Fables - Ésope - E-Book

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Ésope

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Beschreibung

La traduction est celle d’Emile Chambry. Les fables sont dans l’ordre alphabétique des titres. « Par fables d’Ésope on désigne un ensemble de fables en prose attribuées à Ésope, écrivain grec qui a vécu vers la fin du VIIe siècle av. J.-C. et le début du VIe siècle av. J.-C.. Il était probablement originaire de la Phrygie. Les fables mettant en scène des animaux et dont on peut tirer une morale de l’histoire pré-existaient déjà à Sumer [archive] près de 3000 ans avant Ésope. Ces fables auraient été ensuite apportées en Assyrie lors d’échanges culturels, de là les Hittites les auraient transmises en Phrygie. » Source:  Wikipédia.

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Fables

Ésope

Traduction parÉmile Chambry

Table des matières

1. Abeilles (les) et Zeus

2. Aigle (l’) aux ailes écourtées et le Renard

3. Aigle (l’), le Choucas et le Berger

4. Aigle (l’) et l’Escarbot

5. Aigle (l’) et le Renard

6. Aigle (l’) frappé d’une flèche

7. Alcyon (l’)

8. Alouette (l’) huppée

9. Âne (l’) et l’Ânier

10. Âne (l’) louant le sort du Cheval

11. Âne (l’) et le Chien voyageant de compagnie

12. Âne (l’) et les Cigales

13. Âne (l’), le Coq et le Lion

14. Âne (l’), le Corbeau et le Loup

15. Âne (l’) et les Grenouilles

16. Âne (l’) et le Jardinier

17. Âne (l’) faisant semblant de boiter et le Loup

18. Âne (l’) et le Mulet portant la même charge

19. Âne (l’) et le petit Chien

20. Âne (l’), le Renard et le Lion

21. Âne (l’) sauvage et l’Âne domestique

22. Âne (l’) qui broute des paliures et le Renard

23. Âne (l’) qui passait pour être un lion

24. Âne (l’) qui porte du sel

25. Âne (l’) qui porte une statue de dieu

26. Âne (l’) revêtu de la peau du lion et le Renard

27. Ânes (les) s’adressant à Zeus

28. Arbres (les) et l’Olivier

29. Archer (l’) et le Lion

30. Astronome (l’)

31. Avare (l’)

32. Aveugle (l’)

33. Belette (la) et le Coq

34. Belette (la) et la Lime

35. Belette (la) et les Poules

36. Berger (le) et le Chien qui caresse les brebis

37. Berger (le) et le Loup nourri avec les chiens

38. Berger (le) et le Louveteau

39. Berger (le) et les Louveteaux

40. Berger (le) et la Mer

41. Berger (le) et ses Moutons

42. Berger (le) mauvais plaisant

43. Berger (le) qui introduit le loup dans la bergerie et le Chien

44. Biche (la) borgne

45. Biche (la) et la Vigne

46. Biens (les) et les Maux

47. Bœufs (les) et l’Essieu

48. Borée et le Soleil

49. Bouc (le) et la Vigne

50. Bouvier (le) et Héraclès

51. Bouvier (le) et le Lion

52. Brebis (la) tondue

53. Brigand (le) et le Mûrier

54. Bûcheron (le) et Hermès

55. Bûcherons (les) et le Pin

56. Castor (le)

57. Cavalier (le) chauve

58. Cerf (le) à la source et le Lion

59. Chameau (le) danseur

60. Chameau (le), l’Éléphant et le Singe

61. Chameau (le) et Zeus

62. Chameau (le) qui a fienté dans une rivière

63. Chameau (le) vu pour la première fois

64. Charbonnier (le) et le Foulon

65. Chariot (le) d’Hermès et les Arabes

66. Chasseur (le) poltron et le Bûcheron

67. Chat (le) et les Rats

68. Chatte (la) et Aphrodite

69. Chauve-souris (la) et les Belettes

70. Chauve-souris (la), la Ronce et la Mouette

71. Chênes (les) et Zeus

72. Cheval (le) et l’Âne

