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Tout commence lorsque le grand-père d’Hugo lui raconte une histoire fascinante, et que, soudain, l’adolescent se retrouve propulsé dans l’ordinateur, à bord de la souris magique. D’aventure en aventure, Hugo se lance dans une quête épique à la recherche d’un flacon d’élixir de longue vie, convoité également par trois bandits impitoyables. Dans ce récit, le monde réel se mêle au monde virtuel de l’informatique. Vous y croiserez des souris guidées par des logiciels extraordinaires, des virus informatiques surprenants, le peuple des Lupos, mi-réalité, mi-fiction, quelques vers de poésie et, bien sûr, des êtres humains. Mais attention, le voyage est semé de dangers bien réels. Après cette aventure, vous ne regarderez plus jamais votre souris d’ordinateur de la même manière.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Ingénieur dans une entreprise de télécommunication,
Jacques Rennesson a une formation scientifique et technique. Depuis longtemps il fait rimer les mots, dès ses premiers poèmes écrits pour sa fiancée, pendant son service militaire. Certains ont été primés. Un jour, alors que son petit-fils est assis sur ses genoux, devant son ordinateur, l’idée de son premier récit en prose lui vient. Il se lance alors avec audace dans un projet bien plus ambitieux et différent de la poésie.
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Seitenzahl: 485
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Jacques Rennesson
Hugo et la souris magique
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jacques Rennesson
ISBN : 979-10-422-5643-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Tout commence quand le Papi d’Hugo lui raconte une histoire, quand cet adolescent est entraîné dans l’ordinateur, à bord de la souris magique.
D’aventure en aventure, Hugo recherche un flacon d’élixir de longue vie que convoitent également trois bandits sans scrupules.
Dans ce récit interagissent le monde réel et le monde virtuel de l’informatique. Vous y rencontrerez des souris guidées par des logiciels inimaginables, des virus informatiques surprenants, le peuple virtuel des Lupos, un peu de poésie et des êtres humains.
Mais attention, le voyage est plein de réels dangers.
Après cela, vous ne regarderez plus votre souris d’ordinateur de la même façon.
Ce ciel était d’un bleu intense, d’un bleu qui donne envie de vivre, mais c’était les allées du cimetière qu’il arpentait cet après-midi. L’été pointait son nez et malgré l’arrivée de juillet et des vacances, certains étaient dans la peine.
Il remontait l’allée principale, la veste sur le bras quand ses pas rejoignirent ceux de l’inspecteur Navarin arrêté devant une tombe, les yeux perdus dans ses pensées et souvenirs.
— Bonjour inspecteur.
— Bonjour.
Sortant de sa rêverie, l’inspecteur tourna la tête vers celui qui le saluait.
— Ah ! Le grand-père d’Hugo. Excusez-moi, je pensais aux miens que j’ai enterrés il y a peu de temps. Hugo vous a-t-il raconté les aventures qu’il a vécues ?
— Non, je ne sais pas grand-chose de plus que ce que vous m’avez dit l’autre jour.
— Demandez-lui, vous serez surpris par son récit.
— J’ai invité les protagonistes de cette aventure à la maison, accepteriez-vous de venir également. Nous pourrions en parler.
— J’accepte bien volontiers.
— Dites-moi, inspecteur, que faut-il penser des déclarations de Julie Brown, hier ?
— Des menaces, mais nous continuons les recherches pour arrêter le chef de la bande et un troisième complice.
— Pensez-vous que ce qu’elle a déclaré à la presse puisse avoir un sens ? Les mots qu’elle a criés aux médias pendant que la police l’emmenait à l’intérieur du commissariat restent présents dans ma mémoire : « Markus reviendra, il est en sécurité là où je l’ai caché, il reviendra pour très longtemps, je le ranimerai du silence où vous l’avez mis et nous serons les rois du monde ».
— Elle avait quitté précipitamment la société VDM à bord de son puissant 4x4, la police l’a arrêtée chez elle avant qu’elle ait pu organiser sa fuite. Ce sont les propos décousus d’une personne en colère. Il arrive parfois que les gens arrêtés se lancent dans des déclarations dépourvues de sens sérieux. Rassurez-vous, nous arrêterons aussi ce Markus et leur complice, s’ils sont vivants.
— Pourtant, quand je les ai entendus à la radio ce matin, j’ai senti une menace sérieuse.
— Ne vous inquiétez pas, la police mettra fin à la carrière de ce Markus et après ce qu’ils ont fait, ils passeront un certain temps sous les verrous.
— J’espère, il y a eu suffisamment de morts et d’enterrements.
— À ce propos, nous avons eu droit à une belle cérémonie, profonde et simple. Le célébrant avait une belle manière de parler de sa foi, il donnerait presque envie de croire.
— Je connais Jean-Marie depuis très longtemps, il est d’une disponibilité constante, c’est vraiment quelqu’un de dévoué et généreux, d’une gentillesse à toute épreuve et plein d’humour. Un saint homme, pourrait-on dire. Il fait beaucoup de choses pour la paroisse… Je vous laisse vous recueillir.
— Merci. Je vous rejoins chez vous. Nous en reparlerons, car j’aurais peut-être besoin d’Hugo et de sa souris pour vérifier et remettre en place certaines choses. À tout à l’heure !
Trois quarts d’heure plus tard, autour de quelques gâteaux confectionnés avec soin par Mamie, Papi avait sous la main les acteurs de cette histoire. En les invitant, il n’avait qu’une petite idée de ce qu’ils allaient lui raconter et il était très loin d’imaginer l’aventure incroyable qui s’était déroulée sous ses yeux, sans qu’il n’en sache rien. Les quelques faits dont il avait été témoin pouvaient, à ses yeux, rendre crédible le récit complet qu’il allait découvrir.
Les yeux avaient séché, mais les cœurs étaient encore un peu lourds. Ils s’assirent sans parler autour de la table de la salle à manger, ne sachant quelle attitude prendre. Pendant que Papi remplissait le premier verre. Hugo lui demanda :
— Papi, est-il vrai qu’on peut encore lire un disque dur après avoir effacé un fichier ?
— Oui, si rien n’a été physiquement écrit au même emplacement.
— Alors Julia a raison, ce n’est peut-être pas fini ?
— Qu’est-ce qui n’est pas fini ?
— Il faut que je t’explique, mais il faut reprendre l’histoire depuis le début.
— Je ne comprends pas.
— Ce n’est pas facile à dire, tu risques de ne pas nous croire.
— Raconte-moi, l’inspecteur sait-il ce que tu vas me dire ?
— Oui, et on lui en a ramené des preuves.
— D’où ?
— Attends, ce n’est pas facile et si je ne commence pas par le début, ce sera encore plus incroyable.
— Alors, vas-y, nous t’écoutons.
Après s’être légèrement raclé la gorge et avoir réclamé le silence en posant le doigt sur la bouche, l’inspecteur Navarin prit la parole. Calmement, il se tourna vers Papi.
