Étoiles de Sagesse - Khenpo Tsultrim Gyamtso - E-Book

Étoiles de Sagesse E-Book

Khenpo Tsultrim Gyamtso

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  • Herausgeber: IFS
  • Kategorie: Ratgeber
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2017
Beschreibung

Un guide spirituel pour prendre le chemin de la sérénité et de la réalisation

Le grand maître tibétain Khenpo Tsultrim Gyamtso Rimpotché est connu pour ses chants de réalisation joyeux et son style d’enseignement spontané et habile. Dans cet ouvrage, il explique comme gagner en clarté, en sérénité et en sagesse en détaillant pas à pas l’analyse et la méditation de la véritable nature de la réalité. Il introduit également les lecteurs à la joie et à la profondeur des chants de réalisation, et révèle la puissance des prières d’aspiration pour inspirer, transformer et illuminer nos cœurs.

Découvrez la pratique de la méditation bouddhiste expliquée par l'un des plus grands maîtres de notre époque !

EXTRAIT

Cet accent mis sur la voie de la raison ne nie pas l’importance de la foi. La foi est vitale, mais c’est aussi la façon dont on vient à cette foi qui est importante. Lorsque la foi naît à la suite de l’analyse, elle est bien plus stable parce que cette analyse va astucieusement détecter et résoudre tout doute que l’on pourrait avoir. Par contre, lorsqu’on croit d’emblée à quelque chose, sans avoir exercé son intelligence pour analyser les raisons de cette croyance, on court le danger, plus tard, de prendre conscience de contradictions logiques dans notre croyance et de commencer à douter de celle-ci. Dans ce cas-là, chasser les doutes est difficile parce que l’on s’est passé de l’outil de l’analyse intelligente.
C’est pourquoi il est important de procéder à l’analyse dès le début et d’utiliser l’analyse pour lever les doutes.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Ces enseignements nous montrent comment pratiquer quotidiennement, toute la journée, partout et n’importe où, la voie bouddhiste de la vue, de la méditation et de la conduite juste. Cet ouvrage va instruire, ravir et inspirer tous ceux qui le liront. - Elizabeth Callahan

Un simple mot d’un maître véritablement accompli comme Khenpo Rimpotché vaut mille images. Ces enseignements vont laisser une empreinte indélébile de sagesse non-duelle dans l’esprit du lecteur que nul bouton « effacer » de la conscience duelle ne pourra supprimer. - Dzogchen Ponlop Rinpoche

À PROPOS DE L'AUTEUR

Khenpo Tsultrim Gyamtso est un maître de méditation bouddhiste qui est né au Tibet oriental en 1934. Connu pour son style d’enseignement hautement attrayant, il a voyagé et enseigné dans le monde entier de 1977 à 2007. Il est aussi l’auteur de Soleil de sagesse et de nombreux chants de réalisation.

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Mise en garde : cet ouvrage n’a pas vocation à se substituer à un enseignement complet. Malgré les efforts de l’auteur et de l’éditeur, un ouvrage d’une telle ampleur ne peut être à l’abri d’erreurs ou d’omissions. L’éditeur décline toute responsabilité quant à d’éventuels dommages résultant d’informations puisées dans cet ouvrage.

Nous souhaitons remercier tout particulièrement les mécènes de la Fondation Marpa qui ont permis la publication du livre en langue anglaise. C’est grâce à leur générosité que nous pouvons publier ces merveilleux enseignements de Khenpo Tsultrim Gyamtso Rimpotché et nous leur en sommes extrêmement reconnaissants.

LE DALAÏ LAMA

AVANT-PROPOS

NOUS, TIBÉTAINS, SOMMES DÉPOSITAIRES de la totalité des enseignements du Bouddha depuis plus de mille ans. Ils ont été analysés, affinés et, le plus important de tout, mis en pratique, devenant le pilier de la culture tibétaine. En vérité, les principes de compassion et de non-violence sont parmi les marques distinctives du mode de vie quotidien des Tibétains, même encore aujourd’hui.

Jusqu’en 1959, de nombreuses conditions ont contribué à l’épanouissement du bouddhisme au Tibet. Toutefois, ce qui lui a conféré sa vigueur est le fait que depuis des siècles, les gens ont continué non seulement à lire, à mémoriser, à étudier et à débattre, mais aussi à se retirer dans des grottes et autres lieux isolés pour méditer, comme les grands personnages du passé, comme l’avait fait Milarépa. Lors des soulèvements qui ont suivi l’année 1959, cette liberté a été gravement restreinte au Tibet.

Khenpo Tsultrim Gyamtso Rimpotché est l’une de ces personnes dont le nombre s’amenuise régulièrement, de celles qui ont entrepris leurs études et leur formation au Tibet de façon traditionnelle, avant que tout ne change en 1959. Dans sa jeunesse, au Tibet, il s’est engagé dans une pratique rigoureuse ; à l’âge adulte, en tant que réfugié tibétain en Inde, il a élargi ses connaissances à des traditions autres que sa propre lignée, la lignée Karma Kagyu, et plus tard il a voyagé et enseigné de par le monde.

