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Les deux personnages principaux Geneviève Audet-Lambert et son compagnon Henri van Wentzinger, vont être pris dans des tourbillons contraires et vont devoir faire des choix difficiles au milieu des évènements du monde quand La Grande Dame en Noir s’invite chez eux, et les laissent dévastés :la mort du Père vénéré, ou de l’Oncle Yvan, qui les conduit malgré eux à Casablanca.
L’écriture obsédante de leurs thèses austères sous la direction très exigeante d’Antoine Léon et d’Yvon Belaval pourrait les rendre fous. Touchés par le naufrage de l’Amoco Cadiz et autres catastrophes, mais la vie continue. Henri et Geneviève vivront-ils à Paris ou à Florence ? Devront-ils se séparer ? Un peu de repos à Quiberon et Belle-Ile suffira-t-il dans tant de changements ?
Deux papes morts en trois jours et un nouveau pape Polonais insolite, sportif, comédien, grand reporter. L’Adieu à Jacques Brel, à Alain Colas, à Margaret Mead…La Grande Dame en Noir est une ogresse insatiable.
L’Opéra de Paris. La chute de Phnom-Penh. La fuite du Shah d’Iran.7000 ans d’Art à sauver en Iran. La mort de Jean Renoir et au milieu de tout cela, un tourbillon de projets. : Préparer l’arrivée à Saint -Cloud d’Anthony et Rose Radziwill ; Restaurer la petite chapelle de Saint-Germain-la-Chambotte, Accompagner Jean-Paul II en Pologne…L’Adieu à John Wayne. Sauver les œuvres d’Art dans le Cambodge martyrisé et en Iran dévasté. Et au milieu de tout ça, Chalon qui sommeille entre sa rivière belle et sa route ancienne. Le passage à Apostrophes chez Bernard Pivot.
L’Afghanistan en guerre et le sauvetage des Arts dans la fabuleuse vallée de Bamiyan. L’arrivée spectaculaire de Jean-Paul II en hélicoptère sur les Champs Elysées. Et tant d’autres évènements.
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Seitenzahl: 253
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Aux Editions ALAN :
Loire sauvage, Loire familière, Loire vagabonde,Poèmes en prose et Photocroquis, 2019.
Musiques de la mer, Foulards, 2020.
La nuit n’est pas aussi sombre,Petit voyage poétique et initiatif en Art numérique, 2020.
Une histoire que racontent ces vingt-cinq sceaux [+1], 2021.
Aux Editions Publishroom Factory / ALAN
Greensleeves …Adieu ! “Comme un roman”.(Volume 1), 2024.
Gee Skill
GREENSLEEVES… ADIEU !
“Comme” un roman
Volume 2
Danses de la vie…
Coquillages que les marins ramènent à la maison… Comme les lignes de nos vies incertaines et entreroisées.
ALAN / Agence Littéraire et Artistique Numérique
ISBN 978-2-38625-780-3
L’histoire commence le 11 Mai 1969 à 9h30, dans l’ascenseur et dans l’escalier monumental du hall d’entrée de la Librairie Armand Colin* 103 Boulevard Saint-Michel. Paris 5ème. Elle s’arrête le 15 Octobre 2009 à 15 h 30 à l’église Saint-Séverin. Paris 5 ème..
Première Vague : 1969 – 1989.
Volume 2
“Une prière amie nous suit au-delà de ce monde,
Un souvenir pieux prononce encore notre nom,
Mais, bientôt le ciel et le terre ont fait un pas,
L’oubli descend, le silence nous couvre,
Aucun rivage n’envoie plus sur notre tombe
La brise éthérée de l’amour.
C’est fini, c’est à jamais fini,
Et telle est l’histoire de l’homme dans l’amour”…
Lacordaire*
39ème conférence de Notre-Dame de Paris (1846)
Quand “La Grande Dame en Noir” s’invite
Chez vous et vous laisse dévasté, anéanti et ravagé.
GEENSLEEVES …ADIEU !
Tout hurle ! Ne m’en parle jamais.
Parfois le destin, s’en mêle, s’emmêle, intempestivement, avec nos fameux pressentiments. J’avais besoin de temps pour ma thèse qu’il s’était mis à détester comme un monstre dévorant. Je proposai de ne pas nous éloigner trop de Paris*. J’avais une voiture neuve une Opel* Kadett ‘à roder’. Je proposais deux jours à Saint-Malo*. L’essentiel était de nous isoler pour nous retrouver que nous deux.