— Tout a commencé début février, avec la mort de Paul Dorson, un savant qui, après de longues études dans son laboratoire, avait trouvé la formule d’un médicament qui permet de faire repousser un membre coupé ou de régénérer un organe détruit. La vie se trouve donc prolongée indéfiniment, sauf accident mortel, grâce au remplacement des cellules vieillissantes par de jeunes cellules ; chez celui qui en prend régulièrement. Huit jours plus tard, son demi-frère mourait dans des circonstances pour le moins bizarres. Georges était ingénieur de recherche de la société VDM, la Virus Détection Magix. Enfin, fin février, il y a eu un cambriolage chez Claude. Tout était sens dessus dessous, tout avait été fouillé, mais rien n’avait disparu.
— Maintenant, vous savez ce qu’ils cherchaient, reprit Papi ?
— Oui, mais cela nous a entraînés dans une aventure inimaginable qui finit avec des morts, mais qui s’achève tout de même par la mise hors d’état de nuire de ces bandits.
L’inspecteur était assis devant le buffet en teck, face à l’entrée, dans ce salon-salle à manger, un verre entre le pouce et l’index de sa main gauche posée sur la table.
Les yeux fixés sur l’escalier qui monte dans le bureau où se trouve l’ordinateur, il semblait vouloir reprendre à zéro cette aventure qui avait commencé là.
— Inspecteur, j’ai l’impression que vous vous sentez mieux maintenant, vous semblez plus détendu, lui demanda la grand-mère de Hugo assise un peu à l’écart, sur le canapé en cuir vert du salon.
— C’est vrai, madame.
Elle venait de tourner la tête dans sa direction après avoir posé son assiette à moitié vide devant elle, sur la table basse du salon. En face d’elle, les volets de la porte-fenêtre avaient été fermés pour que le soleil et la chaleur de cet après-midi n’envahissent pas la pièce.
Navarin allait mieux, les tics nerveux qui lui tordaient la face de temps en temps avaient disparu. Il semblait apaisé depuis qu’il savait pour sa femme et son fils. Il reprit :
— Je n’ai plus ce fardeau qui pesait sur moi jour et nuit, maintenant je sais et le chagrin a chassé les cauchemars qui me hantaient la nuit. De savoir ce qu’ils sont devenus m’a soulagé, le doute était insupportable et puis maintenant l’arrestation d’une des coupables. J’aurais préféré mettre la main sur les trois complices, mais je ne désespère pas d’arrêter ceux qui courent encore.
— Je comprends combien cela a dû être pénible. Votre verre est vide, reprenez à boire.
— Merci bien, dit-il en posant la main sur le bord de son verre pour indiquer qu’il n’en voulait plus.
— Un bout de gâteau, alors ?
L’inspecteur fit non, de la tête puis après un temps d’arrêt, il s’exclama, en frappant la table de sa main droite :
L’exclamation de Navarin les avait tous fait sursauter, maintenant il n’y avait plus un bruit.
Hugo se mit debout et pointa le doigt vers le canapé.
Le soleil glissait ses derniers rayons par la fenêtre entrouverte, en cette soirée de mars annonciatrice du printemps, il faisait doux dans la maison. Papi, dans le bureau à l’étage, recherchait sur son ordinateur une histoire pour Hugo. Il aimait bien raconter à son petit-fils des aventures trouvées sur le web ou dans un livre.
Hugo, assis sur le tapis du salon, dessinait sur la table basse. Il était adossé au canapé en cuir et son livre de géographie était resté ouvert à côté de lui, à même le sol. Cette pièce à vivre s’ouvrait par une large ouverture, sans portes, donnant sur l’entrée. De là partaient deux escaliers tout droit, l’un montait d’un demi-étage pour rejoindre le bureau de Papi et une chambre et l’autre desservait une chambre située un demi-étage plus bas.
Hugo, fier de ses treize ans, était un petit curieux prêt à explorer le monde. Les jeux vidéo et les ordinateurs l’intéressaient, il se demandait parfois quels étaient les secrets de leur fonctionnement, quand son imagination s’évadait de la classe. Ses professeurs étaient assez contents de lui, mais ajoutaient parfois en commentaire : « Peut faire encore mieux ».
Depuis l’âge de six mois, il passait ses journées chez ses grands-parents. Il fréquentait le CES, juste en face de chez eux et le soir, papa ou maman venait le récupérer en sortant du travail.
— Viens Hugo, j’ai trouvé quelque chose pour toi.
— Papi ! Je dessine une carte de géographie.
— Viens sur mes genoux, je vais te raconter une histoire. C’est toi qui me l’as demandée hier en rentrant de l’école. Et puis c’est mercredi, lâche tes devoirs cinq minutes.
— Bon d’accord ! Mais pas une trop longue, alors. Dis, tu connais les trois caps que doivent contourner les candidats du Vendée Globe ?
— C’est dans ta leçon de géographie ?
— Non, c’est pour savoir si tu sais.
— Il y a le cap de bonne espérance et le cap Horn, mais je ne me rappelle pas le troisième. C’est au sud de l’Australie, je crois.
— Tu donnes ta langue au chat ?
— Non. Attends, ça va me revenir… c’est le cap Leeuwen.
— Tu as gagné, j’arrive.
Laissant ses crayons, Hugo monta dans le bureau, s’assit sur les genoux de Papi et s’installa confortablement. Il posa le bras droit sur le bureau et posa la tête sur son coude plié.
— Vas-y, raconte, je suis prêt.
— Il était une fois, une vieille dame qui habitait dans une petite maison en bois, à l’orée d’une forêt. Elle était vêtue d’une…
Le coupant net, la voix de Mamie se fit entendre de la cave.
— Jacques, viens m’aider, la machine à laver fait un drôle de bruit et il y a de l’eau partout.
— Continue tout seul, il faut que j’aille voir, dit Papi.
Hugo n’avait pas envie de lire tout seul, il préféra attendre le retour de son grand-père.
— Ce n’est rien, dit Papi en entrant dans le bureau quelques minutes plus tard, il faut que je resserre l’arrivée d’eau. Où en es-tu ?
— Je t’ai attendu.
Hugo se leva pour libérer la chaise.
— Je vais me mettre derrière toi, si tu veux bien.
— Comme tu voudras.
Hugo s’assit sur la moquette, plaça deux coussins contre l’armoire située derrière Papi et s’appuya dessus, les jambes repliées et les bras autour de ses genoux.
— Tu peux reprendre l’histoire, je suis prêt.
— Il était une fois, une vieille dame qui habitait dans une petite maison en bois, à l’orée d’une forêt. Elle était vêtue d’une robe toute noire et portait, attaché à la taille, un tablier gris avec une poche sur le devant. Un fichu mauve avec des pois blancs, noué en arrière comme les corsaires, lui enserrait la tête. Elle avait pour mission la chasse aux Lupos qu’elle détestait, afin de leur arracher leur secret. Pour faire parler les récalcitrants, elle connaissait des formules magiques qui malheureusement étaient souvent mortelles pour les Lupos…
Soudain, incrédule, Hugo vit la souris de l’ordinateur sortir de la main de Papi et quitter le tapis, en volant. Surpris, il la regarda descendre jusqu’au sol où elle se mit à grandir et se transformer. Une ouverture se forma sur le dessus qui s’élargit jusque sur les côtés, pour devenir un habitacle avec un siège pour le transport d’un ou deux passagers. Il n’en croyait pas ses yeux. Maintenant, elle ressemblait à une auto-tamponneuse de la fête, mais plus profilée et plus allongée vers l’arrière, où les boutons étaient encore présents. Elle était devenue assez grande pour que Hugo puisse y monter.
