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Désormais professeur en ethnologie à l'université de Rapid City et en retrait de toute aventure mouvementée, Harry Gallagher voit sa tranquillité compromise sous la forme d'une lettre que vient de lui remettre Carl Broling, directeur de l'agence du FBI de New York. Totalement décontenancé par les révélations qui en découlent, c'est avec l'aide du fidèle Miroslav Pitchek qu'il va devoir démêler cette affaire au plus tôt car une menace semblerait prendre forme sous un code bien mystérieux. De la Normandie à l'Ecosse en passant par la Suisse, au fur et à mesure de leur avancée dans cette aventure, les deux hommes seront confrontés à une expérience sans commune mesure, tout en faisant face à une réalité qu'il leur sera bien difficile à imaginer...
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Seitenzahl: 193
Veröffentlichungsjahr: 2019
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Je souhaite avoir un petit mot de remerciement à ces mécènes qui exposent des informations, des documentations sur des ouvrages ou sur le web. Aussi, si nous pouvons nous accaparer un tant soit peu de leur lumière, c’est à nous, auteurs, de les prolonger dans la fiction que nous créons pour amener un divertissement sur des sujets historiques, scientifiques ou imaginaires, sujets auxquels bon nombre de lecteurs trouverait dans la matière brute originale, lisse, froide et banalisée, que peu d’intérêt…
Thierry Cotta
PREMIERE PARTIE
Rapid City, South Dakota, de nos jours…
Au même instant…
Agence du FBI, Rapid City…
Plus tard dans la soirée…
Siège du FBI, New York, deux jours plus tard…
Quelque part, à 10000 mètres d’altitude…
Une route de campagne en France…
DEUXIEME PARTIE
De retour au consulat de Rennes…
Le Louvre, Paris...
Plus tard sur la route…
Plus tard sur une route au nord de l’Ecosse…
Plus tard…
TROISIEME PARTIE
Infirmerie de l’Organisation, le lendemain.
Bien plus tard…
QUATRIEME PARTIE
Un millième de seconde plus tard…
Retour année 2020 : H-71
Retour année 202 : H-65
Retour année 2020 : H-35
Retour année 2020 : H-25
Retour année 2020 : H-16
Retour année 2020 : H-12
Retour année 2020 : H-11
Retour année 2020 : H :0 M :-05
Miami, Floride, un mois plus tard…
Une longue file de SUV noirs pénétra à vive allure dans l’immense cour de l’université de Rapid City. A l’intérieur de chaque voiture, on pouvait distinguer un gyrophare aux couleurs bleues et rouges. Cet éclairage multicolore indiquait sans aucun doute une certaine gravité, accentuée par la sonorité bruyante de ce tumultueux cortège. Mais bien loin de faire l’unanimité lorsque le tintamarre se fit entendre, un gardien jaillit du hall de l’établissement tout en faisant de folles gesticulations et en se dirigeant comme un fou vers le véhicule de tête. Puis vaillamment, il tenta de stopper l’armada de tout son corps, les mains appuyées sur le capot du premier véhicule. Celui-ci n’eut pour seule possibilité de freiner brusquement. Dans une chorégraphie réglée au millimètre, la mystérieuse caravane s’arrêta net, laissant un espace millimétré entre chaque voiture.
-Mais qu’est-ce que vous foutez là ?? Vociféra l’homme, le visage rougit par la colère. Vous êtes dans un espace privé ! Vous n’avez rien à foutre ici !
Le passager du véhicule protocolaire ouvrit la portière et descendit tout en levant les bras. Il était habillé d’un costume sombre mais néanmoins réglementaire.
-Du calme, monsieur, du calme, répondit-il en tentant de tranquilliser le vigile. Nous vous prions d’excuser notre arrivée un peu spectaculaire, voire excessive, mais nous avons une autorisation en bonne et due forme pour pénétrer dans l’enceinte de l’université. Voici, dit-il en tendant un papier.
L’employé examina le document dans tous les sens et finit par s’apaiser.
-Le FBI ? Mais pour quelle raison vous… Ce n’est pas une raison pour…
-Monsieur, sans vous manquer de respect, j’imagine votre interrogation mais vous devez comprendre que je ne tiens pas à communiquer plus encore avec vous. Je souhaiterai voir le directeur s’il vous plaît. Merci donc de m’amener à lui.
