Guardians of the Galaxy - M.K. England - E-Book

Guardians of the Galaxy E-Book

M. K. England

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Beschreibung

Découvrez le roman préquel du jeu primé des Gardiens de la Galaxie : "Marvel's Guardians of the Galaxy". Star-Lord, Gamora, Drax le Destructeur, Rocket Racoon et Groot : les Gardiens de la Galaxie, héros à louer. Après avoir raté la partie la plus importante de leur dernière mission - se faire payer - l'équipage est sur le point d'abandonner Peter Quill pour de bon. Lorsqu'une vieille connaissance refait surface, offrant un tas d'unités pour une excursion dans le passé de Peter, il n'y a pas lieu d'hésiter. Douze ans plus tôt, Peter a combattu les Chitauri sur Mercure aux côtés de la Résistance pour empêcher une invasion de la Terre. L'ancienne base de la Résistance est désormais occupée par un squatter, et c'est aux Gardiens de le déloger... et de démasquer un traître.

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À mes frères de Gamefest,

Sommaire

CHAPITRE UN

CHAPITRE DEUX

CHAPITRE TROIS

CHAPITRE QUATRE

CHAPITRE CINQ

CHAPITRE SIX

CHAPITRE SEPT

CHAPITRE HUIT

CHAPITRE NEUF

CHAPITRE DIX

CHAPITRE ONZE

CHAPITRE DOUZE

CHAPITRE TREIZE

CHAPITRE QUATORZE

CHAPITRE QUINZE

CHAPITRE SEIZE

CHAPITRE DIX-SEPT

CHAPITRE DIX-HUIT

CHAPITRE DIX-NEUF

CHAPITRE VINGT

CHAPITRE VINGT-ET-UN

CHAPITRE VINGT-DEUX

CHAPITRE VINGT-TROIS

CHAPITRE VINGT-QUATRE

CHAPITRE VINGT-CINQ

CHAPITRE VINGT-SIX

CHAPITRE VINGT-SEPT

CHAPITRE VINGT-HUIT

CHAPITRE VINGT-NEUF

CHAPITRE TRENTE

CHAPITRE UN

PRÉSENT

OBLITUS – 7801

Il était vraiment temps que Peter Quill fasse davantage attention aux détails. À des détails se jouait la différence cruciale entre, disons, un bon à rien de père absent et ce foutu Dark Vador. Ou entre un mammifère terranien fouilleur de poubelles – adorable, mais un peu dégoûtant – et un soldat raton laveur génétiquement modifié armé d'un très gros flingue.

Ou encore, à un détail se jouait la différence entre être payé cent mille unités qu’on peut réellement dépenser… et se retrouver avec cent mille unités de pâte protéinée inutile dans la soute de son vaisseau. Avec, en prime : un équipage prêt à vous mettre la tête sur une pique.

Peter, les mains profondément enfoncées dans les poches de sa veste blindée couleur rouille, accéléra le pas lorsque le Milano apparut dans son champ de vision. Son vaisseau l'attendait patiemment au poste d’amarrage hors de prix qu'ils avaient loué, la première d’une longue série de transactions peu judicieuses effectuées dans cet endroit maudit.

Mentalement, émotionnellement et spirituellement, il s'était déjà téléporté dans son siège de pilote et avait laissé derrière lui le tas de ferraille qu'était la station spatiale Oblitus. Physiquement, c'était tout ce qu'il pouvait faire pour s'empêcher de courir vers la rampe d'embarquement du vaisseau. La honte nous rattrape toujours.

Ce n'était que la dernière d'une série de missions ratées qui commençait à les faire davantage ressembler à « un groupe d'idiots désespérés survivant à peine aux tâches les plus simples » qu’à « une équipe de marginaux luttant pour faire décoller leur business ». Le pire, c’est que pour une fois, cette dernière mission, ils l’avaient remplie. Ce qui devait être sécurisé ? Totalement en sécurité ! Ceux qui avaient besoin d'être protégés ? Pas une seule égratignure ! Un travail bien fait, qui aurait mérité de nombreuses tapes dans le dos et des poignées de main satisfaites pour tous les membres des Gardiens de la Galaxie : Drax (tout sauf un tueur en série), Gamora (fille adoptive de Thanos, ancienne meurtrière), Groot (Colosse floral, dernier survivant de son espèce), Rocket (mammifère génétiquement modifié d’une espèce indéterminée, mais certainement pas un raton laveur)… et Peter.

Eh oui, leur échec était cette fois-ci entièrement dû à Peter Jason Quill – alias Star-Lord – qui s’était planté en beauté dans la gestion des détails rudimentaires en matière de rémunération.

— Je vais te tuer, Peter Quill, dit Drax d'un ton calme, ses pas lourds faisant trembler le pont sous leurs pieds de façon sinistre. Mais d'abord, je vais étriper ce misérable sac de chair qui nous a engagés. Je vais arracher ses membres un à un. Je vais mettre cette station en pièces à mains nues. Je vais…

Peter ignora sa tirade. Il n’était vraiment pas compliqué d'imaginer Drax, gloussant de joie, ses muscles saillants sous la peau bleu sarcelle et les marques rouges, déchirant les débris de vaisseaux soudés à la hâte qui constituaient Oblitus. Un frisson parcourut l'échine de Peter et il céda à son envie de courir vers la rampe et le pont d'envol.

— Ils ont dit qu'ils paieraient en devise forte ! se défendit-il en s'attachant au siège du pilote et en faisant chauffer les moteurs. Ça semblait être l’affaire du siècle !

— Mais tu n'as pas demandé quelle devise, n'est-ce pas, Quill ? cracha Rocket, sa barbe tressée se balançant tandis qu'il tournait la tête pour jeter un regard furieux à Peter sur son passage.

Les quatre postes d'équipage étaient disposés en carré devant le pilote et Rocket grimpa dans son siège à l'avant droit.

— Tout est paiement, dans ce cas. Par exemple, là tout de suite, j'aimerais bien te payer pour ta stupidité en grenades dégoupillées.

