Henri VI, Seconde Partie (Henry VI Part II in French) - William Shakespeare - E-Book

Henri VI, Seconde Partie (Henry VI Part II in French) E-Book

William Shakespeare

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Beschreibung

Pièce d'histoire de Shakespeare, Henry VI Deuxième partie, en traduction française. Selon Wikipédia: "Henry VI, Part 2 ou la deuxième partie de Henry le Sixt (souvent écrit comme 2 Henry VI) est une pièce d'histoire de William Shakespeare qui aurait été écrite en 1591, et placée pendant la vie du roi Henri VI Alors que 1 Henri VI traite principalement de la perte des territoires français de l'Angleterre et des machinations politiques menant aux guerres des Roses, et 3 Henry VI traite des horreurs de ce conflit, 2 Henri VI se concentre sur l'incapacité du roi à apaiser les querelles de ses nobles, la mort de son conseiller de confiance, le duc Humphrey de Gloucester, l'ascension du duc d'York et l'inévitabilité des conflits armés, ce qui aboutit à la première bataille de la guerre, la première bataille de St Albans. "

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HENRI VI SECONDE PARTIE PAR WILLIAM SHAKESPEARE, TRADUCTION DE M. GUIZOT

published by Samizdat Express, Orange, CT, USA

established in 1974, offering over 14,000 books

Other Shakespeare histories in French translation (by M. Guizot):

Le Roi Jean

La Vie Et La Mort Du Roi Richard II

Henri IV, Première Partie

Henri IV, Deuxième Partie

Henri V

Henri VI Première Partie

Henri VI Troisième Partie

La Vie Et La Mort Du Roi Richard III

Le Roi Henry VIII

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Ce document est tiré de:OEUVRES COMPLÈTES DESHAKSPEARE

NOUVELLE ÉDITION ENTIÈREMENT REVUEAVEC UNE ÉTUDE SUR SHAKSPEAREDES NOTICES SUR CHAQUE PIÈCE ET DES NOTES

PARISA LA LIBRAIRIE ACADÉMIQUEDIDIER ET Cie, LIBRAIRES-ÉDITEURS35, QUAI

DES AUGUSTINS, 1863

PERSONNAGES

ACTE PREMIER

SCÈNE I,  Londres.--Une salle d'apparat dans le palais.

SCÈNE II,  Toujours à Londres, un appartement dans le palais du duc de Glocester.

SCÈNE III,  Toujours à Londres.--Une salle du palais.

SCÈNE IV,  Toujours à Londres.--Dans les jardins du duc de Glocester.

ACTE DEUXIÈME

SCÈNE I,  Saint-Albans.

SCÈNE II,  Londres.--Jardins du duc d'York.

SCÈNE III,  Londres.--Salle du tribunal.

SCÈNE IV,  Toujours à Londres.--Une rue.

ACTE TROISIÈME

SCÈNE I,  L'abbaye de Bury.

SCÈNE II,  A Bury.--Un appartement dans le palais.

SCÈNE III,  Londres.--La chambre à coucher du cardinal Beaufort.

ACTE QUATRIÈME

SCÈNE I,  Le bord de la mer près de Douvres.

SCÈNE II,  Une autre partie du comté de Kent.

SCÈNE III,  Une autre partie de la plaine de Blackheath.

SCÈNE IV,  Londres.--Un appartement dans le palais.

SCÈNE V,  Toujours à Londres.--La Tour.

SCÈNE VI,  Londres.--Cannon street.

SCÈNE VII,  Smithfield.

SCÈNE VIII,  Southwark.

SCÈNE IX,  Château de Kenilworth.

SCÈNE X,  Kent.--Le jardin d'Iden.

ACTE CINQUIÈME

SCÈNE I,  Plaines entre Dartford et Blackheath.

SCÈNE II,  Saint-Albans.

SCÈNE III,  Plaines près de Saint-Albans.

