EDWIN HOLKING - Manon Levasseur - E-Book

EDWIN HOLKING E-Book

Manon Levasseur

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Beschreibung

L'aventure se poursuit dans un royaume ou tout est possible. Trahisons, secrets, et révélation, seront le quotidien de notre jeune roi. Edwin va devoir faire face aux tensions entre les intemporels et les lionnegardiens et parfois prendre des décisions lourdes de conséquence. Mais comme toujours, Edwin pourra compter ses fidèles amis Aaron et Alyssa, sans oublier Leofortis.

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L’imagination c’est le pouvoir de transformer la tempête en soleil et d’éclairer votre esprit, lorsque la réalité l’obscurcit.

Manon Levasseur

Sommaire

UN SOMBRE HORIZON

POINT DE SITUATION

LA MORSURE DU DRAKANOIR

SOUVENIRS et RÉVÉLATION

LA PARTIE IMMERGÉE DE L‘ICEBERG

POSSIBLE TRÊVE

PLANTULE

VISITE DES LIEUX

LE LION D’OR

LA TRAPPE SECRÈTE

DOUTES et SUSPICIONS

LEOFORTIS

DISCUSSION CONFLICTUELLE

CONTRE-ATTAQUE

LE RAPPROCHEMENT

LE RAPPROCHEMENT

ANNONCE

LE SAUVETAGE

LE SOUVENIR DU QUESTIONNEMENT

QUELQUES REGRETS

NOUVELLES ALLIÉES

DISCUSSION NOCTURNE

1UN SOMBRE HORIZON

Cillian Smérold regardait l’horizon en se tenant d’une main au navire, le dos bien droit, la tête haute et le regard braqué droit devant lui. Le vent frais, venu de face, balayait ses cheveux corbeau. Mais sa préoccupation était de loin plus importante que des cheveux décoiffés ou sa barbe de quelques jours qu’il n’avait toujours pas rasée. Son inquiétude grandissait à mesure que les navires approchaient des terres d’Otulas. Cillian, lui-même peinait à croire de ce qu’il avait fait. Une décision inconsidérée, sans nul doute qu’il le regretterait. Il avait, par une folie passagère, convié les humains à rejoindre le royaume d’Otulas. Depuis lors, son frère Timoléon lui lançait parfois des regards incertains, comme s’il redoutait qu’une bataille n’éclate à tout moment entre les deux peuples. Cillian entendait encore les cris de protestation qui avaient fusé dans tous les sens. Tous les intemporels, ou presque, s’étaient rebellés à cette annonce, si bien qu’ils avaient failli lui percer les tympans. Même après deux mois de navigation, il recevait encore des regards remplis de colère de la part des intemporels. Il soupira. C’était bien la première fois qu’il prenait une décision aussi importante que celle-ci. Même si Cillian était intimement convaincu que c’était une bonne décision, il ne pouvait empêcher ce sentiment de doute en lui, l’un des pires sentiments selon lui. Cela n’aurait jamais dû être sa responsabilité de prendre une telle décision. Cela devait-être celle d’Ezékiel, son frère aîné. C’était lui, qui dès le plus jeune âge avait été préparé et conditionné dans l’optique de prendre la relève de leur père. Ezékiel était un intemporel puissant, il avait toujours eu les épaules pour assumer la pression, contrairement à son frère. Intérieurement Cillian était loin d’être aussi calme qu’il n’y paraissait, le stresse le rongeait à tel point qu’il en avait perdu le sommeil. Il n’avait jamais été particulièrement friand du pouvoir et de tout ce que cela impliquait, mais dans un tel climat personne n’avait le choix, pas même lui. Il soupira. Il n’y avait que Timoléon qui était épargné par toutes ces responsabilités, ces choix, ces stratégies, ces critiques et tout ce qui s’en suivait. Une ou deux fois, Cillian s’était surpris à jalouser son frère cadet parce que Timoléon était dans une perpétuelle ignorance. Une présence à sa gauche lui fit reprendre ses esprits, ce n’était plus le moment de tergiverser sur une situation qui ne pouvait de toute évidence pas être modifiée. L’intérêt actuel était Edwin Holking. Le garçon était toujours dans un état grave.

— Comment va-t-il ? s’enquit-il en observant du coin de l’œil la guérisseuse humaine s’approcher.

L’intemporel devait le reconnaitre, il était impressionné. Myriama Plouvi, était une femme absolument époustouflante. Ses connaissances en soins dépassaient de loin celles de Cillian, qui pourtant, était un intemporel. Au début Cillian avait rechigné à lui confier la vie du jeune sang-mêlé mais il avait finalement cédé devant elle. Il faut dire que Myriama avait plus qu’insisté pour s’occuper du garçon, elle était allée jusqu’à menacer Cillian. Mais aujourd’hui, le prince devait admettre qu’elle était plus que compétente pour cette tâche.

