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Un homme mauvais maltraite les femmes depuis bien trop longtemps. L’une de ses victimes demande vengeance. Son souhait est exaucé par trois sœurs qui tentent de rendre la gent masculine meilleure.
Par ailleurs, une cheffe de gang veut récupérer son argent. Seulement, le débiteur a été enlevé par les vengeresses. S’en suit une guerre d’une violence inouïe. Entre conflits d’intérêts, enlèvements et sadisme, qui obtiendra finalement gain de cause ?
À PROPOS DE L'AUTEURE
Dès l’âge de huit ans, Aurélie Stromboni Mahler inventait déjà des histoires de fantômes. Au collège, elle écrit son premier roman portant sur l’univers de la drogue. Bercée depuis toujours par les films d’horreur et les séries policières, cette passionnée de l’écriture a un style tout tracé.
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Seitenzahl: 245
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Aurélie Stromboni Mahler
Corrections
Roman
© Lys Bleu Éditions – Aurélie Stromboni Mahler
ISBN : 979-10-377-7542-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Tom est attaché solidement, complètement nu. Les barreaux métalliques de la chaise sont gelés, dressant tous les poils de son corps dans une chair de poule et recroquevillant son petit sexe flétri. Il émerge difficilement d’un sommeil forcé, la bouche pâteuse et les paupières lourdes. Il a un peu de mal à reprendre une respiration normale, et ça ne s’arrange pas quand il s’aperçoit que ses poignets et ses chevilles sont bloqués et qu’une corde entoure son torse. Tom ne peut plus du tout bouger – et ce n’est pas faute d’essayer. Il hurle aussi, même s’il se doute que cela ne sert strictement à rien. Il ne sait pas précisément où il a été emmené, mais il suppose que s’il n’a pas de bâillon sur la bouche, c’est parce qu’il peut crier aussi fort que possible sans alerter personne. Ses poignets sont écarlates à force de les frotter contre les liens en plastique, sa peau le brûle. Au bout d’un moment, le jeune homme comprend que ça ne sert à rien de se débattre de la sorte, la corde est bien trop solide pour céder. Ses efforts sont vains. Tom décide alors de se calmer et regarde plus attentivement autour de lui. Aucune décoration n’habille la pièce : des murs de béton, une ampoule nue pendue au bout d’un câble, un sol encore terreux et une porte close en bois. Dans un coin à sa droite se trouve une petite table dont on ne peut pas distinguer ce qu’il y a dessus. À sa gauche, Tom voit une autre chaise occupée par un homme dans un piteux état. Lui aussi est ligoté. Il ne bouge plus, mais semble encore respirer faiblement. Son visage tuméfié a perdu sa couleur naturelle et ressemble plutôt à un camaïeu de violet et de rouge. Des plaies encore ouvertes saignent sur tous ses membres. Du sang recouvre presque l’entièreté de son corps. La panique envahit Tom de plus belle. Il retrouve peu à peu sa vitalité et sa lucidité. Son cerveau tourne à cent à l’heure, il se demande ce qu’est cet endroit, pourquoi et comment il s’est retrouvé là. Il ne se souvient plus de rien, vaguement de sa soirée et de la jeune femme qu’il a draguée. Il ne sait pas précisément depuis combien de temps il se trouve là, ne sachant pas si c’est encore la nuit ou si le soleil est déjà levé. Il n’a aucune notion du temps. Il se souvient soudain qu’il a oublié de remplir la gamelle de Rocky, son doberman. Cette idée l’afflige et il se demande comment il peut penser à ça en ce moment. Des centaines de pensées toutes plus inutiles les unes que les autres lui traversent l’esprit lorsqu’il entend des bruits de pas. Des talons aiguilles apparemment. Quelqu’un approche, plusieurs personnes même. Tom reste silencieux sur sa chaise, se demandant s’il doit faire le mort ou affronter ses ravisseurs. Il opte pour sa première idée, ferme les yeux et baisse la tête comme si celle-ci était bien trop lourde pour se porter toute seule. Les pas se rapprochent dangereusement, puis la porte s’ouvre. Le jeune homme ne voit pas ce qu’il se passe mais il entend tout. Trois personnes sont à présent dans la pièce. Une odeur de parfum fleuri a envahi l’air. L’une d’elles s’approche très près de lui – trop près de lui – sa respiration chaude soufflant sur son visage qu’elle a attrapé entre ses doigts.
