Histoire de la fin du monde ou La Comète de 1904 - Verniculus - E-Book

Histoire de la fin du monde ou La Comète de 1904 E-Book

Verniculus

0,0
0,49 €

oder
-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Depuis la création du monde, de nombreuses comètes parcourent l’immensité. Ces astres vagabonds arrivent de tous les points du ciel, font le demi-tour de notre soleil et s’en vont comme ils sont venus, après avoir intrigué les gens superstitieux, occupé les astronomes et fait jaser les curieux.
Les unes reviennent régulièrement tous les trois, cinq, six ou sept ans ; l’une d’entre elles ne revient que tous les treize ans, c’est la plus terrible pour les gens à présages ; une autre tous les soixante-seize ans. D’autres encore ne reviennent qu’après un voyage de plus d’un siècle à travers l’espace ! Il est, enfin, un grand nombre de comètes qui ne se montrent qu’une fois pour toutes, et ne reparaissent jamais dans les parages que la terre visite dans son cours.
La science astronomique en connaît maintenant une dizaine qui se sont, pour ainsi dire, acclimatées à notre système solaire ; voyageuses perdues dans l’immense vide qui nous entoure, elles ont été attirées par l’une des grosses planètes extérieures de notre système, Jupiter, Saturne ou Neptune, et fixées par la puissance attractive du soleil.

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Verniculus

HISTOIRE DE LA FIN DU MONDE

La Comète de 1904

 

© 2023 Librorium Editions

ISBN : 9782385741792

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE PREMIER Généralités sur les comètes.

CHAPITRE II La comète de l’année 1904.

CHAPITRE III La commission internationale de Berne.

CHAPITRE IV La troisième section.

CHAPITRE V Précautions.

CHAPITRE VI Rapport général de la commission de Berne.

CHAPITRE VII Nihilistes.

CHAPITRE VIII Astrolovitz.

CHAPITRE IX Les États de la terre en 1904.

CHAPITRE X Relations sociales. Administration. La Bourse.

CHAPITRE XI Les derniers jours. Plus de feu. Les fumeurs.

CHAPITRE XII Préparatifs.

CHAPITRE XIII Le dernier jour.

CHAPITRE XIV La dernière seconde.

CHAPITRE XV Conclusion. Astrophagie. La lune.

CHAPITRE PREMIERGénéralités sur les comètes.

Depuis la création du monde, de nombreuses comètes parcourent l’immensité. Ces astres vagabonds arrivent de tous les points du ciel, font le demi-tour de notre soleil et s’en vont comme ils sont venus, après avoir intrigué les gens superstitieux, occupé les astronomes et fait jaser les curieux.

Les unes reviennent régulièrement tous les trois, cinq, six ou sept ans ; l’une d’entre elles ne revient que tous les treize ans, c’est la plus terrible pour les gens à présages ; une autre tous les soixante-seize ans. D’autres encore ne reviennent qu’après un voyage de plus d’un siècle à travers l’espace ! Il est, enfin, un grand nombre de comètes qui ne se montrent qu’une fois pour toutes, et ne reparaissent jamais dans les parages que la terre visite dans son cours.

La science astronomique en connaît maintenant une dizaine qui se sont, pour ainsi dire, acclimatées à notre système solaire ; voyageuses perdues dans l’immense vide qui nous entoure, elles ont été attirées par l’une des grosses planètes extérieures de notre système, Jupiter, Saturne ou Neptune, et fixées par la puissance attractive du soleil.

Les astronomes leur ont calculé de beaux orbites elliptiques suivant lesquels elles gravitent et dont elles paraissent fort contentes, puisqu’elles les suivent régulièrement.

Ces immenses courbes étant de longueur différente pour chaque comète, le retour de chacun de ces astres a lieu à des époques variables déjà déterminées par le calcul pour un grand nombre d’années à l’avance.

Quoique régulière et soumise à des lois précises, qui sont les mêmes pour tous les astres, la direction des comètes subit souvent certaines déviations occasionnées par la présence des planètes près desquelles elles passent.

D’après la position relative de la planète et de la comète, la marche de cette dernière est accélérée ou retardée par la puissance attractive de la première, qui agit soit dans le sens du mouvement, soit en sens inverse.

