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Étranges Destins retrace la vie de Madou, qui se retrouve au fond du gouffre à cause de problèmes avec sa familles. Il entame une vie d'errance dans l'immonde bidonville de Ndol, où il réapprend à vivre, se fait de nouveaux amis. Un événement va bouleverser sa vie. Une rencontre...
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Seitenzahl: 168
Veröffentlichungsjahr: 2019
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UNE VIE DE MISERE
LA RENCONTRE
PREMIER JOUR DE TRAVAIL
LE CAFE KEUR GALLAS
MAKHOU ET SA FAMILLE
SAMBA ET SA FAMILLE
MARIE
LA FETE D’ANNIVERSAIRE
LE SECRET DE MADOU
Ce soir là encore, Madou était en proie à ses démons. Il avait passé la journée à rechercher du travail. La faim le tenaillait, il était au bout de ses forces. La vie était dure avec Madou. Les plaisirs terrestre lui étaient inconnus. Son quotidien se résumait à errer dans les rues de la grande ville de Nopity. Une ville aux allures de jungle, sans pitié pour le faible.
Madou habitait une baraque dans le bidonville de Ndol, le paradis des opprimés et infortunés de la vie. Sa « case » était une pièce unique de 15 m2, avec des murs en planches de récupération et un toit en tôle rafistolée. Le mobilier était quasi inexistant, une natte lui servait de lit, une petite table lui servait de rangement. Tout dans ce lieu montrait à quel point Madou était démuni.
Arrivé à la porte de sa baraque, tenue par un fil de fer, il souleva la chatte qui lui tenait compagnie. Il la surnommait affectueusement princesse. Il lui prodigua de douces caresses auxquelles elle répondit par des miaulements langoureux. Princesse lui gardait sa baraque. Sur le seuil, il reposa doucement la chatte qui se précipita vers un coin de la baraque. Il alluma sa lampe à pétrole, enleva ses vieilles chaussures qui avaient fait plusieurs fois le tour de la ville. Comme toujours il était habillé d’un pantalon jean aux couleurs oubliées et d’un t shirt rouge avec un logo d’une université des états unis. Il était fatigué, triste et affamé. Sur la table, il trouva un morceau de pain de la veille. Ce pain était un cadeau d’un étranger qui l’avait pris en peine alors qu’il dévorait des yeux la vitrine du pâtissier. Le pain était asséché et il dut le tremper un peu dans l’eau pour pouvoir le manger.
Après ce repas inexistant qui calmait un peu sa faim, il s’allongea sur sa natte tout vêtu. Il mit ses mains sous sa tête, jetant un regard au plafond. Là, il repassa les évènements de sa journée. Le matin il s’était réveillé de bonne heure, avec rien dans le ventre et rien à manger. Il avait donné le câlin matinal à princesse, qui à sa façon lui rendait ses attentions. Elle se frottait à lui et lui léchait les mains. Il avait franchi le pas de sa porte, avec un sentiment d’amertume profond. Il n’avait pas de destination précise, encore moins une chose précise à faire. Il savait juste qu’il devait se lever, et aller affronter la ville cruelle Nopity.
Cette ville témoin, spectatrice et actrice de se malheurs. Une ville où être pauvre était un crime aux yeux de ses riches et arrogants habitants. Une ville où le pauvre était assimilé à un animal, un moins que rien. Tous les jours ils étaient les victimes de l’arrogance et de la tyrannie de la classe moyenne et aisée de la ville. Ils étaient harcelés, malmenés, maltraités et parfois même agressés sans aucune justice. La justice s’occupait des nantis, prenait leur parti à tous les coups.
Assailli par la tristesse, l’amertume, la mélancolie, Madou se mit donc à arpenter les ruelles du bidonville pour rejoindre le centre. Il salua par un hochement de tête les quelques ombres rencontrées, poursuivant tristement sa marche vers une journée d’humiliation et de misère.