— Cela pourrait être pire. Il pourrait être mort, cela a bien failli d’ailleurs. Cependant j’ai bien peur de devoir en arriver à l’extrême pour qu’il survive.

Myriama qui pourtant avait un certain âge, s’était démenée jour et nuit pendant plusieurs semaines pour sauver le garçon. Les cernes qui entouraient ses yeux pouvaient en témoigner. Il semblait que ses cheveux étaient devenus blancs très rapidement et de nouvelles rides parsemaient son visage ici et là. La fatigue était évidente.

— Il doit survivre, répondit Cillian le visage impassible, son regard résolument fixé sur l’horizon, alors faites ce que vous avez à faire.

Cillian allait toujours droit au but sans tergiverser. Il disait les choses comme elles étaient, cependant il sut que ce n’étaient certainement pas les bons mots qu’il avait employés lorsqu’il entendit la respiration de la femme se bloquer. Peut-être aurait-il dû utiliser une autre forme afin d’éviter la colère de la femme. Il se retint de justesse de soupirer. Aujourd’hui n’était pas un bon jour.

— Est-ce que vous vous entendez parler ? La guérisseuse était choquée du ton détaché et froid de l’intemporel. Il s’agit d’un enfant.

— Non, Cillian tourna son regard vers elle, ce n’est pas un enfant, c’est un roi. Très jeune, je vous l’accorde mais un roi. Vous pourrez le protéger et le materner autant que vous voulez. Mais tôt ou tard son destin se rappellera à lui et pour son bien, comme pour le nôtre, il doit être préparé et surtout vivant. Alors faites ce que vous avez à faire, dit-il d’une voix basse et ferme, le regard froid.

Cette fois-ci, Myriama hoqueta en le regardant d’un air effaré. La fatigue avait laissé place à la colère. Ce qui ne lui plaisait pas c’était que l’intemporel parlait d’Edwin comme d’une arme qu’il fallait absolument réparer. Lorsqu’elle prit la parole, son intonation était beaucoup plus froide et plus claquante, tel un fouet qui tranchait l’air.

— Toutes ces responsabilités ne vous empêchent pas de faire preuve d’un peu de compassion tout de même. Je vais vous dire, son index était pointé sur Cillian, si vous faisiez preuve d’un tant soit peu d’empathie nous n’en serions peut-être pas là où nous en sommes. Sur ces dernières paroles, elle fit volte-face pour rejoindre de nouveau la cabine d’Edwin, d’un air très contrarié.

Cillian avait de nouveau détourné son regard vers l’horizon, sans chercher à répondre à la vieille femme. Qu’aurait-il pu lui répondre ? Qu’elle avait raison ? Probablement. Mais en pratique les choses étaient plus compliquées qu’en théorie, montrer de l’empathie et de la compassion pouvait vous faire passer pour quelqu’un de faible. Alors il préférait être froid, distant et passer pour un méchant, c’était plus simple. Perdu dans ses pensées, Cillian n’entendit pas le chevalier se rapprocher. Sir Galaad en avait profité pour prendre la place de la guérisseuse, un air moqueur peint sur le visage. Il était positionné dans le sens contraire de l’intemporel, le dos contre le bastingage et ses coudes reposant dessus.

— Au château de Lionnegard, il n’y en avait qu’un qui avait cette fâcheuse tendance à l’énerver de cette façon. Cet homme agaçait un certain nombre de personne, dont moi. Vous devez peut-être le connaitre, j’ai appris tardivement qu’il s’agissait d’un intemporel. Ezékiel Layan.

Le regard onyx de Cillian s’était posé sur le chevalier et pendant un instant, il ne lui avait rien répondu. Il l’analysait visuellement.

— Layan était simplement une couverture. Je connais bien Ezékiel puisqu’il s’agit de mon frère aîné. Son vrai nom est Smérold. Ezékiel Smérold.

Isaac était resté immobile. Ses yeux noisette ancrés dans les onyx de l’intemporel. Cette phrase tournait en boucle dans son esprit. Cette annonce lui avait fait l’effet d’un choc, il lui avait fallu plusieurs secondes pour encaisser l’information.

— Votre frère ?

Cillian hocha la tête pour confirmer.

— Que faisait-il sur les terres de Lionnegard, dans notre château, pendant des années ? Isaac ne comprenait pas et pour une inexplicable raison, il était en colère d’apprendre cette nouvelle.

— Tout cela est bien trop compliqué pour vous, Sir Galaad. Tout ce que vous devez savoir à présent, c’est qu’il est du côté d’Edgard, répondit Cillian détournant son regard du chevalier pour continuer d’observer l’horizon. Il s’était retenu de soupirer.

