d’évacuer le stress, la pression et me sentir bien, avant d’aller en cours. Ça m’aide aussi à maintenir un bon état physique.

J’enfile mes écouteurs et pars courir pendant une heure.

Le vent doux caresse ma peau légèrement bronzée et le soleil levant m’éblouit. Je me sens bien à cet instant-là. C’est le moment de la journée que je préfère. Personne n’est là pour m’embêter. Je profite juste du soleil, de la fraîcheur et du calme.

Chicago est une grande ville où à cette heure-ci, beaucoup de monde part déjà au travail. C’est une ville bondée, mais agréable.

Je passe sur l’un des ponts de la ville et tourne dans une allée pour rentrer chez moi.

En revenant, je remonte les escaliers, toujours en courant, et pars prendre une douche. J’enfile mon uniforme et me boucle les cheveux puis me maquille.

— Mia ! Dépêche-toi.

Mon père est en train de hurler mon prénom du bas des escaliers, ce qui me fais accélérer un peu.

— Oui, j’arrive.

J’attrape mon sac de cours et descends mettre mes converses blanches. Je dis au revoir à mon père et pars en direction de l’arrêt de bus pour rejoindre le lycée.

En arrivant devant le grand bâtiment blanc, je ne prends pas le temps de contempler le paysage, mais pars jusqu’au hall. Je regarde le tableau d’affichage pour connaître ma classe, quand quelqu’un me saute dessus.

Des petites mains se posent sur mes yeux et je souris en reconnaissant la personne.

— T’as pas grandi Elena !

Je rigole tandis qu’elle fait la moue.

— Alors, comment ça va toi ? me demande-t-elle.

— Très bien.

— Ton voyage en Corée s’est bien passé ?

— Oui, c’était génial.

Je suis partie tout cet été chez moi, en Corée. Quand je peux, je pars là-bas retrouver ma mère et mes amis. Je n’aime vraiment pas Chicago, même si c’est une ville magnifique, ce n’est pas pour moi.

Nous nous apprêtons à rejoindre notre classe quand une bande de trois garçons nous coupent.

— Elena ?

Le garçon en question s’approche de nous. Il est assez grand, ses cheveux châtains font ressortir ses yeux d’un gris magnifique. Il porte un sac noir sur une épaule et sourit, un sourire sublime.

— Liam ?

Elena à l’air heureuse de le voir. Sans m’en rendre compte, je dévisage les jeunes hommes. À la droite de Liam se trouve un garçon brun. Ses cheveux longs sont attachés en couette et ses yeux sont d’un noir intense. Il est assez grand lui aussi, mais plus petit que Liam. Le dernier des garçons attire mon attention. Il est sur la gauche de Liam et appuyé au mur, les mains dans les poches. Ses cheveux bruns bouclés retombent légèrement sur son front. Il les repousse en passant ses doigts le long de ses cheveux, ce qui lui donne un air vraiment mignon.

Qu’est-ce que je raconte, moi ! Je ne suis pas là pour les garçons ! Encore moins un gars comme lui ! Il doit être l’un des élèves populaires du lycée, ce qui me déplaît énormément.

Ses beaux yeux verts croisent les miens. Il me fixe et fronce les sourcils.

— Et qui est cette belle fille ? demande Liam.

— Oh, je te présente Haneul ! (Je lui jette un regard) Mia, pardon. C’est ma meilleure amie. Mia, je te présente des amis. Voici Ethan et Liam. Et lui c’est Tyler.

Elle pointe le garçon appuyé au mur. Liam me prend dans ses bras et me serre contre lui. Son contact me fait bizarre. Je recule et lui souris. Dans mon pays, nous n’avons pas vraiment de contact entre filles et garçons. Je sais que je suis dans un autre pays, mais j’ai été élevé comme ça, alors c’est encore nouveau pour moi tout ça.

Je reprends mes esprits et réponds normalement.

— Enchantée !

Ma voix est tellement ridicule.

— Oh ! Tu as un drôle d’accent ! D’où viens-tu ? me demande Ethan.

Et voilà ! Pourquoi faut-il toujours que dans ce pays tout le monde fasse attention au simple accent !

— Je suis Coréenne, répondis-je le plus normal possible.

— Pourquoi venir ici ?

Je me tourne en direction de Tyler. Il me fixe avec un air froid. Je ne dis rien et continue à parler avec Liam et Ethan.

— En tout cas ton accent est très mignon. C’est rare les yeux bleus pour des Coréens si je ne me trompe pas, non ?

