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Extrait de la Préface: "L’Amour impossible est à peine un roman, c’est une chronique, et la dédicace qu’on y a laissée atteste sa réalité. C’est l’histoire d’une de ces femmes comme les classes élégantes et oisives – le high life d’un pays où le mot d’aristocratie ne devrait même plus se prononcer – nous en ont tant offert le modèle depuis 1839 jusqu’à 1848. À cette époque, si on se le rappelle, les femmes les plus jeunes, les plus belles, et, j’oserais ajouter, physiologiquement les plus parfaites, se vantaient de leur froideur, comme de vieux fats se vantent d’être blasés, même avant d’être vieux. Singulières hypocrites, elles jouaient, les unes à l’ange, les autres au démon, mais toutes, anges ou démons, prétendaient avoir horreur de l’émotion, cette chose vulgaire, et apportaient intrépidement, pour preuve de leur distinction personnelle et sociale, d’être inaptes à l’amour et au bonheur qu’il donne... C’était inepte qu’il fallait dire, car de telles affectations sont de l’ineptie. Mais que voulez-vous ?"
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Veröffentlichungsjahr: 2018
Issu d'une famille anoblie au XVIIIe siècle, et l’aîné de quatre frères, il est élevé dans un milieu austère, monarchiste, où le salon de sa grand-mère et les contes normands de la servante Jeanne Roussel frappent son imagination ; le romancier s’en souviendra plus tard. Il étudie au collège Stanislas à Paris - où il se lie avec Maurice de Guérin -, puis à la faculté de droit de Caen. Il rédige sa première nouvelle Le Cachet d’onyx en 1831. En 1833, après avoir obtenu une licence de droit, il retourne à Paris où il mène une existence de dandy. Il écrit plusieurs nouvelles et collabore en tant que journaliste littéraire au Constitutionnel en 1845. De républicain, il devient royaliste et accole « d’Aurevilly » à son nom. En 1847, il fonde l'éphémère Revue du monde catholique, de tendance ultramontaniste. Il défend Balzac et Baudelaire en 1857 mais attaque Les Misérables de Victor Hugo en 1862. En 1871, il s’engage dans la Garde nationale. Son œuvre la plus lue aujourd'hui est un recueil de nouvelles, Les Diaboliques (1874), histoires de passions et de crimes où les personnages féminins jouent un rôle central. À la suite de la publication de l'ouvrage, un procès lui est intenté pour outrage à la morale publique, mais se conclut par un non-lieu. Il écrit en 1877 un livre satirique sur les Bas-bleus. Il est enterré à Saint-Sauveur-le-Vicomte.
Il ne s’agit point de ce qui est beau et amusant, mais tout simplement de ce qui est.
À Madame La Marquise Armance d… V…
Madame,
Je mets ce petit livre à vos pieds, et, fort heureusement, c’est une bonne place, car probablement il y restera. Les exigences dramatiques de notre temps préparent mal le succès d’un livre aussi simple que celui-ci. Il n’a pas l’ombre d’une prétention littéraire, et vous n’êtes point une Philaminte : j’ai donc cru pouvoir vous le dédier. Ce ne serait qu’un conte bleu écrit pour vous distraire, si ce n’était pas une histoire tracée pour vous ressouvenir.
Dans un pays et dans un monde où la science, si elle est habile, doit tenir tout entière sur une carte de visite (le mot est de Richter), j’ai pensé qu’on devait offrir à l’une des femmes les plus spirituelles et les plus aimables de ce monde et de ce pays quelques légères observations de salon, écrites sur le dos de l’éventail à travers lequel elle en a fait tant d’autres qui valaient bien mieux, et qu’elle n’a pas voulu me dicter.
Agréez, Madame, etc.,
J. B. d’A.
Le livre que voici fut publié en 184… C’était un début, et on le voit bien. L’auteur, jeune alors, et de goût. horriblement aristocratique, cherchait encore la vie dans les classes de la société qui évidemment ne l’ont plus. C’était là qu’il croyait pouvoir établir la scène de plusieurs romans, passionnés et profonds, qu’il rêvait alors ; et cette illusion de romans impossibles produisit l’Amour impossible. Le roman, en effet, n’est jamais que l’histoire de l’âme et de la vie à travers une forme sociale. Or l’âme et la vie n’habitaient pas beaucoup les boudoirs jonquille de l’époque où se passe l’action, sans action, de ce livre auquel un critique bienveillant faisait trop d’honneur, l’autre jour, en l’appelant : une tragédie de boudoir.
