Henri IV, Premiere Partie,  (Henry IV Part I in French) - William Shakespeare - E-Book

Henri IV, Premiere Partie, (Henry IV Part I in French) E-Book

William Shakespeare

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Beschreibung

Pièce d'histoire de Shakespeare, Henry IV Part One, en traduction française. Selon Wikipédia: "Henry IV, Part 1 est une pièce d'histoire de William Shakespeare, qui aurait été écrite au plus tard en 1597. C'est la deuxième pièce de la tétralogie de Shakespeare traitant des règnes successifs de Richard II, Henri IV (deux pièces ), et Henry V. Henry IV, partie 1 dépeint une période de l'histoire qui commence avec la bataille de Hotspur à Homildon contre le Douglas à la fin de 1402 et se termine avec la défaite des rebelles à Shrewsbury au milieu de 1403. Dès le début il a été un jeu extrêmement populaire à la fois avec le public et les critiques. "

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HENRI IV, PREMIÈRE PARTIE, TRAGÉDIE PAR WILLIAM SHAKESPEARE, TRADUCTION DE M. GUIZOT

published by Samizdat Express, Orange, CT, USA

established in 1974, offering over 14,000 books

Other Shakespeare histories in French translation (by M. Guizot):

Le Roi Jean

La Vie Et La Mort Du Roi Richard II

Henri IV, Deuxième Partie

Henri V

Henri VI Première Partie

Henri VI Seconde Partie

Henri VI Troisième Partie

La Vie Et La Mort Du Roi Richard III

Le Roi Henry VIII

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Ce document est tiré de: OEUVRES COMPLÈTES DE SHAKSPEARE

NOUVELLE ÉDITION ENTIÈREMENT REVUE AVEC UNE ÉTUDE SUR SHAKSPEARE DES NOTICES SUR CHAQUE PIÈCE ET DES NOTES

PARIS A LA LIBRAIRIE ACADÉMIQUE DIDIER ET Cie, LIBRAIRES-ÉDITEURS 35, QUAI DES AUGUSTINS, 1863

NOTICE SUR LA PREMIÈRE PARTIE DE HENRI IV

PERSONNAGES

ACTE PREMIER

SCÈNE I,  Un appartement dans le palais.

SCÈNE II,  Un autre appartement dans le palais.

SCÈNE III,  Autre appartement du palais.

ACTE DEUXIÈME

SCÈNE I,  Rochester.--Une cour d'auberge.

SCÈNE II,  Le grand chemin près de Gadshill.  Entrent LE PRINCE HENRI avec POINS, BARDOLPH ET PETO à quelque distance.

SCÈNE III,  Warkworth. Un appartement du château.

SCÈNE IV,  East cheap. Une chambre dans la taverne de la Tête-de-Sanglier.

ACTE TROISIÈME

SCÈNE I,  A Bangor.--La maison de l'archidiacre.

SCÈNE II,  Londres.--Un appartement du palais.

SCÈNE III,  Une chambre dans la taverne de la Tête-de-Sanglier.

ACTE QUATRIÈME

SCÈNE I,  Le camp des rebelles près de Shrewsbury.

SCÈNE II.,  Un grand chemin près de Coventry.

SCÈNE III,  Le camp des rebelles près de Shrewsbury.

SCÈNE IV,  York.--Un appartement dans la maison de l'archevêque.

ACTE CINQUIÈME

SCÈNE I,  Le camp du roi près de Shrewsbury.

SCÈNE II,  Le camp de Hotspur.

SCÈNE III,  Une plaine près de Shrewsbury.

SCÈNE IV,  Une autre partie du champ de bataille. Alarmes. Mouvements de combattants qui entrent et sortent.

SCÈNE V,  Une autre partie du champ de bataille.

