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Dans le livre intitulé "Demain, zéro heure", tout va changer pour elle. OK, elle est terrifiée à l’idée de partir aussi loin. Mais elle ne pouvait pas rester ici, dans sa ville, sans rien faire et s’imaginer ses amis morts. Alors, oui, elle a pris sa décision : elle va se déguiser en garçon et partir à la guerre. Elle devra puiser dans son courage et sa solidarité, car le danger la guette à chaque tournant. Réussira-t-elle à survivre à cette épreuve ?
À PROPOS DE L'AUTRICE
L’écriture représente pour
Nessy Heart une évasion vers une vie alternative, des choix imaginaires et des moyens rêvés. Cette expérience est à la fois simple et complexe, car ses textes lui offrent l’opportunité de plonger dans une réalité totalement différente.
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Seitenzahl: 92
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Nessy Heart
Demain, 0 heure
Roman
© Lys Bleu Éditions – Nessy Heart
ISBN : 979-10-422-2166-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Si on me demandait qui je préfère, je pense que je dirais mes amis plutôt que ma famille.
Certes, ma famille sera toujours là pour moi, mais il y a un plus, une chose inexplicable qui fait que je suis plus attachée à mes amis.
Ce lien entre eux et moi m’affecte beaucoup, par exemple : savoir qu’un de mes amis se sert de moi, me briserait le cœur tandis que si j’apprends que mon frère est entré dans le coma, je serais triste, mais ça ne me ferait pas plus d’effets que ça.
Je rentre des cours. Comme toujours, j’écoute de la musique avec mes écouteurs sans fil. Je m’immerge dans les voix et les instruments.
Un évènement assez frustrant me met sur les nerfs ; de plus, ma journée a été très chiante et fatigante ; la musique se coupe.
Je regarde mon téléphone, aucun signe louche visible sauf que sur l’écran, il est marqué que la musique est toujours en cours. J’appuie encore et encore, mais le son ne revient pas.
Je m’apprête à les enlever, mais je me fige. Je monte le volume du son.
Mes écouteurs se sont connectés à un autre appareil.
Je suis paralysée.
Je ne peux qu’écouter, rien d’autre.
Mes yeux laissent transparaître mon incompréhension, et mon visage pâlit sous l’effet de la peur.
Une dizaine de minutes passent sans que je ne puisse bouger.
Peu après, la connexion revient.
Les informations se bousculent dans ma tête.
J’écoute une musique qui bouge beaucoup, elle me motive : Failure de NEFLEX.
À l’aide de la musique, je m’imagine des scènes.
Je souris.
Tout dans ma tête est de nouveau ordonné. Je n’ai qu’une nuit et deux jours pour tout préparer.
Je ne laisse rien paraître de suspect à personne.
Je ne dors pas.
Il est minuit passé.
Je m’habille avec des habits pratiques et confortables, c’est-à-dire un jean noir et un sweat trop grand pour moi. Je me fais une queue de cheval haute. J’enfile mes chaussettes et mes chaussures en un temps record.
Je prends mon téléphone.
Je sors de chez moi.
Rapidement et furtivement, telle une ombre, je monte la côte de Jules-Fèvre.
Je stresse un peu, mon tee-shirt me colle au dos et mon sweat aussi.
Enfin, j’arrive devant son portail.
Je recule de quelques pas et me baisse, je préfère qu’on ne me voie pas à travers les fenêtres.
Je serre les poings, signe de détermination, pourtant j’ai les mains moites.
Je mentirais si je disais que je n’ai pas peur.
Je prends mon courage à deux mains et saisis mon téléphone. Je l’appelle une dizaine de fois et tombe toujours sur le répondeur.
Je perds espoir quand, à la seizième fois, il répond d’une voix ensommeillée.
— Oui, allo ?
L’adrénaline reprend place en moi. Je lui dis.
— Ouvre ta fenêtre.
— Pourquoi ?