PERSONNAGES

LE ROI HENRI VI.

HUMPHROY, duc de Glocester, son oncle.

LE CARDINAL BEAUFORT, évêque de Winchester, grand-oncle du roi.

RICHARD PLANTAGENET, duc d'York.

EDOUARD,}

        } ses fils.

RICHARD,}

LE DUC DE BUCKINGHAM,} partisans

LE DUC DE SOMERSET,  } du

LE DUC DE SUFFOLK,   } roi.

LORD CLIFFORD,       }

LE JEUNE CLIFFORD,   }

LE COMTE DE SALISBURY,  } de la faction

LE COMTE DE WARWICK,    } d'York, son fils,}

LE LORD SAY.

LE LORD SCALES, gouverneur de la Tour.

SIR HUMPHROY STAFFORD.

LE JEUNE STAFFORD, son frère.

SIR JOHN STANLEY.

ALEXANDRE IDEN, gentilhomme du comté de Kent.

UN CAPITAINE de vaisseau, UN MAITRE, UN CONTRE-MAÎTRE,

      et WALTER WHITMORE, pirates.

UN HERAUT.

DEUX GENTILSHOMMES, prisonniers avec Suffolk.

HUME VAUX et SOUTHWELL, deux prêtres.

BOLINGBROOK, devin: esprit évoqué par lui.

THOMAS HORNER, armurier, et PIERRE, son apprenti.

UN CLERC de Chatham.

LE MAIRE de Saint-Albans.

SIMPCOX, imposteur.

DEUX MEURTRIERS.

JACQUES CADE, rebelle.

BEVIS,            }

MICHEL,           }

GEORGE,           } partisans

JEAN,             } d'York.

DICK, boucher,    }

SMITH, tisserand, }

LA REINE MARGUERITE, femme de Henri VI.

ELEONOR, duchesse de Glocester.

MARGERY JOURDAIN, sorcière.

LA FEMME DE SIMPCOX.

SEIGNEURS, DAMES, ET LEUR SUITE, PÉTITIONNAIRES, ALDERMEN, CHAPELAIN,

SHÉRIF, OFFICIERS, CITOYENS, APPRENTIS, FAUCONNIERS, GARDES, SOLDATS,

MESSAGERS, ET AUTRES.

La scène se passe successivement dans les différentes parties del'Angleterre.

 ACTE PREMIER

 SCÈNE I,  Londres.--Une salle d'apparat dans le palais.

Fanfares et trompettes, suivies de hautbois. Entrent d'un côté LE ROIHENRI, LE DUC DE GLOCESTER, SALISBURY, WARWICK, ET LE CARDINAL BEAUFORT;de l'autre, LA REINE MARGUERITE, conduite par SUFFOLK et suivie deYORK, SOMERSET, BUCKINGHAM et plusieurs autres.

SUFFOLK, s'avançant vers le roi.--Chargé, à mon départ pour la France,en qualité de représentant de votre haute et souveraine majesté,d'épouser pour elle et en son nom, la princesse Marguerite, c'est dansla fameuse et ancienne ville de Tours, qu'en présence des rois de Franceet de Sicile, des ducs d'Orléans, de Calabre, de Bretagne et d'Alençon,de sept comtes, de douze barons et de vingt respectables évêques, j'airempli mon office et épousé la princesse: aujourd'hui, je vienshumblement le genou en terre, à la vue de l'Angleterre et des lords sespairs, remettre le titre que j'ai acquis sur la reine entre les mains deVotre Majesté, qui est la réalité d'où provient cette ombre auguste dontje n'ai fait qu'offrir l'image. Voici le plus précieux don que marquisait jamais pu faire, la plus belle reine que roi ait jamais reçue.

