De l'essence du rire et généralement du comique dans les arts plastiques - Charles Baudelaire - E-Book

De l'essence du rire et généralement du comique dans les arts plastiques E-Book

Charles Baudelaire.

0,0
3,49 €

-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.

Mehr erfahren.
Beschreibung

RÉSUMÉ : Dans "De l'essence du rire et généralement du comique dans les arts plastiques", Charles Baudelaire explore la nature complexe et souvent paradoxale du rire, en particulier dans le contexte des arts plastiques. Cet essai philosophique propose une réflexion profonde sur la manière dont le rire s'inscrit dans l'expérience esthétique et émotionnelle de l'art. Baudelaire s'intéresse à la dualité du rire, qui peut être à la fois une expression de joie et une manifestation de moquerie ou de cynisme. En examinant différentes formes d'art, il analyse comment le comique se manifeste dans les oeuvres plastiques, interrogeant la frontière entre le sublime et le ridicule. L'auteur s'appuie sur des exemples historiques et contemporains pour illustrer ses propos, tout en développant une théorie originale du rire qui va au-delà des simples apparences. Le texte invite le lecteur à réfléchir sur la place du comique dans la société et dans l'art, tout en offrant une perspective unique sur les mécanismes psychologiques et sociaux qui sous-tendent le rire. Avec son style caractéristique, Baudelaire réussit à captiver l'attention en mêlant érudition, sensibilité artistique et une pointe de provocation intellectuelle. Ce livre est une invitation à redécouvrir le rire sous un angle nouveau, en tant que phénomène esthétique et philosophique, et à comprendre son rôle dans la création et la réception des oeuvres d'art. L'AUTEUR : Charles Baudelaire, né le 9 avril 1821 à Paris, est l'un des poètes les plus influents du XIXe siècle. Il est surtout connu pour son recueil "Les Fleurs du mal", qui a marqué un tournant dans la poésie française par son exploration de thèmes tels que la beauté, la décadence et la modernité. Baudelaire a passé une grande partie de sa vie à Paris, où il a été témoin des bouleversements sociaux et culturels de son époque. Ses écrits reflètent une sensibilité aigüe aux transformations de la ville et de la société, ainsi qu'une fascination pour le symbolisme et l'esthétique. En plus de sa poésie, Baudelaire a écrit de nombreux essais sur l'art, la musique et la littérature, témoignant de son intérêt pour les différentes formes d'expression artistique. Son essai "De l'essence du rire" s'inscrit dans cette tradition, illustrant son désir de comprendre les mécanismes psychologiques et esthétiques du rire. Baudelaire a également été un critique d'art respecté, contribuant à faire connaître des artistes tels que Delacroix et Manet.

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB
MOBI

Seitenzahl: 41

Veröffentlichungsjahr: 2022

Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Paul Legrand dans le personnage de Pierrot (1855 environ), photographié par Nadar.

Sommaire

Chapitre I

Chapitre II

Chapitre III

Chapitre IV

Chapitre V

Chapitre VI

I

Je ne veux pas écrire un traité de la caricature [1]; je veux simplement faire part au lecteur de quelques réflexions qui me sont venues souvent au sujet de ce genre singulier.

Ces réflexions étaient devenues pour moi une espèce d’obsession ; j’ai voulu me soulager. J’ai fait, du reste, tous mes efforts pour y mettre un certain ordre et en rendre ainsi la digestion plus facile. Ceci est donc purement un article de philosophe et d’artiste. Sans doute une histoire générale de la caricature dans ses rapports avec tous les faits politiques et religieux, graves ou frivoles, relatifs à l’esprit national ou à la mode, qui ont agité l’humanité, est une œuvre glorieuse et importante. Le travail est encore à faire, car les essais publiés jusqu’à présent ne sont guère que matériaux ; mais j’ai pensé qu’il fallait diviser le travail. Il est clair qu’un ouvrage sur la caricature, ainsi compris, est une histoire de faits, une immense galerie anecdotique.