— Tout ce que je dois savoir ?! réitéra Isaac d’une voix contrôlée, ce qui n’annonçait rien de bon. Est-ce que vous vous rendez compte qu’à cause de lui, tout le monde est mort ! Edwin a perdu sa famille à cause de sa trahison et vous, vous me dites que c’est tout ce que je dois…

— Taisez-vous ! coupa Cillian en se tournant de moitié pour faire face au chevalier. Les choses ne sont pas forcément celles qu’on croit. Tout ceci est bien trop complexe pour que vous puissiez comprendre l’ampleur de la situation, croyez-moi, parfois moi-même je m’y perds. Cillian jeta un coup d’œil circulaire aux personnes qui les observaient, son regard noir peu engageant avait fait reprendre à tous leurs activités.

— Vous croyez que je vais me satisfaire de ça, ce n’est même pas une réponse. Vous saviez qu’il était un espion d’Edgard, qu’il était dans nos rangs et qu’il allait, tôt ou tard, nous trahir et vous n’avez rien fait ! s’écria Isaac, à présent hors de lui.

Cillian inspecta à nouveau autour de lui, tout le monde semblait porter une oreille à leur discussion.

— Suivez-moi, dit-il à contrecœur.

Une fois dans la cabine de l’intemporel, Isaac attendait debout, les bras croisés, bien déterminé à obtenir des réponses. Il ne partirait pas avant.

— Je ne peux vous apporter les explications que vous escomptez, dit Cillian en se plaçant derrière un bureau en acajou, les deux mains posées sur celui-ci. Le regard plongé dans celui du chevalier.

— Pourquoi ? Pourquoi cacher la vérité ? s’emporta aussitôt Isaac. Ezékiel, votre frère, vous dites qu’il est au service d’Edgard. Mais c’est lui qui m’a aidé à placer Edwin en lieu sûr pendant toutes ces années. Depuis le départ, il savait où il était, pourquoi n’a-t-il rien révélé à Edgard ? Pourquoi m’a-t-il aidé pour finalement nous trahir ?

— Je ne sais pas, répondit Cillian.

Dans un excès de colère, Isaac renversa tous les objets sur l’étagère poussiéreuse. Son cœur palpitait, ses mains tremblaient et son visage était déformé par la colère. Il était persuadé que l’intemporel, en face, ne lui disait pas la vérité.

— Vous mentez ! s’écria-t-il au bord de l’apoplexie. À cause de vous, nous avons tout perdu. Notre royaume, notre château, les Holking sont tous morts à cause de LUI. Vous ne vous rendez pas compte de ce que nous avons perdu, de ce qu’Edwin a perdu, de ce que j’ai perdu…

Cillian ne bougeait pas. Il continuait d’observer l’homme en face de lui. Le chevalier venait de se déchirer la voix. Il souffrait c’était évident.

— Qui ?

La colère avait fait place à l’incompréhension, chez le Lionnegardien. Cillian s’obligea à préciser :

— Vous ne cessez de parler de la famille Holking. Un homme ne perd le contrôle de lui-même que lorsqu’il laisse parler ses sentiments. Je parierais sur la princesse. Elena c’est ça ?

— Ne prononcez pas son nom, siffla Isaac la respiration erratique, les yeux dilatés.

— C’est donc cette femme. Vous étiez amoureux d’elle, n’est-ce pas ? continua l’intemporel.

Isaac n’avait pas répondu, son regard devenu presque noir était fixé sur l’intemporel. Ces êtres étaient beaucoup trop perspicaces ou alors était-ce ses sentiments qui étaient si voyants ?

— Qu’est-ce que ça peut vous faire ? siffla-t-il.

— Je cherche seulement à comprendre pourquoi vous avez cette soudaine haine pour Ezékiel. Alors que vous l’avez vu dans l’autre camp, vous saviez déjà qu’il vous avait trahis. Pouvez-vous me dire ce que cela change pour vous, ce que ça change pour les Holking ? Cillian s’était assis tranquillement dans le fauteuil, dans une position décontractée.

Isaac était désarçonné par le tournant que prenait la conversation. Pourquoi en voulait-il à l’intemporel ? Parce qu’il aurait dû sauver Elena.

— Votre frère avait, de toute évidence, du pouvoir. C’est un prince, un intemporel puissant, il aurait pu éviter tout ça. Il aurait dû la sauver, mais il n’a rien fait. Absolument rien. Isaac soupira en se laissant tomber sur le siège le plus proche, en baissant la tête. Elena l’aurait fait, elle l’aurait sauvé. Même si leur relation était compliquée.

Cillian fronça les sourcils.

— Leur relation ? émit-il.

Isaac mit un certain temps à répondre, de sa position Cillian pouvait voir que le chevalier menait un combat intérieur. Le regard baissé sur le sol, les sourcils froncés, il était dans une intense réflexion.

— Votre frère et Elena étaient proches, finit-il par avouer sur le ton de la confidence. C’était toujours très conflictuel entre eux, Elena connaissait la véritable nature d’Ezékiel. Isaac redressa la tête pour regarder franchement l’intemporel.