— Nan, le taux de change est pourri, dit Peter en retenant son souffle, à moitié dans l’attente qu’une véritable grenade atterrisse sur ses genoux.

On ne savait jamais avec Rocket. Lorsqu'il constata l’instant d’après qu’il était toujours en vie, il poussa sur les propulseurs et fit doucement monter le Milano vers l'espace ouvert pendant que les autres prenaient place à l'intérieur. Groot grommela quelque chose d'inintelligible, probablement composé des mots « je », « s’appelle » et « Groot ». Il se dressa tel l'arbre qu'il était au-dessus du dossier du siège de Rocket, un doigt de bois lui donnant de petits coups à l'arrière de la tête en guise de réprimande, puis s’installa dans son propre siège à l'avant gauche. Rocket cracha un « Pfft ! » en terminant ses vérifications des systèmes tactiques et d'armement qu'il supervisait depuis son poste.

— Eh bien, si nous n’y retournons pas, nous devrions faire exploser le yacht de luxe de cette ordure de mes deux en tout petits morceaux. L’un ou l’autre, dit-il, mais quelqu'un me doit une explosion.

— Désolée d'interrompre cette amusante démonstration, mais on pourrait peut-être parler du vaisseau du Nova Corps qui vient d’arriver juste derrière nous ? le coupa Gamora en affichant une image du vaisseau sur l'écran principal.

Puis elle se retourna pour lancer un regard furieux à Peter. Enfin, en était-ce vraiment un ? C'était parfois difficile à dire. Avec les tatouages noirs qui emplissaient le creux de ses yeux et descendaient le long de chacune de ses joues à la peau verte, Peter avait l'impression que son regard était un trou noir qui aspirait toute force vitale. Sans parler des pointes rouge feu de ses cheveux noirs asymétriques, ce qui conférait à Gamora un visage plutôt intimidant.

Groot tendit une branche vers Rocket pour le frapper une fois de plus et hocha la tête aux paroles de Gamora.

— Je s’appelle Groot, ajouta-t-il.

— Tu deviens paranoïaque, dit Rocket en balayant le commentaire de Groot d’un geste de la patte. Ils ne nous suivent pas.

— Oh, mais bien sûr qu’ils nous suivent, répliqua Gamora.

Elle tripota d’autres boutons sur l'écran et un chemin en surbrillance s'illumina dans le sillage du vaisseau du Nova Corps et du Milano. Tout le monde se tut et regarda les deux bandes lumineuses tandis que le Milano s'éloignait de l'Oblitus et prenait de la vitesse. Elles se chevauchaient parfaitement.

— On ne devrait pas s'arrêter pour savoir ce qu'ils veulent ? demanda Gamora.

— Oh non, non, non, protesta Peter en regardant le vaisseau avec méfiance. Je ne m'arrête pas tant qu'ils ne me disent pas de le faire.

Gamora soupira :

— Quel était l'intérêt de s'enregistrer auprès du Nova Corps si c’est pour continuer à les fuir ? Ça ne contribue pas vraiment à notre image de héros de s’échapper chaque fois que nous voyons un de leurs vaisseaux.

— Peut-être qu'ils n'ont pas reçu notre carte de visite, ricana Rocket. Comment sauraient-ils que nous sommes en règle ? Vite, Drax, va leur en balancer une par le sas.

Drax pivota afin de se diriger vers le sas arrière, mais Gamora tendit le bras à travers l'allée pour l’attraper au moment où il quittait son siège et elle secoua silencieusement la tête. Drax se rassit.

— Ouais, bon, écoutez, je préfère ne pas prendre de risques, décida Peter. Pourquoi nous suivraient-ils si nous n'avons rien fait de mal ? Peut-être qu'on a traversé en dehors des clous pendant qu'on était sur Oblitus ou quelque chose comme ça. Vous connaissez leurs lois ? Moi non.

— Je les connais, répondit Rocket, parce qu'ils n'en ont pas. Et si c'était le cas, ce ne serait certainement pas le Nova Corps qui les ferait respecter.

Peter détestait quand Rocket et sa petite gueule poilue avaient raison.

Le voyant d'alerte communication clignotait encore et encore à mesure que le vaisseau du Nova Corps appelait le Milano à plusieurs reprises. Le dernier et déplaisant contact qu’avait eu Peter avec le Nova Corps, c'était avant les Gardiens de la Galaxie, avant même qu'il ne rencontre Rocket et Groot. Il s’en était sorti de justesse, et seulement parce que l'officière en charge, la Centurion Ko-Rel, était une ancienne conquête. Ils s'étaient quittés en bons termes, mais il n'était toujours pas devenu le citoyen de la galaxie responsable et intègre qu'elle espérait qu'il deviendrait. Si seulement leur affaire de « héros à louer » décollait pour de bon…

— Bon, on ne s’arrête pas. Quelqu’un a une idée brillante pour notre prochaine destination, autre que Knowhere ?

— Oui, j'en ai une, s’exclama Rocket. Fais demi-tour et ramène-nous à Oblitus pour que je puisse planter un petit cadeau d'adieu. Et apprendre à ce tas de ferraille à payer en pâte protéinée alors qu’il a plus d'unités à dépenser que tout Xandar.

— Je suis d'accord. Ce tas de fumier sans honneur mérite une réponse à la hauteur de sa trahison. Nous devrions y retourner, dit Drax. De plus, il n'y a pas de nourriture à bord de ce méprisable vaisseau.

— Il y a de la pâte protéinée, répondit Rocket avec un sourire en coin.

Drax tourna la tête et cracha sur le pont.

— Je ne m'abaisserai pas à consommer une nourriture aussi répugnante.

— On peut se concentrer ? craqua Gamora. S'ils sont là pour nous arrêter, ils sont terriblement polis.

— Je préférerais manger le ridicule rongeur parlant, continua Drax en l'ignorant.

Gamora leva les yeux au ciel et poursuivit :

— Pas de tirs de sommation ? Pas de manœuvres agressives ? S'ils étaient là pour nous arrêter…

Rocket tourna la tête.

