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Ella, de son vrai prénom Élisabeth, âgé de vingt ans, mène sa vie paisible d’étudiante en journalisme, tout en payant ses études en tant que maquilleuse pour un théâtre réputé de la capitale. Au cours d’une soirée, à laquelle Paul, son meilleur ami, l’accompagne, son existence prend un virage. En effet, elle y rencontre, pour la première fois, un fameux motard, nommé Chris, qui l’embarque dans une folle aventure. Témoin d’un évènement tragique, la jeune fille s’enfuit et se cache pour survivre. Elle apprend, à ses dépens, à se servir d’une arme et surtout à se défendre contre l’injustice afin de protéger ce qu’elle a de plus cher au monde. En retrouvant Paul quelque temps plus tard, Ella tente de prendre son destin en main jusqu’au jour où la vérité refait surface, treize ans après ce fameux soir. Que découvrira-t-elle ? Comment réagira-t-elle ? Trouvera-t-elle des réponses à ses questions ?
À PROPOS DE L'AUTEURE
Ayant trouvé en l’écriture le moyen de s’exprimer, Karine Ermite s’en sert pour délivrer des messages d’espoir. Avec Dangereux amour, elle offre aux lecteurs une histoire profonde empreinte de mystère et de passion.
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Seitenzahl: 537
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Karine Ermite
Dangereux amour
Roman
© Lys Bleu Éditions – Karine Ermite
ISBN : 979-10-377-7330-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À mes enfants, que j’aime plus que ma propre vie.
Chacun de nous a le droit d’être libre.
Chacun de nous a le droit de vivre à l’abri de l’autre.
Chacun de nous a le droit d’aimer rire.
Chacun de nous a le droit d’argumenter pour les nôtres.
Je voudrais pouvoir respirer dans tes bras.
Pouvoir être tout à toi,
Dormir dans tes draps.
Et surtout que tu t’enfuis avec moi.
Mon monde, n’est plus qu’une ombre,
et à travers le brouillard,
j’entends le rugissement des bombes,
Qui couvre le son des arts.
Quelle est cette vie que tu me fais vivre ?
Pourquoi tant de sang, sur tes mains ?
Quel est ce bruit qui nous prend par surprise ?
Pourquoi tant de haine, pour les siens ?
Arrêtez de vous tuer, pour juste un bout de terre.
Arrêtez de nous tuer, on ne demande qu’à vivre en paix.
Arrêtez de vous tuer, PERSONNE ne veut réellement de cette guerre.
Arrêtez de nous tuer, et repartez chez vous pour de vrai.
J’ai du mal, à croire, qu’après la presque fin d’une épidémie,
un homme s’entête à vouloir prendre la tête, d’un autre pays.
J’ai du mal à croire à un avenir, quand je vois ce monstre tirer sur des civils.
J’ai du mal à croire que nous sommes libres, quand je vois d’autres être obligés de fuir.
Oh mère Nature comment rester de glace face à l’effroi.
Il est cruel, il est inhumain.
Oh Terre d’accueil, merci de nous laisser, nous réfugier chez toi.
Heureux de pouvoir, respirer enfin.
Il est loin, le monde libre.
Il est loin, le temps où chaque homme pouvait respirer.
Il est loin le monde où nos enfants pouvaient rire.
Il est loin le temps de l’égalité.
Chaque homme est né libre,
et la vie lui apprend les règles et les lois.
Que certes, d’autres hommes égoïstes et cupides
nous pensent assez stupides, pour ne pas connaître nos droits.
Chacun de nous a déjà, dans sa vie, voulu le pain de son voisin,
voulant Détruire à tout pris ce que notre ami a.
Prendre sa part du gain.
Mais la liberté, est-ce vraiment cela ?
L’autonomie de chacun c’est de pouvoir se lever le matin, sans avoir besoin des siens.
L’aisance, c’est de pouvoir rentrer à la maison, sans avoir la peur au ventre, d’avoir une arme pointée sur soi.
La hardiesse, c’est de pouvoir s’exprimer librement, sans être un pantin.
La liberté c’est de pouvoir respirer le même air que toi.
Quand on est libre, on n’a nullement besoin de fuir.
Quand on est prisonnier, on a nulle part où aller.
Il est loin le temps où je devais demander si je pouvais sortir.
Il est loin le temps, où je devais aussi être surveillée !
Je me souviens de toi, là juste devant moi,
prêt à me serrer dans tes bras.
Je me souviens de moi, là juste devant toi.
Prêt à te serrer dans mes bras.
Nous étions, étrangers par nos deux nations,
mais tellement heureux de notre union.
Aujourd’hui, toi soldat de guerre,
me chassant de mes terres.
Comment, n’avons-nous plus le droit de nous aimer librement ?
Tout ça, pour un combat, qui ne nous regarde même pas.
Comment, ne pouvons-nous plus être ensemble ?
Tout ça, pour le caprice d’un homme que nous ne connaissons même pas.
J’ai longtemps cru que notre amour résisterait.
Seulement, la cruauté des hommes a tout détruit.
J’ai longtemps cru que notre amour suffirait.
Seulement, j’ai choisi de protéger ma patrie.
Nous ne nous connaissions pas, mais la vie nous a réunis plus d’une fois.
Nous avons grandi depuis, et l’amour nous a transportés.
Nous pouvions sortir et faire comme les chats, grimper sur les toits.
Nous savons maintenant qu’il est loin le temps où chaque baiser pouvait nous faire perdre pied.
Je rêve de redonner cette liberté volée par un homme malade voulant tout contrôler.
Je rêve de rendre la liberté volée à un peuple qui, en se réveillant un matin, a vu sa vie basculer.
Je rêve de retrouver cette liberté volée à travers tes yeux qui m’ont tant manqué.
Redevenons tous libres de voler, chanter, rire, parler et surtout d’aimer.
Arrêtons de nous détester, mais soyons plutôt tous ensemble, prêts à combattre l’injustice,
pour vivre enfin en paix.
Je n’ai qu’une envie, aujourd’hui, c’est de franchir la ligne.
Jeter ce fichu drapeau au feu.
Je n’ai qu’une envie, aujourd’hui, c’est de pouvoir te voir juste un peu.
Et que toi soldat, tu puisses nous emmener à DIGNE.
Restons ensemble libres et amoureux.
Profitons de la vie et de nos jours heureux.
Soyons, comme des fous.
Et vivons sans tabou.
Soyons prêts à courir dans les rues de Paris, Londres, Kiev, Genève, New York, Singapour et même Moscou.
Ne nous soucions plus de leur guerre, et aimons-nous librement, sans avoir peur de tout.
On naît seul,
On vit seul,
On meurt seul.
C’est seulement à travers l’amour et l’amitié
Que l’on peut créer l’illusion momentanée que nous ne sommes pas seuls.
Orson Welles
Il est le seul dont je rêve toutes les nuits.
Il est le seul que je n’arrive pas à chasser de mes nuits.
Nous sommes vendredi soir, Élisabeth vient de rentrer après une semaine assez chargée. Entre ses études de journalisme et son petit boulot de maquilleuse dans un théâtre-cabaret de la capitale, Chez Michou, sa vie est bien remplie.
Ella a perdu ses parents alors qu’elle était très jeune et fut ainsi élevée dans le sud de la France par sa grand-mère, Liliane :
Aujourd’hui partie rejoindre mes parents, comme elle aime souvent le dire.