NOTICE SUR LA PREMIÈRE PARTIE DE HENRI IV

Les commentateurs donnent à ces deux pièces le titre de comédies; et en effet, bien que le sujet appartienne à la tragédie, l'intention en est comique. Dans les tragédies de Shakspeare, le comique naît quelquefois spontanément de la situation des personnages introduits pour le service de l'action tragique: ici non-seulement une partie de l'action roule absolument sur des personnages de comédie; mais encore la plupart de ceux que leur rang, les intérêts dont ils s'occupent et les dangers auxquels ils s'exposent pourraient élever à la dignité de personnages tragiques, sont présentés sous l'aspect qui appartient à la comédie, par le côté faible ou bizarre de leur nature. L'impétuosité presque puérile du bouillant Hotspur, la brutale originalité de son bon sens, cette humeur d'un soldat contre tout ce qui veut retenir un instant ses pensées hors du cercle des intérêts auxquels il a dévoué sa vie, donnent lieu à des scènes extrêmement piquantes. Le Gallois Glendower, glorieux, fanfaron, charlatan en même temps que brave, qui tient tête à Hotspur tant que celui-ci le menace ou le contrarie, mais qui cède et se retire aussitôt qu'une plaisanterie vient alarmer son amour-propre par la crainte du ridicule, est une conception vraiment comique. Il n'y a pas jusqu'aux trois ou quatre paroles que prononce Douglas qui n'aient aussi leur nuance de fanfaronnade. Aucun de ces trois courages ne s'exprime de même; mais tout cède à celui de Hotspur, auquel la teinte comique qu'a reçue son caractère n'ôte rien de l'intérêt qu'il inspire. On s'attache à lui comme à l'Alceste du Misanthrope, à un grand caractère victime d'une qualité que l'impétuosité de son humeur et la préoccupation de ses propres idées ont tourné en défaut. On voit le brave Hotspur acceptant l'entreprise qu'on lui propose avant de la connaître, certain du succès dès qu'il est frappé de l'idée de l'action; on le voit perdant successivement tous les appuis sur lesquels il avait compté, abandonné ou trahi par ceux qui l'ont entraîné dans le danger, et comme poussé par une sorte de fatalité vers l'abîme qu'il n'aperçoit qu'au moment où il n'est plus temps de reculer, et où il tombe en ne regrettant que sa gloire. C'est là sans doute une catastrophe tragique, et le fond de la première pièce, qui a pour sujet le premier pas de Henri V vers la gloire, en exigeait une de ce genre; mais la peinture des égarements de la jeunesse du prince n'en forme pas moins la partie la plus importante de l'ouvrage, dont le caractère principal est Falstaff.

Falstaff est l'un des personnages les plus célèbres de la comédie anglaise, et peut-être aucun théâtre n'en offre-t-il un plus gai. Ce serait un spectacle assez triste que celui des emportements d'une jeunesse aussi désordonnée que celle de Henri V, dans des moeurs aussi rudes que celles de son temps, si, au milieu de cette grossière débauche, des habitudes et des prétentions d'un genre plus relevé ne venaient former un contraste et jouer un rôle d'autant plus amusant qu'il est déplacé. Il eût été fort moral, sans doute, de faire porter, sur le prince qui s'avilit, le ridicule de cette inconvenance; mais quand Shakspeare n'eût pas été le poëte de la cour d'Angleterre, ni la vraisemblance ni l'art ne lui permettaient de dégrader un personnage tel que Henri V; il a soin, au contraire, de lui conserver partout la hauteur de son caractère et la supériorité de sa position; et Falstaff, destiné à nous amuser, n'est admis dans la pièce que pour le divertissement du prince.

Fait pour être un homme de bonne compagnie, Falstaff n'a pas encore renoncé à toutes ses prétentions en ce genre: il n'a point adopté la grossièreté des situations où le rabaissent ses vices; il leur a tout livré, excepté son amour-propre; il ne s'est point fait un mérite de sa crapule, il n'a point mis sa vanité dans les exploits d'un bandit: les manières et les qualités d'un gentilhomme, c'est encore à cela qu'il tiendrait s'il pouvait tenir à quelque chose; c'est à cela qu'il prétendrait s'il lui était permis d'avoir, ou possible de soutenir une prétention. Du moins veut-il se donner le plaisir de les affecter toutes, dût ce plaisir lui valoir un affront; sans y croire, sans espérer qu'on le croie, il faut à tout prix qu'il réjouisse ses oreilles de l'éloge de sa bravoure, presque de ses vertus. C'est là une de ses faiblesses, comme le goût du vin d'Espagne est une tentation à laquelle il ne lui est pas plus possible de résister, et la naïveté avec laquelle il cède, les embarras où elle le met, l'espèce d'imprudence hypocrite qui l'aide à s'en tirer, en l'ont un personnage extraordinairement plaisant. Les jeux de mots, bien que fréquents dans cette pièce, y sont beaucoup moins nombreux que dans quelques autres drames d'un genre plus sérieux, et ils y sont infiniment mieux placés. Le mélange de subtilité, que Shakspeare devait à l'esprit de son temps, n'empêche pas que dans cette pièce, ainsi que dans celles où reparaît Falstaff, la gaieté ne soit peut-être plus franche et plus naturelle que dans aucun autre ouvrage du théâtre anglais.

