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Emile Faguet

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Beschreibung

L’École ionienne est la plus ancienne école philosophique connue. Elle remonte au VIIesiècle avant Jésus-Christ. Thalès de Milet, physicien et astronome, comme nous dirions de nos jours, croyait que la matière, c’est-à-dire ce de quoi toutes les choses et tous les êtres sont faits, est en perpétuelle transformation et que ces transformations sont produites par des êtres puissants attachés à chaque portion de la matière. Ces êtres puissants étaient des dieux. Tout, donc, était plein de dieux. Sa philosophie était une mythologie. Il pensait, du reste, que l’élément essentiel de la matière était l’eau et que c’était l’eau, sous l’influence des dieux, qui se transformait en terre, en air et en feu et que d’eau, de terre, d’air et de feu tout ce qui est dans la nature est composé.

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COLLECTION DES INITIATIONS

INITIATION PHILOSOPHIQUE

PAR ÉMILE FAGUET DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE

1920

© 2022 Librorium Editions

ISBN : 9782383833727

INITIATION...

Cet lume est destiné, comme sont titre l’indique, à tracer la voie au débutant, à satisfaire déjà et surtout à exciter les premières curiosités. Il donne une idée suffisante de la marche des faits et des idées. Il mène le lecteur, un peu rapidement, des origines les plus reculées aux derniers efforts de l’esprit humain.

Il peut être un répertoire commode auquel l’esprit général d’une époque, ce qui la rattache à celle qui la suit et à celle qui la précède. Il veut surtout être un cadre dans lequel s’inscriront commodément, au cours d’études ultérieures, de nouvelles notions plus détaillées et plus approfondies.

Il aura rempli son dessein s’il excite aux recherches et aux méditations et s’il y prépare d’une façon juste.

PREMIÈRE PARTIE — L’ANTIQUITÉ

CHAPITRE I — AVANT SOCRATE

LES PHILOSOPHES EXPLICATEURS DE L’ENSEMBLE DES CHOSES, DE LA CRÉATION ET DE LA CONSTITUTION DU MONDE

 

La philosophie

 

LA philosophie consiste à chercher l’explication de l’ensemble des choses. Elle cherche donc quelles sont les premières causes de tout et aussi comment toutes les choses sont et enfin pourquoi, dans quel dessein, faites en vue de quoi les choses sont. C’est pourquoi, prenant principe dans tous les sens du mot, on l’a appelée la science des premiers principes.

On a philosophé de tout temps. Les religions, toutes les religions sont des philosophies. Ce sont même les plus complètes. Mais, en dehors des religions, les hommes ont cherché les causes et les principes de tout et essayé d’avoir des idées générales. Ces recherches en dehors des dogmes religieux dans l’antiquité païenne, sont les seules dont nous nous occuperons ici.

 

L’école ionienne : Thalès

 

L’École ionienne est la plus ancienne école philosophique connue. Elle remonte au VIIesiècle avant Jésus-Christ. Thalès de Milet, physicien et astronome, comme nous dirions de nos jours, croyait que la matière, c’est-à-dire ce de quoi toutes les choses et tous les êtres sont faits, est en perpétuelle transformation et que ces transformations sont produites par des êtres puissants attachés à chaque portion de la matière. Ces êtres puissants étaient des dieux. Tout, donc, était plein de dieux. Sa philosophie était une mythologie. Il pensait, du reste, que l’élément essentiel de la matière était l’eau et que c’était l’eau, sous l’influence des dieux, qui se transformait en terre, en air et en feu et que d’eau, de terre, d’air et de feu tout ce qui est dans la nature est composé.

 

Anaximandre Héraclite

 

Anaximandre de Milet, astronome lui aussi et géographe, croyait que le principe de toutes choses était l'indéterminé, une manière de chaos, où rien n’a de forme ni de figure, que du chaos sortent les choses et les êtres et qu’ils y retournent pour en sortir encore. Une de ses théories particulières était que les poissons étaient les plus anciens des animaux et que tous les animaux étaient sortis d’eux par transformations successives. Cette théorie a été remise en honneur, pour un temps, il y a environ un demi-sècle.