La veille du départ pour Saint-Malo*, il reçut un appel téléphonique de sa nièce Françoise en larmes pour lui annoncer le décès de son Père.
Jusqu’à ma mort, je n’oublierai jamais ce cri retenu, cette expression de souffrance. Il tomba dans mes bras silencieux, au bord de l’évanouissement. Cette nuit-là, il s’abandonna complètement à ma tendresse, oubliant toutes précautions. C’est l’unique fois où je sentis ce que voulait dire, ne faire qu’un. Au fond de moi, je me disais que la nature ferait peut-être son œuvre jusqu’au bout. Au matin, quand il se ressaisit, il me demanda si je m’étais protégée, il savait bien que non. Il était vraiment malheureux. Il ne cessait de me dire tu sais que je ne veux pas d’enfant ! Je ne répondis rien, me disant que nous verrions bien.
Il lui fallait se rendre à Chalon*, pour les obsèques. Il s’avisa qu’il n’avait pas de tenue adéquate. Il ne portait pas de costume noir. Le bleu marine, ne lui semblait pas de circonstance (à cause de sa Mère et de quelques autres membres de la famille). Noir de rigueur. Je lui en prêtai un gris anthracite presque noir de mon Père qui avait à peu près la même taille. Il lui allait très bien. Le voyage en train fut éprouvant. Il resta prostré, le visage caché à l’intérieur de ses mains, comme si ses mains avaient le pouvoir d’absorber les cris de l’âme ou de faire disparaitre le monde entier. Tout étant consommé, dans le train du retour, il se mit à écrire sans arrêt, comme sous une dictée inaudible à d’autres, mais qui résonnait dans sa tête sans arrêt. Il me tendait les feuilles une à une. Soudain, il poussa un cri.
– Entends-tu ?
– Quoi ?
– GREENSLEEVES !*
Je n’entendais rien. Je craignais seulement un autre malheur. Il s’enferma rue de Seine*, avec le Requiem de Fauré*et tous les Requiem en boucle. Il était convenu qu’il m’appellerait. Ne pouvant lui téléphoner, je lui avais écrit. Trois jours plus tard, je reçus une lettre :
Ma Chérie,
En même temps que ta lettre, Merci pour cette tendresse, ce soin discret. Tes qualités vraies me font détester cette injustice à l’intérieur d’une autre plus grande – je reçois l’annonce de la mort de ma deuxième sœur dans un accident. Je ne puis pas écrire plus. Je ne reviens pas sur l’étrangeté des dates, nous aurions dû être à Athènes*, ce soir.
Tout hurle. Ne m’en parle jamais. A toi Henri.
De ce jour, il ne fut plus jamais le même en privé. Une corde s’était distendue. En public, au contraire, il exagérait son apparente gaité et parlait de sonincroyable chance. Je craignais une faille, une déchirure irreparable.
Pour ses quarante-cinq ans, un peu en décalage, qu’importait ? Nous étions finalement à Saint-Malo* sous la neige. Devant la Tour Solidor*, à Saint-Servan*, il se figea, incapable d’avancer. Je crus à un malaise. Il me raconta comment ils étaient venus là autrefois, avec une délégation des marins du Cassard* ayant participé aux tentatives de sauvetage du Pamir*, le navire-école Allemand, pour l’inauguration du musée qui était consacré à tous ces jeunes matelots morts.
Une cuiller, un bout d’assiette, un béret… Il disait pour lui-même : il faudra l’écrire et il prenait des notes. Il écrivait déjà avec l’intention d’être publié depuis une dizaine d’années, mais depuis qu’il n’était plus à Beaubourg*, il ne pensait plus qu’à cela, jour et nuit, et, ce n’est pas une image. Il murmura, quand je mourrai, j’aimerais que tout reste en l’état, rue de Seine*, à la Maison rouge*, comme si j’allais revenir, comme si mon Père… Il ne se peut pas, non ce ne peut pas être pour toujours.
Je ne supportais pas qu’il évoque le voyage sans retour.
