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Limitée par le Rhin, la Méditerranée, les Alpes, les Pyrénées et l'Atlantique, la Gaule est devenue le territoire celtique le plus étendu et le plus cohérent de l'Antiquité. À vrai dire, les Celtes n'y étaient autochtones que dans le tiers nord-est du territoire (Alsace, Lorraine, Franche-Comté, Bourgogne, est du Bassin parisien), le reste du pays...
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Seitenzahl: 120
Veröffentlichungsjahr: 2015
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ISBN : 9782852297425
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Limitée par le Rhin, la Méditerranée, les Alpes, les Pyrénées et l’Atlantique, la Gaule est devenue le territoire celtique le plus étendu et le plus cohérent de l’Antiquité. À vrai dire, les Celtes n’y étaient autochtones que dans le tiers nord-est du territoire (Alsace, Lorraine, Franche-Comté, Bourgogne, est du Bassin parisien), le reste du pays étant occupé, dans sa majeure partie, par des populations anonymes installées depuis l’époque néolithique : Basques et Ibères dans le Sud-Ouest ; Ligures dans le Sud-Est. Même après l’achèvement de la conquête de la Gaule, les Celtes n’y ont jamais constitué la majorité de la population ; ils semblent avoir été groupés en colonies guerrières, tendant, au cours du second âge du fer, à se fondre progressivement dans le reste de la population, en lui imposant leur langue et leur civilisation.
Les Gaulois et plus généralement les Celtes n’ont jamais été fermés sur eux-mêmes : dès le VIIe siècle avant J.-C., ils entretenaient des rapports commerciaux avec les peuples les plus civilisés du bassin méditerranéen. De tous les barbares, ils étaient sans doute les moins barbares. L’entrée de la Gaule dans le monde méditerranéen et hellénique a précédé de loin la conquête romaine et a préparé la voie à celle-ci. Il est en particulier abondamment établi que l’expansion commerciale et l’influence technique et culturelle de la colonie phocéenne de Marseille débordaient largement le cadre de ce qui allait devenir la province romaine de Narbonnaise. C’est du reste à l’appel des Marseillais, victimes de la piraterie ligure et des incursions de leurs voisins, que les Romains intervinrent en Gaule méridionale. Cette région servit ensuite de base de départ à Jules César pour conquérir l’ensemble du territoire ; il ne faisait en cela que lutter de vitesse avec les Germains : si la Gaule n’était devenue romaine, elle fût à coup sûr devenue germanique.
La langue latine supplanta peu à peu les parlers celtiques ; sur tout le territoire s’élevèrent des villes, avec leurs réseaux d’aqueducs et de voies. Cependant, les Gaulois, en devenant gallo-romains, ne renièrent pas leurs traditions propres. Cette fidélité se manifeste aussi bien dans le domaine religieux que dans le domaine artistique.
La religion gauloise est surtout connue par les monuments, sculptures ou inscriptions d’époque romaine. Mais les fouilles mettent au jour un nombre de plus en plus grand de monuments et de documents plus anciens et permettent donc une reconstitution plus précise. Ces découvertes suggèrent que, dès l’époque hallstattienne, s’élaborent, dans le domaine celtique et sur les confins celto-illyriens, un panthéon, une mythologie et un rituel. C’est là qu’il faut chercher l’origine de la religion gauloise, qui, fortement influencée dès le début par les idées et les thèmes méditerranéens, se développera au cours du second âge du fer, dans le domaine celtique, particulièrement en Gaule, et se perpétuera bien au-delà de la conquête romaine.
On a cru longtemps, à la suite de Salomon Reinach, que l’art gaulois s’était cantonné exclusivement dans la décoration et dans la représentation des symboles géométriques, qu’il aurait été, en somme, dominé par une sorte de tabou de la figure humaine. Des découvertes plus récentes, permettant de dater beaucoup d’œuvres déjà connues mais mal comprises et mal situées, ont fait justice de cette théorie. On connaît actuellement une série importante de sculptures gauloises qui s’échelonnent de la fin du VIe siècle au début de la période romaine. La plupart sont des figurations humaines. Une autre théorie, due à F. Benoit, consiste à isoler, parmi les sculptures gauloises, celles qui ont été trouvées dans le midi de la Gaule, à les considérer comme émanant d’une sorte de collectivité religieuse et artistique commune aux peuples riverains de la Méditerranée. Cette thèse, qui aboutit à nier toute originalité à l’art gaulois, ignore la parenté directe qui unit ces œuvres, découvertes dans la zone de rayonnement artistique de Marseille et de ses colonies, à celles, à vrai dire moins nombreuses, qui ont été élaborées sur le reste du territoire gaulois, et notamment dans la vallée du Rhin.