Héraclite d’Ephèse, très obscur du reste et cette épithète était restée attachée à son nom, voit toutes choses comme dans un écoulement perpétuel, dans un devenir indéfini. Les choses ne sont pas ; elles deviennent et sont destinées à devenir éternellement. Derrière elles, cependant, il y a un maître éternel qui ne change pas. Lui ressembler, autant que nous pouvons et c’est-à-dire autant qu’un singe peut ressembler à un homme est tout notre devoir. Rester toujours calmes, c’est-à-dire aussi immobiles que des êtres changeants peuvent l’être. La légende populaire veut qu’Héraclite « pleurât toujours » ; ce que nous savons de lui tend à établir seulement qu’il était grave et n’aimait pas les agités.

 

Anaxagore Empédocle

 

Anaxagore de Clazomène, surtout physicien, vint s’établir à Athènes, vers 470 avant Jésus-Christ, fut le maître et l’ami de Périclès, fut sur le point d’être mis à mort, comme Socrate le fut plus tard, pour crime d’indifférence à la religion des Athéniens et dut se réfugier à Lampsaque, où il mourut. Comme Anaximandre il croyait que tout sort d’un je ne sais quoi indéterminé et confus ; mais il ajoutait que ce qui faisait sortir les choses de cet état, c’était l’intelligence organisatrice, l’esprit, comme chez l’homme c’est l’intelligence qui tire les pensées du flottement cérébral et fait d’une idée confuse une idée claire. Anaxagore a eu une influence presque incomparable sur la philosophie grecque des temps classiques.

Empédocle d’Agrigente qui fut une sorte de magicien et de grand-prêtre et pour ainsi dire de dieu, dont la vie et la mort sont du reste mal connues, semble avoir été un cerveau très encyclopédique. La doctrine des quatre éléments est de lui, et c’est-à-dire que les philosophes qui l’avaient précédé donnaient pour principe unique des choses, les uns l’eau, les autres l’air, les autres le feu, les autres la terre et que lui les considéra tous quatre comme, à titre égal, les éléments premiers de tout. Il croyait que le monde est mené par deux forces contraires : l’amour et la discorde, ce qui veut éternellement unir et ce qui veut éternellement séparer. A travers cette lutte un mouvement d’organisation se fait, sans cesse retardé par la discorde, sans cesse favorisé par l’amour et de ce mouvement sont sortis d’abord les végétaux, puis les animaux inférieurs, puis les animaux supérieurs, puis les hommes, Il y a dans Empédocle soit des souvenirs évidents de la religion du Persan Zoroastre (opposition perpétuelle des deux grands dieux, celui du bien et celui du mal) soit une coïncidence curieuse avec cette doctrine, qui se retrouvera plus tard chez les Manichéens.

 

Pythagore

 

Pythagore paraît être né vers 500 avant Jésus-Christ, dans l’île d’Élée, avoir beaucoup voyagé et s’être fixé enfin dans la Grande Grèce (Italie méridionale). Pythagore, comme Empédocle, fut une espèce de mage ou de dieu. Sa doctrine fut une religion, le respect dont il fut entouré un culte, les habitudes qu’il imposa à sa famille et à ses disciples des rites. Ce qu’il enseignait était que les véritables réalités, ce qui ne change pas, étaient les nombres. La réalité à la fois fondamentale et suprême est le un ; l’être qui est un est Dieu ; de ce nombre qui est un dérivent tous les autres nombres qui sont le fond même des êtres, leur raison intime, leur essence ; nous sommes des nombres plus ou moins parfaits ; chaque chose créée est un nombre plus ou moins parfait. Le monde, du reste, régi ainsi par des combinaisons de nombres a toujours existé et existera toujours. Il se développe, seulement, selon une série numérique dont nous n’avons pas la clef mais que nous pouvons soupçonner. Quant à la destinée humaine elle est celle-ci : nous avons été des êtres animés, hommes ou animaux ; selon que nous aurons bien ou mal vécu, nous revivrons dans les corps d’hommes supérieurs ou d’animaux plus ou moins inférieurs. C’est la doctrine de la métempsychose, qui a eu beaucoup de partisans chez les anciens, et même, d’une façon plus ou moins fantaisiste, chez les modernes.