— Il parle de moi ? Parce que s'il a si faim que ça, j’adorerais lui faire avaler le canon de mon flingue.

— Je s’appelle Groot, dit Groot d'un ton apaisant.

— On peut arrêter de parler de nourriture ? cria Gamora.

Un grondement d'estomac parfaitement audible emplit le court silence qui suivit. Gamora siffla :

— Osez dire quelque chose, pour voir.

— C’est la femme la plus dangereuse de la galaxie, les amis. Je me tairais à votre place, répliqua Peter.

— Les amis ? Ha ! aboya Rocket. On n’est pas amis, on est juste une bande de ratés qui suivent un autre raté et qui ne font pas assez d'argent pour nourrir leurs culs de ratés. Si vous voulez mon avis…

— On ne t’a pas demandé ton avis, dirent Peter et Gamora à l'unisson.

— Et c’est peut-être ça le problème ! répondit Rocket. Personne ne me demande jamais ce que je…

Gamora, dans un élan de sagesse, se leva de son siège et plongea vers les commandes de communication du poste de Groot. Après quelques pressions rapides sur l'écran de contrôle, la lumière du voyant de communication qui clignotait sans cesse se stabilisa et une femme en uniforme dénarien apparut sur l'écran principal. Peter regarda Gamora d’un air sidéré, puis se tourna de nouveau vers l'écran.

— Hééé, désolé, je ne vous avais pas vue tout à l'heure. Que puis-je faire pour vous, Dénarienne ? dit Peter, badin et charmeur.

— Souhaitez-vous nous acheter cent mille unités de pâte protéinée ? demanda Drax.

— Mon Dieu, non ! s’écria la femme sur l’écran en écarquillant les yeux.

— Êtes-vous ici pour nous arrêter ? interrogea Rocket.

Elle leva un sourcil.

— Je devrais ?

Gamora se frappa le front et secoua la tête :

— Êtes-vous là pour me sortir de cet enfer ?

— Je s’appelle Groot, répondit Groot en écho.

La Dénarienne ouvrit la bouche comme pour demander une explication, puis hocha la tête et accrocha le regard de Peter à travers l'écran.

— Je m'appelle Mox. Tu te souviens de moi, n'est-ce pas, Peter ?

Peter se débattit mentalement, paniqué comme celui qui se retrouve souvent à devoir répondre à cette question.

— Euh, oui, bien sûr ! Mox ! Ça me fait plaisir de… te voir ?

— Mieux que la dernière fois qu'on s'est vus, dit-elle avec regret.

Au silence gênant de Peter, elle ajouta :

— Sur Mercure. Pendant la Guerre.

Peter claqua des doigts comme si ses paroles avaient dissipé le brouillard de sa mémoire. La Guerre Galactique contre les Chitauris s'était achevée près de douze ans plus tôt, après tout. On pouvait certainement lui pardonner de ne pas se souvenir de toutes les personnes qu'il y avait croisées. Surtout si la personne en question portait le casque doré brillant du Nova Corps, qui couvrait tout sauf son nez et sa bouche.

— Ouais, une sale période, convint Peter.

C'était peu dire. Tout l’équipage du Milano avait été considérablement ébranlé par cette guerre, d'une manière ou d'une autre, bien que Peter ne connaisse pas les détails des traumatismes de chacun. Aucun d’entre eux n’avait envie de remettre ce genre de sujet sur le tapis.

— Donc, euh, si vous n'êtes pas ici pour nous arrêter – pas que vous devriez, on n’a rien fait d'illégal depuis un moment…

— Un moment ? releva Mox en fronçant les sourcils.

— Au contraire, dit Drax. Ce matin, cette vermine de rongeur a volé un pistolet plutôt gros à un…

— Hé, hé, hé, nous étions sur Oblitus à l'époque, se défendit Rocket, il n'y a pas de lois anti quoi que ce soit là-bas. Si tu laisses traîner tes affaires dans un endroit comme ça, alors tu l’as bien cherché.

— Est-ce vraiment le meilleur sujet de conversation à avoir là tout de suite ? lança Gamora à la cantonade.

— Je s’appelle Groot.

Rocket se leva de son siège pour regarder Groot.

— Ah non, pas toi aussi, Groot. Il n’était pas si gros…

— Vous allez la fermer ? cria Mox par retransmission.

Les Gardiens se turent, se tournant de concert vers la Dénarienne, qui semblait aussi éreintée qu'on puisse l'être avec un encombrant casque doré.

— Je suis ici pour vous engager, dit-elle. À moins que vous n'aimiez pas les unités ?

Un moment de silence.

Quelqu'un toussota, se retenant de rire.

Un sachet de pâte protéinée frappa Peter au visage, tomba sur le pont et éclata instantanément dans une projection de matière visqueuse et grisâtre.

Peter fixa pendant un long moment les dégâts, puis se tourna vers Mox.

— Des unités de quoi ? demanda-t-il.

CHAPITRE DEUX

PRÉSENT

ORBITE D’OBLITUS – 7801

Mox cligna des yeux et le silence sur la ligne s’étira, s’approfondit, s’épaissit, les plongeant dans l’embarras.

Peter ne céda pas. Il ne ferait pas deux fois la même erreur.

— Des unités… d’argent ? De quoi d’autre ? Pourquoi tu demandes ? interrogea Mox la bouche plissée d’incompréhension.

Peter se détendit et son visage s’éclaira.

— Pour rien, laisse tomber. Continue, je t’en prie.

— D’accooord, répondit-elle.

Elle ouvrit la bouche comme pour poser une question supplémentaire, puis se ravisa en secouant la tête. Elle changea de sujet :

— Bon, je sais que vous êtes très occupés en ce moment. Vous devez déjà avoir plusieurs missions en vue après… ce que vous faisiez sur Oblitus.

— Rien d’illégal, je te rassure, dit Peter.

