Henry V in French - William Shakespeare - E-Book

Henry V in French E-Book

William Shakespeare

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Beschreibung

Pièce d'histoire de Shakespeare, Henry V, en traduction française. Selon Wikipédia: "Henry V est une pièce d'histoire de William Shakespeare, dont on pense qu'elle a été écrite vers 1599. Ses titres complets sont The Cronicle History of Henri Quint (dans le texte du premier quarto) et The Life of Henry the Fifth (dans le premier texte du Folio) raconte l'histoire du roi Henry V d'Angleterre, en se concentrant sur les événements qui ont précédé et suivi la bataille d'Azincourt (1415) pendant la guerre de Cent Ans.

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HENRI V PAR WILLIAM SHAKESPEARE, TRADUCTION DE M. GUIZOT 

published by Samizdat Express, Orange, CT, USA

established in 1974, offering over 14,000 books

Other Shakespeare histories in French translation (by M. Guizot):

Le Roi Jean

La Vie Et La Mort Du Roi Richard II

Henri IV, Première Partie

Henri IV, Deuxième Partie

Henri VI Première Partie

Henri VI Seconde Partie

Henri VI Troisième Partie

La Vie Et La Mort Du Roi Richard III

Le Roi Henry VIII

feedback welcome: [email protected]

visit us at samizdat.com

Ce document est tiré de: OEUVRES COMPLÈTES DE SHAKSPEARE

NOUVELLE ÉDITION ENTIÈREMENT REVUE AVEC UNE ÉTUDE SUR SHAKSPEARE DES NOTICES SUR CHAQUE PIÈCE ET DES NOTES

PARIS A LA LIBRAIRIE ACADÉMIQUE DIDIER ET Ce, LIBRAIRES-ÉDITEURS 35, QUAI DES AUGUSTINS 1863

NOTICE SUR HENRI V

PERSONNAGES

LE CHOEUR.

ACTE PREMIER

SCÈNE I, Londres.--Antichambre dans le palais du roi.

SCÈNE II,  La salle d'audience.

ACTE DEUXIÈME

LE CHOEUR.

SCÈNE I,  Londres; East-Cheap.

SCÈNE II,  Southampton.--Chambre du conseil.

SCÈNE III,  Londres.--La maison de l'hôtesse Quickly, dans East-Cheap.

SCÈNE IV,  France.--Appartement dans le palais du roi de France.

ACTE TROISIÈME

LE CHOEUR.

SCÈNE I, Harfleur assiégé.--Bruit de combat.

SCÈNE II,  Les troupes défilent.

SCÈNE III, LE GOUVERNEUR et quelques citoyens sont sur les remparts; au bas sont les troupes anglaises. LE ROI HENRI entre avec sa suite.

SCÈNE IV, Rouen.--Appartement du palais.

SCÈNE V,  Autre salle du même palais.

SCÈNE VI,  Le camp anglais en Picardie.

SCÈNE VII,  Le camp français, à Azincourt.

ACTE QUATRIÈME

LE CHOEUR.

SCÈNE I,  France.--Corps de garde anglais.

SCÈNE II,  Troyes en Champagne.--Appartement dans le palais du roi de France.

NOTICE SUR HENRI V

 C'est à tort que la plupart des critiques ont regardé Henri V comme l'un des plus faibles ouvrages de Shakspeare. Le cinquième acte, il est vrai, est vide et froid, et les conversations qui le remplissent ont aussi peu de mérite poétique que d'intérêt dramatique. Mais la marche des quatre premiers actes est simple, rapide, animée; les événements de l'histoire, plans de gouvernement ou de conquête, complots, négociations, guerres, s'y transforment sans effort en scènes de théâtre pleines de vie et d'effet; si les caractères sont peu développés, ils sont bien dessinés et bien soutenus; et le double génie de Shakspeare, moraliste profond et poëte brillant, même dans les formes pénibles et bizarres qu'il donne à sa pensée et à son imagination, y conserve son abondance et son éclat.

On rencontre aussi, dans les paroles du choeur qui remplit les entr'actes, des preuves remarquables du bon sens de Shakspeare et de l'instinct qui lui faisait sentir les inconvénients de son système dramatique: «Permettez, dit-il aux spectateurs dès le début de la pièce, que nous fassions travailler la force de votre imagination.... C'est à votre pensée à créer en ce moment nos rois pour les transporter d'un lieu à l'autre, franchissant les temps et resserrant les événements de plusieurs années dans l'espace d'une heure.» Et ailleurs: «Accordez-nous votre patience et pardonnez l'abus du changement de lieu auquel nous sommes réduits pour resserrer la pièce dans son cadre.»

