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La princesse Sophia part sauver son prince, poussée par ses parents. L'aventure à peine terminée, la voici de nouveau sur la route, accompagnée de sa soeur, la vaillante Alicia. Il faut trouver le trésor, la vie de Papa en dépend ! Edeline a enfin rencontré le prince de ses rêves, heureuse enfant ! Mais finalement, ce n'est pas aussi sympa qu'elle l'avait espéré ... Et voilà que la princesse Aliana veut devenir Père Noël, on aura tout vu ! Enfin bon, on n'en serait pas là si son père lui avait cédé sa couronne ! La vie d'Océane, c'est tout un roman. Et c'est grâce à elle que tout a commencé.
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Seitenzahl: 236
Veröffentlichungsjahr: 2022
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La princesse Sophia
Les princesses et le trésor
Le prince errant
Une vie de princesse
Après Blanche-Neige
La princesse qui voulait devenir Père Noël
Dans les yeux d’Océane
Lucie dit non
Rosaline a des ennuis
Pour Alicia et Cassandra,
Il était une fois une princesse qui s’appelait Sophia. Elle vivait dans un magnifique château avec sa mère, la reine, son père, le roi et ses deux petites sœurs.
La princesse Sophia était assez oisive. Elle passait ses journées à lire des livres en mangeant des pommes, allait chasser avec sa mère, la reine, tricotait au coin du feu des pulls et des écharpes avec son père le roi et jouait au ballon avec ses petites sœurs, les princesses Alicia et Cassandra.
Un jour, la reine et le roi la firent venir dans la grande salle à manger du château et lui tinrent ces propos :
« Ma fille chérie, tu es grande maintenant, il est temps pour toi d’aller découvrir le vaste monde et libérer quelque prince captif. Nous avons ouï dire que non loin de là, dans le royaume voisin, un prince aurait disparu depuis de nombreuses lunes et que ses parents en seraient fort inquiets. »
La princesse Sophia n’avait pas du tout envie de quitter le douillet giron familial. Elle chaussa pourtant ses bottes fourrées (nous étions alors en plein cœur de l’hiver), mit son manteau le plus chaud, cacha ses cheveux sous un bonnet en laine de mouton très épais (tricoté la veille par le roi son père) et partit sur son fidèle destrier, une fière jument répondant au nom de Turbo. Dans l’euphorie du départ, elle n’oublia pas d’embrasser son père le roi (qui écrasa une petite larme dès qu’elle eut le dos tourné), sa mère la reine, et ses deux petites sœurs, à qui elle promit de revenir très vite (même si elle n’en savait rien).
Elle partit donc dans un froid glacial sur le dos de sa belle Turbo, faisant fi du froid, du vent et de la neige. Elle avança des jours et des nuits, s’arrêtant de temps en temps pour prendre quelque repos. Et un beau jour, enfin, elle parvint au château du prince captif. Elle fut accueillie par le roi et la reine des lieux qui lui parurent si tristes de la perte de leur fils qu’elle leur promit de partir au plus vite le sauver. Ceux-ci lui expliquèrent alors que c’était le terrible pirate Barbe-Rousse qui avait kidnappé leur enfant chéri et que nul n’était parvenu jusqu’alors à le délivrer.
La princesse était très courageuse, elle n’avait peur de personne et des pirates encore moins. Elle se rendit donc au port du royaume afin d’acheter un bateau et recruter un équipage. Deux jours plus tard, tout était prêt. Elle embarqua un beau jour d’été sur « l’Equipier ». Elle y passa des jours paisibles en savourant les bons petits plats de Sylvia la cuisinière. Mais elle n’oubliait pas son but ultime. C’est pourquoi, lorsque la vigie cria « Pirates à bâbord ! », elle sauta dans ses bottes et prit son sabre, prête à en découdre immédiatement avec qui le voudrait. Cependant, et en y regardant de plus près, elle se rendit compte que le bateau des pirates était très gros.