À ce jour, elle n’a plus de famille. Seul son meilleur ami, Paul, lui fait office d’unique famille. Depuis leur plus tendre enfance, il la surnomme Ella au lieu d’Élisabeth.
D’ailleurs, depuis la mort de ses parents, elle préfère être appelée Ella plutôt que par son prénom de baptême.
Au décès de Liliane, Paul, qui suit déjà ses études depuis un an à Paris, propose à Ella de le rejoindre, pour qu’elle ne soit plus seule.
Paul suit des études d’archi et Ella veut se spécialiser dans le journalisme.
À l’aube de ses 18 ans, avec le peu d’argent que sa grand-mère lui a légué, elle débarque à la capitale, direction le logis de Paul. Ce petit héritage n’est pas grand-chose mais cela lui permettra de payer ses frais d’inscriptions et de louer, pendant le temps de ses études, un petit appartement proche de la Fac.
En parallèle, Paul lui dégotte un boulot dans un petit théâtre-cabaret de la capitale, Chez Michou, célèbre cabaret de transformiste de l’homme en bleu.
Liliane ayant été dans sa jeunesse une meneuse de revues au Lido, Ella connaît bien le monde du spectacle et se débrouille vraiment très bien pour tout ce qui concerne le maquillage. Il faut dire que Liliane l’a bien formée, dès sa plus tendre enfance. De plus, elle sait coudre et confectionner des costumes. Alors, certains soirs, elle recoud ou découd des coutures si besoin.
Ce petit boulot l’aide à payer ses études et son appartement récemment trouvé. Une fois ses charges payées, il ne lui reste pas grand-chose. Mais cela n’a que peu d’importance pour elle. Elle s’en fiche car elle est heureuse de vivre, et puis ce n’est pas une grande dépensière.
En ce qui concerne les sorties, disons que Paul est plutôt le dépensier de la bande. Pour lui, l’argent n’a que peu d’importance. Ses parents sont là pour l’aider financièrement en cas de besoin, et son travail dans une célèbre agence de mannequins lui confère un revenu plus que confortable. Il est photographe, alors les jolies filles, il en voit souvent.
De temps en temps, lors d’essayages shooting, Paul propose les compétences en couture d’Ella. Cela l’aide à pouvoir mettre un peu d’argent de côté, au cas où.
Par ailleurs, cela lui permet de se familiariser avec le monde du spectacle et celui de la mode. C’est plutôt bien pour débuter dans le journalisme et se créer un bon carnet d’adresses.
Cela fait deux ans, déjà, qu’Ella a posé ses valises à Paris. Elle vient d’avoir 20 ans et sa vie d’étudiante en journalisme à la Sorbonne lui plaît énormément. Elle est épanouie et son petit boulot est de plus en plus intéressant et enrichissant.
Elle remercie tous les jours Paul de l’avoir fait venir ici, de lui avoir proposé de le rejoindre.
Ils sont inséparables.
Pratiquement tous les week-ends, ils sont de sortie. Paul l’embarque souvent dans des endroits différents et souvent insolites. Ella ne s’en plaint pas, en général, mais ce soir, elle est particulièrement fatiguée et souhaite un peu de répit.
Ella n’avait pas prévu de sortir pour une fois, et se préparait à passer une soirée seule chez elle, devant son PC, à regarder un film tranquillement avec bonbons, Pop-corn et verre de soda…
Elle se dit :
« Pour une fois, même si je n’ai que 20 ans, je ne suis pas obligée de sortir tous les soirs.
J’ai le droit de me détendre, sans ma bande de copains.
J’ai le droit de me reposer surtout que j’en ai vraiment bien besoin.
Et puis, je suis une femme célibataire indépendante.
Donc je ne manquerai à personne ce soir. »
Confortablement installée dans son canapé, elle regarde son film, quand son portable sonne. C’est la musique de The Final Count-Down d’Europe. Ella se lève d’un bon et attrape son portable. Elle sait tout de suite qui l’appelle :
« Allô, Paul, comment vas-tu depuis hier ?
— Bien, et toi ? Je suis chez toi dans 5 minutes. Tu es prête à sortir, j’espère ? De toute façon, comme d’hab’ je ne te laisse pas le choix.
— Bah !
— En fait, répond Ella de sa petite voix, je ne comptais pas vraiment sortir ce soir… Je suis fatiguée. Je n’avais pas envie de sortir ce soir.
— Tu plaisantes, j’espère ! Dépêche-toi de te préparer, tu as 5 min !
— OK ! D’accord ! Mais on va où cette fois ?
— Je t’expliquerai quand tu seras prête. Fais-moi confiance, tu vas être ravie de la destination. Et puis, est-ce que je t’ai déjà déçue lors de nos soirées ?
— Non ! Mais disons qu’avec toi, c’est toujours surprenant. Regarde où on était le mois dernier.
— On ne s’est pas vus hier ?
— Si, mais en coup de vent, entre deux photo-shooting. Tu maquillais les modèles et moi je les prenais en photo. On n’a pas vraiment eu du temps pour nous parler.
— Oui ! C’est vrai.
— Bon, tu es prête ?
— Oui, je descends. »
Même fatiguée, Ella ne refuse jamais rien à son meilleur ami, mais elle a un mauvais pressentiment. Elle met ça sur le compte de la fatigue, et n’y prête pas vraiment attention.
Pour son meilleur ami, à qui elle ne refuse jamais rien, elle fait abstraction de sa fatigue.
Tant pis pour sa soirée au calme, devant un bon film, blottie dans sa couverture, sur son canapé, etc. Elle enfile un jean, des bottes, un bustier noir dos nu et son blouson en cuir.
Un coup de brosse dans ses longs cheveux noirs aux reflets or, qu’elle attache pour être à l’aise, un coup de crayon noir, un fin trait d’eye-liner autour de ses grands yeux vert émeraude, du mascara pour souligner son regard, un baume à lèvres, et c’est fini.Elle attrape son sac, dans lequel elle met toujours de quoi se changer. Après certaines soirées avec Paul, elle est devenue très prévoyante et puis sa devise n’est-elle pas :
Mieux vaut prévenir que guérir ?
Paul est très impulsif et avec lui, on doit toujours être prêt à partir, mais aussi être préparé à toutes formes d’éventualités. Elle n’oublie pas non plus, son casque de moto. Elle a comme l’intuition de devoir le prendre et décolle de chez elle.
Paul l’attend en bas sur sa moto. Elle grimpe et ils filent à vive allure dans les rues de Paris qui s’enquenouillent. Elle vit la situation avec une certaine habitude, Paul l’ayant tellement accoutumée à ce genre de circonstances. Ce qui est bien, c’est qu’ils peuvent se parler, ayant tous les deux un micro intégré dans leur casque, cadeau d’anniversaire offert par Paul à son amie.
Depuis peu, Ella a son permis moto en poche, mais n’a pas encore pu s’acheter sa monture.
En attendant, elle conduit sa petite voiture, sa Mini Cooper S. C’est une voiture qu’elle a achetée d’occasion, sur un site de vente de voiture en ligne, Leboncoin. Elle n’est pas toute neuve, mais pour les déplacements dans la capitale, c’est parfait. En plus, grâce à Paul, Ella sait que s’il y a le moindre souci sur sa voiture, elle peut l’appeler.
