Fondements de la métaphysique des moeurs d'Emmanuel Kant - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Fondements de la métaphysique des moeurs d'Emmanuel Kant E-Book

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En 1781, la Critique de la raison pure d’Emmanuel Kant (1724-1804) marquait nettement la différence de statut entre les sciences exactes et les sciences humaines.

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Seitenzahl: 73

Veröffentlichungsjahr: 2017

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ISBN : 9782852298460

© Encyclopædia Universalis France, 2017. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Dirk Ercken/Shutterstock

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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Fondements de la métaphysique des moeurs d'Emmanuel Kant (Les Fiches de lecture d'Universalis).

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FONDEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MOEURS (E. Kant)

En 1781, la Critique de la raison pure d’Emmanuel Kant (1724-1804) marquait nettement la différence de statut entre les sciences exactes et les sciences humaines. Elle soulignait aussi que toute science se décompose en connaissance a priori (ce que Kant appelle, en un sens technique, « métaphysique ») et connaissance empirique. Les mœurs, c’est-à-dire l’ensemble des activités humaines, relèvent de sciences particulières (économiques, politiques, juridiques, et plus largement – le terme s’impose précisément à la fin du XVIIIe siècle – anthropologiques) qui toutes supposent une « métaphysique des mœurs ». Longtemps méditée, cette dernière ne sera publiée sous sa forme développée qu’en 1797 – douze ans après les Fondements (1785), qui anticipent aussi sur la Critique de la raison pratique (1788).

• La morale dans le projet critique

Les Fondements de la métaphysique des mœurs sont moins un abrégé programmatique que l’établissement préalable, comme l’indique mieux l’allemand (le titre original est au singulier : Grundlegung zur Metaphysik der Sitten), d’une assise, d’une fondation « pour » une telle métaphysique ; c’est-à-dire la démonstration que la morale est un fait de raison, et pas seulement de « sentiment » ou d’expérience – même s’il convient de distinguer soigneusement les principes de cette raison « pratique » de ceux de l’entendement. Se plaçant sur un terrain propice – la morale – à ce que Kant appelle la « philosophie populaire », mais encore vierge pour la pensée critique, les Fondements offrent de celle-ci un exposé plus accessible que celui des grands traités, plus bref, moins méthodique, mais sans rien abandonner de leur ambition « fondatrice ».

L’homme aspire au bonheur, à la béatitude. La morale serait donc la science du bien, comme science de notre fin. Mais Kant fait remarquer que si tel était le cas (c’est-à-dire si la finalité morale nous était « naturelle »), l’instinct serait mieux à même de nous y conduire que la raison. Au contraire, la morale n’est rationnelle que pour autant que le mobile de l’action se distingue de toute inclination : mobile pur de la volonté, le « devoir » remplit seul cette condition. Mais qu’est-ce que le devoir ? Alors que l’ensemble des choses et des êtres vivants, animés ou inanimés, agit selon des lois, seul l’homme, en tant qu’être raisonnable, peut se déterminer à partir de la représentation de ces lois ; représentation contraignante pour la volonté, et c’est pourquoi elle prend la forme d’un « impératif ». « Puisque l’impératif ne contient, en dehors de la loi, que la nécessité », pour la volonté, « de se conformer à cette loi », et puisque la loi « ne contient aucune condition à laquelle elle soit astreinte, il ne reste rien que l’universalité d’une loi en général, à laquelle la maxime de l’action doit être conforme ».