La partie populaire et comique du drame, bien que la verve originale de Falstaff n'y soit plus, offre des scènes d'une gaieté parfaitement naturelle, et le Gallois Fluellen est un modèle de ce bavardage militaire sérieux, naïf, intarissable, inattendu et moqueur, qui excite en même temps le rire et la sympathie.

 PERSONNAGES

LE ROI HENRI V.

LE DUC DE GLOCESTER, } frères

LE DUC DE BEDFORD,   } du roi.

LE DUC D'EXETER, oncle du roi.

LE DUC D'YORK.

LE COMTE DE SALISBURY.

LE COMTE DE WESTMORELAND.

LE COMTE DE WARWICK.

L'ARCHEVÊQUE DE CANTORBÉRY

L'ÉVÊQUE D'ELY.

LE COMTE DE CAMBRIDGE, } conspirateurs

LE LORD SCROOP,        } contre le roi.

SIR THOMAS GREY,       }

SIR THOMAS ERPINGHAM,  }

GOWER,                 } officiers de

FLUELLEN,              } l'armée du roi

MACMORRIS,             }

JAMY,                  }

BATES, COURT, WILLIAMS, soldats anglais.

PISTOL, NYM, BARDOLPH, anciens serviteurs de Falstaff, et aujourd'hui soldats.

CHARLES VI, roi de France.

LOUIS, dauphin.

LE DUC DE BOURGOGNE,

LE DUC D'ORLÉANS,

LE DUC DE BOURBON,

LE CONNETABLE,

RAMBURES,  } seigneurs

GRAND PRÉ, } français.

LE GOUVERNEUR d'Harfleur.

MONTJOIE, héraut d'armes français.

AMBASSADEURS députés vers le roi d'Angleterre.

ISABELLE, reine de France.

CATHERINE, fille de Charles et d'Isabelle.

ALIX, dame française de la suite de la princesse Catherine.

QUICKLY, épouse de Pistol, aubergiste.

CHOEUR.

Lords, courriers, soldats français, anglais, etc.

La scène, au commencement de la pièce, est en Angleterre, ensuite toujours en France.

 LE CHOEUR.

Oh! si j'avais une muse de feu qui pût s'élever jusqu'au ciel le plus brillant de l'invention! un royaume pour théâtre, des princes pour acteurs, et des monarques pour spectateurs de cette sublime scène, c'est alors qu'on verrait le belliqueux Henri, sous ses traits naturels, avec la majesté du dieu Mars, menant en laisse, comme des limiers, la famine, la guerre et l'incendie qui ramperaient à ses pieds, pour demander de l'emploi. Mais, pardonnez, indulgente assemblée; pardonnez à l'impuissance du talent, qui a osé, sur ces planches indignes, exposer à la vue un objet si grand. Cette arène à combats de coqs peut-elle contenir les vastes plaines de la France? pouvons-nous entasser dans cet O[1] de bois tous les milliers de casques qui épouvantèrent le ciel d'Azincourt? Pardonnez, si un chiffre si minime doit représenter ici, sur un petit espace, un million. Permettez que, remplissant l'office des zéros dans cet énorme calcul, nous fassions travailler la force de votre imagination. Supposez qu'en ce moment, dans l'enceinte de ces murs, sont enfermées deux puissantes monarchies, dont les fronts levés et menaçants, l'un contre l'autre opposés, ne sont séparés que par l'Océan, étroit et périlleux: réparez par vos pensées toutes nos imperfections: divisez un homme en mille parties; et voyez en lui une armée imaginaire: figurez-vous, lorsque nous parlons des coursiers, que vous les voyez imprimer leurs pieds superbes sur le sein foulé de la terre. C'est à votre pensée à orner en ce moment nos rois; qu'elle les transporte d'un lieu dans un autre, qu'elle franchisse les barrières du temps, et resserre les événements de plusieurs années dans la durée d'une heure. Pour suppléer aux lacunes, souffrez qu'un choeur complète les récits de cette histoire: c'est lui qui, dans cet instant, tenant la place du prologue, implore votre attention patiente, et vous prie d'écouter et de juger la pièce avec indulgence.

[Note 1: O, lettre de l'alphabet. Allusion à la forme circulaire de cette lettre.]

ACTE PREMIER

 SCÈNE I, Londres.--Antichambre dans le palais du roi.

Entrent L'ARCHEVÊQUE DE CANTORBÉRY, L'ÉVÊQUE D'ÉLY.

