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Comme tous les matins, Fabrice Gescendo se rend à son bureau au 33e étage de la tour Initiale à La Défense. Comme tous les salariés du siège de la société PROPREX, il découvre la lettre d’un mystérieux informateur qui dévoile la préparation d’un plan stratégique, information ultra confidentielle. Cette lettre n’est que l’annonce de nouvelles révélations à venir. Une véritable paranoïa secoue les dirigeants de l’entreprise qui n’hésitent pas à placer les membres du comité de direction sous statut de suspects. Des enquêtes parallèles, sur fond de guerre de communication, sont menées pour tenter de démasquer le corbeau et de comprendre les mobiles de cette haute trahison. La direction de l’entreprise se sentira impuissante face à l’habilité de ce véritable imprécateur…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Passionné de théâtre,
Pierre Dumoulin est auteur de plusieurs ouvrages dont
Dix hommes en comex, pièce de théâtre ayant une version roman. Cette dernière lui a donné l’envie d’en écrire un second,
Le syndrome du corbeau, relatif à l'environnement interne et externe de l’entreprise.
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Seitenzahl: 210
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Pierre Dumoulin
Le syndrome du corbeau
Roman
© Lys Bleu Éditions – Pierre Dumoulin
ISBN : 979-10-377-5545-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Aux managers inspirants ;
Aux leaders syndicaux passionnés ;
Au monde merveilleux de l’entreprise.
Du même auteur
En l’an 2000, j’aurai 40 ans, récit, autoédition, 2004 ;
Le secret de Léna, théâtre, Éditions du Panthéon, 2019 ;
Paysage, poésie, autoédition, 2020 ;
Dix hommes en Comex, théâtre, autoédition, 2021 ;
Dix hommes en Comex, roman, Le Lys Bleu Éditions, 2021.
Toute ressemblance avec des personnages et/ou des évènements existants ou ayant existé serait purement fortuite… En revanche, de nombreuses attitudes et postures sont inspirées de situations réelles et vécues par l’auteur.
Préface
En tant que passionnée des relations sociales et du dialogue social, j’ai tout naturellement été séduite par la thématique retenue par Pierre Dumoulin pour être le centre de son nouveau roman. Il est rare qu’un roman, témoignage ou sortie de l’imaginaire d’un auteur et professionnel pratiquant quotidiennement le dialogue social, évoque une gestion de crise dans une grande entreprise et qui plus est, une grande entreprise basée en France. Nous entrons, dans cette énigme avec un plaisir gourmand, sommes pris par l’histoire et menons également notre enquête à la recherche du coupable… Les personnages nous sont sympathiques, ou pas… Nos valeurs nous éloignent du coupable, ou, au contraire, nous rapprochent de l’épilogue. Nos croyances nous détournent d’une réalité d’emblée refusée, ou pas ! Nous nous retrouvons en position d’équilibristes hésitant entre l’impensable, l’inconcevable et l’inimaginable !
Dans ce roman, nous assistons aux doutes d’un dirigeant, aux méfiances qui s’insinuent entre les membres du comité de direction, à l’isolement de certains, aux révélations personnelles…
… et aussi aux accusations à peine voilées, aux erreurs de jugement, aux revirements de situations. Nous naviguons entre le syndrome de Lima et le syndrome de Stockholm mais aussi entre la dualité de nos vies professionnelle et personnelle. Sommes-nous plus manager que femme ou homme ? Quelle transparence peut-on vivre en entreprise ? En sachant que la somme des intérêts individuels ne définit que très rarement l’intérêt collectif, comment prendre en considération l’intérêt général dans le respect des intérêts personnels ? Jusqu’où la fidélité est-elle envisageable ? Et peut-on avoir une confiance totale envers et avec nos responsables et collègues ? Toutes ces questions que nous nous sommes posées au cours de nos carrières et au gré des circonstances. Certains partenaires sociaux – DRH comme syndicalistes – ont vécu le syndrome de Lima ou le syndrome de Stockholm. En effet, lorsqu’ils partagent cette envie de vivre un réel partenariat social, de développer un dialogue social constructif, d’aménager ensemble les projets d’une entreprise autour du bien-être des collaborateurs, il se développe une complicité intellectuelle. Plus que les valeurs partagées, les moments de discussions, les échanges de points de vue, les concessions mutuelles et la satisfaction d’arriver à un accord renforcent cette complicité.