73. Cheval (le), le Bœuf, le Chien et l’Homme

74. Cheval (le) et le Palefrenier

75. Cheval (le) et le Soldat

76. Chèvre (la) et l’Âne

77. Chèvre (la) et le Chevrier

78. Chevreau (le) et le Loup qui joue de la flûte

79. Chevreau (le) qui est dans la maison et le Loup

80. Chevrier (le) et les Chèvres sauvages

81. Chien (le) à la sonnette

82. Chien (le) de combat et les Chiens

83. Chien (le) endormi et le Loup

84. Chien (le) invité

85. Chien (le) et le Boucher

86. Chien (le), le Coq et le Renard

87. Chien (le) et le Coquillage

88. Chien (le) et le Lièvre

89. Chien (le) et son Maître

90. Chien (le) qui porte de la viande

91. Chien (le) qui poursuit un lion et le Renard

92. Chiens (les) affamés

93. Chiens (les) réconciliés avec les Loups

94. Choucas (le) échappé

95. Choucas (le) et le Renard

96. Choucas (le) et les Corbeaux

97. Choucas (le) et les Oiseaux

98. Choucas (le) et les Pigeons

99. Cigale (la) et les Fourmis

100. Cigale (la) et le Renard

101. Cochon (le) et les Moutons

102. Colombe (la) et la Corneille

103. Colombe (la) qui a soif

104. Coqs (les) et la Perdrix

105. Corbeau (le) et Hermès

106. Corbeau (le) et le Renard

107. Corbeau (le) et le Serpent

108. Corbeau (le) malade

109. Corneille (la) et le Chien

110. Corneille (la) et le Corbeau

111. Cousin (le) et le Lion

112. Cousin (le) et le Taureau

113. Crabe (le) et le Renard

114. Cygne (le) et son Maître

115. Cygne (le) pris pour l’Oie

116. Dauphins (les), les Baleines et le Goujon

117. Débiteur (le) athénien

118. Demi-dieu (le)

119. Dépositaire (le) et le Serment

120. Deux Besaces (les)

121. Deux Chiens (les)

122. Deux Coqs (les) et l’Aigle

123. Deux Ennemis (les)

124. Deux Escarbots (les)

125. Deux Hommes (les) qui disputent des dieux

126. Dieu (le) de la guerre et la Violence

127. Diogène en voyage

128. Diogène et le Chauve

129. Écrevisse (l’) et sa Mère

130. Éleveur (l’) d’abeilles

131. Enfant (l’) et le Corbeau

132. Enfant (l’) qui chasse aux sauterelles

133. Enfant (l’) qui mange de la fressure

134. Enfant (l’) qui se baigne

135. Enfant (l’) voleur et sa Mère

136. Enfants (les) désunis du Laboureur

137. Enfants (les) de la Guenon

138. Escargots (les)

139. Esclave (l’) laide et Aphrodite

140. Ésope dans un chantier naval

141. Estomac (l’) et les Pieds

142. Eunuque (l’) et le Sacrificateur

143. Faon (le) et la Biche

144. Femme (la) et l’Ivrogne

145. Femme (la) et la Poule

146. Femme (la) et ses Servantes

147. Fils (le) et le Lion peint

148. Forgeron (le) et son Chien

149. Fourbe (le)

150. Fourmi (la)

151. Fourmi (la) et la Colombe

152. Fourmi (la) et l’Escarbot

153. Génisse (la) et le Bœuf

154. Grenadier (le), le Pommier, l’Olivier et la Ronce

155. Grenouille (la) médecin et le renard

156. Grenouilles (les) à l’étang desséché

157. Grenouilles (les) qui demandent un roi

158. Grenouilles (les) voisines

159. Grison (le) et ses Maîtresses

160. Grive (la)

161. Guêpe (la) et le Serpent

162. Guêpes (les), les Perdrix et le Laboureur

163. Héraclès et Athéna

164. Héraclès et Plutus

165. Hermès et les Artisans

166. Hermès et la Terre

167. Hermès et Tirésias

168. Hermès et le Statuaire

169. Hirondelle (l’) et la Corneille disputant de leur beauté

170. Hirondelle (l’) et le Dragon

171. Hirondelle (l’) et les Oiseaux

