Dossier 357 - Pierre Dumoulin - E-Book

Dossier 357 E-Book

Pierre Dumoulin

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Beschreibung

Ce matin, Marc Spencer, PDG du Groupe Euro Clean, se rend à son bureau après un voyage de trois jours dans ses filiales européennes. Devant sa fenêtre, il prend le temps de démarrer cette journée plus calme à La Défense et ne se doute pas à ce moment que, deux étages au-dessous de lui, un terrible drame s’est produit peu avant son arrivée. Alors qu’il lit tranquillement son journal, le lieutenant Thibault Sainte Hélène est déjà sur place et cherche des réponses…
Pour ce récit, l’auteur a choisi un format court et percutant pour illustrer l’efficacité d’une enquête. Il en résulte une intrigue très enlevée, à la « méthode Columbo ». Le lecteur est transporté de l’ombre à la lumière, des sous-sols de La Défense aux sommets de ses tours, en passant par les couloirs maçonniques.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Passionné de théâtre, Pierre Dumoulin a publié fin 2019 une pièce de théâtre, Le secret de Léna. Cette pièce est également mise en scène avec La Compagnie des Lumières, troupe théâtrale vendéenne créée fin 2016 par Alain Maury. Il a écrit une deuxième pièce, Dix hommes en Comex, qu’il a adaptée pour son premier roman. En outre, il compte à son actif un second roman, Le syndrome du corbeau, et un recueil de poésies autopublié, Paysage.

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Seitenzahl: 164

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Pierre Dumoulin

Dossier 357

Roman

© Lys Bleu Éditions – Pierre Dumoulin

ISBN : 979-10-377-9407-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Aux imposteurs, aux cyniques, aux usurpateurs, aux petits marquis, aux barons locaux, aux incompétents, aux manipulateurs, aux cons prétentieux, aux narcisses, aux égos XXL, aux paons de l’étiquette, aux petits managers phallocrates, aux mauvais malgré eux et aux mauvais fiers de l’être, aux défenseurs d’eux-mêmes, aux virtuoses de l’inutile, aux cadors, aux chefs de pacotille, aux dictateurs des étages supérieurs, aux chefaillons des étages inférieurs, aux requins aux dents sales, aux number one, aux amateurs du laideurship, aux brillants du langage, mais ternes de l’esprit, aux autosatisfaits, aux coqs des open space…

Espèces heureusement en voie de disparition, à tous ceux-là…

Je dédie ce roman à charge…

Et à leurs victimes,

Je dédie ce roman avec compassion.

Du même auteur

En l’an 2000, j’aurai 40 ans, récit, autoédition, 2004

Le secret de Léna, théâtre, Éditions du Panthéon, 2019

Paysage, poésie, autoédition, 2020

Dix hommes en Comex, théâtre, autoédition, 2021

Dix hommes en Comex, roman, Le Lys Bleu Éditions, 2021

Le syndrome du corbeau, roman, Le Lys Bleu Éditions, 2022

Toute (ou presque) ressemblance avec des personnages et/ou des évènements existants ou ayant existé serait purement fortuite.

Préface

Pierre Dumoulin nous invite dans le monde des dirigeants de l’Entreprise avec un tel réalisme que vous pourriez le vivre dans votre activité professionnelle... Il croque des portraits d’hommes et de femmes dirigeants avec la diversité des personnalités, des secrets, et toujours l’attrait du pouvoir…

Une enquête criminelle minutieuse et suivie en temps réel qui nous donne l’impression de faire partie de l’équipe.

Observateur éclairé, le lecteur est embarqué dans l’histoire sans pouvoir se détacher du récit. Pierre Dumoulin, en s’appuyant sur son parcours professionnel et sa passion du théâtre, a une écriture rythmée et accessible. Ce roman, comme les deux précédents, Dix hommes en comex et le Syndrome du corbeau, prend pour décor l’environnement de l’entreprise et de ses dirigeants, qu’il connaît bien.

Que disent ces portraits de dirigeants ? Des jeux d’acteurs pour répondre aux attendus de leur poste ? Ou plus encore… des secrets individuels, voire collectifs ? Jusqu’où le crime qui relève d’un acte individuel est-il le fruit de la convoitise du pouvoir pour le préserver à tout prix ? Comment, dans ce contexte, les relations entre les hommes et les femmes sont-elles exacerbées ? Ou est-ce un reflet plus général de notre société ? Une femme victime serait-elle le portrait ordinaire de relations intimes ou le résultat ordinaire de désaccord entre dirigeants ?...

