Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Alors que les grandes nécropoles de l'Ancien Empire comptent parmi les sites les mieux connus du grand public, aucune exposition n'avait été consacrée à l'art si riche de cette époque...
À PROPOS DE L’ENCYCLOPAEDIA UNIVERSALIS
Reconnue mondialement pour la qualité et la fiabilité incomparable de ses publications, Encyclopaedia Universalis met la connaissance à la portée de tous. Écrite par plus de 7 400 auteurs spécialistes et riche de près de 30 000 médias (vidéos, photos, cartes, dessins…), l’Encyclopaedia Universalis est la plus fiable collection de référence disponible en français. Elle aborde tous les domaines du savoir.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 52
Veröffentlichungsjahr: 2016
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.
ISBN : 9782341010092
© Encyclopædia Universalis France, 2016. Tous droits réservés.
Photo de couverture : © Bluraz/Shutterstock
Retrouvez notre catalogue sur www.boutique.universalis.fr
Pour tout problème relatif aux ebooks Universalis, merci de nous contacter directement sur notre site internet :http://www.universalis.fr/assistance/espace-contact/contact
Les grandes expositions sont l’occasion de faire le point sur l’œuvre d’un artiste, sur une démarche esthétique ou sur un moment-clé de l’histoire des cultures. Elles attirent un large public et marquent de leur empreinte l’histoire de la réception des œuvres d’art.
Sur le modèle des fiches de lecture, les fiches exposition d’Encyclopaedia Universalis associent un compte rendu de l’événement avec un article de fond sur le thème central de chaque exposition retenue : - pour connaître et comprendre les œuvres et leur contexte, les apprécier plus finement et pouvoir en parler en connaissance de cause ; - pour se faire son propre jugement sous la conduite de guides à la compétence incontestée.
Afin de consulter dans les meilleures conditions cet ouvrage, nous vous conseillons d'utiliser, parmi les polices de caractères que propose votre tablette ou votre liseuse, une fonte adaptée aux ouvrages de référence. À défaut, vous risquez de voir certains caractères spéciaux remplacés par des carrés vides (□).
Alors que les grandes nécropoles de l’Ancien Empire comptent parmi les sites les mieux connus du grand public, aucune exposition n’avait été consacrée à l’art si riche de cette époque. Rassemblant quelque deux cents pièces, celle qui s’est tenue à Paris au Grand Palais, du 6 avril au 12 juillet 1999, avant d’être présentée au Metropolitan Museum de New York puis au Musée royal de l’Ontario à Toronto, a fort opportunément comblé cette lacune.
Lorsque commence l’Ancien Empire, vers 2700 avant J.-C., l’Égypte forme un royaume unifié depuis quatre siècles et les grands principes de son langage figuratif sont fixés : hiérarchisation des tailles, loi de la frontalité et attitudes strictement codifiées pour la statuaire, règle de la combinaison des points vue pour les représentations bidimensionnelles, autant de conventions qui soumettent l’image à un canon immuable, transcendant les contingences de l’humaine condition. En dépit de ces contraintes, les artistes ont créé des œuvres originales, dont l’apparente ressemblance ne trompe qu’un observateur pressé. Optant pour un parcours chronologique, l’exposition faisait apparaître les choix esthétiques propres à chacune des quatre dynasties qui constituent l’Ancien Empire, lequel s’achève vers 2200 avant J.-C., quand le pays sombre dans une période de troubles dont les causes demeurent obscures. Dues au désir du commanditaire, à la main personnelle de l’exécutant ou à « l’air du temps », les différences de style sont suffisamment caractéristiques pour fournir des critères de datation, identifier une provenance ou attribuer, sans risque majeur d’erreur, un nom à un portrait royal dépourvu d’inscriptions.
L’Ancien Empire débute avec l’érection de la première pyramide en pierre, celle du roi Djéser élevée sur le plateau de Saqqara. Immense superstructure destinée à abriter la dépouille du pharaon, la pyramide n’était qu’un élément parmi d’autres du complexe funéraire royal, d’où l’intérêt des maquettes qui en reconstituent l’ensemble. Les édifices cultuels qui en faisaient partie étaient décorés de fins reliefs évoquant la richesse de l’Égypte, les hauts faits du règne ou diverses célébrations rituelles ; remployés dans des constructions postérieures, les blocs ont été dispersés, et seule une analyse attentive de la technique et de la facture du dessin permet de déceler la marque de l’atelier dont ils sont issus. Aussi leur regroupement fournissait-il au visiteur la chance exceptionnelle d’imaginer l’état originel de monuments dont il ne reste bien souvent sur place que de maigres vestiges.
À partir de la IVe dynastie, les chapelles des sépultures de dignitaires furent ornées de scènes dont les thèmes s’inspiraient de la vie quotidienne. L’inventivité des peintres et des sculpteurs se mesure à l’enrichissement rapide et constant du répertoire, comme le manifeste la comparaison entre les reliefs rigoureusement ordonnés de la tombe de Métjen, datée du début du règne de Snéfrou (premier roi de la IVe dynastie), et ceux, inscrustés de pâte aux couleurs vives et d’une beaucoup plus grande liberté de mouvement, appartenant à la chapelle d’Atet, d’une génération postérieurs. Les changements affectant le modelé de la figure humaine sont tout aussi repérables. Au réalisme brutal des rares images en relief de notables de la IIIe dynastie s’oppose, sous la IVe dynastie, un parti pris d’adoucissement des formes : silhouettes juvéniles aux détails anatomiques à peine suggérés, visages pleins à l’expression sereine.
Effigies d’éternité, les statues figeaient les personnages dans des postures statiques, à jamais insensibles aux injures de l’âge comme aux manifestations de la souffrance ou de l’émotion. En faire le tour à loisir, alors que le plus souvent les photographies les montrent de face ou de profil, révélait des détails habituellement ignorés, tel le rendu de la musculature des dos, sur lesquels pourtant nul regard n’était censé se poser. Si tous les monarques sont dotés d’un corps athlétique, chacun se reconnaît à des traits discrètement individualisés ; les têtes de Chéops, par exemple, traduisent une tout autre personnalité que celle qui est reflétée par les portraits de Chephren, son fils. Pour les particuliers, les modifications d’une œuvre à l’autre semblent dépendre plus d’une tendance générale que de l’idiosyncrasie du modèle. Au cours de la IVe dynastie, les sculpteurs ont tenté d’approcher au plus près la vérité du sujet ; réduites à l’essentiel, les têtes, dites de réserve, à la signification énigmatique, reflètent une puissante intériorité ; elles constituent des expériences extrêmes, sans lendemain.
En marge de la production officielle, les modèles, statuettes de calcaire représentant des serviteurs – boulangers, bouchers ou potiers – surpris dans leur activité ou des musiciens jouant de leurs instruments ressuscitent le petit peuple d’Égypte ; contrastant avec l’embonpoint de bon aloi affiché par les dignitaires, les corps amaigris, les traits émaciés de ces figurines laissent percer la rudesse de la condition des humbles.
Originaires des tombes, toutes ces œuvres disent la hantise de la mort qu’éprouvaient les Égyptiens et proclament leur amour effréné de la vie. Au regard de la longévité de la civilisation pharaonique, l’Ancien Empire couvre une courte période, quelque cinq cents ans ; la royauté et ses élites croyaient alors en la pérennité de l’ordre qu’elles avaient fondé et demeuraient convaincues de l’efficacité des rites déployés pour triompher de l’oubli ; l’art qu’elles ont commandité traduit cette foi qui aujourd’hui encore garde pleinement sa force de suggestion.
Annie FORGEAU