172. Hirondelle (l’) vantarde et la Corneille

173. Hiver (l’) et le Printemps

174. Homme (l’) et le Chien

175. Homme (l’) et le Lion voyageant de compagnie

176. Homme (l’) et le Renard

177. Homme (l’) et le Satyre

178. Homme (l’) mordu par un chien

179. Homme (l’) mordu par une fourmi et Hermès

180. Homme (l’) qui a brisé une statue

181. Homme (l’) qui achète un âne

182. Homme (l’) qui a trouvé un lion d’or

183. Homme (l’) qui promet l’impossible

184. Hommes (les) et Zeus

185. Hyène (l’) et le Renard

186. Hyènes (les)

187. Jardinier (le) arrosant des légumes

188. Jardinier (le) et le Chien

189. Jeune Prodigue (le) et l’Hirondelle

190. Jeunes Garçons (les) et le Boucher

191. Joueur (le) de Cithare

192. Laboureur (le) et l’Aigle

193. Laboureur (le) et l’Arbre

194. Laboureur (le) et les Chiens

195. Laboureur (le) et ses Enfants

196. Laboureur (le) et la Fortune

197. Laboureur (le) et le Loup

198. Laboureur (le) et le Serpent gelé

199. Laboureur (le) et le Serpent qui lui avait tué son fils

200. Lâche (le) et les Corbeaux

201. Lampe (la)

202. Lièvre (le) et le Renard

203. Lièvres (les) et les Grenouilles

204. Lièvres (les) et les Renards

205. Lion (le) amoureux et le Laboureur

206. Lion (le) enfermé et le Laboureur

207. Lion (le) enragé et le Cerf

208. Lion (le) et l’Âne chassant de compagnie

209. Lion (le), l’Âne et le Renard

210. Lion (le) et le Dauphin

211. Lion (le) et la Grenouille

212. Lion (le) et le Lièvre

213. Lion (le), le Loup et le Renard

214. Lion (le) et l’Onagre

215. Lion (le) l’Ours et le Renard

216. Lion (le), Prométhée et l’Éléphant

217. Lion (le) et le Rat reconnaissant

218. Lion (le), le Renard et le Cerf

219. Lion (le) et le Sanglier

220. Lion (le) et le Taureau

221. Lion (le) qui a peur d’une souris et le Renard

222. Lion (le) vieilli et le Renard

223. Lionne (la) et le Renard

224. Loup (le) blessé et la Brebis

225. Loup (le) et l’Agneau

226. Loup (le) et l’Âne

227. Loup (le) et le Berger

228. Loup (le) et le Cheval

229. Loup (le) et la Chèvre

230. Loup (le) et le Chien

231. Loup (le) et le Héron

232. Loup (le) et le jeune Agneau réfugié dans un temple

233. Loup (le) et le Lion

234. Loup (le) et la Vieille

235. Loup (le) fier de son ombre et le Lion

236. Loup (le) rassasié et la Brebis

237. Loups (les) et les Chiens en guerre

238. Loups (les) et les Moutons

239. Loups (les), les Moutons et le Bélier

240. Magicienne (la)

241. Malade (le) et le Médecin

242. Marchand (le) de statues

243. Mari (le) et la Femme acariâtre

244. Médecin (le) ignorant

245. Médecin (le) et le Malade

246. Ménagyrtes (les)

247. Meurtrier (le)

248. Milan (le) et le Serpent

249. Milan (le) qui hennit

250. Mouche (la)

251. Mouches (les)

252. Mouette (la) et le Milan

253. Mule (la)

254. Muraille (la) et la Cheville

255. Naufragé (le)

256. Naufragé (le) et la Mer

257. Navigateurs (les)

258. Nègre (le)

259. Noyer (le)

260. Oies (les) et les Grues

261. Oiseleur (l’) et l’Alouette huppée

262. Oiseleur (l’) et l’Aspic

263. Oiseleur (l’) et la Cigogne

264. Oiseleur (l’) et la Perdrix

265. Oiseleur (l’), les Pigeons sauvages et les Pigeons domestiques

266. Orateur (l’) Démade

267. Ours (l’) et le Renard

268. Paon (le) et le Choucas

269. Paon (le) et la Grue

270. Pêcheur (le) et le Picarel

271. Pêcheur (le) qui bat l’eau