On attribue à Pythagore un certain nombre de maximes en vers, que l’on a appelées les Vers dorés.

 

Xénophe Parménide

 

Xénophe de Colophon est, lui aussi, un unitaire.Il n’admet qu’un Dieu et paraît être de tous les philosophes anciens, le plus opposé à la mythologie, à la croyance en des dieux multiples et ressemblant à des hommes, doctrine qu’il méprise comme immorale. Il y a un Dieu éternel, immuable, immobile, qui n’a pas besoin de se transporter d’un lieu à un autre, qui est sans lieu et qui gouverne tout par sa seule pensée.

Poussant plus loin, Parménide se dit que, si celui-là seul existe réellement qui est un et qui est éternel et qui ne change pas, tout le reste, non seulement lui est inférieur mais n’est qu’apparence et que nous tous, terre, ciel, végétaux, animaux, hommes, nous ne sommes qu’une grande illusion, que fantômes, que mirage, qui disparaîtraient, qui n’existeraient plus et qui n’auraient jamais existé si nous pouvions apercevoir l’être en soi.

 

Zénon Démocrite

 

Zénon d’Élée, qu’il faut nommer surtout parce qu’il a été le maître de ce Gorgias dont Socrate fut l’adversaire, était surtout un subtil dialecticien en qui le sophiste apparaît déjà et qui embarrassait les Athéniens par des arguments captieux, au fond desquels du reste apparaît toujours ce grand principe : sauf l’Être éternel tout n’est qu’apparence ; sauf celui qui est tout, tout n’est rien.

Démocrite d’Abdère, disciple de Leucippe d’Abdère (de celui-ci on ne sait rien), est l’inventeur de la théorie des atomes. La matière est composée d’un nombre infini de petits corps indivisibles que l’on appellera les atomes ; les atomes, de toute éternité ou depuis le commencement des choses, sont doués de certains mouvements par lesquels ils s’accrochent les uns aux autres et s’agglomèrent ou se décrochent et se séparent et de là la formation de toutes choses et la destruction, qui n’est que désagrégation, de toutes choses. Notre âme elle-même n’est qu’une agrégation d’atomes particulièrement ténus et subtils. Il est probable que quand un certain nombre de ces atomes quittent notre corps c’est le sommeil, que quand presque tous le quittent, c’est la mort apparente (léthargie, catalepsie), que quand ils nous quittent tous c’est la mort. Nous sommes en relations avec le monde extérieur par l’afflux en nous d’atomes extrêmement subtils, reflets des choses, apparences des choses, qui viennent se mêler aux atomes constitutifs de notre âme. Il n’y a rien, du reste, dans notre intelligence qui n’y ait été apporté par nos sens, et notre intelligence n’est que la combinaison des atomes qui constituent notre âme avec les atomes que les choses extérieures envoient, pour ainsi parler, dans notre âme.

Nous retrouverons les doctrines de Démocrite dans Épicure et dans Lucrèce.

