Encelade - Sylvain Girard - E-Book

Encelade E-Book

Sylvain Girard

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Beschreibung

En 3099, lorsque la NASA annonce une catastrophe humanitaire et climatique sans précédent, l'ensemble de la population doit trouver des solutions pour rester en vie. Tout comme pour Amos et le reste de sa famille, la survie n'est pas évidente et nécessite des sacrifices. Un nouvel ordre est alors instauré et bouleverse l'organisation que nous connaissons jusqu'à présent. Ce nouveau fonctionnement planétaire dissimule une vérité bien plus effroyable..

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Seitenzahl: 205

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué à la réussite de ce projet, notamment ma correctrice Caroline, pour son travail remarquable et sa qualité d’analyse. Merci pour vos précieux conseils.

Merci à ma famille d’avoir cru en moi, et de m’avoir livré vos expériences.

Et enfin merci à ma femme, de m’avoir soutenu tout le long de mon écriture, ma première lectrice…

« Le Monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire »

Albert Einstein

Table des matières

Partie 1 Cycle Solaire 3141

I. La traversée

II. Extinction

III. Ariel

IV. La crypte

V. Sous terre

VI. Suivre les balises

VII. La rencontre

VIII. Un morceau de papier

IX. La Zone

X. Retourner là-bas

Partie 2 Jugement Dernier

XI. Anton

XII. AISH

XIII. Franck

XIV. Révélation

XV. Une alternative

XVI. Un espoir

XVII. Seuls

Partie 3 Renaissance

XVIII. De l’autre côté

XIX. Adonis

XX. Il l’aurait souhaité

ENCELADE

PARTIE 1 : CYCLE SOLAIRE 3141

I. La traversée

L’Été. Amos avait pu le prédire depuis quinze jours : ils auraient atteint cette période si lui, son frère et sa mère avaient vécu au millénaire précédent. Mélia n’avait cessé de le lui apprendre depuis tout petit. À quoi pouvait ressembler notre monde d'avant ? « Des saisons », lui avait-elle expliqué. « Dans le temps, le peuple aimait la beauté de notre Terre, un ciel lumineux et magnifique, des couleurs resplendissantes », pouvait-elle lui dire.

Amos avait toujours été très curieux, n'ayant rien vécu d’autre que les cycles solaires et l’ère glaciaire de son époque.

Amos était un jeune Homme d’une vingtaine d’années. Avec sa mère, Mélia, et son frère, Ariel, il résidait sous terre, dans leur foyer qu’ils avaient appelé leur crypte. Les murs qui composaient cette crypte pouvaient être bien plus larges qu’un homme de taille d’adulte. Cet endroit, Amos l’avait connu toute sa vie. Il savait qu’il ne devait jamais en sortir pendant les radiations solaires. Chaque matin, avant que son frère et lui n’aillent chercher les provisions en direction du Nord, par plusieurs heures de marche, Mélia leur répétait : « Souvenez-vous, vous devez impérativement être revenus avant dix-neuf heures, le moindre premier rayon de soleil sur votre peau vous serait fatal ». Amos se contentait de hocher la tête.

Chaque journée était composée de plusieurs cycles. Le cycle glacial débutait dans la nuit et prenait fin à l’aube. En fin de journée surgissaient les premiers rayons de soleil, prémisses de l’apparition des radiations solaires extrêmes. En journée, la température extérieure pouvait atteindre jusqu’à moins quarante degrés. Les rayonnements solaires, eux, étaient d’une chaleur insoutenable, pouvant calciner une peau humaine en l’espace de quelques minutes.

Chaque jour, Amos et Ariel devaient se rendre en direction du Nord. Ils y trouvaient différentes denrées alimentaires, ainsi que de quoi boire. Du milieu qui l’entourait, Amos n’avait jamais connu que des bâtiments effondrés et délabrés, sans aucune végétation ni aucune once de vie sauvage. Il ne restait aujourd’hui du Monde qui l’environnait plus que les vestiges d’une civilisation qui fut pratiquement éteinte.

Amos et son frère devaient traverser chaque jour une immense route plate, s’étendant sur une très large distance, et jonchée de part et d’autre de roches et de cailloux en morceaux. Ils apercevaient d’immenses immeubles écroulés sur le sol, et ne restait que des débris de fondations, des éclats de verre. Ils ne déviaient que très rarement de leur route, se contentant de suivre leur destination. Au fil des années, Ariel avait repéré plusieurs chemins leur permettant de retourner à la crypte, mais c’est néanmoins Amos qui l’avait guidé par l’endroit le moins dangereux pour eux, même s’ils devaient perdre un temps considérable. Amos avait appris à se repérer d’une rapidité inconcevable, alors qu’il fallut à son frère plusieurs mois d’adaptation.