Cet ouvrage, Étoiles de sagesse, comporte des enseignements de Khenpo Tsultrim Gyamtso Rimpotché sur toute une variété de sujets, y compris la voie du raisonnement, la méditation sur la vacuité, les chants de Milarépa et les prières d’aspiration du Mahayana. Il fait suite à des commentaires antérieurs sur les œuvres classiques de Nagarjouna et de Chandakirti. Sans aucun doute, les lecteurs qui veulent cultiver la conduite et la vue bouddhistes vont largement trouver ici de quoi les inspirer.

TENZIN GYATSOXIVe DALAÏ-LAMALe 27 mai 2009

LE KARMAPA

AVANT-PROPOS

LORSQU’ON REGARDE les remarquables réalisations de Khenpo Tsultrim Gyamtso Rimpotché et tout ce qu’il a apporté au Dharma, il apparaît sans aucun doute comme l’un des plus grands guides spirituels de notre temps.

Depuis son plus jeune âge, il s’est consacré au Dharma et il a passé de nombreuses années à pratiquer avec diligence, suivant l’exemple d’autres grands maîtres de la lignée Kagyupa.

J’ai toujours admiré la façon dont Rimpotché formait ses étudiants. Son approche est directe, sincère et naturelle, et il n’a pas peur d’employer des méthodes peu orthodoxes lorsqu’il le juge nécessaire. J’estime que c’est quelque chose d’unique et de méritoire. Non seulement il a accueilli toute une sangha de pratiquants, mais il a aussi fourni de nombreux traducteurs expérimentés et rendu ainsi possible la diffusion des enseignements de la lignée Kagyupa dans de nombreuses langues étrangères différentes.

Nous vivons des temps agités et il est extrêmement difficile de trouver un pratiquant et un maître aussi expérimenté que lui. Nous avons la chance d’avoir cette grande opportunité d’écouter et de lire ses enseignements et ses commentaires, et de bénéficier de la richesse de son expérience.

La plus importante de toutes les activités d’un lama est sa parole, son enseignement. C’est pourquoi je suis particulièrement réjoui des efforts qui ont été entrepris pour s’assurer que l’activité de parole de Rimpotché sera préservée pour les générations futures grâce à la publication de cet ensemble d’enseignements.

Je prie pour que la sagesse et l’expérience contenues dans cet ouvrage bénéficient à tous ceux qui le liront.

OGYEN TRINLEY DORJEXVIIe GYALWANG KARMAPALe 24 février 2009

INTRODUCTION DES TRADUCTEURS DE L’ÉDITION ANGLAISE

LES GRANDS MAÎTRES BOUDDHISTES utilisent toute une variété de moyens habiles pour guider leurs élèves sur la voie de l’éveil. Ces diverses techniques à la fois défient et aident les disciples à développer en eux-mêmes toute une gamme de capacités positives susceptibles de surmonter la confusion et la souffrance, et de révéler encore plus vivement la sagesse et la compassion que ces disciples possèdent de façon innée comme étant la véritable nature de leur esprit. Bénéficier de différentes techniques de pratique aide également à s’assurer que la voie de la pratique ne devient pas uniforme et sans âme. Et les pratiquants qui ont diverses méthodes de pratique à leur disposition peuvent arriver à trouver quelles méthodes sont les plus bénéfiques en fonction des expériences et des situations diverses qui représentent la diversité de leur vie.

Khenpo Tsultrim Gyamtso Rimpotché est un modèle de ce genre de grand maître. Pendant presque trois décennies, avant qu’il ne se mette en semi-retraite, en 2006, Khenpo Rimpotché a voyagé dans le monde entier, enseignant diverses voies de la pratique bouddhiste. Cette voie conduit l’esprit de ces étudiants dans une recherche analytique de ce qui est profond, leur parole dans des chants de réalisation, leur corps dans des exercices de yoga et de danse, et leur cœur dans le développement de la compassion et la pratique de prières d’aspiration pour l’altruisme. Les enseignements de Rimpotché sont tout aussi profonds que pratiques, tout aussi utiles que plaisants, et tout aussi précis et directs qu’ils sont vastes et empreints de compassion.

Étoiles de sagesse est un ouvrage qui représente cette étendue des principaux enseignements de Rimpotché et de sa façon d’enseigner. Ce livre se divise en trois parties : la méditation analytique, les chants de réalisation, et les prières d’aspiration du Mahayana.

RECHERCHE ET MÉDITATION ANALYTIQUES SUR LA VÉRITABLE NATURE DE LA RÉALITÉ

Le bouddhisme enseigne que la réalisation de la véritable nature de la réalité (la véritable nature de l’esprit) est la clé pour dissiper les voiles, les émotions perturbatrices, et la souffrance. La véritable nature de l’esprit est également la chose la plus profonde de tout ce qui est accessible à la connaissance ; mais grâce à la voie de la recherche et de la méditation analytiques, nous pouvons la connaître et l’expérimenter.