Entre le bidonville de Ndol qui se situait sur les flancs de la colline Modjou et le centre qui se trouvait sur la partie élevée, se trouvait une campagne verdoyante parsemée de quelques acacias ombrageux. C’était la zone tampon entre les deux mondes de cette ville. Une zone où la richesse ou la pauvreté n’avait guère posé son empreinte. Une zone où la nature était reine, avec un paysage magnifique. Il sortit du sentier pour se diriger vers un acacia aux feuilles verdoyantes et aux branches majestueuses. Là il avait ses habitudes à l’aube. Il se débarrassa de ses chaussures et se mit en position pour effectuer la prière du matin. On entendait les gazouillis des oiseaux au réveil. Il effectua sa prière, observa un temps le soleil levant, puis se remit en marche vers le centre. Au fur et mesure qu’il s’approchait de la ville, les bruits des moteurs de voitures grandissaient. Il se dirigea vers le port de la ville où il effectuait des travaux parfois, moyennant quelques pièces. Là les premières pirogues étaient déjà à quai, entrain de débarquer du poisson. Madou alla trouver son vendeur de café habituel Makhou. Il salua froidement comme à son habitude et s’assit à un coin de la table. Makhou lui servit une tasse de café chaude, qu’il huma tendrement avant de le reposer sur la table.
Dans la baraque Madou en se faisant le film de sa journée commençait à somnoler. Ses pensées devinrent troubles, il allait succomber au sommeil. A quoi bon se rappeler ? Il s’est fait humilier par un riche commerçant de Nopity qui l’avait traité publiquement de voleur, pour une histoire de poissons manquants à son panier. Sa paie de quelques travaux effectués avait été confisquée de force par les vendeurs de poissons. Il fut chassé du port sous la menace d’être lynché publiquement. Ce n’était pas la première fois qu’il subissait un tel traitement, il en avait l’habitude. Nopity était une ville vraiment cruelle. Sans pitié pour le pauvre, l’affamé, le malade, le handicapé. Madou avait su s’habituer à de tels traitements au fur et mesure de son existence de misérable. Son cœur s’était déjà brisé en mille morceaux du fait des douleurs et peines. Il était amorphe. Il ne ressentait plus aucune douleur, il ne ressentait plus aucune peine. Il passa le reste de sa journée sous un pont, adossé à un poteau. Le regard perdu, il se perdait dans ses souvenirs lointains, oubliant son corps.
Il s’était endormi, calme, résigné. Seul dans sa baraque avec ses tourments. Il n’avait personne pour s’apitoyer sur son sort. Il n’avait personne qui puisse lui apporter du réconfort. Ses journées ressemblaient à un long et douloureux cauchemar, ses nuits étaient sombres et hantées par les pensées noires. Sa vie était un fleuve asséché, où toute vie était impossible. La désolation.
Dans le bidonville Madou était l’objet de plusieurs rumeurs, les uns plus sordides que les autres. Son calme, son silence excitaient la curiosité de ses voisins. A son arrivée, il avait été accueilli chaleureusement par les habitants du triste bidonville de Ndol.
Il y était arrivé un soir, en proie à une maladie due au manque de nourriture. Il avait été secouru dans les rues du centre par un habitant de Ndol, Meissa. Ce dernier l’avait ramené chez lui et soigné pendant des jours. Quand il s’est remis, les habitants du bidonville l’avaient aidé à construire sa baraque. Pendant ce temps ils avaient tout fait pour en savoir plus sur le personnage de Madou mais il se fermait telle une huitre. Il n’était guère bavard, et prétendait être orphelin de père et de mère, abandonné à la rue tout jeune. Il s’en arrêtait là. Au fil des mois on entendait dire dans le bidonville que le nouvel habitant était un commerçant en faillite, ou bien qu’il était le fils d’un riche marabout en proie à des démons. Mais toutes ces allégations étaient infondées et ne s’appuyaient sur aucune preuve tangible. Madou restait un mystère entier pour les habitants de Ndol.
Ce soir-là, il dormit profondément. Tout le poids de sa vie misérable, s’étalait sur son corps. Il était seul. Qu’en cette soirée qu’il vive où qu’il meure n’importait à personne. A part sa chatte princesse, qui s’était blottie à ses côtés dans son sommeil.