 CANTORBÉRY.--Milord, je puis vous dire qu'on presse vivement la signature de ce même bill, qui aurait suivant toute apparence, et même infailliblement passé contre nous, la onzième année du règne du feu roi, si l'agitation de ces temps de trouble n'en avait interrompu l'examen.

ÉLY.--Mais, milord, quel obstacle lui opposerons-nous aujourd'hui?

CANTORBÉRY.--C'est à quoi il faut réfléchir. Si ce bill passe contre nous, nous perdons la plus belle moitié de nos domaines: car toutes les terres laïques, que la piété des mourants a données par testament à l'Église, nous seront enlevées. Voici la taxe: d'abord une somme suffisante pour entretenir, à l'honneur du roi, jusqu'à quinze comtes, quinze cents chevaliers et six mille deux cents bons gentilshommes; ensuite, pour le soulagement des pestiférés et des pauvres vieillards infirmes et languissants, dont le grand âge et le corps se refusent aux travaux, cent hôpitaux bien pourvus, bien entretenus; et de plus encore, pour les coffres du roi, mille livres sterling par an: telle est la teneur du bill.

ÉLY.--Ce serait presque épuiser la caisse.

CANTORBÉRY.--Ce serait la mettre à sec.

ÉLY.--Mais quel moyen de l'empêcher?

CANTORBÉRY.--Le roi est généreux et plein d'égards.

ÉLY.--Et ami sincère de la sainte Église.

CANTORBÉRY.--Ce n'était pas là ce que promettaient les écarts de sa jeunesse. Le dernier souffle de la vie n'a pas plutôt abandonné le corps de son père, que sa folie, mortifiée en lui, sembla expirer aussi: oui, au même moment, la raison, comme un ange descendu du ciel, vint et chassa de son sein le coupable Adam. Son âme épurée redevint un paradis, où rentrèrent les esprits célestes. Jamais jeune homme ne devint sitôt homme fait; jamais la réforme ne vint d'un cours plus soudain balayer tous les défauts: jamais le vice, cette hydre aux têtes renaissantes, ne perdit si promptement et son trône et tout à la fois.

ÉLY.--Ce changement est béni pour nous.

CANTORBÉRY.--Entendez-le raisonner en théologie, et tout rempli d'admiration, vous souhaiterez en vous-même, que le roi fût un prélat: écoutez-le discuter les affaires de l'Etat, et vous direz qu'il en a fait sa seule étude: s'il parle guerre, vous croyez assister à une bataille, mise pour vous en musique; mettez-le sur tous les problèmes de la politique, il vous en dénouera le noeud gordien, aussi facilement que sa jarretière; aussi, lorsqu'il parle, l'air, contenu dans sa licence, reste calme, et l'admiration muette veille dans l'oreille de ses auditeurs pour saisir les maximes qui sortent de sa bouche, aussi douces que le miel. Il paraît impossible que l'exercice et la pratique n'aient pas servi de maîtres à sa théorie profonde; et ce qui est merveilleux, c'est comment Son Altesse a pu recueillir cette ample moisson, lui dont la jeunesse était livrée à toutes les vaines folies; lui dont les associés étaient illettrés, grossiers et frivoles; lui dont les heures étaient remplies par les festins, par les jeux et la débauche; lui que jamais on n'a vu appliqué à aucune étude; jamais seul dans la retraite, jamais loin du bruit et de la foule.

ÉLY.--La fraise croît sous l'ombre de l'ortie, et c'est dans le voisinage des fruits les plus communs que les plantes salutaires s'élèvent et mûrissent le mieux; ainsi le prince a caché sa raison sous le voile de la dissipation; c'est ainsi qu'elle a crû, n'en doutez pas, comme le gazon d'été, dont les progrès sont plus rapides la nuit, quoique invisibles.

CANTORBÉRY.--Il faut bien que cela soit; car les miracles ont cessé, et nous sommes obligés de croire aux moyens qui amènent les choses à la perfection.

ÉLY.--Mais, mon bon lord, quel moyen de mitiger ce bill que sollicitent les communes? Sa Majesté penche-t-elle pour ou contre?

CANTORBÉRY.--Le roi paraît indifférent, ou plutôt il semble incliner beaucoup plus de notre côté, que favoriser le parti qui le propose contre nous; car j'ai fait une offre à Sa Majesté, au sujet de la convocation de notre assemblée ecclésiastique, et par rapport aux objets dont on s'occupe actuellement, qui concernent la France, de lui donner une somme plus forte que n'en a jamais accordé le clergé à aucun de ses prédécesseurs.

ÉLY.--Et de quel air a-t-il paru recevoir cette offre?