Dans le premier chapitre de cette partie, « La voie de la foi et la voie du raisonnement », Rimpotché introduit la recherche et la méditation analytiques. Il commence par expliquer les caractéristiques des voies religieuses et philosophiques de la foi et du raisonnement, les différences entre ces deux voies, et la façon dont elles peuvent se compléter. Rimpotché décrit les avantages qu’il y a à accroître la foi grâce à la recherche et à l’analyse parce que la foi qui procède du raisonnement est plus stable que la foi qui n’en découle pas. Il enseigne alors de façon concise comment analyser les enseignements du Bouddha pour voir s’ils sont valables ou non, puis comment il est possible d’appliquer directement l’analyse bouddhiste pour découvrir la véritable nature de l’esprit au sein de nos propres expériences de vie. De cette façon, l’analyse, au lieu d’être abstraite et théorique, engendre une sagesse qui va être directement bénéfique à nous-mêmes et aux autres.

Le chapitre suivant, « Les étapes de la vue au cœur du sens ultime », est un texte en vers que Rimpotché a composé pour expliquer les niveaux progressivement plus subtils et plus profonds de la méditation sur la véritable nature de la réalité. Cette partie organise en différentes étapes les enseignements et les instructions de méditation des principales écoles philosophiques du bouddhisme. Même si le Bouddha lui-même n’a pas précisément identifié ces écoles, elles ont été conçues et revues par ses disciples en fonction de leur compréhension de ses enseignements. Mais cette progression systématique telle que l’a enseignée Rimpotché ne met pas l’accent sur les écoles de pensée discrètes avec des adeptes rigidement fixés sur des vues divergentes. Au contraire, il fournit une manière d’augmenter pas à pas notre compréhension et notre pratique personnelles.

Ainsi, si l’éveil du Bouddha représente un sommet élevé de parfaite réalisation, les stades progressifs nous montrent la voie pour gravir la montagne que nous pourrons escalader par étapes successives afin d’atteindre le même sommet. Parce qu’il s’agit d’un sujet important, Rimpotché a consacré de très nombreux enseignements à ces étapes progressives, et le premier livre qu’il a écrit traitait de ce sujet1. Les vers-racines de Les étapes de la vue au cœur du sens ultime présentent le point essential de chaque étape de manière concise et détaillée, et incluent un vers sur la méthode de méditation pour chaque étape. C’est pourquoi ils sont un excellent support pour la réflexion et la méditation. Ce chapitre comporte aussi le commentaire de Rimpotché sur le sens de chaque vers et des réponses aux questions posées par des pratiquants, constituant un guide clair dans la progression de la vue et des pratiques de méditation.

LES CHANTS DE RÉALISATION DANS LA PRATIQUE DU DHARMA

La deuxième partie décrit une méthode de pratique bien différente, mais totalement complémentaire : les chants de réalisation. Chanter les chants du Dharma est une forme de pratique bouddhiste extraordinairement habile et plaisante que Rimpotché a introduite auprès de ses disciples selon toute une variété de possibilités. Rimpotché lui-même chante régulièrement, il a donné des explications instructives sur les chants profonds des grands maîtres, il a lui-même composé un très grand nombre de chants, mais il a aussi chargé et encouragé ses disciples à traduire ces chants dans leur propre langue et à les chanter avec les mélodies de leur propre pays, selon leur propre culture.

Cette partie commence par introduire brièvement l’histoire et les bienfaits des chants dans la pratique bouddhiste, ainsi que Milarépa (1040-1123), le Seigneur des Yogis, considéré dans la tradition tibétaine comme l’un des maîtres et des chanteurs les plus accomplis de tous les temps.

Dans les deux premiers chapitres de cette partie, Rimpotché explique les chants de Milarépa intitulés Les sept façons dont les choses brillent à l’intérieur et à l’extérieur et Les dix-huit sortes de joie du yogi. Dans le cadre de ses enseignements sur ces chants magnifiques et profonds, Rimpotché donne pas à pas les instructions de méditation sur la véritable nature de l’esprit.

LES PRIÈRES D’ASPIRATION DU MAHAYANA

De façon à avoir une pratique complète du Dharma qui développe les qualités à la fois de l’esprit et du cœur, Rimpotché a enseigné à ses étudiants l’importance des prières d’aspiration du Mahayana. L’aspect « Mahayana » de ces aspirations est qu’elles sont motivées par l’altruisme. Car tout comme la variété de maladies dont souffrent les êtres sensibles est vaste, nous pouvons faire des prières d’aspiration quelque chose de tout aussi varié et vaste en portée pour que les êtres sensibles soient libérés de la souffrance et jouissent du plus pur des bonheurs. Nous pouvons également aspirer à développer nos propres qualités de sagesse et de compassion de façon à pouvoir apporter encore plus de bienfaits aux autres.

Cette dernière partie du livre commence avec une introduction à la pratique des prières d’aspiration, suivie par deux de ces prières d’aspiration composées par Rimpotché lui-même, Les heureux auspices qui illuminent l’Univers et Prière pour que ces souhaits sincères se réalisent promptement.

Il semble alors plus qu’approprié de clore cette introduction à Étoiles de sagesse par une prière d’aspiration : « Puissent tous ceux qui liront ce livre en tirer des bienfaits et, puissent, de cette façon, les enseignements qu’il contient être source de joie et de sérénité ».