Ainsi passait la vie du « fou » comme aimaient l’appeler les habitants de Ndol. Le fou au passé trouble comme les eaux du fleuve Ganja, qui bordait la ville.
Un jour alors il rencontra un homme riche, mais qui était diffèrent de la majorité des habitants de Nopity. Cet homme était à la recherche d’un manœuvre pour effectuer de menu travaux dans son grand jardin. Il n’était guère prévu que ce soit Madou qui soit engagé pour ce travail. L’homme riche avait déjà pris contact avec un gars du quartier où trainait Madou dans le centre. Mais ce dernier dut se désister suite à une maladie qui le clouait au lit. Venu s’enquérir de la situation l’homme riche, trouva sur son chemin Madou.
Le hasard fit que c’est le « fou » qui lui montra le chemin de la maison. Après avoir vu l’homme malade, le riche revint à Madou pour lui proposer le travail. Il lui expliqua ce qu’il attendait de lui. Il s’agissait d’un travail de jardinage et d’entretien des plantes, mais le jardin était immense. L’homme riche aimait la nature et les paysages, mais n’avait guère le temps de s’en occuper convenablement. Ses précédents jardiniers se lassait au travail et prenait la fuite du jour au lendemain. Et l’homme riche ne supportait pas de voir ses plantes malheureuses.
Alors Madou put sourire à la vie. Tout le temps qu’il était en compagnie de l’homme riche, il se disait qu’enfin la vie lui souriait. Que la chance lui tendait enfin la main. Sinon comment expliquer cet heureux hasard, cette rencontre. Et il souriait, pudiquement, mais il souriait enfin. Peut-être que les rayons de soleil avaient enfin percé le voile de ténèbres qu’était sa vie. Au moment où l’homme riche l’abordait, il pensait à se suicider. Il réfléchissait au moyen de mettre un terme à sa vie. Toutes les solutions étaient envisagées dans sa tête. Il se disait que sa mort ne change rien pour qui que soit. Il était seul. Il était seul. Sa solitude l’enveloppait depuis des années. Alors sa mort ne ferait rien à personne. A cet instant il pensé à sa chatte princesse, qui l’attendait patiemment chaque soir au pas de sa porte. Cette chatte qui lui était si attaché. Elle était venue à Madou étant bébé, criant après sa mère. Madou lui avait fourni du lait, en se sacrifiant lui-même, le creux au ventre. Depuis elle n’avait jamais quitté les environs de sa baraque. Chaque soir elle l’accueillait avec des miaulements heureux, se frottant à lui. Au moment où il pensait à sa chatte qu’il voulait abandonner sur le chemin sinueux de la vie, est apparu le riche homme. Tel un ange, un ange de la vie. Un ange qui récupère ceux qui sont au bord du gouffre. Il était apparu au bon moment, au bon endroit et devant la bonne personne. Madou était celui qui avait le plus besoin de ce travail. Sa vie en dépendait, la condition de sa survie. Enfin il trouvait quelque chose.
Il fit connaissance avec l’homme riche qui s’appelait Samba. Il le présenta à sa famille et au personnel domestique. Il devait commencer le lendemain même, vu que le dernier jardinier avait déserté depuis déjà 4 jours. Il discuta son salaire et fut surpris de se voir proposer la somme de 25 000 FCFA. Une somme inespérée pour quelqu’un qui n’arrivait pas à manger à sa faim. Cela faisait longtemps même que le « fou » n’avait pas tenu une somme de 5000 FCFA.
Il quitta le domicile de Samba pour rentrer à Ndol. Durant le trajet il s’imaginait le traitement qu’il allait recevoir de la part de son nouveau employeur. Sa vie de misérable lui avait appris à se méfier des gens, surtout les riches de la ville de Nopity. Ils pouvaient se montrer cruels à l’endroit du pauvre, de l’indigent. Leurs sourires étaient fourbes, ils étaient d’une mesquine sans égale. Un instant ils vous choyaient, l’instant d’après ils vous lynchaient à mort pour un rien. Leur cruauté était sans égal à l’endroit de leurs employés. Madou refoula le peu de joie que lui avait procuré son nouveau travail par la force du doute. Il décida dans sa tête qu’il serait endurant à toutes les misères qu’il allait vivre chez Samba. Il n’avait pas peur ; il n’avait rien à perdre. Là où l’a trouvé l’homme riche devait être son lit de mort. Il était à deux doigts de se suicider.