Pour calculer la marche d’une comète, l’astronome doit tenir compte de toutes les rencontres que celle-ci pourra faire sur son chemin ; ce n’est qu’après avoir déterminé et additionné ces influences diverses qu’il obtiendra un résultat parfaitement exact et pourra prédire le retour de l’astre sans crainte de déception.

Une autre catégorie de comètes, animées d’une vitesse très grande, soit d’au moins dix lieues par seconde, vient aussi nous visiter, mais ne le fait qu’une fois. L’astre arrive de l’infini et retourne à l’infini.

L’attraction du soleil n’est pas suffisante pour dompter l’effroyable vitesse dont ces comètes sont animées et les maintenir dans sa dépendance, comme il l’a fait des autres corps célestes de notre système.

Cette grande vitesse leur assigne pour route astronomique des courbes non fermées, paraboles ou hyperboles. Après avoir fait le demi-tour du soleil, elles s’échappent pour toujours de notre coin du ciel, sans aucun espoir de retour.

Ces comètes indépendantes sont des astres voyageurs qui vont d’un soleil à un autre sans se laisser fixer par aucun ; elles sont les seules relations connues de notre système solaire avec les brillantes étoiles que nous admirons dans le firmament !

Que ne pouvons-nous les faire causer et raconter ce qu’elles ont vu ? Combien ce serait intéressant de les entendre !

Il est probable aussi qu’un certain nombre de comètes douées d’une vitesse très faible, à l’inverse de celles dont nous venons de parler, ne peuvent pas résister à l’action du soleil qui les attire. Elles vont se brûler dans ses flammes, lorsqu’elles sont composées d’une matière combustible, ou se vaporiser à la chaleur énorme du globe qui nous éclaire.

La composition des comètes varie beaucoup ; les unes sont complètement gazeuses, d’autres ont un seul noyau solide ; d’autres, enfin, ont un noyau composé d’une agglomération d’aérolithes.

La spectroscopie a fait reconnaître le gaz hydrogène et les vapeurs de carbone comme constituant le plus fréquemment les comètes.

Dans l’année 1904, qui va nous occuper, la composition de toutes les comètes ralliées à notre système solaire est parfaitement connue. Le spectroscope est arrivé à un tel degré de perfection et de précision, que l’on peut, avec son secours, analyser un corps à distance, aussi bien qu’en le tenant sous la main dans un laboratoire de chimie !

On sait ainsi d’une manière parfaitement sûre que les comètes n’ont aucune lumière propre et ne font que réfléchir la lumière du soleil pendant qu’elles se trouvent dans son voisinage.

La chaleur qu’elles en reçoivent a pour effet de dilater les gaz qui les composent, c’est pour cela qu’elles paraissent petites en arrivant, qu’elles grandissent en s’approchant du soleil et décroissent rapidement lorsqu’elles s’en éloignent.

Il est établi que les queues des comètes ne sont pas matérielles ; la science a prouvé qu’elles ne sont qu’un effet de lumière tamisée par le noyau plus ou moins sphérique de l’astre. La queue d’une comète est un effet vibratoire de la matière éthérée, ou pour nous servir d’une expression plus compréhensible, une ombre de lumière portée par le noyau. Contrairement à l’opinion généralement répandue que la queue suit la comète, celle-ci est toujours opposée au soleil, et se déplace continuellement suivant les positions relatives des deux astres.

Les queues des comètes n’ont, du reste, pas toujours la forme ordinaire sous laquelle elles se présentent le plus souvent ; on en a vu qui avaient des formes fort bizarres et capricieuses.

Quelques-unes ont même présenté plusieurs queues dont l’aspect et les contours variaient d’un instant à l’autre.

La grande comète de 1861, entre autres, subissait dans son noyau les plus curieuses transformations, preuve évidente que tous ces effets ne sont que des jeux de lumière. Il résulte de ce qui précède que les comètes n’ayant pas de lumière propre, deviennent complètement invisibles dès qu’elles sont éloignées d’un astre lumineux ; cela nous explique la difficulté qu’il y a à les observer longtemps à l’avance et le peu de temps pendant lequel nous pouvons jouir de leur présence.

On est même arrivé à prouver que la terre et la lune ont passé dans la queue d’une comète le 30 juin 1861, sans que personne s’en soit aperçu ; ce n’est qu’après le passage qu’un astronome s’est rendu compte de la chose par le calcul.