1 Khenpo Tsültrim Gyamtso, Progressive Stages of Meditation on Emptiness (Oxford : Long-chen Foundation, 1986).

Première Partie

Recherche et méditation analytiques sur la véritable nature de la réalité

1

LA VOIE DE LA FOI ET LA VOIE DU RAISONNEMENT

Traduit du tibétain par Ari Goldfield

NOUS POUVONS EXAMINER toutes les traditions philosophiques, religieuses ou spirituelles pour voir la place que chacune accorde à la voie de la foi et à la voie du raisonnement. Dans une tradition où la voie de la foi vient avant tout, un pratiquant commence par croire à l’authenticité du représentant ou du maître de cette tradition. En raison de cette foi dans le maître, la personne adhère aux paroles du maître. Dans ces traditions, le maître est de première importance.

Par contre, dans une tradition qui met l’accent sur la voie du raisonnement, les enseignements qui sont donnés sont plus importants que le maître qui les donne, quel qu’il soit. La personne qui suit cette voie utilise sa propre intelligence pour examiner les explications d’un maître. Au cours de cette réflexion, elle se demande : « Est-ce que ces enseignements sont réellement un antidote à ma souffrance ? Est-ce qu’ils m’aident à soulager les émotions perturbatrices que je ressens ? Est-ce qu’ils m’aident à dissiper ma confusion ? ». Si elle examine les enseignements avec intelligence et qu’elle répond à ces questions par l’affirmative, alors elle va croire à ces enseignements et tenir en haute estime celui qui les représente. Ainsi, avoir confiance dans les enseignements (et donc, foi dans le maître) est la voie du raisonnement.

Le Bouddha a mis l’accent sur l’importance de cette voie du raisonnement, cet examen intelligent de ce qui est enseigné. Il a dit à ses disciples que leur niveau de foi en ses enseignements et en lui-même devait être le résultat de leur propre analyse critique de ses paroles. Il a dit que s’ils analysaient ses enseignements et qu’ils les trouvaient bénéfiques, ils devaient les mettre en pratique, sinon, ils devaient les mettre de côté. Ainsi, les personnes qui écoutent ses enseignements doivent être comme des commerçants qui achètent de l’or. Les marchands d’or ne se contentent pas d’accepter les louanges que le vendeur fait de sa marchandise, il utilise plutôt toute une variété de méthodes pour examiner la qualité de celle-ci avant de prendre la décision de l’acheter. De la même façon, le Bouddha a dit, ne prenez pas mes enseignements pour argent comptant parce que vous avez foi en moi, mais plutôt en raison de la confiance que vous-même avez dans les mots que j’ai dits, confiance que vous avez acquise grâce à votre propre analyse intelligente.

Le noble Nagarjouna est un excellent exemple d’un disciple du Bouddha qui a procédé ainsi. C’est ce qu’attestent les vers d’hommage au Bouddha qui ouvrent le texte de Nagarjouna intitulé Les soixante stances sur le raisonnement, où l’on peut lire :

Devant celui qui a enseigné la production interdépendante,La méthode grâce à laquelle nous pouvons nous libérer de la naissance et de la mort,Devant ce puissant sage, je me prosterne.

Nagarjouna loue ici le Bouddha pour ses enseignements. Nagarjouna dit : « Bouddha, puissant sage, vous êtes celui qui nous a révélé les principes de la production interdépendante. Et après avoir analysé ces principes, j’ai acquis la certitude de leur exactitude et de leur efficacité. Je vois que je peux m’en servir pour trancher le filet des vues erronées, abandonner la naissance et la mort, et donc me libérer des souffrances du samsara. Vos enseignements font de vous un grand bienfaiteur pour moi-même et pour tous les êtres sensibles, aussi, je vous rends hommage et me prosterne devant vous ».

Cet accent mis sur la voie de la raison ne nie pas l’importance de la foi. La foi est vitale, mais c’est aussi la façon dont on vient à cette foi qui est importante. Lorsque la foi naît à la suite de l’analyse, elle est bien plus stable parce que cette analyse va astucieusement détecter et résoudre tout doute que l’on pourrait avoir. Par contre, lorsqu’on croit d’emblée à quelque chose, sans avoir exercé son intelligence pour analyser les raisons de cette croyance, on court le danger, plus tard, de prendre conscience de contradictions logiques dans notre croyance et de commencer à douter de celle-ci. Dans ce cas-là, chasser les doutes est difficile parce que l’on s’est passé de l’outil de l’analyse intelligente.

C’est pourquoi il est important de procéder à l’analyse dès le début et d’utiliser l’analyser pour lever les doutes. Lorsque l’on analyse et que l’on étudie, il est bon de laisser toute latitude à son intelligence. L’analyse engendre une foi qui est certaine et qui n’a pas à être protégée de la recherche logique ou d’informations nouvellement obtenues.

À ce stade, nous pouvons nous demander : Que devons-nous analyser et comment devons-nous nous y prendre ?

