Eugénie Grandet d'Honoré de Balzac - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Eugénie Grandet d'Honoré de Balzac E-Book

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Eugénie Grandet est un roman d'Honoré de Balzac (1799-1850), publié en 1834 chez Madame Charles-Béchet. L'année précédente, le premier chapitre, « Physionomies bourgeoises », avait paru dans L'Europe littéraire sous le titre Eugénie Grandet, une histoire de province.


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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782341012911

© Encyclopædia Universalis France, 2023. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Monticello/ Shutterstock

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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Encyclopædia Universalis.

Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Eugénie Grandet, Honoré de Balzac (Les Fiches de lecture d'Universalis).

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EUGÉNIE GRANDET, Honoré de Balzac (Fiche de lecture)

Eugénie Grandet est un roman d’Honoré de Balzac (1799-1850), publié en 1834 chez Madame Charles-Béchet. L’année précédente, le premier chapitre, « Physionomies bourgeoises », avait paru dans L’Europe littéraire sous le titre Eugénie Grandet, une histoire de province.

En 1833, Balzac n’a pas encore en têtel’idée précise de La Comédie humaine, dont il ne concevra le projet que huit ans plus tard,mais il a commencé à réfléchir à une organisation de ses romans. C’est ainsi qu’Eugénie Grandet prend place comme premier volume des « Scènes de la vie de province », qui forment, avec les « Scènes de la vie privée », les « Scènes de la vie parisienne » et les « Scènes de la vie de campagne », l’ensemble des Études de mœurs au XIXesiècle. En 1843, le roman constituera, avec Ursule Mirouetet Pierrette,le premier volume des « Scènes de la vie de province », tome V de La Comédie humaine.

Premier grand succès de Balzac, Eugénie Grandet est resté, avec Le Père Goriot (1835), l’un de ses romans les plus célèbres et les plus lus. Il a toujours occupé une place de choix dans l’institution scolaire et fait l’objet de plusieurs adaptations théâtrales et cinématographiques, dont la dernière, en 2021, par Marc Dugain, avec Joséphine Japy dans le rôle-titre et Olivier Gourmet.

1. La province au scalpel

Félix Grandet est un personnage important, respecté et craint, de la petite ville de Saumur. Ancien tonnelier doté d’un solide sens des affaires, il s’est enrichi grâce à son mariage avec la fille d’un marchand de bois fortuné. Puis, profitant des circonstances de la Révolution et de la vente des biens du clergé, il a acquis dans des conditions troubles « les plus beaux vignobles de l’arrondissement, une vieille abbaye et quelques métairies ». Devenu maire sous le Consulat, il en a profité pour faire aménager par la commune des accès à ses propriétés. Sa disgrâce politique sous l’Empire ne l’a pas empêché d’accroître sa fortune grâce à plusieurs héritages et d’habiles spéculations sur le vin.

Lorsque s’ouvre le récit, Grandet règne en despote sur sa femme, sa fille Eugénie et une vieille servante, Nanon, dans une maison « pâle, froide, silencieuse, située en haut de la ville ». Il leur impose, par avarice, une vie monacale. Ses millions suscitent la convoitise de deux familles, les Cruchot (notaires) et les Des Grassins (banquiers), qui lui font une cour assidue – dont il ne manque pas de tirer profit – dans l’espoir d’obtenir, les uns pour leur neveu les autres pour leur fils, la main de sa fille.

Le jour des vingt-trois ans d’Eugénie, en pleine soirée d’anniversaire réunissant les Grandet, les Cruchot et les Des Grassins, arrive inopinément de Paris Charles Grandet, neveu de Félix, « beau jeune homme de vingt-deux ans » envoyé à Saumur par son père. Les « manières aristocratiques » et l’élégance de dandy de Charles font forte impression sur les convives, et plus encore sur Eugénie. Pendant ce temps, Grandet prend connaissance d’une longue lettre dans laquelle son frère lui annonce que, couvert de dettes, il va mettre fin à ses jours et lui confie son fils. Le lendemain, plus ennuyé qu’attristé, Grandet annonce à son neveu le suicide de son père. Le jeune homme est effondré.

Grandet trouve vite pesante la présence de cette bouche inutile, qui trouve un réconfort auprès de Madame Grandet et d’Eugénie. Les deux jeunes gens ne tardent pas à tomber amoureux. Une nuit, Eugénie découvre, en lisant deux lettres que Charles vient d’écrire, qu’il a décidé de partir faire fortune aux Indes afin d’éponger les dettes de son père, et qu’il compte l’épouser à son retour. Émue, elle lui offre les pièces d’or que son père lui avait données depuis sa naissance. Les deux jeunes gens se jurent un amour éternel.