Quelqu'un pouffa derrière lui, ce qui n’empêcha pas Peter de garder obstinément son sourire charmeur accroché à ses lèvres. C’est Drax qui gâcha ses efforts en lâchant un rire narquois.

— Personne ne nous propose de travail et nous allons probablement mourir de faim d'ici quelques rotations, aboya-t-il.

Peter s’accouda à son siège de pilote et se couvrit les yeux d'une main.

— Mec, sois cool… juste une fois ?

— Quoi ? demanda Drax en regardant les autres. Qu’est-ce qu’il y a ?

Gamora retourna à son poste et s'assit, les bras croisés.

— Est-ce que tu peux juste… nous en dire plus sur cette mission ? intervint-elle pour recentrer la conversation. S'il te plaît ? Avant que quelqu'un ne la ramène encore ?

Mox porta son regard sur Gamora, plissant brièvement les yeux, puis se détourna vers Peter. Elle prit une inspiration qu’elle expira immédiatement, semblant vieillir de dix ans d'un seul coup.

— Je suis désolée d'évoquer de vieux souvenirs, Peter, je crains que cela ait un rapport avec la Guerre.

Peter se crispa, immédiatement sur ses gardes. Les vieux souvenirs n’étaient pas son fort, à moins qu'il ne s'agisse de cassettes ou de corps dénudés. Il ne s’était pas autant impliqué dans la Guerre que Gamora ou Drax, mais sans elle, il n’aurait jamais quitté la Terre. Sa mère avait été tuée à cause de cette guerre… Pour les Chitauris, rien de tel que le fils métis de treize ans de l’empereur de Spartax pour empêcher que l'Empire spartoi ne se mêle de leur petit plan d'expansion. Il s'occupait de ses affaires sur Terre, comme tout adolescent grincheux obsédé par sa musique et ses figurines, jusqu'à ce que des lézards d'une autre galaxie décident d’avoir des envies de conquêtes maléfiques.

Mox lui accorda une minute, le temps que la rafale de souvenirs s’estompe, puis elle lui exposa toute la situation :

— L'ancienne base de la Résistance sur Mercure où nous avons repoussé les Chitauris… Elle a été abandonnée en vitesse lorsque le vent de la Guerre a tourné, peu de temps après ton départ. Tout a été désactivé, tout ce qui avait de la valeur a été emballé, ils nous ont tous expédiés sur d'autres fronts et ils ont verrouillé la porte en partant.

Elle eut un sourire ironique :

— Mais pas assez bien, apparemment.

— Laisse-moi deviner. Elle n’est plus abandonnée ? anticipa Rocket.

Mox hocha la tête.

— Exactement. Il y a un squatter là-bas qu’il faut expulser.

— Une idée de qui ça pourrait être ? demanda Gamora. Des pirates ? Des nationalistes Chitauris ?

Le visage de Mox se durcit.

— Non, aucune idée, répondit-elle. Et le Nova Corps ne bougera pas le petit doigt. Même si le Corps s’est essentiellement reconstitué à partir des rangs de la Résistance après la fin de la Guerre, techniquement, cette base ne leur appartient pas, et ils n'ont pas assez de ressources à y consacrer. Ça va bientôt faire un cycle et cet envahisseur ne montre aucun signe de départ.

— Attendez, attendez, attendez, interrompit Rocket. Ce genre de base a des systèmes d'armement et une sécurité de niveau militaire, non ?

Mox regarda Rocket et hocha la tête :

— Tu as bien compris le problème. C'était une installation de renseignements où il s’est passé beaucoup de choses vers la fin de la Guerre et son système de défense est très résistant. C'est dangereux qu’il soit entre de mauvaises mains. Non seulement ça, mais…

Mox s’interrompit et détourna le regard de la caméra, la mâchoire serrée. Quand elle leur fit à nouveau face, ses yeux étaient froids comme l’acier.

— Tant de gens sont morts là-bas, avant et pendant ton séjour parmi nous, Peter. Pour beaucoup d'entre nous qui étions stationnés là-bas, c'est comme une profanation.

— C’est comme marcher sur une tombe, dit doucement Gamora.

Mox regarda Gamora et fronça brièvement les sourcils, puis elle continua.

— On s’est cotisés avec d’autres vétérans pour pouvoir payer une prime de cent mille unités. Une fois que vous aurez éliminé les systèmes de sécurité et les pièges, je devrais pouvoir vous y rejoindre, en supposant que mon enquête en cours soit bouclée à temps. Je dois récupérer quelques fichiers là-bas.

Subitement, son visage se tendit :

— Je suppose que tu ne te souviens pas de cette histoire de trahison ?

D'un seul coup, Peter se souvint, et toute son excitation à l’idée des cent mille unités s’évapora.

— Oh. Euh, si. Est-ce que… tu n’étais pas l'un des suspects ?

Mox eut un rire ironique.

— En effet. Pour être honnête, je suis toujours vexée d'avoir été accusée. Mais je sais que la commandante n'avait aucun moyen de savoir lequel de nous trois était concerné, alors je ne lui en veux pas. Je tiens toujours à résoudre ce mystère, cependant. Celui qui a fait ça a failli me faire tuer et plus de la moitié de nos hommes sont morts à cause de lui. Quand je vous retrouverai là-bas, je téléchargerai toutes nos anciennes données. Je pense que nos analystes du Nova Corps seront capables d’en tirer quelque chose.

Elle soupira.

— Je sais que c'est trop tard pour obtenir justice. Aux dernières nouvelles, Tasver est mort en prison et Suki s’est réfugiée dans la religion. Mais connaître le nom du coupable apportera au moins un peu de paix, tu vois ?

Rocket posa ses pieds sur le tableau de bord et tira pensivement sur les perles enfilées dans sa barbe. L'une des perles avait une adorable ressemblance avec la tête de son meilleur ami, Groot, et absolument personne ne l’avait relevé. Jamais.

— C'est vraiment tout ? demanda-t-il. Pour cent mille unités ? D'argent ?

Mox hocha la tête d’un air entendu.