*
Janvier glacial tirait à sa fin. De retour à Paris,* je dus en catastrophe aller chercher mes parents à Limoux*, car mon oncle Yvan, encore en pleine forme la veille, était soudainement décédé à la suite d’une très brève hospitalisation pour un malaise.
“La Grande Dame en Noir”* sait être sournoise et moqueuse à ses heures. Elle n’avait prévenu personne. Pas de GREENSLEEVES* non plus. Aucun signal. Rien. Nous étions sous le choc. Inutile de décrire l’état de panique devant l’incroyable, et ma Tante Simone n’avait plus le contrôle de sa raison. Heureusement qu’André et Renée avaient prolongé leur séjour. Je ne savais pas comment faire, je ne pouvais pas me faire remplacer à l’IMI*. Finalement, je pus joindre mon frère. Il fit le trajet Paris – Carcassonne* dans la journée traversant la France enneigée avec des chaînes aux pneus. L’enterrement se déroula au cimetière de Carcassonne*, sous un mètre de neige, là où reposait déjà la Mère de tante Simone dans le caveau familial à cinq places, ‘prévu’ pour Mémé, puis Tante Simone, puis Oncle Yvan, puis André, puis Renée. Dans cet ordre, parce que Tante Simone avait dix ans de plus qu’Yvan, et donc…
Eh, bien non, “La Grande Dame en Noir”* n’a que faire de notre logique, et en décida tout autrement.
Il avait fallu un marteau-piqueur pour ouvrir la tombe gelée me raconta ma Mère. Cela avait pris des heures dans un vent glacial. Mon frère, raccompagna mes parents à Saint-Mandé*, la semaine suivante. André qui était avocat, et Renée étaient obligés de rentrer à Marseille* où ils habitaient. Ils emmenèrent Tante Simone avec eux. Elle ne retrouvait toujours pas ses esprits et refusait de partir sans Yvan.
L’usine de Casablanca* ne pouvait pas tourner toute seule. Le gérant était compétent. Sous le choc de la disparition soudaine de mon oncle, il ne pouvait pas prendre toutes les décisions, que prenait habituellement tante Simone en dernier ressort. Que faire ? Il y avait aussi Leïla qui devait rejoindre sa famille à Casablanca*. Elle était venue aider ma tante à Limoux* que pour les fêtes, et son mari à Casa s’impatientait. Il voulait qu’elle rentre. André voulait lui faire prendre un avion à Marseille*, mais elle ne voulait pas rentrer seule. Elle avait peur de l’avion. Elle pleurait au téléphone, et son mari criait à l’autre bout.
Henri me sentait triste et désemparée, mais par délicatesse et par principe, il ne posait jamais de question, ne souhaitant pas qu’on lui en pose. Cependant, il me demanda comment il pourrait m’aider.
André ne savait pas comment rapatrier Leïla, il avait proposé à son mari de venir la chercher, mais, lui, ne voulait rien entendre, car il n’avait pas été d’accord pour qu’elle parte à Limoux*. Henri qui connaissait bien le Maroc*, me proposa de la raccompagner, si cela pouvait rendre service, puisqu’il n’avait plus d’obligation professionnelle. André lui en fut très reconnaissant.
Leïla et Henri s’envolèrent pour Casablanca*. Il pensait n’y rester qu’un jour, mais le gérant venu l’accueillir, le supplia de l’accompagner à l’usine pour rassurer et consoler le personnel. Mon oncle était très aimé, et personne ne voulait croire à sa soudaine disparition. Henri ne se sentait aucune légitimé et avait viscéralement horreur de ce genre de situation loufoque. Il refusa d’abord, mais André sut le convaincre, et finalement, sa formation juridique s’avéra très utile pour faire avancer quelques délicates affaires en suspens.
Il resta à Casablanca* toute la semaine m’adressant un journal quotidien de ses découvertes, et pourtant il connaissait bien le Maroc*, mais pas sous cet angle. Il trouva dans les Souks, des outils anciens qu’il n’avait jamais vus ailleurs et pourtant, il était déjà un spécialiste mondialement reconnu.
Il m’adressa une brassée de contes berbères et de proverbes arabes qui l’avaient amusé autant que Don Quichotte*.