La princesse était maline. Lorsque la nuit fut tombée, elle mit une chaloupe à l’eau et rama tout doucement jusqu’au bateau des pirates. Elle grimpa lestement à une petite échelle qui se trouvait là et se mit à fouiller. Elle descendit aux fonds des cales et découvrit un beau prince endormi. Elle l’appela doucement :
« Prince, Prince, me voici ! Je viens vous sauver ! »
Le prince se réveilla en sursaut. Lorsqu’il vit la princesse, il poussa un soupir de soulagement : « Princesse ! Vous ici ! Je vous ai tellement attendue ! »
La princesse savait le temps compté.
« Prince, il faut partir très vite ! Sauriez-vous, par hasard, où se trouve la clef de votre geôle ? »
Le prince prit une mine dépitée. Il semblait sur le point de pleurer.
« Malheureusement, chère Princesse, le terrible Barbe-Rousse a mis la clef sur une chaîne autour de son énorme cou. Il projette de me faire épouser sa fille la nuit de la prochaine pleine lune. »
A ces mots, les épaules du prince s’affaissèrent et il commença à sangloter en pensant à sa future épouse que l’on disait encore plus sanguinaire que son père. La princesse partit rapidement non sans avoir rassuré le prince.
Elle recommença à fureter dans tout le bateau. Partout, elle trouvait des pirates endormis. Mille fois, elle crut les avoir réveillés. Mais toujours, ils se rendormaient. Elle se faufila sur la pointe des pieds dans la cabine du commandant et vit, allongé sur une banquette, un homme, dont la barbe d’un rouge flamboyant semblait lui indiquer qu’elle avait enfin trouvé celui qu’elle cherchait. Autour de son cou, elle vit une petite clef d’or.
« La clef ! » se dit-elle. Elle s’avança à pas de loup. D’une main experte, elle retira la chaîne du cou du pirate et s’enfuit de la chambre aussi doucement qu’elle était arrivée.
Elle retrouva rapidement le prince et lui ouvrit la porte de sa prison. Le prince, éperdu de reconnaissance, tomba à ses pieds. La princesse le releva promptement.
« Prince, il nous faut partir de suite. Et surtout, ne faites pas de bruit ! »
Le prince promit d’être sage. Cependant, lorsqu’ils arrivèrent au bord du bateau, le prince se prit les pieds dans un seau et tomba sur le ponton. On entendit un pirate grogner.
La princesse sentit le péril.
« Prince, nous n’avons plus de temps ! Il nous faut sauter par-dessus bord. » A ces mots, le prince jeta un coup d’œil à l’eau noire qui se trouvait juste au-dessous de lui.
« Jamais ! » cria-t-il apeuré. Les pirates se réveillèrent d’un coup. En une seconde, ils furent sur le pont. Le prince cria :
« Non, je ne veux pas y a… » Plouf ! La princesse avait poussé le prince du haut du bateau.
« Au secours ! » cria le prince qui se débattait dans les eaux profondes.
La princesse fit un magnifique plongeon et se retrouva rapidement auprès du prince tout mouillé.
« Dépêchez-vous ! » lui intima-t-elle rageusement.
Le prince faisait ce qu’il pouvait. Mais il n’avait jamais été très bon nageur. La princesse le hissa alors sur son dos et nagea si vite que les pirates ne purent les rattraper. Elle aida le prince à monter dans sa barque et rama énergiquement pour se réchauffer tandis que le prince grelottait au fond du bateau. Il lui proposa son aide qu’elle déclina poliment.
Princesse Sophia arriva au château du prince au petit matin. Le roi et la reine du royaume serrèrent le prince dans leurs bras. Ils furent si reconnaissants envers la princesse qu’ils lui proposèrent la main de leur fils. Celui-ci, rose d’émotion, le cœur battant la chamade, attendit impatiemment la réponse de la belle.
