Dramaturgie dans le théâtre occidental - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Dramaturgie dans le théâtre occidental E-Book

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Le théâtre est d'abord un spectacle, une performance, un travail corporel, un exercice vocal et gestuel, le plus souvent dans un décor particulier.

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Veröffentlichungsjahr: 2016

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ISBN : 9782341004848

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

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Dramaturgie dans le théâtre occidental

Introduction

Le théâtre est d’abord un spectacle, une performance, un travail corporel, un exercice vocal et gestuel, le plus souvent dans un décor particulier. Il est aussi une représentation, autrement dit un moyen esthétique d’offrir au spectateur l’illusion que les corps, les décors, les voix et les gestes sont autre chose que ce qu’il voit directement et que cet ensemble est le simulacre d’une autre réalité : il ne s’agit donc pas ici – et on le lit chez Aristote – de mimer la réalité pour l’imiter exactement, mais de fournir une mimésis, autrement dit d’installer un rapport, réfléchi et médiatisé par l’œuvre d’art, avec le monde. Enfin, le théâtre est encore un texte plus ou moins fixé, produit par un ou plusieurs auteurs, destiné à être représenté par des comédiens (et donc vu par des spectateurs), mais aussi à être lu.

Parce qu’ils se situent au carrefour des différentes dimensions de l’événement théâtral, il est nécessaire de prendre en compte tous les aspects de la définition des mots « dramaturge » et « dramaturgie ».

Pendant longtemps, « dramaturge » a signifié purement et simplement « auteur dramatique ». Et si, au XVIIIe siècle, le mot français a parfois été employé dans un sens défavorable, il conserve jusqu’au XXe siècle cette acception première. « Dramaturge » et « auteur dramatique » sont donc souvent interchangeables, ce qui revient à dire que le texte prime, que l’auteur est le principe même du spectacle et que, d’une certaine manière, la lecture littéraire domine le théâtre. Dès lors, « la dramaturgie » a été le plus souvent conçue comme une étude de l’art de la composition. Cette étude, généralement synchronique et théorique, s’applique à décrire et à mettre en perspective (formelle, esthétique et parfois historique) les structures et les motifs propres à l’élaboration du texte par l’auteur, à les situer en regard de l’esthétique définie par les théoriciens (qui peuvent être des auteurs) et à évaluer ainsi les effets souhaités ou présumés sur des spectateurs potentiels et des lecteurs instruits. On parlera donc de « la dramaturgie cornélienne » pour définir la position théorique de Pierre Corneille en matière de tragédie, on établira un rapport entre cette « dramaturgie » et celle de ses devanciers (Rotrou), de ses concurrents (Thomas Corneille, Racine), de ses contradicteurs (Scudéry) et des théoriciens qui lui sont contemporains (d’Aubignac), et l’on analysera l’effet de cette construction sur le public.

C’est en Allemagne, avec G. E. Lessing (1729-1781), que le dramaturg (distinct en cela de la fonction du dramatiker, qui écrit les pièces) devient celui qui met en œuvre une activité théorique et pratique à même d’assurer le lien entre le texte et la mise en scène, puis qui jouera un rôle de praticien-conseiller en matière de lecture interprétative du texte de théâtre, de programmation et de choix des spectacles, et de recours historique et théorique pour ceux qui en assurent la représentation. C’est ainsi qu’au contact de la tradition allemande, en particulier brechtienne, la mise en scène européenne et française du XXe siècle a fini par adapter cet ensemble de fonctions à ses habitudes de production, qui incluent l’espace de la scène comme le corps de l’acteur.

Dès lors, le travail dramaturgique, qu’il soit le fait d’un dramaturge, d’un metteur en scène ou des comédiens organisés en groupe décisionnel, aura pour objet d’envisager le passage du texte à la représentation. De plus, cette fonction se trouvera incluse (ce qui est aussi le rôle du dramaturge en Allemagne depuis quelques dizaines d’années, et en France parfois) dans une perspective plus large qui est celle de la politique esthétique du théâtre lui-même, en tant qu’institution sociale à part entière dans l’espace de la cité.

Bien souvent, ces deux mondes ne sont pas en harmonie même s’ils sont complémentaires. Il semble ainsi que l’urgence consiste à les réunir, non point dans une entreprise volontariste et isolée, mais dans l’esprit général de ceux qui forment les spectateurs, de ceux qui vont au théâtre, de ceux qui ont pour fonction de réfléchir sur les œuvres, enfin des praticiens. Car si la représentation des pièces du théâtre du passé peut avoir un intérêt autre qu’historique ou rituel, il est nécessaire d’envisager à la fois le passage (la dramaturgie au sens pratique) et l’objet textuel (la dramaturgie au sens théorique) en s’autorisant à penser historiquement les performances autour de la question de la séance et de ses fonctions esthétiques, politiques et sociales. C’est ainsi que, en prenant en compte le spectacle, la mimésis, le texte et l’encadrement du spectacle (la réalisation pratique, les publics, la réception et l’architecture elle-même), on pourra être au cœur de l’objet-théâtre.

Ces préalables montrent d’emblée les tensions propres à l’art de la représentation, et en particulier celles qu’on observe dès l’aube de la période moderne, au XVIe siècle, entre la scène, la spectacularité – ce qu’on appellera aujourd’hui la performance –, et la littérarité – le fait que le théâtre soit aussi un objet littéraire.

1. La dramaturgie classique : l’espace tragique

Joué avant d’être publié, en particulier au XVIIe siècle, le théâtre s’affirme comme un type de représentation où plusieurs praticiens s’affrontent, et rarement s’accordent : à côté des comédiens et des décorateurs, face au public qui considère avant tout que la séance de théâtre est un moment de sociabilité, les nouveaux auteurs-écrivains revendiquent leur légitimité et leur propriété sur l’œuvre. Ils veulent se montrer capables de diriger les autres professions, via la production de leur texte. Le théâtre littéraire, qui s’établit en théâtre de la lecture, conquiert son autorité dans le courant du XVIIe siècle, principalement pour la tragédie

La longue histoire du théâtre a retenu l’idée que, finalement, les tenants de la théorie, qu’on nommera