Ethan pose ses yeux noirs dans les miens

— Oui, c’est vrai. Mais mon père est américain et ma mère coréenne, alors j’ai hérité des yeux de mon père.

— Bon ! C’est pas que je m’ennuie de vous entendre parler des yeux de cette fille, mais les cours ont commencé, je vous signale !

Tyler passe entre Ethan et moi en me bousculant au passage.

— Sérieusement ? Non mais qu’est-ce qu’il te prend à toi ?

Il s’arrête. Je ne le lâche pas du regard et j’entends Ethan glousser derrière moi. Tyler se tourne enfin et s’approche de moi.

— Qu’est-ce qu’elle a, la petite Asiatique ?

— Ne m’appelle plus comme ça.

Il ricane et me tourne le dos pour partir en cours.

— Mais qu’est-ce qu’il lui prend ? demandais-je agacée par ce garçon.

— Il est tout le temps comme ça. Mais c’est qu’elle a du caractère, la petite Mia ! rigole Liam.

Si tu me connaissais vraiment…

Après cette intervention, Elena et moi nous séparons des garçons pour aller chacun dans notre classe. En entrant dans la salle de mathématiques, je remarque que pas mal de places sont encore libres malgré le monde déjà installé. Je m’installe vers le centre de la salle.

— Alors c’est lui, ce fameux Liam avec qui tu as passé tes vacances ? demandais-je à Elena en souriant.

— Peut-être bien. Tu verras, ils sont vraiment sympas.

— Ce qui est sûr c’est que ce Tyler est un connard !

Elle rigole, mais nous nous stoppons vite en entendant quelqu’un répliquer derrière nous.

— C’est vraiment pas gentil ça.

Je me retourne et vois Tyler assis derrière moi.

— Qu’est-ce que tu fais là ?

— Je viens juste en cours. J’aurais bien voulu t’éviter aussi !

Je soupire et attrape mes affaires avant de descendre plus bas, accompagnée d’Elena, pour l’éviter. Il ricane une fois de plus et part s’asseoir vers le fond de la salle.

Les cours du matin sont finis. Elena et moi nous dirigeons vers les casiers avant d’aller à la cafétéria sans tarder. Nous prenons notre plateau et nous avançons vers les tables. Les garçons de ce matin sont déjà installés et ma meilleure amie me propose de nous joindre à eux. Je soupire et la suis. Elle s’assied à côté d’Ethan et je m’installe à côté de Liam. Il mange assez rapidement. Je suis surprise en le voyant gober ses pâtes. En me voyant le dévisager, il rigole et m’explique.

— Désolé, mais je commence à 13 h et il faut que je me dépêche…

— Tu as cours de quoi ?

Il se tourne vers moi et sourit.

— Danse contemporaine.

— Tu aimes la danse contemporaine ?

— Bien sûr ! Depuis tout petit je n’arrête pas de danser. Pourquoi ?

— Je suis surprise de savoir que toi aussi tu aimes danser.

— Tu sais, il n’y a pas que les filles qui aiment la danse.

Oh oui, je le sais.

La sonnerie retentit quand je m’apprête à lui répondre. Je jette un coup d’œil à mon assiette encore bien remplie et je me dépêche de manger. À côté de moi, Liam rigole tandis que Tyler lève les yeux au ciel. Rien que dans sa manière de gesticuler, ce mec est agaçant. Je finis mon repas en cinq minutes et suis Liam vers la sortie. À vrai dire, je ne sais pas du tout où nous devons aller, alors je préfère le suivre vers la salle de danse.

J’ai toujours aimé danser. Quand j’étais petite, je ne m’arrêtais jamais. Mon père ne me supportait plus. Quand j’y repense, c’est plutôt drôle ! Mes parents m’avaient inscrite dans une école de danse très populaire en Corée, ''Art High School'' à Séoul. J’ai tout de suite été acceptée et j’ai réalisé une partie de mes rêves. J’étais une petite fille joyeuse et encouragée par mes parents, j’étais heureuse. Nous étions tous heureux. Jusqu’à ce que ma mère, aimante envers sa famille et tellement attentionnée, quitte mon père et que ma vie prenne un grand tournant. J’ai dû arrêter la danse car ma mère ne pouvait plus me payer les cours. J’ai dû quitter mes 8 amis pour aller vivre en Amérique, un endroit inconnu pour moi. J’ai continué à m’entraîner dur chez moi, mais ce n’était pas de vrais cours, alors je me suis inscrite au lycée de Chicago pour intégrer les cours de danse, en espérant m’améliorer pour réussir à intégrer la Haute école d’Art de Busan pour réaliser mon rêve et devenir danseuse professionnelle, comme mes amis de Corée.