— Pourtant, elle n’a rien révélé à Leander, elle a toujours pris sa défense en dépit de tous, en dépit de moi. Et lui ne l’a pas sauvée alors que moi j’aurais donné ma vie pour elle, s’écria-t-il avec rage.

Cillian aurait volontiers dit au chevalier qu’il pouvait cesser de s’exprimer en criant. Ces beuglement commençait à l’agacer. Mais il était trop déconcerté par les propos du lionnegardien.

— Lorsque vous dites qu’ils étaient proches, vous parlez de quel type de relation ?

— C’était ambigu. Mais rassurez-vous, votre frère m’a argué qu’il ne s’était rien passé entre eux. Le ton ironique du chevalier laissait planer le doute.

—Sa nature d’intemporel n’étant pas compatible avec les humaines, soi-disant. Cela n’a pourtant pas empêché la relation entre Yvain et Caelia, dit Isaac avec amertume.

Il se sentait trahi, c’était la première fois qu’il exprimait à haute voix ses sentiments. Il s’était relevé du fauteuil, ses yeux étaient noircis par la colère, il pointa son doigt sur Cillian, en le bougeant de haut en bas.

— Viendra le temps où votre frère devra répondre de sa traîtrise devant les Lionnegardiens.

— Mon frère doit rendre beaucoup de comptes à beaucoup de monde. Je crains qu’il n’y ait de l’attente, Sir Galaad, répondit le prince avec calme.

— J’attendrai, répondit-il avec détermination.

Après le départ du chevalier, Cillian se laissa tomber dans son fauteuil derrière son bureau, pensif. La conversation avec Isaac Galaad l’avait ébranlé et c’était un euphémisme. Isaac Galaad était sans conteste jaloux d’Ezékiel, jaloux de la relation qu’il avait eue avec la princesse. Il lui en voulait de ne pas l’avoir sauvée. C’était la raison de son excès de colère. Cillian l’avait bien compris, mais ce qui le choquait c’était que son frère, Ezékiel, ait pu avoir une quelconque relation avec une humaine. C’était insensé, incompréhensible, Ezékiel n’aimait pas les humains. Des coups à la porte le sortirent de sa torpeur.

— Entrez, dit-il de sa voix grave et d’un ton agacé. La dernière chose qu’il voulait en cet instant c’était être dérangé. Il souhaitait pouvoir réfléchir.

Mais Matthew Andrews en avait décidé autrement. L’homme avait vu Isaac sortir de la cabine. Il ne l’avait jamais vu si énervé, haineux serait plus juste. Il avait donc cédé à sa curiosité.

— D’abord Myriama, puis Isaac, vous avez l’intention de vous mettre tous les Lionnegardiens à dos ? dit-il d‘un ton moqueur, en jetant un coup d’œil au désordre qu’avait causé le chevalier dans l’entrée. Il y avait plusieurs débris au sol.

— La vérité n’est pas toujours bonne à entendre. Votre chevalier a beaucoup de rancœur par rapport à mon frère. Quant à votre guérisseuse, Myriama, elle ne rend pas service au garçon en prenant ses précautions avec lui. La guerre est dure et brutale, il doit en être conscient, répondit Cillian.

— Vous ne devriez pas le sous-estimer. Edwin est un garçon vaillant, souligna Andrews.

— Auriez-vous changé d’avis à son propos ?

Le prince haussa un sourcil, plutôt sceptique.

— La plage fut un exemple pour tout le monde, vous en connaissez beaucoup des garçons de son âge qui aurait pris la parole comme il l’a fait ? Moi aucun. Il a eu beaucoup de cran et n’a pas hésité à mettre sa vie en danger, dit Andrews.

— C’est un Holking. Ce courage dont il fait preuve est un atout non négligeable, espérons seulement qu’il ne le mène pas à sa perte. Cependant n’oublions pas qu’il n’a aucune connaissance en tant que roi, qu’il ne sait pas gérer un royaume, qu’il ne maitrise pas l’art de l’épée ou du bois ni même ses facultés, lista Cillian d’un air préoccupé en entrecroisant ses doigts sur le bureau.

— Mais, vous et moi, sommes là pour le lui enseigner, pour le guider, nota le lord.

— Certes. Attendez, dit Cillian alors que l’homme s’apprêtait à repartir l’air satisfait.

— Un problème ?

— Ne jouez pas les faux amis, évitons l’hypocrisie. Vous n’aimez pas les intemporels, vous n’aimez pas Holking et vous ne voulez pas être ici. Sachez que tout ceci est réciproque, cependant, cette alliance est nécessaire. En attendant je préfère vous prévenir, je n’accepterai aucun écart que ça soit de votre part ou des Lionnegardiens en général.

— C’est une menace ? le ton d’Andrews s’était fait plus dur, de même que son regard.

— Un avertissement, précisa Cillian.