— Parce que.
Il le fait, mais d’une voix méfiante, il me demande.
— T’es quand même pas planquée devant chez moi !
— Peut-être…
— Oh putain, qu’est-ce que t’as encore fait ?
— Rien, mais j’ai besoin de te parler, Killian, c’est important.
— Ça peut attendre le collège ?
— Non.
Il doit pressentir dans ma voix quelque chose de grave, car il n’insiste pas.
Sa fenêtre est ouverte.
Je me relève et le fixe.
Dans la pénombre, je sens son regard posé sur moi. Le silence est présent pendant plusieurs minutes, il en devient gênant.
Il disparaît de ma vue, puis quelques instants plus tard, il revient avec un tintement métallique.
Il passe par la fenêtre.
Il ouvre le portail avec ses clés.
Je rentre, mais reste à distance, je le fixe un long moment puis laisse s’échapper de mes lèvres une phrase.
— Demain, zéro heure, la guerre commencera.
Il n’a pas l’air de comprendre la signification de ma phrase. Je lui en dis plus.
— L’armée n’a pas assez de main-d’œuvre. Elle va recruter, dans tout le pays, les garçons ayant douze ans et plus. Tu en fais partie.
Je me retourne et m’apprête à partir.
Il me demande d’une voix blanche.
— Comment pourrais-tu avoir de telles informations ? Si c’est la vérité, tu ne devrais même pas pouvoir le savoir…
Je lui réponds par une question.
— N’étais-je pas légèrement différente de d’habitude aujourd’hui ? Tu es mon meilleur ami, tu devrais le savoir.
— Tu as ignoré Estéban alors que normalement tu n’y arrives pas ?
— Oui, et à ton avis pourquoi ?
À chaque goulée d’air que chacun respire, la pression semble monter. Il est sur le point de craquer, et là, il est complètement réveillé, quand je poursuis.
— Ce qui risque de faire le plus de victimes, c’est la véritable guerre, pas la guerre avec Estéban.
Je me tourne à nouveau vers lui. Ces informations, moi j’ai eu le temps de les digérer, pas lui. Personnellement, ça m’a fait l’effet d’une gifle lorsque je l’ai appris.
Je continue ; autant tout lui dire.
— Demain, les forces de l’ordre viendront au collège, emmèneront les garçons de douze ans et plus. Les filles suivront des cours pour apprendre à soigner.
— Je pense que tu as deviné que j’avais une idée bien précise en tête.
— Oui… Explique-moi cette idée, j’ai déjà la flippe alors ne me fais pas plus peur que maintenant.
Je reste silencieuse plusieurs minutes. Il attend. Je me racle la gorge, et reprends.
— Es-tu sûr de vouloir savoir ce que je compte faire ?
Il pâlit encore plus. La peur déforme son visage. Après une dizaine de secondes, je sens qu’il est déterminé à connaître mes plans.
— D’accord, je vais te le dire. Mais je te préviens, tu ne pourras pas m’en empêcher.
La pression est à son éminence. Il reste muet et attend la suite. J’ai envie que tout cela se finisse enfin, d’habitude il n’est pas aussi sérieux, ça le change et je n’aime pas ça. Il faut que je termine rapidement.
— Je vais me faire passer pour un…
— Garçon, finit-il. Et comment comptes-tu le faire ? Tu ne peux effacer pas tes traits féminins.
J’ai bien compris que comme je l’avais prévu, il essaie de m’en dissuader, mais malheureusement pour lui, ses efforts sont vains.
Il essaie plusieurs formes de dissuasions, au bout d’un moment il comprend que je ne changerai pas d’avis alors, il cesse ses paroles. J’inspire un grand coup et dis.
— Killian, j’ai pris cette décision, car je n’accepterai jamais d’être loin de mes potes, et de savoir que lorsque tu te battras, moi je serai davantageen sécurité. Et puis tu sais, l’autre jour, c’est toi qui m’as parlé de solidarité. Aujourd’hui, c’est à mon tour de l’être.
