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Un après-midi du 12 janvier 2010, une ville mystérieuse se transforme en un instant. À 4 heures, un bruit terrifiant, évoquant le galop d’un cheval, le grondement d’un camion, ou le vrombissement d’un hélicoptère, secoue la terre. En quelques secondes, tout change : les prêtres vaudous se convertissent au christianisme, le grand buveur jette sa bouteille, et le fumeur abandonne sa pipe. Découvrez les histoires extraordinaires des habitants d’une communauté énigmatique.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Weackson Guerrier nourrit sa plume de poésie et de musique. Compositeur de chansons pour diverses chorales, il a également écrit "L’île d’Eden" inspiré de ses expériences en République dominicaine. Fort de ce riche parcours et de ses vécus dans sa région natale, il rédige "Je le suis en secret à la campagne d’une ville mystérieuse" pour explorer en profondeur la psychologie d’une communauté.
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Seitenzahl: 140
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Weackson Guerrier
Je le suis en secret
à la campagne
d’une ville mystérieuse
Essai
© Lys Bleu Éditions – Weackson Guerrier
ISBN : 979-10-422-4174-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À tous les lecteurs, principalement mes lecteurs ;
À tous les passionnés de la littérature ;
À tous les Haïtiens ;
À tous les Léoganais.
L’inspiration est toujours une sorte d’exigence à un auteur pour qu’il mette en évidence l’imaginaire sans sens ou qu’il rende un désassemblage en un assemblage réel, exact, utile et suscitant les hommes à penser. Puis à partir de ses pensées, d’autres inspirations surviennent pour produire une autre réalité afin que d’autres auteurs puissent reproduire des réalités. Donc, c’est toujours à partir du vide que l’existence intouchable, méconnaissable, invisible devient réelle pour tous. Alors, cette inspiration m’est survenue pour parler de Léogâne qui est une commune d’Haïti que le monde doit connaître. Car c’est une ville où quelques habitants mettent en relation la vie naturelle avec celle surnaturelle. Une ville où l’imaginaire est saisissable.
En effet, ce livre est écrit dans le but d’attirer le regard sur Léogâne plus précisément dans la campagne où je suis né et là aussi j’ai grandi. Il est certain que lorsqu’on parle d’Haïti, on a presque toujours tendance à fixer nos regards sur Port-au-Prince. Oui, il faut le faire, car c’est la Capitale du Pays. Malgré les embûches causées par les politiciens et des hommes d’affaires contemporains qui empêchent cette ville d’être à la beauté de son nom. Mais Léogâne aussi est une ville intéressante et peut-être toutes les autres villes d’Haïti.
Dans ce livre, il y a un assemblage d’histoires et de faits réels qui se sont déroulés sur le périmètre de mon quartier. J’ai pris beaucoup de plaisir à les raconter. Car la vie là-bas est mystérieuse et parfois périlleuse. Je ne me permets pas de citer les noms des différents acteurs. C’est pourquoi ma petite plume les nomme selon le mot qui lui échappe. Malgré cela, certains sont déjà décédés. Les histoires, je ne les ai pas toutes vécues, par contre les témoignages de quelques proches me sont bien inspirés.
J’ai grandi à la campagne de la ville de Léogâne. Je n’ai pas toujours eu la chance de m’exprimer de façon critique, d’un point de vue constructif sur les faits divers qui se passaient dans la communauté ou par lesdits reçus des proches. Mais j’étais toujours comme un observateur de loin et un analyste secret. Par le moyen de ce livre, je trouve l’opportunité de vous raconter ce qui s’est passé, je vais aussi vous faire connaître le cœur de ma ville natale.
Ma plume est légère pour s’envoler rapidement avec la compréhension des fragments. Car j’écris pour lire d’un coup, comme les Léoganais alcooliques qui veulent toujours « un coup » (quelqu’un qui veut une gorgée de clairin de sa bouteille). C’est une belle ville tranquille, riche, impressionnante, passionnante, fragile… Une ville où résident les « Gason Kanson » (homme brave, fort, courageux, mystique, etc.) Pendant la lecture de ce livre, vous allez aussi suivre en secret, ce que je peux appeler, l’intrigue léoganaise.