Le Monde dans lequel évoluaient Amos et son frère était quelque peu impressionnant. Lorsque les radiations commençaient à s’abattre sur le globe, le ciel virait d’un blanc extrêmement lumineux, nocif pour quiconque le regardait quelques instants. Ainsi, quand la froideur apparaissait, le ciel laissait place à un noir assombrissant, rappelant l’effet d’étoiles mortes.

« Tu ne trouves pas cela bizarre ? » demanda Amos. « Quoi ? » répondit son frère. « Toutes ces provisions que nous rapportons, qui est censé nous les amener ? Pourquoi sommes-nous les seuls à connaître cet endroit ? » « Je ne sais pas, lui dit son frère, mais nous ne sommes pas les seuls. Tout ce que je peux te dire, c’est que cette nourriture est l’unique chose qui nous garde en vie. »

Amos et Ariel se dirigeaient vers le Nord, leur pas étant de plus en plus lourd et douloureux. Ariel était le plus âgé des deux, et avait toujours eu un immense respect pour Amos, qu’il considérait comme étant le plus combatif, physiquement et mentalement. « Nous y sommes presque », dit Ariel.

Lorsqu’ils arrivèrent sur place, et comme chaque jour depuis leur première venue se trouvait une grande cage en bois avec plusieurs compartiments ; l’ensemble était rempli de nourriture, de gourdes d’eau et de sacs de glace. Sur le côté était disposé un transpalette, leur permettant de transporter le tout pour le chemin du retour.

Les vivres que rapportaient Amos et son frère étaient en réalité des sortes de rations lyophilisées. Les sachets qui contenaient cette nourriture comportaient tous la même inscription qu’ils n’avaient pas encore pu décrypter. Au fil du temps, ils avaient essayé tant bien que mal de faire recongeler l’eau que contenaient ces sacs de glace, en les rapportant à l’extérieur, chaque matin. Néanmoins, ni Amos ni son frère et leur mère n’avaient pu réussir. La matière qui entourait ces sacs ne permettait pas de recongeler l’eau. Pire même, ils avaient l’impression qu’elle s’évaporait lentement au travers de cette matière. Il était certain qu’ils n’en connaissaient pas sa composition.

Amos était devenu un jeune Homme assez robuste physiquement, du moins plus que son frère. Cela étant, Ariel souhaitait tirer le transpalette lui-même afin de maintenir sa forme physique. Il pensait que c’était à lui, l’aîné, de le faire.

« Comme d’habitude, dit Ariel ; tu te charges de mettre les provisions et les sacs sur le monte-charge et je le ramène jusqu’à la crypte ». Leur marche durait habituellement trois bonnes heures, leur permettant de rester constamment en mouvement. « Je ne comprends pas, se questionnait Amos ; nous n’avons pas vu les Frénétiques depuis bien longtemps ». « C’est bien mieux comme ça », répondit son frère.

Arrivé à la crypte, Ariel laissa le transpalette devant l’entrée et avec l’aide de son frère, il prit les vivres, l’eau et la glace pour les descendre jusqu’à la pièce principale, où étaient placés trois matelas à coucher, une table et quelques bougies. Le transpalette était laissé chaque jour à l’extérieur de la crypte, et finissait brûlé par les radiations solaires. De toute évidence, il était impossible pour eux de le descendre, l’espace étant trop petit pour le contenir. Amos disposa les denrées alimentaires sur la table et craqua une allumette pour éclairer quelque peu la pièce. Amos, Ariel et leur mère prenaient leur repas chaque jour à dix-huit heures. Lors du dîner, Amos revint une nouvelle fois à la charge : « Nous ne les avons toujours pas croisés aujourd’hui », dit-il à sa mère. « Ils sont peut-être morts », fit-elle. « Je n’en suis pas certain ».

Depuis sa naissance, Amos n’avait jamais connu d’autre entourage que sa famille. Il se demandait s’il n’en existait pas d’autres, quelque part, comme eux ; se cachant sous terre et espérant la rédemption.