LE ROI.--Suffolk, levez-vous,--reine Marguerite, soyez la bienvenue. Jene puis vous donner de mon amour un gage plus tendre que ce tendrebaiser.--O toi, mon Dieu, qui me prêtes la vie, prête-moi aussi un coeurplein de reconnaissance! Car tu as donné à mon âme, dans cet objet pleinde charmes, un monde de félicités terrestres, si tu permets que lasympathie unisse nos pensées dans un mutuel amour.

MARGUERITE.--Grand roi d'Angleterre, et mon gracieux seigneur, le jourou la nuit, éveillée, ou dans mes songes, au milieu de la cour, ou enfaisant mes prières, je me suis si souvent entretenue dans ma penséeavec vous, mon souverain chéri, que j'en deviens plus hardie à saluermon roi dans un langage sans art, tel qu'il se présente à mon esprit, etque me l'inspire la joie dont déborde mon coeur.

LE ROI.--Sa beauté ravit, mais la grâce de ses discours, ses parolesqu'embellit la majesté de la sagesse, me font passer de l'admiration auxlarmes de la joie, tant mon coeur est plein de son bonheur!--Lords, quevos joyeuses voix saluent unanimement ma bien-aimée.

TOUS LES PAIRS.--Longue vie à la reine Marguerite, la joie del'Angleterre!

MARGUERITE.--Nous vous rendons grâces à tous.

(Fanfares.)

SUFFOLK, au duc de Glocester.--Lord protecteur, permettez-moi deprésenter à Votre Grâce les articles de la paix contractée entre notresouverain et Charles, roi de France, et conclue, d'un commun accord,pour l'espace de dix-huit mois.

GLOCESTER lit.--«Imprimis, il est convenu, entre le roi françaisCharles[1] et William de la Pole, marquis de Suffolk, ambassadeur deHenri, roi d'Angleterre, que ledit Henri épousera la princesseMarguerite, fille de René, roi de Naples, de Sicile et de Jérusalem, etla fera couronner reine d'Angleterre, avant le trente de mai prochain.

[Note 1: The French king. Le roi d'Angleterre, dans ce traité, nereconnaît Charles ni pour roi de France, ni pour roi des Français, maissimplement pour roi français.]

«Item. Que le duché d'Anjou et le comté du Maine seront évacués etremis au roi son père.»

LE ROI.--Mon oncle, qu'avez-vous?

GLOCESTER.--Pardonnez, mon gracieux seigneur. Un saisissement soudain apressé mon coeur et obscurci mes yeux tellement que je ne puis en liredavantage.

LE ROI.--Mon oncle de Winchester, continuez, je vous prie.

LE CARDINAL.--«Item. Il est de plus convenu entre eux que les duchésd'Anjou et du Maine seront évacués et remis au roi son père, et que laprincesse sera envoyée à Londres, aux frais et dépens du roid'Angleterre, et sans dot.»

LE ROI.--Je suis satisfait des articles. Lord marquis, mets-toi àgenoux. Nous te créons ici premier duc de Suffolk, et te ceignons del'épée.--Mon cousin d'York, vos fonctions de régent dans nos provincesde France sont suspendues jusqu'à la complète expiration des dix-huitmois.--Je vous remercie, mon oncle de Winchester, Glocester, York,Buckingham, et vous, Somerset, Salisbury et Warwick, des marquesd'affection que vous venez de me donner par l'accueil que vous avez faità ma noble reine. Venez, rentrons et ordonnons avec toute la diligencepossible les apprêts de son couronnement.

(Sortent le roi, la reine et Suffolk.)