La première partie de Henri IV parut, selon Malone, en 1597. Chalmers et Drake croient qu'elle fut écrite en 1596; mais leur opinion, à cet égard, ne s'appuie sur aucun témoignage sérieux. Ce qu'il y a de bien positif, c'est que cette pièce fut écrite avant 1598, car Meres la cite dans cette même année parmi les oeuvres de Shakspeare.

PERSONNAGES

LE ROI HENRI IV.

HENRI, prince de Galles,   } fils du

JEAN, prince de Lancastre, } roi.

LE COMTE DE WESTMORELAND,  } partisans

SIR WALTER BLOUNT,         } du roi.

THOMAS PERCY, comte de Worcester.

HENRI PERCY, comte de Northumberland.

HENRI PERCY, surnommé HOTSPUR, son fils.

EDMOND MORTIMER, comte de la Marche.

SCROOP, archevêque d'York.

ARCHIBALD, comte de Douglas.

OWEN GLENDOWER.

SIR RICHARD VERNON.

SIR JEAN FALSTAFF.

POINS.

GADSHILL.

PETO

BARDOLPHE.

LADY PERCY, femme de Hotspur,

soeur de Mortimer.

LADY MORTIMER, fille de Glendower,

et femme de Mortimer.

QUICKLY, hôtesse d'une taverne à

East-Cheap.

Lords, officiers, shérif, cabaretier, garçon de chambre, garçons de cabaret, deux voituriers, voyageurs, suite.

La scène est en Angleterre.

ACTE PREMIER

 SCÈNE I,  Un appartement dans le palais.

Entrent LE ROI HENRI, WESTMORELAND, SIR WALTER BLOUNT et d'autres.

 LE ROI.--Ébranlés et épuisés par les soucis comme nous le sommes, tâchons de trouver un moment où la paix effrayée puisse reprendre haleine, et nous annoncer d'une voix entrecoupée les nouvelles luttes que nous devons aller soutenir sur de lointains rivages... Les abords[1] de cette terre altérée ne verront plus ses lèvres teintes du sang de ses propres enfants. La terre ne sillonnera plus son sein de tranchées, n'écrasera plus ses fleurs sous les pieds ferrés de coursiers ennemis. Ces yeux irrités qui naguère comme les météores d'un ciel orageux, tous d'une même nature, tous formés de la même substance, se venaient rencontrer dans le choc des partis livrés à la guerre intestine et dans la mêlée furieuse des massacres civils formeront maintenant des rangs unis et bien ordonnés, ils se dirigeront tous vers un même but, et ne combattront plus leurs connaissances, leurs parents, leurs alliés. Le tranchant de la guerre ne viendra plus comme un couteau mal rengainé couper son propre maître. Maintenant donc, mes amis, soldat du Christ, enrôlé sous sa croix sainte, pour laquelle nous nous sommes tous engagés à combattre, nous allons conduire jusqu'à son sépulcre une armée d'Anglais dont les bras furent formés dans le sein de leur mère pour aller poursuivre les païens sur les plaines saintes que foulèrent ses pieds divins, cloués, il y a quatorze cents ans, pour notre avantage, sur le bois amer de la croix. Mais ce projet existe depuis un an, et je n'ai pas besoin de vous le dire: cela sera, donc ce n'est pas encore aujourd'hui que nous nous rassemblons pour le départ. Maintenant, Westmoreland, mon cher cousin, rendez-moi compte de ce qui fut arrêté hier au soir dans notre conseil, pour hâter une expédition si chère.

[Note 1:

    No more the thirsty entrance of this soil     Shall daub her lips with her own children's blood.

Les commentateurs, à qui cette phrase a paru trop difficile à expliquer, ont supposé quelque corruption dans le texte et ont substitué le mot Erinnys au mot entrance, qu'on trouve dans les premières éditions. La correction ne paraît pas heureuse. Shakspeare, dans ses pièces tirées de l'histoire moderne, use rarement des images de l'ancienne mythologie, et celle-ci ne serait nullement en rapport avec le genre de poésie employé dans le reste du discours. Le mot entrance, au contraire, par une de ces extensions si familières à Shakspeare, et si naturelles dans une langue qui n'est point fixée, peut très-bien avoir été employé dans son sens naturel d'entrée, abords, avenue, et dans le sens de bouche; il est même probable que c'est cet avantage de présenter une double idée qui l'aura fait choisir au poëte. Les abords de l'Angleterre en étaient naturellement la partie la plus ensanglantée, soit par les invasions maritimes, soit par les incursions des Écossais et des Gallois qui se mêlaient presque toujours à ses troubles civils; et la bouche altérée de la terre teignant ses lèvres, etc., est une métaphore suivie à la manière de Shakspeare, dont la grammaire est beaucoup plus vague que l'imagination. Les commentateurs ont presque toujours le tort de vouloir l'expliquer par la grammaire.]