Quelques mois après le départ de Charles, Grandet découvre que sa fille lui a donné tout son bien. Fou de rage, il la cloître dans sa chambre, au grand chagrin de Madame Grandet, qui tombe malade. Grandet finit par se laisser convaincre qu’il est de son propre intérêt de se réconcilier avec sa fille, unique héritière de sa mère. Mais celle-ci ne se rétablit pas pour autant et meurt deux ans plus tard. Grandet persuade alors Eugénie de renoncer à son héritage à son profit. La santé du père décline à son tour, en même temps que son avarice s’aggrave. Il meurt au bout de cinq années durant lesquelles sa fille s’est occupée de lui, tout en espérant le retour de Charles.

Celui-ci a bien fait fortune aux Indes, mais il a changé. De retour à Paris, il refuse de payer les dettes de son père et écrit à Eugénie pour lui annoncer qu’il épouse – pour son titre de noblesse – la marquise d’Aubrion. Désespérée, Eugénie épouse Bonfons de Cruchot, président du tribunal de première instance de Saumur, qui meurt quelques jours après son élection comme député. Bien qu’ayant hérité de son père et de son mari, elle retourne vivre modestement dans la maison Grandet, où elle consacre sa fortune à financer des œuvres charitables.

2. « Des drames dans le silence »

Le succès public et la postérité scolaire d’Eugénie Grandet tiennent d’abord à l’intensité de la peinture de ses deux protagonistes et à la clarté de son intrigue et de sa structure narrative, purement linéaires. Loin de la profusion des Illusions perdues ou de César Birotteau, Balzac s’y révèle économe en décors (un seul lieu, la ville de Saumur, au reste assez peu décrite), en personnages (les quatre Grandet et Nanon, et les deux familles Cruchot et Des Grassins), et en action. Si l’on peut situer le véritable début du récit à l’irruption soudaine de Charles au cœur de la torpeur saumuroise et à l’ébranlement qu’elle provoque, il est difficile de dire quand il se termine : à la réception de la lettre de Charles annonçant son mariage avec la marquise d’Aubrion, mettant un terme à une attente interminable ? À la mort de Grandet ? À la mort du mari d’Eugénie ? Celle-ci n’a alors que trente-six ans, et l’absence de toute conclusion (« Depuis quelques jours, il est question d’un nouveau mariage pour elle ») suggère que son existence va se poursuivre dans la même grisaille.

Ce minimalisme est précisément la forme littéraire que prend le projet balzacien d’étudier – relative innovation romanesque – la « vie de province ». À l’effervescence parisienne répondent ici la langueur et l’ennui. Les passions n’y sont pas absentes, loin de là ; elles sont aussi puissantes et dévorantes que dans la capitale, mais secrètes et comme écrêtées. À cet égard, l’évocation de la ville et la répétition du mot « mélancolie » dans les premières pages posent parfaitement le cadre mental du livre.

C’est de cette densité extrême, accentuée par la disparition, en 1839, de la division en chapitres de la première édition, que le roman tire toute sa force tragique. Dans le bouillonnement permanent parisien, les péripéties successives finiraient presque par s’annuler ; ici, au contraire, la léthargie ambiante confère au moindre événement la puissance d’un séisme. Si l’arrivée de Charles étonne et agace les notables de la ville, elle sidère littéralement Eugénie, provoquant sa métamorphose (« c’est la naissance d’Eugénie », dit Grandet dans un lapsus qui se révélera lourd de sens) en lui révélant tout un monde jusque-là ignoré, à commencer par elle-même. Montant peu à peu sous une apparente soumission, la révolte contre le père tyrannique, sourde mais têtue, ira jusqu’au don de son or à son amoureux, scandale des scandales aux yeux de Grandet.

Roman du temps figé, Eugénie Grandet est aussi un grand récit d’enfermement, à la fois spatial (Saumur, la maison Grandet) et psychique. Au fil des ans, le père et la fille s’enfoncent dans leurs obsessions parallèles : l’or et l’amour. Chez Grandet, le désir d’enrichissement prend progressivement la forme d’une avarice pathologique. Là encore, loin du capitalisme parisien, où l’argent, source de plaisir, passe de main en main au gré des profits et des ruines, finançant les plus ambitieux investissements ou les plus extravagantes fantaisies, Grandet voue à l’or, aux écus (« ces mystères de vie et de mort ») un véritable culte, comme un ermite à des reliques soigneusement cachées et contemplées de temps à autre avec ferveur : « La vue de l’or, la possession de l’or était devenue sa monomanie ».