Le mouvement prodigieusement rapide avec lequel ces masses gazeuses se meuvent à travers l’espace donne, mieux que toute autre chose, l’idée de la fluidité de la matière éthérée qui remplit l’espace. C’est en même temps une preuve de son existence matérielle, puisque la lumière et l’électricité peuvent produire sur elle des effets d’aspects si variés.

L’imagination est impuissante à nous représenter la vitesse avec laquelle certaines comètes se transportent dans l’espace ! Ces vitesses varient de quarante à cinquante kilomètres par seconde.

Le 27 février 1843, une comète a fait le tour du soleil en deux heures. Elle marchait avec une vitesse de cinq cent cinquante kilomètres, parcourant en une seconde autant de chemin qu’un train direct lancé à toute vapeur en cinq heures et demie.

Sans cette vitesse prodigieuse, il est probable qu’elle se fût anéantie contre le soleil, car elle passa tout près.

Les comètes ont joué autrefois un rôle considérable dans l’astrologie. Leur apparition était toujours le précurseur de quelque événement important sur la terre. Elle présageait ordinairement la mort d’un prince quelconque ou une guerre sanglante, comme elles le sont toutes, ou une épidémie désastreuse pour l’humanité !

Toujours quelque chose de sinistre !

Comme les princes abondaient dans l’antiquité, il y en avait toujours au moins un prêt à mourir quand une comète apparaissait ; les astrologues pouvaient donc prédire une mort de prince sans grande chance de se tromper !

Les anciens se sont aussi figuré que les comètes étaient les formes prises par les âmes des grands hommes disparus de ce monde. Une comète qui apparut après la mort de Jules César fut considérée comme envoyée du ciel pour emporter et astrolofer(1) l’âme du conquérant des Gaules, non toutefois sans l’avoir auparavant purifiée de tous les péchés, grands et petits, que le digne empereur avait commis ici-bas.

Au Moyen-Âge, les croyances relatives aux comètes prennent une couleur encore plus sombre. L’imagination effrayée les peuple d’une foule de figures dont quelques-unes sont arrivées jusqu’à nous par d’antiques tableaux. L’on y voit des poignards, des épées, des têtes coupées grimaçantes de première laideur, des scorpions, des serpents, des hallebardes, des monstres de toutes espèces !

Longtemps encore après cette époque où l’imagination aimait tant à se donner carrière, les comètes furent regardées comme des présages, et les personnages les plus célèbres du siècle de Louis XIV ne peuvent s’affranchir des terreurs qu’elles font naître dans leur esprit.

Les astronomes déjà fort distingués des XVe, XVIe et XVIIe siècles ne s’occupèrent pas sérieusement des comètes. Le célèbre Kepler, lui-même, qui venait de déterminer et de formuler les lois fondamentales du mouvement des planètes, ne pouvait s’empêcher de considérer les comètes comme des pronostics relatifs aux choses terrestres et aux destinées de l’homme.

Il est juste de dire que le manque d’observations faites jusqu’alors sur leur marche, n’avait pas permis de trouver la loi de leur mouvement.

Les comètes, en un mot, n’étaient pas encore des astres sérieux et se voyaient reléguées dans le domaine de la fantaisie et de l’astrologie.

Ainsi marchaient les comètes, lorsqu’en 1680 le grand Newton, qui était fort sévère sur les mœurs, déclara qu’il ne voulait plus de ce vagabondage dans le ciel !

Prenant d’une main sa bonne plume de calcul et de l’autre son binôme, il leur tailla des orbites elliptiques, paraboliques ou hyperboliques appropriés à chacune d’elles !

Depuis ce temps, elles se conduisent d’une manière fort convenable et suivent leur route consciencieusement ; plusieurs d’entre elles, comme nous l’avons vu en commençant, viennent régulièrement faire contrôler leur passage à des intervalles égaux.

D’autres ne reviennent jamais, mais passent dans notre voisinage sans dévier du droit chemin que les astronomes leur tracent dès qu’elles sont visibles.

À partir du commencement du XVIIIe siècle, elles deviennent un sujet d’étude pour tous les astronomes grands et petits ; leurs mœurs, us et coutumes se font connaître parfaitement, et c’est toujours un grand bonheur pour un observateur du ciel d’en découvrir une.