C’est elle ou c’est moi qui ai changé de taille, se demanda-t-il ?
Silencieusement, la souris vint se placer juste à côté de lui, volant un peu au-dessus du sol. Elle semblait l’inviter à prendre place à bord par de légers mouvements. Surpris, mais curieux, Hugo monta dans la souris et s’assit sur le siège. Alors, doucement, la souris s’envola. Ils firent le tour de la pièce qui sembla enfler et devenir immense. Ils survolèrent l’armoire où Papi range ses papiers et ses photos et tournèrent autour des trois lampes fixées au plafond. Puis, soudain, la souris accéléra, fila en ligne droite vers l’écran de l’ordinateur, comme si elle allait s’y écraser. Par réflexe, Hugo se protégea la tête avec les bras, mais ils traversèrent l’écran pour entrer à l’intérieur de l’ordinateur, sans effort, comme s’ils entraient dans de l’eau.
En se retournant, Hugo vit formé sur l’envers de l’écran le texte que Papi était en train de lire, inversé comme dans un miroir. Sans s’arrêter, la souris l’entraîna dans un long tunnel mal éclairé, puis ils débouchèrent dans l’Unité Centrale1. Et là, dans la pénombre, ils survolèrent lentement, la carte mère2. Papi lui avait déjà montré l’intérieur de l’ordinateur, il avait déjà vu tous ces fils et les composants électroniques, dont la plupart contiennent une puce électronique3. Le plus important est le microprocesseur4, c’est lui qui traite les instructions des programmes et c’est lui qui dirige tout ce que peuvent faire les différents éléments de l’ordinateur. Comme un seigneur ou un roi dirige ses sujets à partir de son château.
Ils passèrent entre deux nappes5 de fils, évitèrent un toron6 et pénétrèrent dans un des boîtiers de la mémoire vive, la RAM7.
Instantanément le soleil se mit à briller au milieu d’un ciel tout bleu. Au-dessous d’eux flottaient quelques beaux nuages blancs qui ressemblaient à des montagnes couvertes de neige. Hugo eut même l’impression qu’il pourrait y marcher. Sous les nuages défilait une immense forêt. Hugo était heureux, il volait dans le ciel.
Sans savoir que la souris pouvait lui obéir, il dit tout haut :
La souris l’entraîna dans des voltiges et des acrobaties, des piqués et des remontées à la verticale.
Quand la souris se stabilisa, Hugo commença à observer l’intérieur de la souris et il découvrit une manette de jeu sous le tableau de bord. Il la sortit et constata en la manœuvrant que c’était lui qui pilotait maintenant.
Alors, prudemment au début, puis de plus en plus vite, Hugo guida la souris juste au-dessus des arbres. Il piqua dans une clairière et remonta au ras des arbres, dont il effleura la cime. Il contourna un grand chêne, passa sous une branche en effrayant un oiseau en train de couver. Il survola les frondaisons jusqu’à arriver en bas d’une colline, où s’étalait une mare couverte d’une brume épaisse. Hugo plongea dans le brouillard et remonta au soleil puis plongea à nouveau pour ressortir encore.
Au cours d’une plongée, Hugo aperçut dans la brume une belle lumière bleue qui semblait l’appeler.
Soudain, Hugo sentit un choc.
Avant que ses cris n’aient pu servir à quelque chose, la souris dérapa. Hugo tenta de la redresser, mais la manette de commande ne répondait plus. Il força dans tous les sens, mais la manette ne bougeait pas. C’est alors que la souris effectua un tonneau qui éjecta Hugo, le jetant la tête la première sur le sol.
Après quelques secondes, il s’assit, la main posée sur le front où une belle bosse était en train de grossir.
Il resta assis quelques instants, en attendant que la douleur s’estompe et que les larmes arrêtent de lui brouiller la vue.
Quand, enfin apaisé, il regarda autour de lui, il se vit assis dans un cône opaque de la même couleur qu’un cornet de glace. Comme il était proche de la plus grande ouverture, il se laissa glisser sur les fesses jusqu’à pouvoir poser les pieds sur de l’herbe et se mettre debout. En fait, le cône était planté horizontalement dans la fenêtre d’une petite cabane en bois. La pointe était coupée et la douce lumière bleue qu’il avait aperçue était visible par l’ouverture. La souris devait être à l’intérieur.
À quatre pattes, bien qu’il puisse tenir debout, il monta vers la pointe du cornet, mais une grille métallique lui barra le passage. À travers les barreaux, il vit la souris immobile, renversée dans un coin d’une cage cubique suspendue au plafond par une chaîne. Elle avait repris sa taille normale de souris d’ordinateur et ne ressemblait plus au bel engin magique qui l’avait amené jusqu’ici. Il secoua la grille qui manifestement était la porte fermée d’un piège, mais malgré ses efforts, la cage resta hermétiquement close.
Pendant que vainement il s’acharnait sur la porte, il vit un petit homme, à peine plus petit que lui, qui le regardait de ses grands yeux bleus tout en frottant ses côtes endolories. Son habit un peu déchiré était entièrement vert, la peau de son visage était toute blanche et deux petites oreilles pointues perçaient les mèches de ses cheveux dorés. Sur son dos il avait deux paires d’ailes transparentes, comme celles d’une libellule.
Comprenant que ce n’était pas les ailes d’un insecte, mais celles de ce petit être qu’il avait senti au moment du choc, Hugo dit :
Avec un accent très mélodieux, le petit homme demanda :
— Travailles-tu pour elle avec l’engin volant
Pour m’avoir attrapé et poussé violemment
Dans ce piège infernal tendu pour mes semblables ?
Qui s’est fermé sur moi en prison détestable.
— Je ne sais pas ce que tu veux dire ? De quoi ou de qui parles-tu ? dit Hugo.
— Me voici dans la cage bâtie par Anthracite,
Me voici pris au piège et je te félicite,
Car d’avoir réussi va lui être agréable,
Elle pourra me jeter ses sorts si redoutables.
Hugo se rappela le début de l’histoire que lui racontait son grand-père et demanda :
— Es-tu un Lupo et Anthracite est-elle la vieille dame qui essaie de vous attraper ?
— Oui et c’est bien ainsi qu’attiré par le bleu
Elle veut par la couleur qui brille dans nos yeux
Attirer l’un des nôtres et prendre le secret
Du lieu où nous vivons au fond de la forêt.
— Tu as une drôle de façon de parler, tu t’exprimes toujours comme ça ? Mais comment t’appelles-tu ?
— Alex je me nomme et si je parle en vers
C’est en alexandrins comme faisaient mes pères,
Nous autres les Lupos avons l’âme poète.