— Oui… et non. Je veux être sûre que vous compreniez où vous mettez les pieds. La personne qui est en train de prendre ses aises dans cette base sera au cœur même de l'installation, dans la salle de commandement. C'est aussi là que je vous retrouverai pour récupérer les fichiers. Il faudra vous frayer un chemin à travers la sécurité traditionnelle, crocheter quelques serrures, vous voyez… Sauf que les mesures de sécurité que vous rencontrerez en dernier sont plutôt des dispositifs piégés. Tu te souviens de tous ces droïdes de sécurité bizarres qu'on a découverts après la contre-attaque des Chitauris ?

— Vaguement ? admit Peter. Je ne les ai jamais vus par moi-même, j'ai seulement entendu des gens râler et critiquer les ingénieurs tordus.

Des pièges… Peter s'imagina avec un chapeau et un fouet à la Indiana Jones, se balançant à l’aide d’une corde au-dessus d'une fosse de serpents, Gamora présente pour l’admirer, ou pas.

Cool !

— Cent mille unités, hein ? dit-il pensivement.

Mox acquiesça.

— Et, juste pour être sûr, on parle bien d'unités d'argent ?

Mox grimaça, mais hocha de nouveau la tête :

— Euh, oui ?

La longue pause qui suivit fut gênante pour tout le monde.

— Tu peux attendre une seconde ? demanda ensuite Peter.

Il coupa le son et le visuel avant qu'elle ne puisse répondre, puis se leva pour attirer l'attention des autres.

— Alors, on dit oui, pas vrai ? Des objections ?

Rocket se leva de son siège et se mit sur l'accoudoir pour faire face à Peter.

— On ne sort pas justement d’une mission avec des objets piégés et des systèmes de sécurité qui voulaient nous tuer ? Suis-je le seul à m'en souvenir ? soupira-t-il en cherchant du soutien autour de lui.

— Je s’appelle Groot, dit Groot.

Rocket le pointa du doigt pour approuver :

— Exactement ! Ça craignait un max, et même si c'était hilarant de voir Star-Crétin devenir bleu en retenant sa respiration, on a failli mourir bien trop de fois. Là, ce sera sans moi.

— Je suis d'accord, renchérit Gamora. On dirait encore une mission à la Hark Taphod.

— Cet enfoiré n’a rien à voir là-dedans ! s’exclama Peter en levant les bras d’exaspération. Allez, les gars, ça va être du gâteau ! Je connais cet endroit comme ma poche. On va entrer, agiter quelques flingues…

Il jeta un coup d'œil à Gamora et Drax, tous deux debout les bras croisés, l'air sceptique.

— …et quelques lames, on aide Mox à réparer un vieux tort, et hop ! On est des héros avec cent mille unités en poche. De vraies unités. Qui dit mieux ?

Silence.

Puis Drax énonça :

— On s'arrête d'abord pour dîner ou je mange le rongeur.

— Yesss ! lâcha Peter en levant la main pour un tape-m’en-cinq avant de la passer dans ses cheveux face à l’absence de réaction de Drax.

— C'est ça que je veux entendre !

Rocket sortit un pistolet d’on ne sait où et le pointa sur la tête de Drax.

— Traite-moi de rongeur encore une fois, tête de lard, et tu auras une nouvelle cicatrice en plein milieu de ton…

— On accepte le job, dit Gamora, un doigt toujours appuyé sur l'écran de contrôle des communications. On veut 25 % d'avance. Peter vous enverra les détails du compte. Et si vous avez besoin d'aide une fois cette mission terminée…

Gamora regarda les autres. Rocket pointait son arme sur Drax. Drax tenait une lame tout près de la gorge de Rocket. Groot retenait Drax grâce à des lianes enroulées autour de ses poignets. Peter s’agitait en silence pour signifier aux autres de se calmer.

— Je peux vous offrir mes services. Seule, termina Gamora avant de tourner les talons et de s’éloigner.

— Gamora, attends ! l’appela Peter avant de soupirer. Bon. Ouais, c'est à peu près ça. Donc euh… il y a autre chose que nous devrions savoir ?

Mox jeta un coup d’œil par-dessus l'épaule de Peter. Face au conflit idiot qui se déroulait derrière lui, elle haussa les épaules.

— Tu te souviens probablement de ce qui s'est passé quand toi et les Ravageurs êtes arrivés à l'époque, mais atterrir sur Mercure est… compliqué, à la mauvaise période. Tout le temps où tu étais là, le soleil tapait principalement tôt le matin. En ce moment, il est directement au-dessus de la base et le sera pour les prochains cycles. Il faudra que vous atterrissiez à l'intérieur de la base directement.

— Je sais comment on peut faire ça, répondit Rocket.

Mais Peter s'empressa de lui couper la parole :

— Bien. Nous trouverons un moyen qui n'implique pas de faire un trou béant dans la base et d'annoncer notre présence aussi bruyamment que possible.

— Oh, dit Rocket les oreilles tombantes.

— Es-tu encore en contact avec l’un des ingénieurs qui travaillaient avec nous ? demanda Mox. L'un d'entre eux pourrait encore connaître le code d’accès à la zone de débarquement.

Peter sourit. Le vent tournait, enfin.

— Tu sais quoi ? Je connais justement celle qu'il nous faut. Je vais t’envoyer les détails de notre compte pour le transfert des unités. Dis-nous comment te contacter et on se met au boulot.

— Au plaisir de faire affaire, Quill, répondit Mox avant que son hologramme ne disparaisse.

Rocket se recula dans son siège en laissant tomber son arme sur le côté (mais toujours à portée de main) et leva les yeux vers Peter.

— Alors, Quill, tu connais réellement quelqu'un qui pourrait nous faire entrer ou on va faire sauter la porte ?

— Oh, je connais vraiment quelqu'un. Peut-être même qu’elle sera contente de me voir, répliqua Peter avec un sourire.

Il retourna aux commandes et fit chauffer les moteurs.

— Cap sur Knowhere !

