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Guignol's Band est sans doute la clé permettant d'accéder à l'ensemble de l'œuvre de L.-F. Céline (1894-1961). Celle-ci en effet, bien qu'elle occupe une place majeure dans la littérature contemporaine, n'en reste pas moins très inégalement lue.
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Seitenzahl: 36
Veröffentlichungsjahr: 2016
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ISBN : 9782341011334
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Guignol’s Band est sans doute la clé permettant d’accéder à l’ensemble de l’œuvre de L.-F. Céline (1894-1961). Celle-ci en effet, bien qu’elle occupe une place majeure dans la littérature contemporaine, n’en reste pas moins très inégalement lue. Si Voyage au bout de la nuit (1932) et Mort à crédit (1936) demeurent des best-sellers, il n’en va pas de même des romans qui ont suivi, comme Guignol’s Band, précisément, ou encore D’un château l’autre (1957).
Louis-Ferdinand Céline. «Ce qui guide encore le mieux, c'est l'odeur de la merde» (Voyage au bout de la nuit). C'est cette odeur, respirée dans les tranchées de 1917 et en Afrique, « dans le cœur des ténèbres » de l'empire colonial français, que Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline (1894-1961), écrivain et médecin, injecte violemment dans la littérature, révolutionnant les codes littéraires et ceux du beau langage. Portrait de Céline à Meudon, 1952. (Daniel Frasnay/ AKG)
Certes, il existe entre eux bien des différences. Tout d’abord ils ne renvoient pas au même Céline. Les romans des débuts sont associés à l’image du jeune médecin de banlieue qui, en 1932, surgit comme un météore dans le monde des lettres. Les romans de la maturité, à un Céline prématurément vieilli, amoindri par l’épuration et la prison et sentant le soufre. Surtout les premiers entament une révolution du langage et du récit, tout en restant liés à une certaine tradition littéraire et en exprimant des points de vue sur l’homme et la société. Les autres, beaucoup plus radicaux, se soucient moins de développer une intrigue ou de délivrer des messages. Leur but est surtout d’inventer une nouvelle langue, une autre manière de narrer.
Entre ces deux versants romanesques, Guignol’s Band apparaît comme une œuvre charnière. Contant la suite des tribulations de Ferdinand Bardamu, devenu tout bonnement Ferdinand, elle s’inscrit dans le sillage de Mort à crédit. Simple succession de scènes relatées au présent, elle est davantage une chronique qu’un roman, annonçant en cela les ouvrages ultérieurs.
Elle n’a toutefois jamais réuni les conditions du succès. Elle est publiée en mars 1944, à une heure où les esprits sont préoccupés par bien d’autres choses que les nouveautés littéraires. Surtout, elle n’est publiée qu’en partie. Conscient que l’issue de la guerre est proche et qu’il lui faudra fuir la France, Céline n’attend pas d’avoir achevé son ouvrage et décide d’en faire paraître simplement le début : Guignol’s BandI. Il emporte le manuscrit du roman dans sa fuite et continue d’y travailler. Mais lorsqu’il regagne la France, en 1951, après son amnistie, il se tourne vers d’autres projets et le laisse de côté. La fin, intitulée Le Pont de Londres, sera éditée après sa mort, en 1964, avant de prendre place en 1988, sous une forme plus complète, dans l’intégrale des romans de la Bibliothèque de la Pléiade, sous le titre Guignol’s BandII et III.
D’emblée, le livre déconcerte. Les critiques y voient un « kaléidoscope », une « succession inarticulée de scènes ». Les lecteurs n’y retrouvent pas le Céline auquel ils sont habitués. Depuis Mort à crédit, en 1936, celui-ci a délaissé la fiction pour se consacrer à des pamphlets d’une rare violence, où il a accusé la haute finance juive de pousser à un conflit mondial. Puis il n’a cessé d’invectiver la France défaite. On s’attend à retrouver cet engagement lors de son retour au récit. Il n’en est rien. Guignol’s Band