WESTMORELAND.--Mon souverain, on discutait avec ardeur les moyens de l'exécuter promptement, et hier au soir seulement on avait arrêté plusieurs des dépenses qu'elle exige, lorsqu'à travers ces débats survint tout à coup un courrier de Galles, chargé de fâcheuses nouvelles. La pire de toutes c'est que le noble Mortimer, qui conduisait les gens du comte d'Hereford contre les troupes irrégulières et sauvages de Glendower, est tombé entre les mains féroces de ce Gallois. Mille de ses soldats ont été massacrés; et les Galloises ont exercé sur leurs cadavres de telles horreurs, leur ont fait subir des mutilations si brutales, si infâmes, qu'on ne peut les redire ou les indiquer.

LE ROI.--Les nouvelles de ce combat auraient, à ce qu'il paraît, empêché de donner suite à l'affaire de la terre sainte.

WESTMORELAND.--Oui, mon gracieux seigneur, cette nouvelle jointe avec d'autres; car il est venu du Nord, des nouvelles plus pénibles et plus fâcheuses encore: et les voici. Le jour de l'exaltation de la Sainte-Croix, le vaillant Hotspur, ce jeune Henri Percy, et le brave Archambald, cet Écossais tout plein de valeur et de renommée, se sont livrés à Holmedon un sérieux et sanglant combat. Les nouvelles ne nous en sont parvenues que par le bruit de leur mousqueterie, et accompagnées seulement de conjectures; car celui qui nous les a apportées est monté à cheval au moment où la lutte devenait le plus opiniâtre, totalement incertain sur l'issue qu'elle pourrait avoir.

LE ROI.--Un ami plein d'affection et d'habile fidélité, sir Walter Blount, arrive ici descendant de cheval et couvert des différentes espèces de poussières qu'il a traversées depuis Holmedon jusqu'à cette résidence; et il nous a apporté des nouvelles agréables et douces. Le comte de Douglas est défait. Sir Walter a vu dans les plaines d'Holmedon dix mille de ces hardis Écossais et vingt-deux chevaliers baignés dans leur sang. Au nombre des prisonniers d'Hotspur sont Mordake, comte de Fife, et fils aîné du vaincu Douglas[2], les comtes d'Athol, de Murray, d'Angus et de Menteith. Ne sont-ce pas là d'honorables dépouilles, une riche conquête? Eh, cousin, qu'en dites-vous?

[Note 2: Mordake, comte de Fife, n'était pas fils de Douglas, mais d'Archambald, duc d'Albanie et régent du royaume d'Écosse; mais Shakspeare qui suivait sans y regarder de plus près, la version d'Hollinshed, avait été trompé par l'omission d'une virgule dans le texte du chroniqueur, à l'endroit où il fait emmener les prisonniers faits par Hotspur à la bataille d'Holmedon; Mordake earl of Fife, son to the governor Archambald earl Douglas. C'est l'omission de cette virgule après Archambald qui a fait l'erreur de Shakspeare.]

WESTMORELAND.--Oui, certes, c'est une victoire dont pourrait se vanter un prince.

LE ROI.--Eh! vraiment c'est en ceci que tu m'affliges, et que tu me fais faire le péché d'envie contre Northumberland quand je le vois père d'un fils si désirable; d'un fils, le sujet éternel des discours de la louange, la tige la plus élancée du bocage, le favori, l'orgueil de la fortune caressante, tandis que moi spectateur de sa gloire, je vois la débauche et le déshonneur souiller le front de mon jeune Henri. O plût au ciel qu'on pût prouver que quelque fée se glissant dans la nuit, a tiré pour les échanger nos enfants de leurs langes, et qu'elle a nommé le mien Percy, et le sien Plantagenet! Alors j'aurais son Henri et il aurait le mien.--Mais bannissons-le de ma pensée.--Que dites-vous, cousin, de l'orgueil de ce jeune Percy? Les prisonniers qu'il a faits dans cette rencontre, il prétend se les approprier, et il me fait dire que je n'en aurai pas d'autres que Mordake, comte de Fife.

WESTMORELAND.--Ce sont là les leçons de son oncle; j'y reconnais Worcester, toujours malveillant pour vous dans toutes les occasions. C'est lui qui l'engage à se rengorger ainsi et à lever sa jeune crête contre la dignité de votre couronne.