Autant de questions que pose ce roman sans en avoir l’air !

Merci à Pierre pour cette écriture qui nous emporte à la frontière du réel.

Anne Saint-Laurent

Anne Saint-Laurent a vécu un parcours de femme dirigeante, notamment en tant que directrice de l’action sociale au sein de l’AGIRC-ARRCO. Elle est actuellement directrice générale du Service de Santé au Travail de la région Nantaise.

Froide. Froide et sombre. Froide, sombre et métallique. C’est ainsi qu’elle ressent la traversée de cette immense cathédrale de verre et d’acier. Elle en connaît pourtant les méandres puisqu’elle s’y rend très souvent. Son cœur bat la chamade. Souffle et rythme cardiaque s’accélèrent à l’approche de cet étrange lieu de rendez-vous nocturne. Au bout du couloir, une faible lumière tamisée et un silence de mort…

Elle hésite encore, consciente de l’absurdité d’une telle rencontre, et en même temps poussée par ses pulsions les plus inavouables. Elle pense faire demi-tour, mais elle ne renonce pas. C’est plus fort qu’elle, elle doit aller jusqu’à lui.

Après quelques mots étranges « entre frère et sœur », quelque rituel iconoclaste en ces lieux et une première étreinte qui paraîtrait incestueuse à des regards profanes, ils entrent dans une danse sensuelle et frénétique. Elle se débat, mais se laisse faire. Puis il la retourne brusquement sur le plateau et lui relève sa robe de feu. Il sait qu’elle aime ses accès de virilité, mais il n’exerce aucune violence, une sorte de demi-respect malgré ce jeu brutal et dominant.

Puis il pénètre doucement son delta lumineux avec son glaive flamboyant. Leurs corps ondulent dans une succession de flux et de reflux lascifs. Il prend son temps, elle perd son amour-propre et l’estime de soi. Il prend son corps et elle perd un peu son âme dans ce va-et-vient bestial, mais elle ne peut résister. Il lui adresse des mots étranges ; en prenant ses seins qu’il qualifie de petites grenades, en caressant sa chute de reins qu’il appelle sa houppe aux lacs d’amour, en relevant ses fesses qu’il décrit tels les astres solaire et lunaire… Et le va-et-vient continue. Elle s’oublie. Mais chaque fois qu’elle relève la tête, elle se rassure en voyant scintiller les lumières de la nuit.

Après ce long rituel érotique et cette petite mort enfin atteinte, elle s’affale dans un souffle haletant et satisfait. Elle se sent apaisée. Son rythme cardiaque ralentit, ses bras et ses jambes tremblent, elle ferme doucement les yeux.

Elle sent une absence. Il prépare certainement la bouteille de champagne…

Puis elle suffoque et se prend de panique, sa tête explose dans un bruit sourd et puis… plus rien…

Elle dort enfin après ce terrible cauchemar. Jusqu’à cette lumière blanche, aveuglante puis douce, et qui semble mettre un terme à la nuit…

1

Temps frais sur La Défense

Paris – La Défense – jeudi 5 mai 2005 – 7 h 30 – 8 °C

Marc Spencer, président-directeur général d’EURO CLEAN, arrive de bonne heure ce matin. Il est rentré d’un voyage épuisant en ce début de semaine ; Bruxelles lundi après-midi, puis visite de la filiale UK CLEAN mardi, POLAND CLEAN mercredi et retour sur Paris mercredi soir. Il a fait un joli temps de mai en ce début de semaine, tant sur Londres que sur Varsovie. Mais en ce jeudi matin, il fait plutôt frais sur Paris et Marc Spencer aime ce temps d’intersaisons. Il aime profiter de ce calme provisoire sur le Parvis de La Défense, de ce temps lent et posé, lorsqu’il prend son expresso au café Nobel, puis lorsqu’il grimpe doucement vers le 34e étage de la Tour Initiale, vers son grand bureau blanc qui domine le tracé glorieux ; L’Arc de Triomphe, La Concorde, Le Louvre…

Ce temps si précieux, lorsque les bureaux sont encore vides, ce temps qui vous appartient et qui se réserve à la réflexion, à l’éveil et à la lente préparation d’une nouvelle journée qui s’annonce surchargée.