ANALYSER NOTRE PROPRE EXPÉRIENCE

Les enseignements du Bouddha nous demandent d’analyser le mode de l’apparence, c’est-à-dire la façon dont une chose semble être et le mode de réalité sous-jacente, c’est-à-dire ce qu’est effectivement cette chose, sa véritable nature.

Ces deux modes sont différents ; les problèmes surviennent lorsque nous ne faisons pas la différence entre eux. Habituellement, les êtres sensibles sont affectés par cette confusion qui correspond essentiellement à une façon de penser erronée. Nous pensons qu’il n’y a pas une réalité sous-jacente différente de ce qui, d’après nous, apparaît ; nous ne remettons pas en question la validité de l’information que nos pensées nous donnent sur nos propres expériences. Cette confusion est ce qui engendre la souffrance chez les êtres sensibles, et cette expérience de confusion et de souffrance est ce que le Bouddha a nommé samsara.

Ainsi, à la base, lorsque nous pensons à nos expériences de façon confuse, c’est le samsara. Mais le Bouddha a aussi enseigné que si nous relions nos expériences à la sagesse plutôt qu’à l’ignorance, nous pouvons nous libérer de la souffrance et réaliser la véritable nature de notre esprit. C’est ce que le Bouddha a nommé le nirvana.

Cette présentation est totalement contraire à notre façon habituelle de penser aux choses, aussi ne faut-il pas la prendre pour argent comptant, nous devons l’étudier. Et nous pouvons voir que cette étude doit nous amener à nous focaliser sur notre propre expérience. Comment est-ce que notre expérience semble être ? Quelle est sa véritable nature ? C’est ce à quoi nous devons utiliser notre intelligence pour l’étudier et l’analyser.

Nous devons commencer par analyser l’état de l’existence dans laquelle nous nous trouvons en ce moment présent. Lorsque nous envisageons ce qui constitue notre existence, nous trouvons qu’elle se résume très simplement à nos six consciences : les formes visuelles, les sons, les odeurs, les saveurs, les sensations corporelles et les phénomènes mentaux. C’est ce dont nous faisons l’expérience lorsque nous sommes en vie, c’est-à-dire les perceptions des sens et leurs objets, et les pensées et les objets de ces pensées.

LA COGNITION DIRECTE COMPARÉE À L’ABSTRACTION DES PENSÉES

Nous pouvons commencer notre analyse avec l’expérience simple et familière des formes que voient nos yeux. Lorsque cette perception visuelle survient, quelle est la véritable nature de cette forme qui est l’objet sur lequel la conscience de l’œil se focalise ? Quelle est la véritable nature de cette faculté de l’œil qui est la base de cette perception ? En termes du mode de l’apparence, comment est-ce que la conscience de l’œil perçoit l’objet ? Et quel est le mode de réalité sous-jacente de cette perception ? Nous devons ici examiner à la fois le mode de l’apparence et le mode de la réalité sous-jacente. Lorsque nous analysons ainsi notre propre faculté sensorielle, nos consciences sensorielles et leurs objets de focalisation, nous faisons notre propre expérience personnelle du sujet de notre analyse, ce qui rend cette analyse à la fois immédiate et profonde.

Pour appliquer cette analyse ici même et immédiatement, regardons ensemble, par la grande fenêtre qui est à gauche, une orange qui pousse sur l’arbre qui est dehors. Nous voyons cette orange avec nos yeux, mais en fait elle va être perçue différemment par chacune de nos six consciences. C’est vrai pour toute chose, qui a six modes d’apparence différents. Ainsi, pour la conscience de l’œil, les seuls objets centraux qui apparaissent sont la forme et la couleur de l’orange ; les autres caractéristiques de l’orange ne se manifestent pas. Pour la conscience de l’oreille, tout ce qui apparaît est le bruit que l’orange fait lorsqu’elle tombe de l’arbre et touche le sol, ou le bruit que l’on entend lorsqu’on la pèle. La forme de l’orange n’est pas et ne peut pas être perçue par la conscience de l’oreille, la conscience de l’oreille n’a pas la capacité d’intégrer la forme de l’orange. La conscience du nez ne perçoit que la caractéristique de l’odeur de l’orange et non ses autres caractéristiques. La conscience de la langue ne perçoit que la caractéristique du goût qu’a l’orange, si elle est sucrée ou acide. La conscience du corps ne perçoit que la sensation qu’il ressent lorsque l’orange touche le corps et non la forme de l’orange, son bruit, son odeur et sa saveur. Ainsi, chacune des cinq consciences sensorielles ne perçoit que l’objet qui lui est spécifique.

Qu’est-ce qui, alors, apparaît à la sixième conscience, la conscience mentale ? Autrement dit quel est l’objet central qui apparaît à nos pensées ? La conscience mentale conceptuelle ne peut percevoir la forme, le bruit, l’odeur, le goût de l’orange, pas plus que la sensation corporelle. Une pensée ne peut fournir qu’une image abstraite. Cette image abstraite n’est ni une forme, ni un son, si une odeur, ni une saveur, ni une sensation corporelle. C’est une pensée qui fournit cette image abstraite, floue, indirecte, qui lui attache le nom « d’orange » et qui pense qu’elle perçoit effectivement cette orange alors qu’il n’en est rien.