Et le rythme des mots ne quitte pas nos têtes.
Chacun d’un côté de la grille, ils allièrent leurs efforts, l’un tirait pendant que l’autre poussait. Ils secouèrent la grille, peine perdue, la porte s’ouvrait un peu, mais Alex ne pouvait pas sortir. Dès que l’un des deux relâchait son effort, un puissant ressort refermait la grille.
Alex s’approcha de la souris et se baissa pour la ramasser.
— Comment puis-je savoir ce qui la met à mal,
Elle semble coincée par la cage en métal.
En entendant du bruit, Anthracite Carbona entra dans la pièce. Hugo, aussitôt, se coucha pour ne pas être vu.
Elle riait et tout excitée dansait autour de la cage en chantonnant et en admirant sa prise.
Alex resta silencieux.
— Je vais m’occuper de toi, mon mignon, dès ce soir, quand le soleil sera couché. Comment s’appellent les petits hommes verts comme toi, avec de jolies ailes ?
— Nous sommes des Lupos, vous n’en saurez pas plus.
— Cela me suffit pour l’instant, si tu as un secret, je te l’extorquerais ce soir.
Alex la regarda piétiner le sol et aperçut l’anneau en silicium qui ornait son doigt avant l’accident. Anthracite ne devait pas le trouver alors il fit signe à Hugo en montrant le sol et en mimant le fait d’enfiler une bague. Il dut recommencer plusieurs fois avant que Hugo ne porte le regard sur cet anneau qu’Anthracite serait trop contente de trouver.
Sans faire de bruit, Hugo sortit du cornet et se faufila dans l’espace laissé libre par le piège circulaire et le coin de la fenêtre. Il alla se cacher dans un angle de la pièce, un endroit un peu sombre, entre un bahut et le mur, où Anthracite rangeait son balai en branchages.
Et toujours, les pieds d’Anthracite bougeaient, s’approchaient et s’éloignaient de l’anneau. Si elle posait son pied dessus, elle le sentirait à travers les fines semelles de ses chaussons et le ramasserait. Alors, Hugo empoigna le balai et tenta de pousser la bague avec le manche, mais celui-ci était trop court. Anthracite se rapprochait toujours davantage de cette bague. Alors Hugo jeta le balai par terre, le manche s’arrêta sous le pied droit d’Anthracite qui lança un juron. Mais avant de s’immobiliser, le balai avait heurté l’anneau et envoyé celui-ci rouler à l’autre bout de la pièce.
Elle ouvrit alors une porte située sur le côté de la cage, prit la souris et la glissa dans la poche ventrale de son tablier.
Elle tourna le dos et quitta la pièce en ricanant.
Hugo attendit quelques instants, courut ramasser l’anneau et le passa à son doigt, il était juste à sa taille. Puis il monta sur un tabouret pour tenter d’ouvrir la petite porte utilisée par Anthracite. Après bien des efforts, il fut bien obligé de constater qu’elle aussi lui résistait. Hugo ne put pas libérer celui qui par sa faute était retenu prisonnier.
— Garde au doigt cet anneau que mon père connaît,
Va le voir en mon nom au fond de la forêt
Il trouvera comment me délivrer de là.
Je vais en grand secret te donner en hexa8
L’adresse où tu pourras aisément le trouver9
La gare de Silic-ville est l’adresse à chercher.
— Comment vais-je aller à l’adresse que tu me donnes ? La souris ne fonctionne plus et Anthracite ne quitte jamais son tablier.
— Remonte le chemin qui va vers la forêt,
Il mène à une gare où tu prendras le bus10.
Hugo sortit par la fenêtre, traversa la pelouse dans la direction indiquée par Alex.
— Un bus, un bus, j’ai déjà entendu Papi en parler, mais ça ressemble à quoi ?
Il parlait pour lui-même en avançant, la gorge un peu serrée.
Le chemin qu’empruntait Hugo longeait la forêt sur quelques centaines de mètres puis pénétrait dans le sous-bois, il n’en voyait pas le bout. Une grosse dame chargée de deux énormes valises arriva en sens inverse. Elle transpirait à grosses gouttes, son visage était cramoisi et elle soufflait de tous ses poumons comme si elle était sur le point d’éclater.
— Bonjour madame, dit Hugo, voulez-vous que je vous aide ?
— Merci, mon garçon, j’ai l’habitude, ils m’envoient toujours chercher des tas de données plus ou moins utiles, continue ton chemin sans t’occuper de moi.
Hugo un peu gêné de ne pas pouvoir aider la vieille dame poursuivit sa route. Quelques centaines de mètres plus loin, il croisa un facteur chargé comme un mulet. Sa sacoche était pleine à craquer, c’est tout juste si elle pouvait fermer. Sur le porte-bagage de son vélo, qu’il poussait à côté de lui, un monceau de paquets, petits et grands s’entassaient pêle-mêle, juste retenus par deux sangles.
— Bonjour monsieur le facteur, lui lança Hugo, l’arrêt du bus est-il encore loin ?
— Salut petit, tu verras, c’est juste après le prochain virage.
En effet, au sortir du virage, Hugo aperçut une gare. Comme beaucoup de petites gares ferroviaires, c’était une maison rectangulaire en briques avec un toit à deux pentes couvertes de tuiles rouges. Le rez-de-chaussée était réservé au service et le premier étage aménagé en appartement pour le chef de gare ou le contrôleur de bus. Deux petits bâtiments étaient accolés de part et d’autre pour ranger le matériel de service.
En entrant dans la salle des pas perdus, Hugo constata qu’il y avait peu de voyageurs. Un éléphant portant un maharadjah et un gros monsieur ventru attendaient avant de passer sur le quai d’embarquement. Une jeune femme, en short, avec un sac à dos et une vieille dame portant un cabas d’où dépassait une botte de poireaux, faisaient la queue à un guichet.
Hugo s’approcha pour passer sur le quai, mais il fut arrêté net par une altercation :
Hugo se retourna, le gros monsieur, d’un air pas très aimable, lui fit signe d’aller au guichet, derrière la dame au cabas.
Comprenant que ce n’était pas la peine d’insister, il s’approcha du guichet que la jeune femme venait de quitter. Quand elle arriva à sa hauteur, intimidé, il n’osa pas la regarder et encore moins l’aborder.
Quelques pas plus loin, il se plaça derrière la vieille dame et attendit son tour. Quand celle-ci eut terminé et pris la direction du quai, le contrôleur de bus lui demanda :
— Où allez-vous jeune homme ?
— À l’adresse 156ABF, dans la forêt.
— Avez-vous des bagages ?
— Non.
— Vous prendrez le 441 trois quarts, il part bientôt, mettez-vous dans la file.
— Merci.
Hugo s’empressa de rejoindre la file d’accès au quai, il se demandait toujours à quoi ressemblait ce fameux bus. L’employé sur le quai lui fit signe de monter dans un véhicule rouge, à mi-chemin entre un des bus qui sillonnent la ville et un wagon de chemin de fer pour le transport des marchandises. Entre deux énormes colis, il trouva une place assise.