Je suis sûr que vous serez peut-être d’accord avec quelques fragments dans un moment et en désaccord dans un autre moment. Mais l’objectif, c’est que vous atterrissez en Haïti et que vous prenez la direction de Léogâne en recherchant ma campagne pour y habiter afin d’être corps à corps avec les gens. Lisez, passionnément, en imaginant la vie d’en dehors d’une ville dans un pays de crise. Un beau pays où vivent des anges, mais, toujours, un chef d’État démon.
Je suis né en dehors de la ville de Léogâne dans une zone qui a une histoire intéressante pour presque tout le peuple léoganais. Kay-Ti-kouzen, ce nom était celui d’un notable de la zone qui aurait su beaucoup de choses sur le vaudou dans le temps. Mon arrière-grand-mère, Sò-Marie, qui vivait seule dans sa maison que son fils Cérès lui a construite, ce qu’elle me répétait chaque jour. Puisqu’elle était vieille, la famille ne voulait pas qu’elle dorme seule dans la maison, c’est pourquoi on m’a ordonné d’aller dormir chez elle. Cette vieille femme, avant qu’elle ait été morte, avait toujours des histoires à me raconter. Mais pour qu’elle le fasse, je devais, chaque soir, avant d’entrer, passer acheter de l’alcool et du tabac pour elle.
Mais on ne voulait pas qu’elle bût de l’alcool. Mais moi, secrètement, chaque dimanche soir, je l’apportais un peu d’alcool pour qu’elle me raconte des histoires. Elle m’a dit que Ti-kouzen était aussi un homme qui avait une intelligence plus développée que les autres habitants du quartier. Il avait beaucoup de biens, des animaux, et j’en passe. Les habitants du quartier lui rendaient des services gratuits, les hommes et les femmes partout du pays venaient chez lui pour des raisons mystiques et toutes les femmes du quartier auraient aimé être la femme de Ti-Kouzen. Il avait une manière de prendre les biens des autres paysans facilement. Alors, il tuait les animaux et demandait aux habitants d’apporter les papiers de leurs propriétés. Un quart de viande de bœuf pour plusieurs centièmes de terre. C’était ainsi que Ti-kouzen a ramassé tous les biens des habitants de la zone. À cause de sa renommée et de ses propriétés, on a dû faire que le quartier porte son nom. Et voilà, j’ai pris naissance à Kay-Tikouzen.
Ma mère et mon père étaient chrétiens. À cette époque, l’église avait tellement de principes. Si on s’aimait, on ne devait même pas s’embrasser, voire se toucher ou bien se caresser formellement. Mon père qui était un soldat de Christ et qui prêchait la parole de Dieu et qui était également le fils du pasteur a beaucoup plus de ruse que ma mère. Il a joué sur la tête de ma mère jusqu’à ce que ma mère perde le contrôle. Non seulement mon père a violé les principes de base, il arriva à convaincre la fille par son audace et ses trucs secrets au point où ma mère devint enceinte. Le père du jeune homme était en colère, il ne voulait pas croire que son fils zélé dans les affaires de Dieu aurait pu faire une telle chose. La mère de la jeune fille était fâchée et décida de la traiter comme : « sans tête, ton cerveau ne fonctionnait pas bien sinon tu aurais dû empêcher cela ». Les voisins, les autres sœurs et frères de l’église, tous ne parlaient que d’une seule chose pendant la période.
En Haïti, surtout à la campagne, quand une jeune fille est tombée enceinte par un jeune homme, lorsqu’ils sont des membres de l’église, s’ils ne se sont pas mariés, il y a toujours une discussion entre les deux familles même s’ils savent que les enfants étaient amoureux. Si la famille du garçon a des gens de bien, des professionnels dans un domaine quelconque, des familles qui vivent à l’étranger et la famille a une bonne réputation dans la communauté, les parents de la fille vont vitement appeler le pasteur afin de les marier. Contrairement, on va haïr cette fille, on va dire qu’elle a gâté la famille, il ne fallait pas qu’elle fréquente ces gens-là et autres. Dans le cas de la famille du garçon, parfois, il y a des parents qui acceptent. Mais il y en a aussi qui font la tête avec le pasteur et même laissent l’assemblée. Ses arguments sont toujours basés sur le fait que leur fils n’est pas encore prêt, il faut qu’il finisse ses études pour avoir une carrière de renoms, etc.