Il est doué en mécanique.
Alain, le père de Paul a commencé sa carrière en tant que mécanicien pour Renault. Pendant l’enfance de Paul, son père lui a transmis sa passion pour l’automobile et lui a refilé ses astuces pour entretenir à peu de frais son véhicule.
Désormais, il en fait profiter Ella.
Dans sa famille, ils ont une devise :
Ne demande jamais à un autre de faire à ta place ce que tu peux faire par toi-même, et ne deviens jamais l’esclave de quelqu’un.
Il a donc appris dès son très jeune âge à réparer ses affaires.
Quand il a passé son permis de conduire, son père lui a montré comment changer une roue, faire la vidange, remplacer les boulons, vidanger l’huile du moteur, remplacer les ampoules, comprendre le mécanisme des véhicules et, surtout, il lui a offert sa première voiture uniquement quand Paul a su parfaitement réparer et entretenir un véhicule.Dans sa famille, le père d’Alain possédait une vieille voiture, une Triumph TR3 qu’il légua à Paul, et cela faisait un moment qu’Alain essayait de la réparer sans trouver le problème. Quand Paul y regarda de plus près, il comprit le problème, et la répara. Son père était fou de joie.
C’est à ce moment précis qu’il promit à son fils de le laisser aussi passer son permis moto et qu’il lui paierait donc sa première moto.
Paul a toujours refusé que son père lui paie ses caprices, alors il lui répondit juste :
« Merci papa, mais je me la paierai tout seul. J’y tiens. »
Encore aujourd’hui, quand il y pense, il est heureux de s’être payé sa première moto tout seul, une certaine fierté pour lui.
Comme première « brêle », il s’est offert une Suzuki SV650S. C’est une bicylindre en V à 90°, à double arbre à cames en tête ; quatre soupapes par cylindre de 645 cm3 pour 72 ch. à 9000 tr/min. Elle pèse 196 kg tout pleins faits et arbore une couleur grise et noire. Il a pris toutes les options possibles proposées. Comme cela, il est sûr de son achat. Il en prend grand soin, et la bichonne chaque fois qu’il le peut.
Paul a 21 ans, il fait des études d’architecture et travaille en tant que photographe pour l’agence de mannequin ÉLITE. Il a son permis voiture et moto, mais préfère rouler à l’attaque, ce qui signifie que c’est un pilote rapide et combatif. C’est un vrai motard et non un caisseux (expression motarde). Paul ne doit rien à personne, sauf à ses parents. C’est grâce à eux qu’il a pu être un enfant privilégié et heureux d’avoir encore deux parents vivants et aimants. Il sait trop bien comme la vie est précieuse et dure. Il connaît la valeur de l’argent même s’il en abuse un peu. Il ne souhaite en aucun cas se montrer comme un gosse de riche, même s’il l’est d’une certaine manière. Il essaie de ne pas trop profiter de la situation, par respect pour Ella. Lui, il pourra toujours compter sur ses parents, elle, non, hélas. C’est parce qu’il a ce respect qu’ils sont si proches, Ella et lui.
Et puis, il faut savoir que, leurs parents se connaissaient bien et étaient de très proches amis.
Le père d’Ella, Vincent, travaillait avec Alain chez Mc Donald’s pour payer leurs études dans leur jeunesse et ils y ont noué une certaine amitié.
Quand les parents d’Ella sont morts, tragiquement dans un accident de voiture alors qu’elle n’avait que 10 ans, Ella est allée vivre avec sa grand-mère dans le sud de la France, dans l’Aude.
Malgré la distance, Alain a toujours gardé un œil sur Ella. Dès qu’il pouvait la prendre en vacances ou descendre la voir chez sa grand-mère, Alain emmenait Paul. Comme cela, les deux amis se retrouvaient ensemble et continuaient de grandir ensemble.
Depuis qu’ils sont enfants, Paul et Ella se sont toujours protégés mutuellement. Pour Paul, Ella est sa petite sœur.
Alain avait toujours promis à son ami Vincent, le père d’Ella, de veiller sur la prunelle de ses yeux s’il lui arrivait malheur et vice versa.
Lorsque la grand-mère d’Ella est décédée, elle a pu compter sur le soutien de la famille de Paul. Alain fut très présent pour l’aider dans les démarches. Et s’il lui a toujours dit qu’il pouvait subvenir à ses besoins comme si elle était son propre enfant, Ella préférait ne rien lui devoir. Pour elle, ils en ont assez fait et elle ne doit pas être une charge pour eux. Alain a payé l’enterrement de sa grand-mère et a fini de payer les traites de la maison familiale, pour qu’Ella puisse conserver son héritage. Mais surtout, pour qu’elle garde un endroit où vivre, au cas où, un refuge. Ce cadeau, pour elle, est d’une valeur inestimable. C’est peut-être pour cela aussi qu’elle n’arrive jamais à refuser à son ami quoi que ce soit.
« Alors, où va-t-on cette fois ? interroge Ella.
— Tu verras quand on y sera. La seule chose que je peux te dire, c’est que tu vas adorer.
— OK ! Cool ! Au fait, la semaine dernière, tu m’as dit que tu avais un truc important à me dire, et j’attends toujours !
— Justement ! Là où nous allons, c’est en rapport avec ce truc dont je devais te parler. La seule chose, c’est qu’il ne faut pas avoir peur, et ne te fie pas aux apparences. Juste, quand on y sera, ne pose pas de question.
— OK ! répond Ella, légèrement intriguée. J’ai l’habitude avec toi, et tes plans galères ! Je ferai comme d’hab’, chacun de son côté.
— En quelque sorte, mais pas trop éloignés quand même. »
Ils filent à moto en direction de l’autoroute A328, puis s’arrêtent au restaurant Le Grand Aigle d’Épinay-sur-Seine.
« J’adore manger asiatique, mais j’ai déjà dîné ce soir. Alors… si c’est pour m’inviter au restaurant, tu repasseras… lança Ella à Paul.
— Non ! On va juste derrière rejoindre des amis à moi.
— Toi ? Tu as d’autres amis que moi ? »
Ella éclate de rire.
« Ahah… Très drôle ! Disons, en quelque sorte, que je sortais, il y a encore peu, avec la sœur d’un motard, et que, depuis, j’ai mes entrées.
— OK ! Et je dois avoir peur pour… ?
— Toi, avoir peur ? Non ! Ils sont cool.
— OK, mais je plaisantais. Je n’ai pas peur, et n’oublie pas qu’on a ça dans le sang tous les deux ! Rappelle-toi que mon père faisait partie, jusqu’à sa mort, d’un club de motards et que le tien en fait toujours partie, alors on sait ce que c’est !
— Oui, c’est vrai. Seulement, le club de nos pères n’était pas un gang, mais plutôt un groupe de motards qui se retrouvait le week-end pour faire des balades ! T’en souviens-tu ?
— Oui et c’était génial ! J’adorais être à l’arrière, les cheveux dans le vent, partir en vacances ou en road trip avec mon père, sur sa fière bécane. C’était trop fort. On a passé de superbes vacances et j’en garde d’excellents souvenirs.
— Ah oui ! Qu’est-ce que j’aime ça aussi ! Quand on était tous deux gamins, on avait de sacrées émotions avec nos pères sur leur Harley... Il te manque encore ?
