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Luisa, pour surmonter un burn-out survenu lors de la mise en place d’un plan social, écrit et se remémore les événements les plus marquants de sa vie. À chaque page, son écriture rapide et légère nous entraîne dans un univers riche en couleurs et en souvenirs. Elle nous parle ainsi de son enfance en Afrique, du Portugal, son pays natal, et de la France, son pays de cœur.
À PROPOS DE L'AUTEURE
Amoureuse de la littérature depuis toujours,
Luisa Brome de Sousa signe, avec
Couleurs de ma vie, son second ouvrage, production essentiellement inspirée de son vécu.
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Seitenzahl: 127
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Luisa Brome de Sousa
Couleurs de ma vie
Roman
© Lys Bleu Éditions – Luisa Brome de Sousa
ISBN :979-10-377-5444-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À mes fils, Arnaud et François, avec tous mes remerciements
pour l’enthousiasme qu’ils m’ont apporté
dans l’écriture de ce livre.
Fidèle lectrice de polars, Luisa me confie son roman et me demande ce que je ressens à sa lecture.
J’aborde alors le parcours de son personnage qui exprime sa détresse et qui vit alors dans une clinique où son corps et son esprit sont « enfermés », et se trouve face à un non-sens.
L’écriture de Luisa est toute en couleurs, qui la transporte dans un passé, un temps qu’elle croit révolu. La tristesse et la nostalgie l’envahissent au début de l’ouvrage cédant ensuite à un nouvel horizon où elle entrevoit de l’espoir et des instants de bonheur.
À travers ce roman, c’est une quête identitaire et existentielle qu’elle met en scène. En partant de sa période troublée, Luisa construit tout le long une réflexion qui touche et parle :
- Comment être une femme ?
- Comment s’épanouir ?
- Comment se construire après le désespoir.
Luisa essaie de trouver les réponses afin d’aller de l’avant et elle explore son passé, elle me conduit dans un voyage intérieur, à l’écoute de sa nature, de ses souvenirs et de ses désirs.
Elle parle de son enfance en Afrique, de son pays natal, le Portugal, et de la France, son pays de cœur.
Dans son livre on découvre l’importance des rencontres qui vont forger la personnalité. Les rapports humains qu’elle construit sont dépeints avec finesse.
Alors laissez-vous surprendre comme je l’ai été.
Michelle Loridon
Nous étions en 1982 à Paris, avec toutes les vicissitudes qu’a connues cette année-là. En 1981, après la victoire socialiste, François Mitterrand a succédé à Valéry Giscard-d’Estaing.
Pendant le premier septennat de Mitterrand, le gouvernement a nationalisé une quarantaine de banques et plusieurs entreprises industrielles. En 1982 et 1983, une récession économique a conduit le gouvernement à imposer des mesures d’austérité en augmentant les impôts et les charges sociales.
Je travaillais dans une des quarante banques qui avaient été nationalisées à cette époque et qui vécurent les nationalisations de plein fouet. J’étais à ce moment-là une jeune directrice d’une agence dans le 14ème arrondissement, rue d’Alésia, à Paris, et je travaillais sous les ordres de monsieur Lévy.
Pour couronner le tout, le 9 août 1982, un attentat avait eu lieu dans le quartier du Marais, rue des Rosiers. Le restaurant Jo-Goldenberg avait été attaqué par trois hommes qui avaient lancé une grenade à l’intérieur où se trouvait une centaine de clients. L’explosion et les tirs de mitraillette avaient causé six morts et vingt-deux blessés.
Cet attentat avait laissé une vive émotion à tout le monde !
Mon directeur, M. Levy, dont quelques amis déjeunaient chez Jo-Goldenberg et ont été blessés et transportés d’urgence à l’hôpital, en a été grandement perturbé ! De directeur très exigeant avec ses collaborateurs, il est devenu très austère et nerveux.
Il faut dire que tous ces évènements n’arrangeaient rien !
Avec les nationalisations, les inspections d’agences étaient à l’ordre du jour.
