L'Art d'avoir toujours raison - Arthur Schopenhauer - E-Book

L'Art d'avoir toujours raison E-Book

Arthur Schopenhauer

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Beschreibung

Vous avez tort mais refusez de l'admettre ? Avec acuité et humour, ce petit guide d'Arthur Schopenhauer recense et analyse tous les stratagèmes et ruses pour sortir vainqueur d'un débat, d'une dispute, ou d'une joute verbale. Pour le plaisir des amoureux de la réthorique et de la contradiction, l'auteur se livre ainsi à une savoureuse réflexion sur la dialectique du langage. Bien que datant de 1864, l'Art d'avoir toujours raison est un ouvrage très actuel, qui vous permettra de développer un redoutable sens de l'autodéfense verbale en analysant votre adversaire pour mieux le terrasser. Vous ne serez plus le même orateur après l'étude de ce petit livre étonnant et puissant par sa pertinence et son efficacité.

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Seitenzahl: 65

Veröffentlichungsjahr: 2019

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Table des matières

Avant-propos: logique et dialectique

La dialectique éristique

La base de toute dialectique

Stratagème I: L’extension

Stratagème II: L’homonymie

Stratagème III: La généralisation des arguments adverses

Stratagème IV: Cacher son jeu

Stratagème V: Faux arguments

Stratagème VI: Postuler ce qui n’a pas été prouvé

Stratagème VII: Atteindre le consensus par des questions

Stratagème VIII: Fâcher l’adversaire

Stratagème IX: Poser les questions dans un autre ordre

Stratagème X: Prendre avantage de l’antithèse

Stratagème XI: Généraliser ce qui porte sur des cas précis

Stratagème XII: Choisir des métaphores favorables

Stratagème XIII: Faire rejeter l’antithèse

Stratagème XIV: Clamer victoire malgré la défaite

Stratagème XV: Utiliser des arguments absurdes

Stratagème XVI: Argument ad hominem

Stratagème XVII: Se défendre en coupant les cheveux en quatre

Stratagème XVIII: Interrompre et détourner le débat

Stratagème XIX: Généraliser plutôt que de débattre de détails

Stratagème XX: Tirer des conclusions

Stratagème XXI: Répondre à de mauvais arguments par de mauvais arguments

Stratagème XXII: Petitio principii

Stratagème XXIII: Forcer l’adversaire à l’exagération

Stratagème XXIV: Tirer de fausses conclusions

Stratagème XXV: Trouver une exception

Stratagème XXVI: Retourner un argument contre l’adversaire

Stratagème XXVII: La colère est une faiblesse

Stratagème XXVIII: Convaincre le public et non l’adversaire

Stratagème XXIX: Faire diversion

Stratagème XXX: Argument d’autorité

Stratagème XXXI: Je ne comprends rien de ce que vous me dites

Stratagème XXXII: Principe de l’association dégradante

Stratagème XXXIII: En théorie oui, en pratique non

Stratagème XXXIV: Accentuer la pression

Stratagème XXXV: Les intérêts sont plus forts que la raison

Stratagème XXXVI: Déconcerter l’adversaire par des paroles insensées

Stratagème XXXVII: Une fausse démonstration signe la défaite

Ultime stratagème Soyez personnel, insultant, malpoli

Avant-propos: logique et dialectique

I.

Logique et dialectique étaient considérées par les Anciens comme étant synonymes, bien que λογιζεσϑαι « réfléchir », « considérer », « calculer » et διαλεγεσϑαι « converser » soient deux concepts très différents. Le terme dialectique (διαλεκτικη, διαλεκτκη πραγματεια, διαλεκτικος ανηρ) aurait été, selon Diogène Laërce, d’abord utilisé par Platon, et dans Phèdre, Le Sophiste, La République livre VII nous pouvons voir que par dialectique, il entend l’emploi régulier de la raison ainsi que le développement des compétences dans sa pratique. Aristote utilise également le terme τα διαλεκτικα dans le même sens, mais selon Lorenzo Valla, il aurait également été le premier à utiliser le terme λογικη avec la même définition: nous trouvons ainsi dans son œuvre l’expression λογικας δυσχερειας, c.-à-d. argutias, προτασιν λογικην, αποριαν λογικην. Ainsi διαλεκτικη serait plus ancien que λογικη. Cicéron et Quintilien utilisèrent les mêmes termes avec la même signification générale. Ainsi selon Cicéron dans Lucullus: Dialecticam inventam esse, veri et falsi quasi disceptatricem, dans Topica, chap. 2: Stoici enim judicandi vias diligenter persecuti sunt, ea scientia, quam Dialecticen appellant. Selon Quintilien: itaque hæc pars dialecticæ, sive illam disputatricem dicere malimus et ce dernier terme semble donc être l’équivalent latin pour dialectique (selon Pierre de La Ramée, Dialectique, Audomari Talæi prælectionibus illustrata, 1569). L’utilisation des termes logique et dialectique comme synonymes perdura du Moyen Âge jusqu’à nos jours. Cependant, plus récemment, le terme dialectique a souvent été utilisé avec une connotation négative, notamment par Kant, dans le sens de « l’art de la discussion sophistique » et le terme logique a donc été préféré pour sa connotation plus innocente. Pourtant ces deux termes avaient exactement la même signification, et ces dernières années, ils ont été à nouveau considérés comme synonymes.