Mais si les parents ne sont pas chrétiens, ce sera une lutte mystique. Toutes les propositions de la famille de la jeune fille doivent être acceptées. Car si les parents du garçon n’acceptent pas, sa vie sera en danger, on va le frapper par maladie, par accident ou par n’importe quelle autre forme de chose qu’on utilise dans le milieu mystique haïtien. Les parents des garçons peuvent lier mystiquement l’enfant dans la matrice de la jeune fille afin qu’elle n’enfante pas. Il y a plein de choses qu’ils peuvent faire.
En effet, ma grand-mère demandait au pasteur pour que les jeunes puissent se marier. Le pasteur qui était le père du jeune homme ne voulait pas. Il y avait une turbulence qui surgissait au milieu des familles. Ma grand-mère a laissé cette église avec sa fille et elle est allée dans une autre. Mon père à ce moment n’a pas eu la possibilité de communiquer avec ma mère pendant quelques mois. Un jour, le pasteur de sa nouvelle assemblée demanda à ma mère comment sa fille était devenue enceinte et où était le père de ma mère. Mais le père de ma mère ne l’a pas reconnue. Donc, ma grand-mère a raconté toutes ces choses à son nouveau pasteur et le pasteur demanda à mon grand-père une réunion en famille. Comme c’était deux pasteurs, il acceptait la réunion. Au moment de la réunion, ils discutèrent et ils trouvèrent un accord. À ce moment-là, mon père pouvait venir voir ma mère, discuter ensemble et apporter des cadeaux, et autres. Mais pendant le temps qu’ils ont fait sans communiquer, mon père avait déjà une autre femme en cachette à l’église. Ainsi, ma mère a enfanté. C’était ma sœur aînée.
Là-bas, lorsqu’une femme enfante, si elle met au monde une fille, on doit lui donner à manger un coq. Si c’est un garçon, une poulette. Le mythe c’est le coq pour que la fille s’intéresse aux hommes et la poule pour que le garçon s’intéresse aux femmes. Alors on a tué et cuisiné un jeune coq pour ma mère pour qu’elle mange seule. Après quelques mois, l’enfant devenait le chouchou de la famille. Tout le monde jouait avec l’enfant, lui apportait des cadeaux, etc. Après une année et quelques mois, la fillette était intéressante. Un jour, mon père décida de s’excuser auprès de ma mère puis il lui offrit le ciel et la terre. Il a recherché les mots les plus charmants pour reconquérir le cœur de la jeune maman qui devenait plus aguichante pendant qu’il a toujours eu l’autre fille en secret.
Dieu miséricorde ! La jeune mère est tombée enceinte une autre fois, mais cette fois-ci, elle et le jeune père décidèrent de pratiquer l’avortement, ils essayèrent toutes les méthodes, mais le fœtus restait solide dans sa matrice jusqu’à ce que ma grand-mère se soit rendu compte qu’elle était enceinte une seconde fois. Comme elle a déjà eu son bac et que le père lui-même était déjà étudiant en théologie, ils prirent la craie, c’est-à-dire qu’ils allèrent enseigner dans des écoles primaires afin qu’ils aient de l’argent pour se maintenir parce que ma grand-mère se déresponsabilisait dans l’affaire.
Après tant de misère, de souffrances et d’autres péripéties, ma mère m’a mis au monde. Le père n’a pas pris sa responsabilité formellement. La femme avait deux enfants pour s’occuper et elle ne pouvait pas sortir parce qu’à ce moment, j’étais bébé. Ma mère était obligée très tôt après environ 6 mois de nous laisser à la maison avec notre grand-mère pour aller chercher du travail et voir si elle pouvait recommencer avec ses activités dans le but de nous nourrir afin qu’on grandisse. Mon père n’avait pas grand-chose non plus, mais il pouvait faire mieux. Lorsque ma grande sœur était prête pour aller à l’école à l’âge de 3 ans, moi, j’avais 1 an. Elle et mon père se mirent d’accord puis ma sœur aînée alla à l’école. Elle était très intelligente. Durant la deuxième année de classe de ma sœur, ma mère savait que mon père avait une autre femme. À ce moment, les choses devenaient plus compliquées. Ma mère décida de se séparer de mon père.