Le démarrage brutal le projeta sur un des colis pendant que l’autre roula sur ses genoux. Le véhicule dans lequel il avait pris place roulait sur des rails qui descendaient en pente raide à l’intérieur d’un tunnel. Le wagon s’inséra dans le trafic intense qu’il y avait dans le tunnel. Quelques nanosecondes plus tard, il ressortit sur la voie qui menait à une toute petite gare perdue dans la forêt. L’arrêt ne fut pas plus doux que le départ, le paquet tombé sur ses genoux roula par terre en faisant un bruit de vaisselle cassée. Laissant le colis par terre, il se leva et descendit sur le quai. Sur le fronton de la gare, un panneau indiquait : « 156ABF » et lui confirmait qu’il était bien arrivé à l’adresse indiquée par Alex.
— Bienvenue à Silic-ville, à l’adresse « 156ABF », défense de traverser les voies, la sortie se fait par la gare, cria un Lupo sortant sur le quai.
— Tu parles d’une gare, se dit Hugo, tout juste un abri de jardin.
Sur le quai il prit le temps de regarder autour de lui, sur sa gauche, une barrière en bois séparait le quai d’une grande clairière où des gens s’activaient. Le wagon du bus, arrêté contre un heurtoir fait de vieilles traverses, était sur une courte voie de garage. Un aiguillage, visible avant le wagon, envoyait vers la droite une voie qui longeait le wagon puis tournait vers la gauche en contournant le heurtoir et la barrière en bois où le quai s’arrêtait.
Sur la façade de la gare, un panneau indiquait Silic-ville et en dessous, avec des lettres amovibles, l’adresse 156ABF. Un autre panneau disait Silic-Mine avec l’adresse 15700A écrite avec les mêmes lettres en bois, percées pour le passage d’un clou.
Il pénétra dans la gare pour demander son chemin, mais il n’y avait personne. Seul le Lupo qui devait être contrôleur de bus était assis derrière une table, la tête penchée sur un livre plein de chiffres.
Hugo s’approcha, et toussota plusieurs fois, attendant que l’autre le regarde.
— Bonjour, je cherche le père d’Alex, pourriez-vous me dire comment le trouver ? S’il vous plaît.
— Des Alex, il y en a des tas, allez demander sur la place, devant la gare.
— Merci.
Au sortir de la gare, Hugo vit que la voie traversait la place et tournait vers la droite vers l’entrée d’un tunnel dont l’entrée était faite de pierres sèches et de troncs d’arbres. Plus à droite rougeoyaient les fours de deux ateliers destinés au travail du métal et pourtant personne n’y travaillait. Le rougeoiement des flammes sortait de quatre ouvertures en arc de cercle aménagées dans des murs en pierre. Devant des outils et des enclumes étaient protégés par des dais en toile grossière soutenus par des branches tout juste équarries.
En levant les yeux, Hugo vit que les hauts arbres qui entouraient la clairière étaient chargés de gros fruits.
Sur sa gauche, formant deux étales placées en angle droit, des tables abritaient toutes sortes de marchandises à vendre. Protégés par des chapiteaux en toile multicolores, ces denrées et d’étranges vendeurs attendaient une clientèle totalement absente.
En partant de la gauche vers la droite, il y avait un marchand de poisson. Tablier blanc en toile plastifiée et pull gris, il avait une tête de loutre. Derrière lui, sur un chariot aux roues pleines, une autre loutre portant une jupe sous son tablier triait des poissons. À côté, un personnage, assez gros, en costume trois-pièces ocre et portant une cravate rouge, vendait du miel. Il ressemblait à un ours. Suivait un marchand de fruits et légumes en salopette bleue et chemise écossaise. Il arborait une belle barbe noire d’où émergeait un long nez pointu.
Sur l’étale perpendiculaire, il y avait un marchand d’outils. Il proposait des marteaux, des haches, des clous, des vis, des scies, et tout ce qu’il faut pour travailler le bois ou le métal. Ses doigts crochus aux ongles longs et pointus étaient posés sur une faux pour tester le coupant. Son visage allongé et anguleux lui donnait l’air fragile, mais on sentait poindre des muscles puissants sous sa chemise rouge et son pantalon noir.
Hugo s’approcha du dernier, celui qui était le plus au centre de la place. Il avait devant lui un étalage de vêtements en cuir. C’était un petit homme à la barbe rousse et des cheveux hirsutes, de la même couleur, débordaient de son bonnet bleu marine. Il avait l’œil gauche fermé et au milieu d’un visage rond trônait un gros nez un peu violacé. Pour vêtement, il portait un jean et un gros pull bleu marine de la même couleur que son bonnet.
— Je cherche le papa d’Alex, c’est un Lupo, savez-vous qui c’est ?
— C’est la première fois que je fais ce marché, je ne connais les Lupos que par leur nom. Répondit-il d’une grosse voix enrouée. Ce qui frappa Hugo, ce fut sa bouche édentée où il manquait trois dents sur le devant. Une pipe en écume noircie par les quantités de tabac qui y avaient brûlé pendait à sa bouche.
— Mais où sont-ils donc ?
Notre homme héla le marchand de miel.
— Compère, où sont nos clients, les Lupos ?
— Je ne sais, ils sont tous partis quand leur chef est venu leur parler, tout à l’heure. Ils avaient l’air effrayés.
— Tu vois, nous ne pouvons pas t’aider et nos affaires tournent plutôt mal ce matin, s’il n’y a pas plus de clients que ça je ne remettrai jamais plus les pieds dans cette clairière. Je viens d’un petit village nommé Port Nandi, au bord de la mer et on m’a dit que les Lupos avaient besoin de tenues en cuir pour se protéger pendant leur travail de métallurgie, mais pour l’instant je n’ai rien vendu et si ça continue, je vais plier bagage. Tu as l’air bien pressé, toi aussi, d’où viens-tu ?
— Je viens de l’extérieur.
— Connais pas !
— Je ne sais pas depuis combien de temps je suis parti de la maison, ma montre est restée sur le rebord du lavabo de la salle de bain, quand je me suis lavé les mains. Il faut que je rentre rapidement chez moi.
— Le temps n’est peut-être pas le même ici et chez toi ?
Le marchand posa deux doigts sur le front d’Hugo et dit :
— Tu as une jolie bosse, mon gars, il faudrait soigner ça.
— Je me suis cogné tout à l’heure et j’ai encore mal.
Allant en s’amplifiant, le bruit de dizaines d’ailes battant les airs se fit entendre, comme si un essaim d’abeilles approchait. Il leva la tête et vit un groupe important de Lupos traverser la clairière et s’approcher d’un arbre situé en face de la gare. Celui qui menait le groupe avait la poitrine barrée par une écharpe dorée.
Personne n’entendit ce que disait Hugo, le bruit de leurs ailes couvrait tout. Les Lupos se posèrent sur une plateforme construite dans l’arbre. Un grave souci semblait les préoccuper et des discussions animées les divisaient sur ce qu’il fallait faire.
