Hamlet - Alexandre Dumas - E-Book

Hamlet E-Book

Dumas Alexandre

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Beschreibung

Extrait : "COURTISANS : Vive le roi ! LE ROI, le saluant : Messieurs, merci. COURTISANS : Vive la reine ! LA RAINE : Dieu vous garde, messieurs ! LE ROI : Je pliais sous la peine Dont m'accabla la mort d'un frère bien-aimé ; Mais, aujourd'hui, mon front à vos cris ranimé Se relève, et, malgré ce coup qui le foudroie, S'éclaircit aux rayons de la publique joie ; Car tout chagrin, si grand qu'il soit au cœur blessé, A son terme ici-bas par la raison fixé..."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN

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Seitenzahl: 110

Veröffentlichungsjahr: 2015

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EAN : 9782335050325

©Ligaran 2015

Acte premier
Première partie

La salle d’État, au palais royal d’Elseneur.

DISTRIBUTION

HAMLET.

LE FANTÔME DU PÈRE D’HAMLET.

CLAUDIUS, roi de Danemark.

POLONIUS, chambellan.

LEARTE, son fils.

HORATIO.

MARCELLUS.

GUILDENSTERN.

ROSENCRANTZ.

PREMIER FOSSOYEUR.

DEUXIÈME FOSSOYEUR.

UN COMÉDIEN.

LE PROLOGUE.

GONZAGUE.

LUCIANUS.

UN MOINE.

GERTRUDE, reine de Danemark.

OPHÉLIE, fille de Polonais.

BAUTISTA, reine de théâtre.

SEIGNEURS, DAMES, COMÉDIENS, ETC.

Scène première

Le roi, la reine, entrant ; Hamlet, Laërte, Ophélie, Polonius, toute la cour.

COURTISANS
Vive le roi !
LE ROI,saluant
Messieurs, merci.
COURTISANS
Vive la reine !
LA REINE
Dieu vous garde, messieurs !
LE ROI
Je pliais sous la peine
Dont m’accabla la mort d’un frère bien-aimé ;
Mais, aujourd’hui, mon front à vos cris ranimé
Se relève, et, malgré ce coup qui le foudroie,
S’éclaircit aux rayons de la publique joie ;
Car tout chagrin, si grand qu’il soit au cœur blessé,
A son terme ici-bas par la raison fixé.
J’ai donc, d’un cœur joyeux, et qui pourtant soupire,
Pour régner avec moi sur ce puissant empire,
Par votre avis, – avis pour moi plein de douceur ! –
Choisi celle qui fut autrefois notre sœur.
Maintenant que ma main à la sienne est unie
Et que cette union par le prêtre est bénie,
Nous vous remercions, et, si quelqu’un de vous
Réclame grâce ou droit, qu’il s’approche de nous,
À tout juste désir la carrière est ouverte.
POLONIUS,s’avançant
Sire !
LE ROI
Ah ! Polonius ! c’est toi !
POLONIUS
Mon fils Laërte
Sire, arrive de France…
LE ROI
Il est le bienvenu ;
C’est un cœur noble et franc, un peu vif, mais connu,
S’il nous revient, du moins, tel qu’il partit naguère,
Pour un bon compagnon – en amour comme en guerre.
Dis-lui que nous aurons grand plaisir à le voir…
POLONIUS
Oh ! sire !
LE ROI,descendant les degrés du tronc
Et qu’au souper nous l’attendrons ce soir.

(S’approchant d’Hamlet, qui, pâle et vêtu de deuil, s’est tenu jusque-là l’écart.)

