Histoire de l'Italie - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Histoire de l'Italie E-Book

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Péninsule méditerranéenne, fortement ancrée au monde alpin, l'Italie est un pont naturel entre l'Orient et l'Occident, et participe au destin de ces deux mondes. Seule région occidentale vraiment marquée par les civilisations méditerranéennes antiques, elle a continué au haut Moyen Âge à transmettre à ses voisins les impulsions venues d'Orient...

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Veröffentlichungsjahr: 2015

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ISBN : 9782852297463

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

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Histoire de l’Italie

Introduction

Péninsule méditerranéenne, fortement ancrée au monde alpin, l’Italie est un pont naturel entre l’Orient et l’Occident, et participe au destin de ces deux mondes. Seule région occidentale vraiment marquée par les civilisations méditerranéennes antiques, elle a continué au haut Moyen Âge à transmettre à ses voisins les impulsions venues d’Orient, avant de conquérir à son avantage des postes avancés en Méditerranée orientale. Ce courant ininterrompu qu’elle reçoit, puis suscite, la maintient longtemps dans l’orbite des empires byzantin et musulman, dont la domination s’étend, plusieurs siècles durant, sur certaines de ses régions ; il la place au premier rang des pays d’Occident, lors du renouveau économique des Xe et XIe siècles. Établissant des comptoirs dans toute l’Europe et la Méditerranée, gagnant les extrémités du monde connu, les Italiens, par leur richesse et leurs techniques avancées, dominent l’économie du bas Moyen Âge.

Italie : drapeau. Italie (1796 ; version actuelle 1946). On trouve l'origine des couleurs de ce drapeau dans l'uniforme de la milice urbaine de Milan, surnommée « les petits navets » du fait de son costume blanc et vert agrémenté d'accessoires rouges. En 1796, la nouvelle Garde nationale républicaine établie par les Français adopte un étendard rayé verticalement de vert, blanc et rouge. La République cisalpine fondée l'année suivante modifie la disposition des bandes qu'elle arrange à l'horizontale (le blason qui s'inscrivait au centre avait été dessiné par Napoléon en personne). Cet emblème connaît encore de nombreuses transformations au cours d'un XIXe siècle mouvementé. Peu après 1870, c'est le drapeau à bandes verticales, symbole de liberté et d'unification, qui est adopté comme emblème national. Une circulaire de 17 janvier 2003 précise les couleurs de confection.N.B. Ce n'est que depuis 1954 que le tricolore vert-blanc-rouge est à la fois drapeau civil et drapeau d'État.

Mais la multiplicité des grands centres urbains qui deviennent des communes autonomes, embryons de futures principautés, les souvenirs antiques imprégnant une idéologie impériale plusieurs fois rénovée, la présence enfin du Saint-Siège, puissance spirituelle et temporelle à la fois, empêchent l’Italie de rester politiquement unie. L’histoire de l’Italie revient, en fait, à l’histoire, multiple, des Italiens. Seul le Sud, plus profondément orientalisé, garde une cohésion politique, qui, à la fin du Moyen Âge, se perpétue sous des dominations étrangères. Exploité par les Toscans et les Vénitiens, il est ravalé au rang de pays colonial, et le restera longtemps.