Ariel n’arrivait plus à emmagasiner toute cette force de caractère qu’il avait lorsqu’il s’était retrouvé dans cette crypte pour la toute première fois. Dès lors qu’il avait atteint un âge assez élevé pour comprendre son entourage et se faire sa propre raison, il avait rapidement perdu tout espoir, comprenant que le Monde dans lequel il vivait était voué à les faire disparaître, lentement. Ariel s’était simplement résigné à sa situation, n’envisageant qu’une mort certaine dans un futur relativement proche.

Un soir, lorsqu’Amos avait l’âge de quinze ans, Ariel s’était isolé seul dans la crypte, n’ayant à peine discuté avec Mélia. Comme plusieurs fois au fil du temps, il commençait à pleurer, réfléchissant à la situation de sa famille, et essayant de trouver comment ils pouvaient se sortir de là. Sa mère s’était approchée de lui lentement, avant de lui tapoter son épaule pour lui faire face « Qu’y a-t-il, mon garçon ? » lui avait-elle dit. « Je n’ai plus la force de me battre, à quoi bon continuer, mère ? Ces radiations auront raison de nous tôt ou tard. » Amos s’était alors approché de lui lentement, et lui tendit de sa main droite une petite pierre qui avait la forme d’un visage souriant, qu’il avait certainement récupéré lors d’une traversée. Sans dire un mot, le visage d’Ariel s’était adouci, avant que celui-ci n’esquisse un léger sourire. Il prit Amos dans ses bras « Mais comment peux-tu être si fort Amos ? » Ce dernier le repoussa légèrement pour lui faire face, son visage pratiquement collé au sien. « Tu dois te battre grand frère, te battre pour nous. Je serai là, quoiqu’il advienne, jamais je ne t’abandonnerai. » Sur ces mots, il se releva avant de lui tendre sa main pour qu’Ariel se relève.

Amos n’avait ressenti que très rarement la peur, ayant grandi depuis tout petit sur une planète hostile.

Les Frénétiques étaient ceux qui l’effrayaient le plus. Un jour en arrivant aux réserves, après la traversée, son frère et lui avaient aperçu au lointain un groupe d’individus, lesquels tenaient des lances en bois pointues. Amos avait cru voir au loin que leur visage était recouvert de sang. Ils formaient un groupe d’au moins cinq personnes. C’était le seul jour où son frère et lui n’avaient pas pu rapporter les provisions. À reculons, ils s’étaient cachés derrière une sorte de muret en béton assez long, qui devait certainement délimiter une route autrefois, afin de ne pas être repérés. L’un du groupe proféra : « De la nourriture ! De l’eau ! Cela fait trop longtemps que nous attendons ! » « Arès, lança l’un d’eux, nous n’aurons pas assez pour nourrir tout le monde. Qu’allons-nous faire maintenant ? Je refuse que tu me tournes le dos, je refuse de me soumettre à tes ordres une nouvelle fois ! ». Il attendit quelques instants « Oui mon frère, tu as raison. » Face à cette preuve d’insubordination, ce dernier tourna alors lentement la tête, puis se pencha en avant, la main sur l’épaule de l’individu et le transperça avec sa lance, du sang jaillissant de son abdomen.

« Nous sommes les Frénétiques » ! hurla Arès. Puis, le groupe repartit en emportant les provisions dans la direction opposée d’Amos et son frère. Depuis ce jour, il n’avait jamais oublié cette scène.

« Cela fait bientôt deux ans », dit-il. Sa mère prit sa montre automatique et regarda l’heure : dix-huit heures cinquante-sept.

« Bon, dit-elle, c’est l’heure ». Comme à son habitude, Amos éteignit les bougies et ils se mirent tous les trois sur leur matelas, les sacoches de glace serrées contre leur corps, en attendant l’arrivée des premières radiations.

Même dans le noir le plus complet, sous terre et entouré de murs en pierres aussi épais, Amos sentit la chaleur envahir la pièce, les sacs de glace fondant en quelques minutes, mais leur permettant de ne pas suffoquer sous l'atmosphère ambiante.

Chaque nuit, Amos ne cessait de se demander pourquoi cet emplacement, au Nord, leur permettait de récupérer des provisions. Comment parvenaient-elles à cet endroit ? Comment étaient-elles disposées là ? Qui pouvait bien leur venir en aide ?

Il pensait qu’il ne pouvait répondre à cette question qu'en allant sur place, seul, ou avec son frère, avant l’arrivée de ces vivres, afin d’éclaircir ce mystère.