Devenue romaine, la Gaule ne perdit point sa personnalité. L’histoire de l’art antique a mis en évidence l’importance des arts provinciaux qui se sont développés dans le cadre de l’Empire romain. Ces arts offrent un double intérêt : ils renseignent sur la continuité des traditions religieuses et artistiques indigènes ; ils éclairent sur les diverses influences qu’exercèrent tant les événements militaires et politiques que les courants économiques. La Gaule romaine est particulièrement favorisée en exemples de ce genre, car elle bénéficiait d’une tradition religieuse et artistique ancienne et bien vivante, et se trouvait soumise à des courants variés d’influences artistiques et culturelles, tant en raison de sa situation géographique que du caractère composite de sa population urbaine. En fait, la présence gauloise dans l’art gallo-romain sera, suivant les époques, tantôt forte, tantôt faible et estompée, tantôt subjuguée et en quelque sorte domestiquée, tantôt à nouveau triomphante, en raison de l’allègement de l’autorité romaine.
La conquête de la Gaule par les Celtes s’est opérée en deux grandes phases. La première phase commence à l’âge du bronze moyen, pour s’achever à l’âge du bronze final, et comporte quatre périodes :
Partant de l’Allemagne du Sud et de la Rhénanie, les Celtes pénètrent d’abord lentement vers l’ouest, avec des pointes en direction du Bassin parisien, voire de la Charente, entre 1500 et 1300 avant J.-C.
Une première vague d’invasions proprement dite, relativement clairsemée, succède à cette lente pénétration, au début de la période des « champs d’urnes », au cours de laquelle la sépulture à inhumation sous tumulus cède la place à l’incinération en urne, déposée en pleine terre (1200 av. J.-C.).
À partir de 1000 avant J.-C., les Celtes colonisent systématiquement tout l’est du territoire, s’avançant même vers le Massif central et la vallée du Rhône.
Entre 900 et 700 avant J.-C., il se produit un reflux et un regroupement de populations.
La seconde phase se situe à l’âge du fer. Durant le premier âge du fer, ou période hallstattienne, la population paraît être restée stable. Tout au plus peut-on supposer la mainmise de l’aristocratie celtique sur certains territoires non encore occupés par les Celtes. C’est à partir de la fin du VIe siècle avant J.-C. que les tribus celtiques reprennent leur progression ; au cours du Ve siècle, les Gaulois, en route vers l’Italie du Nord, colonisent la vallée du Rhône et certaines vallées alpestres ; lors de la seconde vague d’invasions, ils poursuivent leur progression dans le Massif central et le Languedoc ; au IIIe siècle, ils achèvent la conquête de la Provence et du Languedoc, tandis qu’au nord de la Seine les tribus belges transrhénanes s’installent, et repoussent en partie, vers l’est, le sud et l’ouest, les populations déjà fixées.
Les Celtes, ou Proto-Celtes de l’âge du bronze moyen, paraissent avoir été des pasteurs qui pratiquaient la transhumance des troupeaux. Mais, à partir du bronze final, ils deviennent agriculteurs et sédentaires. Cette sédentarisation semble s’être réalisée entre 1200 et 900 avant J.-C., à la suite des invasions des « champs d’urnes ». Elle a été déterminée par une profonde transformation des techniques agraires : abandon du système de défrichement sur brûlis ; utilisation de la fumure naturelle des terres, obtenue d’abord en faisant paître les animaux sur les champs moissonnés ; généralisation de l’araire en bois tiré par des bœufs, de la faucille métallique, du chariot à roues. C’est également à cette époque qu’apparaissent les premières agglomérations permanentes, souvent fortifiées, de type urbain.
La transition entre l’âge du bronze final et le premier âge du fer est marquée par le développement des relations commerciales lointaines et par la formation d’une civilisation très brillante dans la région des lacs alpestres, aussi bien en Suisse qu’en France (palafittes). Le reste de la Gaule demeure fidèle à une civilisation agraire et à des structures sociales égalitaires, dans la tradition des « champs d’urnes ». Au début de l’âge du fer, vers 725 avant J.-C., avec la généralisation de la métallurgie, l’apparition des épées de fer et l’extension de nouvelles méthodes de combat à cheval, se constitue une aristocratie guerrière de cavaliers. Celle-ci parvient peu à peu à dominer la vie économique et politique ; les principautés du VIe siècle dirigeront et canaliseront les échanges commerciaux avec les régions méditerranéennes. C’est alors que se développe la civilisation des oppida et des tombes princières, qui a connu son apogée à la fin du VIe et au début du Ve siècle.
La colonie phocéenne de Massalia (Marseille) fut fondée vers 600 avant J.-C. Déjà auparavant (fin VIIe s.), des comptoirs rhodiens avaient été établis sur la côte de la Méditerranée, en liaison avec un mouvement de commerce et de colonisation vers l’Espagne. On a trouvé dans l’oppidum de Saint-Blaise des importations étrusques et rhodiennes datant de la seconde moitié du VIIe siècle. À la même époque appartiennent les objets soit étrusques (pyxide de Kastenwald près de Colmar), soit ioniens orientalisants (sphinx en ivoire de Klein Asperg), soit rhodiens (œnochoés de Vilsingen et de Kappel am Rhein) découverts en Alsace et en Allemagne du Sud.
