Du serf arbitre de Martin Luther - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Du serf arbitre de Martin Luther E-Book

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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Universalis

Contre les pélagiens qui insistaient sur la volonté humaine pour l’obtention du salut, saint Augustin avait déjà rappelé au début du Ve siècle que la perfection de l’homme ne peut provenir que de la grâce de Dieu, reçue comme un don de sa miséricorde, et qu’elle ne saurait être obtenue « par le libre ou plutôt le serf arbitre de la volonté propre » ( Contre Julien, II, 8, 23).

Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Du serf arbitre de Martin Luther

Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.

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Seitenzahl: 64

Veröffentlichungsjahr: 2015

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782852295667

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Tarapong Siri/Shutterstock

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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Encyclopædia Universalis.

Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Du serf arbitre, Martin Luther (Les Fiches de lecture d'Universalis).

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DU SERF ARBITRE, Martin Luther (Fiche de lecture)

Contre les pélagiens qui insistaient sur la volonté humaine pour l’obtention du salut, saint Augustin avait déjà rappelé au début du Ve siècle que la perfection de l’homme ne peut provenir que de la grâce de Dieu, reçue comme un don de sa miséricorde, et qu’elle ne saurait être obtenue « par le libre ou plutôt le serf arbitre de la volonté propre » (Contre Julien, II, 8, 23). Cette question retrouve toute son acuité avec la Réforme, onze siècles plus tard. En 1524, Érasme publie un traité, qu’il qualifie de diatribe, précisément intitulée Du libre arbitre. L’humaniste, qui ne tient pas, en dépit de son estime pour Luther, à compromettre sa position dans l’Église romaine, y affirme que la volonté de l’homme contribue efficacement à son salut. L’année suivante, en décembre 1525, Luther publie en réplique De servo arbitrio (Du serf arbitre), inaugurant ainsi la querelle moderne sur la grâce, qui divise encore les confessions chrétiennes aujourd’hui.

• La question du salut

Érasme était resté prudent. Après voir rappelé la valeur de la tradition qui vient des Pères de l’Église, il relevait leurs opinions pour ou contre le libre arbitre, concluant que l’action humaine est associée à celle de la grâce de Dieu pour la conquête du salut de l’homme. Luther combat Érasme sur deux fronts. En premier lieu, selon lui, prétendre que l’homme collabore par sa volonté à son salut, cela revient à dire que l’œuvre divine, qui culmine dans l’obéissance du sacrifice du Christ sur la croix, ne suffit pas. En second lieu, l’homme qui serait ainsi invité à participer à son salut, courrait le risque de rester toujours insatisfait et par conséquent sans assurance, incapable de trouver la paix dans sa conscience. S’appuyant sur la Bible, Luther entend démontrer que le libre arbitre, défini par Érasme comme étant « la force de la volonté humaine telle que par elle l’homme puisse s’attacher aux choses qui conduisent au salut éternel ou se détourner de celles-ci », n’existe pas. Pour lui, le salut n’est en rien la conséquence de ce que l’être humain saisirait Dieu, mais au contraire de ce que Dieu saisit l’être humain et par son Saint-Esprit change sa volonté. En sorte que cet homme qui volontairement et de son plein gré faisait le mal, sans contrainte (sinon – Luther reprend ici encore le vocabulaire augustinien – il s’agirait de nolonté et non point de volonté), maintenant, tout aussi volontairement et de son plein gré, veut et fait ce que Dieu veut. Luther utilise l’image de la bête de somme, qui selon celui qui la monte, va de-ci ou de-là ; pour que notre volonté aille là où Dieu veut qu’elle aille, il faut que ce soit lui qui la mène. En corollaire à cette affirmation reste posée la question de la prédestination. C’est Dieu en effet qui choisit de sauver l’être humain. Et s’il ne faisait pas ce choix ? Luther, qui n’élude pas le problème, propose de s’en tenir davantage à l’Évangile, qui proclame que ce que Dieu a manifesté en Jésus-Christ, c’est le salut des hommes : voilà quelle doit être la certitude de tous !

