Entre rêves et cauchemars - Ophélia Bouchex - E-Book

Entre rêves et cauchemars E-Book

Ophélia Bouchex

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Beschreibung

Ensemble de quatre récits liés par l’imaginaire ou la vérité, ces textes sont parfois surréalistes ou plus personnels. Mélange de fictions fantaisistes et d’éléments autobiographiques, Entre rêves et cauchemars invite à la divagation entre réalité crue, élan amoureux et aventures. Ce sont des histoires singulières, quelquefois en échos, avec un ton souvent décalé, entrecoupées de réflexions existentielles.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Ophélia Bouchex se sert de l’amour comme fil rouge de sa création artistique. L’écriture devient alors une possibilité d’évasion, d’introspection, un exutoire. Elle décrit le réel ou la rêverie avec un langage à la fois fantaisiste et moderne. Elle crée une harmonie par le rythme, le son ou la couleur des mots afin de toucher le lecteur.

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Seitenzahl: 76

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Ophélia Bouchex

Entre rêves et cauchemars

Nouvelles

© Lys Bleu Éditions – Ophélia Bouchex

ISBN : 979-10-377-9439-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

Traité de philosophie

ou journal de bord « border line »

Cher Journal, je t’écris en direct de la ligne. Une ligne fine et ténue où tout se passe, une ligne que j’ai choisie comme port d’attache cet été. Une ligne où tout se joue, où je séjourne aujourd’hui. Une ligne refuge, repère où je peux me perdre. Mais n’aie crainte Journal, ici je suis encore parmi les hommes, même si plus tout à fait. Cette ligne devient chaque jour un peu plus familière. Je choisis de rester là pour un temps, une partie du mois d’août. De ma ligne imaginaire, je devine un bord, à la fois continu et flou. Et moi, à côté, je peux me pencher un peu.

Cher Journal, je t’écris pour tenter de comprendre le pourquoi de ce séjour ici. Pour lutter sans doute contre cette imagination à ces heures complice et insaisissable. Pour apprivoiser ce flou artistique et philosophique. Pour organiser tout cela, rien de tel que des lignes bien droites pour écrire le fond de mes pensées, entre dates, majuscules et points. Courte réflexion faite, ce sera sans date. Mais comment saisir ou définir des moments hors du temps ? Tout compte fait, je me demande si mon journal de bord se prête bien à ma tentative de capturer le réel dans sa dimension abstraite ? Ceci étant dit je n’ai pas d’ami fidèle et dévoué que je puisse appeler à toute heure du jour ou de la nuit, à qui je pourrais envoyer une carte pour lui demander : « Et toi comment ça va ? Moi ça va… ».

Est-ce vraiment utile de noter les choses ? Et sans te froisser de m’adresser à toi, journal virtuel. Les penser, les nommer, les vivre oui mais pour qui et pourquoi écrire ces choses ? Alors j’essaierai d’exprimer au mieux ce que je ressens, là, maintenant. Il serait facile dans ce cadre de dire d’un côté de la ligne tout ce que je vois n’est que verdure et bienveillance, et de l’autre hostilité et grisaille. J’oubliais au fait, la ligne je peux la déplacer, comme je veux dans ma tête, quand bon me semble, comme une grande, sans rendre de compte à personne. D’ici, je suis à l’intersection, à la fois dans le monde et hors le monde. À l’écart, mais je ne me nourris pas encore exclusivement d’insectes ou de fougères, et mes cheveux sont assez propres. Quand je prends de la hauteur, sur ma ligne, proche du sol tout de même, je deviens intouchable pour un temps, comme à chat perché.

Cher Journal, vous pourriez me dire où tu pourrais me dire : « Êtes-vous, ou es-tu sûre que ta ligne n’est pas plutôt une bulle » ? Et là, je répondrai : « Pas si faux, bien joué, Journal, tu commences à me cerner ». Tu pourrais aussi me demander : « Mais à quel moment seras-tu sûre d’achever ton “Journal de bord”, à quel moment trancher pour une fin » ? En d’autres termes Journal, tu souhaites savoir à quel moment je déciderai de t’achever ? Et bien à ce stade il est évident que je n’ai aucune idée du moment exact de ta fin ni de la chute.

