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L'Asie est le plus vaste des continents : 44 millions de kilomètres carrés. Elle s'étend sur 75 degrés de latitude et, en tenant compte des îles, sur 92 degrés (de la Severnaïa Zemlia, ou Terre du Nord, 81°0> de latitude nord, à l'île Roti, 11°de latitude sud) ; elle couvre 164 degrés de longitude du cap Baba en Asie Mineure...
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Seitenzahl: 156
Veröffentlichungsjahr: 2015
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ISBN : 9782852297302
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L’Asie est le plus vaste des continents : 44 millions de kilomètres carrés. Elle s’étend sur 75 degrés de latitude et, en tenant compte des îles, sur 92 degrés (de la Severnaïa Zemlia, ou Terre du Nord, 810 de latitude nord, à l’île Roti, 110 de latitude sud) ; elle couvre 164 degrés de longitude du cap Baba en Asie Mineure au cap Dejnev en Sibérie. L’Asie est entourée au nord par l’océan Arctique, à l’est par l’océan Pacifique, au sud par l’océan Indien. Mais elle n’a pas de vraie limite à l’ouest : l’Europe n’est qu’une péninsule asiatique ; la ligne Oural-Caspienne n’a pas de signification géographique ; l’attribution du Caucase à l’Europe ou à l’Asie est incertaine ; on peut même se demander si la mer Rouge, prolongée par le golfe de Suez, sépare bien l’Asie de l’Afrique.
Asie. Les 48 pays d'Asie.
L’Asie est massive, bien qu’elle s’affine au sud en trois grandes péninsules – arabique, indienne, indochinoise – que prolonge vers le monde austral le plus bel ensemble insulaire du monde, l’Insulinde (traditionnellement, on fait commencer le monde austral à la Nouvelle-Guinée).
L’Asie est le plus élevé des continents : son altitude moyenne est de 950 m. Elle possède tout à la fois le point culminant du monde (mont Éverest ou Chomolungma, 8 840 m) et les dépressions les plus creuses : la surface de la mer Morte est à − 393 m ; le fond du lac Baïkal est à − 1 300 m. Le relief de l’Asie est donc très contrasté. C’est au large de l’Asie, à l’est des Aléoutiennes, à l’est du Japon et des Bonin, à l’est des Philippines, que se trouvent les plus grandes profondeurs marines.
Le trait dominant du relief est l’opposition d’immenses surfaces planes et de hautes montagnes allongées et ramifiées. Les premières ne sont accidentées que de lourds bourrelets ou d’escarpements rectilignes (Sibérie centrale et occidentale, Turkestan, Arabie, Deccan, Xinjiang, Mongolie, Chine du Nord et du Nord-Est). Les secondes traversent presque toute l’Asie avec une direction ouest-est dominante ; ainsi se succèdent chaînes Pontiques, Taurus, Elbrouz, Khorassan, Hindou Kouch, Zagros, Himalaya, Tianshan et Qinling ; à l’est de l’Asie, ces montagnes s’infléchissent vers le sud (Arakan Yoma birman), puis s’ouvrent en arcs volcaniques gigantesques qui frangent le continent, en bordure de grandes fosses sous-marines (arcs d’Indonésie, des Philippines, des Ryū kyū, du Japon, des Kouriles, du Kamtchatka et des Aléoutiennes).
Ces traits, si fortement contrastés, du relief s’expliquent par une opposition structurale entre « boucliers » (ou « socles », ou « plates-formes ») et chaînes plissées. Les surfaces tabulaires correspondent, le plus souvent, à des boucliers précambriens qui n’ont plus connu de véritables plissements depuis le Précambrien, c’est-à-dire depuis une époque antérieure au Primaire. Dans ces conditions, après de très longues périodes d’érosion, la trace des plissements a disparu à peu près complètement, et, lorsque les terrains du bouclier affleurent, ils sont entièrement cristallins (les gneiss dominent). Ces boucliers ont été envahis par les mers, au moins partiellement, et recouverts de terrains sédimentaires : une couverture subsiste sur une partie d’entre eux ; cette couverture est restée horizontale ou n’a subi que des ondulations à grand rayon de courbure. L’ensemble socles-couvertures est, évidemment, consolidé et rigide ; soumis à des mouvements tectoniques, il a été cassé par des failles qui ont donné des escarpements, des horsts, des fossés. Tels sont le bouclier sibérien (ou de l’Angara), le bouclier du Turkestan (ou du Kyzyl-Koum), le bouclier chinois, le bouclier indien (ou socle du Deccan), le bouclier arabo-syrien (ou plate-forme arabique). Les deux derniers furent unis à l’Australie, à l’Afrique et à l’Amérique du Sud dans l’immense « continent du Gondwana ».