Moi-même, j’en ai subi une à la rentrée de 1982. J’ai sûrement très mal réagi, car peu de temps après, j’ai fait partie d’un plan social et ai dû quitter la banque.
Si tu ne trouves pas la vérité à l’endroit où tu es, où espères-tu la trouver ?
Eihen Dôgen(maître et philosophe japonais,
1200-1253)
Toutes les histoires pour enfants commencent par « Il était une fois… ». Mon histoire commence aussi par « Il était une fois », mais comme c’est une histoire pour grandes personnes, cela a mal tourné. On m’a abattue !
Puis ce fut le vide, ou plutôt un long et pénible voyage.
Femme jeune, diplômée, dans les affaires, poste à responsabilité.
Crac !
On a sorti les canons : le coup fut foudroyant, coup soudain et irréversible.
Remarquez, le terrain avait été minutieusement miné.
À la guerre, comme à la guerre !
Et puis les femmes, tout le monde le sait, je ne vous apprends rien, on ne les rate pas.
À force de voir l’eau couler… on se noie !
L’érosion attaque les rochers les plus solides, de même que la rive est sapée par un courant violent lorsque la berge est trop usée par la charge.
Échec et mat ! Le Roi est en prise et ne peut plus s’échapper.
Je me suis effondrée et j’ai montré ma faiblesse. Applaudissements de la foule !
Maintenant je me retrouve couchée sur un lit d’hôpital et malade. Je viens de subir vingt perfusions qui ont fini par me sauver la vie.
Je reprends conscience… tout doucement, le cœur battant, souffrant mille douleurs… Je sors d’un cauchemar ! D’emblée mes pensées vont vers moi : j’avais envie d’avoir un enfant, et j’éprouvais le besoin d’être mère !
Ensuite je ne me souviens de plus rien. Je ne me souviens pas d’avoir vécu une telle sensation de vacuité !
Ou plutôt, je repasse le film de ma mésaventure. Une directrice qui n’est pas capable d’assumer son poste. Vraiment ! C’est sans pardon !
Ma conduite était circonspecte. On réarme pour un second coup. Au fond, ce qui me faisait du mal c’était le doute : on doutait de moi… je doute de moi ! Impossible !
Pourquoi je doutais si profondément de moi ? Était-ce la peur de décevoir ? En effet, depuis toujours, c’est une hantise. Il fallait que je démêle cet imbroglio.
Doublement blessée, j’étais désœuvrée, ébranlée, stupéfaite. Je ne savais pas où j’étais ni qui j’étais. Déboussolée, désorientée ! L’incertitude et l’angoisse se substituaient à l’aisance et à l’assurance disparues. Cette situation incongrue dans laquelle je me trouvais dépassait mon entendement. Tout se mêlait inextricablement… Les idées s’accéléraient et la tension montait : y voir clair était devenue une question vitale.
Moi… La Banque… L’agence… Que venait faire tout cela ensemble ? L’un devenait l’autre. Le flou !
Et puis ce mal de crâne, ce voile de brouillard ! Ce n’était plus possible. La tête me tournait dans tous les sens. Mes sentiments étaient exacerbés et j’avais envie de tout laisser tomber. Je me sentais impuissante et perdue, comme si j’avais perdu tous mes repères.
Cet inconfort que je ressentais en permanence et la grande fatigue qui me gagnait ont eu raison de moi. J’ai capitulé et je suis rentrée chez moi. Un matin en me réveillant je souffrais de déréliction. Je me suis rendu compte que j’étais seule et que j’avais plongé.
À cet instant précis, ce qui surgit fut le refus. Non, je n’irai pas plus loin. Je renonce et demande l’absolution. Je me déclare innocente et je n’irai pas au-delà. Je dépose les armes. Je range ma plume, mais je suis toujours et encore avide de mots. Je suis malade mais j’entends une foule de sonorités caressantes… Un torrent de mots m’envahit. Et il n’y en a pas trop, juste ce qu’il faut pour raconter mon histoire.
