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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Universalis
Dédié à Victor Hugo,
Illusions perdues est non seulement le plus vaste roman de
La Comédie humaine, mais une de ses clés de voûte.
Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Illusions perdues d'Honoré de Balzac
Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.
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Seitenzahl: 82
Veröffentlichungsjahr: 2015
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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.
ISBN : 9782852294431
© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.
Photo de couverture : © Monticello/Shutterstock
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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Illusions perdues, Honoré de Balzac (Les Fiches de lecture d'Universalis).
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Dédié à Victor Hugo, Illusions perdues est non seulement le plus vaste roman de La Comédie humaine, mais une de ses clés de voûte. Plongeant ses racines dans Le Père Goriot (1834) dont il reprend un des principaux personnages en même temps qu’un des éléments de l’intrigue, il se poursuit dans Splendeurs et misères des courtisanes (1839-1847) où se trouve exposée la suite des destinées de Lucien de Rubempré et de l’abbé Herrera, alias Vautrin. Du premier projet d’Illusions à la dernière partie de Splendeurs, ce sont presque toutes les années d’écriture de La Comédie humaine qui se trouvent embrassées. Conçu initialement comme une simple nouvelle, l’ouvrage prit au cours de la rédaction une dimension telle que Honoré de Balzac (1799-1850) le subdivisa en trois parties. La première, Les Deux Poètes, parut en 1837, la deuxième, Un grand homme de province à Paris, en 1839, et la dernière, Les Souffrances de l’inventeur, écrite en un temps record, en 1843.
En 1819, de retour à Angoulême, sa ville natale, David Séchard rachète pour un prix exorbitant le commerce de son père, vieil avare alcoolique. Il s’agit d’une imprimerie vétuste dont l’activité périclite du fait de la concurrence des frères Cointet. Mais David, qui a étudié les nouvelles techniques, compte aboutir à une invention qui le rendra riche. Il retrouve un ami d’enfance, Lucien Chardon, fils d’un ancien pharmacien de la ville. Comme celui-ci, qui a l’ambition d’être un grand poète, vit dans la misère, David l’engage dans son imprimerie. Il s’éprend de sa sœur Ève, qu’il épousera bientôt.
Les dons littéraires de Lucien et sa beauté exceptionnelle, quasi féminine, ne passent pas inaperçus. Louise de Bargeton, une notable entichée d’art et de belles-lettres qui tient salon, devient sa protectrice et le lance dans la bonne société. Le poète et son égérie s’éprennent l’un de l’autre, mais leur idylle fait jaser. M. de Bargeton doit se battre en duel pour défendre l’honneur de son épouse. Celle-ci décide alors d’aller séjourner à Paris chez sa parente, la marquise d’Espard, et d’y emmener Lucien.
Une fois installée, madame de Bargeton comprend que s’afficher avec un pauvre provincial nommé Chardon risque de la desservir. Abandonné, Lucien se retrouve seul et sans ressources. Contraint à vivre du maigre pécule offert par sa sœur, il mène une existence spartiate et rédige un roman. Après avoir fait la connaissance de Daniel d’Arthez, lui aussi apprenti-écrivain, il peut entrer dans le Cénacle, groupe de jeunes intellectuels idéalistes travaillant à réformer la société, qui l’entourent de leur amitié.
Mais Lucien est las des privations. Lorsque Lousteau lui décrit sans complaisance l’univers du journalisme et lui offre de l’y faire entrer, il n’hésite pas. Dès son premier article, il montre du talent et connaît une fulgurante ascension sociale qui fait de lui une célébrité de la presse et du monde artiste. Libraires et directeurs de théâtre redoutent sa férocité. Lucien est désormais en vue. Autrefois refusés, ses poèmes sont achetés par un éditeur. Amant de Coralie, jeune comédienne entretenue, il vit dans le plaisir et le luxe, prenant sa revanche sur Louise de Bargeton dont il brocarde le vieux soupirant, M. du Châtelet.
Pour que sa réussite soit complète, Lucien souhaite pouvoir porter le nom et le titre de sa mère, née de Rubempré. Il lui faut pour cela obtenir une ordonnance royale. Il met donc sa plume au service de la presse monarchiste. Mais les ultras ne l’ont attiré que pour mieux le perdre, et ses anciens amis libéraux se liguent contre lui. Alors qu’il vient d’éreinter un livre de d’Arthez, un membre du Cénacle le provoque en duel et le blesse. Coralie, victime d’une cabale, tombe malade et meurt bientôt. Tous les biens du couple ayant été saisis, Lucien en est réduit à composer des chansons grivoises pour payer ses obsèques. Ruiné, abandonné de tous, il se résout à rentrer à pied à Angoulême.