Michel BALARD

Jean-Marie MARTIN

Il faudra attendre 1870 pour que soit achevée la construction de l’unité nationale. Du XVIe au XIXe siècle, la péninsule demeure à l’écart des grands États européens. Son sol et son climat ne sont pas favorables aux spéculations industrielles ; la prépondérance atlantique la met en marge des grands courants économiques ; la précocité du phénomène urbain la prédispose au « campanilisme » et à l’émiettement politique. Elle demeure adonnée à une civilisation de qualité, et non de masse, et elle subit, par cycles successifs, l’hégémonie des puissances qui imposent leur prépondérance à l’Europe : la France des Valois, jusqu’au milieu du XVIe siècle, puis l’Espagne, jusqu’à l’aube du XVIIIe siècle ; l’Autriche enfin, jusqu’en 1796. L’ère des Lumières façonne des élites qui adhèrent au despotisme éclairé, puis acceptent les innovations de la « grande nation » française du Directoire et de l’Empire. L’insertion de l’Italie dans le système napoléonien lui apporte les grandes acquisitions de la Révolution de 1789 et, à travers une réorganisation territoriale dictée par Paris, elle permet une première expérience de vie commune ; elle enracine la conscience, puis la revendication de la nationalité. La Restauration de 1815 ramène l’Ancien Régime, mais l’action de la génération du Risorgimento érode lentement l’absolutisme. La politique romantique des complots et des révolutions, de 1821 à 1848, l’idéalisme de Mazzini le cèdent au réalisme de la bourgeoisie modérée, au juste milieu libéral, au dynamisme économique. Le Piémont de Cavour incarne l’espérance des Italiens. Il trouve, contre l’Autriche, pour « diplomatiser la Révolution », le concours militaire de Napoléon III. Mais le chemin est malaisé, de la proclamation du royaume d’Italie, en 1861, à la « Rome capitale », de 1870. Le premier demi-siècle de la monarchie unitaire dissimule mal le retard des structures socio-économiques, la pauvreté des masses, la coupure entre le Nord et le Midi. L’Italie connaît une succession de crises aiguës et de vastes ambitions. Son désir d’être une grande puissance n’est pas à la mesure de ses moyens. La faveur des foules va des empiristes, héritiers de Cavour, comme Depretis ou Giolitti, aux condottieri providentiels : Garibaldi, Crispi, Mussolini. Éveillé tardivement, après 1898, à la révolution industrielle, le jeune royaume, au sortir de la « belle époque giolittienne », est confronté à l’épreuve de la Grande Guerre, engagée contre le vœu profond du pays. Les désillusions de la « victoire mutilée » font éclater les déficiences de l’État libéral, puis entraînent son abdication devant la dictature montante. Le ventennio fasciste (1925-1945) voit, après les succès de Mussolini, jusqu’en 1936, la « germanisation » croissante du régime et sa subordination à l’Allemagne de Hitler. Précipitée dans la Seconde Guerre mondiale, l’Italie en sort vaincue, ruinée et reprend le chemin difficile d’un nouveau Risorgimento.

Paul GUICHONNET

1. L’Italie primitive

L’Italie antique est assez mal connue. La grandeur de Rome a effacé son histoire, négligée par la plupart des historiens anciens. Rome a pourtant fondé son empire sur la conquête préalable et l’assimilation de la péninsule. Sa civilisation doit en outre beaucoup aux habitants du Latium, aux Étrusques et aux villes grecques du Sud. À partir du moment où s’achève la conquête, vers 270, une période nouvelle commence : les « alliés » italiens de Rome, avant même leur complète intégration au temps de César, partagent désormais la destinée de leur capitale.

• Peuples et langues

Deux théories, longtemps intangibles, sont aujourd’hui abandonnées : d’une part, la correspondance étroite entre peuple et culture n’apparaît plus comme nécessaire ; on rejette, d’autre part, les excès de l’« invasionnisme », qui veut que l’Italie ait été peuplée et civilisée par des vagues successives d’envahisseurs submergeant tour à tour de vastes territoires : terramaricoles, Italiotes, Illyriens, Étrusques et Celtes. Les spécialistes (P. De Francisci, M. Pallottino, J. Heurgon) préfèrent les solutions nuancées : dans la plupart des cas, les diverses cultures ne résulteraient pas de la mise en place brutale de groupes ethniques stables dès l’origine, mais se seraient peu à peu élaborées durant des siècles d’obscure gestation et de contacts pacifiques.

Les peuples classiques de l’Italie sont les Latins de la plaine de l’Italie centrale, entre le Tibre et les monts Albains ; les Étrusques entre le Tibre, l’Arno et la côte tyrrhénienne, qui occupèrent aussi la plaine du Pô, peuplée de Celtes gaulois ; les Ombriens de l’est du Tibre ; dans l’Apennin, les populations « sabelliennes » ou s’y rattachant, les Sabins, les Samnites, les Marses, les Volsques, les Osques et, plus au sud, les Lucaniens et les Bruttiens ; le long de la mer Adriatique, à l’extrême nord, les Vénètes, puis les Picéniens, les Apuliens, les Iapyges et les Messapiens, proches de certains peuples de l’Illyrie.