Il marcha ainsi à pas feutrés, se dirigeant vers son bidonville. Il annoncerait la nouvelle à Makhou qui serait surement content pour lui. Makhou était un homme bien, il avait un grand cœur. Il l’avait sorti de la rue où il se mourait à petit feu. Makhou avait été un ange de la vie pour lui. Il l’avait soigné de sa maladie. Il lui dirait qu’il avait rencontré un autre ange de la vie. Samba. Il serait content pour lui, il le félicitera. Il lui souhaitait que du bien.
Arrivé à la zone tampon entre la ville cruelle de Nopity et le bidonville maudit de Ndol, il se dirigea vers son arbre de prière. Le crépuscule s’annonçait, il devait honorer la prière du Timis. Il devait remercier son Seigneur pour sa grâce envers lui. Un pauvre homme abandonné à son sort et en proie à la malchance la plupart du temps. Cette journée était bénie. Il retira ses chaussures et se mit en position. Il était empli d’un sentiment de tristesse inouïe. Il leva les mains et débuta sa prière. Durant la prière les larmes lui coulèrent aux joues. Il continua. Sa prière terminée, en tailleur il se mit en face du soleil couchant. Les larmes continuaient à couler sur ses joues. Il était submergé par une vague dévastatrice de chagrin. Il avait tellement souffert dans sa vie. Il était passé par tant d’épreuves, les unes plus dures que les autres. Il avait été malmené par la vie depuis son enfance. Il avait subi tant d’humiliation. Tout ce vécu souvent l’assaillait et faisait saigner son cœur. Il observa les lueurs éblouissantes du crépuscule qui se reflétaient sur les toits des baraques de Ndol. Cet éclat ressemblait lui procurait un sentiment de paix. Il devait avancer dans sa vie. Il devait écrire une nouvelle page de son histoire à partir de demain. Rien ne serait facile, il s’en doutait bien, mais une chance lui était quand même offerte.
Ce soir-là, après avoir annoncé la nouvelle à Makhou, il fut invité à souper à sa table. Il partagea son repas, en faisant mine de ne point être affamé. Son ami lui prodigua des conseils pour qu’il puisse durer à son nouveau travail. Il lui répéta à plusieurs reprises d’être prêt à tout entendre, à subir de la part de son nouvel employeur et de sa famille. Ces gens-là n’avaient aucun respect pour ceux qui venaient de Ndol. Ils les considéraient comme des animaux. Ils se croyaient tout permis envers ces gens. Leurs richesses, leurs familles les gonflaient d’arrogance, de mépris envers quiconque ne faisait pas partie de leurs cercles. Lui Makhou en savait un tas, il était employé depuis une décennie dans une boutique du centre. Il était honnête et travailleur mais n’échappait guère au venin de son employeur, qui le traitait de tous les noms d’oiseaux à longueur de journée. Il le qualifiait de fainéant devant ses amis riches. Pourtant il lui était indispensable dans la tenue de sa boutique. Makhou connaissait bien les produits et leurs prix. Il savait convaincre les clients et les faire acheter au meilleur prix pour le commerce. Il faisait gagner une tonne d’argent à son patron qui était en réalité le fainéant. Il ne venait à la boutique que quand le soleil était haut dans le ciel. Il se pavanait avec ses habits dorés tel un monarque dans sa cour. Il se faisait servir du thé dans des vaisselles en or et dégustait les fines pâtisseries avec beaucoup d’entrain. Ensuite il recevait ses amis de la haute et discutait de leurs patrimoines et comptes en banque. Ainsi il passait sa journée, à paresser et à maltraiter Makhou. Quand il passait il disait à ses amis de regarder combien il était moche et disproportionné, une erreur de la nature. Il le comparait un fois à un singe, une autre fois à un chien. Que de cruauté que Makhou devait endurer. Il était devenu insensible à ces