Histoire d'une mère - Ligaran - E-Book

Histoire d'une mère E-Book

Ligaran

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Extrait : "Une mère était assise auprès de son jeune enfant ; le chagrin se peignait sur son visage, elle pensait que peut-être il allait mourir. En effet, l'enfant était pâle, ses petits yeux se fermaient, sa respiration était faible, et quelquefois traînante comme un gémissement. La mère contemplait cette pauvre créature avec des regards pleins de tristesse."

À PROPOS DES ÉDITIONS Ligaran

Les éditions Ligaran proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes.

Ligaran propose des grands classiques dans les domaines suivants :

• Livres rares
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• Livres d'Histoire
• Poésies
• Première guerre mondiale
• Jeunesse
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EAN : 9782335094770

©Ligaran 2015

Histoire d’une mère

Une mère était assise auprès de son jeune enfant ; le chagrin se peignait sur son visage, elle pensait que peut-être il allait mourir. En effet, l’enfant était pâle, ses petits yeux se fermaient, sa respiration était faible, et quelquefois traînante comme un gémissement. La mère contemplait cette pauvre créature avec des regards pleins de tristesse.

En ce moment on frappa à la porte, et un pauvre homme âgé s’y présenta, enveloppé dans une sorte de houppelande fourrée, car il était glacé par le froid. L’hiver était rigoureux, la campagne couverte de neige ; le vent soufflait à couper le visage aux voyageurs.

Voyant ce vieillard qui tremblait de froid, la mère profita d’un moment où l’enfant reposait, pour verser de la bière dans un petit pot qu’elle offrit à son hôte, en l’invitant à se réchauffer à son foyer. Le vieillard était assis et berçait l’enfant ; la mère se plaça tout près de lui, sur un siège, observant son enfant qui respirait péniblement et agitait ses petites mains.

« Ne croyez-vous pas, comme moi, qu’il se rétablira, demanda-t-elle, et que le bon Dieu ne me le prendra pas ? »

Et le vieillard, qui n’était autre que la Mort, fit un signe de tête tellement équivoque qu’on pouvait le prendre également pour un oui et pour un non.

Alors la mère baissa les yeux, et des larmes baignèrent de nouveau son visage. Sa tête s’appesantit (car pendant trois jours et trois nuits elle n’avait pas fermé les paupières) ; elle s’endormit un moment ; puis bientôt elle se leva tremblante de froid.

« Qu’est-ce ? » s’écrie-t-elle. Et elle regarde de tous côtés. Mais le vieillard et le petit enfant n’étaient plus là ; ce dernier avait été emporté par l’autre. En même temps, le balancier de l’horloge cessait de faire entendre son mouvement, et l’horloge s’arrêtait.

La pauvre mère s’enfuit de la maison, appelant à grands cris son enfant. Elle rencontra dehors une femme assise et en deuil. Cette femme lui dit : « C’est la Mort qui quitte ta maison, je l’en ai vue sortir avec ton petit enfant ; elle va plus vite que le vent, et ne rend jamais ce qu’elle a pris.

– Dites-moi seulement quelle route elle suit ! s’écria la mère ; montrez-moi la route, et je retrouverai mon enfant !

– Je la connais, répondit la femme en deuil ; mais avant que je te la dise, tu me répéteras toutes les chansons que tu chantais à ton enfant. Je t’aime, je t’ai déjà entendue ; je suis la Nuit, et j’ai vu tes larmes pendant que tu chantais.

– Je te les chanterai toutes, toutes sans exception, dit la mère ; mais ne me retiens pas, pour que je puisse atteindre mon enfant, pour que je puisse le reprendre. »

La Nuit restait muette et silencieuse. La mère, tout en se tordant les mains, chanta ; mais son chant était rempli de pleurs.

« Maintenant, dit la Nuit, va-t’en à droite, dans cette sombre forêt de sapins ; c’est là que j’ai vu la Mort se diriger avec ton enfant. »

Au milieu de la forêt deux chemins se croisaient, et la mère ne savait plus de quel côté aller. Il y avait là un buisson d’épines dégarni de feuilles et de fleurs ; ses branches étaient couvertes de frimas, car le temps était glacial.

« N’as-tu pas vu la Mort passer avec mon enfant ? lui demanda la mère.

– Oui, répondit le buisson ; mais je ne te dirai pas quelle route elle a suivie avant que tu ne m’aies réchauffé sur ton cœur ; je grelotte, et j’ai peur de geler. »

Et elle pressa le buisson contre sa poitrine, pour le réchauffer, avec tant de force que les épines entrèrent profondément dans sa chair, et que son sang coula à grosses gouttes. Aussitôt on vit le buisson pousser des feuilles fraîches et vertes, malgré la rigueur de l’hiver ; tant il y avait de chaleur dans le cœur de cette mère désolée. Le buisson lui indiqua alors la route qu’elle avait à suivre.

Elle arriva sur les bords d’un lac, où il ne se trouvait pas une seule barque ; et d’un autre côté la glace de ce lac n’était pas assez solide pour pouvoir la porter. Le lac avait, en outre, trop de profondeur pour qu’elle pût le passer à gué. Obligée cependant de le traverser pour retrouver son enfant, elle se baissa comme pour en boire toutes les eaux : tâche impraticable ; mais elle ne semblait pas telle à une mère désolée, qui ne croyait pas que rien fût impossible.

« Non, cela ne se peut pas, dit le lac ; voyons plutôt à nous arranger. J’aime à recueillir des perles, et tes deux yeux sont les plus purs que j’aie jamais vus ; si tu veux qu’ils se fondent dans tes larmes, ce seront autant de perles que je recevrai, et je te transporterai dans une grande serre chaude où demeure la Mort, et où elle cultive des fleurs et des arbres, dont chacun représente une vie humaine.

– Oh ! que ne donnerais-je pas pour arriver à mon enfant ! » dit la mère éplorée.

Là-dessus elle recommença à pleurer si fort, que ses yeux tombèrent au fond du lac et devinrent deux magnifiques perles. Le lac alors la souleva comme si elle s’était posée sur une bascule, et elle gagna l’autre rive. Là se trouvait un immense édifice. Étaient-ce des montagnes, des forêts ou des abîmes ? c’est ce que la pauvre mère ne pouvait distinguer, elle dont les yeux s’étaient noyés dans ses pleurs.

« Où trouverai-je donc la Mort, qui est partie avec mon petit enfant ? » demanda-t-elle à la vieille femme du fossoyeur, chargée de veiller sur la grande serre chaude de la Mort.

« Elle n’est pas encore arrivée ici, répondit la vieille femme. Mais comment as-tu pu trouver ce lieu, et qui t’y a aidé ?

– Le bon Dieu est venu à mon secours, répliqua la mère ; il est miséricordieux, et tu le seras aussi. Où puis-je retrouver mon enfant ?

– Je n’en sais rien, dit la femme du fossoyeur, et tu ne peux pas le voir. Beaucoup de fleurs et beaucoup d’arbres ont séché pendant la nuit ; la Mort ne tardera pas à venir pour les transplanter. Tu sais que chaque homme a sa fleur et son arbre aussitôt qu’il vient au monde ; sous la forme de végétaux, ces fleurs et ces arbres sentent battre en eux le cœur des humains qu’ils représentent. Tiens-toi là ; peut-être reconnaîtras-tu le battement du cœur de ton enfant. Mais que me donneras-tu si je te dis ce que tu as encore à faire ?

– Je n’ai plus rien à donner, répondit la mère ; mais j’irai pour toi jusqu’au bout du monde.