À quelques exceptions près (l’étrusque, notamment), les langues de l’Italie sont indo-européennes, d’où le problème de l’origine de son peuplement. La conception classique expliquait la parenté des langues italiques par l’existence du fonds commun primitif indo-européen. Les travaux de G. Devoto et de ses élèves insistent sur la différenciation progressive de deux groupes linguistiques, le latino-falisque et l’oscoombrien, ce dernier plus proche du grec et dont les « latinismes » proviendraient moins d’une parenté que d’un voisinage prolongé.

• Civilisations

Le matériel archéologique permet de déceler plusieurs civilisations, sans que les peuples qui en sont porteurs puissent être identifiés avec ceux dont la tradition historique nous a transmis les noms. Au IIe millénaire, on distingue les palafittes incinérants de Lombardie et Vénétie, les terramaricoles, dont on est amené à réduire le rôle, une civilisation « apenninique » largement répandue dans les montagnes et les régions voisines, et la civilisation des « champs d’urnes », attestée à travers toute la péninsule, entre 1200 et 1000 avant J.-C. environ, parfois nettement plus tard, car on ne saurait parler nulle part d’un développement strictement linéaire.

Les Villanoviens (de Villanova, près de Bologne) caractérisent le premier âge du fer, avec leurs tombes à incinération (urnes biconiques) et leurs situles décorées de frises superposées. Leur expansion fut considérable entre 950 et 500 environ. En Italie du Sud, leur civilisation se mêle à la Fossakultur (inhumation dans des tombes à fosse), parfois très riche, comme en Campanie. Dans la région intermédiaire (Campagne romaine, monts Albains, Forum et Palatin de Rome même), on reconnaît une civilisation « latiale » composite, dont les urnes-cabanes sont la marque distinctive.

2. L’Italie archaïque

À partir du VIIIe siècle, la péninsule, jusqu’alors assez isolée, s’ouvre à des influences nouvelles, venues de la mer et d’Orient. Auparavant, certes, les régions méridionales, mais plutôt la Sicile et les îles Éoliennes, avaient connu les Achéens de Pylos, tandis que les Phéniciens laissaient la trace de leur passage sur les côtes de l’Étrurie et du Latium, peut-être à Rome même (liens entre l’Hercule romain du Forum boarium et le Melqart tyrien ?).

• Les Étrusques

L’influence des Étrusques est autrement considérable, mais le problème de leurs origines reste discuté : aux solutions extrêmes, origine lydienne ou pélasgique de tout un peuple, ou à l’opposé autochtonisme absolu, on peut préférer des solutions moyennes, pouvant expliquer à la fois la présence évidente d’éléments orientaux dans cette civilisation, et la rapidité, presque la soudaineté, de son développement. Deux facteurs paraissent essentiels : l’arrivée par mer d’un contingent, certainement peu nombreux, d’Orientaux qui ont profondément modifié, en progressant vers l’intérieur, la civilisation villanovienne ; la mise en exploitation des riches gisements de fer de l’île d’Elbe. Du Pô à la Campagnie et à Rome même, les Étrusques ont apporté la vie urbaine, l’architecture civile et religieuse, l’alphabet, la terre cuite architectonique, et ont largement diffusé l’hellénisme qui les avait conquis. Grâce aux entreprises des condottieri de Tarquinia, Vulci, Chiusi, à l’activité de leurs marins et de leurs métallurgistes, ils dominèrent économiquement et politiquement (au VIe s. av. J.-C. surtout) la majeure partie de l’Italie : Spina et Felsina (Bologne), Rome et Préneste, Capoue et Salerne furent, plus ou moins longtemps, des villes étrusques. Leur influence culturelle persista bien après la fin de leur grandeur politique, brisée par les défaites navales que leur infligèrent les Phocéens et les Syracusains (Alalia, vers 540 av. J.-C. ; Cumes en 474 av. J.-C.).

• Les Grecs en Italie du Sud

Les Eubéens de Chalcis et Érétrie, suivis de bien d’autres Hellènes, ont, à partir du milieu du VIIIe siècle avant J.-C. (la chronologie est toujours discutée), fondé de nombreuses colonies, de Rhegion à Cumes sur la côte tyrrhénienne, de Crotone à Tarente sur la côte méridionale. Cette installation ne se fit pas sans difficultés avec les indigènes de l’intérieur, notamment les Iapyges et les Lucaniens. Cependant, par le commerce et le prestige de sa culture, l’hellénisme occidental propagea en Italie, outre ses produits et ses techniques, ses grandes divinités (Déméter, Héra, Héraklès), l’orphisme et surtout le pythagorisme, et certains genres littéraires (comédie, poésie épique).