Maintenant, cher Hamlet, pourquoi cet air morose,
Mon cousin et mon fils ?
HAMLET
Sire, laissons la chose
Telle qu’il plut à Dieu de la faire : je suis
Plus que votre cousin et moins que votre fils,
Vous le savez.
LA REINE
Hamlet !
HAMLET
Que voulez-vous, ma mère ?
LA REINE
Je veux une douleur moins sombre et moins amère.
Que tes regards, sur nous tournes avec amour,
Ne soient point, depuis l’heure où naît l’aube du jour
Jusqu’à celle où des cieux le crépuscule tombe,
Occupés à chercher à tes pieds une tombe !
Hélas ! c’est une loi de la fatalité
Que chacun de nos pas mène à l’éternité.
HAMLET
Ce que vous dites là, personne ne l’ignore.
LA REINE
S’il en est donc ainsi, pourquoi paraître encore
Si triste, si souffrant et si chargé d’ennuis ?
HAMLET
Oh ! je ne parais pas, moi, madame ; – je suis.
Mon cœur, je vous le dis, ignore toute feinte :
Ce n’est pas la couleur dont cette étoffe est teinte,
Ce n’est point la pâleur de mon front soucieux,
Ce ne sont pas les pleurs qui coulent de mes yeux
Qui peuvent témoigner, croyez-le bien, madame,
De l’immortel chagrin qui gémit dans mon âme !
Non, je sais maintenant que deuil, larmes, pâleur,
Peuvent n’être qu’un masque à jouer la douleur.
LE ROI
Hamlet, soyez certain que, le premier, je loue
D’aussi profonds regrets ; mais je crois, je l’avoue,
Que ces funèbres soins qu’au père doit son fils
Au-delà du devoir vous les avez remplis.
Il est temps de rêver un avenir prospère :
Celui que vous pleurez perdit aussi son père,
Qui, lui-même, frappé par un coup plus ancien,
Dans un jour de douleur avait perdu le sien.
Le devoir filial sans doute veut, en somme,
Un tribut de regrets ; mais ce n’est pas d’un homme,
Ce n’est pas d’un chrétien de se débattre ainsi
Sous la main du Seigneur !
HAMLET
Sire, merci ! merci !
LA REINE
Hamlet, je joins mes vœux aux vœux de votre père.
HAMLET
Je vous obéirai, – si je le puis, ma mère.
LE ROI
Ainsi devait répondre un fils tendre et soumis.
Nous vous remercions, Hamlet. – Et vous, amis,
Vous avez entendu quelle bonne promesse
Le prince nous a faite : ainsi, plus de tristesse !
Venez ! la table vide attend nos chants joyeux,
Que la fanfare est prête à reporter aux cieux.

(Sortent le Roi et la Reine, et, derrière eux, les Courtisans et les Gardes.)

Scène II

Hamlet, seul.

Hélas ! si cette chair voulait, décomposée,
Se dissoudre en vapeur ou se fondre en rosée !
Ou si l’accord pouvait se rétablir un peu
Entre le suicide et la foudre de Dieu !
Seigneur ! Seigneur ! Seigneur ! qu’elle est lourde, inféconde,
Et qu’elle a de dégoûts, la tâche de ce monde !
Fi de la vie ! oh ! fi ! jardin à l’abandon,
Plein de ronce et d’oubli, de honte et de chardon !
En venir là ! quoi ! mort depuis deux mois à peine,
Ce roi, qui différait du roi qui nous malmène
Autant que d’un satyre Apollon dieu du jour ;
Ce doux roi, pour ma mère épris d’un tel amour,
Qu’il allait s’alarmant si la brise au passage
D’un souffle un peu trop rude atteignait son visage.
Mort ! – Oh ! non ! – Ciel et terre ! il est mort cependant !
Oui, leur amour semblait chaque jour plus ardent,
Plus avide… Et voyez, en un mois ! chose infâme !
N’y pensons plus. Ton nom, fragilité, c’est femme.
Un mois ! a-t-elle usé seulement les souliers
Qu’elle avait quand, pleurant ses pleurs vite oubliés,
Elle a suivi là-bas le corps du pauvre père ?
Quoi ! cette Niobé n’a plus de pleurs ? Misère !
Un animal, enfin, sans raison et sans voix,
Eût gardé sa tristesse, à coup sûr, plus d’un mois.
Honte et terreur ! courir si vite à l’adultère !

(Voyant entrer quelqu’un.)

Mais silence, mon cœur ! ma langue doit se taire !
Scène III

Hamlet, Horatio, Marcellus, Bernardo.