272. Pêcheur (le) qui joue de la flûte

273. Pêcheurs (les) et les gros et les petits Poissons

274. Pêcheurs (les) et le Thon

275. Pêcheurs (les) qui ont pêché une pierre

276. Perdrix (la) et l’Homme

277. Père (le) et ses Filles

278. Perroquet (le) et la Chatte

279. Pots (les)

280. Poule (la) aux œufs d’or

281. Poule (la) et l’Hirondelle

282. Prométhée et les Hommes

283. Puce (la) et l’Athlète

284. Puce (la) et le Bœuf

285. Puce (la) et l’Homme

286. Queue (la) et le Corps du Serpent

287. Rat (le) des Champs et le Rat de Maison

288. Rat (le) et la Grenouille

289. Rats (les) et les Belettes

290. Renard (le) au ventre gonflé

291. Renard (le) écourté

292. Renard (le) et le Bouc

293. Renard (le) et le Bûcheron

294. Renard (le) et le Chien

295. Renard (le) et le Crocodile

296. Renard (le) et le Dragon

297. Renard (le) et le Masque

298. Renard (le) et la Panthère

299. Renard (le) et les Raisins

300. Renard (le) et la Ronce

301. Renard (le) et le Singe disputant de leur noblesse

302. Renard (le) et le Singe élu roi

303. Renard (le) qui n’avait jamais vu de lion

304. Renards (les) au bord du Méandre

305. Riche (le) et les Pleureuses

306. Riche (le) et le Tanneur

307. Rivière (la) et la Peau

308. Rose (la) et l’Amarante

309. Roseau (le) et l’Olivier

310. Rossignol (le) et l’Épervier

311. Rossignol (le) et l’Hirondelle

312. Royauté (la) du Lion

313. Sanglier (le), le Cheval et le Chasseur

314. Sanglier (le) et le Renard

315. Sapin (le) et la Ronce

316. Serin (le) et la Chauve-Souris

317. Serpent (le), la Belette et les Rats

318. Serpent (le) et le Crabe

319. Serpent (le) foulé aux pieds

320. Singe (le) et le Chameau

321. Singe (le) et le Dauphin

322. Singe (le) et les Pêcheurs

323. Soleil (le) et les Grenouilles

324. Taupe (la) et sa Mère

325. Taureau (le) et les Chèvres sauvages

326. Thon (le) et le Dauphin

327. Tortue (la) et l’Aigle

328. Tortue (la) et le Lièvre

329. Trois Bœufs (les) et le Lion

330. Trompette (le)

331. Trompeur (le)

332. Truie (la) et la Chienne disputant de fécondité

333. Truie (la) et la Chienne faisant assaut d’injures

334. Vantard (le)

335. Vieillard (le) et la Mort

336. Vieille (la) et le Médecin

337. Vieux Cheval (le)

338. Vipère (la) et l’Hydre

339. Vipère (la) et la Lime

340. Vipère (la) et le Renard

341. Voleurs (les) et le Coq

342. Voyageur (le) et la Fortune

343. Voyageur (le) et Hermès

344. Voyageur (le) et la Vérité

345. Voyageurs (les) et les Broussailles

346. Voyageurs (les) et le Corbeau

347. Voyageurs (les) et la Hache

348. Voyageurs (les) et l’Ours

349. Voyageurs (les) et le Platane

350. Zeus juge

351. Zeus et Apollon

352. Zeus et les Hommes

353. Zeus, Prométhée, Athéna et Momos

354. Zeus et la Pudeur

355. Zeus et le Renard

356. Zeus et le Serpent

357. Zeus et le Tonneau des Biens

358. Zeus et la Tortue

À propos de l’auteur

1

Abeilles (les) et Zeus

Les abeilles, enviant leur miel aux hommes, allèrent trouver Zeus et le prièrent de leur donner de la force pour tuer à coups d’aiguillon ceux qui s’approcheraient de leurs cellules. Zeus, indigné de les voir envieuses, les condamna à perdre leur dard, toutes les fois qu’elles en frapperaient quelqu’un, et à mourir après.

Cette fable peut s’appliquer aux envieux qui consentent à souffrir eux-mêmes des maux qu’ils font.