Elle relâche la tête de Tom et s’éloigne. Les deux autres femmes se mettent à rire. On entend une claque, puis un râle masculin. L’homme sur la chaise d’à côté se fait réveiller de force. Tom peut entendre le bruit d’un seau d’eau qu’on jette sur quelqu’un, puis un cri étouffé. Il a envie d’ouvrir les yeux pour voir ce qu’il se passe mais préfère demeurer immobile. L’homme murmure « pitié » d’une voix à peine audible mais l’une des femmes lui coupe la parole :
Les sœurs rient de bon cœur. Elles ne semblent pas croire aux paroles du pauvre homme qui les supplie. L’une d’entre elles prend la parole :
Les talons aiguilles se déplacent jusqu’à la table et un bruit de lame qu’on sort de son étui se fait entendre. Un frisson parcourt la colonne vertébrale de Tom et des gouttes de sueur coulent sur tout son corps. Il entend l’autre homme se débattre aussi fort qu’il le peut, crier aussi puissamment que ses cordes vocales le lui permettent. La femme repasse devant lui, en tapotant la paume de sa main avec le couteau. Le jeune homme ne peut s’empêcher de lever la tête pour voir ce qu’il se passe, pour voir ce qui va sans doute lui arriver. Il ouvre les yeux et regarde les trois femmes debout aux côtés de l’homme blessé. Elles sont d’une telle beauté que Tom se demande comment elles peuvent être aussi folles. La plus grande des trois passe son bras autour du cou d’Adrien, le forçant à regarder les deux autres. La deuxième le bâillonne sans difficulté pour éviter les cris. Enfin, la dernière – celle qui a pris le couteau – se baisse légèrement, se trouvant désormais au niveau de sa poitrine. Elle enfonce la lame dans son nombril et remonte difficilement jusqu’à son thorax tremblotant sous les spasmes de l’homme. Les entrailles à l’air, il n’est toujours pas mort. La femme plante alors le couteau dans le cœur de l’homme qui s’en va dans un dernier sursaut.
Tom, qui a vu toute la scène, ne peut s’empêcher de hurler. Le coup fatal le fait vomir, laissant tomber sur lui un liquide chaud et puant. Les trois femmes se tournent vers lui en riant. Celle au couteau prend la parole en s’approchant de lui, pleine de sang, un rictus malsain sur le visage :
Christophe se demande ce qu’il fait là, dans une grande demeure perdue dans le trou du cul du monde en compagnie d’une petite bourgeoise qui essaye très certainement de punir ses parents en vivant une vie de débauche et de dépravation. Quand Christophe l’a accostée au bar au milieu de sa bande de copines, la jeune femme était déjà bien éméchée – comme le reste de la bande. Et ça ne s’était pas arrangé avec les quelques verres qu’il lui avait offerts. Quelques dizaines de minutes après, ils s’étaient éloignés dans un recoin du bar. La main de la blonde avait glissé sur la cuisse de Christophe, c’était le signal. Il ne lui en fallait pas plus pour lui faire comprendre qu’elle était disponible pour une petite partie de jambes en l’air. Sans se faire prier, il avait sorti les clés de sa voiture et aidé la jeune femme à marcher le plus droit possible.
La route a été difficile pour arriver jusqu’ici, le cerveau de la jeune femme étant noyé dans des litres d’alcool. D’autant plus que la maison est cachée tout au bout d’un chemin de Bagnols-en-Forêt, dans un immense terrain. La voiture a bien failli ne jamais arriver jusqu’au bout, tellement la route est cahoteuse. Christophe a eu peur de bousiller sa bagnole plusieurs fois. Quelle merde de route à la con… c’est étroit comme la chatte d’une vierge ici. Pourvu que je ne croise personne… avait-il pensé. La jeune femme, dont il avait oublié le prénom, lui avait promis une nuit de folie et un bain de minuit dans la superbe piscine à débordement de ses parents. Pour l’instant, il n’a ni l’un ni l’autre.