A – t-on-bâti sur toi ? Conte berbère
Fès* est comme l’on sait, la métropole du Maroc*. Pour qui observe bien, cette capitale présente une synthèse de tout le pays : tous les types d’humanité nord-africains s’y trouvent, et c’est là que les jeunes berbères des régions environnantes font leur premier voyage pour s’initier aux mystères de la Ville.
Un de ces jeunes montagnards, qui n’avait jusqu’alors connu que le djebel, ses rudes guerriers, ses pasteurs et ses femmes sans voile, fut pourvu par son père de quelques douros et s’en vint visiter la grande ville où, un jour, lui disaient ses compagnons, il entrerait peut-être fusil au poing pour piller, et se munir à peu de frais de ces riches marchandises exposées dans les Souks et dans les boutiques du Mellah*.
Longtemps il erra de-ci, de-là, emplissant ses yeux de tant de choses nouvelles pour lui. Le deuxième jour, après avoir donné son offrande à Mouley-Dris, il grimpa le long de Talâa* pour gagner Boujeloud* et Fès-Jedid.*
Tout le long de cette artère, longue et montante, il devait être sollicité par bien des spectacles ; mais ce qui le frappa le plus, ce fut non l’exigüité de certaines boutiques, mais l’embonpoint vraiment extraordinaire de certains marchands. L’un d’eux, particulièrement gros, emplissant de son corps énorme tout l’espace qu’il était possible d’appeler sa boutique, attira l’attention du jeune montagnard qui, plantant son bâton en terre, y appuya ses deux mains et ouvrit de grands yeux devant ce spectacle digne d’un Zoo.
“Est-ce la boutique qui est trop petite ou bien est-ce l’homme qui est trop gros ? Pensa-t-il”
L’insistance du jeune berbère, qui n’avait pas du tout l’air d’un client possible, indisposa le marchand, puis l’énerva, si bien qu’au bout de quelques minutes, il lui dit : “Écoute, enfant des Monts, si tu n’as rien à m’acheter, débarrasse-moi de ta présence ; continue ton chemin.”
– Je n’ai rien à t’acheter en effet, mais je voudrais te poser une question à laquelle toi seul peut répondre. Excuse ma curiosité : Dieu t’en saura gré.
– Dis voir ! répondit le gros homme
– Au nom d’Allah, je voudrais savoir, dit le montagnard, si tu es entré dans cette boutique, ou bien. Si on a bâti sur toi.
Petit lexique :
*Mellah= quartier juif dans une ville marocaine
*Boujeloud : quartier des jardins entre Fès-Jedid (Le nouveau quartier) et Fès-El Bali (Le Vieux – Fès)
*
Et. Quelques proverbes arabes
Laisse le menteur oublier (son mensonge),
Puis interroge le.
Nassi el ked’ d’ab ou saqsih.
En toute chose, il faut considérer la fin.
Ia chari etffeker ioume elbia
O toi qui es peint à l’extérieur, comment vas-tu à l’intérieur ? = tout ce qui brille n’est pas d’or.
Ia mzououeq mène barra ouch h’alek mène dakhel ?
Le feu de bois s’éteint, mais celui de l’affection dure.
Nar elheteb tetfa ou nar elmehabba tdoum.
Les gens connaissent les gens et les chevaux connaissent ceux qui les montent.
Ennas taref ennas ou el khaïl roukkabah.
Fais le nécessaire et laisse arriver ce qui se produira
Fais ce que dois, advienne que pourra.
Aamel el ouajeb ou khalli icir ma icir
*
Et Henri disait quand on ne sait pas quoi faire, il faut laisser prévaloir les circonstances..
*
De retour, rue de Seine*, avec sa précieuse caisse d’outils anciens, Henri me dit l’air convaincu, que ce séjour au Maroc* l’avait impressionné et qu’il y serait bien resté plus longtemps..
Tante Simone était toujours sous le choc, les médecins ne faisaient pas de pronostic sur son retour à un état normal. Elle attendait, prostrée, mon oncle toute la journée, ou alors elle lui parlait comme s’il était devant elle. Elle ne savait plus où elle se trouvait et avait perdu la notion du temps et de l’espace. Marseille* ? Limoux* ? Alger* ? Casablanca* ? Elle mélangeait tout. Parfois elle prenait André pour son mari…
Le séjour marocain avait été bénéfique à Henri pour ne plus penser sans cesse à Beaubourg* dont il ne m’avait toujours rien dit. Je ne posais pas de question, laissant la plaie se refermer au fil des semaines.