— …
— Désolé je ne voulais pas…
— T’inquiète. Oui, il me manquera toujours. Mais… tu vois ce qui me manque, c’est surtout de ne plus pouvoir lui parler, pas les balades à moto. Pour la moto, je t’ai toi.
— Oui, je sais. Bon, sinon, évite de parler avec le chef et surtout ne te laisse pas draguer par lui. Il a la réputation de draguer toutes les jolies filles qui passent et de ne pas être très tendre avec elles, si tu vois ce que je veux dire... Alors, fais-moi plaisir, quand tu le vois, passe ton chemin.
— OK, “papa” ! À vos ordres, colonel !
— Je n’aime pas quand tu dis ça ! Mais c’est juste qu’il est marié. Sa femme est extrêmement jalouse et peut-être dangereuse. Méfie-t ’en. Moi je ne l’aime pas. D’ailleurs, je ne sais même pas pourquoi il est encore avec elle, vu le nombre de fois où ils se disputent, et qu’il découche. Et surtout, avec lui… Enfin, c’est un bruit qui court, je n’y crois pas trop. Mais ne t’approche pas de lui, on ne sait jamais. Je n’ai pas envie qu’il t’arrive quoi que ce soit.
— J’ai compris. De toute façon, je ne compte pas me laisser draguer par un motard que je ne connais ni d’Adam ni d’Ève. Sauf s’il est extrêmement beau et qu’il me fasse craquer. Mais, vu mes critères de sélection, ce sera difficile.
— Toi ? Craquer ? Ce n’est pas ton genre. Tu es plutôt sérieuse. Entre nous, je ne t’ai jamais vue partir à l’aventure, sauf avec moi, bien sûr. D’ailleurs, contrairement à moi, tu es pure. Je sais que tu es une grande romantique, et tu es bien trop sage. Mais… en même temps… rien n’est impossible… et ce soir… tout peut arriver. »
Ella en rit de bon cœur et se demande ce qui s’est passé dans la tête de son ami. Lui qui est plutôt du genre excursions sur les toits de Paris ou visites des grottes sauvages, ne s’intéresse maintenant qu’à ce gang de motards. Même si, finalement, elle est ravie de la situation. Elle adore les motos depuis sa plus tendre enfance, elle est née dedans, en quelque sorte.
Elle descend de la bécane de Paul et se dirige vers un groupe de motos garées à proximité qu’elle admire.
Tout d’abord trois Suzuki :
Les connaisseurs vous diraient :
Depuis ses lignes tranchantes jusqu’à son époustouflante mécanique, chaque détail de la Katana met en avant sa beauté singulière.
Le style compact et léger de la Katana lui offre une grande agilité ainsi qu’un pilotage excitant et passionnant. »
Si vous cherchez à prendre la route sur une machine sportive au style Café Racer, la SV650X est la candidate idéale.
Avec son incomparable V6Twin, velouté et coupleux à souhait, niché au cœur d’un cadre treillis aussi fin que léger, la SV650X allie performance et agilité.
Que ce soit en ville ou sur les routes de campagne, cette moto procure énormément de plaisir tout en se montrant ultra-séduisante. »
Elle voit aussi deux YAMAHA gris métallisé et une vieille HARLEY-DAVIDSON noire, perchée dans une remorque. Ella saura plus tard qu’elle est en restauration. On l’a sortie pour la soirée, car c’est la première moto du club, alors elle est toujours de la partie. C’est comme qui dirait l’emblème du club.
Elle apprendra aussi que le club de motards, qui s’est baptisé The Lion’s, n’est pas réservé exclusivement aux Harley. Effectivement, comme le gang aime à le dire :
« Ils ne sont pas racistes... »
Ella continue d’admirer d’autres bécanes dont certaines, d’ailleurs, lui rappellent son enfance.
Un souvenir de petite fille lui traverse l’esprit :
Elle était heureuse et épanouie pendant ces moments-là. Une joie de vivre qu’elle n’oubliera jamais.
Aujourd’hui, malheureusement, ce ne sont que de vieux souvenirs, mais sans doute les meilleurs partagés avec ses parents.
Tout à coup, elle s’arrête net devant une moto rouge vif. Un de ces modèles, qui ne laisse place à aucune imagination, tellement sa splendeur est grande. Elle ne peut s’empêcher de la contempler, et surtout d’admirer sa configuration et son châssis. Ce n’est pas que ce soit la plus belle moto au monde, mais elle a quelque chose qui l’attire énormément.
Ella se pose des questions à voix haute. Elle lui rappelle étrangement une moto qu’elle connaît. Surtout une marque :
« Je suis sûre que c’est une Suzuki. Par contre, le modèle, j’ai un doute… et pour l’année aussi… Et surtout, comment résister à l’envie de monter dessus ?
— C’est bien une Suzuki, répond un motard derrière elle en déposant son casque sur la selle de sa moto. Une GSX-R 1000, de 2000. Et pour vous faire plaisir, je vous emmène faire un tour si vous voulez ! »
Ella sursaute et en se retournant bascule en avant. Le beau jeune homme la rattrape dans ses bras. Elle se blottit instinctivement tout contre sa poitrine.
Son parfum la captive et le temps d’un instant, Ella se sent comme ensorcelée. Ayant encore ses lunettes dans sa main gauche, il lui sourit et la laisse se remettre de ses émotions en lui demandant :
« Ça va Mademoiselle ? Vous allez bien ? »
Ella est subjuguée par ce regard à la fois doux et glacial. Avec ses yeux d’un bleu océan, tellement profonds que l’on pourrait s’y noyer, il l’a rendue captive, au point qu’elle ne sait quoi répondre. Cet instant est magique.
Ella reprend son souffle, tout en se mordant la lèvre inférieure, et reste figée dans ses bras.
Il lui dit de sa voix douce et suave :
« Vous n’êtes pas obligé de répondre à mes stupides questions.
— Vos questions ne sont pas stupides, BELLISSIMA, lui rétorque-t-elle.
Elle lui répond poliment :
« Je ne pars jamais en balade avec un inconnu, même si l’idée de monter à l’arrière de cette splendide moto me tente beaucoup. »
Tout en prononçant ces mots, Ella pense à ce que lui a dit son ami Paul, et elle se demande si ce beau motard n’est pas le fameux type qu’elle doit éviter. Mais elle n’a pas le temps de trop s’interroger, car il enchaîne :
« Je suis entièrement d’accord avec toi. Même si... tu ne crois pas qu’on ait déjà un peu fait connaissance ? Tu es toujours dans mes bras, et ce n’est pas pour me déplaire. Mais sinon, moi c’est Chris, motard dans l’âme depuis mon enfance. J’ai baigné dedans, pour ainsi dire, depuis ma naissance. Et, vu comme tu as l’air de t’y connaître en bécane, je pense ne pas me tromper en disant que toi aussi tu as baigné dans la même passion. N’est-ce pas ? »
Ella reste un peu surprise, mais trouve cela amusant. Pour une fois, elle a envie de prendre des risques et de se laisser aller à ses envies.
« Après tout,se dit-elle, il est beau comme un dieu ! J’en ai marre d’être toujours la fille sage ! Pour une fois, c’est à mon tour de faire des folies. J’ai 20 ans, je suis majeure et vaccinée. Et puis, c’est Paul qui m’a embarquée encore une fois dans une de ses sorties de folie. Alors, pour une fois, je ne vais pas être la plus sérieuse. »
« Alors, moi c’est Ella. Comme tu l’as pressenti, j’ai aussi baigné dedans depuis ma naissance, enfin surtout dans le milieu des Harley.