LE ROI.--Mais je l'ai envoyé chercher pour m'en rendre raison, et c'est ce qui nous oblige à laisser quelque temps de côté nos saints projets sur Jérusalem. Cousin, mercredi prochain nous tiendrons notre conseil à Windsor: instruisez-en les lords, mais vous, revenez promptement vers nous; car il reste plus de choses à dire et à faire, que la colère ne me permet en ce moment de vous l'expliquer.

WESTMORELAND.--Je vais, mon prince, exécuter vos ordres.

 SCÈNE II,  Un autre appartement dans le palais.

Entrent HENRI, prince de Galles, ET FALSTAFF.

 FALSTAFF.--Dis donc, Hal[3], quelle heure est-il, mon garçon?

HENRI.--Tu as l'esprit si fort épaissi à force de t'enivrer de vieux vin d'Espagne[4], de te déboutonner après souper, et de dormir sur les bancs des tavernes l'après-dîner, que tu ne sais plus demander ce que tu as véritablement envie de savoir. Que diable as-tu affaire à l'heure qu'il est? A moins que les heures ne fussent des verres de vin d'Espagne, les minutes autant de chapons, à moins que nous n'eussions pour horloges la voix des appareilleuses, pour cadrans les enseignes de tabagies, et que le bien-faisant soleil lui-même ne fût une belle et lascive courtisane en taffetas couleur de feu, je ne vois pas de motif à cette inutilité de venir demander l'heure qu'il est.

[Note 3: Hal. Diminutif de Henri.]

[Note 4: Sack. C'est un grand sujet de discussion que de savoir ce qu'était le sack du temps de Shakspeare, car il n'était pas du temps de Falstaff d'un usage aussi commun que l'a supposé le poëte. Il paraît constant que le sack était un vin d'Espagne; l'usage d'y mettre du sucre donne lieu de croire que c'était un vin sec, comme le mot sack pourrait aussi le faire croire. C'était, selon toute apparence, du vin de Xérès ou de Pacaret; quelques-uns pensent que le sack était un vin brûlé et sucré, une espèce de ratafia. Le sack des Anglais aujourd'hui est le vin des Canaries; on l'appelait alors sweet sack.]

FALSTAFF.--Ma foi, Hal, vous entrez dans mon sens; car nous autres coupeurs de bourses, nous nous laissons conduire par la lune et les sept étoiles, et non par Phoebus, ce chevalier errant, blond[5]. Et je t'en prie, mon cher lustig, dis-moi un peu, quand une fois tu seras roi...--Dieu conserve ta grâce (majesté, j'aurais dû dire, car de grâces tu n'en auras jamais)!...

HENRI.--Comment! pas du tout?

FALSTAFF.--Non, par ma foi, pas seulement autant qu'on en peut avoir à dire après un oeuf ou du beurre[6].

[Note 5: That wandering knight so fair. Paroles tirées probablement de quelque ancienne ballade sur les aventures du Chevalier du Soleil.]

[Note 6: Not so much as will serve to be prologue to an egg and butter. Le nom de grâces se donne également en Angleterre au benedicite qui précède le repas et aux prières qui se disent à la fin. Shakspeare le prend ici dans le premier sens; il a fallu, pour conserver le jeu de mots, y substituer le dernier.]

HENRI.--Eh bien! enfin donc? Au fait, au fait.

FALSTAFF.--Vraiment je veux donc te dire, mon cher lustig, quand tu seras roi, tu ne dois pas souffrir que nous autres gardes du corps de la nuit, soyons traités de voleurs qui attaquent la beauté du jour. Qu'on nous appelle, à la bonne heure, forestiers de Diane, gentilshommes des ténèbres, les mignons de la lune, et qu'on dise de nous que nous nous gouvernons bien, puisque nous sommes comme la mer, gouvernés par notre noble maîtresse la lune, sous la protection de laquelle nous exerçons... le vol.

HENRI.--Tu as raison, et ce que tu dis est vrai sous tous les rapports: car notre fortune à nous autres gens de la lune, a son flux et reflux comme la mer; de même que la mer, nous sommes gouvernés par la lune; et pour preuve, une bourse résolument enlevée le lundi soir sera dissolument vidée le mardi matin, gagnée en jurant, la bourse ou la vie, dépensée en criant, apporte bouteille. En cet instant, marée basse comme le pied de l'échelle, nous serons d'un moment à l'autre à flot aussi haut que le bras de la potence.

FALSTAFF.--Pardieu, tu dis bien vrai, mon garçon.--Et n'est-ce pas que mon hôtesse de la taverne est une agréable créature?

HENRI.--Douce comme le miel d'Hybla, mon vieux garnement[7]. Et n'est-il pas vrai aussi qu'un pourpoint de buffle est une agréable robe de chambre pour prison[8]?