De la liberté de la presse et de la censure - John Milton - E-Book

De la liberté de la presse et de la censure E-Book

John Milton

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Beschreibung

"Tuer un homme, c'est détruire une créature raisonnable ; mais étouffer un bon livre c'est tuer la raison elle-même. On ne peut pas regarder la censure des livres comme une méthode dictée par la sagesse ; car, si c'était un moyen sage, il faudrait l'appliquer à tout ; il n'y aurait pas de raison pour qu'on s'en servit pour les livres, plutôt que pour toute autre chose ; c'est là sans doute une invincible démonstration que ce moyen n'est bon à rien" Dans ce pamphlet resté célèbre, Milton réclame l'abrogation du Licensing Order promulgué par le Parlement d'Angleterre en juin 1643. Cette ordonnance instaurait une censure et prohibait l'impression de livres jugés contraires à la religion, au gouvernement et au bonheur de la nation toute entière. C'est ainsi contre une atteinte sévère à la liberté d'expression que Milton s'exprime, en déployant un argumentaire à la fois historique et philosophique qui, point par point, vise à démontrer l'inutilité et la dangerosité de cette inquisition. Cette édition est agrémentée d'une préface inédite et propose aux lecteurs une mise en page soignée destinée à rendre la lecture confortable.

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De la liberté de la presse et de la censure

AREOPAGITICA

John Milton

FV Éditions

Table des matières

Préface de l’éditeur

Avant-propos

Discours adressé au Parlement d’Angleterre

Préface de l’éditeur

Dans ce pamphlet resté célèbre, Milton réclame l’abrogation du Licensing Order promulgué par le Parlement d’Angleterre en juin 1643. Cette ordonnance visait notamment l’éradication de « grands abus et de désordres fréquents dans l’impression de nombreux papiers, pamphlets et livres faux, scandaleux, séditieux, diffamatoires et sans licence, publiés au grand mépris de la religion et du gouvernement ». S’accompagnant de la nomination de vingt-sept agents autorisés à choisir au nom de l’Etat les ouvrages dignes d’être portés à la connaissance du public, elle introduisait ainsi l’octroi de licences avant publication, l'enregistrement de tous les documents imprimés avec les noms de l'auteur, de l'imprimeur et de l'éditeur, la saisie et la destruction de tout livre pouvant être considéré comme offensant pour le gouvernement, ainsi que l'arrestation et l'emprisonnement de tout écrivain, imprimeur ou éditeur offensant. En un sens, s’instaurait ici une censure, une forme d’inquisition liberticide, à laquelle Milton ne pouvait que s’opposer avec véhémence.

Il est par ailleurs intéressant de noter que Milton lui-même fit l’objet quelques années plus tôt d’une tentative d’interdiction à l’égard de l’un de ses ouvrages dont la contenu défendait la possibilité pour un couple de divorcer. Milton, dont l’épouse l’avait quitté peu de temps après leur mariage afin de retourner vivre avec sa mère, y plaidait pour la possibilité d’offrir à chacun une nouvelle chance de refaire sa vie, alors même que le divorce était illégal. Doctrine and Discipline of Divorce suscita un vif émoi et fut qualifié par ses détracteurs de « livre scandaleux méritant d’être brûlé », son contenu étant perçu comme une atteinte aux liens sacrés du mariage et une incitation à la polygamie. Une enquête fut ouverte et Milton, après avoir été obligé de se justifier devant les Lords, fut relaxé et son livre ne cessa pas d’être imprimé et distribué. Il y eut même plusieurs éditions.

La critique de John Milton exprimée dans ce pamphlet à l’égard de la censure resta dans un premier temps sans effet sur le Parlement. Il faudra attendre 1693, soit presque cinquante ans après la publication de cet ouvrage, pour que les arguments de Milton trouvent un écho favorable après avoir été repris par le philosophe Charles Blount. L’ordonnance ne sera finalement abrogée qu’en 1695.

FVE, 2021

Avant-propos

Lorsque les voix les plus éloquentes se sont élevées en faveur de la liberté de la presse, lorsque les hommes les plus vertueux et les philosophes les plus éclairés ont démontré son utilité et ses bienfaits, comment se fait-il que, sous un gouvernement constitutionnel, on ose encore réclamer l’esclavage de la pensée ? C’est au nom du bonheur public qu’on propose cette funeste mesure, mais ce n’est qu’un vain prétexte à l’ambition d’audacieux hypocrites qui, sous le nom sacré de religion et de morale, étalent insolemment leur orgueil et foulent aux pieds les droits de la nation.En vain des hommes avilis sous toutes les bannières vanteront leurs vertus, l’opinion publique veille pour les flétrir.

Ils ne rougissent pas de reproduire des arguments usés par leur faiblesse et leur décrépitude, des arguments déshonorés par l’emploi qu’en faisaient jadis les courtisans ou les valets d’un dominateur absolu.

Le temps n’est plus où l’opinion d’un seul gouvernait… La presse est le sens universel du corps politique, comme le tact l’est du corps humain. Sa liberté est d’ailleurs une conséquence nécessaire de la faillibilité universelle : il faut ou la permettre ou soutenir que l’erreur est impossible à ceux qui gouvernent. Elle effarouche, je le sais, l’orgueil et la domination, car elle les menace et les démasque ; elle effraie et déconcerte la tyrannie par la possibilité seule de la vigilance : mais ces craintes qu’elle inspire deviennent encore un éloge pour elle, une nouvelle preuve de sa nécessité, Heureuse liberté, qui va chercher et découvrir sous le voile ou dans les ténèbres et l’hypocrite qui se déguise et le charlatan qui se trompait lui-même par le succès de son imposture !

L’organisation politique perfectionnée, l’infraction aux droits du peuple connue, l’intrigue surveillée et aperçue jusque dans les derniers replis de sa marche tortueuse, les complots de l’ambition découverts, l’usurpation tremblante de ses propres projets, et finissant par en être la victime : voilà les bienfaits de la liberté de penser et d’écrire ; elle féconde l’opinion publique, elle menace et suspend le crime, et, s’il est heureux, elle devient le châtiment de son succès même. Il n’est aucun pays libre qui ne la protège, aucun pays esclave qui la souffre : Rome ne la perdit que sous le décemvirat d’Appius et sous l’empire des Césars…