Hugo faisait des grands signes avec ses bras pour attirer leur attention. Celui qui avait l’écharpe dorée fit signe à deux Lupos qui quittèrent le groupe pour venir jusqu’à Hugo.
— Que veux-tu, petit homme ?
— Je cherche le père d’Alex, pouvez-vous me mener à lui ?
— Mais qu’attends-tu de lui,
Nous avons des ennuis.
— Vous avez peut-être des ennuis, mais les siens sont encore plus grands.
— Nous allons t’emmener,
Assieds-toi sur nos mains
Et pour ne pas tomber
Nos épaules tu tiens.
Formant une chaise avec leurs quatre mains, ils portèrent Hugo jusqu’à une grosse branche de l’arbre. De là partait la plateforme sur laquelle ils s’étaient posés. Ils parlaient fort et se chamaillaient.
— Nous allons tous mourir,
Qu’allons-nous devenir ? dit une Lupo.
— Il y a des garçons et des filles, constata Hugo. Les filles portent une courte jupe sur des collants verts un peu plus foncés, alors que les garçons portent une sorte de pantalon. Leurs pieds, comme ceux d’Alex, sont chaussés d’une semelle attachée par des lanières nouées à la cheville.
— Qu’allons-nous devenir, s’il détruit la forêt ? reprit un autre.
Hugo fit un pas en avant pour passer sur la plateforme. Au bout de celle-ci il y avait une construction rectangulaire au toit de chaume dont les murs étaient faits de paille tressée. L’ensemble était construit dans cet arbre, mais rien ne permettait d’y accéder autrement qu’en volant.
Autour de lui, ce qu’il avait pris pour des fruits était en fait des maisons rondes, suspendues par des lianes. Posées sur une plate-forme circulaire en branches entrelacées, elles avaient des murs en paille tressée surmontés d’un toit pointu fait de palmes séchées. Devant les deux ouvertures, une porte et une fenêtre, le plancher avait été prolongé et formait un balcon sans balustrade.
— Ce sont les maisons des Lupos, se dit-il intérieurement.
— Calmez-vous, Lupos mes amis,
Recherchons comment éloigner
Ce très grand péril pour nos vies.
Qui es-tu, petit étranger ? dit le Lupo ceint d’une écharpe, en se retournant.
— Je m’appelle Hugo et je suis envoyé par Alex auprès de son père, voici la bague qu’il m’a confiée.
— En effet, je la reconnais,
Dis-moi ce qui retient mon fils.
S’il t’a envoyé, je le sais,
Il a un grave préjudice.
— Il est prisonnier d’Anthracite Carbona. C’est de ma faute, sans le faire exprès, je l’ai précipité dans un piège tendu par elle. Il faut le délivrer.
— Je n’avais pas besoin de ça,
Le Verviral qui nous agresse
Et cette vieille Carbona
Qui risque de trouver l’adresse.
C’est beaucoup pour le vieil Octo.
Alex prisonnier d’Anthracite
Et le Verviral sur le dos.
— C’est quoi le Verviral ?
— Viens avec nous, tu comprendras.
Sur un signe du chef, deux Lupos s’approchèrent, firent asseoir Hugo sur leurs quatre mains en tenant leurs poignets. Ils l’emportèrent dans les airs. Passant entre les branches et les feuilles, ils s’élevèrent rapidement au-dessus des arbres et volèrent jusqu’au sommet d’une colline d’où ils pouvaient contempler une immense forêt percée de nombreux lacs. Cette forêt s’étalait au loin, jusqu’à une chaîne de hautes montagnes couvertes de neiges.
— Regarde la forêt par-là, dit Octo en tendant le bras.
Un énorme ver vert était en train de dévorer la forêt. Bouchée par bouchée, lentement, il dévorait tout, systématiquement. Derrière lui il ne restait rien, ni le ciel, ni la forêt, ni le chant des oiseaux, ni les odeurs des bois. Déjà une partie de l’image, tout le coin en haut à droite, avait disparu entre ses dents qu’aucun habitant de la forêt ne pouvait arrêter.
— Explique-moi, ce que c’est, demanda Hugo.
— C’est un virus informatique,
Qui de façon systématique
Détruit sans pitié les données
En commençant par la mémoire,
Le disque dur sera vidé
Il n’y aura plus aucun espoir
Même après réinstallation
Notre secret sera perdu
Pour toutes les générations
Car de nous seuls il est connu.
Les deux Lupos passèrent leurs mains sous Hugo et le ramenèrent au centre du village.
Comment faire ? se dit Hugo, Papi aurait la solution. Il connaît bien les ordinateurs et les programmes antivirus. Mais je ne peux rien lui demander d’où je suis.
Déposé sur la grosse branche d’où ils étaient partis, Hugo raconta à Octo comment tout cela s’était produit. Il parla de la souris qui avait fini dans la poche du tablier d’Anthracite, après être restée coincée entre les barreaux de la cage.
— De nous sauver, tu peux encore,
Retrouve ta souris Hugo,
Et pars nous chercher le Macnor.
Né ce matin sur le réseau
Bien au-delà de ce modem11
Que nous ne pouvons dépasser.
Toi seul Hugo est donc à même
Avec Sixia de nous sauver.
Octo expliqua son plan à Hugo et dit à sa fille de l’accompagner.
Une quinzaine de jours plus tôt, dans les bureaux de la VDM.
Penché sur le clavier de son ordinateur, Georges se hâtait de modifier son programme. Il venait de terminer les derniers sous-programmes qu’il avait développés en secret, il y travaillait depuis plusieurs mois en restant à son bureau tard le soir, après avoir réalisé ce que ses chefs attendaient de lui. Il avait remplacé les horribles balais inconfortables par une modification de la souris qui devenait un véhicule plus confortable et plus performant. Il avait aussi ajouté des améliorations sur la vitesse, une meilleure maniabilité grâce à un Joystick, une grande souplesse au niveau de l’apparence et une forme d’intelligence grâce au logiciel « sourintel.exe ».
Du temps où il s’entendait bien avec lui, Marc lui avait commandé le premier programme, il était tellement fasciné par les histoires de sorciers qu’il avait demandé à utiliser des balais comme support. Il utilisait toujours cette version, mais à des fins qui ne plaisaient pas à Georges qui refusait maintenant de collaborer.
Se plonger dans l’informatique lui permettait de se changer les idées, de ne pas penser à la mort de son frère Paul survenue une douzaine de jours avant, dans des conditions mystérieuses pour la police, mais qui laissaient peu de doutes à Georges quant au, ou aux coupables.
Il s’arrêta un moment, les yeux perdus dans le vague, pensant à son frère.
Se ressaisissant, il se remit au travail. Il allait commencer les premiers tests quand le téléphone sonna.
— Allo ! Georges, peux-tu venir me voir ?
— J’arrive dans dix minutes, j’ai commencé un essai que je ne peux interrompre, mentit-il.
— Très bien, à tout à l’heure.
Il sauvegarda ce qu’il était en train de faire sur le disque dur de son portable, mais rien dans la mémoire de l’ordinateur de la VDM auquel il était relié en réseau. Pour ne rien laisser de visible pendant son absence, il remit sur son écran le travail qu’il était censé faire pour son employeur.