GLOCESTER.--Braves pairs de l'Angleterre, piliers de l'État, c'est dansvotre sein que le duc Humphroy doit déposer le fardeau de sa douleur, devotre douleur, de la douleur commune à toute notre patrie. Eh quoi! monfrère Henri aura donc prodigué, dans les guerres, sa jeunesse, savaleur, son peuple et ses trésors; il aura si souvent habité en pleinchamp, en proie, soit au froid de l'hiver, soit aux ardeurs dévorantesde l'été pour conquérir la France, son légitime héritage; et mon frèreBedford aura fatigué son esprit à conserver, par la politique, cequ'avait conquis Henri; vous-mêmes, Somerset, Buckingham, brave York,Salisbury, et vous, victorieux Warwick, vous aurez reçu de profondesblessures en France et en Normandie; mon oncle Beaufort, et moi-même,avec les sages assemblées du royaume, nous aurons médité si longtemps,tenu conseil durant de longues journées, discutant en tous sens lesmoyens de tenir dans la soumission la France et les Français; Sa Majestéaura été, dans son enfance, couronnée dans Paris, en dépit de sesennemis; et tant de travaux, tant d'honneurs vont être perdus! Laconquête de Henri, la vigilance de Bedford, vos exploits, tous nosconseils seront perdus! O pairs d'Angleterre, cette alliance esthonteuse, ce mariage fatal! Il anéantit votre renommée, efface vos nomsdu livre de mémoire, détruit les titres de votre gloire, renverse lesmonuments de la France asservie, et défait tout ce qui a jamais étéfait.

LE CARDINAL.--Mon neveu, que signifient ce discours si passionné et lesimages accumulées dans votre péroraison? La France est à nous, et nousprétendons bien la conserver toujours.

GLOCESTER.--Oui, sans doute, mon oncle, nous la conserverons si nous lepouvons; mais à présent il est impossible que nous le puissions.Suffolk, ce duc de nouvelle fabrique qui fait ici la pluie et le beautemps[2], a donné les duchés du Maine et de l'Anjou à ce pauvre roiRené, dont le style boursouflé s'accorde mal avec la maigreur de sabourse.

[Note 2: That rules the roast, qui gouverne le rôti.]

SALISBURY.--Et par la mort de celui qui mourut pour tous, ces deuxcomtés étaient les clefs de la Normandie... Mais de quoi pleure Warwick,mon valeureux fils?

WARWICK.--De la douleur de les voir perdus sans retour: car s'il y avaitquelque espoir de les reconquérir, mon épée ferait couler un sang fumantet mes yeux ne verseraient point de larmes. Anjou et Maine, c'est moiqui les avais conquis, voilà les bras qui ont assujetti ces provinces;et ces villes que j'ai gagnées par mes blessures, on les rend pour desparoles de paix! Mort-Dieu[3]!

[Note 3: Warwick prononce ce jurement en français.]

YORK.--C'est le duc de Suffolk! Puisse-t-il être étranglé, lui quiternit l'honneur de cette île belliqueuse! La France eût arraché etdéchiré mon coeur, avant qu'on m'eût vu souscrire à ce traité. J'ai vupartout dans l'histoire les rois d'Angleterre recevant avec leursépouses de fortes sommes d'or, des dots considérables: et notre roiHenri abandonne ce qui lui appartient pour épouser une fille quin'apporte avec elle aucun avantage.

GLOCESTER.--C'est une vraie plaisanterie, une chose inouïe, que Suffolkdemande un quinzième tout entier pour les frais de son transport. Elleeût pu rester en France; elle eût pu mourir de faim en France avant queje....

LE CARDINAL.--Milord Glocester, vous vous échauffez trop; cela s'estfait par le bon plaisir de notre seigneur et roi.

GLOCESTER.--Milord Winchester, je connais vos dispositions: ce ne sontpas mes discours qui vous déplaisent, c'est ma présence qui vousgêne.--Ta haine se fait jour, prélat superbe; je vois ta fureur sur tonvisage. Si je restais plus longtemps, nous recommencerions nos anciensdémêlés. Adieu, lords; et, quand je ne serai plus, dites que j'ai étéprophète: avant peu, la France sera perdue pour nous.

(Il sort.)

