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Deuxième pièce écrite par Jean-Paul Sartre (1905-1980),
Huis clos fut représenté pour la première fois au théâtre du Vieux-Colombier à Paris, le 27 mai 1944, avant d’être publié chez Gallimard l’année suivante.
Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Huis clos de Jean-Paul Sartre
Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.
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Seitenzahl: 52
Veröffentlichungsjahr: 2015
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ISBN : 9782852295490
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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Huis clos, Jean-Paul Sartre (Les Fiches de lecture d'Universalis).
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Deuxième pièce écrite par Jean-Paul Sartre (1905-1980), Huis clos fut représenté pour la première fois au théâtre du Vieux-Colombier à Paris, le 27 mai 1944, avant d’être publié chez Gallimard l’année suivante. Après Les Mouches (1943), parabole sur la résistance en pleine Occupation, Sartre semblait s’éloigner d’un théâtre engagé dans l’Histoire au profit d’un apologue philosophique sur la liberté de l’Homme et ses rapports avec autrui. Rupture apparente seulement, tant il est vrai que la pièce offrait de profondes résonances avec un temps et des circonstances où chacun était sommé de faire des choix. « Jamais, dira Sartre plus tard, nous n’avons été plus libres que sous l’occupation allemande. »
Un acte unique divisé en cinq scènes dont la dernière occupe à elle seule plus des trois quarts de la pièce, une action réduite à sa plus simple expression – la confrontation de trois personnages –, située nulle part et hors du temps, une fin qui ne résout rien et ouvre sur un éternel recommencement... Par sa structure même, Huis clos semble tenir de la gageure formelle. Les quatre premières scènes forment une manière d’exposition. Dans le salon « style second Empire » de ce qui semble être une chambre d’hôtel, un « garçon » (d’étage ?) introduit successivement un homme et deux femmes : Garcin, Inès et Estelle. Très vite, on comprend que les trois personnages sont morts et se trouvent en enfer (il règne d’ailleurs une chaleur étouffante). Au début de la cinquième scène, chacun commence par évoquer vaguement sa mort et sa vie (Garcin, fusillé, était « publiciste et homme de lettres », Inès, asphyxiée au gaz, employée des Postes, Estelle, victime d’une pneumonie, bourgeoise mondaine), tout en observant les réactions des proches demeurés sur terre. Mais bientôt la promiscuité, incompréhensible et insupportable, fait tomber les masques. Garcin n’est pas le héros qu’il prétend : militant pacifiste, il a été arrêté alors qu’il fuyait lâchement. Pis, en toute bonne conscience, il a fait mourir sa femme de chagrin (« Je rentrais saoul comme un cochon, je sentais le vin et la femme »). Inès, lesbienne perverse, a poussé son cousin sous un tramway afin de séduire sa femme, Florence, qu’elle a ensuite torturée mentalement (« Moi, je suis méchante : ça veut dire que j’ai besoin de la souffrance des autres pour exister »), jusqu’à ce que celle-ci finisse par ouvrir le robinet du gaz. Estelle, enfin, a noyé l’enfant qu’elle venait d’avoir avec son amant, Roger, lequel s’est tiré une balle dans la tête de désespoir (« C’était une fille. Roger était près de moi quand elle est née. Ça l’amusait d’avoir une fille. Pas moi »). Ces confessions, loin d’apporter la paix, ne font qu’aviver la haine au sein du trio. Des alliances s’ébauchent, vite rompues : Inès tente de séduire Estelle, qui se rapproche de Garcin. En vain. De ce jeu de pouvoirs plus que de désirs, il ne peut rien sortir. Aucune fuite, nulle échappatoire : prisonniers à jamais de leurs actes et condamnés à « vivre » pour l’éternité sous le regard des deux autres, Inès, Estelle et Garcin témoignent tragiquement de ce que, comme le résume ce dernier d’une formule demeurée fameuse, « l’enfer, c’est les autres ».
Huis clos est indissociable de L’Être et le Néant, publié en 1943, et dont il peut apparaître comme la mise en « situation », littéraire et vulgarisée. La pièce illustre en effet quelques-unes des thèses développées par Sartre dans cette somme philosophique. Au commencement, il y a la liberté humaine. On connaît le célèbre paradoxe : « Nous sommes condamnés à être libres. » C’est que cette liberté est vécue le plus souvent comme source d’angoisse, dans la mesure où elle nous contraint à faire en permanence des choix qui nous engagent. Nous sommes nos actes, et de ces actes nous sommes entièrement responsables (« Seuls les actes décident de ce qu’on a voulu. [...] Tu n’es rien d’autre que ta vie », déclare Inès). Si Garcin, Inès et Estelle sont coupables, c’est parce que leurs crimes ne sont nullement le fruit d’on ne sait quel déterminisme (divin, social ou psychanalytique). Pour échapper à cette angoisse, s’offre alors la solution de la « mauvaise foi ». Dans la pièce, chaque personnage, à peine avoués ses forfaits, cède à la tentation de mentir et pis, de se mentir à soi-même. Mais les deux autres ne manquent pas de le replacer face à sa responsabilité : nul bourreau ici qu’autrui, qui vous tend le miroir impitoyable de votre propre vérité (« Voulez-vous que je vous serve de miroir ? », « Eh bien, Garcin ? Nous voici nus comme des vers »). Car – et c’est le troisième et principal thème de la pièce – nous ne sommes pas seuls au monde. Et, les libertés étant inconciliables, notre rapport à autrui est d’abord et avant tout conflictuel. Chaque individu est condamné à exister dans et par le regard d’autrui : « Je ne suis rien, dit Inès, que le regard qui te voit, que cette pensée incolore qui te pense. » Est-ce à dire que toute coexistence est impossible ? Sans doute pas. Et si le propos sartrien est pessimiste, il n’est pas désespéré pour autant, comme en témoigne peut-être la réplique finale, ambiguë à souhait : « Continuons. »