A leur tour, dans une quadrille remarquable, les membres du sombre convoi sortirent des automobiles. Ils se figèrent instantanément tout en inspectant les alentours par de rapides mouvements de têtes. On aurait cru avoir à faire aux gardes du corps du président des Etats-Unis.
A la vue de cette parade impressionnante, digne du célébrissime film Blues Brothers, le gardien grommela quelque chose d’inintelligible, rajusta son pantalon à la ceinture puis effectua un rapide geste de la main à l’intention de son interlocuteur, lui signifiant de l’accompagner.
En parcourant la cour, l’homme du FBI observa les étudiants médusés qui s’agglutinaient aux fenêtres du campus. D’une sourde perversité, il semblait se délecter de l’angoisse qu’il inspirait.
Quelques minutes plus tard, après s’être délesté de son serviteur, l’agent gouvernemental se trouvait à présent dans le bureau du principal. Ce dernier lui proposa de s’asseoir, ce que l’invité déclina très courtoisement.
Avant même que son hôte ouvre la bouche, l’homme au complet sombre intervint.
-Je vous remercie de votre accueil mais le but de ma visite est de rencontrer une personne en particulier, répondit-il en lui montrant son insigne.
-Monsieur … Broling, FBI, lut le responsable.
-Carl Broling, détaché du Bureau de New York. Je comprends bien que notre arrivée ait pu provoquer quelques interrogations mais nous ne prenons jamais aucun risque.
-Aucun risque ? C’est-à-dire ? Serions-nous confrontés à une menace quelconque ? Terrorisme ? Répondit le responsable de l’université qui commençait à perdre son calme.
-Non non, décidemment, faisons preuve de plus de tact dans ce monde d’angoisses, soupira Broling. Rassurez-vous monsieur le directeur, il n’y a aucune menace qui plane sur votre établissement. En fait, comme je vous l’indiquais un peu plus tôt, je désire rencontrer un de vos professeurs. Celui qui dispense des cours en ethnologie… Un certain…
-Je suppose que vous voulez parler de monsieur Gallagher, n’est-ce pas ?
-En effet, monsieur. L’homme en question se trouve-t-il ici ?
Le directeur sourit légèrement.
-Je ne peux rien vous cacher et si vous êtes là, c’est que vous connaissez déjà la réponse.
Broling fit un geste approbateur de la main.
Il regarda une fiche sur son bureau.
-Pour l’instant il dispense un cours. Peut-être pourrions-nous attendre que…
Mais le recteur s’arrêta net de parler en voyant la mimique désolée de son interlocuteur.
-Vous ne pouvez pas attendre apparemment. Très bien, dans ce cas, il ne me reste qu’à vous prier de me suivre.
Les deux hommes sortirent du bureau et se dirigèrent d’un bon pas en direction de l’escalier central.
-Tamara, lors de la première guerre mondiale, un ennemi impitoyable provoqua une mortalité conséquente, pourriez-vous me le nommer ?
La jeune fille se mit à réfléchir durant un certain temps, les yeux regardant le plafond.
-Je dirais les Allemands, non ?
Harry Gallagher se tourna alors vers l’assemblée.
-Tout le monde est d’accord avec la réponse de Tamara? Réfléchissez…
Un autre élève leva la main.
-Jimmy, je vous écoute.
-Moi je pense que c’est la famine ! Y’avait plus rien dans le frigo ! Pouffa-t-il vers ses potes qui se retinrent de rire.
Harry fit un mouvement de tête négatif.
-Nous savons tous, qu’en temps de guerre, la famine est une cause évidente de mortalité, qu’elle soit voulue ou pas. Mais, vous n’êtes pas loin de la vérité Jimmy, bien que, vous semblez vouloir soulever quelques anachronismes au sujet du frigo qui sera couramment utilisé par les ménages à partir des années 50 voire plus en Europe. Pas très convaincant!
Tout le monde se mit à rire.