Ce que blâme essentiellement Luther, c’est le caractère timoré, qui pourrait presque passer pour de l’incertitude, d’un Érasme qui dans son for intérieur comprend et peut-être même agrée l’œuvre de réforme entreprise, mais qui par convention ou pusillanimité se range aux décrets de l’Église romaine. Pour le réformateur, toute la confiance du chrétien doit être placée dans les affirmations de l’Écriture gravées par le Saint-Esprit dans son cœur. Il convient certes que certains textes bibliques sont parfois obscurs et d’interprétation difficile. Cela ne tient toutefois pas à eux-mêmes, mais à la mauvaise connaissance qu’a le lecteur des mots et de la grammaire, et les passages plus clairs et simples à saisir suppléent ce qui reste incompris. S’il en va ainsi, c’est que l’Écriture tout entière a un principe d’unité, qui est son sujet par excellence, et ce sujet, c’est le Christ, qui doit être prêché et retenu dans le cœur de quiconque écoute cette prédication, qui est l’annonce de la grâce.

• Prolongements de la querelle

Le traité Du serf arbitre illustre de cette manière les quatre grands thèmes autour desquels s’est théologiquement structurée la Réforme protestante. Ces quatre thèmes s’expriment à l’aide de quatre « seulement », qui sont aussi quatre « pleinement » : solus Christus, sola gratia, sola fide, sola scriptura. Le Christ seul est l’acteur du salut des croyants, qui leur est offert par la grâce seule, don gratuit qu’ils reçoivent dans la seule foi qui croit en ce qui est promis, ainsi que seule l’Écriture sainte en témoigne.

Ainsi, à l’humanisme d’Érasme, qui parle en termes de morale et dont la religiosité lui apparaît bien tiède, toute faite de compromis qui pourraient conduire à l’indifférence, le théologien Luther entend opposer le mystère de Dieu, et devant ce qui risque de conduire au scepticisme, il place la foi. Il semble que Luther puisse paraître injuste à l’égard d’Érasme, lorsqu’il lui reproche d’être un « académicien », c’est-à-dire un sceptique radicale comme l’entendait Augustin dans sa Lettre contre les Académiciens. Les vues d’Érasme et, après lui, celles du concile de Trente, ont pourtant bien annoncé, en théologie dogmatique et morale, les thèses du jésuite Luis de Molina sur la grâce suffisante tant décriées par les jansénistes au siècle suivant.

Jacques-Noël PÉRÈS

Bibliographie
M. LUTHER, Kritische Gesamtausgabe, H. Böhlau, Weimar, 1883, vol. XVIII, pp. 600-787 ; Œuvres, 5, 17-236, trad. franç., Labor et Fides, Genève, 1957Du serf arbitre, suivi Du libre arbitre d’Érasme, prés., trad. et notes G. Lagarrigue, coll. Folio-Essais, no 376, Gallimard, Paris, 2001

LUTHER MARTIN (1483-1546)

Introduction

Au lendemain de la mort de Luther, ses amis soulignèrent l’œuvre immense qu’il laissait derrière lui : un véritable renouveau de l’exégèse biblique, de la prédication, des sacrements et de la liturgie, ainsi que de la fonction ecclésiastique. L’école et la formation universitaire avaient subi des changements. On avait acquis une nouvelle compréhension de l’État, du mariage, de l’activité professionnelle et de la vie économique. Cette œuvre, dans ce qu’elle avait de créateur, était issue chez Luther d’une nouvelle prise de conscience de la relation avec Dieu à la lumière de l’Écriture. Il s’était représenté Dieu d’abord sous des couleurs sombres, voyant en lui le Dieu terrifiant et juge, puis il en vint à le reconnaître dans le Christ comme le Dieu miséricordieux et bienveillant qui justifie le pécheur. La volonté du Dieu juge et cependant miséricordieux devint, pour Luther, le critère qui, appliquée à l’Église, à la théologie, au monde et à l’homme, devait les redéfinir intrinsèquement et dans leurs relations mutuelles.