Christophe est assis confortablement sur un fauteuil large et moelleux. Une clope dans la main gauche et une bouteille de bière dans la droite, il fixe le mur en face de lui. De temps à autre, ses yeux se révulsent et sa bouche se tord. Une gorgée du liquide pétillant lui rafraîchit l’intérieur de la bouche. Il pose son bras sur l’accoudoir du fauteuil et lève l’autre pour aspirer un peu de son oxygène cancérigène. En tournant la tête sur la gauche, Christophe voit sur une splendide horloge au style industriel qu’il est déjà plus de minuit. Il lui faut au moins une heure pour rentrer chez lui et il n’a aucune envie de passer la nuit dans cette maison. Il se sentirait obligé de baiser avec la propriétaire des lieux. La décoration est à l’image de la somptueuse demeure, luxueuse et m’as-tu-vu. Des bibelots faits main par des artistes locaux, des tableaux tout droit sortis d’une galerie d’art… ça fait bien longtemps qu’il n’a pas vu autant d’argent dépensé en une seule pièce.
Cette décoration ressemble bien à l’habitante de la maison. Une jolie jeune femme d’une vingtaine d’années de moins que Christophe, très apprêtée de la tête aux pieds. Bien qu’à cet instant, il ne voit que le dessus de sa tête et sa longue chevelure blond décoloré. Ça doit faire une bonne trentaine de minutes qu’elle astique le membre durci de Christophe avec sa bouche. Jamais de sa vie il n’a subi une pipe aussi ennuyeuse. Il a du mal à garder son érection, d’autant plus que le chat de la blonde n’arrête pas de venir l’emmerder. Et pourtant l’heure tourne, il est temps de sortir la purée et de rentrer chez lui. L’homme termine sa cigarette et en écrase le mégot sur le fauteuil ancien, ne trouvant pas de cendrier à proximité. La chaleur brûle le tissu et laisse un trou noirci au beau milieu de l’accoudoir. La dernière gorgée de bière ne le rassasie pas suffisamment, il a encore soif. Une soif de boisson mais aussi de sexe. La pipe décevante le laisse sur sa faim. Une fois débarrassé de sa clope et de sa bouteille de bière qu’il laisse négligemment tomber sur le tapis, il décide de prendre les choses en main. Il attrape la tignasse de la blonde à deux mains et appuie suffisamment fort pour que son engin se retrouve tout entier dans la bouche juvénile. La jeune femme suffoque sous le choc. Elle essaye de se relever, en vain. Christophe a bien trop de force et maîtrise à la perfection les va-et-vient qu’il veut pour une meilleure fellation. Il balance son bassin d’avant en arrière, de plus en plus vite. La jeune femme se débat, cherche un peu d’air. Ses mains tentent de repousser les cuisses velues de Christophe de son visage. Un râle de plaisir sort de la bouche de l’homme tandis qu’il lâche sa sauce dans la bouche de la jeune femme. Il libère sa tête et elle en profite pour cracher la substance visqueuse et salée par terre. Le tapis, déjà taché de bière, l’est à présent de sperme. La jeune femme s’essuie la bouche du revers de la main avant de hurler :
Christophe rit en fermant la braguette de son pantalon. L’hystérie de la jeune femme l’amuse beaucoup. L’idée de tuer quelqu’un en l’étouffant avec sa propre bite est assez drôle, en fin de compte.
Le chat vient se frotter à sa jambe en ronronnant, juste avant de se prendre un coup de latte dans la gueule. Il sort en courant et en miaulant.
Christophe se lève et part sans se retourner, laissant la jeune femme complètement nue hurler à la mort et l’insulter de tous les noms d’oiseaux imaginables. Christophe ne prend même pas le soin de fermer la porte d’entrée et se dirige vers l’Alfa Spider rouge décapotable que son défunt père lui a léguée. Il grimpe à l’intérieur sans même ouvrir la portière. Le moteur rugit un bon coup et la voiture part en trombe juste à temps pour ne pas recevoir le projectile que vient de lancer la jeune femme. Sur la montée menant jusqu’au portail, l’Alfa rebondit sur quelque chose. Christophe regarde dans son rétroviseur pour voir sur quoi il a roulé. Il aperçoit le chat, aplati au milieu de l’allée.
Une fois sur la vraie route, Christophe allume une cigarette et en retire une très longue bouffée avant de la recracher négligemment.
Faire autant de chemin pour ça, ça ne valait vraiment pas le coup.