CANTORBÉRY.--Le roi l'a favorablement accueillie; mais le temps a manqué pour entendre (comme je me suis aperçu que Sa Majesté l'aurait désiré) la filiation claire et suivie de ses titres divers et légitimes à certains duchés, et généralement à la couronne et au trône de France, en remontant à Édouard, son bisaïeul.

ÉLY.--Et quelle cause a donc interrompu cette discussion?

CANTORBÉRY.--A cet instant même, l'ambassadeur de France a demandé audience; et l'heure où on doit l'entendre est, je pense, arrivée. Est-il quatre heures?

ÉLY.--Oui.

CANTORBÉRY.--Entrons donc pour connaître le sujet de son ambassade, que je pourrais, je crois, par une conjecture certaine, déclarer avant même que le Français ait ouvert la bouche.

ÉLY.--Je veux vous suivre, et je suis impatient de l'entendre.

(Ils sortent.)

 SCÈNE II,  La salle d'audience.

Entrent LE ROI HENRI, GLOCESTER, BEDFORD, WARWICK, WESTMORELAND, EXETER, et suite.

LE ROI.--Où est mon respectable prélat de Cantorbéry?

EXETER.--Il n'est pas ici.

LE ROI, à Exeter.--Cher oncle, envoyez-le chercher.

WESTMORELAND.--Mon souverain, ferons-nous entrer l'ambassadeur?

LE ROI.--Pas encore, mon cousin. Avant de l'entendre, nous voudrions être décidé sur quelques points importants, qui nous préoccupent, par rapport à nous et à la France.

(Entrent l'archevêque de Cantorbéry et l'évêque d'Ély.)

CANTORBÉRY.--Que Dieu et ses anges gardent votre trône sacré, et qu'ils vous accordent d'en être longtemps l'ornement!

LE ROI.--Nous vous remercions sincèrement, savant prélat; nous vous prions de vous expliquer; développez avec une justice exacte et religieuse pourquoi la loi salique, qu'ils ont en France, doit ou ne doit pas être un empêchement à nos prétentions: et à Dieu ne plaise, mon cher et fidèle seigneur, que vous apprêtiez ou torturiez votre raison. A Dieu ne plaise que vous chargiez sciemment votre conscience de subtils et coupables sophismes, pour nous présenter des titres spécieux, mais illégitimes, dont la vérité désavouerait les fausses couleurs; car Dieu sait combien de milliers d'hommes, aujourd'hui pleins de vie, verseront leur sang pour soutenir le parti auquel Votre Révérence va nous exciter: ainsi, songez bien comment vous engagerez notre personne, et par quels droits vous réveillez le glaive endormi de la guerre. Nous vous en sommons au nom de Dieu: réfléchissez-y bien; car jamais deux pareils royaumes n'ont lutté ensemble, que le sang n'ait coulé à grands flots; chaque goutte est une malédiction, et implore vengeance contre l'homme, dont l'injustice affile l'épée qui exerce de tels ravages sur la courte vie des mortels. Maintenant que je vous ai adressé cette recommandation, parlez, milord; nous allons vous écouter, et croire dans notre coeur que tout ce que vous nous direz sera aussi pur dans votre conscience que l'est le péché après avoir reçu le baptême.