attaques sadiques. Il en riait souvent en cachette. Il avait de la pitié pour ces bêtes immondes de riches incapables de ressentir de l’empathie de la compassion envers les faibles. Ils étaient malades à son avis. Une maladie du cœur qu’aucune richesse ne pouvait guérir. Leurs cœurs étaient asséchés et dépourvus de sentiments humains. En réalité ils étaient les vrais animaux à son avis. Les conseils de Makhou furent sérieusement écoutées par Madou, qui savait en réalité savait à quoi il devait s’attendre. Tout ce que Makhou lui disait, il le savait déjà. Il en était pleinement conscient. Madou avait subi de pires traitements que Makhou mais il ne lui disait rien. Il passa une partie de la soirée avec la famille de Makhou qui avait une femme Dalia et 3 filles (Fatou, Myriam et Kady). Il joua un peu avec les filles qui étaient joyeuses et sautaient partout même la nuit. Elles étaient innocentes, ignorants les dures réalités de la vie. Elles étaient candides dans leurs haillons et appréciait énormément Madou qu’elles appelaient affectueusement Papa Mango. « Mango » parce que le « fou » leur en offrait souvent avec le peu qu’il réussissait à avoir durant la journée. Il s’est souvent lui-même privé pour leur offrir ces mangues et il en était heureux. Les rares joies de Madou en cette vie misérable.
Madou était un homme généreux, malgré les dures épreuves de la vie. Il était resté un homme bien, honnête et au grand cœur. Souvent il aidait les habitants du bidonville dans divers travaux, pour construire, réparer, rafistoler les vieilles baraques. Il s’impliquait le plus possible à la vie du bidonville. Il aimait les enfants, sa relation avec les filles de Makhou le prouvait. Elles le considéraient comme leur père. Il était pieux et ne manquait guère à ses prières quotidiennes. Ses moments de prières étaient des instants d’intense communion avec son Seigneur. Il ne les abandonnerait pour rien au monde. Seule sa foi profonde l’avait tenu en équilibre dans les méandres de la pauvreté. C’était sa bouée de sauvetage.
Il continua son chemin vers sa baraque, après avoir chaleureusement remercié la famille de Makhou pour leur hospitalité. Un énorme poids s’était dissipé sur ses épaules, il était plus léger, plus détendu. Ce soir-là princesse était venue le chercher sur le chemin de sa baraque. Elle était venue l’accueillir, surement inquiet de son retard. Elle sauta sur ses pieds en miaulant langoureusement, se frotta à ses jambes, fit le tour, puis prit le chemin de la baraque. Elle semblait le guider dans le noir, pour l’aider à retrouver le chemin. Ils cheminèrent ainsi en silence l’un derrière l’autre, en procession calme. Devant la porte la princesse s’arrêta et se mit sur son postérieur. Il ouvrit la porte et elle se précipita à l’intérieur.
Cette nuit-là après avoir donné à manger à Princesse, Madou trouva rapidement le sommeil. Il était fatigué et devait se lever de bonne heure pour débuter son nouveau travail. Une dure journée l’attendait.
Ce matin-là Madou n’eut pas de mal à se lever, il savait où il devait aller. Il n’allait pas errer dans les rues de la cruelle Nopity, à chercher, à espérer, à subir. Il avait un travail, il avait bien un travail. Ce matin là Princesse était couchée sur le pas de la porte, elle regardait Madou avec un air triste, ses yeux ressemblait à ceux d’une fillette privée de son jouet. Peut être qu’elle voulait vivre cette journée auprès de Madou. Elle semblait avoir appréhendé la situation, elle voulait en faire partie. Madou s’agenouilla devant elle, caressa son poil, mais elle ne réagissait guère. Elle semblait triste. Il lui fit un bol de lait qu’il avait soigneusement gardé la veille, la regarda boire avec paresse un instant, puis se remit debout.