C’est surtout après 550 que l’influence grecque, par l’intermédiaire de Marseille, s’exerce pleinement, tant dans le domaine commercial que sur le plan technique et culturel. L’existence de ces relations est amplement prouvée par les découvertes archéologiques. Les trouvailles de céramiques et d’objets grecs se sont multipliées au nord des Alpes. L’enceinte de la Heuneburg, exhumée sur le haut Danube, imite les remparts helléniques de Sicile ou d’Asie Mineure : pierres appareillées pour les fondations, briques crues pour les courtines en élévation. Les fouilles du Pègue mettent au jour une céramique rappelant les poteries ioniennes d’Asie Mineure, et de nombreuses imitations plus ou moins abâtardies, mêlant les techniques et les décors grecs et indigènes.
Le second âge du fer, ou période de La Tène, est marqué en Gaule par d’importants bouleversements : les peuples celtiques continentaux se mettent de nouveau en marche afin de conquérir le reste du territoire gaulois et d’essaimer en Italie du Nord, en Europe centrale, dans les Balkans et jusqu’en Asie Mineure. La civilisation celtique se transforme profondément, prend un caractère national, s’étend progressivement à toute la Gaule et à une grande partie de l’Europe. Les relations avec la Méditerranée changent alors de caractère, les itinéraires se modifient. Au lieu de partir de Marseille et d’y aboutir, en passant par la vallée du Rhône et de la Saône, les marchandises sont acheminées depuis l’Adriatique et le port de Spina, par la région du Tessin et les cols des Alpes.
Cette période d’expansion celtique correspond à une mutation économique et sociale. À la classe aristocratique et féodale, peu nombreuse, de la fin du premier âge du fer se substitue une paysannerie guerrière, où les chefs de clans semblent avoir été entourés d’« ambactes », ou clients, suivant le système décrit par César. Une des raisons de cette évolution paraît avoir été le développement de l’agriculture grâce à des techniques nouvelles : l’araire lourd à soc de fer, remplaçant l’araire léger en bois, permet de labourer plus profondément, en longs sillons parallèles, ce qui rend possible l’exploitation systématique et la colonisation des terres lourdes et argileuses des vallées et des plateaux. L’expansion démographique qui en résulta aurait été la cause déterminante des invasions gauloises.
La destruction, par les Gaulois qui se dirigeaient vers l’Italie, du réseau d’entrepôts créés à la fin du VIe siècle amena une assez longue interruption du commerce de Marseille et du rayonnement hellénique, au cours du Ve et du IVe siècle. À la fin du Ve siècle et au début du IVe, la colonie phocéenne avait renoué des relations normales avec le Languedoc et la vallée du Rhône, mais c’est seulement à la fin du IVe que l’on assiste à une reprise générale du commerce marseillais. Marseille subit alors une profonde transformation économique et sociale : morcellement de la propriété ; constitution, à côté du groupe de grands armateurs (ναύκληροι), d’une classe de petits commerçants et de marchands (ἔμποροι, κάπηλοι). Voyageurs de commerce et trafiquants grecs se mettent désormais à sillonner la Gaule en tous sens, à explorer les marchés, à organiser des caravanes. Les marchandises importées consistent essentiellement en denrées alimentaires (blé) et en matières premières (étain, cuivre, ambre) ; les produits exportés en vins de Campanie, en poteries, en vases de bronze, en verroteries.
C’est à cette époque qu’eut lieu le voyage de Pythéas, qui explora les côtes septentrionales de l’Europe et reconnut les régions productrices d’étain et d’ambre. Revenu dans son pays, il fit des récits fantastiques auxquels ses contemporains ne crurent guère. Il semble bien pourtant que le trafic de l’étain fut alors, à travers la Gaule, tel que le décrit Diodore de Sicile (Ier s. av. J.-C.) : les marchands grecs allaient chercher l’étain dans l’île de Wight, puis le transportaient par bateau vers les cités gauloises de la Manche. De là, il était acheminé en trente jours, à dos de mules ou de chevaux, vers Marseille.
Au cours de la même période, les Marseillais ont complété leur réseau de colonies. Les plus anciennes étaient Nice (Nikaia), et, en Catalogne, Ampurias (Emporium) et Hemeroscopeion (la Guette du jour, sans doute au cap Denia). À partir de la fin du VIe siècle il s’en ajoute de nouvelles : Antibes (Antipolis), La Napoule (Athénopolis), Hyères (Olbia), les îles d’Hyères (Stoechades), Cavalaire (Heraclea), Agde (Agathe), Arles (Theline), La Ciotat (Citharista), Saint-Blaise (Mastramala), Rosas en Catalogne (Rhoda). Beaucoup d’entre elles étaient des comptoirs grecs anciennement installés. Sous l’influence de Marseille et de ses colonies, les indigènes de Gaule, notamment les Ligures et les Ibères, ainsi que les Gaulois eux-mêmes, construisirent des villes fortifiées, dont certaines, comme Glanum, près de Saint-Rémy-de-Provence, étaient fortement hellénisées. D’autres, comme Ensérune, restaient entachées de provincialisme ; d’autres enfin, telles Entremont, Malpas, Le Pègue, demeuraient nettement indigènes.
Les auteurs anciens, notamment Justin (IIe