Tout le merveilleux disparaît et la comète de 1811 vient donner le coup de grâce aux anciennes terreurs, en brillant au ciel pendant que croît dans toutes les vignes de l’Europe le meilleur vin du XIXe siècle. Cette qualité exceptionnelle est nécessairement attribuée à la comète qui, d’astre destructeur, devient astre producteur !

Dès lors, l’apparition d’une comète dans le ciel est toujours vue de bon œil par le public et surtout par le vigneron.

L’arrivée des comètes nouvelles venant de l’infini, peut avoir lieu sous toutes les directions possibles, rien ne s’oppose donc à ce que l’un ou l’autre de ces astres n’arrive dans le voisinage de notre terre. Or, comme l’attraction de celle-ci pour d’autres corps célestes augmente en raison inverse du carré de la distance, au fur et à mesure que ceux-ci s’en rapprochent, il se pourrait fort bien qu’une comète qui se serait imprudemment rapprochée de la terre fût attirée et précipitée sur elle, lors même que sa direction primitive lui eût permis de passer à distance.

Si la comète possédait un noyau solide un peu considérable, la croûte terrestre serait, sans aucun doute, perforée comme par un gigantesque emporte-pièce ; si le noyau était composé d’aérolithes, nous recevrions une pluie de pierres capable de hâcher un pays, ou peut-être tout un hémisphère de la terre ; la vitesse de ces corps est cependant considérablement ralentie par l’atmosphère, dont l’action, analogue à celle d’un coussin élastique, amortit le choc de tout corps qui arrive contre le globe.

L’un des buts du Créateur en nous dotant, d’une atmosphère de 15 lieues d’épaisseur, a été évidemment de protéger la surface de la terre contre les nombreux corps perdus dans l’espace qu’elle rencontre et attire dans sa course autour du soleil.

La plupart de ces corps qui remplissent l’immensité sont probablement les débris de mondes détruits qui errent à l’aventure.

Lorsque la terre en rencontre, ils sont précipités sur elle avec une vitesse de soixante-douze mille lieues par seconde. La chaleur développée par le frottement dû à la résistance de l’air suffit pour les brûler et vaporiser presque tous. Ce phénomène, dont l’explication n’est pas très ancienne, est celui des étoiles filantes que nous admirons pendant les belles soirées, surtout dans les mois d’août et de novembre. La terre traverse alors les parties de son orbite qui en contiennent le plus.

Nous pouvons, dans ces moments-là, nous rendre compte de la quantité innombrable de corpuscules qui voyagent dans l’espace. Sans la protection de l’atmosphère, toute vie serait en danger sur la terre, ou plutôt, l’humanité ne pourrait pas exister.

Le danger que présentent pour nous ces corps vagabonds n’est cependant pas complètement nul, car lorsqu’ils sont d’une certaine grosseur, leur surface seule est vaporisée. Le temps de leur course à travers l’atmosphère n’étant pas suffisamment long pour les brûler entièrement, le centre du corps arrive jusqu’à la surface du sol et constitue les aérolithes dont chaque musée conserve quelque exemplaire.

Les pluies de pierres et de poussières métalliques que l’on a souvent observées, ne sont pas autre chose que des corpuscules de l’espace assez volumineux pour avoir pu traverser notre atmosphère.

La résistance de l’air a si bien diminué la vitesse de ceux de ces corps qui arrivent à terre, qu’elle n’est plus que de cinq mètres par seconde, après avoir été de 72 000 lieues à leur entrée dans l’atmosphère. À la vitesse de cinq mètres par seconde, l’arrivée des aérolithes ne présente plus aucun danger pour la solidité du globe terrestre. Il n’en est cependant pas de même pour les êtres animés, ainsi que pour les constructions qu’ils ont élevées, car l’on possède certains échantillons d’aérolithes, qui pèsent jusqu’à quinze mille kilogrammes.

Une telle masse animée d’une vitesse quelconque, si faible qu’elle soit, perfore encore sans peine les travaux les mieux conçus et les mieux établis par la main de l’homme.

Ce court aperçu sur les comètes en général était nécessaire pour nous faire bien comprendre ce qui se passera en 1904, lorsque la grande comète Astrophagie viendra fondre sur la terre et la détruire, comme nous le verrons dans la suite de ce récit.

