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L'élevage désigne «l'ensemble des opérations qui assurent la production, l'entretien et l'utilisation des animaux domestiques» (P. Veyret). Il suppose résolu le problème de la domestication, étape intermédiaire entre la chasse et l'élevage (cf. domestication ). Pourtant ce stade existe encore aujourdhui...
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Seitenzahl: 65
Veröffentlichungsjahr: 2016
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ISBN : 9782341003360
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L’élevage désigne « l’ensemble des opérations qui assurent la production, l’entretien et l’utilisation des animaux domestiques » (P. Veyret). Il suppose résolu le problème de la domestication, étape intermédiaire entre la chasse et l’élevage (cf. DOMESTICATION). Pourtant ce stade existe encore aujourd’hui : les Yakoutes, éleveurs de rennes, capturent au lasso des bêtes à demi sauvages pour augmenter leurs troupeaux déjà soumis. Mais, dans la plupart des civilisations, les origines de la domestication et de l’élevage se confondent avec les origines mêmes de l’histoire et des mythes les plus anciens. Abel était berger. Le don de Jacob à Esaü consiste en « deux cents chèvres et vingt boucs, deux cents brebis et vingt béliers, trente femelles de chameaux et leurs petits qu’elles allaitaient, quarante vaches et dix taureaux, vingt ânesses et dix ânes » (Genèse, 32). Les peintures murales égyptiennes nous montrent à la fois les taureaux sauvages, les chèvres broutant les feuilles des arbres, la traite des vaches et le bétail attelé à l’araire.
Aussi bien les élevages du monde restent-ils très divers. Les types principaux sont aussi des stades dans l’évolution économique de l’élevage : au type pastoral, élevage par de purs bergers, s’opposent l’élevage agricole, mis au service des champs, et surtout l’élevage industriel, reposant sur des techniques scientifiques, qui est destiné au commerce des villes et de l’industrie.
Les progrès qui conduisent à l’élevage commercial et intensif restent l’apanage d’un petit nombre de pays. Ils supposent des moyens industriels, financiers et scientifiques qui sont loin d’être universellement répandus. Beaucoup d’élevages restent archaïques, et des millions d’hommes demeurent à l’écart de la grande consommation. Les conditions naturelles ne constituent pas l’obstacle principal. Le progrès exige surtout une transformation de mentalité des éleveurs, seuls capables d’améliorer leurs herbages, leurs troupeaux et leurs produits. Parmi bien d’autres techniques très anciennes, l’élevage porte témoignage des forts contrastes qui caractérisent l’évolution des différents peuples.
On est réduit à des hypothèses sur les raisons qui ont poussé l’homme à élever des animaux. Sans doute, les motifs utilitaires, aujourd’hui prédominants sinon exclusifs, ont-ils toujours existé : l’animal domestique est une source d’énergie, un moyen de transport, un fournisseur de nourriture, de vêtements et d’abri. Mais il convient de se souvenir que les vieilles civilisations ont vu bien autre chose dans l’animal. L’Égypte a sacralisé les bovins ; le culte des animaux y prit des proportions extraordinaires, avec les sépultures somptueuses des taureaux Haphis (ou Hâpî, Apis) à Memphis. Dans la mythologie grecque et romaine, les dieux se font bergers, les bêtes nourrissent les dieux ; l’animal domestique reste animal de sacrifice et emblème sacré.
Il subsiste encore, en dehors de la civilisation industrielle, quelque chose de cette attitude religieuse ou superstitieuse à l’égard du bétail. Le cas le plus remarquable est celui de l’Inde où des bovins sacrés vivent tant bien que mal aux portes des temples. Si l’Afrique noire n’adore pas le bœuf, elle le révère et l’entoure de tous les soins. À Madagascar, l’élevage des bovins est placé au-dessus de toute activité : « Qui n’a pas de bœuf ne peut se marier ni invoquer les dieux et obtenir leur faveur » (P. Veyret). On a pu dire que les bœufs étaient les vrais maîtres du pays dans le Sud malgache, et le vol du bétail y est considéré comme le plus noble des exercices. De même les Peuls, grands éleveurs de la savane soudanaise, possèdent des troupeaux pour des raisons qui sont loin d’être seulement économiques : s’ils accroissent « leur capital », c’est autant pour s’ennoblir que pour s’enrichir ; ils aiment leurs troupeaux et l’on a qualifié à juste titre ces élevages de « sentimentaux ».