L’Amour impossible est à peine un roman, c’est une chronique, et la dédicace qu’on y a laissée atteste sa réalité. C’est l’histoire d’une de ces femmes comme les classes élégantes et oisives – le high life d’un pays où le mot d’aristocratie ne devrait même plus se prononcer – nous en ont tant offert le modèle depuis 1839 jusqu’à 1848. À cette époque, si on se le rappelle, les femmes les plus jeunes, les plus belles, et, j’oserais ajouter, physiologiquement les plus parfaites, se vantaient de leur froideur, comme de vieux fats se vantent d’être blasés, même avant d’être vieux. Singulières hypocrites, elles jouaient, les unes à l’ange, les autres au démon, mais toutes, anges ou démons, prétendaient avoir horreur de l’émotion, cette chose vulgaire, et apportaient intrépidement, pour preuve de leur distinction personnelle et sociale, d’être inaptes à l’amour et au bonheur qu’il donne… C’était inepte qu’il fallait dire, car de telles affectations sont de l’ineptie. Mais que voulez-vous ? On lisaitLélia, – ce roman qui s’en ira, s’il n’est déjà parti, où s’en sont allésl’Astrée et la Clélie, et où s’en iront tous les livres faux, conçus en dehors de la grande nature humaine et bâtis sur les vanités des sociétés sans énergie, – fortes seulement en affectations.
L’Amour impossible, qui malheureusement est un livre de cette farine-là, n’a donc guère aujourd’hui pour tout mérite qu’une valeur archéologique. C’est le mot si connu, mais retourné et moins joyeux, de l’ivrogne de la Caricature : « Voilà comme je serai dimanche. » – Voilà, nous ! comme nous étions… dimanche dernier, – et vraiment nous n’étions pas beaux ! Les personnages de l’Amour impossible traduisent assez fidèlement les ridicules sans gaieté de leur temps, et ils ne s’en doutent pas ! Ils se croient charmants et parfaitement supérieurs. L’auteur, alors, n’avait pas assez vécu pour se détacher d’eux par l’ironie. Toute duperie est sérieuse, et voilà pourquoi les jeunes gens sont graves. L’auteur prenait réellement ses personnages au sérieux. Au fond, ils n’étaient que deux monstres moraux, et deux monstres par impuissance les plus laids de tous, car qui est puissant n’est monstre qu’à moitié. L’auteur qui, quand il les peignait, écrivait de la même main la vie de Brummel a, depuis, furieusement changé son champ d’observation romanesque et historique. Il a quitté, pour n’y plus revenir, ce monde des marquises de Gesvres et des Raimbaud de Maulévrier, où non seulement l’amour est impossible, mais le roman ! mais la tragédie ! et même la comédie bien plus triste encore !… En réimprimant ce livre oublié, il n’a voulu que poser une date de sa vie littéraire, si tant est qu’il ait jamais une vie littéraire, voilà tout. Quant au livre en lui-même, il en fait bon marché. Il n’a plus d’intérêt pour l’espèce d’impressions, de sentiments et de prétentions que ce livre retrace, et la Critique, en prenant la peine de dire le peu que cela vaut, ne lui apprendra rien. Il le sait.
J. B. d’A.
Un soir, la marquise de Gesvres sortit des Italiens, où elle n’avait fait qu’apparaître, et, contre ses habitudes tardives, rentra presque aussitôt chez elle. Tout le temps qu’elle était restée au spectacle, elle avait, ou n’avait pas, écouté cette musique, amour banal des gens affectés, avec un air passablement ostrogoth, roulée qu’elle était dans un mantelet de velours écarlate doublé de martre zibeline, parure qui lui donnait je ne sais quelle mine royale et barbare, très seyante du reste au genre de beauté qu’elle avait.
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