— Ah cool, j’ai aussi une Harley. Une vieille Harley que je restaure, pour mon plaisir, un modèle de 1970.
— C’est génial, ça ! Mon père en avait une. Tous les week-ends, j’avais le droit à une balade dessus.
— Génial, donc à l’arrière, tu ne seras pas une novice. Alors, maintenant, on le fait ce tour ?
— Et comment ! C’est parti pour un tour ! Je vais juste prévenir mon ami, pour qu’il ne s’inquiète pas. OK ? »
Chris l’accompagne et quand elle aperçoit Paul, Ella lui fait signe.
Au même moment, Ella perçoit une conversation devant elle. Avec le bruit ambiant, elle n’entend pas tout. Sauf qu’elle voit une femme donner de l’argent contre un paquet blanc.
Sur l’instant, elle se pose la question :
Pourquoi donner autant d’argent pour un paquet de sucre en poudre ?
Presque immédiatement, Ella réalise, que ce n’est pas du sucre, mais de…
Au même moment, Paul arrive devant elle, ce qui la soulage.
Paul se tenant devant elle, les personnes de la transaction qu’elle a vue ne l’aperçoivent pas. Ella prévient Paul de ce qu’elle vient de voir. Il lui demande de ne pas y prêter attention, pour ne pas avoir d’ennui :
« Tu viens de voir Stella, mon ex. C’est la sœur de Johnny, et elle était avec un revendeur de drogue. C’est à la base son ex-mari. Ne t’occupe surtout pas d’eux.
— OK ! Bon, je vais faire un tour de moto avec un motard. Je voulais juste te prévenir. Mais avant tout ça, il faut que j’aille aux toilettes. Je vais prévenir Chris.
— Chris, le don Juan ?
— Comment ça ?
— Oh c’est sa réputation. Ne t’inquiète pas, te connaissant, il va tomber de haut.
— Oui, mais il me plaît beaucoup.
— Alors, fais attention à toi. »
Ella file aux toilettes.
En sortant des toilettes, elle surprend deux hommes en train de se battre. L’un d’eux porte un coup violent à l’autre avec son couteau.
Ella reste cachée et entend l’agresseur dire à la victime :
« Je vais te buter ! » tout en lui redonnant un coup de couteau violent à l’abdomen.
Puis, il le retourne contre lui et lui tranche la carotide.
Ella est sous le choc.
Elle a la présence d’esprit de rester dans l’ombre et d’étouffer les sons de sa bouche avec sa main droite, pour éviter qu’on l’entende. Elle a envie de hurler.
Une fois l’agresseur parti, Ella va vite voir le blessé et essaie de l’aider à se relever. Elle s’aperçoit qu’il est mort, les coups de couteau lui ont été fatal Ella veut aller demander de l’aide, crier son désespoir.
Lorsque Chris débarque, voyant la scène et connaissant l’individu blessé, il chope Ella pour l’emmener loin d’ici avec lui. Il lui demande :
« Qu’as-tu vu ?
— Tout, répond-elle.
— OK ! Chut, ne dis rien et grimpe sur ma moto, il faut que nous partions vite. »
Ella ne comprend pas sa réaction mais a la conviction qu’elle doit lui obéir. Elle enfile rapidement son tour de cou, son casque, ses gants et descend la visière de son casque. Chris en fait de même, et monte sur sa moto, tout en attrapant le bras tremblant d’Ella pour qu’elle monte à son tour derrière lui. Chris lui dit juste : « Accroche-toi à moi ! » Car il prévoit de partir à vive allure.
Ella s’exécute, tout en lui disant :
« J’ai très peur ! Il faut prévenir la police ! C’est grave ce qui vient de se passer ! Ce n’est pas normal de s’enfuir, sans rien dire. On va penser que c’est nous qui avons fait ça en fuyant ! »
Chris attrape les bras d’Ella, pour la caler tout contre son dos.
Paul, arrivant sur les lieux, sans savoir l’événement qui venait de se dérouler, les interpelle en disant :
« Attendez ! Nous venons avec vous faire cette virée nocturne. Je ne voudrais pas que Chris en profite pour draguer ma sœur.
— C’est ta sœur ? s’exclame Chris. Alors, ne t’inquiète pas ! Je vais y faire doublement attention.
— Oui, et je ne vais pas le lâcher ajouta Ella.
— La bonne blague, reprend Paul. »
Ella tourne la tête, pour ne pas montrer à Paul l’expression de son visage. Il ne la connaît que trop bien et serait immédiatement qu’il se trame une chose bizarre.
Ella demande à son motard de partir en trombe. Elle ressent comme une envie folle de partir vite de cet endroit. Il faut comprendre que depuis qu’elle est arrivée, elle a déjà assisté à une vente de drogue et un meurtre. C’est beaucoup pour une simple soirée.
« Vos désirs sont des ordres, Poupée », lance Chris.
Elle le remercie pour la Poupée par une taponnade de son épaule.
Sur l’autoroute, les quatre motos filent à vive allure. Il y a la moto de Chris, celle de Paul et deux autres, mais bizarrement, Ella n’arrive pas à les reconnaître.
Elle demande donc à Chris :
« Qui sont les deux autres qui nous suivent ?
— Ce sont deux Yamaha noires, modèle YZF-R1 1000 de 2000.
Je ne pense pas les connaître. »
Cela fait déjà pratiquement une heure qu’ils sont tous en virée nocturne. Il est déjà 1 h du matin, et Ella commence à s’endormir à l’arrière, accolé au dos de son doux motard. Elle rêve de ces moments passés avec son père. Elle se sent totalement bien, comme apaisée, sur un petit nuage. Puis d’un seul coup, elle perçoit comme un changement d’air. Elle ouvre les yeux et ne voit plus les autres. Elle tape sur l’épaule de Chris et lui demande :
« Où sont les autres ? Pourquoi sèmes-tu les autres ?
— N’aie pas peur. Je désirais juste avoir un moment seul avec toi, sans personne pour nous observer. »
Ella ne se sent pas rassurée pour autant, et lui demande de s’arrêter.
Chris ne l’écoute pas et continue à vive allure jusqu’à une intersection. Là, il se place derrière des arbres et la fait descendre. Il l’empoigne par la taille et la serre fort tout contre lui. Elle le supplie de le lâcher et s’enfuit. Il la rattrape et la bloque contre lui puis lui montre ce qui se passe devant. Il lui explique qu’il s’est aperçu qu’on les suivait. Vu ce qui s’était passé juste avant, il ne voulait pas la mettre en danger. Mais ce qu’elle voit c’est une arrestation musclée de Paul et des autres motards qui les suivaient. Elle voit donc Paul se faire menotter par la police sans ménagements, ainsi que les deux autres motards qu’ils ne connaissaient pas.
Ella n’a qu’une envie, c’est d’aller secourir son ami. Mais, Chris le lui déconseille :
« Si tu y vas, ils nous arrêteront aussi sans ménagements. Ella, nous devons aller nous cacher jusqu’à demain.