• La Rome royale

Depuis le XVIIIe siècle, on épluche l’histoire traditionnelle de la fondation de Rome et de ses rois. L’école « hypercritique » (E. Pais) rejeta les données de l’annalistique. Mais l’archéologie tend à réhabiliter certaines traditions sur l’ancienneté de la ville, le rôle des « rois » étrusques, l’existence de sources authentiques très anciennes (loi des XII Tables, fastes consulaires). Cependant, l’histoire « événementielle » de Rome ne commence pas avant la fin du VIe siècle avant J.-C.

Les premiers établissements (fonds de cabanes, nécropoles de villages) remontent bien au milieu du VIIIe siècle avant J.-C., au Forum boarium, sur le Palatin et l’Esquilin. Plusieurs des villages situés sur les éminences (montes) s’unirent entre eux (Septimontium), puis à ceux des collines (colles) du Quirinal et du Viminal, et, malgré l’absence de traces archéologiques, on admet une pénétration sabine venue au contact des Latins. L’ère préurbaine prend fin avec l’œuvre des rois étrusques, les Tarquins et Servius Tullius, qui firent de Rome une véritable ville, entourée d’un rempart et d’une enceinte sacrée, munie d’un égout drainant les marécages, et ornée de ses premiers monuments. Ces rois la dotèrent aussi de ses premières institutions (magistrats, Sénat), de ses cadres politiques (curies, tribus), et répartirent les citoyens en classes au sein d’une phalange d’hoplites, la légion de six mille propriétaires aisés, lourdement armés.

3. La conquête romaine

• La République romaine

Divers points sont encore l’objet de discussions.

L’expulsion des Tarquins ne résulterait pas d’une révolution intérieure, mais serait « un épisode du vaste conflit qui mettait aux prises dans le Latium des coalitions militaires rivales » (J. Heurgon). C’est Porsenna, roi tyran de Chiusi, qui aurait chassé Tarquin en prenant la ville (ce que la tradition a pieusement dissimulé), qu’il entraîna dans sa première guerre avec la Ligue latine, formée autour de Tusculum et d’Aricie.

La République serait née non pas exactement en 509 avant J.-C., date probable de l’arrivée de Porsenna, mais un peu plus tard.

L’influence étrusque ne cessa nullement après l’expulsion des rois : on connaît parmi les consuls des premières décennies des chefs de grandes familles étrusques ayant partie liée avec l’aristocratie romaine. Cette persistance de l’influence étrusque, attestée archéologiquement, a incité certains savants à retarder jusque vers 475-470 avant J.-C. l’expulsion des rois, ce qui semble excessif.

L’apparition des consuls, dont le nom même reste inexpliqué, est obscure : après la chute des rois, on aurait créé deux praetores maiores au lieu d’un praetor maximus, afin de satisfaire des tendances rivales, et ces préteurs auraient reçu, dans la première partie du Ve siècle, le nom de consuls.

Enfin, l’origine du patriciat et de la plèbe n’est pas claire : un antagonisme de classes a dû exister dès l’époque royale, et s’est exacerbé plus tard, le patriciat étant en somme le résultat de la fermeture (la « clôture », selon J. Heurgon) de l’ancienne aristocratie des gentes, désireuse de se réserver les pouvoirs politiques (magistratures) et religieux (sacerdoces).

De là vient la fameuse « lutte des deux ordres ». Favorisée par les conditions économiques et militaires (organisation centuriate, tribus territoriales, développement du commerce et de l’activité artisanale), la plèbe usa de la force (sécessions) et des alliances politiques pour obtenir la création des tribuns de la plèbe, la reconnaissance de ses assemblées (concilia) et de leurs décisions (plebiscita), la rédaction de lois écrites (loi des XII Tables, œuvre des décemvirs au milieu du Ve s. av. J.-C.), et finalement l’égalité complète dans une cité dont les institutions se précisèrent peu à peu jusqu’à la fin du IVe siècle avant J.-C. Ce fut en réalité la victoire de la noblesse patricio-plébéienne (nobilitas), née des alliances matrimoniales et des combinaisons de clientèles au sein de la classe riche. Mais, dans l’intervalle, Rome avait conquis l’Italie.

• Les étapes de la conquête