Émergence - Tome I - Jérémy Cohan - E-Book

Émergence - Tome I E-Book

Jérémy Cohan

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Beschreibung

Seul survivant du sanctuaire Alpha, Jérémy se réveille dans un monde dévasté par la guerre nucléaire. Désormais, sa survie sera un combat de tous les jours et ses choix façonneront le sort de ce nouveau monde…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jérémy Cohan a été membre d’un escadron spécialisé dans l’armement nucléaire au sein de l’armée de l’air. C’est de cette expérience que naît Émergence, tome I, un nouveau monde.

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Jérémy Cohan

Émergence

Tome I

Un nouveau monde

Roman

© Lys Bleu Éditions – Jérémy Cohan

ISBN : 979-10-377-3177-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À ma compagne et mes enfants

Seuls les morts ont vu la fin de la guerre…

Platon

Hiver 2032, l’Europe du 21e siècle est plongée dans une ère de paranoïa et de manie semblable aux années 50. Le gouvernement français est devenu de plus en plus agressif et militant envers ses ennemis, aussi vrais qu’imaginaires. Les autres puissances mondiales vont de plus en plus mal. Quand les réserves de carburant fossile de toute la planète ont commencé à s’assécher et la production d’énergie nucléaire à ralentir, la population est devenue désespérée.

Les États-Unis sont tombés, en 2049, alors que les ressources naturelles de la planète s’amenuisaient ; ce qui fut le premier pas vers la chute de nombreux petits pays. L’Europe et le Moyen-Orient se déchirèrent dans un conflit pétrolier.

Fin 2057, les USA fermèrent leurs frontières lorsqu’une nouvelle souche de Covid-21 fut découverte et qu’une bombe nucléaire artisanale détruisit Tel-Aviv.

Début 2058, la France anticipa les prémices d’une guerre nucléaire en créant le projet White Earth. Ce projet financé par des liens douteux fut responsable de la création de grands abris antinucléaires souterrains plus connus sous le nom de Sanctuaire.

En 2061, le Moyen-Orient fut à court de pétrole, ce qui provoqua la fin de la guerre européenne. La communauté européenne se sépara, entraînant de petits pays à s’entre-tuer pour les dernières ressources terriennes.

Durant l’hiver 2068, la Chine attaqua l’Alaska pour ce qui semblait être les dernières gouttes de pétrole dans le monde. La guerre dura 2 ans et, dans la matinée du 17 janvier 2070, le ciel fut chargé de missiles nucléaires… Personne ne sut vraiment qui avait commencé et après 3 heures de bombardement nucléaire personne ne voulait le savoir…

Chapitre 1

Un nouveau monde

Vous allez voir, ce n’est pas du tout ce à quoi vous pensez. Le sergent-chef Hélians expliqua que l’abri Sanctuaire Alpha était l’un des complexes les plus modernes et était équipé pour être entièrement autonome pour les deux prochains siècles. Réacteur nucléaire, salle de culture hydroponique et purificateur d’eau.

Ils prirent l’ascenseur, débouchèrent sur un corridor où le militaire tâtonna longuement et actionna en vain un interrupteur avant de lâcher :

— Et merde… Encore en rade, ça fait ça quand c’est neuf.

Ils s’avancèrent dans la pénombre, palpant la rambarde de sécurité à grand bruit. Lorsque le militaire eut enfin trouvé le second interrupteur et eut appuyé dessus, il vit que les enfants avaient une mine décomposée.

— Ça ne va pas, les enfants ?

— Peur du noir. C’est rien.

Ils visitèrent les lieux. C’était un abri antinucléaire de 2000 m2. Bien qu’il ne s’ouvrait, sur l’extérieur, que par une seule et unique entrée située au plafond, tous les murs étaient d’un blanc immaculé et il y avait des câbles partout… Cependant, ils n’allaient pas faire les difficiles. Deux jours plus tard, il s’installait dans l’abri antinucléaire Alpha avec sa femme, Laure, et leurs deux enfants, Maël et Louise.

— Ça ne me plaît pas trop l’idée de vivre en communauté, annonça Laure en remontant ses lunettes, on va pouvoir recommencer une nouvelle vie, c’est comme si on devait vivre dans un hôtel.