— Je crois que c’est ici !

Liam me sort de mes pensées et je réalise que nous sommes devant une salle d’où filtre une musique douce. Il ouvre la porte et me fait signe d’entrer. Beaucoup de filles et de garçons sont vêtus d’un legging de sport et d’un tee-shirt large ou moulant. Je pars sans plus tarder dans les vestiaires et me change. En revenant dans le studio, je m’échauffe avec Liam à la barre. La professeure de danse entre dans la salle. Alors les histoires dans les livres ne sont pas des allégories, en tout cas pour cette professeure. La tête haute, le dos droit, fine, les hanches bien taillées, les cheveux noirs coiffés en chignon sans qu’aucun cheveu ne dépasse.

— Bonjour à tous. Je suis Mme Brown et je suis votre professeure de danse. Pour les cours de cette année, il n’y aura que des duos fille-garçon. Je vous laisse choisir votre partenaire et vous expliquerai la suite.

Je regarde les garçons autour de moi. Je n’en connais aucun. Liam s’approche de moi et me sourit.

— On se met ensemble ?

— Avec plaisir !

— Tout le monde a son partenaire ?

La classe acquiesce et la professeure continue son explication.

— Donc, cette année, je veux voir le niveau que vous avez. Je vous mets donc en duos pour que vous puissiez me montrer votre talent en danse. Je n’attends pas la perfection bien sûr, puisque pour certains c’est votre première année, mais j’attends quand même que votre danse soit d’un bon niveau. Les styles de danses que je propose sont la danse classique, le contemporain et la danse moderne.

— Du contemporain ! chuchotais-je à Liam les yeux remplis d’étoiles.

Celui-ci rigole et nous nous mettons au travail. Je commence à bien aimer cette professeure de danse. Bien sûr, ce n’est pas M. Choi, mon professeur de Corée, mais je commence à l’apprécier. Nous nous plaçons vers un coin de la salle et nous asseyons sur le parquet afin de réfléchir à quelques pas. Deux ombres passent à la fenêtre devant moi. Une main se lève et s’écrase sur le visage de la deuxième personne. J’ouvre la bouche, surprise. Je n’arrive pas à distinguer les visages, mais ce sont des garçons. L’un a une capuche sur la tête et se tient la mâchoire. L’autre attrape le garçon à la capuche et le plaque contre le mur du fond. Je secoue l’épaule de Liam et pointe du doigt la fenêtre. Celui-ci me fait signe de ne pas faire attention et de me concentrer sur le cours. Je regarde une dernière fois et aperçois le garçon avec la capuche, seul assis par terre. Je me demande bien qui ça peut être.

Les cours de la journée sont enfin finis et Elena et moi sortons du lycée. Nous partons à mon arrêt de bus et discutons avant de nous quitter. J’enfile mes écouteurs et attends le bus.

La soirée se passe comme d’habitude. Mon père et moi mangeons sans nous adresser une seule fois la parole. Nous nous parlons seulement pour dire ''passe-moi l’eau''. Aucune politesse entre nous. Vous devez vous demander pourquoi mon père et moi ne nous respectons pas un minimum. Lui et moi ne nous supportons plus depuis la séparation avec ma mère. Je n’essaie pas d’engager une discussion avec lui car chaque discussion dérive toujours en dispute et j’en ai marre de me battre avec lui. À vrai dire, ça ne me touche pas le fait que mon père ne m’aime pas. Je m’y suis habituée. Une fois rassasiée, je pars m’entraîner un peu dans ma salle de danse puis je pars me doucher. Je mets mon pyjama et m’installe dans le lit avant de m’endormir.

Ce matin en me levant, je pars courir comme à mon habitude. En revenant, je constate que mon père est déjà parti. Je vais pouvoir en profiter un peu. Je me prépare un petit café. Le temps qu’il refroidisse, je monte mettre mon uniforme et me coiffer. Je détache ma couette pour libérer mes cheveux bruns. Les boucles tombent parfaitement sur mes épaules. Une fois prête, je descends boire mon café et pars au lycée.