***
Le lendemain
La flamme danse et remue comme si elle voulait s’enfuir du briquet auquel elle appartient. Mais, esclave de ce bout de plastique et de métal, elle fait ce qu’on lui demande et brûle l’extrémité du stick cancérigène coincé entre les lèvres sèches de Christophe. L’homme aspire une longue bouffée et attend quelques secondes savoureuses avant de la recracher. Il jette négligemment son briquet sur la table basse et attrape son verre de whisky de sa main nouvellement libre. Lorsqu’il porte le liquide à sa bouche, celui-ci lui brûle la lèvre inférieure récemment blessée. Il fait une grimace et plaque le verre froid contre sa blessure. Ça le soulage un peu sur le moment. Quelques minutes auparavant, Christophe a reçu un sacré crochet du droit en plein dans la tête, lui explosant le nez, la pommette et la lèvre. Lui qui d’ordinaire a un si joli visage, là il l’est un peu moins. Une ecchymose bleuâtre se forme peu à peu sur sa joue et le sang qui coule de son nez et de sa bouche commence à coaguler. Ses blessures ne l’inquiétant pas plus que ça, Christophe apprécie sa clope comme si de rien n’était. Il aspire une nouvelle bouffée, la fumée nocive lui brûle le fond de la gorge mais il aime cette sensation. Il sait très bien qu’il se détruit à petit feu mais il s’en fout. Il a consommé bien pire que ça dans sa folle jeunesse. Cannabis au début puis ecstasy et champignons hallucinogènes pour finir le nez dans des montagnes de cocaïne ou d’héroïne… Il en a passé des soirées à ne plus savoir qui il était ni où il se trouvait, des matins de gênes à se réveiller aux côtés de n’importe qui dans des mares de vomis, d’urine et de merde – pas toujours les siennes d’ailleurs. Le bon vieux temps, qu’il se dit. Christophe regrette souvent ces moments de débauche, mais sa vie actuelle et son corps légèrement vieilli ne lui permettent plus ce type d’activités. La drogue, ça coûte cher, et quand on n’a pas un rond, on remplace par ce qu’on peut. En l’occurrence tout ce que les maigres aides de l’État lui permettent de s’offrir, c’est l’alcool et la clope. Alors oui ! il vit dans un taudis délabré et envahi par rats et souris, il ne mange pas toujours à sa faim mais il a de quoi boire et fumer. Ça lui convient, visiblement. Une vie de merde. Mais c’est SA vie de merde, il l’a choisie, voulue.
Le gars qui l’a frappé un peu plus tôt est l’un des hommes de main de la tôlière la plus dangereuse de la ville. Une armoire à glace d’un bon mètre quatre-vingt-dix, approchant les cent vingt kilos de muscles. Le noir s’en était donné à cœur joie quand sa patronne lui avait ordonné de le corriger pour le retard dans le remboursement de ses dettes. « Fais-lui sa fête, qu’elle lui avait dit, ça lui apprendra à nous prendre pour des cons. » Christophe doit une sacrée grosse somme depuis un bon moment. On peut dire que ça a bien énervé La Panthère, la femme la plus dangereuse du sud de la France. Elle règne sur toute la Provence-Alpes-Côte d’Azur et a même une petite filière dans le Gard. Toujours en étroite relation avec le caïd de la Haute-Corse, elle domine un vaste territoire. Demeurant dans un petit village du Var, elle tient à y faire elle-même régner sa discipline et vient en personne corriger les mauvais bougres comme Christophe. C’est le premier avertissement, le moins douloureux. Quelques coups de la part du sosie non officiel de The Rock et une nouvelle date pour la prochaine échéance de paiement. Christophe n’a plus le choix, il faut qu’il trouve de l’argent rapidement. Beaucoup d’argent. Il ne sait pas très bien où il va le trouver, mais il faut réfléchir vite, il n’a que quelques jours.