2

Aigle (l’) aux ailes écourtées et le Renard

Un jour un aigle fut pris par un homme. Celui-ci lui rogna les ailes et le lâcha dans sa basse-cour pour vivre avec la volaille. Alors l’oiseau baissait la tête et, de chagrin, ne mangeait plus : on l’eût pris pour un roi prisonnier. Mais un autre homme l’ayant acheté, lui arracha les plumes de l’aile, puis les fit repousser en en frottant la place avec de la myrrhe. Alors l’aigle, prenant l’essor, saisit un lièvre dans ses serres et le lui rapporta en présent. Un renard, l’ayant aperçu, lui dit : « Ce n’est pas à celui-ci qu’il faut le donner, mais à ton premier maître ; le deuxième en effet est naturellement bon ; tâche plutôt de te faire bien venir de l’autre, de peur qu’il ne te reprenne et ne t’arrache les ailes. »

Cette fable montre qu’il faut généreusement payer de retour ses bienfaiteurs, et tenir prudemment les méchants à l’écart.

3

Aigle (l’), le Choucas et le Berger

Un aigle, fondant d’une roche élevée, enleva un agneau. À cette vue, un choucas, pris d’émulation, voulut l’imiter. Alors, se précipitant à grand bruit, il s’abattit sur un bélier ; mais ses griffes s’étant enfoncées dans les boucles de laine, il battait des ailes sans pouvoir s’en dépêtrer. Enfin le berger, s’avisant de la chose, accourut et le prit ; puis il lui rogna le bout des ailes, et, quand vint le soir, il l’apporta à ses enfants. Ceux-ci lui demandant quelle espèce d’oiseau c’était, il répondit : « Autant que je sache, moi, c’est un choucas ; mais, à ce qu’il prétend, lui, c’est un aigle. »

C’est ainsi qu’à rivaliser avec les puissants non seulement vous perdez votre peine, mais encore vous faites rire de vos malheurs.

4

Aigle (l’) et l’Escarbot

Une aigle poursuivait un lièvre. Ce lièvre, se voyant dénué de tout secours, recourut au seul être que le hasard offrit à ses yeux ; c’était un escarbot ; il le supplia de le sauver. L’escarbot le rassura, et, voyant approcher l’aigle, il la conjura de ne pas lui ravir son suppliant. Mais l’aigle, dédaignant sa petitesse, dévora le lièvre sous les yeux de l’escarbot. Dès lors l’escarbot, plein de rancune, ne cessa d’observer les endroits où l’aigle faisait son nid, et, quand elle couvait, il s’élevait en l’air, faisait rouler les œufs et les cassait, tant qu’enfin pourchassée de partout, elle eut recours à Zeus (car c’est à Zeus que cet oiseau est consacré), et elle le pria de lui procurer un asile sûr pour y faire ses petits. Zeus lui permit de pondre dans son giron, mais l’escarbot avait vu la ruse : il fit une boulette de crotte, prit son essor, et, quand il fut au-dessus du giron de Zeus, il l’y laissa tomber. Zeus se leva pour secouer la crotte, et jeta les œufs à terre sans y penser. Depuis ce temps-là, dit-on, pendant la saison où paraissent les escarbots, les aigles ne nichent plus.

Cette fable apprend à ne mépriser personne ; il faut se dire qu’il n’y a pas d’être si faible qui ne soit capable un jour de venger un affront.

5

Aigle (l’) et le Renard

Un aigle et un renard, ayant fait amitié ensemble, décidèrent d’habiter l’un près de l’autre, dans la pensée que la cohabitation affermirait leur liaison. Et alors l’aigle prenant son essor s’établit sur un arbre très élevé et y fit sa couvée, tandis que le renard, se glissant dans le buisson qui était au pied de l’arbre, y déposa ses petits. Mais un jour que le renard était sorti pour chercher pâture, l’aigle à court de nourriture fondit sur le buisson, enleva les renardeaux et s’en régala avec ses petits. À son retour, le renard, voyant ce qui s’était passé, fut moins affligé de la mort de ses petits que de l’impossibilité de se venger ; en effet il ne pouvait, lui quadrupède, poursuivre un volatile. Il dut se contenter, seule ressource des impuissants et des faibles, de maudire son ennemi de loin. Or il arriva que l’aigle ne tarda pas à subir la punition de son crime contre l’amitié. Des gens sacrifiaient une chèvre à la campagne ; l’aigle fondit sur l’autel, y ravit un viscère enflammé et l’apporta dans son nid. Or un vent violent s’étant mis à souffler fit flamber un vieux fétu, et par suite les aiglons furent brûlés, car ils étaient encore hors d’état de voler, et ils tombèrent sur le sol. Le renard accourut et sous les yeux de l’aigle les dévora tous.