Janvier tout gelé s’était enfui. En ce début de Févier, le film Crabe-Tambour* de Pierre Schoendorffer* avait obtenu la récompense du Grand Prix du cinéma français. Nous avions été invités à la fête avec le Commandant*, pour son témoignage.
Henri avait décliné l’invitation. Il n’aimait pas les questions du Commandant, ni sur le passé, ni sur le présent et encore moins sur le futur qui était incertain.
Il profitait d’avoir du temps devant lui, pour écrire le plus possible, mais se retrouver dans la position d’auteur au lieu d’éditeur, le troublait parfois. Je l’aidais quand il me le demandait, soit en relisant ses manuscrits, soit en le questionnant ou en faisant des critiques assez ‘sévères’ pour être utiles. Nous nous écrivions donc plusieurs fois par jour, car je n’étais pas disponible dans la journée, et le soir, je travaillais plusieurs heures à ma thèse, ce qui l’agaçait.
Ma Chérie,
Pour la dernière (la plus récente) critique de l’éditeur pour Invention de pensionnaire dans sa version actuelle, voici la réponse à ta question. La présentation des albums de photos réalisés (manger) ou projetés (l’avarice dans les gestes quotidiens, cela désigne à tout casser une page et demie bien précisément).
Je ne sais pas si je dois faire confiance à ce lecteur : il est passé à côté
Pour la dernière deux thèmes importants qui, plus que de réapparaître de temps en temps sous-tendent tout le livre ; Je veux parler de la création artistique et du ‘copilote’, sorte de sous-marin invisible qui accompagne sans arrêt le navire de surface, visible, lui.
Enfin, ce fil conducteur, ce fameux fil, n’est-ce pas au lecteur de se le faire et de le prendre en main. Je veux bien faire quelques pas dans son sens mais il faut garder à mon livre ce qui participait de son inspiration : ces éclatements, digressions et fusées soudaines qui sont, elles, ceux de la vie même. Éclats, écarts, ruptures, ce serait bien de faire un mot de préface là-dessus !
Voici le plan demandé.
Je t’embrasse. Ton Henri.
Invention de pensionnaire
Table des matières
I
p. 1 à 9 La rencontre à San Francisco
II
p. 10 à 19 Un photographe et son monde ‘
III
p. 20 à 41 Blanca et la guerre irlandaise
IV
p. 42 à 49 Intervalle,
V
p. 50 à 69 Les récits du marin
70 à 81 Elizabeth et Vincent
82 à 94 Rencontres
95 à 103 La fissure
104 à 110 Le train blindé
111 à 118 Errances
p. 119 à 130 Enfances
131 – 141 Une évasion irlandaise
142 145 L’amoureux nouveau
146 163 La visite au musée
164 169 Mousson
170 174 Les images
*
Nous écrivions le roman à quatre mains… Il tenait parfois compte des changements à apporter, puis il y eut encore une grève de la poste dans le Val de Marne*, et j’étais enrhumée. Salles surchauffées, gares venteuses… Pour nous c’était à chaque fois une mini catastrophe car ce n’était pas par téléphone que nous pouvions échanger et travailler. Il s’installait quelques jours à Saint-Mandé*, quand, je le pouvais je restais quelques jours rue de Seine*, mais là, au point où j’en étais de ma thèse, je devais rester enfermée chez moi le soir, le samedi, et le dimanche, pour, classer, relire, couper, compléter, intervertir, résumer, illustrer, recalculer, raccourcir encore et encore. ‘Prendre le temps de faire court’, c’est ce qu’il y a de plus long ! (Pascal)
*
Chérie,
C’est peut-être la carte qui va défoncer le blocus.. L’espace n’est pas extensible ! Mais cela tombe mal. Chérie, c’est doublement mal. Le virus ajouté au blocus syndical qui isole le Val de Marne*. L’un des deux donnera le bon exemple à l’autre..
Je t’attends ce soir, et je t’embrasse.Tuo Henri.
L’image au recto de laquelle le texte était écrit, en lignes droites ou en volutes ou en forme de coquillage ou de fleur ou de bateau ou de cœur, n’était jamais insignifiante ou innocente. Au contraire, elle ajoutait toujours un message subtil au texte. Parfois je lisais d’abord le texte et ne regardais l’image qu’après, parfois, je faisais le contraire en essayant de deviner le contenu du texte avant de le lire.