Foutues dettes ! Il a acheté une maison avec son ex-femme qu’il faut bien finir de payer, sans compter les factures actuelles qui s’accumulent au fil des mois… Christophe a un moment de panique quand il termine son verre de whisky et qu’il s’en verse un autre un peu plus généreux. Il se lève d’un bond, jette violemment son verre contre le mur et hurle aussi fort que ses cordes vocales le lui permettent. Les éclats de verre s’éparpillent dans toute la pièce, le liquide éclaboussant les murs et le sol. Les glaçons atterrissent sous les meubles. Sa clope se consume toute seule dans sa main aux articulations blanchies par la force de sa rage, déversant inutilement sa fumée toxique dans la pièce. Christophe regarde sa main veineuse et trouve un début de solution à son problème. Il n’y avait jamais réfléchi auparavant. Son alliance vaut un petit pactole. Il avait les moyens de s’offrir les plus belles choses avant que sa vie ne bascule à cause de sa salope d’ex-femme. Il n’avait jamais pensé à vendre des objets pour payer ses dettes jusque-là. Il retire la bague de son annulaire gauche – pourquoi ne l’a-t-il pas fait plus tôt d’ailleurs ? – et l’examine avec attention. Elle est en parfait état. Il la pose sur la table basse et décide d’aller fouiller dans les cartons qu’il n’a jamais défaits depuis des années, à la recherche de babioles à vendre. Il descend à la cave et dans le premier, Christophe trouve une montre de luxe, un appareil photo de marque – encore rempli de souvenirs de nombreuses années de bonheur – et une petite sculpture que son ex-femme lui avait offerte pour ses trente ans. « Une véritable œuvre d’art des temps modernes » qui avait fait un énorme trou dans leur compte épargne. Elle représente deux silhouettes nues qui s’enlacent de manière assez acrobatique. Jamais Christophe n’aurait réussi à imiter cette position. Il n’aurait même jamais essayé d’ailleurs, il aurait eu trop peur de se faire mal. Une fois le premier carton examiné, il le jette violemment à l’autre bout de la pièce et attrape le suivant. Il ne trouve pas grand-chose dans celui-ci à part sa collection de DVD pornos. Ça ne vaut sûrement rien, quelques centimes chacun à EasyCash. Le troisième carton contient des objets qui représentent le côté geek de son adolescence : une vieille console de jeu, un vieux téléphone portable et tout un attirail de jeux et jouets. Rien qui a priori pourrait le sortir de sa merde, mais avec les sommes folles que les jeunes de maintenant jettent dans les trucs vintage, il y a peut-être une connerie qui pourrait le sauver. Il emballe le tout dans un carton vide et décide de les emmener dès le lendemain matin chez un petit revendeur qu’il vient de trouver sur internet dans le village d’à-côté.
En attendant, ravi d’avoir retrouvé sa collection de films pornos, Christophe décide de fêter ça et de se mater un petit DVD. Il y a du choix dans les styles : amateurs, sado-maso, spécial anal, femmes poilues… certains sont plus brutaux et montrent des scènes assez violentes où les femmes se font maltraiter. Il y en a pour tous les goûts. Il y a même un DVD de sexe entre hommes, bien que Christophe soit un « pur hétéro », comme il aime à le préciser à chaque fois. Un ancien ami à lui le lui avait offert pour lui faire une blague, sachant très bien à quel point il est homophobe. Rien que la vue d’un couple de PD le rend hystérique et violent dans ses propos. À moins d’être cherché par l’un d’entre eux, il n’irait pas les frapper, mais si un gay l’approche de trop près il a intérêt à faire attention à lui.
Christophe prend un DVD au hasard et le lance. Très rapidement, il baisse son pantalon à ses chevilles et s’assoit sur son canapé miteux, cramponné à son membre légèrement gonflé. Une nouvelle clope au bec, il commence une masturbation. Il sait parfaitement comment et où se toucher pour que son sexe durcisse rapidement. À la télé, une jeune asiatique aux seins refaits se fait prendre par un homme sur la table d’un restaurant pendant qu’elle en suce un autre, habillé en cuisinier. Putain de chintok, elle arrive quand même à me faire bander cette conne de bridée ! se dit-il. L’excitation de Christophe bat son plein, les va-et-vient sur son sexe étant de plus en plus rapides. L’extase ne se fait pas attendre ce soir. La cendre tombe sur ses cuisses velues, mais il ne sent rien d’autre que le plaisir de sa main sur son propre sexe, dur comme le bois. Quelques minutes suffisent pour libérer la semence chaude et visqueuse de la verge de Christophe. Dans un long soupir, il s’endort presque aussitôt sur son canapé troué aux ressorts visibles, la main toujours agrippée à son engin. Le DVD continue de tourner dans le vide jusqu’au générique de fin, berçant le sommeil de Christophe de claquement de boules contre le joli petit cul asiatique, de cris et de gémissements.