Cette fable montre que, si vous trahissez l’amitié, vous pourrez peut-être vous soustraire à la vengeance de vos dupes, si elles sont faibles ; mais qu’en tout cas vous n’échapperez pas à la punition du ciel.

6

Aigle (l’) frappé d’une flèche

Un aigle s’était perché au faîte d’un rocher à l’affût des lièvres. Un homme le frappa d’une flèche, et le trait s’enfonça dans sa chair, et la coche avec ses plumes se trouva devant ses yeux. À cette vue, il s’écria : « C’est pour moi un surcroît de chagrin de mourir par mes propres plumes. »

L’aiguillon de la douleur est plus poignant, quand nous sommes battus par nos propres armes.

7

Alcyon (l’)

L’alcyon est un oiseau qui aime la solitude et qui vit constamment sur la mer. On dit que, pour se garder contre les hommes qui le chassent, il niche dans les rochers du rivage. Or un jour un alcyon qui allait couver monta sur un promontoire, et, apercevant un rocher qui surplombait la mer, y fit son nid. Mais un jour qu’il était sorti pour aller à la pâture, il arriva que la mer, soulevée par une bourrasque, s’éleva jusqu’au nid, le couvrit d’eau et noya les petits. Quand l’alcyon fut de retour et vit ce qui était arrivé, il s’écria : « Que je suis malheureux, moi qui, me méfiant des embûches de la terre, me suis réfugié sur cette mer, pour y trouver encore plus de perfidie ! »

C’est ainsi que certains hommes, qui se tiennent en garde contre leurs ennemis, tombent, sans qu’ils s’en doutent, sur des amis beaucoup plus dangereux que leurs ennemis.

8

Alouette (l’) huppée

Une alouette huppée, prise au lacs, disait en gémissant : « Hélas ! pauvre oiseau infortuné que je suis ! Je n’ai dérobé à personne ni or, ni argent, ni quoi que ce soit de précieux : c’est un petit grain de blé qui a causé ma mort. »

Cette fable s’applique à ceux qui, pour un profit mesquin, s’exposent a un grand danger.

9

Âne (l’) et l’Ânier

Un âne conduit par un ânier, après avoir fait un peu de chemin, quitta la route unie et prit à travers des lieux escarpés. Comme il allait tomber dans un précipice, l’ânier, le saisissant par la queue, essaya de le faire retourner ; mais comme l’âne tirait vigoureusement en sens inverse, l’ânier le lâcha et dit : « Je te cède la victoire : car c’est une mauvaise victoire que tu remportes. »

La fable s’applique au querelleur.

10

Âne (l’) louant le sort du Cheval

L’âne trouvait le cheval heureux d’être nourri dans l’abondance et d’être bien soigné, tandis que lui n’avait même pas de paille en suffisance, alors qu’il était soumis à tant de travaux. Mais vint le temps de la guerre : le cheval dut porter un cavalier armé de pied en cap, et celui-ci le poussa dans tous les sens et le lança même au milieu des ennemis, où le cheval criblé de coups s’abattit. En voyant cela, l’âne changea d’avis et plaignit le cheval.

Cette fable montre qu’il ne faut pas envier les chefs ni les riches, mais penser à l’envie et aux dangers où ils sont en butte, et se résigner à la pauvreté.