Depuis qu’il avait été embauché à la VDM, il avait eu droit à un traitement de chef puisqu’il avait un bureau alors que les autres ingénieurs se partageaient un open-space où leur tranquillité était seulement assurée par des meubles de rangement d’un mètre vingt prolongés par une vitre de cinquante centimètres.
Il traversa cet espace sur toute sa longueur, faisant au passage un petit signe de la main à certains de ses collègues. Il frappa à la porte de Marc Schöller, le directeur de la VDM.
— Entre Georges, comment vas-tu ?
— Il y a des hauts et des bas, mais pendant que je travaille je pense moins.
— La police a-t-elle fini son enquête ?
— Non, pas encore, ils ne comprennent pas comment cela a pu se passer.
— En attendant, pourrais-tu lancer des tests sur l’antivirus « gobver ». Il faut que nous sortions la version quinze d’ici la fin du mois. Ton équipe devrait pouvoir tenir ce délai, c’est très important. Tu connais les bugs de la version quatorze, alors je compte sur toi.
— Oui, nous ferons le maximum, mais tu connais les difficultés, le virus est difficile à simuler, car il est multiforme.
— Ce n’est pas une raison… livraison à la fin du mois. Et mon virus, le « Verviral », tu sais qu’il va bientôt être opérationnel ?
— Je sais, Martial m’en a parlé à la cantine, mais je te l’ai déjà dit, je ne veux plus travailler sur tes programmes spéciaux.
— Je sais, mais toi, tu ne sais pas ce que tu perds.
En sortant de chez Marc, Georges se dirigea directement vers le bureau d’Yves pour lui expliquer ce qu’il devait faire et les délais imposés par leur chef.
— Yves, le patron compte sur nous et tes gars pour avancer les tests et livrer le 28 février.
— Mais c’est impossible !
— Nous en reparlerons demain, pour l’instant je ne peux pas t’aider, j’ai un autre projet en cours. Essaye de ne pas me déranger cet après-midi, j’ai besoin de calme.
— Si je peux t’aider, tu n’as qu’à me demander.
— Merci, j’espère m’en sortir tout seul.
Georges retourna dans son bureau et se remit sur son ordinateur.
Il travailla tard ce soir-là, il n’y avait plus personne susceptible de le surprendre quand il testa son nouveau programme. La souris de l’ordinateur ne voulut rien savoir la première fois. En relisant ce qu’il avait écrit, il s’aperçut qu’un test de comparaison entre deux valeurs se faisait dans le mauvais sens. Après correction, la souris fit exactement ce qu’il espérait. Il put pénétrer à travers l’écran, passer le tunnel mal éclairé puis faire le chemin inverse. Ce soir, il avait réalisé une partie de son plan, il rentra chez lui le cœur un peu moins lourd, en emportant son ordinateur portable.
Arrivé chez lui, il entreprit de copier son fameux programme « sourmag.exe » sur un de ses ordinateurs, en veillant à effacer le maximum d’autres applications. Il copia aussi tout un fichier de souvenirs de familles : lui et Paul en vacances à la mer, les fêtes de familles, les souvenirs avec son neveu et les photos de leurs parents. On pouvait voir aussi leur mère et les deux papas : celui de Paul décédé dans un accident et le sien.
Il rédigea une lettre et prépara un paquet postal adressé à son neveu Claude, contenant la lettre et le portable.
Le lendemain il posta le paquet au bureau de poste qui se trouvait sur son chemin, deux rues avant son entreprise.
En arrivant, il commença par aller voir Yves pour savoir si le travail avançait et s’il pourrait encore consacrer du temps à son projet sans être dérangé.
— Bonjour Yves, comment vas-tu ?
— Bien et toi, je te trouve bien courageux après ces épreuves.
— Il le faut bien, tu sais, il ne faut jamais baisser les bras. Mais parlons du boulot, vous vous en sortez des tests ? Arrivez-vous à simuler les mutations du virus avec assez de précision pour avancer ?
— On avance lentement et le délai de la fin du mois nous fait peur. Il y a quelque chose que je voudrais voir avec toi.
— Est-ce urgent, car ce matin je voudrais terminer quelque chose ?
— Cela peut attendre cet après-midi, c’est au sujet de certaines phases de simulation du virus que nous ne maîtrisons pas bien.
— Viens me voir à 14 heures, reprit Georges.
— Cela tombe bien, Marc est en réunion chez un client, ce matin avec Julie et Frédéric, pour la matinée. J’aimerais qu’on en parle tous les trois, car nous avons rencontré un os.
— C’est grave ?
— Oui et non, mais nous avons besoin de moyens de mesure supplémentaires.
— À cet après-midi !
Puis Georges traversa une partie de l’open space pour retrouver son ami Martial.
— Salut, dit Georges, en forme ce matin.
— Oui et toi aussi, j’ai l’impression.
— Peux-tu venir discrètement dans mon bureau ? Fais en sorte que personne ne te voit entrer, dit Georges en baissant la voix. Puis il s’éloigna pour rejoindre son poste de travail.
Martial partit dans l’autre direction, comme s’il se rendait au laboratoire, mais en chemin il prit un couloir sur la gauche puis l’escalier menant à l’étage supérieur. Arrivé en haut, il traversa tout le bâtiment, redescendit par l’ascenseur. Personne ne le vit traverser le palier et pénétrer dans le bureau de Georges. Après avoir fermé la porte, il dit :
— Pourquoi tous ces mystères ?
— J’ai besoin de ton aide, mais avant il faut que je te raconte certaines choses. Quand j’étais étudiant, j’avais travaillé sur un projet, un peu bizarre, j’en conviens : trouver une interaction entre l’homme et ce qui se passe dans un ordinateur. J’étais parti d’observations entre notre intelligence et l’intelligence artificielle. Je te passe les détails, toujours est-il qu’après mes examens je suis tombé sur un patron que cela intéressait. Marc Schöller m’a embauché et mis à ma disposition les moyens nécessaires pour développer un support de transport qui permet à un homme d’entrer et vivre dans un ordinateur. Je ne savais pas à l’époque l’usage malhonnête qu’il en ferait.
— Tu veux dire que notre patron est un voleur ?
— Peut être bien pire même.
— Mais les virus qu’il m’a fait développer alors, tu me fais peur.
— Il est possible qu’ils servent à autre chose qu’au test des antivirus que nous vendons.
— Il faut prévenir la police.
— Oui et nous irons directement en prison, avec lui.
— Saloperie, il nous a bien eus.
— Attends, je le suspecte d’avoir tué mon frère et j’ai besoin de toi pour le confondre. Toi, malgré ce que je viens de te raconter, tu ne sais rien et tu continues comme si de rien n’était.
— D’accord, comment veux-tu faire intervenir la police sans être dans le coup ?