« Mère », dit-il. « Oui ? » « Pourquoi ne jamais venir avec nous, récupérer ces vivres ? » Mélia prit un temps de réflexion : « Tu sais, finit-elle par dire, si jamais il devait y avoir quelque chose, quoi que ce soit, qui fasse que vous ne puissiez pas rentrer toi et ton frère, je préférerais vous savoir tous les deux, à lutter pour vos vies et récupérer le peu de ces provisions que vous trouveriez. Ne revenez pas pour moi, Amos. Tu sais, poursuivit-elle, j’ai la conviction la plus profonde que tu pourras accomplir ce que personne n’a encore pu faire. »

Même s’il n’avait pu comprendre cette dernière phrase, Amos parvint finalement à s’endormir sous la chaleur écrasante de l’atmosphère extérieure.

Le lendemain, comme chaque matin, Mélia donna l’alerte à Amos et son frère, en vue de se préparer pour le départ. Comme tous les jours, elle laissa sa montre à l’aîné, afin de s’assurer de bien respecter les heures indiquées.

Quatre semaines plus tard, sur le trajet en direction des provisions, Amos dit à son frère : « Écoute Ariel, j’espérais te convaincre d’une chose, j’ai besoin de savoir ce qu’il se passe une fois arrivé là-bas. Nous devons comprendre pourquoi, et qui nous apporte ces provisions. » Ariel eut à peine le temps de prononcer un mot que son frère reprit : « Nous avons pris un peu d’avance, j’ai calculé que nous pourrions avoir une bonne heure devant nous pour explorer les alentours. »

« C’est trop dangereux Amos » lui répondit son frère, « nous ne connaissons pas les environs et nous ne savons pas sur quoi nous pourrions tomber ». « C’est vrai, mais je veux prendre le risque » poursuivi Amos. Son frère le défia du regard : « Et si nous devions les rencontrer une nouvelle fois ? »

Amos eut un temps d’arrêt, et fini par lui dire : « Cela fait deux ans maintenant Ariel, je ne sais pas quel était ce groupe, je ne sais pas s’il en existe d’autres, mais je veux pouvoir avancer. »

Ariel regarda sa montre en arrivant sur place, il était quatorze heures. « Parfait, dit Amos. Nous avons une heure devant nous, reste ici pour veiller sur les provisions, je reviens dans une heure. »

« Non, lui dit son frère, je ne te laisse pas seul, nous retrouverons bien le trajet de toute façon. Mais nous devons impérativement rentrer pour quinze heures. »

Ils se mirent alors à inspecter les alentours, dans un rayon assez large de la zone de l’emplacement de la cage en bois, et du transpalette, avec le profond espoir qu’Amos puisse trouver une explication.

C’est alors qu’en s’enfonçant plus au Sud, celui-ci repéra un élément étonnant en forme de cube, qui était posé au milieu d’un chemin qui semblait balisé, mais de façon très étrange.

Plus Amos s’approchait de cet objet, plus il avait le sentiment de pouvoir enfin trouver une réponse. Ariel le suivait de près, mais était moins rassuré que son frère.

En s’approchant jusqu’à l’objet, Amos entendit un bruit très aigu, voire strident.

Son frère commençait à comprendre qu’ils s’étaient peut-être aventurés trop loin. Sentant qu’une immense sensation de mal être s’installait en lui, il finit par lui déclarer : « Amos, viens, il faut rentrer. » Avant même qu’il n’ait pu rebrousser chemin, son cadet lui agrippa le bras, se tourna vers lui et lui lança « Ariel, tu sais ce que c’est, n’est-ce pas ? »

Amos ne lui laissa pas le temps de répondre : « C’est une balise signalétique ! Elle émet une espèce de fréquence, mais qu’est-ce qu’elle peut bien faire ici ? Tu as vu sa composition, on dirait qu’elle est faite d’un matériau issu d’une technologie très avancée. » La balise était de taille moyenne et sa matière en ressortait une forte lumière bleutée. Ariel reporta son attention sur cette balise, qui se trouvait sur le sol. « Mais comment peux-tu connaitre cet objet Amos ? » lui dit-il. « Je ne sais pas, je crois m’en rappeler, mais je ne sais pas comment. J’ai le souvenir d’un endroit particulier, je ne peux pas l’expliquer. »

Ariel regarda sa montre, il était quatorze heures quarante. « Viens, lui dit-il, nous devons rentrer, ne parle surtout pas à Mère de ce que nous avons trouvé, elle ne doit pas savoir. »

Amos se tourna afin de repartir et, avec une violence extrême, poussa Ariel de toutes ses forces sur le côté. « Non ! » s’écria Ariel, comprenant que son frère voulait le sauver. Amos reçut un gros coup de lance en plein visage et tomba au sol, assommé. En relevant la tête, Ariel reconnut un visage qui lui était familier, et, comme son frère avait pu le voir deux années plus tôt, ce visage était recouvert de sang, lugubre et effrayant.