— Pourquoi ? Je n’ai rien fait, et toi non plus ! Et Paul non plus d’ailleurs ! C’est mon ami ! Je ne peux pas le laisser !
— Oui, c’est ton ami ! Sauf que la police ne nous fera pas de cadeau ! Il faut que tu comprennes que s’ils ont été arrêtés, c’est qu’ils ont dû être dénoncés. Pour ton ami Paul, je ne m’inquiéterais pas pour lui, si j’étais toi. Tu sais qu’il a du ressort.
— Dénoncés de quoi, par qui, pourquoi ? Mon ami Paul est un gars très honnête. Il ne ferait pas de mal à une mouche. Il a toujours été là pour moi dès que j’en avais besoin. À la mort de mes parents, lui et sa famille ont pris soin de moi avec ma grand-mère. Même à sa mort, ils se substituaient à ma famille. Il m’a fait venir ici pour mes études, et je lui dois énormément. Alors, je ne peux pas le laisser se faire accuser à tort.
— Ne t’inquiète pas pour lui. Je ne pense pas qu’il sera mis en prison. Je pense qu’ils veulent juste l’interroger sur les événements de la soirée. »
Voyant son désarroi, Chris lui dit la vérité :
« Ce que nous venons de voir, c’est une arrestation pour détention d’armes illégales et aussi de drogue. »
Ella se retourne vers lui et le gifle, en lui disant :
« Paul n’est pas un trafiquant. Il a une sainte horreur des drogues et des drogués ! Il traîne juste avec vous pour la moto. Si je ne me trompe pas, il sort ou sortait avec la sœur du président du club de motards grâce à leur passion commune de la moto.
— Comment le sais-tu ? Connais-tu vraiment ton ami ?
— Paul m’a expliqué, juste avant d’arriver à la soirée, qu’il sortait avec elle et aimait venir parler moto dans son club de motard. Retrouver l’ambiance de notre enfance, quand on allait au club de nos pères. Il m’a aussi prévenue de ne pas me frotter au chef du club.
— Malheureusement, lui dit Chris, il en sait beaucoup plus qu’il ne t’a dit. Il a été témoin sans le vouloir de bien d’autres choses plus graves. En quelque sorte, il est devenu, malgré lui, le confident privilégié du président du club. C’est son alibi préféré. Il est préférable pour toi de ne pas en savoir plus. Tu seras ainsi protégée. Mais, surtout, ne pose plus trop de questions pour ta survie. Maintenant, il faut repartir discrètement avant que la police ne nous trouve. »
Ella ne comprend rien, mais l’écoute. Dépitée, elle remonte sur la moto et ils repartent sans pouvoir aider Paul.
Ella se pose un milliard de questions mais décide d’attendre un peu plus tard pour les poser. Pour l’instant, elle voudrait juste rentrer chez elle.
Mais cela est impossible, Chris lui explique que pour la fin de la soirée, ils doivent se cacher pour garantir leur sécurité.
Plus tard, Chris aperçoit au loin un Formule 1.
Il demande à Ella si elle veut y aller avec pour dormir :
« Ce serait la planque idéale pour se poser un instant. »
Ella est un peu prise au dépourvu. Elle a du mal à analyser les événements. Même si au départ de cette soirée, elle n’avait pas prévu de ne pas rentrer chez elle ce soir. Elle est, à cet instant, dans le flou total. Mais vu les circonstances, elle se sent plus rassurée de rester loin de chez elle avec lui.
En même temps, a-t-elle vraiment le choix ? Et puis, c’est la première fois de sa vie qu’elle se sent aussi bien avec un homme et surtout, elle n’a plus envie de le quitter. Elle ne l’a pas encore réalisé, mais elle a eu un véritable coup de foudre pour lui. Elle a du mal à résister à son charme ravageur.
Arrivée devant la chambre, Ella panique. La tension de la soirée retombe d’un coup. Chris la rassure et la réconforte. En gentleman, il lui propose de lui laisser l’unique lit de la chambre, lui, il dormira dans le fauteuil. Il pense ainsi que c’est le meilleur endroit pour monter la garde. Ella sourit et lui avoue qu’en fait :
« C’est la première fois pour moi que je me retrouve dans une chambre d’hôtel avec un homme dès le premier soir. »
Elle ne se sent pas du tout en danger avec lui ; bien au contraire. Pourtant le danger rôde déjà.
Chris commence à s’installer sur le fauteuil. En enlevant son blouson, il laisse entrevoir sur son biceps gauche le tatouage du clan des « The Lion’s » :
Une tête de lion.
Ella, en le voyant, s’aperçoit que son ami Paul a exactement le même. Chris lui explique que c’est le rituel d’entrée dans le club. En même temps, elle n’en est plus à ça près avec son ami. Et avec tout ce qui s’est passé ce soir, cela ne l’étonne même plus.
Chris consulte son portable, aucun message, alors il s’amuse avec. Ella, quant à elle, a besoin de prendre une douche pour évacuer tout le stress de la soirée. En revenant, elle se glisse dans le noir sous la couette car elle n’a pas envie qu’il la voie en petite tenue.
Elle n’arrive pas à s’endormir. Il y a eu beaucoup trop d’événements pour elle ce soir. Elle a du mal à digérer toutes les infos.
« Pourquoi nous ne sommes pas repartis au club pour prévenir les autres ? demande Ella. Et en même temps, je ne sais même pas où se trouve le QG des The Lion’s.
— Le QG ? Porte de Pantin. Mais, on se retrouve le plus souvent au Factory Caféde Bondy. Et franchement, avec la réputation de tombeur que je me traîne, si on était revenus au club, les autres auraient trouvé cela bizarre. Et puis, vu les circonstances de notre soirée, ça aurait paru louche. D’ailleurs, pourquoi nous n’avons pas été arrêtés tout à l’heure ? Pourquoi n’ont-ils pas cherché à nous retrouver ? En tous cas, là nous avons un alibi en béton. Merci ma réputation de tombeur. »
Chris ne peut réprimer un petit sourire en coin.
« Ta réputation de tombeur ? poursuit Ella. Certainement pas avec moi ! Du moins, pas le premier soir. Paul m’a prévenue, alors… je le savais déjà. Étrangement, ta réputation est surfaite selon moi. Je n’y crois pas tant que ça.
— Tu sais, j’ai cette réputation qui me colle à la peau et je déteste ça. Mais ce soir, pour une fois, cela m’arrange. Je te rassure, je ne force jamais qui que ce soit. Disons que je laisse les femmes le dire, et certaines se sentent plus rassurées avec moi qu’avec d’autres.
— Bah tu as plutôt une jolie gueule d’ange qui donne envie de te faire confiance. Tu as un regard doux, voire un peu glacial. Mais, quand on apprend à te connaître, tu es plutôt apaisant. Je ne me sens pas du tout en danger avec toi. Et ta petite gueule d’ange n’y changera rien. Tu ne penses pas qu’on devrait plutôt dormir ensemble, plutôt que toi seul sur le fauteuil ? Après tout, si tu es comme tu dis, je ne crains strictement rien. Alors, viens me rejoindre, ce sera plus confortable.
— Je suis très bien là où je me suis posé. Si tu as peur, je viendrai te protéger, ne t’inquiète pas. Je préfère te laisser le lit pour que tu dormes vraiment. Après ce que tu as vu, tu vas en avoir besoin. Quant à moi, je ne vais pas dormir, alors le fauteuil me convient très bien.