CHAPITRE II — LES SOPHISTES

LOGICIENS ET PROFESSEURS DE LOGIQUE ET D’ANALYSE DES IDÉES ET DE DISCUSSION

 

Doctrine des sophistes

 

LES sophistes sont nés des Parménide et des Zénon d’Élée. Gorgias fut disciple de celui-ci. A force de penser que tout est apparence sauf l’Être suprême seul réel, on en vient très facilement à croire que tout est apparence et aussi cet être là ou du moins, ce qui ne laisse pas de revenir à peu près au même, que tout est apparence y compris l’idée que nous pouvons avoir de l’Être suprême. Ne croire rien et démontrer qu’il n’y a aucune raison de croire à quelque chose, c’est comme le point central de tous les sophistes. Alors, direz-vous, il n’y a qu’à se taire. Mais non, il y a à cultiver son esprit, seule chose de l’existence de quoi nous soyons sûrs, pour le rendre habile, adroit et fort. — Pourquoi ? — Pour être un penseur habile, ce qui en soi est une belle chose ; pour être aussi un homme considérable et écouté dans sa cité et arriver à la gouverner.

Aussi les sophistes donnent-ils surtout des leçons de psychologie, de dialectique et d’éloquence. Ils enseignent du reste la philosophie ; mais pour démontrer que toute philosophie est fausse et que, comme dira Pascal plus tard, se moquer de la philosophie est vraiment philosopher. Ils semblent avoir été extrêmement intelligents, extrêmement instruits, très sérieux malgré leur scepticisme et avoir rendu à la Grèce ce très grand service de faire une analyse pénétrante, la première, de notre faculté de connaître et des limites réelles, possibles ou probables, de notre faculté de connaître.

 

Protagoras Gorgias Prodicos

 

Ils furent très nombreux, le goût de leur art, que l’on pourrait appeler la critique philosophique, s’étant extrêmement répandu en Attique. On peut croire, d’après Platon, qu’il y en eut de très médiocres et cela est naturel ; mais il y en eut qui furent évidemment de très grands maîtres. Les plus illustres furent Protagoras, Gorgias et Prodicos de Céos. Protagoras paraît avoir été le plus philosophe d’entre eux, Gorgias le plus orateur et le plus professeur de rhétorique, Prodicos le plus moraliste et le plus poète. Protagoras repoussait toute métaphysique, c’est-à-dire toute recherche sur les causes premières et sur l’ensemble des choses ; et réduisait toute la philosophie à la science de se gouverner en vue du bonheur et de gouverner les autres en vue du bonheur. Comme Anaxagore, il fut banni de la cité à titre d’impie et ses livres furent brûlés publiquement.

Gorgias semble avoir soutenu les mêmes idées avec plus de modération et surtout moins de profondeur. Il prétendait surtout à former un bon orateur. C’est lui, d’après Platon, que Socrate a le plus rigoureusement poursuivi de ses sarcasmes.

Prodicos, que Platon lui-même a eu en estime, paraît avoir été le plus préoccupé du problème moral. Le fameux apologue est de lui qui représente Hercule ayant à choisir entre deux chemins dont l’un est celui de la vertu et l’autre celui du plaisir. Comme Socrate devait l’être plus tard, il fut en butte à la terrible accusation d’impiété et subit la peine capitale. Les sophistes sont la date la plus importante de l’histoire de la philosophie antique. Jusqu’à eux les systèmes philosophiques étaient de vastes poèmes sur l’ensemble de toutes les choses connues et inconnues. Les sophistes ont réagi contre ces généralisations ambitieuses et précipitées où l’imagination avait le plus de part et leur découverte a été de ramener la philosophie à son vrai point de départ en affirmant qu’au moins la première chose à faire, et avant tout autre, était de connaître notre esprit et le mécanisme de notre esprit. Leur tort a été peut-être, en disant que c’était la première chose à faire, de dire le plus souvent que c’était la seule ; reste encore qu’ils étaient tout à fait dans le vrai en assurant que c’était la première.