Entre ces blocs et, sans doute, par suite du jeu de ces blocs, des chaînes de montagnes ont surgi : chaînes cambriennes (Baïkalides) ; chaînes siluriennes ou calédoniennes (premières ébauches du Tianshan, de l’Altaï, du Taïmyr) ; chaînes hercyniennes (Taïmyr, Oural, Novaïa Zemlia, Mongolie, Grand Khingan) ; chaînes triasiques (Indochine orientale, Japon), jurassiques (Malaisie, Tenasserim), crétacées (Bornéo, Chine du Sud). Toutes ces chaînes anciennes ont été largement arasées ; elles donnent des reliefs lourds et peu vigoureux, sauf lorsqu’elles ont été reprises par des mouvements tectoniques (plis ou failles) récents. De sorte que la Chine du Sud, une partie du Japon, une grande partie de l’Asie du Sud-Est autour de la plate-forme sous-marine de la Sonde, bien qu’affectées par des plissements relativement récents dont les traces sont visibles, se sont comportées, par la suite, en masses consolidées et rigides : nous proposons de les appeler « pseudo-socles », appellation qui pourrait peut-être aussi s’appliquer au plateau anatolien ou au plateau irano-afghan.
Toutes différentes sont les dernières-nées des chaînes plissées, les chaînes tertiaires (ou alpines) qui, elles, sont génératrices de hautes montagnes. Ces chaînes tertiaires sont diverses, mais leur tectonique a été, le plus souvent, très vigoureuse et très compliquée.
Les mouvements se sont prolongés jusqu’au Pliocène et même jusqu’au Pléistocène (dernier soulèvement himalayen et plissement des Siwaliks par exemple), de sorte que ces chaînes sont d’une extrême jeunesse ; la plupart des auteurs pensent même que l’arc externe indonésien, jalonné par les îles de Mentawei, Sumba et Timor, « est une chaîne toute neuve qui surgit pour la première fois » (P. Birot).
Les contrastes climatiquesne sont pas moins accentués. Schématiquement, on peut distinguer trois types de climat : un climat tempéré continental (climat sibérien) à extrêmes contrastes thermiques ; des climats arides ou désertiques ; des climats tempérés ou tropicaux, mais aux étés uniformément chauds et humides (climats de mousson). Les deux premiers traduisent la continentalité de l’Asie, les troisièmes en sont la conséquence.
Asie : zones climatiques et courants. Zones climatiques et courants.
La Sibérie présente le plus typique des climats continentaux. Les hivers sont extrêmement froids et très longs, les étés sont courts mais très chauds. À Verkhoïansk, en Sibérie orientale, le thermomètre a indiqué − 69 0C en hiver et 32 0C en été. Les pluies sont peu abondantes, irrégulières et tombent surtout l’été. L’hiver est la saison la plus caractéristique : le ciel est pur, le rayonnement considérable ; l’air polaire continental forme le vaste anticyclone de Sibérie où la pression atteint 1 035 mb ; une couche de neige peu épaisse couvre le sol pendant quatre ou cinq mois ; les fleuves sont gelés. Le printemps éclate brusquement, la neige fond ; les fleuves qui coulent du sud au nord dégèlent dans leur cours supérieur méridional et leurs eaux se heurtent à l’aval à de gigantesques barrages de glaçons ; la débâcle provoque des inondations et la boue envahit tout ; par contre, la végétation démarre brusquement. L’été, chaud, dure trois mois. Le froid et les hautes pressions reviennent dès octobre. Du nord au sud se succèdent la toundra, où le sous-sol reste gelé pendant toute l’année (bouleaux nains, mousses, lichens) ; la taïga, immense forêt de conifères (mélèzes) et de bouleaux, encombrée de marécages où les moustiques pullulent en été ; enfin la steppe (ou prairie) de graminées sur les sols noirs, riches en humus et en calcium du tchernoziom.
Les climats arides ou désertiques sont de deux types : les uns connaissent des contrastes thermiques, les autres sont des climats désertiques chauds.