11

Âne (l’) et le Chien voyageant de compagnie

Un âne et un chien faisaient route ensemble. Ils trouvèrent à terre une lettre cachetée. L’âne la ramassa, rompit le sceau, l’ouvrit et la lut de manière à être entendu du chien. Il y était question de pâture. Je veux dire de foin, d’orge et de paille. Le chien s’ennuyait pendant la lecture de l’âne ; aussi lui dit-il : « Descends de quelques lignes, très cher ; peut-être trouveras-tu dans la suite quelque chose qui se rapporte à la viande et aux os. » L’âne ayant parcouru tout l’écrit, sans rien trouver de ce que le chien cherchait, celui-ci reprit la parole : « Jette ce papier à terre, ami ; car il est tout à fait insignifiant. »

12

Âne (l’) et les Cigales

Un âne, ayant entendu chanter des cigales, fut charmé de leur voix harmonieuse et leur envia leur talent. « Que mangez-vous, leur demanda-t-il, pour faire entendre un tel chant ? — De la rosée », dirent-elles. Dès lors l’âne attendit la rosée, et mourut de faim.

Ainsi, quand on a des désirs contraires à la nature, non seulement on n’arrive pas à les satisfaire, mais encore on encourt les plus grands malheurs.

13

Âne (l’), le Coq et le Lion

Un coq paissait un jour en compagnie d’un âne. Comme un lion marchait sur l’âne, le coq poussa un cri, et le lion (on dit en effet qu’il a peur de la voix du coq) prit la fuite. L’âne, s’imaginant que, si le lion fuyait, c’était à cause de lui, n’hésita pas à lui courir sus. Quand il l’eut poursuivi jusqu’à une distance où la voix du coq n’arrivait plus, le lion se retourna et le dévora. Et lui disait en mourant : « Malheureux et insensé que je suis ! n’étant pas né de parents guerriers, pourquoi suis-je parti en guerre ? »

Cette fable montre que souvent on attaque un ennemi qui se fait petit à dessein et qu’on se fait ainsi tuer par lui.

14

Âne (l’), le Corbeau et le Loup

Un âne, qui avait une plaie au dos, paissait dans une prairie. Un corbeau se posa sur lui et piqua sa plaie à coups de bec. L’âne sous l’impression de la douleur se mit à braire et à sauter. L’ânier, qui était à quelque distance, éclata de rire. Un loup qui passait le vit et se dit à lui-même : « Malheureux que nous sommes ! il suffit qu’on nous aperçoive, pour qu’on nous donne la chasse ; mais que ceux-ci osent s’approcher, on leur fait risette. » Cette fable fait voir que les gens malfaisants se reconnaissent à leur mine même et à première vue.

15

Âne (l’) et les Grenouilles

Un âne portant une charge de bois traversait un marais. Il glissa et tomba, et, ne pouvant se relever, il se mit à gémir et à se lamenter. Les grenouilles du marais, ayant entendu ses gémissements, lui dirent : « Hé, l’ami ! qu’aurais-tu fait, si tu étais resté ici aussi longtemps que nous, toi qui, tombé ici pour un moment, pousses de pareils soupirs ? »

Nous pourrions appliquer cette fable à un homme efféminé qui s’impatiente des moindres peines, alors que nous-mêmes, nous supportons facilement des maux plus grands.

16

Âne (l’) et le Jardinier

Un âne était au service d’un jardinier. Comme il mangeait peu, tout en travaillant beaucoup, il pria Jupiter de le délivrer du jardinier et de le faire vendre à un autre maître. Zeus l’exauça et le fit vendre à un potier. Mais il fut de nouveau mécontent, parce qu’on le chargeait davantage et qu’on lui faisait porter l’argile et la poterie. Aussi demanda-t-il encore une fois à changer de maître, et il fut vendu à un corroyeur. Il tomba ainsi sur un maître pire que les autres. En voyant quel métier faisait ce maître, il dit en soupirant : « Hélas ! malheureux que je suis ! j’aurais mieux fait de rester chez mes premiers maîtres ; car celui-ci, à ce que je vois, tannera aussi ma peau. »

Cette fable montre que les serviteurs ne regrettent jamais tant leurs premiers maîtres que quand ils ont fait l’épreuve des suivants.

17

Âne (l’) faisant semblant de boiter et le Loup

Un âne, qui paissait dans un pré, voyant un loup s’avancer vers lui, fit semblant de boiter. Le loup, s’étant approché, lui demanda pourquoi il boitait. Il répondit qu’il avait, en franchissant une clôture, mis le pied sur une épine, et il le pria de la lui enlever d’abord, après quoi il pourrait le manger, sans se percer la bouche en mâchant. Le loup se laissa persuader. Tandis qu’il soulevait la patte de l’âne et fixait toute son attention sur le sabot, l’âne, d’un coup de pied dans la gueule, lui fit sauter les dents. Et le loup mal en point dit : « Je l’ai bien mérité ; car pourquoi, ayant appris de mon père le métier de boucher, ai-je voulu, moi, tâter de la médecine ? »

Ainsi les hommes qui entreprennent des choses hors de leur compétence s’attirent naturellement des disgrâces.