Ariel comprit qu’il s’agissait de l’un des individus appartenant au groupe se faisant appeler Les Frénétiques.

Ariel luttait tant bien que mal contre cet Homme, qui paraissait beaucoup plus fort et imposant que lui. Son frère, reprenant petit à petit connaissance, assistait à son massacre, de ses propres yeux. Amos finit par se lever, se rua contre son ennemi et parvint à le mettre à terre. Agrippant la lance de son adversaire, il lui transperça la poitrine en plein cœur, avant de jeter l’arme au sol.

« Non, non, non… » se dit Amos, voyant son frère mal en point et essayant de réfléchir à la situation.

Amos s’arrêta net, et à l’expression d’épouvante qui pouvait se lire sur son visage, comprit qu’il devait très vite réagir. Il fouilla la poche du pantalon de son frère, en sortit la montre et regarda le cadran : il était un peu moins de quinze heures.

« Ce n’est pas possible », se dit-il. Par chance, le cycle glacial du jour était plus que supportable. La température devait approcher les moins quinze degrés Celsius.

Amos savait qu’il n’arriverait pas à temps en empruntant le chemin habituel. Il s’arrêta un long instant pour réfléchir rapidement. Ariel avait été frappé à plusieurs reprises par cet Homme sur le visage, et il semblait avoir le nez cassé. Du sang coulait également le long de son front, il paraissait avoir une ouverture sur son crâne, assez grande.

Amos prit une grande inspiration, et s’efforça de prendre un autre itinéraire, pour arriver plus rapidement à leur crypte. De temps à autre, Ariel ouvrait péniblement les yeux pour regarder autour de lui, sans comprendre ce qui l’entourait. Ils n’avaient emprunté ce chemin que quelques fois simplement, mais avaient abandonné l’idée de le suivre habituellement, car il ne disposait que de très peu de points de repères et il était facile de s’y perdre. Pourtant, Amos arrivait à se repérer facilement. Il possédait une capacité d’analyse de son environnement extrêmement développée. Il ne pouvait savoir que ses faits et gestes étaient scrupuleusement analysés.

Amos courait de toute son énergie, puisant dans ses ressources les plus profondes pour arriver à temps. Par moment, il regardait la montre avant de poursuivre à toute allure en direction de la crypte.

Il ne lui restait que quelques secondes avant l’apparition des premières radiations. Amos sentit déjà la chaleur lui brûler le corps alors même que les premiers rayons du Soleil

n’étaient pas encore visibles. Arrivé près du but, Amos se mit à hurler : « Mère ! Mère, ouvre-nous ! »

Mélia leur ouvrit alors la trappe, leur permettant d’accéder sous terre et ils pénétrèrent tous trois dans la crypte. Par chance, Amos put prendre sur son passage les sacoches de glace, qu’il se hâta de presser sur son corps.

Par intermittence, il prenait soin d’appuyer l’un des deux autres sacs de glace sur le corps de son frère, ce dernier reprenant connaissance petit à petit.

Mélia regarda Amos dans les yeux, et remplie d’un mélange de rage et de soulagement lança : « Mais bon sang, que s’est-il passé ? » Amos resta mutique, le regard fixé sur le sol. « Réponds-moi ! » Elle s’avança vers lui malgré la chaleur étouffante et exigea une explication.

Mélia fut interrompue par son autre fils, en train de tousser à en vomir, qui, cette fois-ci, était revenu à lui-même. S’approchant de lui lentement, elle lui dit : « Doucement mon garçon, prends ce sac de glace et serre-le de toutes tes forces. »

Mélia se tourna de nouveau vers Amos, attendant une justification de sa part.

Amos s’apprêtait à lui dire la vérité lorsque son frère le devança : « Mère, c’est ma faute si je suis dans cet état. J’ai demandé à Amos de me suivre après être arrivé à la cage en bois, pour explorer les environs et tenter de trouver une réponse, mais nous sommes tombés sur les Frénétiques. »

Mélia tourna la tête vers Amos et le dévisagea, avant qu’Ariel ne poursuive : « Amos a tué l’un d’eux, il m’a ensuite transporté jusqu’ici. Ce qu’il a fait est extraordinaire. Je serais mort à l’heure actuelle sans lui.