Celle-ci peut même se transformer en quelque chose de plus fort : l’amitié. J’ai souvent constaté que le ciment de ces relations est constitué par les valeurs communes et l’envie de trouver un chemin aménagé ensemble pour atteindre les objectifs. Plus la qualité relationnelle est bonne, plus le respect mutuel est basé sur une confiance au-delà même des différences de point de vue, plus les partenaires ont l’intime conviction que les différences renforcent la volonté de rapprochement et meilleur sera le dialogue social. En revanche, si l’on cherche à imposer son opinion, si les jugements sont hâtifs et sans concessions, si l’on cherche à changer l’autre et à le convaincre de ses « erreurs » alors nous dégradons le lien relationnel et chacun s’éloignera sur son propre chemin…
Anne-France Lucas1
Les personnages
Le directeur général – Marc Spencer 56 ans – carrière internationale – en poste depuis 5ans.
La directrice générale adjointe – Madeleine Robin 60 ans – carrière interne – en poste depuis 2 ans.
Le directeur des ressources humaines – Sébastien Avril 45 ans – carrière SNCF – a rejoint PROPREX, au poste de DRH, il y a 6 ans.
La directrice commerciale – France Dulin 36 ans – vient de la concurrence – arrivée au poste il y a 2 ans.
La directrice financière – Caroline Thomson 50 ans – ex-cadre de l’Inspection des finances – arrivée chez PROPREX il y a 15 ans et à ce poste.
Le directeur des services généraux et de la sûreté – Max Delattre 56 ans – officier en retraite – arrivé chez PROPREX il y a 1 an.
La directrice technique – Véronique Garnier – 42 ans – carrière interne – a succédé à Madeleine Robin il y a 2 ans.
Le directeur de la communication, Fabrice Gescendo, 58 ans – à ce poste depuis 20 ans – a fait toute sa carrière dans la communication.
L’assistante du directeur général – Pascale – 40 ans – arrivée en même temps que Spencer – fut déjà son assistante lorsque Spencer était DG Australie.
Les dirigeants de US CLEAN
Le DG John Burns, le président Mac Cain et La D. stratégie Pauline Simon.
Les consultants de HIGH STRATEGY
Le détective privé – Robert Planque 50 ans – ex-inspecteur de police – a monté son cabinet il y a 5 ans.
La syndicaliste – Carla Mendes 35 ans – jeune femme d’origine portugaise, sportive – secrétaire nationale du syndicat CGC.
Le journaliste – Jean Bodin – 37 ans, formé à l’école ISJ de Lille et Sup de Co Toulouse – carrière de reporter puis de journaliste.
Et avec l’aimable apparition, à la fin de l’histoire, de…
Salomé, la femme de Gescendo.
Paris – La Défense – lundi 22 mars 1999 – 7 h 30
Temps couvert, forte pluie, 7 °C
Comme tous les matins, Fabrice Gescendo sort du RER pour rejoindre la tour Initiale. Ce matin est particulièrement frais et pluvieux pour un lendemain de printemps. La pluie, un instant interrompue, a été si dense que le parvis de La Défense luit tel un miroir d’eau, reflétant ainsi la majestuosité des tours, flèches cathédrales du libéralisme s’élevant vers le ciel. Gescendo a pour habitude de prendre un expresso au café Nobel, sis au pied de la tour Initiale et qui portait le nom de Nobel à l’origine. Ce petit rituel date des années 80. C’est Jérôme Lepeintre qui lui en avait donné le goût. Mais Lepeintre a quitté l’entreprise PROPREX depuis 6 ans et Gescendo s’y rend maintenant seul. À bientôt 60 ans, il se souvient ; les rigolades avec Lepeintre et les autres, la fille aux yeux verts qui faisait rêver Lepeintre, les cafés-briefs du lundi matin, les Comex très protocolaires du temps de Mexpert et de Tareva, l’arrivée des femmes aux postes de direction… autant de beaux souvenirs et qui rendent Gescendo un peu nostalgique en ce matin du 22 mars 1999.