La princesse Sophia prit soin de ménager sa réponse. Après de longues minutes de réflexion, Sophia s’adressa aux monarques en ces termes :
« Chère Reine, cher Roi, vous me voyez très flattée de votre proposition. Mais, voyez-vous, je n’ai pas encore fini mes études. Il me faut donc rentrer chez moi achever mon éducation. »
Se tournant vers le prince, elle poursuivit :
« Cher Prince, ce fut un honneur pour moi de vous rencontrer. Soyez assuré que je garderai un très bon souvenir de notre rencontre, et ce, malgré les circonstances. »
Le prince fut bien triste d’entendre ce refus mais ne lui en tint pas rigueur. Il fit bien par ailleurs, puisque, quelque temps plus tard, il rencontra une autre princesse qui fut conquise au premier regard.
Quant à Sophia, elle enfourcha sa vaillante Turbo et partit au galop retrouver les siens. Quel bonheur de pouvoir embrasser son père, sa mère et ses petites sœurs ! Elle leur fit le récit de toutes ses aventures. Ceux-ci louèrent son courage et l’on vit briller de fierté les yeux de la reine. D’autres y virent plutôt une petite larme de bonheur.
Il était une fois un royaume où tout le monde était heureux. Le roi et la reine veillaient ardemment au bien-être de leurs sujets. Le bonheur régnait.
Hélas, le bon roi tomba malade. Un voile de tristesse enveloppa dès lors la contrée toute entière. Les médecins les plus réputés se succédaient au chevet du pauvre homme. Mais en vain. Nul ne parvenait à le guérir. Les remèdes étaient de plus en plus chers et la santé du roi toujours plus préoccupante.
Un jour arriva où les caisses du royaume furent vides. La reine fit venir auprès d’elle Sophia et Alicia, ses deux filles aînées.
« Mes filles adorées, l’heure est grave. Nous n’avons plus de quoi payer de nouveaux traitements pour le roi votre père. Partez dès aujourd’hui, mes chéries, et ramenez en ces lieux le trésor que votre grand-père a caché il y a quelques lunes déjà. Cette carte vous en indiquera l’endroit », leur dit-elle en brandissant un vieux parchemin.
Les deux courageuses princesses firent seller leurs chevaux et quittèrent leur château sans se retourner. Les princesses chevauchèrent trois jours durant sans encombre. Au matin du quatrième jour, et alors que le périple touchait à sa fin, elles se firent arrêter par une jeune fille qui se tenait en plein milieu du chemin.
« Oh ! Turbo ! Oh ! Coca ! » s’exclamèrent les princesses en tirant sur leurs rênes. Turbo, la belle jument de Sophia et Coca, le fringant étalon d’Alicia s’arrêtèrent net car ils avaient pour habitude d’écouter leurs maîtresses.
« Bonjour, demoiselle, lui dit Sophia, ce n’est guère prudent ce que vous faites là ! Nous avons bien failli vous écraser.
— Je vous prie de m’excuser, mesdemoiselles, répondit l’inconnue. Je m’appelle Rosaline. Je marche seule depuis des jours sur cette route poussiéreuse. J’espérais pouvoir arrêter quelques généreuses âmes qui accepteraient de me véhiculer jusqu’au royaume prochain. »
Les princesses Sophia et Alicia regardèrent plus attentivement la jeune fille. Avec ses longs cheveux blonds et ses immenses yeux bleus remplis d’innocence, il ne semblait guère dangereux d’accéder à sa demande. Aussi, les princesses au bon cœur hissèrent Rosaline sur la docile jument de Sophia et repartirent bon train.
Les trois jeunes filles voyagèrent ensemble jusqu’à la fin du voyage. Elles apprirent à se connaître. Sophia semblait sous le charme de leur nouvelle amie. Mais Alicia, naturellement plus méfiante, gardait ses distances. C’est pourquoi, lorsqu’elle entendit Sophia raconter à Rosaline le but de leur mission, la princesse Alicia ne put s’empêcher de penser que ce n’était guère prudent.