CHAPITRE TROIS

INTERLUDE : 12 ANS PLUS TÔT

MERCURE – 7789

À travers le hublot, Ko-Rel fixait la planète grise et indéfinissable qu’ils survolaient et faisait de son mieux pour faire abstraction des grognements qui l'entouraient. Le voyage avait été court, grâce aux portails de saut du système Sol, mais les conditions de transport des troupes étaient limitées, à l’inverse des frustrations, qui circulaient tel un brouillard constant dans le système de ventilation du vaisseau.

Elle comprenait le ressentiment de son peuple et le partageait même, dans une certaine mesure. Seulement une rotation plus tôt, ils étaient au cœur de la Guerre Galactique contre les Chitauris, servant sous les ordres de Richard Rider lui-même alors qu'il menait l'offensive. Il était pratiquement une légende vivante, le seul membre du Nova Corps à avoir survécu à l'attaque des Chitauris sur Xandar.

Ce fut un moment décisif de la guerre : que les Chitauris aient pu anéantir une organisation policière galactique entière alimentée par la Force Nova contraignait le reste de la galaxie à ne plus ignorer leur campagne expansionniste. Bien sûr, la plupart des membres du Nova Corps n'avaient accès qu'à une petite partie de cette vaste réserve d'énergie, mais les plus hauts gradés, les Centurions comme Rider, pouvaient voler et manipuler les champs d'énergie, et bien plus encore. Et ils avaient juste… disparu. Tous sauf Rider, qui détenait maintenant la totalité de la Force Nova et l'utilisait pour rallier la Résistance, harceler les vaisseaux de guerre des Chitauris et aider les systèmes menacés à se défendre. Ko-Rel le respectait énormément, et s'il devait un jour reconstruire le Nova Corps, elle serait la première à le rejoindre.

Puis la rumeur courut que les Chitauris rôdaient autour de la planète natale de Rider, la Terre. Ainsi, Ko-Rel et sa petite troupe passèrent du renforcement des défenses d'une planète en voie d'extinction, du cœur de l'action, à… ceci. Un petit rocher poussiéreux près du soleil de la Terre, abritant un avant-poste de renseignement secret et quelques stations de surveillance avancées. Et rien d'autre.

Ko-Rel était honorée d'être chargée d'assurer la sécurité de la maison de Rider, mais elle ressentait aussi la frustration de son peuple. Repousser quelques vaisseaux éclaireurs chitauris pour décourager une attaque à grande échelle était un travail important, mais pas aussi satisfaisant que d’être au centre de la bataille, de faire le nécessaire pour forcer les Chitauris à quitter le territoire Kree ou de pousser la ligne de front vers Chitauri Prime. Elle n'avait pas encore eu le temps d'apprendre à connaître personnellement son équipage, mais certaines choses allaient de soi. Ils avaient tous perdu des proches dans la Guerre. Certains avaient tout perdu. Elle avait tout perdu.

Ils avaient tous soif de sang et ce n’était pas en défendant ce bout de caillou qu’ils allaient l’obtenir.

— Commandante, nous sommes prêts pour la manœuvre d’arrivée, dit la pilote en tournant son visage vers Ko-Rel. Devons-nous appeler la base ?

Ko-Rel soupira et acquiesça :

— Transmettez les codes et affichez le commandant de la base à l'écran. Voyons avec qui nous allons travailler.

Elle se plaça au-dessus de l’épaule du Terranien chargé des communications, attendant que la connexion soit établie. En bas, la petite planète grise grandissait dans le hublot, sa surface déchiquetée par les météorites éclipsant le vide noir de l'espace qui l'entourait à mesure qu'ils s'en approchaient. Le silence s'étira jusqu'à ce que Ko-Rel, fronçant les sourcils, pose une main sur le dossier de la chaise de l'officier.

— Une réponse, officier Tasver ? demanda-t-elle.

— Aucune pour l'instant, Commandante, répondit-il, ses doigts dansant sur l'écran lumineux. Je continue d'essayer.

La pilote s’assit dans son siège et regarda autour d’elle.

— Devons-nous attendre pour nous poser ?

Ko-Rel balaya d’un regard la surface de la planète et jeta un coup d'œil à l'affichage des capteurs ; rien de notable. Elle sentit ses poils se hérisser sur sa nuque, comme un mauvais pressentiment… mais rien en apparence ne justifiait son inquiétude. La base était à pleine puissance ; de l’extérieur, rien d’anormal n’était visible et il n'y avait aucun signe de présence des Chitauris dans les environs. Ko-Rel pinça les lèvres, puis secoua la tête.

— Non, ils devraient nous attendre. Allons-y. Nous pourrions arriver au milieu de leur cycle nocturne.

L'officier Tasver renâcla :

— Celui chargé de surveiller les communications devait s’ennuyer et s'est probablement endormi.

Ko-Rel réprima un petit rire. Elle pouvait compatir à leurs frustrations, sans le montrer, sinon le moral des troupes s'effondrerait en même temps que son attitude. C’était sa responsabilité de pousser cet équipage à se concentrer sur son devoir et à faire preuve d'excellence… même si l'excellence signifiait rester assis pour que Mercure (et la Terre) aient l'air de cibles un peu moins attrayantes. Pas tout à fait un drame de guerre glamour, mais ça n'en était pas moins vital.

La pilote annonça leur approche et Ko-Rel s'assit à sa place pour s'attacher en vue de l'atterrissage. Elle afficha la liste de son personnel, bien qu'elle l'ait déjà pratiquement mémorisée. Elle n’était pas bien longue. Une poignée d'officiers de renseignement, à la fois analystes et agents de terrain, une petite unité de combat et un minimum de personnel d’appui. Beaucoup de personnes faisaient double emploi, comme l'officier de renseignement Tasver qui s'occupait aussi des communications, ou le capitaine Lar-Ka qui s'occupait de la console d'artillerie tout en commandant les troupes au sol. La plupart du temps, ils s'appuyaient sur les agents déjà présents sur la base. Ko-Rel et son équipe n’étaient là qu’en renfort.