Mais les temps ont bien changé. PROPREX, filiale du Groupe américain US CLEAN depuis 1993, s’est fortement développée. Fondée en 1962, cette société française de nettoyage a su se hisser au 1er rang de ce secteur d’activité en 1993 et a poursuivi son développement vers les nouveaux services. Gescendo y était déjà directeur de la communication et il a participé à l’intégration de l’entreprise dans ce grand groupe américain qui avait repéré le fleuron des services français pour en faire son fer de lance, son cheval de Troie, pénétrant ainsi le marché européen.
Aujourd’hui, PROPREX, c’est la filiale française du groupe US CLEAN et qui, des années 80 aux années 2000, est passée de 1 à 30 divisions, de 28 000 à 175 000 salariés et d’un chiffre d’affaires de 800 millions de francs à 45 milliards ! Et PROPREX est maintenant implantée en Belgique, Espagne, Portugal, Italie et Pologne… Et il est question d’un prochain rachat de UKLEAN, leader du nettoyage industriel au Royaume-Uni ! Tout cela rend Gescendo un peu songeur lorsqu’une grande tape dans le dos vient le réveiller en sursaut ; « salut Fab ! La forme ce matin ? ». C’est Stan Phileau, son adjoint, qui vient de le rejoindre et de le ramener ainsi à la dure réalité ; celle du lundi matin, lorsqu’il faut saluer tout le monde, lorsque vous êtes assaillis de banalités du genre « comment va ? », « passé un bon week-end ? », « on est d’attaque ? »… Gescendo déteste ces fausses relations, avec son adjoint comme avec les autres. Mais il faut en effet se réveiller et rejoindre les rangs de la grande firme, maintenant internationale et filiale d’un grand groupe américain. Il faut s’y rendre fièrement et heureux de compter parmi ceux qui participent au gouvernement économique du monde. Être cadre supérieur – membre du Comex, et se rendre au 33e étage de la tour Initiale, ce n’est pas rien.
Gescendo avait un bureau au 23e dans les années 80. Aujourd’hui, le siège de PROPREX occupe 5 étages : du 30e au 33e pour les différentes directions et les différents services, le 34e pour la direction générale et les salles de réunions. Le 35e et dernier étage de la tour est occupé par la délégation de US CLEAN, une sorte d’ambassade du groupe, mais aussi de tour de contrôle…
Lorsque les deux hommes pénètrent dans le hall de la tour, ils constatent l’effervescence du lundi matin en croisant tous ces cadres, secrétaires, dirigeants, fournisseurs et clients marchant à pas cadencés vers l’un des dix ascenseurs de la tour. Ils semblent tous pressés de rejoindre leurs bureaux et d’y retrouver leur statut de chef, d’assistant, de chercheur, d’ingénieur ou de membre de cabinet. C’est la fièvre du lundi matin qui fait penser que la semaine sera longue et palpitante. Mais dès le lundi midi, pense Gescendo, ceux-là mêmes qui couraient d’un pas pressé, s’attableront à leurs tables de bistro ou du restaurant d’entreprise et retrouveront la banalité de leur travail ordinaire, des affaires courantes et des réunions structurant leurs agendas surbookés. Lorsque l’on prend de la hauteur et que l’on voit défiler les 32 étages au travers des vitres de l’ascenseur, on se sent comme porté vers les sommets, et l’on s’imagine que du 33e on va survoler la base et ainsi maîtriser le monde. Gescendo est un homme tranquille et posé. Il a plus de 30 ans d’ancienneté dans la firme et exerce les fonctions de directeur de la communication depuis plus de 20 ans. Rien, plus rien ne peut le surprendre. Et pourtant…