Un soir, elles arrivèrent aux portes du royaume du Nord. Les princesses Sophia et Alicia prendraient le bateau dès le lendemain pour l’île au trésor. Les jeunes filles se séparèrent. Rosaline partit rejoindre sa famille tandis que les princesses se rendaient à l’auberge la plus proche. Les adieux ne se firent pas sans larmes.
L’auberge du Soleil Levant était un établissement réputé pour sa quiétude et pour l’honnêteté de ses propriétaires. Aussi les princesses s’y sentirent bien dès qu’elles en franchirent le seuil. La nuit étant tombée, elles ne se rendirent pas compte qu’une paire de beaux yeux les observait.
Sophia et Alicia prirent un bon repas et allèrent se coucher.
Au milieu de la nuit, la princesse Alicia entendit dans sa chambre un très léger bruit de pas, ce qui la réveilla. La princesse Sophia dormait profondément, on entendait ses ronflements. La princesse Alicia ne bougea pas et attendit. Elle perçut le bruissement des vêtements de l’étranger qui semblait fouiller la chambre. Alicia restait sur le qui-vive. Elle ne savait si les desseins du visiteur étaient ou non malveillants. Il ne fallut que peu de temps pour que Rosaline — car c’était elle — repartit bredouille de la chambre des princesses.
Alicia poussa un soupir de soulagement. Et elle sourit. Son intuition avait été la bonne. La carte était en lieu sûr et nul ne pourrait plus la retrouver. Alicia l’avait apprise par cœur et brulée le soir même où Sophia avait révélé leurs secrets à Rosaline.
Le lendemain matin, Alicia raconta à sa grande sœur les péripéties de la nuit. Celle-ci, incrédule, la félicita grandement, quoiqu’un peu honteuse de n’avoir rien entendu.
Dès qu’elles furent prêtes, elles embarquèrent sur un voilier, commandé par Sophia, habile navigatrice et secondée par Alicia, infatigable petit mousse.
« Ile au Trésor, nous voilà ! » cria la princesse Sophia (qui n’avait toujours pas appris la discrétion).
L’Ile au Trésor fut rapidement en vue. C’était un îlot sur lequel se dressait une gigantesque montagne. Après avoir accosté, les princesses enfilèrent leurs chaussures de marche et partirent voûtées sous le poids d’un énorme sac à dos. La montée fut rude et périlleuse. Les fréquents éboulis et les précipices étaient autant d’obstacles qu’il fallut surmonter.
Enfin, les princesses arrivèrent sur un haut plateau. La beauté du paysage fit s’envoler la fatigue. A leurs pieds, une multitude de fleurs de mille couleurs tapissaient le sol et dansaient au gré du vent.
« Le trésor se trouve au pied de cet arbre », annonça Alicia dont la mémoire photographique ne lui faisait jamais défaut.
Elles sortirent de leurs sacs des pioches qui heurtèrent rapidement la surface du coffre tant recherché. Les deux sœurs tombèrent dans les bras l’une de l’autre.
« Quel bonheur, ma chère sœur ! s’écria la princesse Alicia. Nous allons pouvoir payer les médecins de Papa ! »
A l’aide de leurs pioches, les princesses tentèrent de briser la serrure du coffre mais en vain. Le coffre garderait ses secrets jusqu’à la fin du voyage.
Avant de repartir, la princesse Alicia cueillit un magnifique bouquet de fleurs pour son père (ce qui lui permit de se reposer sans avouer sa fatigue). Enfin, vint l’heure du départ. Elles saisirent le coffre chacune par une anse et entamèrent la descente. La princesse Sophia, robuste et athlétique, n’eut de cesse d’encourager sa sœur, qui, grinçant des dents sous l’effort, vainquit la montagne sans une plainte.