Dans ce cas précis, par exemple, comme j’étais enrhumée, l’image de Roy Lichtenstein* représentait un verre et un citron ; jaune pour le citron et gris pour le verre sans pied, posé à l’angle d’une table et dont on ne voyait pas le contenu avec précision. En regardant les détails, je vis que cette carte provenait du Département des Arts plastiques du Centre Beaubourg*, et même qu’elle était estampillée ‘Service de presse’. Je compris le message crypté qui signifiait que la page de Beaubourg* était tournée, et que nous pourrions en parler. Il avait d’ailleurs joint à son envoi, un texte intitulé
‘Le message crypté’.
Le projet est subtil. Le peintre et son commanditaire – car l’un ne va point sans l’autre – ont plusieurs objectifs. Ils veulent offrir une énigme. Ils souhaitent que celle-ci de niveau philosophique, ou tout simplement humaniste, conduise à une réflexion, réveille une évidence.
– L’eau du baquet à tremper le fer rouge.
– L’air du soufflet servant à attiser le brasier
– Le feu, grâce auquel on fait rougir le fer.
Mais une “simple nature morte” d’objets rassemblés sur une table, et tout autour, peut évoquer l’odorat (des fleurs dans un vase), le toucher (le velours d’une bourse), le goût (un gâteau sur un plat), l’ouïe (une mandoline), la vue (le reflet de l’ensemble dans un miroir).
Les jours suivants, il dut se rendre à Chalon* pour prendre sa part de l’héritage de son Père et de sa sœur. Il ne pouvait plus parler. Sa voix le lâchait à chaque phrase, mais c’est ainsi que ‘ces choses’ s’étaient toujours faites dans sa famille. Il n’avait pas participé au partage, il n’en aurait pas eu la force. Sa Mère, ses frères et leurs épouses, sa sœur aînée qu’il aimait d’une tendre affection, et son mari, avait “fait des lots”. Il allait chercher le sien, il fallait bien “vider les appartements”. Il avait dit une fois pour toutes à ses belles – sœurs et à son beau-frère, qu’ils n’étaient que des pièces rapportées et n’avaient rien à dire, encore moins à demander. Lui, ne demandait jamais rien. Cela avait fait partie de son éducation aux “bonnes manières” auxquelles, de toute une vie, on ne doit jamais déroger.
Dès son arrivée, il m’adressa une carte de Chalon*. C’était l’église Saint-Pierre* et tout à côté, l’Hôtel-de-Ville. Au premier plan, une statue en bronze de femme (romaine ?) en robe drapée sur un piédestal de pierre. A ses pieds, un vase monumental de bronze posé sur une dalle de pierre, entouré de vasques fleuries en terre cuite débordantes de pétunias et de géraniums roses, oranges et rouges, et d’une sorte de plante grasse à fleurs mauves. Devant l’église, un parking avec des voitures nombreuses. Touchant l’église, un immeuble blanc de deux étages, fin 19ème siècle, avec un balcon au premier étage. Un point à l’encre bleue indiquait une fenêtre au deuxième étage. Henri avait écrit au verso :’Marquée par un point, la fenêtre du salon de mes parents (qui contenait mon alcôve-cabine personnelle), pas encore de plaque !’
Quand le vaisselier rustique arriva rue de Seine*, il hésitait, à savoir où le placer. Finalement, on l’installa dans la cuisine comme une cloison de séparation entre la table et l’évier, pour délimiter un coin-repas. On mit les deux fauteuils dans la bibliothèque. Il y avait encore quelques assiettes de porcelaine à petites fleurs bleues et un bol assorti. De sa jeune sœur, il avait aussi hérité d’un missel dont, hélas, il n’avait pas d’usage autre que sentimental. Il changea aussi les rideaux aux fenêtres de la bibliothèque et de notre chambre. C’étaient des petits rideaux “bonne-femme” en organdi blanc à petit volant. Je me gardais du moindre commentaire. Je partageais sa douleur, c’est tout. De son Père vénéré, il hérita d’une montre en or à deux clés, dans un gousset. Cette montre avait appartenu à son Grand-Père, médecin de campagne, mort pour avoir soigné ses malades pendant l’épidémie de grippe espagnole. Il ne l’avait pas connu.
