Gnosticisme - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Gnosticisme E-Book

Encyclopaedia Universalis

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Le mot « gnostique » est une étiquette commode qu'ont utilisée les anciens compilateurs de catalogues d'hérésies pour désigner toutes formes d'interprétation de la Bible fondées sur le rejet partiel ou total de l'interprétation reçue dans l'Église, et à laquelle ont recouru les modernes pour décrire une constante ou une convergence d'idées qui sous-tend la plus grande partie de la littérature philosophique et religieuse des premiers siècles de l'ère chrétienne.

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782341003667

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Tarapong Siri/Shutterstock

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Gnosticisme

Introduction

Si la recherche sur la gnose et les gnostiques n’a jamais connu de période de latence, elle est, à l’époque contemporaine, frappée d’une crise de ferveur particulièrement intense. Travaux et congrès se multiplient. Nombre de chaires autrefois consacrées à l’étude du Nouveau Testament sont désormais occupées par les laudateurs, non de l’Évangile, mais des collections gnostiques, devenues par emphase publicitaire « racines de notre civilisation », ou encore « zen de l’Occident ». Engouement inévitable lorsque les textes récemment découverts – notamment près de Nag‘ Ḥammādī, en Haute-Égypte – arrivent sur le marché, engouement explicable par la croyance au mystère qui les nimbe, mais engouement qui n’évite ni la myopie des anciens chasseurs d’hérésies, ni le pathos des adeptes de l’ésotérisme.

Le mot « gnostique » est une étiquette commode qu’ont utilisée les anciens compilateurs de catalogues d’hérésies pour désigner toutes formes d’interprétation de la Bible fondées sur le rejet partiel ou total de l’interprétation reçue dans l’Église, et à laquelle ont recouru les modernes pour décrire une constante ou une convergence d’idées qui sous-tend la plus grande partie de la littérature philosophique et religieuse des premiers siècles de l’ère chrétienne.

Après avoir évoqué les aspects historiques, l’essence et la signification du gnosticisme, on examinera les caractéristiques respectives des deux usages du terme « gnostique » et l’on s’efforcera de dégager trois points significatifs qui peuvent autoriser son application à une production littéraire homogène et strictement limitée.

Michel TARDIEU

1. Approches du phénomène gnostique

• Aspects historiques

Un certain type de connaissance

La gnose (du mot grec gnôsis) peut se définir comme une connaissance salvatrice, qui a pour objet les mystères du monde divin et des êtres célestes, et qui est destinée à révéler aux seuls initiés le secret de leur origine et les moyens de la rejoindre, et à leur procurer ainsi la certitude du salut, que celui-ci soit obtenu ou non par une collaboration entre la grâce divine et la liberté humaine. L’idée de ce type de connaissance est apparue très probablement dans le judaïsme, à l’époque et dans le milieu même où est né le christianisme, et elle est restée vivante à la fois dans le christianisme, orthodoxe ou hérétique, et dans les mouvements religieux (tel le mandéisme) apparentés au judaïsme ou au judéo-christianisme.

Afin d’éviter des confusions ou des imprécisions, on réservera le terme « gnose » à ce type de connaissance religieuse et l’on n’utilisera le terme « gnosticisme » que pour désigner un mouvement religieux très particulier : l’ensemble des sectes ou des écoles qui, durant les premiers siècles du christianisme, ont eu en commun une certaine conception de la « gnose », qui fut rejetée par l’Église chrétienne orthodoxe.

La « gnose » propre au « gnosticisme » a pour première caractéristique de dissocier création et rédemption ; le monde sensible est crée, ou, du moins, totalement dominé, par des puissances ou mauvaises ou bornées, parmi lesquelles le Dieu de l’Ancien Testament, le Yahvé du peuple juif, joue un rôle prépondérant. Ce Démiurge ignore ou veut ignorer ou veut faire ignorer l’existence du Dieu transcendant et bon qui est la source du monde spirituel. Les âmes des hommes qui possèdent la « gnose » sont émanées de ce Dieu suprême, elles sont d’essence spirituelle et prisonnières du monde sensible. Le Dieu transcendant envoie donc le Sauveur, le Christ, pour délivrer ces âmes d’élus, les ramener à leur origine et les rassembler à nouveau dans le « Plérôme », c’est-à-dire le monde spirituel. Ainsi, le salut qui résulte de la « gnose » n’est pas l’effet d’une collaboration entre la grâce divine et la liberté humaine, mais il est seulement conscience d’être sauvé, connaissance de l’issue heureuse du combat entre des Puissances qui transcendent l’homme. Philosophes grecs et chrétiens orthodoxes reprocheront donc au « gnosticisme » de prétendre atteindre au salut et à la perfection sans effort moral, sans une véritable transformation de l’homme. Pour le « gnosticisme », le gnostique est sauvé par nature.

Les sources

Les premiers indices de l’existence du courant d’idées désigné par le terme de gnosticisme se trouvent dans le corpus des écrits néotestamentaires, notamment dans la Première Épître aux Corinthiens (VIII, 1) et dans la Première Épître à Timothée (VI, 20) qui parle « des mots creux et des antithèses de la pseudo-gnose ». Viennent ensuite les réfutations des Pères de l’Église qui donnent d’abondants détails sur les systèmes gnostiques. Ce sont, au IIe siècle, Irénée de Lyon ; au IIIe siècle, Tertullien, Clément d’Alexandrie, Origène et l’auteur des Philosophoumena ; au IVe siècle, Épiphane de Salamine et Augustin. Très importante aussi, parce qu’elle va à l’essentiel, est la réfutation du gnosticisme en quatre traités (30 à 33 dans l’ordre chronologique) par le philosophe Plotin vers le milieu du IIIe siècle.

La presque totalité de la littérature gnostique originale, écrite en langue grecque, a disparu, par suite de son rejet par la Grande Église. Néanmoins, les Pères de l’Église nous ont conservé d’intéressants extraits, notamment la Lettre à Flora de Ptolémée, reproduite par Épiphane, et les Excerpta ex Theodoto, recueillis par Clément d’Alexandrie.

Toutefois, un certain nombre d’écrits gnostiques existent en traduction copte. La relative indépendance du christianisme copte, à partir du IIIe siècle, les possibilités de conservation qu’offrait le désert égyptien expliquent ce hasard heureux. Grâce à ces traductions, qui pour la plupart datent du IIIe et du IVe