Elles regagnèrent l’Espérance, doux nom de leur voilier. L’impatience les gagnait. Elles hissèrent les voiles et partirent retrouver Turbo et Coca qu’elles avaient laissés au bon soin des aubergistes du Soleil Levant.
Mais le retour s’avéra difficile. Cela ne faisait pas une heure que les princesses naviguaient qu’elles virent au loin un vaisseau noir dont le mât arborait fièrement un drapeau rose à tête de mort. Il s’agissait du bateau d’Elsa la Terrible, fille du sanguinaire pirate Barbe-Rousse, que l’annulation récente de son mariage avait rendue plus cruelle encore. Le sombre navire s’approchait à une vitesse effroyable. Le frêle esquif des princesses fut rapidement abordé par l’équipage de pirates. Alicia et Sophia maniaient parfaitement le sabre. Mais elles n’étaient pas les seules. Les pirates semblaient eux aussi au fait des bottes les plus secrètes. Et leur nombre n’allant que croissant, elles furent rapidement vaincues et ligotées au pied de leur mât.
« Qu’avez-vous à nous offrir pour sauver vos misérables vies, insignifiantes créatures ? » tonna la terrible Elsa.
Pendant que la princesse Sophia réfléchissait à toute vitesse, la princesse Alicia commença à couper les liens de sa sœur avec une paire de petits ciseaux qu’elle avait toujours dans sa poche. Il ne fallut que quelques minutes pour que la princesse Sophia pût libérer l’une de ses mains et porter à sa bouche une flûte qu’elle avait sortie d’une poche secrète de sa jupe.
Face au mutisme des deux jeunes filles, la fureur d’Elsa la Terrible avait atteint son paroxysme. Et alors qu’elle levait son sabre au-dessus de la tête des malheureuses, Sophia souffla dans sa flûte. Le son strident qui en sortit stoppa net l’élan du pirate. Une brume très épaisse s’abattit alors sur le voilier qui se trouva plongé dans un brouillard très dense. Et soudain, surgit de nulle part un gigantesque galion d’or et d’argent. Sur le pont de l’Espérance, on vit une ombre prendre soudain corps.
« Capitaine Mamie ! » s’écrièrent les deux princesses.
Grande aventurière et redoutable combattante, Capitaine Mamie était la grand-mère des princesses. Elles se voyaient très peu, Capitaine Mamie voyageant beaucoup. Avant leur départ, la mère de Sophia était venue la voir.
« Sophia, ma princesse, si tu es en danger, souffle dans cette flûte », lui avait-elle dit sans plus d’explications.
Et c’est ce qu’elle avait fait.
Capitaine Mamie et son équipage encerclèrent les pirates qui se rendirent rapidement. Elsa la Terrible fulminait. Mais il était évident que nul ne pouvait battre Capitaine Mamie. Capitaine Mamie enferma les pirates dans la cale du bateau des princesses. Sophia et Alicia remercièrent chaleureusement leur aïeule. Celle-ci repartit rapidement vers d’autres aventures.
La fin du voyage fut des plus calme. Seuls les glapissements de rage d’Elsa la Terrible venaient troubler la quiétude du bateau. Lorsqu’elles accostèrent, les princesses livrèrent les pirates aux autorités du royaume. Elles furent portées en triomphe par le peuple reconnaissant. Mais les princesses n’avaient pas le temps de prendre part aux festivités qui se préparaient en leur honneur. Elles avaient leur père à sauver. Elles firent atteler une charrette derrière Turbo et Coca, y placèrent le trésor et partirent sans plus attendre rejoindre leur famille.
Dès leur arrivée, les princesses coururent dans la chambre de leur père. Son état n’avait pas évolué, il restait très faible. Elles l’embrassèrent délicatement, serrèrent leur petite sœur sur leur cœur et se jetèrent dans les bras de leur mère.
« Maman ! Nous avons trouvé le trésor ! Nous allons pouvoir soigner Papa, annoncèrent fièrement les deux princesses.