J’ouvre grand l’éventail devant mon visage et mets d’aplomb mon bouclier : le virus de l’écriture m’a reprise ! En fait, depuis l’école primaire, j’ai passé ma vie à écrire. Dans l’obscurité de la nuit je ne m’égare pas de mon chemin.
Je voyage autour de ma chambre. Levée, je m’assieds au petit bureau face à la fenêtre, donnant sur le magnifique parc de la maison de repos où m’a conduite ma corrida, installée dans les beaux locaux d’un ancien couvent. J’écris pour combler mes silences. Je n’ai guère d’autre compagnie que mon écriture dans cette chambre où je tourne en rond et où il n’y a rien à explorer !
Les pages de mon livre s’envolent. Pour celui qui comme moi, voyage autour de sa chambre en poursuivant ses souvenirs, il peut rapidement aller jusqu’à son jardin secret planté au fond de son cœur.
Mais on ne peut pas pénétrer si aisément dans les grands mystères. La superstition et la peur m’arrêtent ! Écrire est un acte de courage quand on est si démuni, tel un taureau ébloui par le soleil et face à son destin. Je marque le sable doré de l’arène (où j’ai combattu ?), de mon empreinte…
J’avais construit mon propre château de cartes (donjon de granit bien fait au demeurant), bâti toute ma personnalité sur des arcades solides, à partir des racines d’un chêne-liège entouré de cordes, avec des mâts aux multiples torsades amarrées par des câbles, avec des refus et des rejets aussi.
Je savais ce que je voulais. Je croyais avoir du caractère.
Mais voilà que mon château s’est effondré, et j’ai mal. Ça me frappe avec la brutalité de l’évidence immédiate : je suis là, cloîtrée, dans une chambre, séparée du monde et inlassablement… inlassablement…
Cette douleur que je hais me fera peut-être trouver une issue à cette situation aussi étouffante.
J’hésite… la pire des souffrances me semble encore être l’oubli. Vaut-il mieux vivre avec un amour, fût-il mort, qu’avec l’oubli ? Laissons le temps couler… Je me dis… Je me dis… Tic ! Tac ! Le silence me plonge dans la mer, dans ce village de pêcheurs et dans cette brise aux mille étoiles dans la nuit, qui sont autant de bateaux colorés qui jettent leurs filets dans la mer aux reflets noirs.
À l’aube, ce fut l’oubli qui me poussa. Je chéris mon oubli, qui est mon passé. Je me perds dans cet éparpillement d’idées, dans cette mélancolie du souvenir qui m’effleure. Mais j’ai encore de la lucidité pour trouver la vérité ici et maintenant. Que m’est-il arrivé ?
Je dois chercher la vérité dans le silence de ce couvent. Cela me semble vrai et irréfutable !
Les grands orgues sonnent pour annoncer le héraut qui apporte mon message. On ne fuit pas son destin, on le porte. Je me dois donc d’avancer. Avancer dans mon écriture et mes souvenirs.
Oh ! Laisse-moi fondre dans tes bras et enlacer nos mains, ainsi que la mer ou le ciel, le rêve ou ce chemin. Permets qu’une parole et un regard soient pour l’horizon l’aurore qui naît ! Car il n’est pas de nacelle, non plus qu’une caravelle, pour emporter dans notre soleil d’autres soleils que nos désirs.
La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre.
Albert Einstein
Je commence à vous raconter mon histoire par un échec, assez cuisant d’ailleurs.
Il était une fois… une directrice.
Non ! Soyons concrets, coupons court et rentrons vite dans le vif du sujet. Dans la banque, on n’aime pas les dissertations.
J’étais donc directrice d’une agence bancaire où mon travail était ma priorité. Disons plutôt directeur, puisque c’est ainsi que je le faisais marquer sur mes cartes de visite. Je l’avais bien fait spécifier aux services administratifs (une intuition ?).
Il apparut que je fus la première femme à l’avoir demandé expressément. Cela a suscité des surprises.
Banquiers traditionnels en costume gris, ils sortent le monocle :
« Hum ! Qu’est-ce que c’est que cette petite ? Elle s’en donne des airs ! »
Bref, j’étais une arriviste.