— Une dernière question. Comment se fait-il que tu en connaisses autant sur les arrestations et sur un tas d’autres choses d’ailleurs ? À moins d’être un indic ou un flic, tu t’y connais drôlement, je trouve. Comment se fait-il que l’on ait changé de direction pile à ce moment-là ? Pourquoi me protèges-tu autant ? Après tout, c’est un motard qui a tué un autre motard, alors tu aurais pu décider de me laisser là ! Je trouve que tu as eu une réaction de flic, avec moi. Alors, je me pose la question : Chris, es-tu un flic infiltré ?
— Tu avais dit une question ! Alors toi, on ne peut rien te cacher ! En fait, j’ai eu le pressentiment que l’on nous suivait. En même temps, je te dois la vérité. »
Chris s’installe plus près d’Ella, lui prend les mains et lui dit :
« Il y a environ un an, une jeune femme est venue déposer une plainte pour agression sexuelle sous l’emprise de la drogue.
Pendant ses déclarations, elle a transmis aux enquêteurs suffisamment de preuves accablantes pour prouver que dans l’enceinte du club, il circule un trafic de drogue et d’armes. Mais il en fallait plus pour intervenir.
— OK, mais quel est le lien entre toute cette histoire et moi ? Je ne fais pas partie du club. C’est la première fois que je m’y rendais avec mon ami Paul. D’ailleurs, quel lien a-t-il avec cette affaire ? Dans quoi s’est-il encore une fois embarqué ? »
Ella se demande dans quoi son ami l’a embarquée cette fois.
Pour elle, c’en est trop.
Chris lui fait comprendre qu’elle ne doit sous aucun prétexte s’en mêler. Ella a le sentiment qu’elle est en totale sécurité avec lui. Chris se lève et vient se glisser sous la couette et la sert très fort dans ses bras. Il veut qu’elle comprenne qu’avec lui, elle est protégée. Ella finit par s’endormir blottie tout contre son beau motard. Il a cette douceur dans le regard qui l’apaise.
Chris s’endort à son tour avec un petit sourire en coin. Pour la première fois depuis longtemps, il a envie d’aimer à nouveau.
Cela remonte à une décennie, la dernière fois que Chris a dormi sur ses deux oreilles. La vie d’agent infiltré n’est pas de tout repos. Il repense à la nuit qui vient de s’écouler, et se pose un milliard de questions, dont une en particulier :
Comment se fait-il qu’il se sente aussi bien avec elle ?
Comment peut-elle lui faire autant d’effet ?
Ils se connaissent à peine, et pourtant, il a la conviction qu’il pourrait soulever des montagnes pour Ella.
Il la regarde dormir, et voit ce joli minois. Cette jeune femme ressemble à un ange. Il n’a qu’une envie : la garder tout près de lui, et ne plus la laisser partir. Mais, en même temps, il n’a strictement aucun droit de l’emprisonner avec lui. Il a choisi sa vie de nomade, d’agent infiltré, pas elle. Il doit rester vigilant, elle pourrait le rendre faible, le faire se faire découvrir par les autres. Lui qui a eu tant de mal à en arriver au degré de confiance que lui accordent les membres du club. Son affaire pourrait capoter. Elle pourrait être son talon d’Achille. Et il n’en a pas le droit. Il a choisi sa vie, il ne peut pas lui imposer ça.
Il se dit et se répète plusieurs fois à lui-même :
« Chris ! Reprends tes esprits ! À quoi tu penses ? Elle est témoin d’un meurtre, un meurtre ! Tu l’as juste emmenée ici pour qu’elle soit en sécurité. Tu ne lui as même pas dit le nom du type mort. Tu ne lui as toujours pas demandé à quoi ressemble le tueur. Reprends-toi, merde ! »
Il se lève en douceur, et file à la douche. Il s’habille promptement et sort vérifier les environs. Il passe un coup de fil. Au son de sa voix, on sait tout de suite que l’appel n’est pas agréable. Il est plutôt houleux et strict.
Chris parle d’un ton sec et arrogant. Personne ne voudrait être à la place de la personne à l’autre bout du fil. Son ton est si sec, qu’il glacerait le sang de n’importe qui. À croire que chez Chris, il y a trois facettes :
Il est capable de vous faire dire tout ce qu’il veut, rien qu’en vous regardant avec son regard de glace.
Il peut vous voler votre âme, sans problème.
Si vous cherchez à le tromper, il vous retournera comme une crêpe.
Il a un instinct de chasseur, un flair pour maîtriser sa proie.
C’est pour cela qu’il est le meilleur dans son métier.
S’il n’avait pas été flic, il serait le roi des truands.
Mais ne dit-on pas généralement que les flics et les truands sont les deux faces d’une même pièce et que souvent les flics sont des truands frustrés ?
Il est 8 h du matin, à son réveil, Ella se sent bien. Elle se dit qu’elle a de la chance, et que Chris la protège en quelque sorte. Quand elle ouvre à nouveau les yeux, il n’est plus là. Elle panique.
Elle est soulagée lorsqu’elle constate qu’il est juste dehors au téléphone. Quand il rentre dans la chambre, il se précipite vers Ella et lui demande :
« As-tu bien dormi jolie princesse ? Aurais-tu faim ?
— J’ai une faim de loup, mais surtout, j’ai envie d’une balade à moto. J’ai envie de tout oublier, de revenir en arrière et de partir avec toi, sans prévenir personne. Je n’aurais donc pas assisté à ce que j’ai vu.
— Oui, c’est vrai. Alors, habille-toi et on y va. »
Ella se demande quand même :
« Va-t-il me dire ce qu’il faisait dehors au téléphone ? »
Mais, elle ne demande rien, de peur d’apprendre encore une mauvaise nouvelle.Elle file se préparer dans la salle de bain.
Ella se souvient de ce qu’elle a vu entre Stella et son ex-mari. Elle réfléchit et trouve que c’était une situation bizarre. Ils ont fait ça devant tout le monde. Mais en même temps, comme lui a dit son ami Paul, elle ne doit pas s’en mêler et oublier ce qu’elle a vu. Après tout, cela vaut peut-être mieux pour elle.
Lorsqu’elle revient dans la chambre, elle constate que Chris en a profité pour commander le petit déjeuner.
« Hum ! ça sent bon, s’exclame Ella. Mais je croyais qu’on devait aller en prendre un dehors. Bon, en fait, c’est mieux ainsi. Tu en as vraiment pris deux fois trop.
— C’est vrai, mais tu m’as quand même dit que tu avais une faim de loup. Alors, j’ai pensé que je devais nourrir l’affamée que tu es. Et comme je ne savais pas si tu préférais du thé ou du café… Bah j’ai pris les deux.
— Je suis plutôt thé, mais vu ma dose de fatigue, je vais plutôt opter pour du café.
— Tu as mal dormi ?
— Non ! Mais je ne suis pas non plus très en forme. J’ai peur pour Paul. Et puis avec tout ce que j’ai vu depuis hier, j’ai de quoi être un peu effrayée non ? D’ailleurs, je ne sais pas, mais j’espère que quelqu’un a prévenu la police pour le mort ! Je suis terrifiée de ce qui peut encore se passer. J’ai l’impression d’être rentrée dans mes propres cauchemars. Sauf que là, c’est moi qui suis témoin de meurtre. Je me demande si je dois craindre pour ma vie.