— Ouvrons vite cette malle, mes chéries », répondit la reine.
Mais la malle n’était pas de cet avis. Et une fois encore, les princesses échouèrent.
« Qu’on aille chercher mon meilleur forgeron ! » tonna la reine. Un vieil homme arriva prestement. Sa force surhumaine en faisait trembler plus d’un. Il sortit ses outils et se mit au travail. Les heures s’écoulaient. Et la malle résistait. Le forgeron renonça.
Que faire ? La reine se souvint alors. Elle appela doucement la princesse Cassandra et sortit de dessous la manche de l’enfant un bracelet sur lequel on pouvait voir une minuscule clef. La petite princesse comprit. Elle inséra la clef dans la serrure de la malle qui s’ouvrit alors comme par magie. Et alors que des larmes de désespoir commençaient à perler au coin de leurs yeux, les princesses virent le miracle. Elles se précipitèrent vers le coffre. Mais le désespoir les reprit. Dans le coffre, point de bijoux ni de pièces ! On pouvait y voir un seul et unique livre, certes, très beau ! Mais, que pouvaient-elles en faire ? La reine, au contraire, souriait, incrédule.
« Le livre du savoir ! s’écria-t-elle, émerveillée. Il existe donc vraiment ! »
Ce trésor inestimable avait été sauvé in extremis de la destruction par son père qui l’avait enterré après avoir été traqué des lunes durant par des brigands.
« Avant de disparaître, il m’avait fait parvenir par aigle voyageur la carte au trésor et la clef du coffre, sans m’en révéler son contenu, reprit la reine. Et notre petite Cassandra avait au poignet, sans le savoir, la clef de notre salut. Je la lui avais donnée à sa naissance. »
La reine, grande érudite, se mit à parcourir l’inestimable ouvrage. Elle découvrit bientôt la maladie dont souffrait son pauvre époux.
« Il me faut maintenant de quoi préparer le remède. » Le visage de la reine s’assombrit.
« Ces plantes ne poussent pas dans notre royaume », annonça-t-elle tristement. Elle savait que le roi ne pourrait attendre plus longtemps. Elle regarda alors tendrement son mari. Et poussa un cri.
« Quel est ce bouquet ? » demanda-t-elle fiévreusement. Elle désignait le bouquet de fleurs cueilli par la princesse Alicia sur les hauts plateaux de la montagne au trésor et que celle-ci avait joliment arrangé dans un vase sur le chevet de son père.
« Nous avons maintenant toutes les plantes qu’il nous faut pour guérir le roi, annonça la Reine solennellement. Que l’on m’apporte un chaudron ! »
La potion faite et prise, le roi ne tarda pas à retrouver des forces. Trois jours après, il était guéri.
Il était une fois un prince fort beau et avenant. Il vivait auprès du roi son père une paisible existence.
Il ne connaissait pas sa mère qui était partie peu de temps après sa naissance. Il n’avait pourtant pas manqué d’amour : son père le roi avait toujours veillé à ce qu’il ne manquât de rien et lui témoignait chaque jour une profonde affection. En outre, le grand chambellan, bras droit du roi et ami le plus proche de son père avait, lui aussi et de son mieux, tenté de suppléer à l’absence maternelle en répondant présent chaque jour de la jeune vie du prince.
Il vint un jour pourtant où cette douce quiétude se troubla. Les sujets du roi, qui, durant toutes ces années, avaient attendu en vain son remariage, décidèrent que le prince pouvait, lui, répondre à leurs attentes, celui-ci venant d’atteindre ses dix-huit ans.
Le roi et le grand chambellan firent venir le prince dans la grande salle à manger du château.