Les premiers, qui règnent au Turkestan (Kazakhstan, Ouzbékistan) et au Xinjiang, dans l’Asie centrale, tant russe que chinoise, sont dus à l’isolement. Au Kazakhstan, par exemple, les précipitations sont inférieures à 300 mm ; elles sont inférieures à 200 mm en Ouzbékistan. Mais les contrastes thermiques sont très forts : le thermomètre descend à − 50 0C au Kazakhstan ; la mer d’Aral est gelée pendant quatre ou cinq mois, cependant que la température dépasse 40 0C en été. En Asie centrale russe, à une steppe très maigre succèdent bientôt les vastes dunes (barkhanes) du désert noir (Kara-Koum) ou du désert rouge (Kyzyl-Koum). Climats et paysages sont assez semblables en Asie centrale chinoise ; les pluies sont inférieures à 100 mm en Dzoungarie et le cœur de la cuvette du Tarim est occupé par le désert de Takla-makan ; les contrastes thermiques sont aussi très forts : à Tourfan, la moyenne de janvier est inférieure à − 5 0C, cependant que la moyenne de juillet est de 35 0C. Tous ces climats sont typiques de cuvettes presque complètement isolées au cœur d’un continent par de très hautes chaînes de montagnes.
Une place à part doit être faite au climat tibétain, climat désertique d’isolement (précipitations inférieures à 100 mm), mais de très haute altitude et par conséquent presque toujours froid.
Les climats désertiques chauds règnent de l’Arabie au Sind, les températures pouvant être tempérées par l’altitude. Ce sont des climats classiques à ces latitudes, sous le tropique du Cancer, dus à la constance des hautes pressions subtropicales : le Sahara, en quelque sorte, se prolonge jusqu’au delta de l’Indus, par-delà le golfe Persique. Au centre et au nord de l’Arabie, les précipitations sont inférieures à 50 mm ; dans presque tout le reste de cette péninsule, elles sont inférieures à 100 mm ; elles ne dépassent que très exceptionnellement 250 mm au sud-ouest et n’atteignent pas ce chiffre au sud-est. Les températures, en outre, sont très élevées : Aden, d’avril à octobre, a une moyenne supérieure à 30 0C ; la moyenne d’hiver ne descend pas au-dessous de 25 0C. Hyderabad (Sind) et Jacobabad sont deux des villes les plus chaudes du monde.
Entre les climats désertiques de l’Asie centrale et ceux de l’Asie du Sud-Ouest, la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan même connaissent des climats à sécheresse marquée, encore que Kaboul reçoive plus de 1 000 mm de pluie : entre 250 et 500 mm de pluie sur l’Anatolie, moins de 250 mm sur la plus grande partie du plateau irano-afghan ; par contre, les bordures montagneuses de ces plateaux (Taurus, Zagros) sont bien arrosées et même très arrosées à l’est de la mer Noire et de la Caspienne (la rive nord de l’Elbrouz reçoit plus de 1 000 mm de précipitations par an). Ces précipitations (pluie ou neige) en saison froide (surtout en fin de printemps à Téhéran et Kaboul) sont apportées par des dépressions cycloniques ayant emprunté grossièrement le trajet de la Méditerranée ; pendant l’été, la région est sous l’entière dépendance du puissant anticyclone subtropical et le climat est sec.
Ainsi, les précipitations sur toute l’Asie occidentale et sur l’Asie centrale russe sont essentiellement d’hiver, amenées par des dépressions tempérées ; sur l’Asie centrale chinoise, ce sont essentiellement des précipitations d’été, lointains apports de la mousson.
Asie : précipitations et vents. Précipitations et vents.
L’Asie méridionale et extrême-orientale est humide. Partout, en ces climats de mousson, les pluies sont supérieures à 500 mm. Une moitié du sous-continent indien, toute la Chine du Sud reçoivent plus de 1 000 mm ; l’Asie du Sud-Est et les trois îles du « Vieux Japon » (Kyūshū, Shikokū et Honshū) reçoivent plus de 1 400 mm. La répartition des pluies dépend très largement du relief : les grandes lignes orographiques provoquent des précipitations énormes sur leurs flancs exposés au sud et à l’ouest : les chutes d’eau dépassent 5 m à Mahabaleswar (Ghāts occidentaux), ou à Akyab (Arakan Yoma), 12 m à Tcherrapoundji. L’existence sur de vastes étendues, jusqu’à 550 de latitude nord, du même été humide explique l’abondance des précipitations : les pluies d’été dominent de mai à novembre dans l’hémisphère Nord, de novembre à mai dans l’hémisphère Sud. Cet été est d’ailleurs chaud : les températures moyennes de juillet se tiennent partout entre 26 0C et 28 0C. De l’équateur jusqu’à 400 de latitude nord et même au-delà, l’été est tropical.