Andrews observa l’intemporel. Cillian avait vu clair dans son jeu et n’avait aucune confiance en lui.

— Bien. Cela a le mérite d’être clair, dit l’homme en partant définitivement cette fois, le visage fermé, toutes traces de satisfaction envolées.

Matthew Andrews pensait avoir gagné la confiance de l’intemporel, il s’était fourvoyé. Ces êtres étaient beaucoup trop perspicaces et ce Smérold encore plus, il avait discerné ses intentions. L’homme ne pouvait tout simplement pas laisser sa place à Holking, pas après toutes ces années. C’était lui qui avait été là, lorsque les Lionnegardiens en avaient eu besoin, qui les avait protégés, recueillis, il méritait d’être roi, bien plus que ce gamin qui sortait de nulle part. Il allait devoir ruser, trouver un stratagème, pour le discréditer aux yeux des Lionnegardiens. Foi d’Andrews, il trouverait.

2POINT DE SITUATION

Timoléon regardait le ciel s’obscurcir, au loin il était noir. Le vent commençait à balancer les vagues avec fracas contre les coques des navires. Une tempête approchait. Timoléon était inquiet, pas à cause de la tempête, à cause des humains, à cause de son oncle. L’alliance avec les premiers s’annonçait particulièrement difficile et Edgard n’était pas loin. Timoléon connaissait son oncle, c’était un être imprévisible qui pouvait attaquer à n’importe quel moment. Il n’aurait aucun scrupule à lancer une offensive sur le palais. Or le royaume d’Otulas, et plus particulièrement le palais, était le cœur de tous les intemporels. C’était un lieu où tout le monde se sentait en sécurité, l’idée que cela puisse changer était insupportable pour Timoléon.

— Entrez, siffla Cillian. Décidément depuis hier, il n’arrivait pas à trouver une minute à lui.

— Toujours aussi aimable, dit Timoléon en fermant la porte derrière lui.

— Que veux-tu ?

Timoléon avait pris son temps pour formuler sa phrase, il en avait profité pour faire le tour de la cabine. Touchant les divers objets, posés.

— Il aurait été peut-être plus judicieux de laisser les Lionnegardiens sur leur terre, dit-il en reposant un vase poussiéreux. Cillian, les deux peuples ne sont pas faits pour vivre en communauté, sans parler des risques liés à leur présence au palais.

Ce fut au tour de Cillian de prendre son temps pour répondre. Il comprenait les inquiétudes de son frère, puisque c’était les mêmes que les siennes. Il prit le temps de se servir un verre d’alcool. La bouteille était vétuste, cela devait faire des années qu’elle était rangée dans ce placard. Cillian en proposa à son frère, en montrant un verre que Timoléon refusa d’un signe de tête en grimaçant.

— Non cela n’aurait pas été plus judicieux, répondit finalement l’aîné. Il s’agit d’une stratégie. En emportant ces Lionnegardiens avec nous, nous marquons notre alliance, expliqua Cillian en agitant son verre au gré des mouvements de sa main, pour appuyer ses paroles.

— Le garçon suffisait, contredit Timoléon.

— Encore une fois, non. Sur les terres de Lionnegard, la nouvelle que le jeune Holking a rejoint Otulas va vite circuler si ce n’est pas déjà fait. S’il avait été le seul à nous suivre, les Lionnegardiens l’auraient insulté de traître. Tandis que là, le fait que d’autres Lionnegardiens et pas n’importe lesquels puisqu’il s’agit de fervents partisans de Leander, le suivent, cela appuie notre alliance, indiqua-t-il en tapotant son index sur le bureau en acajou.

— Et que fais-tu d’Edgard ? Crois-tu sincèrement qu’il va attendre sagement dans son château ? Timoléon avait soupiré en se laissant tomber dans le même fauteuil que celui qu’Isaac avait occupé la veille. Il devait être là depuis longtemps parce que la couleur rouge était passée.

— Il n’attaquera pas le palais tant qu’il n’aura pas une assez grande armée. Tout le monde est au courant qu’Edwin Holking est vivant, il n’a donc plus besoin de prendre de grand risque pour le tuer, du moins pour l’instant. Ce qui nous laisse un peu de temps de notre côté, pour nous préparer au combat, signala Cillian en reposant son verre vide.

Timoléon avait peur. Peur de tout perdre dans cette guerre. Cela ne finirait pas bien, il le savait. Il y aurait des blessés, pire encore, des morts.

— Nous ne sommes pas des guerriers, Cillian. Nous sommes des intemporels, ce qui signifie que nous sommes des protecteurs, pas des tueurs.

— Dixit celui qui voulait attaquer notre propre frère de dos, dit tranquillement Cillian. Comprends bien, Edgard ne s’arrêtera qu’une fois qu’il aura pris possession du palais d’Otulas.

Timoléon se leva si brutalement que le siège tomba à la renverse, il pointait son frère du doigt.