— Autre chose, quand il m’a fait venir, hier, il y avait sur le coin de son bureau un petit carnet noir, avec une couverture en cuir et ce petit carnet ressemblait étrangement à celui de mon frère. Une semaine avant de se faire assassiner, Paul m’a emmené dans son bureau et très fier de lui, il m’a montré une petite bouteille contenant un liquide ambré. Ceci est, me dit-il, le fruit de nombreuses années de recherche, le produit contenu dans ce flacon peut guérir et rajeunir les cellules blessées des hommes, le rendre éternel ou presque. Cela peut faire repousser un membre coupé ou refermer une plaie. Et dans ce carnet, j’ai noté la formule du produit et le mode de fabrication, personne n’est capable d’en fabriquer sans moi et sans ce qu’il y a là-dedans. Il avait rangé l’élixir dans le coffre derrière lui et mis le carnet dans la poche intérieure de sa veste.
Il faut que nous récupérions ce carnet, j’espère qu’il est toujours dans le bureau du patron, Marc n’est pas là ce matin.
— Je viens avec toi, mais par un chemin différent.
— OK, passe par l’étage, moi je passe par l’open space.
Georges arriva le premier, la secrétaire de Marc s’était absentée, il en profita pour pénétrer dans le bureau. Quand Martial se présenta à son tour, elle n’était pas revenue et il put se glisser subrepticement dans le bureau.
Ils ne tardèrent pas à trouver le carnet de Paul, les formules de chimie qui s’y trouvaient ne laissaient aucun doute sur son origine. Et, cerise sur le gâteau, ils trouvèrent dans le même tiroir le flacon d’élixir.
— Il faut sortir d’ici sans se faire remarquer, dit Martial.
— Attends, je m’occupe de la secrétaire et toi tu sors sans te faire voir, on se retrouve dans mon bureau.
Sans faire de bruit, Georges entrouvrit la porte, il put apercevoir la secrétaire, de dos, en train de trier du courrier. Il referma la porte et frappa avec son doigt comme s’il arrivait.
L’air de rien, il dit à la secrétaire qui venait de se retourner brutalement :
— Bonjour Marie, Marc n’est pas là ?
— Vous m’avez fait peur. Non il est en réunion ce matin.
— Dommage, je le verrai à son retour.
— Vous voulez que je lui dise que vous l’avez cherché.
— Non, ce n’est pas urgent.
— Pouvez-vous me sortir le rapport de la compagnie ALTRAPEL sur la version 14 de l’antivirus Gobver, je ne remets pas la main sur la dernière édition.
Pendant qu’elle cherchait le dossier, dans l’armoire située à côté d’elle, Georges donna deux petits coups sur la porte et Martial sortit sans se faire remarquer. Il retourna dans le bureau de Georges par le même chemin qu’à l’aller.
— Maintenant, dit Georges en entrant à son tour, il faut cacher ce que nous avons récupéré, à un endroit où personne ne peut le trouver. J’ai besoin de ton dernier virus, car la meilleure cache est un ordinateur. Nous allons charger le Verviral de certains de mes logiciels où nous cacherons le flacon et le carnet. Peux-tu le modifier pour qu’il se transmette automatiquement de mail en mail deux fois et s’implante dans le troisième ordinateur ? Comme ça, même moi, je ne pourrai pas savoir où ils sont cachés.
— C’est un peu une bouteille à la mer que tu jettes.
— On peut le dire comme ça. Ils arriveront peut-être à la police ou resteront cachés pour toujours.
Martial se mit devant l’ordinateur de Georges et copia le logiciel dont est constitué le virus, de l’ordinateur de la VDM vers la mémoire vive du portable. Puis il effectua quelques corrections pour restreindre la fonction de prolifération à ce que demandait Georges et pour qu’il puisse emporter avec lui les programmes « sourmag.exe » et « lupos.exe ». Après une bonne vingtaine de minutes, il copia ce nouveau « verviral.exe » sur le disque dur du portable.
Dès que Martial eut quitté la pièce, Georges lança le programme « lupos.exe » puis le programme « sourmag.exe », quand il eut donné le mot de passe, la souris se transforma, il monta à bord et disparut dans l’écran, traversa le tunnel mal éclairé et débarqua directement dans la clairière des Lupos. Ils étaient nombreux sur la place et beaucoup partir en courant ou en volant pour ne pas être écrasés par la souris. Ceux qui étaient au travail devant les fours ou à la sortie de la mine s’arrêtèrent pour regarder ce qui se passait.
Georges en interpella deux et leur demanda de le mener auprès d’Octo. Ils s’envolèrent tous les trois pour rejoindre la plateforme où les attendait le chef des Lupo.
— Bonjour, Octo, grandissime chef des Lupos.
— N’en rajoute pas trop veux-tu,
Notre grandissime créateur
Arrive ici à l’impromptu
Qu’attend-il de ses serviteurs ?
Georges retraversa le tunnel mal éclairé et revint dans son bureau.
Il expédia un mail à un ami de ses connaissances ([email protected]) et glissa le Verviral en pièce jointe, confiant au destin l’avenir des Lupos et de leurs trésors. Puis il détruisit les programmes « sourmag.exe », « lupos.exe » et « verviral.exe », les jetant dans la corbeille et aussitôt en allant les détruire dans la corbeille d’où ils auraient pu être restaurés. Ensuite dans sa boîte d’envoi il détruisit la trace du mail pour faire disparaître l’adresse du destinataire.
À ce moment-là il entendit des cris dans le couloir. Il vit la porte de son bureau s’ouvrir brutalement sur un Marc Schöller furieux qui se mit à hurler :
— C’est toi qui es entré dans mon bureau ? Rends-moi ce que tu m’as pris.
— De quoi parles-tu ?
— Tu le sais très bien, toi seul pouvais avoir compris.
— Je ne comprends pas, aurais-tu quelque chose à cacher ?
— Fais l’innocent. Le carnet et l’élixir, où les as-tu cachés.
Tout en disant cela, Marc fit le tour du bureau et commença à fouiller les tiroirs, envoyant tout valser dans les airs. Puis, se précipitant sur l’armoire, il vida par terre tout son contenu. Rendu plus furieux de n’avoir rien trouvé, il attrapa Georges par la cravate et le col de sa chemise et le menaça de son autre poing fermé.
Georges restait imperturbable. En réalité il était mort de peur à l’idée de ce qui risquait d’arriver.
Ses cris avaient attiré du monde et déjà deux ingénieurs étaient entrés quand d’autres se massaient dans le couloir. Marc dut lâcher son étreinte.
— Dehors vous autres !
— Calme-toi Marc, que se passe-t-il ? demanda Martial qui venait d’entrer.
Quand les cris avaient commencé, il s’approchait du bureau de Georges pour lui dire de ne pas envoyer le Verviral, car il avait oublié de désactiver la fonction d’agressivité du virus envers son hôte.
— J’ai dit tout le monde dehors, cria Marc en les poussant dehors ! Ce faisant, il tourna le dos à Georges quelques instants.
Georges en profita, il saisit le balai caché dans l’armoire, tapa le mot clé sur le clavier et disparut dans l’écran. Il traversa le tunnel mal éclairé, et fonça vers le module qui assurait la liaison haut débit avec l’ordinateur central de la VDM et s’engouffra dedans.