• Les maximes de l’impératif catégorique

Kant aboutit ainsi à la formulation d’un « impératif catégorique » : « Agis uniquement d’après une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle », ou encore : « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature. » Le mensonge, la dissimulation deviennent le prototype de l’acte immoral : la volonté s’y contredit elle-même. L’acte moral, a contrario, révèle une raison pratique, un usage régulateur pour l’action du principe de non-contradiction ou d’universalité formelle. Kant déduit de ce principe des applications aux problèmes moraux traditionnels. Il faut comprendre que le « respect » de la loi morale se confond avec la « dignité » de l’homme. L’impératif catégorique peut alors se reformuler : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. » Ayant reconnu le caractère inconditionné, absolu, de sa liberté, la volonté se découvre législatrice. C’est seulement sur cette base d’une autonomie de la volonté qu’il est possible de construire une science des mœurs, et non sur celles, empiriques ou philosophiquement erronées (hédonisme, divinisation de l’homme), qui caractérisaient les morales antérieures. Penser la liberté, c’est-à-dire le domaine qui n’est pas soumis aux lois de la nature, domaine d’exercice d’une raison autre que la « raison pure » de la première Critique, telle sera la tâche de la Critique de la raison pratique. La Critique de la faculté de juger (1790), quant à elle, aura à reconsidérer « l’abîme » ainsi creusé entre nature et liberté. Kant, comme on l’a dit, reviendra ensuite à la Métaphysique des mœurs, puis aux sciences morales positives, avec une Anthropologie du point de vue pragmatique (1798).

François TRÉMOLIÈRES

Bibliographie
E. KANT,Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. V. Delbos, Delagrave, Paris, 1907, rééd. coll. Classiques de la philosophie, L.G.F.-Le Livre de poche, Paris, 1993 ; A. Renaut a proposé sous le titre de Métaphysique des mœurs une traduction nouvelle de la Grundlegung de 1785 (« fondation de la métaphysique des mœurs »), suivie de la Metaphysik der Sitten de 1797 (« doctrine du droit » et « doctrine de la vertu »), Garnier-Flammarion, Paris, 1994.
Études
B. CARNOIS, La Cohérence de la doctrine kantienne de la liberté, Seuil, Paris, 1973G. KRÜGER, Critique et morale chez Kant (1931), trad. M. Régnier, Beauchesne, Paris, 1961.

KANT EMMANUEL (1724-1804)

Introduction

La meilleure image que l’on puisse proposer de la nouveauté que Kant introduit dans l’histoire de la pensée et qui le promeut au rang du petit nombre des très grands philosophes de tous les temps, c’est peut-être celle à laquelle il songea lui-même pour qualifier le changement de méthode dont il faisait l’essai en philosophie : celle de la révolution opérée par Copernic en astronomie lorsqu’il supposa que le centre immobile privilégié pour l’observateur pourrait ne plus être la Terre mais le Soleil. Car dans les deux cas on peut bien dire que la modeste hypothèse d’un changement de point de vue destiné à tirer la connaissance d’embarras et à procurer une conception plus satisfaisante des choses dans le domaine limité d’une activité particulière de la pensée s’est trouvée dépassée de très loin par le nombre et l’importance des conséquences qu’elle mit au jour, puisque c’est toute la façon de penser des hommes qui s’en trouva finalement elle-même changée.

Emmanuel Kant. Avec ses trois «Critiques» («Critique de la raison pure», 1781, «de la faculté de juger», 1788 et «de la raison pratique», 1790), Emmanuel Kant (1724-1804) fonde les conditions d'une connaissance et d'une morale universelles de possibles. Portrait d'Emmanuel Kant, vers 1790. (AKG)

Qu’une transformation aussi profonde ait été apportée par un penseur qui se sentait lui-même appartenir pleinement à son temps, à ce siècle des Lumières auxquelles il ne cessa de vouloir contribuer, peut s’expliquer par le fait qu’il le comprit radicalement comme « siècle de la Critique à laquelle il faut que tout se soumette ». Car, en se proposant de faire de cette critique une science, afin précisément de conférer un statut scientifique à cette connaissance des fins de la raison humaine dont le passé de la philosophie lui léguait le projet sous le nom de métaphysique, il fut amené à procurer à la pensée un point d’appui tout à fait nouveau pour sa réflexion. Si la raison peut être à la fois le sujet et l’objet de la critique, c’est qu’elle est ce pouvoir spécifique et parfaitement original que possède la pensée d’opposer à ce qui est ce qui doit être,