LE CARDINAL.--Voilà le protecteur qui nous quitte plein de rage. Voussavez qu'il est mon ennemi; je dirai plus, il est votre ennemi à tous,et je le crois fort peu ami du roi. Faites-y attention, milords, il estle plus proche du trône par le sang et l'héritier présomptif de lacouronne d'Angleterre. Quand Henri, par son mariage, aurait acquis unempire et toutes les riches monarchies de l'Occident, Glocester eûtencore eu des raisons pour en être mécontent. Prenez-y garde, milords;ne laissez pas séduire vos coeurs par ses paroles insidieuses: soyezprudents et circonspects; car bien qu'il ait la faveur du peuple, quil'appelle Humphroy, le bon duc de Glocester! frappe des mains et crieà haute voix: Que Jésus conserve Votre Altesse Royale! que Dieu gardele bon duc Humphroy! je crains, milords, qu'avec tout cet éclatflatteur il ne devienne un protecteur dangereux.

BUCKINGHAM.--Pourquoi serait-il le protecteur de notre souverain,maintenant d'âge à se gouverner par lui-même? Mon cousin de Somerset,joignez-vous à moi, et unissons-nous tous deux avec le duc de Suffolk,et nous aurons bientôt fait sauter de son poste le duc Humphroy.

LE CARDINAL.--Cette importante affaire ne souffrira point de délais: jeme rends à l'instant chez le duc de Suffolk.

(Il sort.)

SOMERSET.--Cousin de Buckingham, quoique l'orgueil d'Humphroy et l'éclatde sa place ne laissent pas de nous être pénibles, crois-moi,surveillons avec soin ce hautain cardinal: son insolence est plusinsupportable que ne le serait celle de tous les autres princes del'Angleterre. Si Glocester est renversé, c'est lui qui sera protecteur.

BUCKINGHAM.--Toi, Somerset, ou moi, nous devons l'être, en dépit du ducHumphroy et du cardinal.

(Sortent Buckingham et Somerset.)

SALISBURY.--L'orgueil s'est mis le premier en mouvement, l'ambition lesuit. Tandis qu'ils vont travailler pour leur fortune, il nous convientde travailler pour le pays. Je n'ai jamais vu Humphroy, duc deGlocester, se conduire autrement qu'il n'appartient à un dignegentilhomme; mais j'ai vu souvent cet orgueilleux cardinal, plussemblable à un soldat qu'à un homme d'église, et aussi fier, aussihautain que s'il eût été maître de tout, je l'ai vu blasphémer comme unbrigand, et se comporter d'une manière bien peu convenable au régulateurd'un empire. Warwick, mon fils, l'appui de ma vieillesse, tes actions,ta franchise, ton hospitalité, t'ont placé dans le coeur de la nationplus haut qu'aucun autre, si ce n'est le bon duc Humphroy. Et vous, monfrère York, vos soins en Irlande, pour soumettre ses habitants au jougrégulier des lois[4], et vos derniers exploits dans le coeur de laFrance, tandis que vous y exerciez la régence au nom de notre souverain,vous ont fait craindre et respecter des peuples. Unissons-nous ensemble,dans la vue du bien public, pour réprimer et contenir, autant qu'il noussera possible, l'orgueil de Suffolk et du cardinal, ainsi que l'ambitionde Somerset et de Buckingham; et soutenons de tout notre pouvoir lamarche du duc Humphroy, puisqu'elle tend à l'avantage du pays.

WARWICK.--Que Dieu seconde Warwick, comme il aime la patrie et le biengénéral de son pays!

YORK.--York en dit autant, car il a plus que personne sujet de ledésirer.

SALISBURY.--Ne perdons pas un instant; et voyons où ceci nous mène[5].

[Note 4: Le duc d'York avait épousé une soeur consanguine du comtede Salisbury. Il ne fut vice-roi d'Irlande que quelques années plustard, comme on le verra dans la suite de cette pièce.]