CHAPITRE III — SOCRATE

LA PHILOSOPHIE RAMENÉE TOUT ENTIÈRE A LA MORALE ET LA MORALE CONSIDÉRÉE COMME LE BUT DE TOUTE ACTIVITÉ INTELLECTUELLE

 

La philosophie de Socrate

 

Nous ne savons rien de Socrate si ce n’est qu’il est né à Athènes, qu’il a beaucoup discuté dans les rues d’Athènes avec tout le monde et qu’il a souffert et qu’il est mort sous les Trente Tyrans. De ses idées nous ne savons rien parce qu’il n’a rien écrit et parce que ses disciples ont été beaucoup trop intelligents, par suite de quoi on ne peut toujours savoir si ce qu’ils ont dit comme ayant été pensé par lui, l’a été par lui ou par eux. Ce qui semble certain c’est que ni Aristophane ni les juges du procès de Socrate ne se sont complètement trompés en le prenant pour un sophiste ; car il procède d’eux. Il procède d’eux par réaction, il est vrai, car évidemment leur septicisme universel l’a effrayé ; mais il procède très bien d’eux directement aussi, car comme eux il se défie extrêmement des anciens vastes systèmes philosophiques et à ces hommes qui prétendaient tout savoir, il oppose son mot très probablement authentique : « Je sais que je ne sais rien » ; car, comme les sophistes, il veut ramener la philosophie du ciel sur la terre, c’est-à-dire de la métaphysique à l’unique étude de l’homme ; car, comme les sophistes, il restreint le champ et le délimite avec une sorte de modestie rigoureuse et impérieuse qui ne laisse pas d’être méprisante à l’égard des audacieux ; car enfin, comme les sophistes, mais en ceci très analogue à bien des philosophes antérieurs aux sophistes, il n’a évidemment qu’un respect très modéré et très mêlé à l’égard de la religion de ses compatriotes.

D’après ce que nous savons de Socrate par Xénophon, le moins imaginatif sans doute de ses disciples, Socrate, comme les sophistes, réduisait la philosophie à l’étude de l’homme ; mais sa grande et incomparable originalité consistait en ce que les sophistes voulaient que l’homme s’étudiât pour être heureux, tandis que Socrate voulait qu’il s’étudiât pour être moral, pour être honnête, pour être juste, sans se soucier du bonheur. Tout, pour Socrate, devait converger vers la morale et concourir à la morale et être subordonné à la morale comme à son but, comme à sa dernière fin. Il s’appliquait sans relâche, dit Xénophon, à examiner et déterminer ce que c’est que le bien et le mal, le juste et l’injuste, la sagesse et la folie, le courage et la lâcheté, etc. Il s’appliquait infiniment, dit Aristote, et en cela il était vrai professeur de rhétorique autant que bon professeur de morale, à bien définir, à bien préciser le sens des mots, pour qu’on ne se payât point de termes vagues qui sont des illusions de pensée et pour que l’on disciplinât rigoureusement son esprit de manière à en faire un preneur de vrai.

 

Sa manière

 

Il avait des procédés de dialectique ou d’» art de conférer », comme dit Montaigne, plus ou moins heureux, qu’il avait très probablement empruntés aux sophistes, qui contribuèrent à le faire passer pour l’un d’entre eux et qui eurent après lui et longtemps après lui une grande vogue. Il accouchait les esprits », comme il disait, c’est-à-dire il croyait ou affectait de croire que les vérités sont à l’état latent dans tous les esprits et qu’il ne s’agissait, patiemment, habilement, par des investigations adroites, que de les en faire sortir. D’autre part, il interrogeait d’une manière captieuse, de manière à mettre l’interlocuteur en contradiction avec lui-même et à lui faire avouer qu’il avait dit ce qu’il n’avait pas cru dire, accordé ce qu’il n’avait pas cru accorder ; et il triomphait malicieusement de ces confusions. Bref, il semble avoir été un Franklin spirituel et taquin et avoir enseigné la vraie sagesse en se moquant de tout le monde. Les peuples n’aiment jamais qu’on se moque d’eux et nul doute que le souvenir de ces railleries n’ait été pour beaucoup dans le jugement inique qui le frappa et que, du reste, jusqu’au dernier moment, il semble avoir provoqué.

 

Son influence