Puis Spencer s’apprête à déployer son journal Le Monde sur son grand bureau blanc lorsqu’il reçoit un appel sur son portable Motorola RAZR V3. Un numéro anonyme auquel il ne répond pas, car Spencer ne répond qu’aux numéros identifiés. Tout juste prend-il la peine de laisser un message-type : « merci de laisser un message vocal ou texto » avant de reprendre tranquillement la lecture des informations économiques. Une petite sonnerie lui indique un message vocal, mais Spencer n’écoute pas immédiatement sa messagerie. Il a toujours refusé cette précipitation digitale, ce besoin de connexion permanente, cette manie du temps réel et qui ne veut rien dire sauf chez les compulsifs qui ne prennent plus le temps de lire, de méditer, de réfléchir avant d’agir…

Mais visiblement, l’appelant anonyme se montre pressant ; une nouvelle sonnerie annonce un texto. Cette fois, Spencer en prend connaissance : « Monsieur Bonjour, merci de bien vouloir me joindre d’urgence au 0669732783. Lieutenant de police Thibault Sainte Hélène ».

Spencer croit d’abord à une arnaque, il y en a beaucoup depuis quelque temps, et reste prudent avant d’appeler ce 06. Il se lève, se dirige vers la grande baie vitrée de son bureau et constate un attroupement au pied de la Tour ainsi que la présence de quelques véhicules de police et d’une ambulance des pompiers de Paris. Il fait immédiatement le lien avec les messages reçus et appelle ce fameux Sainte Hélène :

— Sainte Hélène, bonjour.
— Bonjour, ici Marc Spencer.
— Ah, enfin, merci de votre appel, Monsieur Spencer. Pouvez-vous venir à La Défense, s’il vous plaît, c’est urgent.
— Mais, je suis à mon bureau.
— Parfait, je vous attends au 32e, au bureau de Madame Dulin.

France Dulin est la directrice commerciale d’EURO CLEAN et dont le bureau se situe au 32e. Spencer est accueilli à la sortie de l’ascenseur par un homme d’une cinquantaine d’années, costume froissé, cravate dénouée, et la mèche en bataille, qui lui rappelle le fameux lieutenant d’une série américaine. Il lui présente sa carte de police :

— Lieutenant Sainte Hélène, bonjour Monsieur.
— Enchanté Lieutenant, que se passe-t-il ?

Puis Sainte Hélène le prend par le bras et l’accompagne vers le bureau de France Dulin. Un attroupement de policiers, d’hommes et de femmes en combinaison blanche de la police scientifique plante aussitôt le décor. Spencer distingue vaguement la scène ; France Dulin est assise et affalée sur son bureau, la tête baignant dans une mare de sang, la main gauche serrant un pistolet Beretta Pico 380. Spencer est abasourdi quand le policier le reprend par le bras et l’écarte de la scène.

— Monsieur Spencer, est-il possible de nous isoler ?
— Bien sûr, je vous propose de remonter à mon bureau.

Les deux hommes reprennent l’ascenseur et se rendent au 34e. Spencer ne dit mot et reste dans un état de sidération quand le lieutenant lui propose de s’asseoir à sa table de travail. Sainte Hélène lui fait part des premiers constats. Un appel reçu au commissariat et venant du service de sécurité, vers 6 h 45, appel aussitôt relayé par les policiers arrivés sur place, vers le Quai des Orfèvres – Brigade criminelle de Paris. Sainte Hélène s’est rapidement rendu sur place, vers 7 h 15, et a pu constater le suicide de la directrice commerciale. Et dire que Spencer était tranquillement à son bureau dès 7 h 30, dans l’ignorance totale de cette scène macabre qui se déroulait deux étages plus bas.

— C’est affreux, dites-moi tout, Lieutenant. J’étais à mon bureau dès 7 h 30 ce matin, je n’ai rien vu.
— Vous n’avez pas constaté la présence des pompiers et de la police à votre arrivée ? Ils sont pourtant arrivés dès 7 heures.
— Non, car j’ai pour habitude de me rendre aux ascenseurs par un accès latéral et non par l’entrée principale.
— Bien, à l’heure qu’il est, je ne peux rien vous dire de plus que ce malheureux constat. Comme vous l’avez vu, la police scientifique est sur zone et nous devons analyser cette scène de crime avant la levée du corps.
— Scène de crime ?
— Oui, même s’il s’agit vraisemblablement d’un suicide, mais nous ne pouvons écarter aucune hypothèse.

Spencer se lève alors, fébrile et d’un pas chancelant. Il propose un café au lieutenant, mais, perdu, ne trouve même pas l’accès vers la machine à café. Sainte Hélène perçoit cette fragilité et qui lui paraît bien naturelle. Spencer est un homme réputé pour sa parfaite maîtrise en toute situation, comme le sont la plupart des grands patrons et qui ne se laissent pas facilement impressionner par les évènements quels qu’ils soient. Mais personne ne peut rester insensible en pareille situation, même les policiers les plus aguerris. Le lieutenant se charge lui-même du café et les deux hommes reprennent place à la table de travail.