Une fois arrivé au 33e, Gescendo salue les secrétaires à l’accueil puis se dirige vers l’aile gauche, vers les équipes de sa direction tandis que Phileau rejoint son bureau. Le dircom et son adjoint ont droit à deux bureaux individuels, séparés par celui de leur secrétaire commune, tandis que tous les autres personnels du service travaillent en open space. Il s’agit bien sûr d’espaces partagés ou communs, mais depuis US CLEAN, on ne parle plus la même langue. On travaille en open space, on se retrouve aux briefs, on est organisé en lean management, on se réunit en meeting et on échange en conf call. La loi française a bien tenté de lutter contre la pratique du franglais, rien n’y fait, on reste bien français mais on travaille à l’international et la sémantique anglo-saxonne est de mise, comme dans toutes les filiales du groupe. Gescendo a toujours pris l’habitude de saluer tous ses collaborateurs avant de rejoindre son bureau. Et il s’agit bien d’une habitude naturelle, et non d’une attitude démagogique, comme le pense son adjoint. Gescendo commence ainsi toujours ses journées en tâtant le pouls de l’équipe, pardon la « team’s soul ». C’est son baromètre, sa météo, son indicateur humain. Rien qu’en captant les humeurs des femmes et des hommes de la com, il sait quelle sera l’ambiance de la journée. Et ce matin, il ressent comme une légère fièvre, un étonnement, pour ne pas dire une sidération lorsqu’il serre la main des uns et des autres. Lorsqu’il leur pose la banale mais usuelle question « comment allez-vous ce matin ? », les réponses, habituellement banales elles aussi, sont pour le moins surprenantes ; « ça va, mais c’est chaud ! », « ça remue ce matin ! », « vous n’avez pas l’air au courant ? », « et vous ça va malgré ce papier ? »… Gescendo ne comprend pas et interpelle alors l’une des assistantes-graphistes :
Mais Gescendo ne prend pas la peine de lire le fameux papier. À peine en a-t-il lu les premières lignes et qui se lisent ainsi :
Salariés, vous avez droit à l’information !
Lettre No 1 – lundi 22 mars 1999
PROPREX, une entreprise UP and CLEAN !
Gescendo, abasourdi à son tour, file vers son bureau et en claque la porte. Il jette frénétiquement son imper et son cartable sur une chaise et prend son téléphone sans même penser à s’asseoir quand son adjoint fait irruption dans son bureau ;
Alors Gescendo s’assied à son bureau et trouve sur son sous-main une grande enveloppe rouge. Il arrache fiévreusement l’enveloppe et en lit le contenu :
Salariés, vous avez droit à l’information !
Lettre No 1 – lundi 22 mars 1999
PROPREX, une entreprise UP and CLEAN !
Un plan stratégique est en cours de préparation au sein de votre entreprise. C’est normal. Le 2e plan, et qui couvrait la période de 1996 à 1999, prendra fin en janvier 2000. Le premier plan PROPREX (de 1991 à 1995) portait l’ambition essentielle de faire partie des majors du nettoyage industriel et ainsi de compter parmi les 3 premiers de France dans son domaine. Cet objectif fut atteint en 1993, soit 2 ans avant la fin du plan.
Grâce au deuxième plan stratégique construit sous l’égide du nouveau directeur général, Marc Spencer, PROPREX est devenu le leader incontesté du nettoyage industriel en France. Mais pas seulement !