— Où sont nos chambres ? demanda Louise.

— Tout au fond à gauche

— Tu connais du monde ici ? reprit Laure.

— À part le sergent-chef, non, pas vraiment. Nous avons fait nos classes ensemble à l’armée puis nous nous sommes perdus de vue. Je crois que c’est grâce à lui que nous avons une place dans cet abri…

Jérémy demeura songeur. Au final, il ne connaissait pas vraiment son bienfaiteur.

Une puissante détonation l’arracha de ses pensées, les murs tremblèrent. Un court instant, la vie s’arrêta dans l’abri.

— Pas de panique, annonça le sergent-chef, vous êtes tous à l’abri et ne craignez rien en ces murs. Il s’agit d’explosion nucléaire en effet mais…

Un épais morceau de plafond se décrocha et écrasa le sergent-chef, les murs se lézardaient, laissant entrevoir les entrailles de l’abri. Un mouvement de panique s’empara des survivants et ainsi commença la fin de notre monde. Jérémy voyait l’abri s’écrouler tout autour de lui, mêlant hurlement de terreur et fracas assourdissant, il traversa la section des appartements et attrapa Maël par le bras, tout va bien ? Où est Louise ?

— Je ne sais pas, partie avec maman, répondit-il apeuré.

— Reste avec moi, on va retrouver maman et Louise, ajouta Jérémy en se voulant rassurant.

Ils entrèrent dans la cafétéria, une partie du sol s’était affaissée, avalant les meubles et certainement les pauvres innocents qui s’y étaient réfugiés. Des traces de sang parcouraient les murs jusqu’à l’issue de secours. Certains ont dû s’en sortir, pensa Jérémy en scrutant le gouffre face à lui.

Il prit Maël dans ses bras et noua son pull autour d’eux. Ils commencèrent la traversée. En longeant le mur, il se dit qu’il y avait certainement un moyen d’atteindre la porte menant aux escaliers de secours. Maël se cramponnait du mieux qu’il pouvait, ses ongles solidement enfoncés dans les épaules de son père. Plutôt souffrir que de mourir, Jérémy se répétait cette phrase en silence, le sang bouillait dans sa tête et ses gestes étaient incertains, décomposés, au ralenti. Ils atteignirent enfin la porte, il posa Maël sur une chaise.

— Tu ne bouges pas de là, je vais ouvrir la porte.

— Maman est derrière ? et Louise ?

— Je ne sais pas mon cœur, j’espère…

Jérémy, enfonça la porte de l’épaule une première fois, puis une deuxième, ce n’est qu’à la quatrième fois qu’elle s’ouvrit dans un grincement strident. Maël s’approcha de la porte entrouverte.

— Papa, est-ce que maman est morte ? Papa ? Louise aussi ?

— Mais non, mais non mon cœur, qu’est-ce que tu racontes comme bêtise !

Jérémy était dévoré par l’angoisse, il se pencha pour examiner la cage d’escalier. Il lui semblait distinguer un halo de lumière un peu plus bas. Il progressait à travers la pénombre suivant les traces de sang qui maculaient les murs et le sol. Un bruit de machine attira son attention, comme un sifflement mais plus lourd. Jérémy poussa la lourde porte, une vive lumière l’aveugla. La voix fluette de son fils résonna du haut des escaliers.

— Ça y est, on est dehors papa ?

— Je… je ne sais pas mon cœur, je reviens te chercher et on va aller voir, dit-il en se retournant. Cependant, face à lui, un écriteau recouvrant le mur indiquait : ATTENTION SALLE DU RÉACTEUR. ACCÈS INTERDIT AU PERSONNEL NON AUTORISÉ.

