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L'arlésienne, écrit par Alphonse Daudet, est un chef-d'œuvre de la littérature française qui explore les thèmes de la passion, de l'obsession et de la folie. Ce court roman illustre parfaitement le style réaliste de Daudet, avec une narration fluide et des descriptions détaillées de la vie et de la culture provençales. L'histoire se déroule dans la belle région de Provence, et l'auteur utilise habilement le cadre pittoresque pour souligner les émotions intenses qui animent les personnages. L'arlésienne est une œuvre classique de la littérature française qui continue de fasciner les lecteurs par sa profondeur et sa sensibilité. Alphonse Daudet, écrivain renommé du XIXe siècle, était lui-même originaire du sud de la France, ce qui explique son attachement à la Provence et sa capacité à capturer l'essence de cette région dans ses écrits. Sa propre histoire personnelle a sans doute inspiré certains aspects du roman, notamment la subtilité des relations humaines et la complexité des sentiments amoureux. Daudet était un observateur perspicace de la société de son époque, et ses œuvres continuent d'être étudiées et appréciées pour leur profondeur psychologique et leur réalisme. Je recommande vivement L'arlésienne à tous les amateurs de littérature française qui recherchent une lecture captivante et émouvante. Ce roman intemporel offre un aperçu fascinant de la vie en Provence et des tourments de l'âme humaine, et reste un incontournable de la littérature française.
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PIÈCE EN TROIS ACTES
PARIS
ALPHONSE LEMERRE, ÉDITEUR
27-29, PASSAGE CHOISEUL, 27-29
PERSONNAGES.
Balthazar
MM. Parade.
Fr éderi
A bel.
Patron Marc
C oison.
Francet Mamaï
Cornaglia.
Mitifio
Régnier.
L’équipage
Lacroix.
Un Valet
Moisson.
Rose Mamaï
Mmes Fargueil.
Renaude
Alexis.
L’Innocent.
Morand.
Vivette
J. Bar te t.
Une Servante
Leroy.
Pour la mise en scene, s’adresser a M. LÉON RICQUIER, régisseur général du théâtre du Vaudeville.–Pour la musique et les choeurs, s’adresser a M. CHOUDENS, éditeur de musique, à Paris.
LA FERME DE CASTELET.
Une cour ouvrant dans le fond par une grande porte charretière sur une route bordée de gros arbres poussiéreux, derrière lesquels on voit le Rhône.–A gauche, la ferme, avec un corps de logis faisant retour dans le fond.–C’est une belle fer me très-ancienne, d’aspect seigneurial desservie extérieurement par un escalier de pierre à rampe de vieux fer forgé.–Le corps de logis du fond est surmonté d’une tourelle, servant de grenier et s’ouvrant tout en haut dans les frises par une porte-fenêtre, avec une poulie et des bottes de foin qui dépassent.–Au bas de ce corps de logis, le cellier; porte ogivale et basse.–A droite de la cour, les communs, hangars, remises.–Un peu avant, le puits; un puits à margelle basse, surmonté d’une maçonnerie blanche, enguirlandée de vignes sauvages.–Çà et là, dans la cour, une herse, un soc de charrue, une grande roue de charrette.
Le berger Balthazar est assis, un brûle-gueule aux dents, sur le bord du puits.–L’Innocent, par terre, la tête appuyée sur les genoux du berger. –Francet Maimaï devant eux, un trousseau de clefs dans une main; dans l’autre, un grand panier à bouteilles.
FRANCET MAMAÏ.
Hé bé! mon vieux Balthazar, qu’est-ce que tu en dis?... En voilà du nouveau à Castelet?
BALTHAZAR, dans sa pipe.
M’est avis...
FRANCET MAMAÏ, baissant la voix et jetant un coup d’œil sur la ferme.
Ma foi! écoute. Rose ne voulait pas que je t’en parle avant que tout fût terminé, mais tant pis... entre nous deux, il ne peut pas y avoir de mystère...
L’INNOCENT, d’une voix dolente, un peu égarée.
Dis, berger...
FRANCET MAMAÏ.
Puis, tu comprends, dans une grosse affaire comme celle-là, je n’étais pas fâché de prendre un peu l’avis de mon ancien.
L’INNOCENT.
Dis, berger, qu’est-ce qu’il lui a fait le loup à la chèvre de M. Seguin?