18

Âne (l’) et le Mulet portant la même charge

Un âne et un mulet cheminaient ensemble. Or l’âne, voyant que leurs charges à tous deux étaient égales, s’indignait et se plaignait que le mulet, jugé digne d’une double ration, ne portât pas plus que lui. Mais, quand ils eurent fait un peu de chemin, l’ânier s’apercevant que l’âne n’en pouvait plus, lui ôta une partie de sa charge et la mit sur le mulet. Quand ils eurent fait encore un bout de chemin, voyant l’âne encore plus épuisé, il lui retira une autre partie de sa charge, et enfin prenant le reste, il l’ôta à l’âne et le fit passer sur le mulet. Alors celui-ci tournant les yeux vers son camarade lui dit : « Eh bien ! mon ami, ne trouves-tu pas juste qu’on m’honore d’une double ration ? »

Nous aussi, ce n’est point par le commencement, mais par la fin que nous devons juger de la condition de chacun.

19

Âne (l’) et le petit Chien

Un homme qui avait un chien de Malte et un âne jouait constamment avec le chien. Allait-il dîner dehors, il lui rapportait quelque friandise, et, quand le chien s’approchait la queue frétillante, il la lui jetait. Jaloux, l’âne accourut vers le maître, et se mettant à gambader, il l’atteignit d’un coup de pied. Le maître en colère le fit reconduire à coups de bâton et attacher au râtelier.

Cette fable montre que tous ne sont pas faits pour les mêmes choses.

20

Âne (l’), le Renard et le Lion

Un âne et un renard, ayant lié société, sortirent pour chasser. Un lion se trouva sur leur chemin. Voyant le danger suspendu sur eux, le renard s’approcha du lion et s’engagea à lui livrer l’âne, s’il lui promettait la sûreté. Le lion ayant déclaré qu’il le laisserait aller, le renard amena l’âne dans un piège où il le fit tomber. Le lion, voyant que l’âne ne pouvait s’échapper, saisit d’abord le renard, et se tourna ensuite vers l’âne.

Pareillement, ceux qui tendent des pièges à leurs associés se perdent souvent inconsciemment avec leurs victimes.

21

Âne (l’) sauvage et l’Âne domestique

Un âne sauvage ayant vu un âne domestique dans un endroit bien exposé au soleil, s’approcha pour le féliciter de son embonpoint et de la pâture dont il jouissait. Mais dans la suite l’ayant vu chargé d’un fardeau et suivi de l’ânier qui le frappait avec un gourdin, il s’écria : « Oh ! je ne te félicite plus ; car je vois que c’est au prix de grands maux que tu jouis de ton abondance. »

C’est ainsi qu’il n’y a rien d’enviable dans les avantages qu’accompagnent les dangers et les souffrances.

22

Âne (l’) qui broute des paliures et le Renard

Un âne broutait la chevelure piquante d’un paliure1. Un renard l’ayant aperçu lui adressa ces railleuses paroles : « Comment avec une langue si tendre et si molle peux-tu mâcher et manger un mets si dur ? »

Cette fable s’adresse à ceux dont la langue profère des propos durs et dangereux.

1Le paliure est un arbuste épineux courant dans les régions méditerranéennes [NdE].

23

Âne (l’) qui passait pour être un lion

Un âne revêtu d’une peau de lion passait aux yeux de tous pour un lion et il faisait fuir les hommes, il faisait fuir les bêtes. Mais le vent, ayant soufflé, enleva la peau, et l’âne resta nu. Alors tout le monde lui courut sus et le frappa à coups de bâton et de massue.

Es-tu pauvre et simple particulier, ne prends pas modèle sur les riches : ce serait t’exposer au ridicule et au danger ; car nous ne pouvons nous approprier ce qui nous est étranger.