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Extrait : "Observer, analyser, mépriser, puis enfin laisser tomber en ruines, et même détruire au besoin ce qui est beau, sous prétexte d'en employer les débris pour en faire quelque chose d'utile ; telles sont les dispositions les plus constantes de certains esprits de notre temps et les causes de la barbarie qui en résulte."
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN
Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes.
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Seitenzahl: 21
Veröffentlichungsjahr: 2015
Paris, ou le Livre des Cent-et-Un publié en quinze volumes chez Ladvocat de 1831 à 1834, constitue une des premières initiatives éditoriales majeures de la « littérature panoramique », selon l’expression du philosophe Walter Benjamin, très en vogue au XIXe siècle. Cent un contributeurs, célèbres pour certains, moins connus pour d’autres, appartenant tous au paysage littéraire et mondain de l’époque, ont écrit ces textes pour venir en aide à leur éditeur qui faisait face à d'importantes difficultés financières… Ainsi ont-ils constitué une fresque unique qui offre un véritable « Paris kaléidoscopique ».
Le présent ouvrage a été sélectionné parmi les textes publiés dans Paris ou le Livre des Cent-et-Un. De nombreux titres de cette fresque sont disponibles auprès de la majorité des librairies en ligne.
1832
Observer, analyser, mépriser, puis enfin laisser tomber en ruines, et même détruire au besoin ce qui est beau, sous prétexte d’en employer les débris pour en faire quelque chose d’utile ; telles sont les dispositions les plus constantes de certains esprits de notre temps et les causes de la barbarie qui en résulte.
La barbarie, comme toutes les choses d’ici-bas, a ses vicissitudes régulières. Jeune, elle est impétueuse, fantasque et brutale. Elle se rue à traders les désordres, les cruautés, le mal et le laid, poussée toutefois par un instinct qui l’entraîne à son insu, vers le bien et le beau. Mais quand la barbarie est vieille, réfléchie, savante, dédaigneuse, ennuyée, quand c’est par dégoût et par lâcheté qu’elle préfère le mal au bien, le laid au beau, alors elle est dégoûtante, hideuse. Qu’un jeune homme amoureux, aveuglé par sa passion, commette un crime, on peut encore le plaindre ; mais un vieux qui combine froidement les effets criminels du libertinage, c’est la honte de l’espèce humaine ! Enfin c’est de la barbarie de mœurs, comme d’introduire à plaisir le laid et le mal dans les ouvrages d’imagination, c’est amener volontairement la barbarie dans les lettres et dans les arts. Or c’est ce qui arrive en ce moment en France.
D’où ce mal tire-t-il sa source ? Il faut le dire ouvertement : de la vanité d’abord, puis de l’intérêt personnel et de la cupidité déguisée ordinairement sous le faux nom de l’amour de l’utile.
Avec les restrictions toutes matérielles que l’on met maintenant au mot utile, tout monument d’architecture, par exemple, qui ne rapporte pas, en location ou par son usage, l’intérêt de l’argent que l’on a employé à le construire, est jugé inutile