— Ezékiel nous a trahis, comme tous ceux qui ont rejoint Edgard. Pourquoi n’arrives-tu pas à te rendre à l’évidence ? s’écria-t-il. Toi et père êtes-vous si naïfs, si crédules, pour penser qu’il n’en est pas autrement, c’est pourtant une évidence.

Cillian ne répondit pas. Il ne répondait jamais lorsque le sujet en question était Ezékiel. Timoléon serrait ses poings devant le silence de son frère, mais il persista avec une autre question.

— Comment comptes-tu t’y prendre face à Edgard, face à ses troupes, face à Ezékiel ?

— Ce n’est pas ton problème, répondit Cillian en reprenant son verre sur le bureau pour le finir d’une traite. Son frère pouvait devenir agaçant parfois.

— Détrompe-toi ! Si tu nous impliques dans cette guerre, c’est le problème de tout le monde, réagit vivement Timoléon, les sourcils froncés.

— Je n’ai aucun compte à te rendre. Je n’ai pas à justifier de mes actions devant toi ou devant quiconque, Cillian haussa la voix en reposant une nouvelle fois son verre, avant de se lever à son tour. Si tu as un problème, tu en défèreras à notre père. En attendant, si tu n’as rien d’autre à me dire, tu peux disposer. Cillian était resté calme, sa voix était posée malgré sa colère évidente.

Timoléon serrait la mâchoire, son regard noir fusillait son frère. Il l’aurait volontiers secoué comme un prunier, pour lui enlever cet air arrogant.

— Sois sûr que je le ferai, Cillian. La vie de beaucoup trop d’intemporels dépend de tes décisions et j’estime que nous avons le droit de savoir ce qu’il nous attend au bout de ce tunnel, siffla-t-il.

— Imagine le pire et tu es encore loin de la réalité, répondit Cillian d’un ton grave et sérieux.

— Ce n’est pas ce que je veux entendre, s’écria Timoléon en tapant son point contre la commode, la même qui avait subi l’assaut d’Isaac Galaad. Décidément Cillian avait le don de s’attirer les foudres de tous ses interlocuteurs.

— Alors tu vas m’obliger à mentir.

Timoléon soupira en laissant tous ses muscles retomber. Cillian n’avait de cesse de toujours compliquer les choses. Cela ne servait à rien de continuer la conversation. Il abandonna pour cette fois.

— Si même nous, nous ne sommes pas soudés, comment penses-tu que va se dérouler cette alliance avec les humains ou avec n’importe qui d’autres ?

Sans attendre la réponse Timoléon quitta la cabine pour se retrouver sous une averse. La tempête avait éclaté. Les Thérianthropes essayaient tant bien que mal de regagner les navires, chose qui n’était pas facile avec les rafales de vent. Sur les navires, les Intemporels essayaient de contenir les vagues les plus violentes afin qu’elles ne les renversent pas. Timoléon partit se réfugier dans la cabine qui servait de salle de réunion. C’était ici, pendant ces deux mois que son frère, Maïeul, lui et quelques humains faisaient le point sur la situation et sur l’état du jeune Holking. De mauvaiseté, il donna un coup de pied dans un tabouret, celui-ci se renversa sous le choc. Il n’arrivait pas à comprendre Cillian, à comprendre ses décisions. Les discussions avec lui étaient à sens unique et ce qui était le pire pour Timoléon, c’était qu’il refusait catégoriquement de parler d’Ezékiel. Mais Cillian continuait de prendre sa défense, malgré sa traîtrise évidente. Timoléon ne comprenait pas, ça le dépassait. Maïeul qui venait de rentrer le sortit de ses pensées.

— Je suppose que ton entretien avec Cillian ne s’est pas bien déroulé ? engagea Maïeul.

— Ce n’est même plus une surprise pour personne. Cillian est devenu exactement comme Ezékiel, distant, secret, froid, prétentieux, sans oublier arrogant, siffla Timoléon en se laissant tomber sans grâce dans un fauteuil. Le pouvoir ne leur va décidément pas à ceux-là.

Maïeul connaissait bien les trois frères et il s’avérait que cela avait toujours été compliqué entre Cillian et Timoléon, depuis qu’Ezékiel était parti.

— Cela doit être difficile à gérer, d’une manière qu’aucun de nous ne peut l’imaginer. Les épreuves et les responsabilités nous changent, c’est évident. Je pense que Cillian veut te tenir à l’écart de tous ses problèmes, tout simplement.

— Ses problèmes sont ceux du palais. Je suis concerné et je suis son frère, nous devrions être unis, je pourrais lui apporter des conseils, des informations mais au lieu de cela, il me laisse à l’écart. Il critiquait la gestion des Holking mais eux avaient au moins le mérite d’être plus unis que nous.