Je franchis la grille à pas de velours sous ses yeux.
Je le regarde une dernière fois et lui lance.
— L’armée viendra nous recruter aujourd’hui, en fin de matinée. On ne pourra pas manger ce midi alors, mange beaucoup au petit-déj.
Ses yeux presque noirs fixent mes prunelles. Il ne sourit pas. Je détourne le regard. Je finis avec des paroles presque inaudibles. Je ne suis même pas sûre qu’il ait entendu.
— Aujourd’hui est la dernière fois que tu me vois comme ça.
Je me mets à courir en descendant la côte de Jules-Fèvre.
Lorsque je rentre chez moi, il est aux environs d’une heure et demie du matin.
Je n’arrive pas à dormir.
Mon téléphone vibre, j’ai reçu un message. Je découvre que c’est de Killian.
La dernière fois que je te vois comme ça, c’est-à-dire ?
Je n’ai pas le courage de lui répondre, alors j’écris.
Tu verras.
Il m’écrit alors quelques instants après.
Non, tu dis, déjà que je ne sais même pas comment tu as su qu’il y aura une guerre.
J’hésite, mais au final, je lui fais un vent, il m’envoie un autre message.
Réponds !
Il continue à me demander.
Je m’ennuie et franchement, qu’est-ce que j’ai à perdre ? Je lui écris alors.
Tu sais très bien de quoi je parle ; je sais que je ne peux nier mes traits féminins, mais je vais radicalement changer mon apparence, même si à l’intérieur, je reste la même.
Il répond.
T’es de plus en plus cinglée !
Je confirme.
Je sais, mais je n’y peux rien ; c’est dans ma nature de braver le feu par le feu…
Avec mes paroles, j’ajoute un smiley mort de rire.
À son tour, il met aussi des smileys morts de rire.
Au bout d’un moment, quand il est presque deux heures du matin, je lui demande.
Tu ne veux pas dormir ?
Il réplique.
Pourquoi ?
Je lui rétorque.
Tout simplement, car tu n’auras pas une seule seconde de répit aujourd’hui.
Il répond.
Toi non plus.
Je lui explique alors que moi je n’arrive pas à dormir, mais que lui, s’il voulait il pourrait.
Il a donc décidé de se reposer pendant les courtes heures qu’il avait.
Je ne lui en veux pas, même s’il faut avouer que le silence de mort de chez moi me fait peur. J’ai l’impression que quelqu’un pourrait m’attraper par-derrière. C’est chelou, mais du coup, je flippe. Je m’installe à mon bureau et entreprends plusieurs activités : la lecture et la couture.
Je fais ça des heures durant, avec la peur qui me noue le ventre jusqu’à ce qu’enfin il soit sept heures.
Le jour se lève.
Une sorte d’appréhension se forme en moi et, malencontreusement, m’empêche de pouvoir manger quoi que ce soit.
Je mets un jean, pas noir, ça fait plus fille. J’ai eu cette dangereuse idée pendant les longues heures de silence, si je me fais griller, je risque la peine de mort ; je prends de longues bandes de tissu blanc, les noue ensemble, comme pour faire office de bandage et avec une force presque surhumaine couvre mes formes. Ça fait mal et tire sur la peau, mais tant pis. Par-dessus, je mets un tee-shirt qui fait le plus masculin possible et prends un sweat de mon père. Sans mon visage, j’ai une silhouette de garçon.
Je prends mon chargeur de téléphone, on ne sait jamais ; quelques morceaux de pain, une gourde, un carnet avec un stylo, une paire de ciseaux et le tout que je mets dans mon sac de cours.
Je place mon téléphone dans ma poche et pars. Je sais que je ne reviendrai plus jamais dans ce foyer. Je n’ai pas dit au revoir à ma famille et de toute manière, c’est trop difficile les adieux.