« Tu as abattu l’un des Frénétiques ? » demanda sa mère. « Oui, mais il ne s’agissait pas d’Arès, qui doit sûrement être leur chef », répondit-il.

Sans réclamer plus d’explications, Mélia se retourna et se coucha sur son matelas. Amos et son frère s’observèrent tous deux sans dire un mot, avant de s’allonger à leur tour, jusqu’au lendemain matin.

Amos ne pensait qu’à une seule chose, comment les Frénétiques allaient-ils se venger ? Il était clair que tôt ou tard, l’un d’eux allait trouver le corps de leur membre, non loin de l’emplacement des provisions et de la borne. Cette borne obsédait Amos, qui ne cessait de se remémorer sa forme et son signal, et de s’interroger sur sa signification.

Il était six heures du matin lorsqu’il se leva, et se posa près de son frère, déjà réveillé lui aussi. Amos, d’un ton calme, dit à son frère : « Comment te sens-tu ? », il lui répondit par un simple hochement de tête, l’air exaspéré.

Puis Amos poursuivit : « Nous devons découvrir à quoi sert cette balise ». Sans lui laisser le temps de continuer sa pensée, Ariel l’interrompit : « Tu ne t’arrêtes donc jamais ? Amos, je viens de me faire massacrer par un Frénétique, tu as dû me porter à bout de bras et nous avons failli nous faire brûler sur place et sans toi je serais déjà mort. Nous ne savons pas combien ils sont, et je doute que nous puissions même retourner au Nord. Ils sont probablement déjà sur place à nous attendre. »

Amos savait que son frère avait raison, mais il brûlait pourtant d’en savoir plus. Aussi loin qu’Amos puisse se rappeler de son existence, c’était la première fois que son frère et lui avaient pu découvrir quelque chose de nouveau. Amos espérait ce moment depuis toujours, lui qui n’avait jamais rien connu d’autre que cette crypte, sa famille, les traversées et sa première rencontre avec les Frénétiques.

Ariel s’était pleinement rétabli des événements de la veille, mais leur mère leur interdit de prendre la route ce jour. « Il nous reste en outre quelques provisions, nous pourrons nous restreindre sur l’eau jusqu’à demain », leur dit-elle.

Ils n’avaient encore jamais passé une seule nuit sans leur sac de glace, mais Mélia préféra prendre le risque plutôt que de voir ses fils s’aventurer au Nord.

La nuit suivante fut épouvantable, suffocante au possible. Leur corps transpirait, la chaleur était insoutenable. Leur réserve d’eau avait pratiquement atteint sa limite, chaque heure à tour de rôle, Amos, Ariel et Mélia prenaient deux gorgées d’eau, afin de pouvoir tenir jusqu’au lendemain matin.

Mélia refusait de l’admettre, mais ils n’avaient plus le choix. Amos et Ariel devaient regagner la route jusqu’au Nord.

Elle n’arrivait pas à dissimuler son angoisse : « Soyez très prudents, des pas lents, aucun geste brusque et si voyez le moindre mouvement, cachez-vous », leur dit-elle.

Sur le trajet les menant jusqu’à leur point de ravitaillement, Amos ne cessait de penser à cet homme, qu’il avait tué de ses mains. « Je n’avais pas le choix », se disait-il intérieurement.

« À quoi songes-tu ? » demanda son frère. « J’aurais dû récupérer cette lance. » Ariel ne s’attendait pas à cette réponse. Il comprit que son cadet n’avait pas abandonné l’idée de découvrir la signification de tout ceci, voire qu’il était prêt à se battre de nouveau. « Ils vont chercher à se venger », poursuivit Amos, et nous devons pouvoir nous défendre. »

Amos et Ariel avaient presque atteint leur destination, s’approchant lentement du point de ravitaillement. De loin, rien n’avait changé. Comme d’habitude, le panier en bois ainsi que le transpalette étaient disposés là, sans rien d’inhabituel à l’horizon.

Cette fois-ci, ils avaient pris du retard lors de leur marche. Ariel regarda sa montre : il était quinze heures.

L’atmosphère qui régnait était étrangement calme. Amos prit la cage en bois et vérifia qu’il ne manquait rien à l’intérieur. Les denrées alimentaires, les sacs de glace et l’eau, tout y était.

Amos porta la cage et la plaça sur le transpalette, avant de laisser son frère empoigner la corde qui lui servait à tirer le tout. Il n’y avait aucune trace des Frénétiques aux alentours.

Ariel commençait à partir en direction de la crypte quand il comprit que son frère ne le