L’appartement bien que grand devenait exigu, car il avait aussi tenu à reprendre de son ancien bureau du 35 Boulevard Sébastopol*, une immense table en noyer massif, qui occupait tout l’espace de la pièce d’entrée. L’appartement ressemblait de plus en plus à une caverne d’Ali-Baba*. Il accumulait tous les objets archéologiques, outils anciens, peintures, dessins, livres, poteries, pêle-mêle. Il n’était pas question d’habiter en permanence dans ce joyeux capharnaüm organisé où il se sentait si bien. Je lui conseillais toutefois quelques travaux indispensables de plomberie et d’électricité pour des raisons de sécurité.
Il était déjà revenu de Chalon*, quand je reçus ses lettres de là – bas. J’avais écrit deux petits récits que je lui avais adressés.
Ma Chérie,
Merci de tes lettres. J’ai trouvé le récit très bien et amusant. (Nous pourrions faire des nouvelles croisées avec chacun à son tour en premier de cordée !) Et le plus étonnant est la foi de croire que cette histoire est vraie. Bien sûr, on doit toujours, en cette matière, avoir présent à l’esprit-parmi d’autres-le personnage de Steinbeck* qui allait prier pour la pluie dans son champ durci de sécheresse…en imperméable !
La femme de la statue à Chalon : Ma mère l’appelait Diane*, pour le geste de réajuster son vêtement, mais si elle a une cruche à la main, c’est quelqu’un d’autre. Fonte, art renouvelé des Grecs du XIXème siècle.
“Les livres illustrés de dessins et gravures”, je vois bien ce que c’est en général, mais ici, je ne sais pas de quoi il s’agit
Pareil pour la préface ?
J’ai terminé dimanche la traduction. C’était très intéressant. Mais quand on lève la tête un peu au-dessus, on dit ils sont complètement fous…
Je vais bientôt avoir un exemplaire “propre” de mon roman. S’il te plaît, ne t’arrache pas les yeux sur ces “brindilles en dents de scie”. Je vois ce qu’il faudrait faire.
À Vendredi, je t’embrasse. Ton Henri
*
Chérie, si les lettres n’arrivent pas, raison de plus pour en écrire…
Ce simple aperçu de la Thébaïde* fait penser que si on avait croisé Racine* dans cette rue Visconti* où il est mort, on aurait peut-être eu le dos tout glacé. A Toi.
Ton Henri.
Ce soir-là, j’étais ‘juste’ passée rue de Seine*, pour lui remettre en toute hâte un manuscrit, mais…il savait se montrer convaincant. Et j’étais restée. Le lendemain, je trouvais chez moi une carte du musée du Louvre Et l’or de leur corps… de Gauguin* avec ces quelques mots :
Chérie,
Merveilleux pour moi, j’espère que tes retards ne sont pas un objet de scandale ailleurs…j’ai encore trouvé à corriger “Invention de pensionnaire”. Si tu veux toujours la regarder, ce qui n’est pas une obligation, il ne faudra pas non plus être trop de mon côté : cela a été écrit très vite. Et le texte doit être clair.
Je t’embrasse, à lundi. Tuo Henri.
*
Écrire une thèse tout en travaillant peut rendre fou, car toute parcelle de minute donnée à autre chose vous culpabilise et vous pénalise lourdement. Pour le patron de thèse sérieux, c’est identique. Ces pavés l’obsèdent. Antoine Léon*, n’échappait pas à ce cauchemar. Il avait accepté trop de doctorants. Parfois, lui athée ou agnostique, me disait :
– Savez-vous ce que serait pour moi le Paradis ?
– Non.
– Ce serait un monde sans thèse ! Et la possibilité de me baigner dans toutes les mers du monde.