De son côté, David Séchard est sur le point d’aboutir à une invention révolutionnaire : la fabrication d’un papier bon marché à partir de fibres végétales. Mais son imprimerie est en faillite. De plus, les frères Cointet le poursuivent en justice pour des billets à ordre que Lucien a émis en imitant sa signature et qu’il ne peut acquitter. Lucien croit réparer sa faute en réveillant l’amour de Louise, qui a épousé du Châtelet, devenu le préfet du département. Mais sa tentative conduit indirectement à faire arrêter David. Se croyant coupable, Lucien décide de se suicider. Parti se noyer, il croise un étrange abbé espagnol, Carlos Herrera, qui lui redonne des raisons de vivre et l’engage comme secrétaire en lui donnant l’argent qui permet de sortir David de prison. Celui-ci, lassé de lutter, abandonne les droits de son invention aux Cointet et hérite de son père. Lucien, lui, « ne s’appartient plus » et « recommence une existence affreuse ».
Dans ce roman, Balzac a mis tout lui-même, jusqu’à prêter ses propres traits à David Séchard : « Son visage brun de ton, coloré, gras, supporté par un gros cou, enveloppé d’une abondante forêt de cheveux noirs, ressemblait au premier abord à celui des chanoines chantés par Boileau. » Les souffrances de l’imprimeur, les tracas de la faillite, le harcèlement des hommes de loi, il a vécu tout cela. Mais les ignominies du journalisme, « la plus grande plaie de ce Siècle », lui sont tout autant familières. Cette connaissance intime des univers qu’il dépeint lui permet donc de donner la plus haute expression à ce qui fait le propre de son génie : comprendre les forces secrètes qui régissent le réel, puis les retranscrire et les dévoiler dans un monde de fiction.
Roman de la révélation, Illusions perdues est du même coup celui de l’initiation : celle d’un jeune homme ignorant de la vie, écartelé entre la recherche exigeante d’un absolu et la tentation des plaisirs et des succès faciles. Peu à peu déniaisé (« Le poète apprenait l’envers des consciences, le jeu des rouages de la vie parisienne, le mécanisme de toute chose »), Lucien est amené à choisir son destin : la lumière, l’idéalisme d’un David ou d’un d’Arthez, ou bien l’ombre, le cynisme d’un Lousteau, le pacte diabolique proposé par Herrera que Rastignac, dans Le Père Goriot, avait refusé et auquel il succombe. « Au lieu de me tuer, j’ai vendu ma vie », écrit-il à sa sœur. Grande lutte du Bien et du Mal qui accentue les éclats romantiques traversant çà et là le récit réaliste.
L’initiation et la connaissance nouvelle qu’elle procure font d’Illusions perdues un livre « plein d’amères tristesses ». Dans son ambiguïté, Paris, ville de l’éclat, paradis des « lions », est aussi le théâtre de la désillusion. Louise et son protégé voient se défaire l’image idéalisée qu’ils se prêtaient l’un à l’autre. David renonce à exploiter son invention. Lucien prend conscience des faux-semblants de la scène parisienne où on fabrique tout, même le succès. Il n’est pas jusqu’à Herrera – le forçat Jean Vautrin –, qui, passant devant la maison natale de Rastignac, n’ait le regret d’une occasion manquée. Proust était fasciné par la nostalgie qui imprègne cet épisode, de même que par l’ambiguïté qui marque le personnage de Lucien et ses relations avec le faux abbé : le personnage de Charlus, dans La Recherche du temps perdu s’en ressent. Pour ces raisons, Illusions perdues n’est pas seulement le chef-d’œuvre de Balzac et le modèle le plus achevé des romans d’éducation ; c’est aussi le prototype de tous les grands récits d’échec et de désabusement qui scanderont l’histoire de la littérature.
Philippe DULAC
Prométhée, Protée, homme à la robe de bure, créateur halluciné immortalisé par Rodin, Balzac a suscité toutes les imageries et toutes les gloses. L’œuvre immense vit, de réédition en réédition : elle est traduite et lue dans le monde entier et la télévision lui a redonné, plus que le cinéma, peut-être, une nouvelle fortune.