Il y a certes quelques exceptions à ce rôle capital des pluies d’été : Sumatra, la péninsule malaise, Bornéo ont un climat équatorial, des pluies abondantes toute l’année avec un maximum net d’octobre à décembre. La côte d’Annam (Trung Bô), la côte orientale de Thaïlande péninsulaire, la côte de Coromandel reçoivent des pluies de septembre à décembre, tandis que l’été est assez sec. Enfin, la côte japonaise de la mer du Japon, bien que pluvieuse en été, connaît son maximum de précipitations en hiver sous forme d’énormes chutes de neige.
L’existence d’un été tropical est normale dans les régions situées de part et d’autre de l’équateur jusqu’à 130-150, mais non jusqu’à 40 0 (Pékin) ou même 430 de latitude nord (Sapporo). C’est là un phénomène d’une exceptionnelle importance : sa principale conséquence est la disparition dans cette partie de l’Asie de la barrière de désert qui ailleurs sépare pays tropicaux et pays tempérés. Telle est la conséquence fondamentale de la mousson.
La circulation atmosphérique est perturbée en Asie orientale et méridionale par la masse du continent asiatique et l’altitude de l’Himalaya. Depuis le Moyen Âge, les navigateurs ont su utiliser l’alternance des « moussons » : mousson du nord (généralement nord-est) en hiver, mousson du sud (généralement sud-ouest) en été. Mais, pour les masses paysannes asiatiques, la vraie mousson est celle d’été qui apporte la pluie et permet les récoltes : mousson du sud dans l’hémisphère boréal ; du nord dans l’hémisphère austral. C’est aussi celle dont les caractères exceptionnels sont les plus nets.
La mousson (d’été boréal) est due à un appel d’air du continent asiatique : de très basses pressions se forment dès le mois de mai, au cœur de l’Asie. Ces basses pressions attirent, par-delà l’équateur, l’alizé austral, originaire des hautes pressions subtropicales de l’hémisphère Sud. Une énorme masse d’air potentiellement humide, d’épaisseur variable mais pouvant atteindre 5 000 et même 8 000 m, aborde ainsi l’Asie orientale. Les basses pressions estivales ont été attribuées à la chaleur continentale. Elles sont, peut-être, dues surtout au passage brutal du jet-stream d’ouest du sud au nord de l’Himalaya et du Tibet à la mi-juin.
Les faits ont moins d’importance et moins de netteté pour la « mousson d’hiver ». De très hautes pressions dues au froid intense règnent sur l’Asie centrale et orientale ; l’air polaire froid et sec se répand vers le sud. Il parvient jusqu’à 200 de latitude nord, marquant très fortement l’hiver de la Chine et du Japon. Mais plus au sud il ne joue pas, semble-t-il, un rôle dominant en Asie méridionale, car la « mousson du nord-est » n’y semble, le plus souvent, qu’un alizé issu de hautes pressions subtropicales.
Si l’été est sur toute cette vaste région du monde uniformément chaud et humide, l’hiver montre de considérables différences : Pékin a une moyenne de − 4 0C en janvier ; à la même époque, Bangkok accuse 23 0C ; ce sont les hivers et les mécanismes hivernaux qui différencient les climats de l’Asie méridionale et extrême-orientale.
Les étés uniformément humides de l’Asie des moussons favorisent une végétation d’une extrême richesse, où se mélangent espèces tropicales et espèces tempérées : les espèces tropicales atteignent des latitudes élevées vers le nord ; le bambou atteint le Yangzijiang et la latitude de Tōkyō, et monte bien plus au nord encore, au Japon, comme plante cultivée.
Jean DELVERT
L’Asie sud-occidentale, qui correspond au Proche et Moyen-Orient, caractérisée par l’association de chaînes plissées, fragments de la ceinture alpine, nombreuses surtout dans le secteur septentrional de la Turquie à l’Afghanistan, et d’un socle anciennement consolidé qui constitue l’ossature de la péninsule arabique et du Levant, comprend des marges montagneuses humides et forestières et des plateaux intérieurs désertiques ou subdésertiques dont le paysage est dominé par l’aridité.