C’est là un point qu’il est important de reconnaître. Les pensées ne perçoivent rien directement, elles ne peuvent pas percevoir l’objet réel, unique. Elles ne peuvent qu’attribuer des généralités et des abstractions peu claires. Par contre, les cinq consciences sensorielles perçoivent effectivement des choses précises, mais elles n’émettent pas de jugements conceptuels à leur sujet.

Lorsque nous envisageons le mode de l’apparence de cette façon, nous voyons qu’une orange apparaît de cinq façons différentes, une pour chacune des cinq consciences sensorielles, et que la conscience mentale, conceptuelle (nos pensées), ne perçoit qu’une image abstraite de sa propre attribution conceptuelle. Nous croyons à tort que lorsque nous pensons « orange », l’orange qui est l’objet de nos pensées est une et identique à l’orange que nous voyons, entendons, sentons, goûtons et touchons. Mais la réalité sous-jacente est que cette orange qui est l’objet de nos pensées ne peut pas être vue, entendue, sentie, goûtée ou touchée. Ce n’est qu’une facette de notre imagination. Ainsi, l’analyse nous permet de comprendre facilement que le mode de l’apparence et le mode de la réalité sous-jacente sont deux modes différents.

Nous pouvons alors aussi examiner d’autres caractéristiques présentées par cette orange. Par exemple, elle est produite par des causes et des conditions, elle est le résultat composite de nombreuses causes et conditions différentes qui ont été rassemblées. Ainsi, elle est tout le temps en train de changer, car les causes et les conditions qui agissent sur elle sont changeantes. Elle naît et meurt à chaque instant et ainsi, tout ce qui est à un moment donné n’est plus le moment d’après, c’est la caractéristique de l’impermanence. De même, comme cette orange n’est que le produit de causes et de conditions, elle n’a aucune nature intrinsèque, aucune existence indépendante, elle n’existe pas en tant que telle. On dit alors que c’est la vacuité qui la caractérise. L’impermanence et la vacuité sont des caractéristiques de la réalité sous-jacente à l’orange, sa véritable nature.

Toutefois, nos pensées ordinaires pensent simplement « orange », et ces pensées attribuent une permanence et une existence matérielles à cette image abstraite qu’elles ont de l’orange. Nos pensées s’accrochent à l’idée d’une existence réelle et ne reconnaissent pas les caractéristiques d’impermanence et de vacuité. Là encore, nous pouvons voir que le mode de ce qui apparaît à nos pensées et le mode de la réalité sous-jacente sont différents.

Cette importante distinction révèle la confusion qui engendre la souffrance. Par exemple, lorsque nos pensées croient qu’une chose est permanente, c’est une erreur, et cette erreur nous fait souffrir parce que lorsque nous croyons qu’une chose qui nous rend heureux est permanente, et nous souffrons lorsque celle-ci cesse d’exister. Et lorsque nous croyons qu’une chose qui nous fait souffrir est permanente, nous nous privons du soulagement de savoir qu’elle est impermanente et qu’en conséquence elle ne va pas nous faire souffrir jusqu’à la fin de notre vie, bien loin de là !

Ainsi, plus nous aurons la certitude que les projections de nos pensées sont erronées, moins nous croirons aveuglément qu’elles sont réelles et le mieux nous nous en porterons.

LA PERCEPTION DIRECTE, LES PENSÉES ET LE TEMPS

Voyons maintenant la différence entre les perceptions des consciences sensorielles et les pensées d’un côté, et le temps de l’autre. Les cinq consciences sensorielles sont non-conceptuelles, c’est-à-dire qu’elles n’émettent pas la moindre pensée, quelle qu’elle soit, sur les objets qu’elles perçoivent. Ainsi, les cinq consciences sensorielles perçoivent directement chaque forme, chaque son, chaque odeur, chaque saveur et chaque perception corporelle dans le moment présent. Avec les consciences sensorielles, il n’y a ni passé ni futur parce que seule existe la perception de ce qui est immédiatement là, à ce moment même.

Par contre, les pensées regardent vers le passé et le futur. Mais le passé est passé, donc il n’existe plus, et le futur n’est pas arrivé, donc il n’existe pas non plus. Ainsi, lorsque les pensées se tournent vers le passé et le futur, elles se tournent vers la non-existence, vers l’absence de toute chose précise. C’est pourquoi seule une image abstraite du passé et du futur, que les pensées ont elles-mêmes créée, peut leur apparaître. Nous passons un temps considérable à penser au passé et au futur et à nous en inquiéter, mais cette analyse nous montre que ce passé et ce futur ne sont que simple création de nos propres pensées et que le passé et le futur, en réalité, n’existent pas.

Les cinq consciences sensorielles n’envisagent que le présent. Depuis l’époque où nous étions de jeunes enfants jusqu’à maintenant, les objets qu’ont perçus les cinq consciences sensorielles n’ont jamais été que d’uniques objets du moment présent. Les cinq consciences sensorielles n’ont jamais vu le passé ou le futur.