II.

Il est dommage que les anciens termes dialectique et logique aient été utilisés comme synonymes et j’ai du mal à librement faire une distinction entre leurs significations. Autrement, j’aurais aimé pouvoir définir la logique (dérivant de λογιζεσϑαι: « réfléchir », « considérer », dérivant lui-même de λογος: « mot » et « raison » lesquels sont inséparables) comme étant « la science des lois de la pensée, autrement dit, la méthode de la raison » et la dialectique (dérivant de διαλεγεσϑαι: « converser » car toute conversation communique des faits ou des opinions, c.-à-d. est historique ou délibérative) comme étant « l’art de la controverse » (dans le sens moderne du terme). Il est donc évident que la logique traite des a priori, séparables en définitions empiriques, c.-à-d. les lois de la pensée, les processus de la raison (le λογος), et en lois, c.-à-d. celles que suit la raison quand elle est laissée à elle-même et non entravée comme dans le cas des pensées solitaires d’un être rationnel qui n’est pas induit en erreur. La dialectique de son côté traite des rapports entre deux êtres rationnels dont les pensées s’accordent, mais qui dès qu’elles cessent de s’accorder comme deux horloges marquant la même heure, créent une controverse, c.-à-d. un combat intellectuel. En tant qu’êtres purement rationnels, les individus devraient pouvoir s’accorder. Le désaccord survient de la différence essentielle à leur individualité, c.-à-d. de l’élément empirique. La logique, science de la pensée, c.-à-d. science des procédés de la raison pure, devrait a priori être capable de pouvoir s’établir. La dialectique, en général, ne peut être construite qu’a posteriori, à partir de la connaissance empirique des différences entre deux individualités rationnelles que doit souffrir la réflexion pure, et des moyens qu’utilisent ces individualités l’une contre l’autre pour montrer que leur pensée individuelle est pure et objective. C’est parce que c’est la dans la nature humaine que lorsque A et B sont engagés dans une réflexion commune, διαλεγεσϑαι, c.-à-d. communication des opinions (par opposition aux discussions factuelles), si A s’aperçoit que les pensées de B sur le même sujet ne sont pas les mêmes, initialement, il ne reverra pas sa propre pensée pour vérifier s’il n’a pas fait une erreur de raisonnement, mais considérera que l’erreur vient de B, c.-à-d. que l’homme est par nature sûr de soi et c’est de cette caractéristique que découle cette discipline qu’il me plaît d’appeler dialectique. Mais pour éviter toute confusion je l’appellerai « dialectique éristique », la science des procédés par lesquels les hommes manifestent cette confiance en leurs opinions.

La dialectique éristique

La dialectique éristique[1] est l’art de la controverse, celle que l’on utilise pour avoir raison, c’est-à-dire per fas et nefas[2]. On peut en toute objectivité avoir raison, et pourtant aux yeux des spectateurs, et parfois pour soi-même, avoir tort. En effet, si un adversaire réfute une preuve, et par là donne l’impression de réfuter une assertion, il peut pourtant exister d’autres preuves. Les rôles ont donc été inversés: l’adversaire a raison alors qu’il a objectivement tort. Ainsi, la véracité objective d’une phrase et sa validité pour le débatteur et l’auditeur sont deux choses différentes (c’est sur ce dernier que repose la dialectique).

D’où vient ce comportement? De la base même de la nature humaine. Sans celle-ci, l’homme serait foncièrement honorable et ne débattrait sans autre but que la recherche de la vérité, et nous serions indifférents, ou du moins n’accorderions qu’une importance secondaire quant au fait que cette vérité desserve les opinions par lesquelles nous avions commencé à discourir ou serve l’opinion de l’adversaire. Cependant, c’est ce dernier point qui nous est primordial. La vanité innée, particulièrement sensible à la puissance de l’intellect, ne souffre pas que notre position soit fausse et celle de l’adversaire correcte. Pour s’extraire de ce comportement, il suffit de formuler un jugement correct: cela revient à dire qu’il faut réfléchir avant de parler. Mais la vanité innée est souvent accompagnée par la loquacité et une mauvaise foi innée. Ils parlent avant de réfléchir, et même lorsqu’ils se rendent compte plus tard que leur position est fausse, ils essaieront de faire en sorte de paraître