L’arc montagneux alpin se suit en Asie occidentale, au nord de la plate-forme syrienne, dans les hautes terres de l’Anatolie et de l’Arménie, de l’Iran et de l’Afghanistan.
L’Anatolie appartient tout entière au domaine des chaînes plissées tertiaires, prolongation des Dinarides balkaniques. Mais des masses rigides, anciennement consolidées, viennent s’intercaler dans l’édifice : massif des Méandres (ou carolydien) dans l’Anatolie sud-occidentale ; massif de Kïrchehir au centre de l’Anatolie, à l’est du méridien d’Ankara, autour desquels se moulent les plis. Les chaînes plissées, en effet, enserrent au nord et au sud cette zone intermédiaire. Chaînes Pontiques au nord, Taurus au sud dessinent leurs virgations en fonction de ces masses rigides. Le Taurus occidental se marque ainsi par un arc convexe vers le nord, avec influence probable d’une masse rigide effondrée sous les eaux du golfe d’Antalya provoquant le rebroussement de Pamphylie-Pisidie. Puis, après la large convexité vers le sud de l’arc du Taurus central, les plis du Taurus oriental remontent vers le nord-est sous l’influence de l’avancée vers le nord du socle syro-arabe. Les virgations des chaînes septentrionales, moins accentuées, reproduisent dans l’ensemble le dessin des côtes de la mer Noire. La structure de ces plis est généralement caractérisée par un double déversement vers l’extérieur, nord dans les chaînes Pontiques et sud dans le Taurus, avec des charriages et des chevauchements souvent importants, de l’ordre de plusieurs dizaines de kilomètres au moins dans le Taurus isaurien (central), et apparition de quelques déversements en sens inverse au voisinage des masses rigides. Le matériel rocheux est assez différent dans les deux ailes du plissement. Dans les chaînes du nord, de nombreux petits noyaux intrusifs s’ajoutent à des massifs de schistes cristallins et se dispersent au milieu d’un matériel prédominant schisto-gréseux et de flysch très épais avec nombreuses intercalations volcaniques. Dans le Taurus domine une sédimentation beaucoup plus uniforme sur de vastes espaces, crétacés (1 500 m d’épaisseur), des noyaux isolés de schistes anciens (dévoniens) et d’importantes masses de roches vertes et d’intrusions basiques.
Mises en place essentiellement du Crétacé à l’Oligocène, ces chaînes ont subi au Néogène de longs processus d’aplanissements, à partir de niveaux de base marins, notamment au sud où les séries miocènes ont largement pénétré dans toute l’Anatolie méridionale, à partir de niveaux de base de cuvettes lacustres en Anatolie intérieure. Le relief actuel de l’Anatolie résulte d’un gigantesque mouvement de rajeunissement postérieur à ces aplanissements. Le Miocène marin est porté dans le Taurus central à plus de 2 600 m d’altitude, et des cassures de plus de 1 000 m de rejet affectent le Néogène continental en Anatolie orientale. L’aboutissement de ces mouvements épéirogéniques pliocènes et quaternaires est l’édification de la masse du haut plateau anatolien, haute terre dont l’altitude moyenne (1 132 m) est très élevée, surtout si on la compare à celle de la péninsule Ibérique, de structure comparable (600 m). Les altitudes absolues restent pourtant relativement faibles, ne dépassant 4 000 m que dans quelques rares cônes volcaniques isolés.
Les aspects régionaux du relief découlent de ces données structurales et des conditions de l’individualisation morphologique des bourrelets montagneux périphériques. Le Taurus est une montagne lourde, où dominent les hautes surfaces d’érosion néogènes, souvent profondément karstifiées, surtout dans tout le Taurus occidental et central où de vastes poljés d’aspect dinarique s’encastrent dans la masse des calcaires crétacés, et en Cilicie Trachée, haut plateau de calcaires miocènes. Au-dessus s’élèvent de hauts blocs qui correspondent sans doute à des zones de surexhaussement tectonique (Bey daghlarï dans le Taurus occidental, 3 086 m ; Ala dagh dans le Taurus cilicien, 3 735 m). Les chaînes