HORATIO
Salut, seigneur !
HAMLET,l’apercevant, avec joie et surprise
Que vois-je ? Horatio ! c’est toi !
HORATIO
Arrivé d’hier soir de Wittemberg.
HAMLET
Eh quoi !
Sans me l’avoir appris ! Enfin ! c’est toi ! Je t’aime,
Je t’aime, Horatio, mon frère, autre moi-même !
Cher et doux compagnon, vieil ami – de vingt ans !
Car nous avons grandi côte à côte. Heureux temps !
Mais qui t’amène ici ? quel projet méritoire ?
Tu ne nous quitteras qu’expert dans l’art de boire !
HORATIO
J’étais venu pour voir, monseigneur, le convoi
De votre père.
HAMLET
Ami, tu te moques de moi ;
Dis que c’était pour voir les noces de ma mère.
HORATIO
Noces bien promptes !
HAMLET
Non ; calcul de ménagère !
Les restes refroidis du funèbre repas
Au banquet nuptial ont pu fournir des plats.
Que n’ai-je, avant le jour où l’illusion tombe,
Rejoint mon plus mortel, ennemi dans la tombe !
Ah ! mon père ! Ah ! je crois toujours le voir venir…
HORATIO
Comment ?
HAMLET
Avec les yeux de l’âme, – en souvenir.
HORATIO
Je l’ai connu, ce prince, âme sereine et bonne.
HAMLET
Tu ne retrouveras, va, son âme à personne.
HORATIO,après avoir consulté des yeux Marcellus et Bernardo
Monseigneur, je l’ai vu cette nuit-ci, je croi.
HAMLET,tressaillant
Tu l’as vu ! qui ?
HORATIO
Le roi votre père.
HAMLET
Le roi
Mon père ?
HORATIO
Calmez-vous… Oui, c’était lui, vous dis-je.

(Montrant Marcellus et Bernardo.)

Ils peuvent attester comme moi le prodige.
HAMLET
Parle, pour Dieu ! j’écoute.
HORATIO
À minuit, lundi soir,
Sur Pesplanade, à l’heure où tout est calme et noir,
Bernard et Marcellus, étant en sentinelle,
Ont vu leur apparaître une ombre solennelle.
Un guerrier tout armé, majestueux et lent,
A passé tout près d’eux, et de son sceptre blanc
Il eût pu les toucher… Pas grave, aspect austère.
Et c’étaient bien les traits, le pas de votre père.
Eux, frappés de terreur, immobiles et froids,
L’œil fixe, regardaient, – mais sans souffle et sans voix !
J’arrive ; – ils me font part du secret d’épouvante,
Et j’ai voulu veiller près d’eux la nuit suivante.
HAMLET
Eh bien ?
HORATIO
Ils disaient vrai : l’esprit est revenu,
Le même, à la même heure, et je l’ai reconnu.
C’était bien votre père.
HAMLET
Ô secrets effroyables !
HORATIO
C’était lui : mes deux mains ne sont pas plus semblables.
HAMLET
Et cela se passait ?
HORATIO
Sur l’esplanade, hier.
HAMLET
Et vous n’avez rien dit à ce spectre si fier ?
HORATIO
Si fait ! moi, j’osai dire : « Illusion, arrête !
Et, si la-voix te sert encore d’interprète,
Si tu peux proférer quelque son, parle-moi !
S’il faut, pour abréger la peine où je te voi
Et gagner mon salut, faire du bien sur terre,
Parle-moi ! Si tu sais quelque effrayant mystère
Funeste à ce pays, qui fut heureux par toi,
S’il est temps d’éviter un malheur, parle-moi !
HAMLET
Et qu’a répondu l’ombre ?
HORATIO
Oh ! rien ! toujours muette !
Il m’a semblé pourtant qu’elle levait la tête,
Et qu’elle allait parler… Mais le coq matinal
A jeté son chant clair, et, prompte, à ce signal,
Elle s’est échappée et n’est plus revenue…
HAMLET
Mystère étrange !
HORATIO,vivement
Oui, mais vérité reconnue,
Songez-y, monseigneur ! et nous avons pensé
Que vous deviez savoir ce qui s’était passé.
HAMLET,à part
Ô mon cœur ! voilà bien d’autres sujets d’alarmes !

(À Bernardo et à Marcellus.)