CANTORBÉRY.--Daignez donc m'écouter, gracieux souverain.--Et vous aussi, pairs, qui devez votre vie, votre foi et vos services à ce trône impérial.--Il n'est d'autre obstacle aux droits de Votre Majesté sur la France, que ce principe qu'ils font venir de Pharamond: In terram salicam mulieres ne succedant, «Nulle femme ne succédera en terre salique.» Et cette terre salique, les Français, par un commentaire infidèle, prétendent que c'est le royaume de France, et donnent Pharamond pour le fondateur de cette loi qui exclut les femmes. Et cependant leurs propres historiens affirment, de bonne foi, que la terre salique est dans la Germanie, entre les fleuves de Sala et de l'Elbe, où Charles le Grand, après avoir subjugué les Saxons, laissa derrière lui, et établit un certain nombre de Français, qui par dédain pour les femmes germaines, dont quelques taches honteuses souillaient la vie et les moeurs, y établirent cette loi: Que nulle femme ne serait héritière en terre salique, et cette terre salique, comme je l'ai dit, est située entre l'Elbe et la Sala, et s'appelle aujourd'hui, en Allemagne, Meisen. Il est donc manifeste que la loi salique n'a pas été établie pour le royaume de France; et les Français n'ont possédé la terre salique que quatre cent vingt-un ans après le décès du roi Pharamond, vainement supposé l'auteur de cette loi. Pharamond décéda l'année de notre rédemption quatre cent vingt-six, et Charles le Grand dompta les Saxons, et établit les Français au delà de la rivière de Sala, dans l'année huit cent cinq. De plus, leurs auteurs disent que le roi Pépin, qui déposa Childéric, fit valoir ses prétentions et son titre à la couronne de France, comme héritier légitime, étant descendu de Bathilde, qui était fille du roi Clotaire. Hugues Capet aussi, qui usurpa la couronne de Charles, duc de Lorraine, seul héritier mâle de la vraie ligne et souche de Charles le Grand, pour colorer son titre de quelque apparence de vérité (quoique dans la vérité il fût faux et nul), se porta pour héritier de dame Lingare, fille de Charlemagne, qui était fils de Louis, empereur, et Louis était fils de Charles le Grand. Aussi le roi Louis X, qui était l'unique héritier de l'usurpateur Capet, ne put porter la couronne de France et rester en paix avec sa conscience, jusqu'à ce qu'on lui eût prouvé que la belle reine Isabelle, son aïeule, descendait en ligne directe de dame Ermengare, fille du susdit Charles, duc de Lorraine; par lequel mariage, la ligne de Charles le Grand avait été réunie à la couronne de France: en sorte qu'il est clair, comme le soleil d'été, que le titre du roi Pépin, et la prétention de Hugues Capet, et l'éclaircissement qui tranquillisa la conscience de Louis, tirent tous leur droit et leur titre des femmes, malgré cette loi salique qu'ils opposent aux justes prétentions que Votre Majesté tient du chef des femmes; et ils aiment mieux se cacher dans un réseau, que d'exposer à la vue leurs titres faux, usurpés sur vos ancêtres et sur vous.

LE ROI.--Puis-je, en conscience et en droit, hasarder cette revendication?

CANTORBÉRY.--Que le crime en retombe sur ma tête, auguste souverain! Il est écrit dans le livre des Nombres: Quand le fils meurt, que l'héritage alors descende à la fille. Mon digne prince, soutenez vos droits: déployez votre étendard sanglant: tournez vos regards sur vos illustres ancêtres: allez, mon souverain, allez à la tombe de votre fameux aïeul, de qui vous tenez vos droits, invoquez son âme guerrière, et celle de votre grand-oncle Édouard, le Prince Noir, qui donna une sanglante tragédie sur les champs français, et défit toutes leurs forces, tandis que son auguste père, debout sur une colline, souriait de voir son lionceau se baigner dans le sang de la noblesse française. O vaillants Anglais, qui pouvaient, avec la moitié de leurs forces, faire face à toute la puissance de la France; tandis qu'une moitié de l'armée contemplait l'autre en souriant, avec tout le calme d'un spectateur tranquille et étranger à l'action!

ÉLY.--Réveillez le souvenir de ces morts fameux, et que votre bras puissant renouvelle leurs faits d'armes. Vous êtes leur héritier; vous êtes assis sur leur trône; le courage et le sang, qui les a rendus immortels, coule dans vos veines, et mon trois fois redoutable souverain est, dans le printemps de sa jeunesse, mûr pour les exploits de ces vastes entreprises.

EXETER.--Vos frères, les rois et les monarques de la terre, attendent tous que vous vous leviez dans votre force, comme ont fait, avant vous, ces lions issus de votre race.

WESTMORELAND.--Ils savent que Votre Majesté a, tout à la fois, une cause juste, les moyens et la puissance; et rien n'est plus vrai: jamais roi d'Angleterre n'eut une noblesse plus opulente, et des sujets plus dévoués; et leurs coeurs, laissant pour ainsi dire les corps en Angleterre, ont déjà passé les mers, et sont campés dans les plaines de France.

CANTORBÉRY.--O que leurs corps, mon souverain chéri, aillent joindre leurs coeurs, avec le fer et le feu, pour reconquérir vos droits! Pour vous aider dans cette entreprise, nous promettons de lever sur le clergé, et de fournir à Votre Majesté, un puissant subside, tel que jamais l'Église n'en a encore apporté à aucun de vos ancêtres.

LE ROI.--Il ne suffit pas que nous armions pour envahir la France: il faut aussi prendre nos mesures, pour défendre le royaume contre l'Écossais, qui viendra fondre sur nous avec toutes sortes d'avantages.

CANTORBÉRY.--Les habitants des frontières, mon souverain, seront un rempart suffisant pour défendre l'intérieur de l'État contre les incursions de ces pillards.