Mais l’agence progressait. Il y avait un beau graphique en ascension sur les murs de mon bureau, de beaux résultats. Tout cela n’était pas fait pour me déplaire. Je m’étais battue pour avoir ce poste ! La réussite me réconfortait.
Par ailleurs, mon curriculum vitae vous dirait : Luisa…, franco-portugaise, 25 ans, mariée, sans enfant, diplômée de…
Voilà ! Ma dernière illusion qui s’en va…
Dans ma chute, je me suis heurtée au mur de ma propre agence que je pensais avoir dirigée correctement. Fille de banquier, on apprend vite. On croit savoir nager.
Mais plouf ! Vlan ! La dégringolade fut à la hauteur !
Cela me semble néanmoins une affaire embrouillée. L’esprit de suspicion est de tradition dans la profession.
Il faut du flair, messieurs, mais restons prudents. Trois semaines d’hôpital. Tout de même ! Et combien de semaines encore pour refaire surface ?
Il y a un fil à démêler, c’est certain.
Allons-nous nous faire aider par la police ? Je ne suis pas accusée de détournement de fonds mais la situation est à la suspicion. Après tout, la banque et la police feraient une composition éblouissante. Un mariage piquant !
— Mais comment cela ? Nous serions-nous trompés dans l’attribution du poste ? Suspect ! Il y a là-dessous un coup louche. Affaire d’argent !
— Retranchons-nous, cette femme a trop d’esprit !
— Qui sait, des plans de détournement d’argent, magouille avec la clientèle… Ou bien, il court des bruits fâcheux !
— Prenons la retraite, messieurs, ouvrons vite le parapluie ! Entendons-nous une suite judiciaire à cette affaire ?
Ainsi pensent les banquiers aux costumes gris, au regard froid dans des couloirs feutrés.
En tout cas, une enquête est en cours…
Moi, tel Sherlock Holmes, je me mets à chercher toute seule. Je mène ma propre enquête. Du côté de chez moi, de mes souvenirs, quelque part dans des zones floues de la conscience et qui ont provoqué ce déroulement inextricable.
Une concomitance d’évènements a dû produire l’éclatement. J’explore la piste.
L’objet du jeu en vaut la partie, messieurs, il s’agit de ma peau.
Je réfléchis. C’est difficile de réfléchir quand on vient juste d’émerger. Mais je me dois de faire quelque chose pour moi. Je ne peux plus continuer dans cet état. Puis-je encore faire cet effort ? Il faut que je maîtrise ma colère et que je commence à y voir clair.
Voyons… À la banque, j’ai dû manquer de révérence. J’étais visée, dans le collimateur.
L’air circonspect, et la méfiance affichée, on me bombarde de questions, on fouille partout et on regarde de façon indiscrète mon sac à main et j’y perçois un reproche. On s’acharne sur moi, tels des matadors sur leur proie. Pourquoi cette insistance ?
Moi, je me croyais torero. Quoi ? C’était encore moi la directrice, non ? Du respect messieurs ! Je suis vite devenue taureau sous le poids de la tension croissante.
Ces questions avaient quelque chose de vexant et ont provoqué en moi un débordement d’émotions. Je me trouvais dans une situation on ne peut plus incongrue.
Bref, je me suis sentie attaquée dans mon intégrité.
Je suis suspecte ! Mise en cause ! Soupçonnée !
Je suis accablée, renversée par tant de suspicion. J’organise ma défense…
« Messieurs, j’ai répondu à toutes vos questions. Je me suis confrontée à vous. Me suis-je soustraite à votre jeu ? »
Peu importe. L’appât persista…
L’incertitude et l’angoisse se substituent à l’aisance et à l’assurance disparues. Est-ce la peur de décevoir ? Pourquoi des questions dès lors qu’il y a de la réussite ? J’ai été comme hypnotisée. J’ai dû les mettre à la porte…
J’opte pour le doute, question de métier. Oh ! Drôlerie des situations !