Les cours passent avec une extrême lenteur. Enfin la sonnerie de midi retentit et je me précipite dehors avec Elena. Nous partons directement manger avec les garçons. Je m’installe à côté d’elle et Liam, puis nous commençons à manger.

J’examine le visage de Tyler et remarque une plaie sur sa lèvre inférieure. C’était lui qui s’est battu hier ?

J’attrape ma fourchette, mais une secousse fait tomber la nourriture de ma fourchette. Mes pâtes à la sauce tomates se répandent sur le haut de mon uniforme blanc. Je lève les yeux vers Tyler. Un sourire mesquin se dessine sur ses lèvres.

— Oups… désolé !

Mais quel abruti !

Je me lève et le fixe du regard.

— Quoi ? T’as un problème, l’Asiatique ? me dit-il.

J’attrape mon verre d’eau et le lui lance à la figure avant de partir dans les toilettes pour me rincer. J’ai beau frotter, la tache s’étale sur mon haut blanc.

— C’est pas vrai !

Je m’appuie sur la vasque et ferme les yeux.

Pourquoi fallait-il que cela m’arrive. Je n’ai même pas d’affaires de rechange.

— Excuse-moi. Tu as un problème ?

Je pivote en direction de la voix. Une fille avec des cheveux longs et roses se tient devant moi. Ses cheveux sont attachés en une couette parfaite. Elle est taillée comme une mannequin. Ses traits d’eye-liners sont parfaitement dessinés.

— Eh bien, j’ai taché mon uniforme, mais je n’ai pas d’affaires de rechange.

— Oh, j’ai un chemisier dans mon casier si tu veux. Il ressemble à notre haut. Je peux te le prêter.

— C’est vrai ? Merci beaucoup…

— Hayley.

Elle me sourit et je fais de même. Elle me fait signe de la suivre et je m’exécute.

Elle sort de son casier un chemisier blanc assez court et légèrement transparent.

— Tu es sûre que c’est accepté, ce genre de chemisier ?

— Bien sûr !

Je regarde le vêtement et pars dans les toilettes. Je me change en 30 secondes et je repars à la cafétéria après l’avoir remerciée.

Je rejoins ma meilleure amie et les garçons.

— Tu as trouvé de quoi te changer ? me demande Elena.

— Oui.

Elle s’arrête et me dévisage. Ethan me regarde en souriant.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demandais-je inquiète.

— Qui t’a passé ce chemisier ? me demande Liam.

— Hum… une fille aux cheveux roses. Je ne sais plus son prénom.

Tyler manque de s’étrangler en buvant.

— Hayley ? Elle s’appelait Hayley ? me demande-t-il.

— Oui, c’est elle, pourquoi ?

— Non rien, répondit-il en souriant et me dévisageant.

Tout le monde retourne à son assiette sauf Elena qui me fixe toujours. Je lui fais signe d’arrêter et nous continuons de manger sans parler. Je relève les yeux vers Tyler, mais celui-ci me regarde avec avidité. J’ancre mes yeux dans les siens essayant de ne pas détourner la première, oui, un jeu d’enfant. Il sourit et se mord la lèvre inférieure avant que je ne détourne les yeux, rouge de gêne.

Je finis de manger et pars en cours sans le regarder.

La journée vient de finir. Je sors des cours avec Elena. Nous partons dehors, mais une voix masculine nous interrompt.

— Mlle Young ?

Je me retourne. Le proviseur se tient derrière moi et me regarde avec un air mécontent.

— Oui monsieur ?

— Je voudrais vous voir dans mon bureau.

Je regarde ma meilleure amie, inquiète. Celle-ci me dit au revoir avant de partir. Je suis le proviseur jusqu’à son bureau. Le stress prend place en moi. Que veut-il me dire ?

— Installez-vous, me dit-il en montrant la chaise située face au grand bureau gris. Je vous convoque car votre tenue d’aujourd’hui est irrespectueuse. Le lycée n’est pas un défilé de mode. Tout le monde doit venir habillé avec son uniforme, et non avec un chemisier aussi… décolleté et transparent.

— Mais monsieur, mon uniforme s’est taché à midi et…

— Je ne veux pas le savoir ! Ce sera deux heures de colle pour vous, Mlle Young.

Je me lève d’un bond et sors du bureau en claquant la porte. Plus qu’énervée, je prends le chemin jusqu’à l’arrêt.

Je m’apprête à monter dans le bus quand je reçois un appel.

— Mia ! Rentre vite à la maison s’il te plaît, il y a un problème.

— Papa ? Mais qu’est-ce qu’il se passe ?