Les consciences sensorielles d’hier ont perçu les formes, les sons, les odeurs, les saveurs et les sensations corporelles spécifiques d’hier, elles n’ont pas perçu les objets spécifiques d’aujourd’hui. Les consciences sensorielles d’aujourd’hui ne perçoivent que les objets spécifiques d’aujourd’hui, elles ne perçoivent pas les objets spécifiques qui ont existé hier, pas plus qu’elles ne perçoivent les objets spécifiques de demain. Les consciences sensorielles de demain ne percevront que les objets spécifiques de demain, elles ne percevront pas les objets spécifiques d’hier et d’aujourd’hui ; comment cela serait-il possible ?

C’est comme lorsqu’on regarde un film. Lorsque vous passez deux heures à regarder un film, votre conscience de l’œil ne voit effectivement que chaque instant de cet objet spécifique qu’est le film qui existe dans le moment présent, elle ne voit ni le passé ni le présent. Même si c’est comme cela, même si tout ce qui existe effectivement est ce qui existe dans le présent, les pensées regroupent les choses du passé, du présent et du futur, et croient à tort qu’elles sont une seule chose, réelle et continue.

Prenons l’exemple de l’état de l’une de nos mains à trois stades différents. D’abord, nous fermons le poing, ensuite nous faisons des mouvements avec le poing et enfin nous ouvrons le poing, laissant les doigts se détendre. La conscience de l’œil qui perçoit le poing fermé, la conscience de l’œil qui perçoit le poing qui se déplace et la conscience de l’œil qui perçoit la main ouverte sont différentes les unes des autres. La même conscience de l’œil ne perçoit pas tous ces états en même temps. La raison en est que lorsque la main forme un poing serré immobile, aucun mouvement n’est perçu, lorsque ce poing bouge, son immobilité n’est pas perçue, et lorsque la main s’ouvre le poing immobile et le poing en mouvement ne sont pas perçus. Comment alors la conscience de l’œil qui perçoit une image à un moment donné, mais non les autres images pourrait-elle être la même conscience de l’œil que celle qui perçoit ces autres images ?

Nous pouvons également analyser et voir que les cinq consciences sensorielles n’étiquettent pas et ne saisissent pas les noms de ce qu’elles perçoivent. Lorsque la conscience de l’œil perçoit la main, elle ne commence pas par saisir les étiquettes « poing », « en mouvement », ou « ouverte », elle ne pense même pas « main ». Elle perçoit les images de ces trois phases, mais ne leur attache aucune dénomination. La raison en est qu’un objet spécifique n’a ni nom ni étiquette, et donc la conscience qui le perçoit directement n’est pas conceptuelle.

Par contre, les pensées s’accrochent à ces trois images comme étant une seule chose. Les pensées mettent la même étiquette, « main », sur ces trois objets différents qui apparaissent à trois consciences de l’œil différentes ; elles pensent que le mot « main » et ces trois objets sont une seule et même chose. « Ce qui bouge ici est ma main, le poing est aussi ma main, et lorsque j’ouvre ce poing fermé, c’est aussi ma main ». Les pensées regroupent à tort ces trois phases et s’accrochent à elles comme étant une seule chose alors même qu’elles ne sont en rien une seule et même chose.

Maintenant, considérez votre propre mode d’apparence et votre propre mode de réalité sous-jacente. Comment vos consciences sensorielles et vos pensées vous perçoivent-elles ? Depuis l’époque où vous étiez de jeunes enfants jusqu’à maintenant, vos cinq consciences sensorielles ne vous ont jamais envisagé avec la moindre saisie. Elles ont simplement perçu leurs propres objets spécifiques sans s’accrocher à eux en aucune façon. Ce sont vos pensées qui s’accrochent à l’idée qu’il y a un moi immuable de l’enfance à maintenant. Vous pensez vraiment que de l’enfance à maintenant, vous n’avez été qu’une seule et même personne, n’est-ce pas ? Vous pensez : « Quand j’étais jeune, j’étais comme ceci ou comme cela, maintenant, je suis comme ceci ou comme cela », mais vous pensez toujours que le « moi » du passé est le même que le « moi » du présent. Les pensées envisagent ces différents moments et croient, dans leur confusion, qu’ils font un. Ce sont les pensées qui s’accrochent ainsi, pas les cinq consciences sensorielles.

Revenons à notre orange et procédons à cet examen : dans cette orange, il y a l’orange du passé, l’orange du présent et l’orange du futur. Mais lorsque les pensées conçoivent l’orange, elles regroupent tout cela en une seule chose. Ainsi, lorsque les pensées pensent à l’orange comme ayant un parfum agréable, elles ne pensent pas à l’orange du passé, à l’orange du présent et à l’orange du futur, mais elles regroupent au contraire tout ceci pour ne faire qu’un. Et lorsque nous pensons non pas à cette orange particulière, mais à une orange en général, nous allons prendre toutes les oranges au monde qui ont existé et existeront jamais et allons les ramener toutes à une seule. Nous nous accrochons à toutes ces oranges comme n’étant qu’une, mais l’image de l’orange qui s’élève dans notre esprit n’est pas claire. Ce n’est qu’une abstraction. C’est la seule chose que peuvent concevoir les pensées, des abstractions floues. Pourtant, les pensées collent une étiquette sur ces abstractions, les déclarant « bonnes » ou « mauvaises », « agréables » ou désagréables » et alors, nos pensées croient que ces étiquettes font vraiment partie de l’objet. Les pensées croient que les objets sont véritablement bons ou mauvais, même si les conséquences sensorielles ne perçoivent absolument pas ces étiquettes de « bon » ou de « mauvais ».