CHAPITRE IILa comète de l’année 1904.

L’année 1904 s’annonce pour les humains de la manière la plus favorable.

L’été, quoique très chaud, est favorisé par de bonnes pluies qui produisent une abondante végétation. Les récoltes sont partout belles, l’agriculteur se prépare à retirer le fruit de ses peines que les éléments destructeurs ont épargné jusqu’ici.

Les vignes surtout sont magnifiques ; l’heureux vigneron prépare son pressoir avec la certitude d’obtenir en abondance du vin de choix. Il compte d’autant plus sur une qualité hors ligne que les astronomes ont annoncé l’arrivée d’une comète de grande taille, qui ne peut manquer de donner au 1904 le parfum et l’alcool du 1811. Ils ne sont pas toujours justes envers les astres, nos vignerons. C’est le soleil qui a fait pousser le raisin, qui l’a fait mûrir, qui lui a donné cette belle couleur dorée, et lorsque le vin est bon, c’est la comète qui en retire tout l’honneur !

Ce brave soleil, qui a prodigué ses rayons bienfaisants pendant toute l’année à la vigne, qui lui a fait donner un produit supérieur, croyez-vous que producteurs et buveurs le feront présider au baptême de celui-ci ?

Le nommera-t-on : vin du soleil de 1811, vin du soleil de 1861, vin du soleil de 1904 ?

Nullement !

Au moment de la vendange survient dans le ciel une comète inconnue et vite, en son honneur, on baptisera le vin : vin de la comète ; s’il y en a deux, ce sera le vin des deux comètes !

On cite même l’année 1881 où le vin fut baptisé : vin des six comètes !

C’est ainsi que l’homme s’habitue aux bienfaits qu’il reçoit journellement. Il finit par les considérer comme dus, et n’en éprouve plus de reconnaissance, tandis qu’il attribue beaucoup d’importance à des choses futiles, mais nouvelles et passagères !

Malgré ces belles apparences, un certain malaise règne un peu partout, en 1904. Sans que personne se rende bien compte du pourquoi, l’on a peur de quelque chose d’inconnu !

On ressent un peu ce que ressentent les oiseaux avant l’orage et les voisins du Vésuve avant l’éruption. De vagues pressentiments jettent une sorte de mélancolie inexplicable, dont chacun souffre sans pouvoir se rendre bien compte de la cause inconnue qui l’agite.

Cet effet est général et présage quelque chose de grave !

Il est effectivement fort rare qu’un grand malheur ne soit pas précédé d’un état de malaise et de mélancolie. Dans quelques cas, c’est une joie factice et exagérée, mais non réelle. Les affaires languissent ; la chaleur est très forte. La population aisée des villes a émigré dans les montagnes à la recherche du bon air. Seuls, les citadins peu aisés et les fonctionnaires inférieurs des cités, n’ont pas déserté leur poste et supportent à la plaine la chaleur comme ils peuvent.

Telle était la situation sur la terre, lorsque la comète est découverte par l’observatoire de Paris.

Les journaux ne tardent pas à en répandre la nouvelle dans tout le monde civilisé et non civilisé !

Pour eux, c’est un bonheur d’avoir une comète sous la main pour leur fournir quelque chose à dire, car les nouvelles sont rares. La société qui cause, joue, parle et aime à faire parler d’elle, est en villégiature ; les malheureux journalistes doivent faire des tours de force d’imagination pour remplir leurs colonnes !

Pas d’assassinats, pas de déraillements de trains, peu de caissiers en fuite avec leur caisse ! pas de suicides !

Fait-il trop chaud pour mal faire ?

Pas le moindre parlement en séance, pas le plus petit conseil de province, rien à relater, rien à critiquer !

Dans des circonstances pareilles, on conçoit la joie des journalistes à l’apparition de la comète !

Une comète ! on peut en découdre là-dessus pendant dix jours au moins, quitte à faire l’histoire de toutes celles qui ont paru jusqu’ici et des diverses influences qu’elles ont exercées sur les destinées des hommes ! Pour le public, cela ne l’intéressera pas beaucoup, mais qu’importe, les colonnes se rempliront, c’est l’essentiel ; l’intérêt public vient après !

Il n’en est pas de même pour les astronomes ; pour ceux-ci c’est un astre nouveau qui vient nous visiter ; vite aux télescopes !