Dans la caricature, bien plus que dans les autres branches de l’art, il existe deux sortes d’œuvres précieuses et recommandables à des titres différents et presque contraires. Celles-ci ne valent que par le fait qu’elles représentent. Elles ont droit sans doute à l’attention de l’historien, de l’archéologue et même du philosophe ; elles doivent prendre leur rang dans les archives nationales, dans les registres biographiques de la pensée humaine. Comme les feuilles volantes du journalisme, elles disparaissent emportées par le souffle incessant qui en amène de nouvelles ; mais les autres, et ce sont celles dont je veux spécialement m’occuper, contiennent un élément mystérieux, durable, éternel, qui les recommande à l’attention des artistes. Chose curieuse et vraiment digne d’attention que l’introduction de cet élément insaisissable du beau jusque dans les œuvres destinées à représenter à l’homme sa propre laideur morale et physique ! Et, chose non moins mystérieuse, ce spectacle lamentable excite en lui une hilarité immortelle et incorrigible. Voilà donc le véritable sujet de cet article.

Un scrupule me prend. Faut-il répondre par une démonstration en règle à une espèce de question préalable que voudraient sans doute malicieusement soulever certains professeurs jurés de sérieux, charlatans de la gravité, cadavres pédantesques sortis des froids hypogées [2] de l’Institut, et revenus sur la terre des vivants, comme certains fantômes avares, pour arracher quelques sous à de complaisants ministères ? D’abord, diraient-ils, la caricature est-elle un genre ? Non, répondraient leurs compères, la caricature n’est pas un genre. J’ai entendu résonner à mes oreilles de pareilles hérésies dans des dîners d’académiciens. Ces braves gens laissaient passer à côté d’eux la comédie de Robert Macaire sans y apercevoir de grands symptômes moraux et littéraires.

Contemporains de Rabelais, ils l’eussent traité de vil et de grossier bouffon. En vérité, faut-il donc démontrer que rien de ce qui sort de l’homme n’est frivole aux yeux du philosophe ?

À coup sûr ce sera, moins que tout autre, cet élément profond et mystérieux qu’aucune philosophie n’a jusqu’ici analysé à fond.

Nous allons donc nous occuper de l’essence du rire et des éléments constitutifs de la caricature. Plus tard, nous examinerons peut-être quelques-unes des œuvres les plus remarquables produites en ce genre.

II

Le Sage ne rit qu’en tremblant [3]. De quelles lèvres pleines d’autorité, de quelle plume parfaitement orthodoxe est tombée cette étrange et saisissante maxime ? Nous vient-elle du roi philosophe de la Judée ? Faut-il l’attribuer à Joseph de Maistre, ce soldat animé de l’Esprit-Saint ? J’ai un vague souvenir de l’avoir lue dans un de ses livres, mais donnée comme citation, sans doute. Cette sévérité de pensée et de style va bien à la sainteté majestueuse de Bossuet ; mais la tournure elliptique de la pensée et la finesse quintessenciée me porteraient plutôt à en attribuer l’honneur à Bourdaloue, l’impitoyable psychologue chrétien. Cette singulière maxime me revient sans cesse à l’esprit depuis que j’ai conçu le projet de cet article, et j’ai voulu m’en débarrasser tout d’abord.

Analysons, en effet, cette curieuse proposition : le Sage, c’est-à-dire celui qui est animé de l’esprit du Seigneur, celui qui possède la pratique du formulaire divin, ne rit, ne s’abandonne au rire qu’en tremblant. Le Sage tremble d’avoir ri ; le Sage craint le rire, comme il craint les spectacles mondains, la concupiscence. Il s’arrête au bord du rire comme au bord de la tentation. Il y a donc, suivant le Sage, une certaine contradiction secrète entre son caractère de sage et le caractère primordial du rire. En effet, pour n’effleurer qu’en passant des souvenirs plus que solennels, je ferai remarquer, – ce qui corrobore parfaitement le caractère officiellement chrétien de cette maxime, – que le Sage par excellence, le Verbe Incarné, n’a jamais ri.