Elle transmit instantanément la liste au commandant de la base en vue de leur première rencontre, puis leva les yeux juste à temps pour voir les portes de la baie d'atterrissage se séparer et se retirer, leur permettant d'entrer. La pilote les fit descendre à travers l'ouverture et jusqu’à la baie d'atterrissage. La descente était douce et contrôlée… jusqu'à ce qu'elle crie et tire sur les commandes, les projetant tous contre le dossier de leurs sièges.

— Ce sont… des corps, dit la pilote d’une voix étranglée.

Ko-Rel se débarrassa de sa ceinture pour mieux voir par le hublot avant :

— Capitaine…

Le capitaine Lar-Ka n’eut pas besoin qu’elle finisse sa phrase. Il se leva d'un bond et se précipita vers la porte.

— Unité de combat, présentez-vous à la rampe d'amarrage, préparez-vous pour le largage, aboya-t-il dans la communication, ses mots s'estompant alors qu'il suivait ses propres ordres.

Ko-Rel se tourna vers la pilote avec une expression sinistre.

— Trouvez un endroit pour nous poser et préparez-vous à combattre.

Le « oui, Commandante » fut englouti dans la cacophonie qui éclata sur le pont alors que Ko-Rel courait vers ses quartiers. Trop de scénarios terribles lui venaient en tête, et trop de souvenirs. Les corps sur le sol, ces gens… avaient-ils une famille ? Un conjoint ? Des enfants ? (Cela avait été son cas, à une époque, mais elle chassa ces pensées de son esprit. Elle avait besoin de se concentrer, pas d'une vague de douleur qui l'emporterait au large si elle la laissait faire.) Elle récupéra son arme de poing et son gilet pare-balles dans ses minuscules quartiers et se précipita vers la rampe d'amarrage, trébuchant lors du choc de l’atterrissage.

Ko-Rel arriva juste au moment où le capitaine Lar-Ka appelait ses hommes au garde-à-vous. Une petite force, seulement huit escouades de quatre personnes, mais c’étaient de bons soldats. Tous se tenaient prêts, fusils à impulsion en main, armures parfaitement ajustées. Impossible de deviner qu'ils étaient en train de paresser au mess quelques instants plus tôt. Ko-Rel et le capitaine se regardèrent et échangèrent un signe de tête en guise de dernière vérification.

Ko-Rel ouvrit la porte et Lar-Ka fut le premier à descendre la rampe, fusil à portée de main, son escouade sur les talons. La deuxième escouade suivit et Ko-Rel se glissa dans le sillage de la troisième, descendant la rampe et scrutant la baie d'atterrissage avec le canon de son propre fusil. La baie d'atterrissage était faiblement éclairée, ils étaient en plein cycle de nuit comme ils l'avaient prédit. Deux autres vaisseaux étaient amarrés : un petit vaisseau d'attaque de fabrication Kree et un vaisseau éclaireur léger et agile de fabrication inconnue. Des piles de caisses d'approvisionnement et de matériel étaient empilées près de chaque vaisseau ou en rangs bien ordonnés près des portes qui menaient au reste de la base. Un espace à double usage, à la fois baie d'atterrissage et entrepôt, comme ces petites installations le nécessitaient parfois. Le cerveau de Ko-Rel traita ce premier balayage d'informations en quelques instants seulement. Puis son regard se porta sur les détails essentiels.

Il y avait quatre corps inertes dans son champ de vision. Tous étaient face contre terre, humanoïdes, et portaient les couleurs de la Résistance.

Les soldats, professionnels et détachés, se déployèrent et prirent des positions défensives autour de la pièce. Chaque corps fut soigneusement retourné et son pouls vérifié. Les verdicts tombèrent rapidement : « Mort. Mort. »

Morts au combat. Pas de survivants. Pas encore.

Ko-Rel perçut un mouvement du coin de l'œil droit. Elle fit pivoter son arme pour voir un humanoïde sortir d'une petite porte marquée Infirmerie.

— Identifiez-vous, aboya Ko-Rel.

— Ne tirez pas ! répondit-il en jetant ses mains en l'air. D'autres personnes arrivent derrière moi. S'il vous plaît, aidez-nous.

Ko-Rel baissa légèrement son arme et étudia ceux qui suivaient l'homme dans la baie d'atterrissage. Principalement des Krees et des Xandariens, quelques autres, tous portant les uniformes du personnel d’appui. Cuisiniers, infirmiers, agents d'entretien… mais l’instinct de Ko-Rel lui soufflait que quelque chose n'allait pas.

Ko-Rel s'adressa à l'homme qui avait parlé en premier :

— Que s'est-il passé ici ? Pourquoi votre commandant ne répond-il pas ?

L'homme baissa les mains et jeta un coup d'œil à l'équipage qui l'avait suivi, puis se retourna vers Ko-Rel et sourit :

— Il y a eu une attaque, dit-il.

Puis une arme apparut dans sa main. Il tira.

Ko-Rel se jeta sur le côté, déjà en mouvement avant même que le coup ne parte, son intuition ayant deux pas d'avance sur son cerveau. Les tirs éclatèrent dans l'air au-dessus d'elle et elle roula derrière une pile de caisses pour se mettre à l'abri, les cris et les hurlements de la bataille résonnant dans l'espace. Autour d'elle, chaque escouade se mettait en action, donnant des ordres et établissant des stratégies de tir.

Ce même calme de la bataille s'installa aussi en Ko-Rel. Le monde se rétrécit et ralentit. Son entraînement se mit en place, tiré à la fois des études à l'académie et des traumatismes qui avaient façonné la réaction de son système nerveux à la menace. Pour le meilleur ou pour le pire, son corps savait exactement comment se protéger.

Derrière les caisses, Ko-Rel se pencha pour tirer quelques coups de feu et se faire une idée de la scène. Le nombre de personnes dans la baie s'était multiplié, mais tout le monde portait une identification de la Résistance : patchs d'unité, brassards, bleus de travail imprimés à bas prix. Le délai nécessaire pour identifier une cible, amie ou ennemie, se paierait en vies.