Alors, j’étais prêt aussi pour aller à l’école et on m’a inscrit dans la même école que ma sœur. Mais depuis la séparation, ma sœur et moi étions dans une situation difficile. Lorsque nous venions de l’école, ma mère n’était pas là, elle était obligée d’aller travailler. C’était ma sœur qui m’aidait à faire les devoirs et autres, cela a duré plusieurs années. Pendant ce moment, mon père ne venait pas chez ma mère, s’il avait quelque chose à nous donner, il l’envoyait par un proche. Moi, je ne l’avais pas assez connu parce que je n’étais pas trop grand. Un jour, mon père est venu, il annonça à ma mère qu’il allait se marier parce qu’il voulait arranger sa vie avec Dieu et il lui demandait pardon. Ma mère lui dit : « Que tu n’es pas responsable, c’est moi qui le suis, je n’aurais pas dû accepter tes offres, mets-toi hors de ma maison. » Elle était si fâchée, elle fonça sur mon père et lui mordit les deux côtés de son bras. Moi et ma sœur pleurions pendant ce temps. Jusqu’à présent, les cicatrices sont sur le bras de mon père.
Mais à ce moment-là, il y avait un groupe de personnes de la famille de ma mère qui lui suggéraient d’aller arrêter le mariage. Mais ma mère, par sa sagesse, a répondu qu’elle n’allait pas le faire et que Dieu prendra soin d’elle et ses enfants.
Ma sœur est une belle fillette, de grande taille et de belle architecture corporelle. À l’époque où elle avait 14 ans, tous les jeunes garçons du quartier voulaient être son petit ami. À la période d’une vacance, tous les enfants qui étaient en ville venaient à la campagne. Le quartier était chaud, il y avait toutes sortes de jeux, les rues étaient chargées d’adolescents et d’adultes. Ma sœur jouant avec les filles du même âge qu’elle, mais elle paraissait plus grande que tous. Il y avait un jeune homme qui s’appelait Gabriel. Il avait 22 ans. Il ne cessait pas de regarder ma sœur au milieu des autres jeunes adolescentes qui jouaient. Moi, je l’observais secrètement. Chaque fois que ma sœur se baissait, il essayait de regarder sous sa robe. Ma sœur n’a pas vu, car elle était vraiment profonde dans le jeu.
Après un bon moment, le jeu est fini. Je me suis approché d’elle. Puis je lui ai dit que cet homme était en train de regarder sous sa robe. La prochaine fois pour qu’elle se rappelle de ramasser la robe lorsqu’elle se baisse. Puis j’ai dit cela à ma mère aussi. L’autre jour, pendant que les filles étaient ensemble, ce même jeune homme et deux autres sont venus près des filles et étaient en train de jouer avec elles. J’ai dit à ma sœur que ma mère l’appelait. Ce n’était pas vrai. Lorsqu’elle arrivait, ma mère, intelligente qu’elle était, lui a dit : « Reste ici, ne va pas là-bas. » Ma sœur était en colère contre moi. Pourtant moi, j’essayais de la protéger, car ces gars voulaient la dévorer crue.
C’était un samedi, Cendy et moi étions seuls à la maison.
Comme à l’accoutumée, tous les samedis, les mamans vont au marché. Quelques-unes vont vendre, d’autres vont acheter des marchandises pour qu’on cuisine le dimanche. À la campagne, si un dimanche passe et qu’une maman ne cuisine pas de bons riz blancs avec sauce pois et légumes avec de bons morceaux de viande, les enfants seront tristes. Ce jour aussi, les voisins partagent des plats.
Alors, Gabriel savait que ma mère et ma grand-mère allaient au marché. Il venait dans la cour avec une bicyclette. Moi qui ne savais pas encore monter, j’étais pressé de lui demander de m’apprendre à monter. Il m’a rapidement dit : « Ne t’inquiète pas, pars avec elle, tu peux la monter seul. » Pourtant Gabriel me chassait afin qu’il ait du temps pour courtiser ma sœur. J’ai pris la bicyclette puis j’ai commencé à monter. Après plusieurs tours, je suis revenu avec la bicyclette, j’étais fatigué de monter. Il me dit d’aller faire plusieurs autres tours afin que je sois tout bon là-dedans le même jour. Je lui ai dit non, que cela suffit. Puis il alla chez lui.