Vaches sur la route, Rājasthān. Traditionnellement, les vaches sont sacrées en Inde et évoluent en liberté. (A. Jackson/ Shutterstock)
L’évolution des techniques précipite pourtant une évolution à peu près universelle. L’élevage sacré tend à disparaître et l’élevage sentimental plaçant le pasteur au service du troupeau prend figure d’archaïsme. On élève de moins en moins le bétail pour lui-même ou pour la force qu’il représente, mais pour en tirer des matières premières. Si les techniques utilitaires progressent rapidement, l’élevage s’adapte cependant moins facilement que l’agriculture proprement dite au progrès scientifique et technique. Il est plus difficile de mécaniser le travail de l’éleveur, et la standardisation des produits de l’élevage est loin d’être générale : l’animal domestique se plie moins facilement que les végétaux à l’industrialisation.
On parle de vie pastorale lorsque les troupeaux ne vivent qu’en plein air et exclusivement de la végétation spontanée. Cette forme de vie sur les pâturages est la plus « naturelle » de toutes ; elle apparaît à chaque page de la Bible et elle est sans doute la plus ancienne. Elle reste caractéristique aujourd’hui des régions sans agriculture. On utilise ici le tapis végétal naturel, ou plus exactement subspontané : les herbes à renne de la toundra, le sous-bois de la taïga, les savanes et les steppes, les herbes éphémères (acheb du désert). Les pasteurs se contentent de favoriser la croissance de l’herbe, en détruisant par le feu les espèces ligneuses ; d’où ces formations végétales « secondaires », nées véritablement de la vie pastorale : savane aux herbes courtes, garrigues et maquis méditerranéens, landes rases des régions tempérées océaniques. Mais on prévoit rarement des réserves de fourrage et des abris pour le bétail. Dans ces conditions, l’élevage est soumis directement au climat et à son rythme saisonnier. Dans la forêt tropicale où l’abreuvement du troupeau pose moins de problèmes, la présence des glossines – mouches tsé-tsé – empêche tout élevage véritable.
On parlera de nomadisme pastoral lorsque les troupeaux se déplacent périodiquement et que le groupe humain, qui vit sous la tente, suit le bétail. Mais il n’y a rien d’anarchique dans cette recherche des pâtures et des points d’eau. Ainsi les Touareg de la boucle du Niger ont un rythme à quatre saisons. Au début des pluies (juillet-août), la dispersion des tentes commence. À la fin de cette saison pluvieuse, les troupeaux d’une même tribu sont épars sur de grandes étendues, surtout les troupeaux ne produisant pas de lait qui peuvent être fort loin du campement. Puis vient la saison sèche et le repli vers la vallée. Enfin, dans la période la plus pénible, aride et chaude, de février à juin, hommes et bêtes se tiennent littéralement au bord d’un fleuve. Même en plein cœur du désert saharien ou arabique, les migrations obéissent à des règles saisonnières empiriques, résultats d’observations minutieuses et de choix traditionnels.
Les grands nomades, purs pasteurs, sont devenus de plus en plus rares. Ils incarnaient un système de valeurs qui n’a plus guère de place dans le monde d’aujourd’hui : indépendance, liberté personnelle, acceptation de la seule loi du groupe. On a bien montré cette personnalité de base du nomade dans le cas des Peuls : maîtrise de soi, contrôle des émotions, désir de liberté. Le troupeau est, précisément, le moyen vivant de jouir de la vie libre sur les pâturages immenses.