Ko-Rel s’inclina à nouveau, prête à tirer sur leur chef, mais un corps s'écrasa presque sur elle au même moment. Elle bascula en arrière pour s'éloigner d'un homme en sang, dont la tête heurta le pont avec un bruit sourd et écœurant, un trou brûlant dans sa poitrine… et sous ses yeux, sa peau passa d'un brun cuivré moyen à un vert écailleux et coriace.

Un Chitauri.

Soudain, tout prenait sens.

— Ce sont des Chitauris métamorphes ! indiqua-t-elle par radio. La base a été infiltrée !

C’était pour ça que personne n'avait répondu à leurs appels, que personne n'était là pour les accueillir, qu’il n'y avait aucun signe de présence des Chitauris dans le système.

Ils étaient déjà là.

— L'escouade 1 est touchée, dit le capitaine Lar-Ka. Trois blessés, un mort.

— L'escouade 2 est réduite de moitié, deux dans un état critique, rapporta l'unité suivante.

— Escouade 3, un mort.

Un par un, les autres firent leur rapport, dressant un sombre tableau. Leur force de frappe n’était pas bien grande dès le départ, seulement trente-deux soldats de combat au total. L'embuscade leur avait coûté cher. Elle scanna du regard la baie d'atterrissage, fit tourner les chiffres dans sa tête et prit sa décision.

— Repliez-vous vers le vaisseau, dit Ko-Rel en se déplaçant pour suivre ses propres ordres. Dès que tout le monde est à bord, sortez-nous d'ici.

— Et les personnes stationnées ici ? Nous ne pouvons pas les abandonner, protesta l'une des jeunes cheffes d'escouade.

Le capitaine Lar-Ka la réprimanda rapidement via le canal de communication :

— Si nous avons pu tomber dans une telle embuscade, ils sont probablement déjà morts. L'escouade 6 n'a pas fait son rapport et ils avançaient en éclaireur vers la salle de commandement. Cette installation est sous contrôle ennemi. La commandante Ko-Rel a raison. Nous devons battre en retraite.

Bien que ses ordres n'aient pas à être discutés, Ko-Rel était quand même reconnaissante de son soutien, alors que tous les membres survivants de l'escouade remontaient la rampe. Dès que les dernières bottes eurent touché le pont, Ko-Rel appela la pilote :

— Faites-nous décoller !

Le vaisseau fit une embardée, les soldats se cognant les uns aux autres pendant qu'ils étaient soulevés dans les airs. Les moteurs n'avaient même pas eu le temps de refroidir. Autour d'elle, les soldats blessés gémissaient tandis que les deux officiers médicaux qu'ils avaient amenés voletaient parmi eux, triant les blessés et évitant les morts. Ceux-ci n’étaient plus pressés, après tout.

Dès que le vaisseau franchit les portes de la baie d'atterrissage, la pilote appuya sur l'accélérateur, puis une explosion secoua le vaisseau si fort que Ko-Rel tomba à genoux. Elle avait trébuché et elle essaya de se relever, mais le vaisseau se déporta sur le côté, la faisant tomber contre la paroi bâbord. Elle s’y cogna fortement l'épaule et rebondit, se fendant la rotule en tombant. Des cris de panique résonnaient dans tous les coins du vaisseau alors que la gravité semblait changer de direction constamment, emportant le cœur de Ko-Rel avec elle.

— Qu'est-ce que… ? fut tout ce qu'elle parvint à dire avant qu'une autre série de bruits sourds ne s'abatte sur le vaisseau, le dernier faisant un trou de la taille d'un ongle dans la coque, directement à gauche de son visage.

Le gémissement des moteurs s'intensifia et l'estomac de Ko-Rel se retourna lorsque le vaisseau plongea… sans jamais se redresser.

— On va s'écraser ! cria Ko-Rel aux soldats qui l'entouraient.

Ils ne devaient pas être très loin du sol. Les dégâts ne seraient peut-être pas trop graves.

— Position de sécurité ! cria la pilote dans les haut-parleurs avant d'être interrompue par un horrible SCRATCH.

Le hurlement du métal déchiré couvrit les cris que Ko-Rel devinait. Les corps dégringolèrent, se heurtant à elle, aux murs, au plafond, au monde entier qui s'écroulait. Par flash : des bouches ouvertes, des cris, des yeux écarquillés par la terreur, du sang brillant, des crachats et des craquements écœurants.

Puis le silence.

L'immobilité.

Le néant.

CHAPITRE QUATRE

PRÉSENT

DIRECTION KNOWHERE – 7801

Si l’ensemble de l'équipage du Milano parvenait sur Knowhere sans mort ni blessure grave, ce serait pour Peter un véritable miracle. Il avait laissé les commandes à Rocket pour qu’il les emmène dans le trou du cul de l’espace, Groot à ses côtés comme copilote, de sorte que Peter puisse garder un œil sur l'autre moitié de l'équipage.

Si un meurtre avait lieu, la scène du crime serait la zone commune du Milano, la pièce à peu près circulaire reliée à tous les quartiers de l'équipage qui menait directement au sas arrière. Pas idéal pour les somnambules, mais ça n’avait posé problème qu'une seule fois. Pour être honnête, il était de toute façon peu probable que la fille remette un jour les pieds à bord du Milano donc, aux yeux de Peter, ça ne comptait pas vraiment.

Peter avait posé sur la table un écran portable et tentait de distraire ses camarades de leurs envies meurtrières en y diffusant des vidéos amusantes.

Hélas, rien ne pouvait vaincre la sombre influence de la pâte protéinée.

En un mot, c'était… révoltant.

— Comment peuvent-ils avoir l'audace d'appeler ça de la nourriture ? s’emporta Drax en pressant un paquet si fort qu'il explosa.

L’infâme bouillie grise éclaboussa la table et les personnes qui y étaient assises. Y compris Peter. Mais surtout Gamora.