Puis, ayant un peu rêvé, il s’empressait d’ajouter :
– Il faudrait revoir les variables dépendantes et indépendantes de votre deuxième chapitre pour confirmer votre hypothèse principale…
Et le déjeuner se passait à disséquer les statistiques jusqu’au dessert. Ensuite nous parlions de mes lectures à partager, de mes récits de voyage, de mes peintures, de mes dessins. Il m’enviait et m’admirait de pouvoir ainsi m’exprimer. Il connaissait mon admiration pour Visconti*. Nous étions allés voir ensemble ‘Violence et Passion’(titre exécrable). En sortant, il m’avait dit :
– Voilà, c’est moi ! Même détachement, même doute, même solitude, même isolement intellectuel et affectif. Ce professeur, chère amie, c’est moi ! Le luxe et les œuvres d’Art en moins. Et si ma Tour d’ivoire universitaire était une prison commode ?
Il avait été marié avec une militante comme lui. Après Budapest*, leurs routes divergèrent. Ils reconnurent sans difficulté qu’ils avaient ‘regardé ensemble dans la même direction’, mais pas l’un, l’autre. Les enfants élevés, ils s’étaient retrouvés étrangers, le cœur vide. C’était sa version. Je ne connaissais pas l’autre. Il avait divorcé logiquement, depuis longtemps, chacun retrouvant sa liberté.
Antoine, n’avait pas eu d’éducation sentimentale. Il était timide pour tout ce qui touchait aux sentiments, et très pudique. Ses deux enfants, un garçon et une fille menaient leur vie de façon indépendante. Il était seul.
Nous étions devenus au fil des années, de très bons amis, nous échangions sur tous les sujets très librement, tout en ayant des points de vue très différents. Il s’était aussi lié d’amitié avec mes parents. Il appréciait de pouvoir parler avec mon Père de l’Algérie* de leur enfance et de leur jeunesse, car Antoine Léon* avait été jeune instituteur en Kabylie*.
Il avait pris aussi l’habitude de m’écrire souvent. L’écriture est un mal contagieux et irremplaçable. Il faut en user et en abuser sans modération.
Chère Amie,
Me voilà parvenu au terme d’une lecture à la fois tonifiante et déprimante, éternel renouveau ou éternel effondrement ?
Emmanuel Roblès*, aimerait vous inviter à un dîner, accepteriez-vous d’y venir avec moi ? J’amorce la lecture du second livre que vous avez eu la gentillesse de m’envoyer tout en réservant une place, hélas ! aux mémoires et aux thèses ! C’est là aussi, un éternel recommencement ! Je vous espère en bonne santé et vous assure de ma fidèle amitié
Antoine L.
*
Je commençais à prendre conscience du scénario bien connu entre le Professeur et son étudiante, mais j’étais sûre de dominer la situation, et de pouvoir cantonner ses sentiments dans l’amical et l’affectueux, ce qui me convenait parfaitement, mais qui était aussi présomptueux qu’insensé.
A l’exception d’Henri, la plupart des hommes que je rencontrais, ne comprenaient pas pourquoi une jeune femme pouvait préférer être indépendante. Ils tentaient leur chance en quelque sorte, soit comme une naturelle attitude d’homme, soit par intérêt. C’était beaucoup d’énergie réciproque dépensée pour rien.
*
En parlant de se baigner dans toutes les mers du monde, nous venions d’apprendre que le matin même, le supertanker américain ‘Amoco Cadiz’*, pris dans la tempête, venait de s’échouer sur les rochers de Portsall* et déverser sur nos côtes bretonnes 80000 tonnes de mazout. Merci. De la pointe saint Matthieu* à Plouguerneau*, l’air était irrespirable. Le navire contenait 230 000 tonnes de mazout.
Bien sûr, il fallait d’abord sauver les quarante-deux hommes d’équipage, et la Marine Nationale avait tout mis en œuvre pour arracher ces hommes à la doublement noire “La Grande Dame en Noir”*.
Une fois sauvé, le Commandant Pascuale Baldari* accusé de “délit de pollution” fut mis sous contrôle judiciaire.
Les goémoniers, ostréiculteurs, pêcheurs, et toute la flore et toute la faune marine, et tous les oiseaux libres du ciel en deuil, furent une fois de plus martyrisés. Bien sûr Raymond Barre*vint pleurer avec eux. Oui, il vint, comme étaient venus les autres.
Mais la vie continue. Avril arrivait. A l’IMI*, le Commandant* et Guy Denielou*, le Président de L’université de Compiègne*, étaient en lutte au sujet de nos postes. Guy Denielou voulait nous rapatrier à Compiègne, ou s’opposerait “par tous les moyens” (?) à notre titularisation.
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