Cher Journal, est-il judicieux de commencer un « Journal de bord » sans bord ou du moins avec des bords flous ? Tu sais, plus que des notes, j’ai des questions pour toi. Tout cela, c’est à cause de « Ce je ne sais quoi », cet impalpable sur lequel ma pensée et ma langue buttent. Je pourrais parler des heures de mes ressentis, de ce sentiment du tout, de l’unité, du petit et de l’amour ou de mes enthousiasmes artistiques mais je voudrais essayer de parler du « rien », de la pause, du fameux « Ô Temps, suspends ton vol ». C’est l’expérience de la vie, de ce mercredi 31 juillet que je veux transcrire. C’est la divagation philosophique du moment que je veux à tout prix, sans autre motivation, partager. As-tu vu, finalement cette petite date, l’air de rien, ça en jette dans mon Journal, le 31 juillet ? À la fois, je trouve que ça clarifie, ça valide, cela donne un peu de sérieux, de concret à cette errance émotive futile.

Cher Journal, tu me diras sans doute : peut-on philosopher comme cela impunément sans aucune légitimité certifiée ? Je t’avoue qu’il faut faire preuve comme dirait un artiste « multiste » à la fois « d’arrogance et d’humilité » pour que moi, petite personne en herbe j’ose partager. Je peux tenter la chose, ce sera comme une proposition philosophique, voire écologique, que les générations futures pourront revisiter ou recycler. J’espère que cet objet littéraire ne sera pas indigeste, ni pour toi ni pour les lecteurs. Cher Journal, je divague et c’est mon libre choix, mais je ne souhaite pas pour autant t’égarer ou prendre en otage les lecteurs, qui bien installés dans le train, ou dans leurs chaises longues se passeraient bien de ces dédales de pensées et de ces questions labyrinthiques. En tout cas, je prends le droit de me questionner ou de questionner le monde sans faire de philosophie perchée, de comptoir ou encore je l’espère de bas étage. Tu me diras : « Revenons à nos moutons ».

Cher Journal, n’hésite pas à me rappeler ma tâche quand je prends la poudre d’escampette car je peux me montrer disciplinée et docile à l’occasion. Je dois admettre qu’il n’est pas simple pour mon petit esprit fugace et arborescent d’écrire sur ces lignes droites. Quoi que de plus compliqué que de faire l’expérience de l’ici et maintenant. Même avec tous les petits guides de zénitude accessibles en ce monde sous la main, la tâche est rude. Au fait, tu peux toi encore me poser des questions et me dire « Mais qu’est-ce que cette satanée ligne » ? Et je te répondrai, tout de go : « Cette ligne est le pur fruit de mon imagination débordante et névrosée. C’est un mélange doux et amer ou une fine scission à l’intérieur de moi, pas toujours confortable. Cette ligne me permet d’être à la fois au cœur du réacteur, de ce monde, et d’avoir un certain recul, une vue. Mais je suis d’accord, il ne s’agit que de mon prisme ».

Cher Journal, tu pourrais aussi me dire : Mais dis-moi, l’écriture de ce journal de bord n’est-ce pas juste une feinte, une supercherie, n’ayons pas peur des mots et n’y allons pas par quatre chemins, une fuite ? Et je te dirais sans doute avec tout le respect que je te dois : « Quelle insulte, cher Journal » ! Et tu insisterais :

« En effet, pour masquer un vide existentiel, pour pallier la réalité de ta petite existence, pour combler un ennui ? Tout ça parce que tu ne sais pas quoi faire de ce fameux temps libre ? »

Et moi je te répondrais : « Et bien petit Journal chéri, quelle mouche t’a donc bien piquée pour subir tant de courroux, tu n’y vas pas avec le dos de la cuillère ! Touchée n’est pas coulée cher Journal ! Mais peut-être as-tu raison ». Il est vrai que le temps est un petit animal furtif qui souvent me désarçonne et me joue des tours. Je suis sans cesse plongée dans « ce temps présent » et sans cesse ma petite conscience veut m’en extraire ou le disséquer. Tu vois, sur cette ligne mouvante je crois que j’essaie de m’extirper pour mieux percevoir ce qui m’entoure et appréhender qui je suis au fond. Je me rappelle cette maxime : « Ce que je sais, c’est que je ne sais rien ». Alors est-ce valable pour toute chose ? Ce que je ressens, c’est que je ne ressens rien ? Ce que je perçois, c’est que je ne perçois rien ? Ce que j’aime, c’est que je n’aime rien ?

Cher Journal, une certitude, ici le temps est suspendu et moi avec, mais le temps est en mouvement. Le temps devrait être un allié, un compagnon. Je crois que le temps est encore plus grand que ce que l’on croit, et qu’il n’assassine personne. J’oubliais encore, sur cette ligne se trouve un petit chalet d’alpage, dans cette petite clairière, de là-haut, de pas trop haut, je peux contempler le vaste monde. Je peux me connecter ou me déconnecter à volonté, à tout moment, comme à cet instant T.