Une sensation de malaise l’envahit, le bombardement avait certainement endommagé le réacteur… Son sang ne fit qu’un tour :

— Maël ! Cours ! Cependant, aucune réponse en retour, alors il s’élança dans l’escalier, le cœur du réacteur entra en fusion, la sensation de mal-être s’accentua. Jérémy venait d’être exposé à une forte dose de rayon gamma, une brusque toux le força à s’arrêter, du sang… Les murs et le plafond avaient soudain un effet de recul, il s’écroula lourdement contre les marches, balbutiant les prénoms de ses enfants, le goût du sang dans la bouche…

— Maël… Louise…

L’oxygène s’amenuisait dans les ruines, la lueur de la torche faiblit et ne tarda pas à s’éteindre. Une écœurante odeur de haillons et de graisse s’en dégageait.

Épuisée par les recherches de matériels, l’escouade de l’alliance de fer avançait prudemment, la pulpe des doigts effleurant là où les yeux fatigués ne distinguaient plus rien.

— 210 mètres sous terre, on est plus très loin, déclara le capitaine d’expédition en vérifiant d’une main ferme la solidité des cloisons qui retenaient la masse de gravas dont l’épaisseur les isolait du monde extérieur.

Le sergent-lancier prit la parole :

— Capitaine, j’ai du mouvement sur mon capteur, trois formes de vie à quatorze mètres en direction de l’objectif, demande conduite à tenir.

— Reçu, sergent ! vérifiez les cibles, engagez le combat si nécessaire, pas de prisonniers.

Le groupe d’attaque s’avança et enfonça les portes lorsque des hurlements inhumains retentirent brusquement dans l’aile sud de l’abri, l’équipe avança prudemment fusils d’assauts prêts à cracher des rafales de calibres 5.56. Les hurlements gagnant en force au fur et à mesure qu’ils s’avancèrent, l’air moite et chargé en radioactivité leur brûlait la gorge, ils s’immobilisèrent au milieu d’une vaste pièce. Trois corps méchamment déformés par la radioactivité semblaient pris de spasme, ils bavaient un mélange de sang coagulé et de bile gastrique.

— Putain, ce sont des goules sauvages ! Plus un bruit ! ordonna le sergent-lancier. Les goules, autrefois de simples humains dont la radioactivité avait entraîné le pourrissement du cerveau et ainsi provoqué la folie, semblaient être en quête de nourriture ou erraient sans but tout simplement.

— Que fait-on ? Il n’y en a que trois, on peut les abattre facilement sergent, proposa un des soldats.

Il acquiesça et aussitôt, la pièce fut illuminée par les rafales d’armes automatiques, les corps déchiquetés s’écroulèrent sur place baignant dans leurs viscères. L’escouade reprit sa route jusqu’au cœur du réacteur. Des hurlements lointains retentirent dans les entrailles de l’abri, tandis qu’une immense déception s’empara du groupe.

— Fais chier, le réacteur est mort, on a rien à rapporter à part trois culs pourris de goules crevées !

La patience du sergent avait atteint ses limites. Alors qu’il ordonna le retrait de ses hommes, le caporal Mills l’interpella.

— Sergent, regardez là, il y a le corps d’un résident de l’abri.

— Impossible, cet abri est en ruine depuis au moins quarante ans. Alors qu’il examina le corps en question, une sueur froide coula le long de son échine, Impossible !

— Il… Il est en vie, mais comment est-ce possible ?

Le capitaine prit la suite et ordonna une évacuation d’urgence, l’escouade quitta l’abri avec un homme de plus et embarqua à bord de l’hélicoptère d’évacuation. Les infirmiers examinèrent la trouvaille de l’escouade et, au grand étonnement des équipes médicales, l’individu récemment trouvé n’avait aucun pouls, aucun rythme cardiaque et présentait une forte contamination radioactive mais était bien en vie. Le médecin-chef se retourna vers le capitaine et demanda :

— Que voulez-vous en faire ? Je n’ai jamais vu un cas similaire : il présente tous les symptômes d’une goule mais a conservé l’apparence d’un homme. En clair, il a dû vivre avant les bombardements et a donc une trentaine d’années physiquement alors qu’en théorie il devrait en avoir au moins soixante-dix.

— Nous allons l’emmener au commandant en chef et le placer en isolement, Le capitaine s’approcha discrètement de l’oreille du médecin-chef, et si tu pouvais ne pas mentionner sa contamination radioactive dans ton rapport pour que je puisse l’interroger ça serait cool de ta part. Il glissa quelques tickets de rationnement dans sa blouse puis s’éloigna.