-Allons, quant à vous Tamara vous avez en partie raison. Oui, effectivement, la première guerre mondiale a été un évènement dramatique qui a décimé un nombre incommensurable de soldats des deux côtés des camps ennemis. Mais la réponse que j’attendais n’est pas celle-ci ni celle de votre vaillant camarade. Peut-être la trouverez-vous incroyable mais ce qui provoqua une hécatombe démesurée fut ce que les historiens appelèrent faussement la grippe espagnole. En ce qui me concerne, j’aurais tendance à dire plus modestement la grippe de 1918. Il y eut en effet plus de cinquante millions de morts dus à cette maladie. On considère même que, selon diverses recherches, ce nombre atteindrait le chiffre époustouflant de cent millions de morts. Les organes liquéfiés, le sang qui sort par tous les pores de la peau… vous voyez ?
Les plus dissipés s’arrêtèrent de bouger et firent une grimace d’écœurement.
-Comme quoi, continua Harry, si la guerre de 14-18 fut dramatique, une simple grippe présenta un phénomène beaucoup plus destructeur au sein de l’Europe. Mais, voyez-vous, ce fléau est quelque chose que les livres d’Histoire ne retient pas, ou du moins, si peu. Vous comprendrez alors…
A ce moment, Harry remarqua derrière la vitre de la porte de la classe, le visage du directeur qui lui suggéra, d’un mouvement de tête, d’interrompre ses leçons.
-…Vous comprendrez que tout événement auquel l’Homme est confronté est toujours défini selon une échelle géopolitique et pratiquement jamais par rapport à une échelle humaine. Je me permettrai de revenir sur ce sujet lors d’un prochain cours. Mais pour des raisons indépendantes de ma volonté, je vous prie de m’excuser mais le cours est légèrement raccourci et donc, terminé pour aujourd’hui… Merci à vous tous et bonne journée.
Plutôt surpris mais contents, les étudiants ne mirent pas longtemps à décamper alors qu’Harry Gallagher, pensif, commençait à ranger ses dossiers.
Le directeur entra alors dans la classe.
-Que se passe-t-il Charles ? Demanda Gallagher tout en rangeant son cartable.
-Mon cher Harry, je suis vraiment désolé de vous importuner durant vos cours. Mais il y a un agent du FBI qui souhaite vous rencontrer. Et il a insisté à vous voir immédiatement. Il m’a été difficile de faire autrement…
-Un agent du FBI ? et merde…coupa Harry.
-Mais que se passe-t-il Harry ?
Carl Broling entra à son tour dans la classe avant que le directeur en dise plus. Harry ne lui jeta même pas un regard tellement il était certain de connaître l’identité du personnage. Parce que voir surgir Carl Broling n’importe où dans le monde était synonyme de problèmes naissants, voire de grosses contrariétés.
-Bonjour Harry, cela me fait réellement plaisir de vous revoir, dit l’agent en lui tendant une main assurée.
Harry hésitait à lui tendre la sienne, faisant durer ainsi son état d’âme... Carl Broling, le FBI personnifié, l’homme qui avait une responsabilité dans les problèmes auxquels avait fait face Gallagher. Pour résumer, il était le pourvoyeur de souvenirs et de sentiments néfastes qui vous empoisonnent la vie.
-Broling, je m’aperçois que vous ne m’avez pas oublié, dit ironiquement l’ethnologue. Veuillez excusez mon enthousiasme qu’il m’a été difficile de dissimuler en vous voyant.
Carl se tourna vers le directeur tout en lui faisant une mimique sympathique qui voulait dire « la sortie, c’est par là ». Ce dernier s’exécuta en fixant Harry d’un air interrogateur avant de faire demi-tour en direction de la porte. Broling fronça les sourcils lorsqu’il remarqua que celui-ci traînait un peu la patte. Enervé, le directeur claqua la porte.
Enfin, le visage de l’agent se détendit et il tapa sur l’épaule d’Harry comme les retrouvailles chaleureuses entre deux vieux amis.
-Cher Harry, je vois que vous avez commencé une nouvelle carrière. Vous vous plaisez ici ? Et votre femme ? Je sais que la dernière fois que nous nous étions rencontrés, Karen avait retrouvé toutes ses capacités d’une façon…
-Miraculeuse ? Coupa Harry. Oui, vous pouvez le dire, c’était un miracle. Aujourd’hui Karen va tout à fait bien. Aucune séquelle de ce coma dont elle a souffert si ce n’est une petite amnésie superficielle. A présent notre vie est devenue tout à fait normale et très tranquille. Carl… Vous êtes un homme intelligent et je ne peux pas croire une seconde que vous ne comprenez pas où je veux en venir.