— Monsieur Spencer, notre enquête ne fait que commencer. Bien entendu, je vais vous demander, ainsi qu’à vos collaborateurs présents sur Paris, de rester à disposition de la police.
— Bien sûr, Lieutenant. C’est absolument incroyable, j’ai encore eu France au téléphone hier, alors que j’étais en déplacement à Varsovie, je n’ai absolument rien perçu.
— Justement, Monsieur Spencer. Je vais devoir vous interroger sur votre emploi du temps ces derniers jours, et plus particulièrement dans la nuit d’hier à aujourd’hui.
— Comme je vous le disais, j’étais en déplacement tout ce début de semaine et suis rentré de Varsovie, où j’étais en visite de notre filiale polonaise, vers 20 h à Roissy. Puis je suis rentré chez moi, à Suresnes. Ce matin, je suis arrivé vers 7 h, je n’ai pas pris le RER comme d’habitude et suis venu en voiture, car je dois me déplacer à Chartres cet après-midi. Une fois ma voiture garée au parking du sous-sol de la Tour, je suis ressorti prendre un café au Nobel, j’ai acheté mon journal au kiosque, sur le côté arrière de la Tour et suis monté à mon bureau par l’aile Est du bâtiment.
— Et c’est pourquoi vous n’avez pas constaté l’attroupement à l’entrée principale…
— Voilà. Une fois à mon bureau, j’ai commencé la lecture de mon journal puis ai reçu vos messages. Pardon de ne pas y avoir répondu de suite, mais je ne pouvais me douter…
— Bien sûr, Monsieur Spencer, je comprends. Excusez-moi un instant, un appel… Oui, OK, je descends de suite… Je dois me rendre au 32e. Je peux revenir vous voir ensuite ?
— Bien entendu, Lieutenant, je reste à votre disposition et ne bouge pas de mon bureau. Je vais annuler mon déplacement sur Chartres.
— À tout à l’heure, Monsieur Spencer.

Le Lieutenant quitte Spencer en prenant soin de saluer Pascale, l’assistante du PDG, qui vient d’arriver au bureau, et visiblement au courant des évènements.

— Bonjour Monsieur Spencer, c’est terrible…
— Bonjour Pascale, soyez gentille de nous préparer 2 cafés et venez me rejoindre.

Spencer et son assistante de direction prennent le temps de se recueillir et de déplorer ce triste évènement, que peuvent-ils faire d’autre dans l’immédiat, puis le PDG reprend ses esprits et commente la suite des opérations à mener :

— J’attends le retour du lieutenant de police que vous venez de croiser, il s’appelle Thibault Sainte Hélène, officier de police à la Crim’.
— Car c’est un meurtre ?
— Non Pascale, enfin, on n’en sait rien, c’est même certainement un suicide, mais la police est bien obligée d’enquêter et ne peut écarter aucune hypothèse. Dans l’immédiat, je l’attends, ensuite, j’aurai besoin que vous consultiez l’agenda de Caroline, de Gabin et de Marc. Que je sache s’ils sont au bureau aujourd’hui ou si je peux les contacter rapidement.

Pascale ayant accès aux agendas de tous les membres du Comex d’EURO CLEAN, elle n’aura pas grand mal à les consulter. Caroline Thomson est la Directrice générale d’EURO CLEAN France, en poste depuis 4 ans, après le départ en retraite de Madeleine Robin. Gabin Moulier est le DRH de la filiale France et en poste depuis 6 ans, poste où il fut recruté peu de temps après le suicide de Sébastien Avril en 1999. Enfin, Marc Nouélaan est Directeur de la Communication depuis 2 ans, après le départ en retraite de Fabrice Gescendo. Moulier et Nouélaan sont présents au Siège aujourd’hui. Thomson est en déplacement à Chartres pour une inauguration à laquelle Spencer devait la rejoindre cet après-midi. Pascale transmet immédiatement ces informations à Spencer.

— Merci Pascale, dès leur arrivée, informez Gabin et Marc que je souhaite les voir. Mais faites-les patienter dans votre bureau si je suis en entretien avec le lieutenant. Et contactez Caroline, puis passez-là moi. Je l’informerai que je ne la rejoindrai pas à Chartres, mais ne lui dites rien. Je préfère l’informer moi-même de la triste nouvelle.

Sainte Hélène revient alors au bureau de Spencer.