Rébecca est en larmes sur le bord du comptoir. Elle pleure comme ça depuis des heures, en buvant verre d’alcool sur verre d’alcool. Son cœur est tellement bouleversé qu’elle n’arrive pas à se remettre de ses émotions de la veille. Ce connard l’a vraiment traitée comme une chienne, la forçant à le sucer en gorge profonde, à goûter sa semence gluante, en partant comme un voleur après avoir cramé son fauteuil préféré avec sa saloperie de clope… Jamais elle n’avait vécu une soirée aussi merdique, et ça l’a profondément choquée. Elle revit cette sensation d’étouffement, cette envie de vomir, cette impression qu’elle va y rester, étouffée par une grosse bite. La pauvre jeune femme ne contrôle plus ses émotions, perdue entre la honte et la colère. Elle s’en veut à elle-même de l’avoir aguiché au bar, de l’avoir attiré chez elle. Et elle lui en veut à lui de s’être aussi mal comporté, de lui avoir fait subir ça. Elle hésite entre se cacher et se venger. Garder ça pour elle ou en parler et porter plainte. Mais à quoi bon ? Personne ne la prendrait au sérieux… Les flics la tiendraient pour responsable étant donné qu’elle l’avait chauffé à blanc comme une vulgaire tapineuse.
Rébecca tente de se calmer, de reprendre ses esprits. Autour d’elle, les gens la dévisagent. Tout le monde la voit pleurer, l’entend renifler bruyamment. Les hommes se moquent d’elle en disant dans son dos qu’elle a dû se faire plaquer. Certains émettent l’hypothèse qu’ils pourraient la consoler en lui faisant goûter à un vrai mâle, d’autres se disent qu’elle aurait pu choisir un endroit plus discret pour exprimer son désespoir – comme son salon ou sa chambre à coucher, avec un énorme pot de glace et un film à l’eau de rose, par exemple. Sans lui parler directement, tous les clients du bar s’en mêlent.
Le jeune homme derrière le comptoir ne semble pas vouloir servir de nouveau la blonde décolorée déjà bien ivre. Il lui demande si elle est sûre de ne pas vouloir s’arrêter là pour ce soir et rentrer chez elle, mais il se fait couper la parole par un trio de jeunes demoiselles. La plus âgée prend la parole :
La blonde se retourne, surprise par l’intervention de la jeune femme. Elle la regarde de haut en bas, on dirait un mannequin pour les magazines de mode. Des talons aiguilles qui n’en finissent pas allongent ses longues jambes moulées dans un slim en cuir. Un débardeur noir transparent tombe parfaitement sur sa poitrine généreuse, dévoilant un soutien-gorge en dentelle. Elle porte une veste de costume over size noire sans avoir enfilé les manches. Putain mais qu’est-ce qu’elle me veut celle-là ? pense Rébecca si fort que l’inconnue pourrait presque l’entendre.
Rébecca se tourne vers elles, qui la saluent de la main, esquissant un petit sourire de compassion. Elles ont visiblement de la peine pour la blonde en larmes. Arya, ayant compris le malaise entre elles et la jeune femme, reprend sa présentation là où elle l’a arrêtée.
Rébecca écoute avec attention la jeune femme. Elle boit ses paroles aussi facilement que son verre d’alcool. Elle semble hypnotisée par les trois sœurs.
Les heures passent sans que personne ne s’en rende compte. Les quatre jeunes femmes parlent de tout et de rien, mais surtout des hommes – tous des salauds. Elles déblatèrent sur le sexe opposé sans prendre de gants lorsque l’un d’entre eux s’approche d’elle. Elles ne baissent pas le volume quand le serveur vient vers elles pour leur parler :
Mya, qui n’a pas bu une goutte d’alcool, refuse poliment l’offre du barman et se propose de raccompagner tout le monde. À cette heure de la nuit et leur état d’ébriété, il est plus prudent de rentrer en groupe que chacune de son côté. Les loups attaquent plus facilement une proie seule qu’un troupeau.
La nuit est assez fraîche pour la saison, mais l’alcool réchauffe encore mieux les jeunes femmes qu’un soleil brûlant. Elles se tiennent par la taille, deux par deux en riant et en parlant fort.
Elles prennent toutes les quatre le chemin vers la voiture de Mya et suivent le GPS jusqu’à l’adresse de Rébecca. Sur le trajet, elles en profitent pour continuer leur discussion :