Broling tapa en touche. Il se dirigea vers une des tables et joua quelques instants avec un stylo.
-Je suis extrêmement heureux du dénouement pour Karen. Enfin, vous le savez très bien. C’est l’évidence même que nous avons un petit problème à résoudre. Mais vous allez tout compr…
-Un petit problème à résoudre !? Interrompit Gallagher en haussant la voix. Voyez-vous ça! Alors je parlerai dans le vide ? C’est ça ? Je suis revenu dans le Dakota du Sud pour occuper un poste de professeur et le seul petit problème que je veux bien consentir à résoudre est le comportement de quelques élèves un peu trop dissipés à mon goût, rétorqua Harry d’un ton vif.
Broling sourit légèrement mais ne se laissa pas abattre par la plaidoirie de Gallagher.
-Harry, je respecte votre nouvelle vie, sincèrement. Mais lorsque vous découvrirez le but de ma visite, il sera alors fort possible que ma visite prenne un intérêt certain à vos yeux.
-A ce point?
-Un instant, vous allez comprendre, répondit tranquillement Carl Broling.
Il extirpa une enveloppe d’une poche de sa veste.
-Tenez. Lisez ça.
Harry regarda l’enveloppe et la tourna dans tous les sens. Celle-ci avait jauni et ne datait certainement pas d’hier. Il était écrit dessus Monsieur Harry Gallagher, Université de Rapid City. Il dévisagea subrepticement l’homme du FBI qui se soutenait contre une table qu’il avait adopté.
-Une lettre? Vous avez fait tout ce chemin pour me remettre une lettre? ajouta Harry plutôt désorienté.
-Harry, s’il vous plaît. Ouvrez et lisez, insista Broling.
Gallagher inspira de dépit.
-Vous l’avez lue ?
-Harry, je ne serai pas là sinon!
Après avoir ouvert l’enveloppe délicatement, il se mit en demeure de déplier le document. Il constata que le papier était bien abimé par le temps. L’encre s’était transformé en écriture « crayon de papier ». Mais il pouvait distinguer ce qui y était écrit.
« Pourrez-vous empêcher l’impensable ? Rendez-vous au 606.BRO.LCA.322. Il vous reste si peu de temps »
Il regarda à nouveau son vis à vis.
-Mais de quoi s’agit-il au juste ? Je ne comprends rien à ce baragouinage ! dit-il en agitant le papier.
Carl regarda le tableau où étaient écrites de célèbres citations.
-Platon, Racine. Dante, que d’éminents personnages. Il y a une dizaine de jours, l’ambassade de France à Washington nous a transmis ce document. Tout commence en France. Un couple de français s’est présenté au consulat américain de Rennes et leur a remis ce que vous avez entre vos mains. Ils auraient découvert ce document pendant qu’il rénovait ou déménageait leur ferme familiale. Enfin bref. Et cette lettre, cette missive, appelez ça comme bon vous semble, était à l’intérieur d’un coffre dans leur grenier.
Harry ne répondit pas et attendit impatiemment la suite.
-A première vue, il n’y a absolument rien d’anormal de recevoir du courrier, me direz-vous. Mais celui-ci a une particularité. Et non des moindres. Cette lettre n’a jamais été envoyée, aucun cachet, aucun timbre. Et pour cause…
-Continuez !
-J’y viens. Comme je vous le disais, cette lettre est restée dans un coffre qui n’a jamais vu la lumière depuis des dizaines d’années.
-Des dizaines d’années ? Plus précisément ? répondit-il plutôt surpris.
-Harry, expliqua calmement Broling, lorsque ces quelques mots ont été écrits à votre intention, l’auteur de cette lettre savait certainement une chose… Comment-vous dire… Il savait que vous la liriez un jour, oui… Mais ce qu’il y a de plus incroyable dans tout ça, c’est que lors de sa rédaction, il savait que vous n’existiez pas encore!
Un sourire forcé apparut sur le visage de Gallagher.
Harry et Carl étaient à présent assis dans la salle de réunion. La lettre ouverte bien aplatie devant eux.
-Et si c’était un canular, Carl ? Une plaisanterie conçue par un sombre imbécile ou pourquoi pas, par un de mes étudiants ? Il y en a certains que j’ai à l’œil !
Broling soupira.