Avec plus de 175 000 salariés, PROPREX est devenu le 10e employeur de France, juste après la SNCF et juste devant le Groupe AUCHAN. Ainsi, avec les groupes prestigieux que sont CARREFOUR (1er), SODEXHO (2e), La POSTE (3e), VEOLIA (4e), PSA (5e), CASINO (6e), France Télécom (7e), SAINT-GOBAIN (8e) et LA SNCF (9e), le Groupe PROPREX a su se hisser dans le TPO TEN français ! Et telle était l’ambition de votre brillant directeur général, Marc Spencer…
Avec plus de 30 sociétés intégrées et assurant des services multiples ; nettoyage industriel mais aussi tri des déchets, maintenance bâtiments, espaces verts, expertise immobilière, transports de matières dangereuses, dépollution des sols, etc., PROPREX est devenu l’un des plus importants acteurs du multiservice en France et vient de prendre la 3e place du podium ! Et telle était l’ambition de votre audacieux directeur général, Marc Spencer…
Grâce au rapprochement avec la multinationale US CLEAN, Le Groupe PROPREX s’est doté de moyens considérables pour conquérir l’Europe et, rachetant plusieurs sociétés de nettoyage et de services en Belgique, en Espagne, en Italie, au Portugal mais aussi en Pologne, a su se faire une place sur un nouvel espace économique international. Et telle était l’ambition de votre vaillant directeur général, Marc Spencer…
Ayant obtenu son premier certificat Qualité AFNOR en 1979, 2 fois renouvelé jusqu’en 1987, le fleuron des services français fut l’une des premières sociétés de services à obtenir le label ISO 9001 en 1988 et renouvelé pour la 4e fois de 1988 à 1999. L’ambition porte maintenant sur l’obtention du label ISO 9002 au vu des capacités de votre Groupe à poursuivre sa qualité de service jusqu’à la maintenance. Ce sera une nouvelle étape vers la reconnaissance de votre responsabilité environnementale et sociétale. Telle est l’ambition de votre visionnaire et talentueux directeur général, Marc Spencer…
Enfin, cette année (arrêté des comptes – exercice 1998), le chiffre d’affaires du Groupe PROPREX vient de dépasser les 45 milliards de francs. Le plan stratégique 2000/2004 prévoit de dépasser les 50 milliards de francs soit 7 milliards en valeur euro lors de sa mise en circulation ! Telle est l’ambition de votre glorieux directeur général, Marc Spencer…
Mais alors me direz-vous, pourquoi s’inquiéter de l’arrivée de ce 3e plan stratégique ? Pourquoi craindre le bug de l’an 2000 ? Puisque vos dirigeants veillent sur vous…
Un journaliste
À peine a-t-il le temps de lever la tête et d’échanger avec son adjoint, qu’il sursaute à la sonnerie de son téléphone portable :
Gescendo se lève en hâte, replie la lettre qu’il glisse dans la poche intérieure de sa veste et réajuste nerveusement sa cravate. Stan propose de l’accompagner mais Gescendo décide d’y aller seul. Il prend l’ascenseur, même si un seul étage le sépare du bureau du DG. Prendre l’escalier à la hâte le rendrait nerveux et essoufflé. Pas question de s’emballer, il faut apparaître en totale maîtrise de soi. Gescendo souffle un grand coup avant de frapper à la porte de la secrétaire du DG. Celle-ci l’accueille très aimablement mais avec un teint blême, ce teint reconnaissable chez elle lorsque son patron est de mauvaise humeur. Puis elle l’introduit dans le grand bureau blanc de Marc Spencer. Alors qu’il pensait retrouver son directeur général assis à son bureau et signant quelques courriers, rituel du lundi matin, il constate que Spencer n’y est pas et que son fauteuil est encore contre le bureau. Spencer ne s’y est donc pas encore assis. Seule une grande enveloppe rouge et fermée se trouve sur son sous-main. Il n’a donc pas lu la lettre ?
Spencer est debout face à la grande baie vitrée qui domine la Défense, fumant, le regard lointain et pardessus sur l’épaule.
Sans même se retourner, Spencer interpelle son dircom ;
Spencer, étonné et ombrageux vient vers son bureau et avant même d’en tirer le fauteuil et de s’y asseoir :
Puis Spencer prend un ton plus aimable et interpelle sa secrétaire.
Gescendo esquisse un léger sourire en sortant cette dernière réponse, comme pour apaiser l’atmosphère. Mais Spencer goûte assez mal ce trait d’esprit ;
Gescendo comprend alors que l’échange est terminé. Car le dernier mot revient toujours au directeur général. Il replie la lettre, la remet dans sa veste et quitte le bureau au bout de ces 10 minutes d’entretien, bien moins apaisé qu’en arrivant. Et si tout cela n’était qu’une plaisanterie ? Une fois dans l’ascenseur, une terrible question vient soudain à l’esprit de Gescendo : et si la lettre No 2 arrivait demain matin, et non lundi prochain ?
Salle du Comex – lundi 22 mars 1999 – 10 h