— Entrez, Lieutenant, entrez ! Un café ?
— Merci, non, j’en ai déjà avalé trois ou quatre depuis ce matin. Bon, je viens de voir le médecin légiste qui a rejoint l’équipe scientifique. Voici ses premiers constats ; la mort remonte certainement à 3 heures du matin.
— Trois heures du matin ? Mais que pouvait-elle bien faire au bureau à cette heure-là ?
— Je me le demande tout comme vous.
— Mais… c’est impossible, il y a le système d’alarme ; et puis je ne vois pas ce qu’elle pouvait faire là. De plus, France a un jeune enfant et n’arrive jamais avant 8 h 30.
— Le médecin légiste est formel. Voici déjà une bonne raison de traiter cette affaire en enquête criminelle.
— Car vous pensez réellement à un meurtre ?
— Comme je vous l’ai dit, Monsieur, nous ne pouvons écarter aucune hypothèse et d’autant plus au vu de l’heure du décès. Pouvez-vous me dire qui a accès au système d’alarme et peut le mettre en off ?
— Moi-même et les 6 autres membres du Comex.
— Vous avez des caméras de surveillance dans votre entreprise ?
— Oui bien sûr, je vais vous mettre en relation avec le poste de sécurité et vous pourrez observer les bandes vidéo.
— Merci, j’allais vous le demander.
— Vous pourrez alors interroger l’agent de sécurité qui a trouvé France à son bureau.
— Oui, Monsieur, mais, tout d’abord, j’ai convoqué l’un de vos employés de ménage, Monsieur Samba, car c’est lui qui a découvert le corps à 6 h 40 ce matin et qui a prévenu l’agent de sécurité.
— Omar Samba, oui, je le connais, j’ai eu à l’interroger il y a quelques années pour une sombre affaire.
— Comment cela ?
— En 99, Samba et sa femme avaient été commandités par un mystérieux corbeau pour déposer des lettres anonymes sur tous les bureaux1.
— Ah, intéressant… ou peut-être pas, vous m’expliquerez tout cela tout à l’heure, car je dois maintenant me rendre au poste de sécurité pour l’interroger et consulter, donc, les bandes vidéo.

Sainte Hélène se rend au poste de sécurité, au rez-de-chaussée du bâtiment. Il y retrouve Omar Samba, assis sur une chaise dans la salle d’attente, visiblement très ébranlé et en état de choc. Le lieutenant prend le soin de l’accueillir dans un petit bureau pour l’interrogatoire.

— Bonjour Monsieur Samba, c’est donc vous qui avez découvert le corps ?
— Oui, Monsieur, Omar Samba, à votre service, mais je n’ai rien fait Monsieur, j’ai tout de suite alerté le poste de contrôle.
— Je sais, Monsieur Samba, vous n’avez aucune crainte à avoir. Mais il est normal que je vous interroge le premier puisque vous êtes visiblement le premier à avoir vu madame Dulin après son suicide. Étiez-vous seul à ce moment-là ?
— Oui, Monsieur, le matin je fais le ménage aux étages 30, 31 et 32, ma femme s’occupe du 33 et je la retrouve ensuite au 34.
— Et, à part votre femme, vous n’avez constaté aucun mouvement suspect ?
— Non Monsieur, il n’y avait que moi… et cette pauvre madame.
— Monsieur Samba, vous avez l’habitude de circuler dans les lieux à cette heure très matinale. Avez-vous constaté quelque chose de différent, d’inhabituel sur les lieux ?
— Non Monsieur, rien de spécial…
— Réfléchissez bien, c’est important, chaque détail compte.
— Comme d’habitude, quand je suis entré dans le bureau de la dame, je m’apprêtais à faire le ménage, à vider la corbeille… je n’ai pas pu, j’ai eu peur quand j’ai vu le sang… et le revolver… je n’ai touché à rien et suis allé prévenir le poste de contrôle.
— Vous êtes bien certain ? Rien d’anormal ? Les objets, le bureau, la porte du bureau…
— Non, la porte du bureau était ouverte, comme d’habitude.
— Prenez votre temps, essayez de revoir le bureau, comme vous l’avez trouvé à votre arrivée.
— Non, rien, Monsieur…
— Monsieur Samba, vous voulez bien me suivre ? Nous allons remonter au bureau de madame Dulin.
— Ça me fait peur, Monsieur, je n’ose pas y retourner, c’est affreux.
— Ne vous inquiétez pas, pour l’instant tout est resté en l’état, car nous devons analyser les lieux avant que les pompiers emportent le corps.

Les deux hommes remontent alors au 32e