Maïeul se passa une main sur le visage, il comprenait la frustration de Timoléon. Cillian ne divulguait presque aucune information, à personne, concernant la gestion de la guerre.

— Il doit avoir ses raisons, répondit Maïeul. Après un temps de pause il reprit :

— Si je peux me permettre Timoléon, Cillian a besoin de soutien et de loyauté, pas que nous pointions du doigt ce qu’il ne fait pas. Le temps viendra où il nous apportera des réponses, j’en ai la certitude. Aie confiance en lui.

— J’aimerais pouvoir penser comme toi, Maïeul. Mais la dernière fois que j’ai pensé comme cela, Ezékiel est parti et n’est jamais revenu. Et si Cillian faisait pareil ? S’il nous trahissait ?

— Non, il ne ferait jamais ça, contredit aussitôt Maïeul. Pourquoi aurait-il sauvé le jeune Holking dans ce cas, ça n’aurait aucun sens ?

Maïeul avait foi en Cillian.

— J’ai entendu dire qu’Ezékiel avait aidé le chevalier, le Lionnegardien là, comment s’appelle-t-il déjà, Glad, Galalad ? s’agaça Timoléon.

— Galaad. Isaac Galaad, rectifia Maïeul avec un léger sourire moqueur.

— Oui, voilà ! J’ai entendu Galaad dire à Cillian qu’Ezékiel l’avait aidé à mettre Holking à l’abri. Cela n’a pas de sens, n’est-ce pas ? Pourtant aujourd’hui, Ezékiel est dans le camp d’Edgard.

Maïeul fronça les sourcils, cette révélation était étonnante. Cela soulevait des questions.

— Et qu’est-ce que Cillian lui a répondu ?

— Qu’il ne savait pas, comme à chaque fois, il ne sait pas ou il ne répond pas. Mais je t’assure, il n’avait pas l’air surpris, Maïeul. Comme si, Cillian était au courant. Alors soit, il nous cache quelque chose ou bien il prépare une action.

— Ne pars pas sur des conclusions hâtives. Tu as peut-être mal entendu ou bien effectivement Cillian sait quelque chose que nous ignorons. En attendant, le jeune Holking est toujours vivant, Timoléon. C’est le plus important dorénavant.

— Certes. Mais rien n’a de sens, dit Timoléon en se levant pour aller regarder à travers le hublot de la cabine. Cela me pousse à me méfier de mon propre frère, souffla-t-il faisant triste mine sans regarder le thérianthrope.

Maïeul n’aimait pas voir les deux frères en froid, en sachant que durant leur jeunesse ils étaient très proches. Ezékiel avait toujours été plus distant, mais cela faisait partie de son caractère. À cette époque, Aymeri était encore au palais, c’était un bon groupe.

— Tu te souviens de ce jour où nous étions dans la forêt et nous ne cessions pas de provoquer les Jallas en voulant cueillir des fleurs. Le mâle avait réussi à attraper Cillian par la cheville et il l’avait porté la tête en bas au roi Arthémo, rigola Maïeul.

Timoléon eut un sourire amusé, il s’en souvenait bien. Leur père les avait punis pour avoir incommodé le couple de Jallas. Ils avaient bien ri.

— Tout était différent à cette époque.

— Les choses n’étaient pas plus éloignées que maintenant. Nous avons juste des responsabilités en plus. Nous avons tous beaucoup de questions qui demeurent sans réponse, mais regarde autour de toi, Timoléon. Nous sommes en vie, le jeune Holking également et Edgard n’a pas encore renversé le palais d’Otulas.

Timoléon ne répondit à Maïeul, mais ses paroles tournaient en boucle dans son esprit. Celui-ci le laissa seul avec ses pensées. À l’extérieur, Maïeul intercepta son fils et Alyssa qui traversaient le ponton sous l’averse et les fit rentrer dans la coque, à l’abri et surtout au sec.

— Puis-je savoir ce que vous faisiez à l’extérieur ? Les vagues sont puissantes, elles pourraient vous faire tomber dans la mer.

Les deux jeunes intemporels se jetèrent un coup d’œil. Aaron avait une touffe de cheveux imposante, cela faisait plusieurs mois qu’ils ne les avaient pas coupés. Son père avait voulu s’en charger, mais paniqué, Aaron avait refusé poliment, préférant que ça soit sa mère qui le fasse. Maïeul était persuadé que sa femme allait être surprise en voyant leur fils. Aaron avait beaucoup changé, tout comme Alyssa. Ils avaient grandi, surtout Aaron qui avait aussi pris en musculature. Quant à Alyssa, ses traits s’étaient affinés. Elle devenait une belle jeune femme. Ses cheveux avaient grandement poussés, ils lui arrivaient en bas des reins, de beaux cheveux bruns qui tournaient au roux sous le soleil.

— On voulait prendre des nouvelles d’Edwin, répondit Alyssa d’un air contrit. Elle n’avait pas vraiment pensé au danger que pouvait représenter la tempête et surtout les vagues.