-Harry, vous pensez bien que nous y avons réfléchi. Mais le constat est le suivant : ce document est indéniablement authentique. Bien entendu, avant de vous contacter, nous avons effectué des analyses. Ce papier provient d’une manufacture française appelée Canson. Comme vous pouvez le constater, le logo apparaît en haut à gauche d’une façon spectrale. Mais le plus intéressant c’est son grammage. Ce type de papier que vous avez entre vos mains n’a plus cours aujourd’hui. Pourquoi ? Parce qu’à cette époque, l’entreprise a été obligée de diviser par deux l’épaisseur du papier lors de sa fabrication. Sur ce point nous en sommes sûrs. Et vous savez pourquoi ? Parce que…
-Et l’encre, vous l’avez analysée ? S’enquit Harry.
-Idem. Au milieu du XIXE siècle et jusqu’à la moitié du XXe, on a commencé à utiliser des plumes d'acier dont l'acidité de l'encre classique corrodait. L'encre, préparée avec l'aniline et introduite dans le dernier quart de siècle, n'avait plus cet inconvénient et est devenue ainsi la matière la plus courante, notamment dans l'enseignement. Et cette lettre est bourrée d’aniline. Aujourd’hui cette substance a disparu et n’importe quel stylo à bille utilise de l’encre chimique. La démonstration est faite. Pas de subterfuge contrairement aux documents découverts au Louvre. Vous vous en souvenez certainement ? ajouta Broling en le regardant fixement.
-Il est inutile de me le rappeler !
Carl récupéra la lettre comme s’il se mettait à la lire.
-L’auteur de ce document pense que vous le retrouverez. Vous avez pu le lire. Que faisons-nous alors ? A quoi pouvons-nous penser sur ce sujet ?
-A des ennuis naissants Carl. Celui qui a écrit un truc pareil nous entraîne sur une voie d’un autre temps. Un message caché, comme d’habitude.
-Ce message me tracasse, lire que vous puissiez empêcher l’impensable pourrait me permettre d’envisager l’hypothèse d’une action terroriste sur le sol des Etats-Unis. Et ça, c’est plutôt ma partie.
-Vous ne pensez pas sincèrement que tout se résume au territoire des Etats-Unis ? Bien sûr que non. Mais en tout cas il faut prendre au sérieux ce message. Comment arriver à comprendre que cette lettre provenant du passé puisse m’être adressée ? Et pourtant, j’en suis bien le destinataire. Tout cela relève de l’impensable !
-Impensable, mais réel, ajouta Broling.
-Il est certain que cette personne me connaît. Comment pourrait-il en être autrement ? Mais en toute logique, il m’est impossible de l’avoir rencontrée.
Carl Broling fit un petit rictus.
-Voyant votre réaction, je m’aperçois que cette affaire commence à vous intéresser.
-En quelque sorte. Avez-vous pu dater cette correspondance de façon fiable ? Continua Harry.
-Tout à fait. Je n’ai pas eu le temps de m’étendre sur ce sujet… La question de l’encre m’a fait oublier ce que je voulais vous dire. Ce fameux grammage est en effet un argument important. Comme je vous le disais, ce papier à une épaisseur inférieure à la normale. J’ai envoyé une équipe au siège de l’entreprise Canson en France à … voilà le nom… Aubenas pour des vérifications. il s’avère que, durant la deuxième guerre mondiale, les Allemands ont obligé la papeterie à réduire de moitié sa production afin de fournir en quantité suffisante les diverses administrations allemandes sur le territoire français. Nous avons même analysé les éléments constitutifs de cette lettre sous assistance chimique Carbone 14. Le résultat confirme bien une période située au milieu du XXe siècle. Harry… Vous nous donnez un coup de main ?
-Vu la situation, me défiler ne serait pas convenable non ?
Le chef du FBI lui tendit une nouvelle fois la lettre et ajouta :
-Il est fort à parier que notre futur dépendra à présent du passé, Harry.
-Les enfants, vous pouvez sortir de table et aller finir vos devoirs.
-Merci maman !!! Crièrent les deux gamins en se précipitant vers leur console de jeux.
-Eh ! Vous montez dans votre chambre et vous finissez vos devoirs ! Rouspéta Harry.
-Ils ne t’écoutent même plus. Avec un père comme toi, répondit Karen en se mettant les mains sur la tête, les coudes sur la table.