« Cher Prince, fit le chambellan. Le peuple réclame un mariage royal. Votre père se refusant à le lui donner, il serait de bon ton que vous envisagiez de vous marier rapidement. »
Le jeune homme accueillit la nouvelle sans joie. Le roi poursuivit :
« Nous allons te présenter tous les jeunes gens de la cour, il est certain que tu trouveras parmi eux une personne qui te conviendra. »
Le jeune prince hocha tristement la tête. Lui qui rêvait d’aventure depuis tout petit ! Ayant un caractère doux et docile, il s’inclina cependant et accepta.
Le roi et le chambellan organisèrent une grande fête au cours de laquelle le prince choisit une jeune fille, un peu au hasard, il me semble, car ce n’était ni la plus belle, ni la plus gentille et encore moins la plus intelligente. A partir de ce jour, le prince que tous avaient connu ne fut plus qu’un souvenir, l’ombre de lui-même. Lorsqu’on lui parlait, il ne répondait pas. Pire encore, nul ne semblait pouvoir capter son regard.
Le mariage fut alors annulé. La jeune éconduite partit fort désappointée quoique soulagée du château où elle s’était installée. Mais le jeune homme resta cloîtré au fond de lui-même. Les journées passèrent, les mois, les années. Et le prince, toujours hagard, continuait à déambuler dans le château, sans but.
Le roi, désespéré et se sentant coupable de la situation, fit placarder sur tous les murs du royaume et bien au-delà encore une affiche écrite en lettres d’or sur laquelle on pouvait lire :
« Sauvez le prince et ma couronne sera la vôtre. »
Dans la profonde forêt qui longeait le royaume du prince errant habitait depuis toujours une famille de sorcières. La plus âgée, Mémé Grimoire était encore très belle, malgré le poids des ans. Elle vivait dans une chaumière avec sa fille la sorcière Maline, son gendre le sorcier Dodu et sa petite-fille, la très fine Bleuette.
Lorsque Mémé Grimoire lut l’annonce du roi, elle réunit sa famille.
« Mes chers enfants, le roi semble se désespérer de la situation. Il serait peut-être temps de mettre fin à cette mascarade. »
Maline regarda avec surprise Mémé Grimoire. Elle interrogea du regard son cher Dodu qui paraissait tout aussi perplexe. Ils n’étaient pas responsables de la situation ! Mémé Grimoire, voyant cela, se retourna vers Bleuette. La jeune fille, songeuse, regardait obstinément ses pieds.
« Bleuette, ma chérie, aurais-tu certaines choses à nous raconter ?
— Je ne peux rien dire, Grand-Mère, j’en ai fait la promesse au prince. Je suis pourtant de ton avis. Il est inutile de faire souffrir le roi plus longtemps, même si telle n’était pas mon intention. »
Sur ce, elle tourna les talons, enfourcha son balai magique et s’envola dans la nuit noire.
Alors qu’elle volait, elle rencontra une mouette.
« Blanche mouette, aurais-tu aperçu un prince en ces environs ?
— Non, belle sorcière, cria la mouette. Mais, va donc voir Mémé Vieille Mouette, elle saura sûrement te renseigner. Elle habite non loin de là, sur les hautes falaises que tu vois se dessiner au loin. Prends garde, toutefois, car son nid est bien gardé. »
Bleuette remercia la mouette et partit en direction des falaises. Alors qu’elle avançait, elle se rendit compte que le vent avait forci. Son balai peinait de plus en plus et bientôt, commença à perdre les poils de sa moustache.
« Bleuette, je ne pourrai pas t’emmener plus loin, se lamenta-t-il.
— Fringant balai, tu es courageux, ne renonce pas maintenant. Peut-être avons-nous tort de lutter contre le vent. Faisons lui confiance et laissons-le nous porter là où il jugera bon de nous mener. »
Prenant son courage à deux mains, elle se jeta avec son balai quelque peu apeuré dans le courant d’air le plus proche. Le vent les entraîna longtemps, longtemps, les malmenant sans ménagement. La longue chevelure de Bleuette volait en tous sens et le pauvre balai tremblait de voir sa calvitie empirer. Mais ils tinrent bon. Les secondes s’écoulaient lentement. Mais, le beau temps arrive toujours après la tempête. Et le vent, comprenant qu’il ne parviendrait pas à repousser les deux intrus, les déposa doucement au pied du nid de Mémé Vieille Mouette.