— Myriama m’a dit que son état était stable. Il s’est réveillé tout à l’heure mais s’est rendormi aussitôt, ajouta précipitamment Maïeul en voyant Alyssa partir sans réfléchir.

— Ah, dit-elle en se stoppant net. Savez-vous quand nous pourrons lui rendre visite ?

— Je te le dirai dès que je le saurai, dit-il d’un air amusé. En attendant, restez ici. Ce n’est pas un temps pour sortir ! ordonna-t-il d’un air sévère.

— D’accord, répondit Alyssa un peu plus détendue. C’était la première bonne nouvelle depuis qu’ils étaient sur les navires et c’était celle qu’elle avait attendue le plus. Alyssa avait passé deux mois à prendre tous les jours des nouvelles d’Edwin. Lorsque la guérisseuse avait annoncé au prince Cillian qu’il était dans un état grave et qu’il n’allait peut-être pas s’en sortir, elle s’était effondrée. Et pendant ces deux mois, chaque jour la jeune femme s’était assurée que l’état d’Edwin ne s’était pas dégradé, qu’il n’était pas mort. Savoir qu’il s’était réveillé aujourd’hui après deux mois d’inconscience était un profond soulagement pour la jeune femme.

— C’est une bonne chose nous allons pouvoir découvrir le palais d’Otulas ensemble, dit Aaron, lui aussi profondément soulagé pour son ami.

— Comment penses-tu que ça va se passer au palais ? Avec les humains, Edwin et Andrews ?

Il s’agissait d’un autre point sur lequel la jeune femme était inquiète. Aaron grimaça.

— J’aimerais être optimiste, seulement Andrews… argh, je ne le sens pas cet homme. J’ai sans cesse l’impression qu’il prépare un mauvais coup.

Alyssa n’était pas rassurée non plus, elle était même plutôt inquiète. Les Lionnegardiens suivaient chacune des instructions d’Andrews, comme s’ils avaient oublié qu’Edwin était vivant.

— Je pense que nous devrions garder un œil sur lui. Il a énormément d’influence sur les autres et je ne pense pas que ça soit une bonne chose, s’exprima Alyssa en réfléchissant déjà à un plan.

— Il faudra également prévenir Edwin, acquiesça Aaron. Et peut-être même devrions-nous en toucher quelques mots au prince Cillian ainsi qu’à mon père, nous ne serons pas de trop pour le surveiller, ajouta-t-il.

— Tu as raison, allons-y maintenant. Le prince doit certainement être dans sa cabine.

— Mais Alyssa, la tempête…

— Est passée, dit-elle en ouvrant en grand la porte, allez viens !

Cillian commençait à se demander si les visites à répétition n’étaient pas un coup monté des intemporels pour lui faire payer son « invitation » aux humains. Il soupira bruyamment.

— Entrez, dit-il sèchement à l’importun.

— B-bonjour, bégaya Alyssa en entrant.

Cillian fronça les sourcils en voyant le fils de Maïeul accompagné de la jeune femme, dans l’encadrement de la porte, que pouvaient-ils bien lui vouloir. Il eut soudainement une idée.

— Si c’est pour Holking, sachez que…

— Non, ce n’est pas pour Edwin, coupa Alyssa avant de balbutier des excuses devant le regard noir du prince. L’aura du prince était oppressante.

— Nous sommes ici pour Andrews, reprit Aaron, pour vous mettre en garde plus précisément. Cet homme ne nous inspire pas confiance à Alyssa et moi, précisa-t-il.

Cillian croisa les bras en se laissant aller contre le dossier de son siège. À présent il était curieux.

— Me mettre en garde… Pourquoi ?

— Nous avons l’impression qu’il prépare un mauvais coup, reprit la jeune femme.

Le moment de silence mit très mal à l’aise les deux jeunes qui commençaient à se demander s’ils avaient bien fait de venir faire part de leur inquiétude au prince. Son silence était pesant.

— À quoi pouvez-vous justifier cela ?

— À son comportement, ses messes basses, tout ce qu’il dégage montre les caractéristiques d’un homme qui complote. Sans compter qu’il déteste notre espèce et qu’Edwin va reprendre sa place de roi. Il a beaucoup à perdre, expliqua Aaron.

Cillian hocha la tête en les regardant.

— Je vois que vous l’avez beaucoup observé. L’observation est l’une des grandes qualités chez les Thérianthropes, murmura Cillian, plus pour lui-même que pour les deux jeunes.

— Aaron, c’est ça ?

Le jeune homme hocha la tête.

— Je vais vous charger de garder un œil sur Andrews et de me rapporter tout ce qui vous semble suspect. Je compte sur votre discrétion.

Aaron avait les yeux qui pétillaient d’anticipation, c’était pour lui un honneur d’avoir une mission confiée par le prince lui-même.