Généalogie de la morale de Friedrich Nietzsche - Encyclopaedia Universalis - E-Book

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« Un écrit polémique, pour compléter et éclairer Par-delà bien et mal, récemment publié et en accentuer la portée », c’est ainsi que Friedrich Nietzsche (1844-1900) présente la Généalogie de la morale.

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Seitenzahl: 53

Veröffentlichungsjahr: 2017

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ISBN : 9782852298491

© Encyclopædia Universalis France, 2017. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Dirk Ercken/Shutterstock

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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Généalogie de la morale de Friedrich Nietzsche (Les Fiches de lecture d'Universalis).

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GÉNÉALOGIE DE LA MORALE (F. Nietzsche)

« Un écrit polémique, pour compléter et éclairer Par-delà bien et mal, récemment publié et en accentuer la portée », c’est ainsi que Friedrich Nietzsche (1844-1900) présente la Généalogie de la morale. Entre l’écriture aphoristique portée à son point de perfection dans le précédent livre et les dissertations de la Généalogie, le style a changé. Quelque chose s’est aggravé, le ton s’est radicalisé. En « vieux philologue », Nietzsche entreprend non une archéologie qui consisterait à remonter à une origine pure, mais une « généalogie ». Le généalogiste s’occupe du présent. Il cherche à révéler combien le passé inaperçu continue à agir en lui. Car présent et passé ne sont pas séparables : il serait illusoire de vouloir les distinguer. Pis, ce serait soit accepter ce qui est, la déchéance, soit le refuser au nom d’une tradition supposée meilleure. Nietzsche philosophe « au marteau » : il expérimente les concepts, les agresse afin de voir s’ils parviennent à résister aux assauts d’une critique menée au nom des valeurs positives de la vie.

• L’esprit de ressentiment

« Dans quelles conditions l’homme s’est-il inventé à son usage ces deux évaluations : le bien et le mal. Et quelles valeurs ont-elles par elles-mêmes ? » C’est en « médecin de la civilisation » que Nietzsche porte son diagnostic : tout ce qui, jusqu’à présent, s’est annoncé comme morale n’est que signe de décadence, symptômes d’une vie affaiblie. Les origines du symptôme sont multiples, voire hétérogènes (historiques, religieuses, culturelles, physiologiques, philosophiques...), et les forces actives et réactives à l’œuvre dans l’histoire demeurent cachées. Le généalogiste ira donc les débusquer sous et dans les évidences les mieux ancrées dans nos habitudes ancestrales de penser et de vivre. Dans Ecce Homo (posthume, 1908), Nietzsche résume le sens des trois dissertations qui composent la Généalogie : « La vérité de la première dissertation est la psychologie du christianisme – le christianisme né de l’esprit du ressentiment [...] la grande insurrection contre la domination des valeurs aristocratiques. » Les valeurs morales sont la création de « prêtres » qui valorisent l’esprit au détriment du corps. Morale d’esclaves contre morale des maîtres. Le christianisme est donc interprété du point de vue de la morale et non plus en fonction d’une théologie de la révélation. Le « ressentiment », et Nietzsche en fait ici la véritable théorie, est ce sentiment engendré par une force qui est séparée de ses pouvoirs d’agir. Il est « esprit de vengeance », incapacité d’oublier, désir de conserver ou de retourner au passé censé se tenir plus près des véritables valeurs que le présent.

• La pulsion nihiliste

« La deuxième dissertation donne la „psychologie de la conscience morale“. [...] C’est l’instinct de cruauté qui se retourne contre lui-même, une fois qu’il ne peut plus se décharger à l’extérieur. » Véritable intériorisation du ressentiment, la « mauvaise conscience » ou « culpabilité » engendre, par un processus de « sublimation » proche de celui que Freud saura interpréter, par exemple dans Malaise dans la civilisation, des formes « policées » (la justice, le droit) qui ne sont en fait que des métamorphoses d’une cruauté sous-jacente. Derrière tout processus de civilisation est tapie une barbarie qui prend les masques rassurants de son contraire.

« La troisième dissertation répond à la question de savoir d’où provient la puissance immense de l’idéal ascétique, de l’idéal sacerdotal, bien qu’il soit sans doute l’idéal nuisible par excellence, un „vouloir-mourir“, un idéal de décadence. » Le « vouloir-souffrir » est la conséquence de l’intériorisation analysée dans la précédente dissertation. Le terme de nihilisme est ce qui la caractérise le mieux : « vouloir le rien plutôt que ne rien vouloir ».

Retourner le platonisme, « transvaluer toutes les valeurs », c’est ainsi que Nietzsche caractérise sa tentative quasi prométhéenne. La violence de ces analyses, leur radicalité sans antécédents ni successeurs est encore accentuée par leur côté froid, systématique. Lire Nietzsche exige finesse, sens de l’interprétation, sous peine de tomber dans les caricatures les plus grossières. Deleuze, Fink, Foucault et quelques autres sauront toutefois se reconnaître dans cette pensée qui fait venir, contre les apparences, la vérité « sur des pattes de colombe. »

Francis WYBRANDS

Bibliographie
F. NIETZSCHE, Généalogie de la morale, trad. I. Hildenbrand et J. Gratien, in Œuvres complètes VII, G. Colli et M. Montinari éd., Paris, Gallimard, 1971 ; trad. H. Albert, revue, introduite, commentée par J. Deschamps, Paris, Nathan, 1981 ; trad. et présentation par P. Wotling, Le Livre de poche, Paris, 2000.
Études
G. DELEUZE, Nietzsche et la philosophie, P.U.F., Paris, 1962E. FINK, La Philosophie de Nietzsche, traduit par H. Hildenbrand et A. Lindenberg, Minuit, Paris, 1965M. FOUCAULT, « Nietzsche, la généalogie, l’histoire », in Dits et écrits II, Gallimard, Paris, 1994.

NIETZSCHE FRIEDRICH (1844-1900)

Introduction

Toute grande œuvre, à quelque degré, est toujours incomprise. Mais celle de Nietzsche, plus encore que les autres, provoque les malentendus. Sans doute parce qu’il est difficile de résister, en face de Nietzsche, à la double tentation : soit de chercher des prétextes pour neutraliser les terribles questions qu’il soulève, soit de projeter sur ses écrits des préjugés de doctrinaires et des fantasmes personnels. On condamne Nietzsche ou on l’exploite ; mais il est rare qu’on lui laisse la parole.