— Tu peux compter sur moi, comme toujours.

— Merci, Maël, on se voit demain pour le bilan de santé.

Il quitta la pièce, se pencha en admirant la vue du monde postapocalyptique qui l’entourait. Le vieux centre commercial Alma était devenu une des principales bases de l’alliance de fer. Malgré les bombardements, sa structure robuste lui avait permis de rester debout. L’hélico se posa brusquement, la journée prenait fin et son service avec. Il pensait à un bon verre de vodka, tout en regardant son étrange compagnon s’éloigner vers les cellules médicales.

Chapitre 2

L’alliance de fer

Note : Peu de temps après les bombardements, les différents corps d’armée se rassemblèrent sous la même bannière, l’alliance de fer. L’ensemble des armées établirent leur base principale sur la base navale de Brest. Gérant la région Bretagne d’une main de fer, l’ADF chassa la horde de goules du centre de Rennes avant d’y établir un nouvel avant-poste.

1 h 15. La respiration de Jérémy est soutenue, calme. Les machines maintiennent son cerveau dans un sommeil profond, limpide et flou ou rien ne peut parvenir du monde qui l’entoure. Il ne rêve pas mais comme la lave d’un volcan remontant les chambres magmatiques les remous de son subconscient essaient déjà de franchir le barrage chimique des machines. Cela se voit aux imperceptibles mouvements de ses paupières qui frémissent. Jérémy ne va pas tarder à passer du sommeil profond au sommeil paradoxal, cette phase où les souvenirs d’une vie passée dans son inconscient vont se déchaîner. Des clichés sombres et froids : un abri vide, des taches de sang éclaboussant les murs, les hurlements de ses enfants. Petit à petit, tout se rassemble et se met en mouvement. Soudain, les poings de Jérémy se resserrent. Quelques gouttes d’adrénaline se répandent dans son sang et dilate ses artères. Ça y est, il ouvre les yeux, la chambre lui est inconnue, un léger courant d’air soulève les lames en plastique de la ventilation murale. Tels les réflexes archaïques d’un nouveau-né, Jérémy tente de se relever, ses membres sont lourds et maladroits, après quelques minutes il se redresse, sa colonne, endolorie par l’immobilité durant quatre décennies, craque à chacun de ses mouvements. Une vive lumière blanche l’aveugla lorsqu’il pénétra la salle de bain, soudain il aperçut, un monstre juste à côté de lui, le visage blafard, le regard vide dénué de vie semblait l’observer. Il réalisa alors qu’il s’agissait de son propre reflet, mais comment était-ce possible ? Il ne se souvenait que de l’explosion au sein de l’abri puis le noir total. Il se concentra davantage, comment avait-il fait pour survivre ? Où étaient sa femme, ses enfants ? La colère et la peur l’envahirent, il agrippa fortement le rebord en email du lavabo, les lumières grésillaient violemment au-dessus de sa tête, les parois de sa cellule commencèrent à se lézarder mais que lui arrivait-il ? Une voix lointaine l’arrache de ses sombres pensées, sûrement l’équipe de sécurité.

— Ne le tuez pas ! Le sergent veut pouvoir l’interroger, administrez-lui un tranquillisant. Jérémy reconnut la voix du médecin-chef, il se retourna et vit un groupe de cinq soldats dont ce Maël, un homme d’une quarantaine d’années portant une blouse blanche médecin de l’alliance de fer.

— Calmez-vous, je sais que tout cela peut paraître effrayant, mais nous ne voulons que votre sécurité.

Jérémy analysa la situation, même s’il avait servi autrefois dans l’armée, il savait que face à une équipe aussi lourdement armée, il valait mieux coopérer, il s’asseyait sur le bord du lit.

— J’ai beaucoup de questions…

— Oui, j’imagine, laissez-nous. Lieutenant Karaah veuillez transmettre au commandant que notre invité est réveillé.

L’équipe se retira, le lieutenant acquiesça l’ordre avant de refermer la porte. Maël s’empara de son bloc-notes et se retourna.