-Karen… Enfin… Ce sont des ados… On est tous passé par là. Et puis c’est déjà pas mal qu’ils restent à table sagement !
-Pff, y a intérêt !! Mais ne cherche pas à noyer le poisson. Tu sais très bien de quoi je veux parler. Je ne pense pas avoir perdu la tête et encore moins la mémoire sur un sujet bien précis. Tu m’avais promis de ne plus t’impliquer dans des histoires à dormir debout. Tu crois que nous n’avons pas assez souffert de tes idioties ? indiqua Karen alors qu’elle portait son verre de vin à la bouche. Carl Broling est un pourvoyeur à problèmes !! Mais diablement intelligent pour que tu tombes dans son piège à chaque fois qu’il vient de te faire des mamours !! Tu oublies un peu vite que par sa faute, tu as aussi manqué d’y laisser ta peau, là-bas en Roumanie !
-C’était en Bulgarie, mais peu importe. Il est vrai que je t’avais fait une promesse et que je devais m’y tenir. Mais là, il y a quelque chose de vraiment troublant. Imagine, dit-il en engouffrant un morceau de viande qu’il avait préalablement bien saucé, imagine qu’un type, dont personne ne connait l’existence, enverrait un courrier à madame Karen Gallagher mais que cette dernière ne serait pas encore née ? Comment réagirais-tu ? Tout le dilemme pour moi se situe là. Et tu sais pourquoi ? Parce que c’est ce qui m’arrive bon sang !
-C’est du grand n’importe quoi ! C’est un coup monté du FBI pour t’obliger à coopérer avec eux sur une affaire qui n’a rien à voir avec ce que tu crois. Ce ramassis d’imbéciles veut te remettre en selle pour une raison qui leur est propre. Tes succès passés contribuent à te rendre indispensable à leurs yeux en leur offrant une nouvelle fois tes services sur un plateau. Mais tu n’es pas policier, encore moins un agent gouvernemental ! Est-ce que tu vas regarder la vérité en face ! dit Karen en buvant d’un trait le contenu de son verre.
-Karen, je te comprends. Et je peux t’assurer que je n’avais aucune intention de participer une fois de plus à leurs satanées histoires. Mais cette fois, JE SUIS impliqué. Je connais Carl tout autant que toi. Ce n’est pas un mauvais type. Rappelle-toi comme nous étions si soulagés lorsqu’il nous a sorti de notre problématique affaire du Groenland !
Karen se mit à regarder sa bague, unique héritage de leur chasse au trésor.
-Je savais que tu allais me la sortir celle-là ! Aujourd’hui, tu ne lui dois absolument plus rien !!! Mais si tu t’amouraches de Broling, tu n’as qu’à entrer dans le FBI, si c’est ce que tu veux!
Harry posa sa fourchette et fixa son assiette avec un air bien grave.
-Je me suis mis en congé de mon travail. Dans deux jours, j’ai rendez-vous avec Broling au siège du FBI à New York. Crois-moi, si j’y vais, c’est que je sens que la situation est inquiétante. Il faut vraiment que tu me fasses confiance une fois de plus et...
-Stop ! Tais-toi, coupa Karen, tu m’énerves, dit-elle en se levant de table, les yeux larmoyants.
-Attend, écoute-moi avant de…
Harry tenta de lui prendre la main mais elle esquiva. Il ne lui restait plus qu’à contempler son assiette où, à présent, trois pois bien vert se battaient en duel.
La voiture de la compagnie Uber déposa Harry au 26 Fédéral Plazza. Haut d’une cinquantaine d’étages et une façade classique avec des vitres opaques, l’immeuble le contemplait tout en l’écrasant. Il se rappelait tout à coup qu’il avait vécu ici protégé par le FBI durant quelques jours. Une période où sa tête avait été mise à prix. Une époque bien sombre durant laquelle Karen luttait pour sa survie. Période révolue à présent.
Devant l’imposante entrée du monolithique bastion, un gardien typique de ce genre d’administration lui demanda ses papiers. Après une vérification en règle et une fouille méticuleuse, l’homme à l’uniforme bleu ciel prit son talkie-walkie grippé sur son épaule pour avertir certainement un de ses innombrables supérieurs.
-Allez-y monsieur, 12e étage. Vous êtes attendu.
Plus tard, lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, il tomba sur Carl Broling qui l’attendait patiemment.