— Ne t’inquiète pas pour Paul. J’ai en quelque sorte prévenu la police. Dis-toi que si tu crains pour ta vie, tu n’as qu’à m’appeler.
— Bien sûr, et si tu n’es pas joignable, je fais comment moi ? En plus, à la base, tu ne me dois rien !
— Après cette nuit, si ! Je te dois beaucoup ! Il y a longtemps que je n’ai plus eu envie de protéger quelqu’un. Tu appelles ce numéro.
Ensuite, tu laisses sonner trois fois. Tu raccroches et tu attends qu’on te rappelle. Quand on te rappelle, tu écoutes attentivement le message et tu suis les instructions sans poser de questions. »
Il lui tend un bout de papier, avec un numéro de téléphone inscrit et la mention :
À n’appeler qu’en extrême urgence.
« Et c’est tout ? s’étonne Ella. On se croirait dans un film d’espions.
— Oui c’est un peu ça. Ne l’utilise que si tu te sens en danger ; ou si tu apprends un truc important. »
Ella ne dit rien. Elle comprend aussi que Chris n’est pas qu’un simple motard. Elle a eu raison de lui faire confiance, son instinct ne l’a pas trompée. Elle sait aussi qu’ils n’ont pas le choix. Ils doivent rester discrets, même si elle a envie de rester avec lui. Il a une autre mission et elle ne doit pas l’empêcher de finir son travail.
La journée passe et ils n’ont toujours pas envie de se quitter. Ils n’arrivent pas à se lâcher du regard et commencent à se rapprocher dangereusement, mais en même temps, l’alchimie est là. Les sentiments commencent à naître entre ces deux-là. Ils n’ont qu’une envie, c’est de figer le temps pour qu’il n’appartienne qu’à eux.
Vers 18 heures, ils sont interrompus par un appel. Chris annonce à Ella qu’il doit vite repartir. Il la ramène donc chez elle, la serre dans ses bras pour la presser contre lui. Il l’embrasse dans le cou et lui laisse un petit souvenir mordant au creux de sa lèvre avant de lui arracher un baiser langoureux. Enfin, il la laisse devant sa porte toute fébrile avant de filer sur sa monture vrombissante.
Elle ne le sait pas encore, à ce moment-là, mais elle ne le reverra qu’un mois plus tard.
Entre-temps, son ami Paul, sorti de prison dès le lendemain de l’arrestation, refait surface au bout de trois semaines. Bien sûr, la première chose qu’il lui demande c’est :
« Comment t’en es-tu sortie ? »
Quoiqu’il en ait une petite idée, Ella lui avoue :
« J’ai succombé au charme ravageur de Chris. Nous avons passé la nuit ensemble dans un petit hôtel. »
Paul est soulagé de savoir qu’elle n’a pas été arrêtée avec eux ce soir-là. De toute façon, il n’a eu qu’à répondre à leurs questions. Pour lui, les flics ne le soupçonnent même pas. Ils pensent juste qu’il a vu des choses qu’il n’aurait pas dû voir.
Ella se sent mal de lui mentir. En même temps, elle se souvient de ce que Chris lui a dit. Pour sa propre protection, il vaut mieux ne rien dire. Et puis… après tout… elle ne ment pas. Elle a effectivement passé la nuit avec son beau motard. Une très belle nuit.
Paul décide de tout lui raconter, son arrestation, son interrogatoire… Ella a le réflexe de lui proposer d’aller boire un café ailleurs que dans son appartement pour qu’il lui délivre ses révélations. Elle est devenue très méfiante, depuis ce fameux week-end, elle a cette impression de devoir marcher sur des œufs, de faire attention à tout. Paul est lui aussi suspicieux et acquiesce à la proposition d’Ella. Il en a appris tellement, qu’il n’arrive pas à y croire. Il est tombé fou amoureux d’une ordure et n’a rien vu venir. Il ne s’attendait pas à ça.
Ils descendent donc et vont prendre un café dans le petit parc en face de chez elle. Paul confie à Ella absolument tout.
Il lui raconte :
« Il y a un an, j’ai fait la connaissance d’une jeune femme, superbe, à la chevelure de feu… C’est une motarde très électrisante et sensuelle, à la peau douce et parfumée au bois de rose. Elle a un côté très bestial. Elle m’a complètement ensorcelé. J’en suis tombé fou amoureux. »
Ella sait déjà tout ça, il le lui avait déjà dit. Mais ce qu’il ne lui a pas dit, c’est qu’en fait, c’est la sœur du président du Club de motards The Lion’s.
Au début de leur relation, il ne le savait pas. Quand il l’apprit, c’était déjà trop tard :
« Je ne savais pas que c’était la sœur de Johnny. Surtout, il ne faut pas s’en approcher ! Il est dangereux pour les femmes ! Enfin, c’est plus sa femme qui est dangereuse pour les autres femmes. D’ailleurs, il ne peut s’empêcher de draguer tout ce qui porte un jupon et de la tromper à tout va. Mais ce n’est pas le pire ! Si on touche à sa petite sœur, c’est foutu ! Pour rester en vie, j’ai dû quitter sa sœur. Maintenant, je dois me faire pardonner en faisant des choses que je déteste.
— Comme quoi ?
— Oh t’inquiète, rien d’illégal. Juste le couvrir auprès de sa femme. Je suis son alibi préféré, quand il la trompe, ou qu’il sort. Le soir où j’ai rencontré Stella, j’ai cru que c’était la femme de ma vie. Mais, hélas, c’était plutôt le début de mes ennuis. Il est bizarre ce mec.
Il aime mater des filles, et ensuite, il me demande de les draguer pour lui. Toi, tu as eu de la chance que Chris ait réussi à t’embarquer avec lui, car Johnny ne t’a pas remarqué direct. Il m’a juste demandé qui tu étais. J’ai répondu que tu étais une copine. Il a tout de suite voulu que je te présente à lui. Voilà pourquoi, on a voulu faire une balade avec vous. Heureusement, Chris t’a emmenée ailleurs. Surtout, lorsque Johnny a compris que tu étais avec Chris, il a dit que tu étais devenue intouchable. Les femmes des membres du club, il les respecte. C’est aussi pour ça que, quand je t’ai vue avec Chris, je t’ai laissée faire. Et puis, je te connais par cœur. Tu ne te serais pas laissé faire. Lorsque je vous ai vus partir ailleurs, je t’avoue que j’ai été un peu soulagé.
— OK, mais j’ai du mal à comprendre. Pourquoi tu dois draguer pour lui ? Pourquoi es-tu obligé d’être son larbin ?
— À cause de sa femme, Jessica. C’est une nympho complètement psychopathe, type bipolaire. Elle a des tendances suicidaires, voire meurtrières. Je m’en méfie comme de la peste. Bon, après, j’avoue qu’elle a des raisons d’être jalouse avec un mari comme Johnny. Mais tu sais, elle n’est pas innocente non plus. J’ai assisté un jour, sans le vouloir, à une scène dans le club pas très catholique. Ils sont un peu bizarres tous les deux. Ils ont des mœurs, disons assez libérées. Enfin, c’est plus compliqué que ça. Crois-moi, tu ne voudrais pas être dans la confidence. Moins tu en sais, mieux ce sera pour toi.
— Ah bon ?