Si nous avons encore des doutes, nous pouvons nous demander : « Quelle preuve y a-t-il que les cinq consciences sensorielles sont non-conceptuelles » ? Nous pouvons le savoir grâce à ce qui se passe en méditation. Lorsque nous restons en méditation et que notre esprit est libre de toute pensée, nos yeux peuvent alors percevoir des formes et nos oreilles des sons, mais les pensées ne s’élèvent pas. Les noms et les étiquettes auxquels nous nous accrochons ne s’élèvent pas. C’est un signe que les cinq consciences sensorielles sont non-conceptuelles. Un autre signe est que lorsque vous rencontrez une personne pour la première fois, vous ne connaissez pas son nom. C’est parce que votre conscience de l’œil perçoit la forme de la personne, mais elle ne conçoit rien à son sujet. Je vous conseille de réfléchir et de trouver d’autres exemples qui prouvent que les cinq consciences sensorielles sont non-conceptuelles. Voyez alors comment vos pensées conçoivent de si nombreuses étiquettes et jugements différents sur les objets que perçoivent vos consciences sensorielles de façon non conceptuelle, et remarquez les différentes réactions émotionnelles qu’elles suscitent.

L’ANALYSE ET LA PRISE DE CONSCIENCE DE L’ÉQUIVALENCE

Le Bouddha a mis l’accent sur cette façon d’analyser le mode de l’apparence et le mode de la réalité sous-jacente comme méthode pour nous débarrasser de la confusion et nous amener vers l’éveil. Voilà pourquoi les différentes parties des enseignements du Bouddha s’appellent des yanas, c’est-à-dire des « véhicules », les véhicules que nous utilisons pour ce voyage vers l’éveil. Il y a diverses positions sur le nombre de yanas qui existent ; on en dénombre parfois trois, parfois neuf. Le Bouddha a même enseigné qu’il existait un yana différent pour chacun des concepts que nous avons parce que chaque concept renferme un élément de confusion que nous devons apprendre à transcender.

Mais le Bouddha a également enseigné que même si tous ces différents yanas et leurs positions philosophiques semblaient exister, en fin de compte, il n’y avait qu’un seul véhicule parce que nous-mêmes n’avons qu’une seule nature véritable, et non plusieurs.

Le véhicule ultime est l’équivalence. L’équivalence signifie que les contradictions, les opposés, les différences et les distinctions apparaissent, mais n’existent pas vraiment. Dans la vraie nature de l’équivalence, les opposés, les différences et les distinctions sont non-différenciables ; tout est égal.

Il est important que vous analysiez les apparences et voyiez par vous-même si leur vraie nature est l’équivalence ou non. Vous pouvez commencer par vous analyser vous-même. Généralement, lorsque vous vous regardez, vous pensez à « moi ». Mais lorsque les autres vous regardent, ils ne pensent pas à vous comme étant « moi », mais comme étant « autre ». Alors, qui êtes-vous ? Êtes-vous « moi » ou « autre » ? Dans la réalité ultime, le moi et l’autre sont équivalents. Vous n’êtes en fait ni moi ni autre, vous êtes également moi et autre.

Généralement, les identités de « moi » et de « autre » dépendent aussi de concepts. Sans concepts, il n’y aurait ni moi ni autre. La terre et les pierres ne sont ni moi ni autre, pas plus qu’elles n’en découlent. Alors, lorsque vous êtes « moi » ou « je », cela provient de concepts, et plus précisément de vos propres concepts personnels. Lorsque vous êtes « autre », c’est en dépendance avec les concepts de tous les autres êtres sensibles en dehors de vous-même. Lorsque vous réfléchissez ainsi, vous pouvez voir comment vous êtes aussi « autre » et comment les autres sont aussi « moi » parce que tous les êtres sensibles pensent à eux-mêmes de la même façon. C’est pourquoi, lorsque vous vous-demandez « Qui est réellement moi et qui est réellement autre ? », la réponse est que moi et autre sont en fait équivalents.

Ensuite, vous pouvez vous demander : « Sommes-nous « amis » ou sommes-nous « ennemis », ou ni amis ni ennemis » ? La réponse est que nous sommes tout autant amis qu’ennemis. Parce que dans la perspective des pensées de nos ennemis, nous sommes des ennemis ; dans la perspective de ceux dont les pensées s’accrochent à nous en tant « qu’amis », nous sommes un ami ; et pour ceux qui sont neutres envers nous, nous ne sommes ni ami ni ennemi. Alors, que sommes-nous véritablement ? Il est impossible de définir avec exactitude ce que nous sommes. Et cela montre que notre vraie nature est l’équivalence.