Le volatile octogénaire ouvrit un œil.
« Bonjour, jeune fille. Bonjour, Balai. Qu’est-ce qui vous pousse à venir me voir en ce jour de tempête ?
— Bonjour, Mémé Vieille Mouette. Je m’appelle Bleuette et je suis une sorcière. Je suis à la recherche d’un prince. »
Bleuette sortit une petite boule de cristal de sa poche. La mouette se pencha et vit apparaitre la belle figure du prince errant dans son château.
« Eh bien, jeune fille. Tu sembles savoir mieux que moi où se trouve ton prince. Tu as fait beaucoup de chemin pour rien. »
Bleuette soupira.
« Le prince que vous voyez ici n’est que l’ombre de lui-même », expliqua-t-elle. Et elle raconta toute l’histoire, se déchargeant ainsi d’un lourd secret.
« Son père ayant prévu de le marier, Son Altesse était venue me voir, me suppliant de lui venir en aide. Il rêvait d’une vie trépidante, à combattre des dragons et déterrer des trésors. Et ce n’est pas dans son royaume auprès de sa future femme qu’il étancherait sa soif d’aventures ! Il n’osait en parler à son père ni au grand chambellan qu’il avait peur de décevoir. Devant son désarroi, j’eus une idée. J’attrapais avec mon lasso un petit nuage qui passait non loin de là. Je le façonnais à l’image du prince puis le saupoudrais de poudre de perlimpinpin. Et mon nuage prit vie ! Hélas ! Mon illusion n’a convaincu personne. Le prince m’avait promis de revenir vite. Mais le voilà parti depuis cinq ans déjà ! Il me faut maintenant le retrouver et le ramener auprès de son pauvre père. »
« Le prince était bien confiant en s’adressant à elle », songea la vieille mouette.
« Bien, poursuivit la mouette à voix haute. Je vais vous aider, jeune fille. Mais promettez-moi de ne pratiquer votre magie qu’avec parcimonie à l’avenir.
— Oh ! Vous savez ! s’exclama Bleuette.
Habituellement, nul ne s’adresse à moi pour jeter ne serait-ce que le plus petit sort. Je ne suis qu’une sorcière de niveau deux après tout. »
Mémé Vieille Mouette chaussa ses lunettes sur le bout de son bec. Elle prit dans ses pattes un grimoire qui semblait aussi âgé qu’elle et tourna les pages avec son aile droite. Elle s’arrêta bientôt sur une des pages jaunies et hocha la tête d’un air entendu. Elle saisit délicatement une plume qui composait son nid et la déposa sur la page du grimoire. « Roudoudou, roudadida, petite plume, mène Bleuette au prince. »
La plume se mit à frétiller et commença à décrire de larges cercles autour de la sorcière.
« Elle vous attend », dit Mémé Vieille Mouette.
Bleuette remercia chaleureusement la mouette, sauta sur son balai et fendit un ciel radieux. Le vent était tombé, comme par magie.
La plume traversa plusieurs mers, Bleuette et son balai à sa suite. Le trajet fut long car les détours nombreux. La plume était tellement légère que le vent la poussait souvent là où elle ne voulait pas aller. Mais elle reprenait, grâce à la magie, toujours le bon chemin.
Enfin, la plume s’arrêta. Bleuette regarda au-dessous d’elle. Elle y vit un bateau de pirates arborant un drapeau rose à tête de mort.
« Es-tu sûre, petite plume… » tenta Bleuette. Mais la plume était déjà repartie. Bleuette devint soucieuse. « Pauvre prince ! Capturé par les pirates ! Il me faut prendre contact et voir ce que je peux faire ! »