Il raccroche. Je regarde mon écran, inquiète. Pour que mon père m’appelle, c’est qu’il doit se passer quelque chose de grave. Je décide de ne pas prendre le bus et pars en courant jusqu’à chez moi.

C’est pas vrai !! Pas ça, s’il vous plaît !

2

Quand j’arrive devant chez moi, j’ai le souffle coupé. Comment cela a-t-il pu arriver ?De gigantesques flammes jaillissent des fenêtres de la maison. Mon père est dehors, complètement déboussolé. Plusieurs camions de pompiers sont garés dans la rue et essaient désespérément d’éteindre le feu. La façade est déjà noircie par les flammes. Je n’arrive pas à y croire.

Un pompier s’approche de nous et annonce :

— M. Young, comme vous voyez votre maison n’est plus habitable. Tout a pris feu.

Mon père me regarde l’air hagard et cherche une solution pour ce soir. Il sort son téléphone, à la recherche d’un hôtel près d’ici. Au bout de 20 minutes d’appels, il se résigne à abandonner ses recherches. Après tout, c’est normal que tout soit complet, il est plus de 18 heures.

— Tu ne peux pas appeler ton ami ? demandais-je après plus de 10 minutes de réflexion.

— Mikael Scott ?

— Oui.

Il attrape son téléphone et compose le numéro avant de s’éloigner.

Je reste devant la maison carbonisée. Elle contenait tous les souvenirs que j’avais avec mes amis et ma mère. Il y avait aussi tous les trophées de danse que j’avais gagnés.

Mon père revient et me dit :

— Ils nous attendent.

Nous partons donc en direction du centre-ville pour rejoindre la maison de M. Scott.

J’avais presque oublié la beauté de cette maison. La façade blanche et grise, l’herbe verte et fraîche. Papa sonne à la porte et celle-ci s’ouvre sur une belle femme brune.

— Bonjour Peter.

— Bonjour Meli. Merci de nous accueillir chez toi.

— Pas de problème. Vous n’alliez pas dormir dehors toi et ta fille quand même.

Elle se tourne vers moi.

— Bonjour Mia.

— Bonjour Mme Scott.

— Oh, s’il te plaît, appelle-moi Meli, depuis le temps qu’on se connaît.

Elle rigole et j’acquiesce d’un sourire. Nous entrons dans le salon et nous posons sur le canapé. Mikael entre et Papa part lui dire bonjour. Meli en profite donc pour me parler.

— Alors Mia, comment tu vas, depuis le temps ?

— Ça va bien, merci.

— Toujours danseuse ?

— Oui !

Meli est comme ma deuxième mère, mais elle ne remplacera jamais la mienne. Depuis que j’habite à Chicago, elle est toujours là pour moi. Elle connaît bien mes problèmes avec Papa et je sais que je peux compter sur elle quand ça ne va pas.

— Tyl ! Descends dire bonjour, s’il te plaît ! hurle M. Scott.

Oui, Mme et M. Scott ont un fils de deux ans de plus que moi, mais je ne l’ai jamais rencontré.

Un garçon brun descend les escaliers. Les mains dans les poches, il lève ses yeux vert émeraude – brillants, presque trop vifs pour être normaux – en ma direction, mais en me remarquant, ses sourcils se froncent. J’en ai des frissons. Il serre la mâchoire, son sourire disparaît.

C’EST PAS VRAI ?!!

Ty-Tyler Scott est le fils de Meli et Mikael ?! Il me lance le même regard que ce matin, un sourire narquois sur ses croissants de chair, et s’approche de mon père.

— Bonjour Peter.

— Salut Tyler ! Comment tu vas ?

— Ça va, merci.

Mme Scott sourit et me présente.

— Tyler, je te présente Haneul Jeon. Elle a deux ans de moins que toi !

— Mia Young, rectifiais-je.

— Je sais, on s’est croisé ce matin au lycée, dit-il en me dévisageant.

Ses yeux reviennent enfin vers les miens et il me fixe. Encore et encore. Je le fixe et ne le lâche pas.

— Oh. Eh bien, parfait alors !

Parfait n’est pas le mot que j’aurais employé.

— Mia, qu’est-ce que tu dirais d’un peu de shopping ?

J’en ai vraiment besoin après l’incendie. Je n’ai plus de vêtements.

— Pourquoi pas, oui !

Elle me sourit et m’entraine dehors.