Gardez-vous, ce soir ?
MARCELLUS
Oui.
HAMLET
Le spectre était en armes ?
HORATIO
Oui.
HAMLET
De la tête aux pieds ?
HORATIO
De pied en cap.
HAMLET
Or donc,
Vous n’avez pas pu voir son visage ?
HORATIO
Pardon !
La visière du casque était levée.
HAMLET
Et l’ombre
Avait l’air menaçant ?
HORATIO
Non pas menaçant, – sombre.
HAMLET
Rouge ou pâle ?
HORATIO
Très pâle.
HAMLET
Et l’œil fixé sur vous ?
HORATIO
Constamment.
HAMLET
Si j’avais été là !
HORATIO
Comme nous,
Vous eussiez frissonné !
HAMLET
Je le crois, et sans peine !
Et l’esprit est resté ?…
HORATIO
Le temps, sans perdre haleine,
De compter jusque cent.
MARCELLUS
Plus longtemps, compagnon.
HORATIO
Pas lorsque je l’ai vu !
HAMLET
La barbe noire ?
HORATIO
Non ;
Comme de son vivant, épaisse et blanchissante.
HAMLET
Je veillerai ce soir, et, s’il se représente…
HORATIO
Soyez sûr qu’il viendra.
HAMLET
S’il prend le front sacré
Du père que je pleure, oh ! je lui parlerai.
HORATIO
Prince…
HAMLET
Je descendrai jusqu’au fond du mystère.
Oui, dût l’enfer béant m’ordonner de me taire !
Oui, dussé-je sortir des mornes entretiens
La barbe et les cheveux aussi blancs que les siens !
HORATIO
Songez…
HAMLET
Et vous, amis, quelque évènement sombre
Qu’amène cette nuit, que paraisse ou non l’ombre,
Qu’elle parle ou se taise, au nom de l’amitié,
Gardez-moi ce secret dont vous portez moitié.
HORATIO
Prince, comptez sur nous.
HAMLET
Je saurai reconnaître
Votre zèle. C’est bien. À minuit. J’y veux être.
HORATIO
Nos devoirs, monseigneur…
HAMLET
Eh ! non, pas de devoir !
Votre amitié ! la mienne est à vous. – À ce soir.

(Sortent Horatio, Bernardo et Marcellus.)

Scène IV

Hamlet, seul.

Le spectre de mon père en armes ! Doute ! abîme !
Est-ce que tout ceci cacherait quelque crime ?
Oh ! quand sera-t-il nuit ! Jusque-là, paix, mon cœur !
On cache les forfaits ; mais le destin moqueur,
Fussent-ils enfouis sous la terre où nous sommes,
Les traîne tout honteux aux yeux surpris des hommes,
Et nous montre, une nuit, quelque spectre sanglant,
Le poison dans la main, ou le poignard au flanc !
Scène V

Hamlet, Ophélie.

HAMLET,à part
Ophélie !
OPHÉLIE,voulant se retirer
Oh ! pardon !
HAMLET,quittant son air sombre
Pardon d’être jolie,
Et de me rendre fou d’amour, chère Ophélie ?
Est-ce cela ?
OPHÉLIE
Non, mais de venir, monseigneur,
Vous déranger, alors que peut-être…
HAMLET
En honneur !
Vous avez là, madame, une terreur étrange. –
Quelle nouvelle aux cieux, dites-moi, mon bel ange ?
OPHÉLIE
Monseigneur, je cherchais…
HAMLET
Que ce soit tel ou tel,
Celui que vous cherchez est un heureux mortel.
Pourquoi n’est-ce point moi ?
OPHÉLIE
Seigneur, c’était mon frère,
De France revenu tout exprès pour distraire
Votre ennui.
HAMLET
Mon ennui ? Je suis gai, sur ma foi !
Mais c’est peut-être aussi parce que je vous voi.
OPHÉLIE
Vous plaisantez toujours, monseigneur !
HAMLET
Sur mon âme
Je n’ai point l’esprit fait à plaisanter, madame ;
Je dis ce que je pense et sens ce que je dis.
Les damnés quelquefois rêvent du paradis !
C’est un tourment de plus.
OPHÉLIE
Si je pouvais vous croire !
HAMLET
Croyez-vous que l’aveugle errant dans la nuit noire
Désire un pur rayon de l’astre radieux
Dont la sublime flamme étincelle à nos yeux ?
Croyez-vous, haletant, quand le nageur succombe
Et se sent engloutir dans son humide tombe,
Croyez-vous qu’il désire un rivage enchanté,
Par le printemps, la vie et la joie habité ?