FRANCET MAMAÏ.
Laisse, mon Innocent, laisse. Balthazar va te finir ton histoire tout à l’heure... Tiens! joue avec les clefs. (L’innocent prend le trousseau de clefs et le fait danser avec un petit rire. Francet se rapprochant de Balthazar.) Positivement, vieux, qu’est-ce que tu penses de ce mariage?
BALTHAZAR.
Qu’est-ce que tu veux que j’en pense, mon pauvre Francet? D’abord, que c’est ton idée et celle de ta bru; c’est aussi la mienne... par force...
FRANCET MAMAÏ.
Pourquoi, par force?
BALTHAZAR, sentencieusement.
Quand les maîtres jouent du violon, les serviteurs dansent.
FRANCET MAMAÏ, souriant.
Et tu ne me parais pas bien en train de danser... (S’asseyant sur son panier.) Voyons, voyons, qu’est-ce qu’il y a? L’affaire ne te convient pas, donc?...
BALTHAZAR.
Eh bien!... non! là...
FRANCET MAMAÏ.
Et la raison?
BALTHAZAR.
J’en ai plusieurs raisons. D’abord, je trouve que votre Fréderi est bien jeune, et que vous êtes trop pressés de l’établir...
FRANCET MAMAÏ.
Mais saint homme! c’est lui qui est pressé, ce n’est pas nous. Puisque je te dis qu’il en est fou de son Artésienne; depuis trois mois qu’ils vont ensemble, il ne dort plus, il ne mange plus. C’est comme une fièvre d’amour que lui a donnée cette petite... Puis enfin, quoi! l’enfant a ses beaux vingt ans et il languit de s’en servir.
BALTHAZAR, secouant sa pipe.
Alors, tant qu’à le marier, vous auriez dû lui trouver par là, aux environs, une brave ménagère bien fournie de fil et d’aiguille, quelque chose de fin et de capable, qui s’entende à faire une lessive, à conduire une olivade, une vraie paysanne enfin!...
FRANCET MAMAÏ.
Ah! sûrement qu’une fille du pays aurait bien mieux été l’affaire...
BALTHAZAR.
Dieu merci! Ce n’est pas le gibier qui manque en terre de Camargue... Tiens!... sans aller bien loin, la filleuse de Rose, cette Vivette Renaud que je vois trotter par ici dans le temps de la moisson... Voilà une femme comme il lui en aurait fallu...
FRANCET MAMAÏ.
Bé! oui... bé! oui... mais comment faire?... Puisqu’il a voulu en avoir une de la ville.
BALTHAZAR.
Voilà le malheur... De notre temps, c’était le père qui disait: «Je veux.» Aujourd’hui, ce sont les enfants; tu as dressé le tien à la nouvelle mode; nous verrons si ça te réussira.
FRANCET MAMAÏ.
C’est vrai qu’on a toujours fait ses volontés à ce petit-là, et peut-être un peu plus que de raison. Mais à qui la faute?... Voilà quinze ans que le père manque d’ici, pécaïre! et ce n’est pas Rose ni moi qui pouvions le remplacer. Une mère, un grand-père, ça a la main trop douce pour conduire les enfants. Puis, que veux-tu? quand on n’en a qu’un, on est toujours plus faible. Et nous, c’est autant dire que nous n’avons que celui-là, puisque son frère... (il montre l’Innocent.)
L’INNOCENT, agitant le trousseau de clefs qu’il vient de faire reluire avec sa blouse.
Grand-père, vois tes clefs comme elles sont luisantes...
FRANCET MAMAÏ, le regardant d’un air ému.
Quatorze ans à la Chandeleur!... Si ce n’est pas pour faire pitié!... Oui, oui, mon mignot.
BALTHAZ AR, se levantsubitement.
La connaissez-vous bien au moins cette fille d’Arles?
Savez-vous tout au juste qui vous prenez?...
FRANCET MAMAÏ.
Oh! pour ça...
BALTHAZAR, marchant de long en large.
C’est que, prends garde, dans ces grandes coquines de villes, ce n’est pas comme chez nous. Chez nous, tout le monde se connaît. On est au large, on se voit venir de loin; tandis que là-bas...
FRANCET MAMAÏ.
Sois tranquille, j’ai pris mes précautions. Nous avons à Arles le frère de Rose...