— Je vais t’emmener dans le plus grand magasin de Chicago. Il faut vraiment refaire le plein de tes vêtements après ce qu’il s’est passé.

Elle m’entraine vers le garage, nous entrons dans la voiture bleue sport, avant de partir au centre commercial.

Dans la galerie, je repère mon magasin préféré, Primark. Meli m’amène dans tous les rayons et prend beaucoup de vêtements avant de me les poser sur le bras et de me pousser vers les cabines d’essayage. C’est fou, elle connaît si bien mes goûts vestimentaires. Une fois ma garde-robe refaite, je m’aperçois que mes bras sont chargés de sacs. Mon stock de vêtements est plein à craquer. Je me sens mal qu’elle m’ait payé tout ça.

— On va se chercher une pizza avant de repartir ? me propose Mme Scott.

— Je ne suis pas contre !

Nous partons en direction d’une pizzeria et commandons 5 pizzas avant de repartir à la maison.

En arrivant, nous posons les pizzas sur la table et Meli m’accompagne dans ma nouvelle chambre pour que je puisse m’installer. Si je devais décrire la chambre, je dirais « spacieuse ». Que dire d’autre d’un grand lit et d’un dressing sur-mesure ? Il y a même une salle de bains attenante.

— C’est magnifique…

— Ça te plaît ? me demande-t-elle en souriant.

— Oui, c’est super.

Elle m’aide à ranger mes nouveaux habits dans le grand dressing et nous descendons pour manger. J’aide Meli à préparer la table, puis nous nous installons. Papa et Mikael ne tardent pas à nous rejoindre.

— Tyler ! hurle Mikael depuis la salle à manger.

Des pas dans les escaliers se font entendre. Mon regard fixe la dernière marche. Pourquoi faut-il que ça arrive à moi, tout ça ? L’une de ses chaussures se pose sur la marche. Je relève les yeux et croise son regard. Il sourit et me lance un regard noir. Je détourne les yeux en le voyant s’approcher. Et bien sûr, il faut qu’il s’assoie à côté de moi ! Je hume l’air où flotte l’incroyable parfum qu’il dégage. Je n’ose même pas bouger en sa présence. Nous sommes tous autour de la table et nous commençons à manger. Je n’ai pas vraiment faim, tout ça m’a coupé l’appétit. Tout le monde gobe les parts de pizza et moi je suis là, à les regarder manger.

Je jette un œil à Tyler. Ses yeux sont d’un tel vert qu’on s’y perdrait.

— Mia ? Tu ne manges pas ?

Papa me sort de mes pensées.

— J’ai pas très faim en fait. Et puis je viens de me rendre compte que je n’ai toujours pas appelé maman. Alors il faudrait que j’aille l’appeler, si ça ne vous dérange pas.

Meli me sourit.

— Non, pas de problème, vas-y.

Je sors dehors, soulagée d’échapper à Tyler. Je m’assois sur la balançoire du jardin avant de sortir mon téléphone.

4 appels manqués de Eomma. Mince ! Elle doit vraiment s’inquiéter. Je la rappelle immédiatement.

Au bout de la deuxième sonnerie, elle répond :

— Haneul ? Pourquoi tu ne m’as pas appelé avant ?

— Eomma… La maison a pris feu.

— QUOI ? Comment ça ?

Je lui explique tout depuis le début, ma journée jusqu’à l’incendie. Elle reste bouche bée.

— Et où êtes-vous maintenant ?

— Chez Mikael Scott.

— Le meilleur ami de ton père ?

— Hum.

Je lui raconte ma rentrée sans m’attarder plus sur les amis.

— Tu me manques maman…

— Toi aussi, ma petite Haneul !

L’entendre m’appeler par mon vrai prénom me fait sourire. Je n’aime pas quand mon père m’appelle comme ça. Il n’a jamais vraiment aimé la Corée, même pas ma mère, et je me demande s’il m’aime vraiment moi aussi. La seule chose qu’il aime, c’est l’alcool. Depuis que maman est partie, il n’arrête pas de boire. Lorsqu’il finit le travail, il part plusieurs heures au bar avant de revenir complètement saoul. J’aurais dû partir avec ma mère en Corée, mais je n’ai pas eu d’autre choix que de rester avec lui. Ma mère est tombée en dépression et n’a pas pu avoir la garde. Je suis condamnée jusqu’à mes 18 ans à rester avec lui. Je dois attendre encore deux ans avant de pouvoir partir chez ma mère. Deux ans à supporter mon père.

—