[Note 5: Look unto the main. Unto the main! O father, Maine islost. Look unto the main signifie: songeons au plus important. Il afallu passer à côté du sens littéral, pour conserver quelque chose dujeu de mots entre main et Maine, et de même dans la suite dudiscours de Warwick, où celui-ci dit avoir conquis le Maine, by mainforce (par une très-grande valeur, etc.)]

WARWICK.--Où ceci nous mène? ô mon père! le Maine est perdu, le Maineque Warwick avait conquis avec le courage qui le mène, et qu'il auraitgardé tant qu'il aurait eu un souffle de vie! Mon père, vous demandiezoù ceci nous mène, et moi, je ne parle que du Maine que je reprendraisur la France, ou j'y périrai.

(Sortent Salisbury et Warwick.)

YORK.--Le Maine et l'Anjou sont cédés aux Français! Paris est perdu; lesort de la Normandie ne tient plus qu'à un fil fragile: maintenant quenous avons perdu le reste, Suffolk a conclu ce traité, les pairs y ontaccédé, et Henri s'est trouvé satisfait d'échanger deux duchés contreles charmes de la fille d'un duc. Je ne saurais les en blâmer; car queleur importe? C'est de ton bien, York, qu'ils disposent, et non du leur.Des pirates peuvent faire bon marché de leur pillage, en acheter desamis, le prodiguer à des courtisanes, et se réjouir, comme de grandssoigneurs, jusqu'à ce que tout soit dissipé, tandis que l'impuissantpropriétaire de ces richesses les pleure, tord ses faibles mains, ettremblant, secouant la tête, demeure à regarder de loin ceux qui separtagent et emportent son bien, sans oser, dans la faim qui le presse,y porter sa main. Comme lui, il faut qu'York reste assis, enrageant etmordant ses lèvres, tandis que les pays qui lui appartiennent sontvendus à l'encan.--Il me semble que ces trois royaumes, d'Angleterre,de France, d'Irlande, sont à ma chair et à mon sang ce qu'était auprince de Calydon ce fatal tison d'Althée, qui en brûlant consumait soncoeur. L'Anjou et le Maine, tous deux abandonnés aux Français! tristesnouvelles pour moi, car j'espérais posséder la France, aussi bien queles champs fertiles de l'Angleterre. Un jour viendra où York pourraréclamer son bien. Dans cette vue, je veux m'associer au parti desNevil, et faire montre d'affection pour l'orgueilleux duc Humphroy; et,dès que je pourrai saisir l'occasion favorable, revendiquer la couronne;car c'est à ce but brillant que je vise. Et il ne sera pas dit quel'orgueilleux Lancastre usurpe mes droits, retienne le sceptre dans unemain d'enfant, et porte le diadème sur cette tête dont les inclinationsde prêtre conviennent mal à la couronne. Sois donc patient ettranquille, York, jusqu'à ce que l'occasion te favorise; épie le moment,et veille, pendant que les autres dorment, pour pénétrer dans lessecrets de l'État, jusqu'à ce que Henri, enivré de l'amour de cettenouvelle épouse, de cette reine si chèrement achetée par l'Angleterre,et Glocester et les pairs soient tombés dans la discorde. Alorsj'élèverai dans les airs la rose blanche comme le lait, et je lesparfumerai de sa douce odeur; je porterai sur mon étendard les armesd'York, pour lutter avec la maison de Lancastre; et je le forcerai bienà me céder la couronne, ce roi, dont les maximes scolastiques ont battunotre belle Angleterre. (Il sort.)

 SCÈNE II,  Toujours à Londres, un appartement dans le palais du duc de Glocester.

Entrent GLOCESTER ET LA DUCHESSE.

LA DUCHESSE.--Pourquoi mon seigneur semble-t-il ployer comme l'épi mûr,forcé de courber sa tête sous le poids des libéralités de Cérès?Pourquoi le grand duc Humphroy fronce-t-il le sourcil comme irrité àl'aspect du monde? Pourquoi tes yeux demeurent-ils attachés sur la terre